Conclusion des deux billets précédents concernant les travaux de Michael Porter appliqués à la France.
Nous pensons mal. Le discours ambiant (voir la loi PACTE) concernant l'économie compare nos petites entreprises aux entreprises allemandes. Il conclut à leur manque de dynamisme. Pour les aider, il demande la suppression des contraintes réglementaires.
Ce discours est totalement FAUX. Le patron français est "infiniment" plus entreprenant que l'Allemand. La force de l'Allemagne est, exactement ce que dit Michael Porter, le collectif, "l'esprit réseau". L'Allemagne "chasse en meute". Ce qui fait la prospérité d'une entreprise, c'est son environnement immédiat, parce qu'il la stimule. On ne demande pas à une PME d'avoir une stratégie sophistiquée, ce qui a un coût considérable, mais de faire profiter ses clients de ses compétences. Elle doit être "concentrée" sur son métier.
Le problème de la France ce sont ses ex "champions nationaux". En rompant les ponts avec le tissu local, ils ont détruit l'environnement nécessaire à son développement. Or, fournir cet effet d'entraînement était leur raison d'être ! C'est pour cela qu'ils sont dirigés par des hauts fonctionnaires : pour faire la politique de la nation ! En outre, en optant pour une stratégie de leadership par les coûts, un management gestionnaire, et non d'innovation, ils ont détruit leur propre avantage concurrentiel, si bien que, pour certains, ils ne sont même plus français (Arcelor, Alcatel...) !
On peut même se demander si l'abandon de l'industrie, dont on souffre tant aujourd'hui, n'est pas le résultat de cette stratégie gestionnaire. En effet, le "marché" donnait moins de valeur à l'industrie qu'au service. D'où l'intérêt, à court terme, de délocaliser la production.
En tout cas, le pays est dans un piège. Ce que Michael Porter appelle le "scénario de l'abondance". Celui qui a transformé la Grande Bretagne d'usine du monde en pays pauvre. Les politiques qui donnaient l'impression de créer des richesses détruisaient ce qui le permettait.
Comment s'en tirer ? Est-il encore temps d'essayer de raccorder ce qui nous reste de "champions" au tissu économique national ? (Cela semble mal parti : les délocalisations s'accélèrent.) Peut-on partir d'en bas ? Relancer le pays de ses PME en les aidant à reconstituer des dispositifs de "chasse en meute" ? Cela semble compliqué. D'autant qu'un tel re décollage demanderait un grand élan d'enthousiasme, à mon avis. Or, "on a été laminé par le système" me disait une activiste du développement local : le petit peuple des petites entreprises et des petites collectivités locales a souffert de décennies de réformes et est déprimé...
Ne cherchons pas de coupables, mais des idées !
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