J'avais proposé à des étudiants un exercice de conduite du changement : qu'aimeraient-ils faire changer dans leur "master". J'avais fait l'exercice l'année précédente et il avait donné des demandes telles que cours d'anglais, formation aux ERP, entraînement aux entretiens d'embauche... Je voulais leur montrer qu'ils pouvaient satisfaire leurs demandes avec leurs propres moyens.
L'affaire n'a pas tourné comme prévu. Les groupes ont commencé par se coordonner. Si bien qu'ils ont obtenu tous le même résultat. Ils ont cherché à changer l'université ! Ils voulaient qu'elle s'étende à l'étranger, qu'elle parle anglais, qu'elle conquiert le monde. Je me suis demandé, après coup, si les élèves ne pensaient pas que c'était ce que j'attendais d'eux...
Lorsqu'ils m'ont exposé leurs conclusions, ils ont aussi parlé de leurs aspirations. Etrangement, ils avaient des valeurs "de droite" lorsqu'il s'agissait de l'entreprise et de leur carrière, mais "de gauche" pour leur vie personnelle et la société. Et des frustrations : pourquoi ne leur expliquait-on pas ce qu'ils devaient faire ? Une société n'avait-elle pas besoin d'une police et d'une armée, d'ordre et de respect de l'ordre ?
Totalitarisme ? Appel à l'URSS ? Voilà qui m'a ébranlé et m'a révélé que j'étais un enfant de 68. Et voilà la conclusion que j'ai fini par en tirer :
- Les enfants sont faits par la société. Ce que ces étudiants m'ont dit est ce que la société leur a enseigné. Et cette société est de gauche et de droite. D'où des idées contradictoires.
- Mais ce que la gauche et la droite ont en commun est le libéralisme, au sens "liberté négative", interdit d'interdire et déréglementation. Or, on a besoin de règles, dans la vie. "L'anomie" produirait-elle, par réaction, le nationalisme et autres fondamentalismes ?
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