Mme Thatcher est célèbre pour avoir déclaré : "There is no such thing as society". On pourrait se demander, plutôt, si "l'individu" existe.
Qui serions-nous si nous avions été adoptés par une autre famille que la nôtre ? Et, même sans cela, comme le montre Boris Cirulnik : que l'influence du milieu est importante sur notre développement ! D'ailleurs, n'est-ce pas cette influence que l'on invoque pour trouver des circonstances atténuantes au criminel ?
Et, lisons ce blog : chaque rencontre, chaque découverte produit un changement radical. L'homme d'avant est-il le même que celui d'après ?
Faut-il croire avec Bergson que, tout de même, quelle que soit la société dans laquelle il naît, un philosophe donné développe le même type d'idées ? Y a-t-il quelque-chose qui nous appartient en propre ? Paul Ricoeur parle, par exemple, de ses convictions antinomiques : la philosophie (qu'il appelle "science"), d'un côté, et la foi protestante, de l'autre. Deux "ancres" à partir desquelles il explore la société.
Ce qui pose un problème : ces deux convictions sont deux formes d'individualisme. Ce qui peut induire un biais thatchérien dans une oeuvre, qui se veut, curieusement, une observation sans biais (c'est un phénoménologue). La conviction, danger mortel ? Alors, faut-il en revenir à "l'élan vital" de Bergson ? L'individu est comme un kayakiste qui dévale un torrent : son bonheur est de jongler avec les éléments, et, ce faisant, il se transforme ? Jésus, que ma joie demeure ?
(Remarque. Il y a changement et changement. Les membres d'une famille se ressemblent, et pourtant, ils sont infiniment différents les uns des autres. Il suffit de combiner quelques traits communs pour avoir un grand nombre de possibilités. Cela explique peut-être que l'on puisse être à la fois changeant et cohérent.)
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