Un petit bonhomme croit qu’il est plus intelligent que le monde, et il commet des désastres d’autant plus importants que la société lui a donné du pouvoir (Il n’y a pas que les subprimes). Mais le danger n’est pas tant là que dans son comportement : il joue contre la société, il cherche à la disloquer pour en tirer un bénéfice. C’est un parasite.
On nous a dit qu’il était bien d’exploiter les ressources de la nature. Le progrès c’est cela. Il n’y avait qu’un pas à franchir pour penser qu’il en était de même de la société : l’individu doit exploiter ses semblables. Les utiliser comme « moyens », suivant l’expression de Kant. L’individualisme ce n’est pas le mal d’une personne, mais celui d’une société.
Peut-on corriger ce défaut, en évitant les effets néfastes des précédentes tentatives (notamment le nazisme, et le communisme) ? La science, en particulier la théorie de la complexité, donne deux pistes :
- Modifier le comportement de l’individu.
- Modifier le comportement de la société : transformer les règles qu'elle suit, de façon à ce qu’elles éliminent ce qui la menace.
Comportement individuel
Richard Dawkins et sa théorie des « memes » (The selfish gene) pensent que la sélection naturelle choisit les comportements les plus efficaces, de même qu’elle choisit les meilleurs gènes. Un comportement non individualiste a-t-il des chances de survivre ?
- L’Impératif catégorique de Kant, s’il est adopté par tous, construirait effectivement une société solidaire. Mais l’homme devient alors prévisible. Donc vulnérable au parasite.
- Robert Axelrod observe que la stratégie du « dent pour dent », qui conduit à la collaboration, est majoritairement victorieuse. L'individualisme n'est pas durable.
- Pour ma part, je crois que le mécanisme précédent intervient dans la constitution des groupes (Le respect ou la mort ?). Mais qu’il y a un second niveau de collaboration. Une fois qu’il s’est fait respecter, l’homme peut utiliser une technique de type « ordinateur social » : faire résoudre les problèmes qu’il se pose par les membres de la société qui sont le mieux à même pour cela. Pour réussir, il faut que chacun y trouve son compte. Comme il représente une partie de la société, il y a des chances qu’il représente ses intérêts, son point de vue. Si réussite, donc, on aboutit à une solution qui satisfait tout le monde, y compris la société. Et elle est plus efficace que la solution parasitaire (« l’union fait la force »), donc probablement promise à un bel avenir.
- Governing the commons montre que les sociétés se donnent des règles et les font adopter collectivement par leurs membres. Pour cela, il semble qu’il faille un gros cataclysme. Par ailleurs, le problème doit être exprimé sous la forme d’un « bien commun » que l’on se répartit de manière plus ou moins égalitaire, suivant des règles acceptées par tous. Le bien commun en évidence est la richesse mondiale, le PIB. Un mécanisme de contrôle de sa répartition préviendrait les excès. Mais comment s’y prendre ? D’ailleurs, le bonheur est-il dans le bien matériel, ou dans l’immatériel (esthétique, relations humaines…) ? Comment mesurer ce dernier ?
- Une autre possibilité serait d’étendre au monde une technique que j’applique à l’entreprise (cf. mon livre 1) : la cellule d’animation du changement. C’est un peu la façon dont a procédé le G20 (Sommet du G20 : bravo ?). On procède crise par crise (quitte à susciter les crises). Dès qu’un problème survient, on délègue une équipe « d’animateurs du changement », préalablement repérés. Ils réunissent des représentants des intérêts concernés (ordinateur social) et, ensemble, ils essaient de résoudre la question. Une fois fait, la solution est appliquée. Et le problème définitivement résolu (on est immunisé). On construit les règles de pilotage de l’ensemble progressivement.
- Kant pour les nuls.
- Sur l’exploitation de la société au bénéfice d’un seul : les travaux de la science américaine des entreprises (Totalitarisme et management).
- Robert Axelrod et la théorie de la complexité : Théorie de la complexité.
- Sur la naissance de l’individualisme : Norbert Elias.
- Sur la pensée des Lumières anglaises, qui a encouragé l’homme au parasitisme : Droit naturel et histoire.
- Autre exemple de stratégies « diviser pour régner » et « l’union fait la force » : Google et Microsoft III.
- Les stratégies de rationnels individualistes, et leurs résultats : The logic of collective action.
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