Les Grecs parlaient de rhétorique et de dialectique. Je soupçonne que la rhétorique, fondée sur l'émotion, convainc parce qu'elle est l'émanation des valeurs humaines les plus profondes. Elle suscite la compassion. Quant à la dialectique, c'est la déduction scientifique, froide et mécanique.
Notre problème du moment est peut-être que l'un ne va pas sans l'autre. Les Gilets jaunes ressortissent à la rhétorique. Leurs plaintes viennent de leurs souffrances. Les intellectuels, eux, suivent un raisonnement dont les fondations sont abstraites. Ils prétendent démontrer le bien. Le danger, lorsque ces deux formes de pensée sont isolées l'une de l'autre, c'est le sophisme. C'est à dire une apparence de raisonnement, qui conduit à l'inverse de ce qu'il prétendait démontrer.
La rhétorique est à l'origine, elle produit "l'intuition", mais celle-ci n'a pas de valeur, si elle n'est pas vérifiée par la dialectique. C'est d'ailleurs comme cela que marchent les sciences.
(C'est probablement ce que signifiait originellement "sophisme", avant qu'il ne subisse un détournement de sens.)