Un livre écrit par un dominicain, spécialiste de l'Islam du 14ème siècle. L'Islam n'est pas ce que l'on nous en dit. Pour commencer, que le Coran soit compréhensible ou non n'est pas le sujet. Et ce pour la même raison que nous ne comprenons rien à la plupart des chansons (anglaises, espagnoles...) que nous aimons tant. Comme ces chansons, le Coran apporte à ceux qui le pratiquent autre chose qu'un sens littéral. Et l'Islam n'est pas l'axe du mal, ni une religion de peaceniks dévoyée par quelques fous furieux. C'est une "culture", au sens anthropologique du terme : un ensemble de règles qui permettent à une collectivité de vivre ensemble. De ce fait, l'Islam s'est adapté aux impératifs de son temps. "L'Islam classique" a été la religion d'un empire. Y cohabitaient une multitude de peuples et de religions. Et, plus ou moins bien, il a su administrer cette complexité. Pour autant, on ne peut pas tout faire avec l'Islam. Il existe des principes qui ne peuvent pas plier.
Quant à son évolution moderne, elle semble le résultat de difficultés d'adaptation aux transformations du monde apportées par l'Occident. Une première réaction a été l'Islam politique. Il a pour but de prendre le pouvoir (Iran, frères musulmans...). Mais, une fois qu'il le tient, il se retrouve gros Jean comme devant. Alors, il y a le Salafisme. Le Salafisme est un avatar récent de l'Islam. C'est un retour à une pureté originelle inventée. Il doit son succès à ce qu'il est, en quelque sorte, l'acte constitutif de l'Arabie saoudite. Les milliards du pétrole l'ont diffusé partout dans le monde. Il est en passe de devenir la "nouvelle orthodoxie" de l'Islam. Mais il a un vice. Si sa version saoudienne est "quiétiste", il se prête à une interprétation qui conduit au terrorisme.
La solution à ce problème n'est pas un Islam de pisse-froid. C'est une autre forme de radicalisme islamiste. Mais un radicalisme qui transcenderait la difficulté par un retour à une essence généreuse.
CANDIARD, Adrien, Comprendre l'Islam, ou plutôt, pourquoi on n'y comprend rien, Champs actuel, 2016.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire