Les billets précédents disent que le cluster fait des miracles. Peut-on créer des clusters ?
La France possède des clusters, que je suis en train d'étudier. Leur succès vient, selon moi, de deux caractéristiques :
- Une volonté. Un cluster est une histoire de dynamique de groupe. Cela démarre d'un noyau d'entreprises, parfois d'un seul entrepreneur. Puis, succès après succès, par bouche à oreille, d'autres entreprises s'agrègent. Phénomène un peu mystérieux, qui demande du temps, et ne peut se brusquer.
- Une animation. Les clusters français ont tous un dispositif d'animation qui présente les caractéristiques d'un "leader du changement", au sens des travaux sur le sujet d'universitaires comme Philip Kotter. Plus exactement de ce que Isaac Getz appelle "leader jardinier". Pour progresser le cluster a besoin que son mouvement soit organisé, coordonné. Mais cela ne peut se faire que par un travail de groupe. Il faut donc "quelque chose" qui fasse émerger le besoin collectif, puis qui organise la recherche de la méthode pour y répondre, et, finalement, fasse émerger le processus de mise en oeuvre de cette méthode. Cela demande un talent, qui n'est pas donné à tout le monde.
Alors, peut-on créer des clusters ? On peut créer des conditions favorables, mais pas forcer le succès.
L'exemple type est celui de la "Shop expert valley". La chambre de commerce locale a détecté un ensemble d'entreprises, qui ne se connaissaient pas, mais qui partageaient un même métier, unique en France : l'équipement des commerces. (Après coup, on a découvert qu'elles descendaient toutes de la même entreprise, pionnière de l'activité dans les années 60). Elle a mené une enquête pour connaître ces entreprises et leur demander leur intérêt pour un cluster, sachant qu'elle voulait qu'il soit aussi rapidement que possible autonome. Il a fallu quelques années, mais, petit à petit, les entreprises ont trouvé des sujets de coopération.
Il est probable que cette coopération soit une bonne idée : les commerces mondiaux ont été secoués, mais pas tués, par le commerce électronique. Les boutiques doivent s'adapter, et se transformer. Il y a ici des enjeux numériques et environnementaux. Comment, seule, une TPE, qui ne fait que la production, pourrait-elle tirer parti d'une telle transformation ?
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