dimanche 30 septembre 2018

Qu'est-ce qu'un homme libre ?

Sur demande, je me suis penché sur la question de l'entreprise libérée. J'en arrive à penser que la meilleure façon de comprendre ce que c'est est, comme souvent, de la définir par son contraire : "command and control". L'entreprise libérée est l'inverse de l'organisation-machine.

Cela permet aussi de réfléchir sur ce que veut dire "homme libre". Car le composant de l'entreprise libérée, c'est l'homme libre. Là aussi, on peut le définir par son opposé, qui est inattendu. Car "command and control" ne produit pas que des exécutants. Mais un homo hierarchicus : des exécutants et des dictateurs, des "petits chefs". Car l'exécutant et le dictateurs sont la même personne à des endroits différents. Le principe de "command and control" c'est l'inégalité. Le principe de l'entreprise libérée, c'est, à l'opposé, l'égalité. Mais pas  celle que l'on a en tête quand on entend le mot. C'est un état dans lequel personne ne se sent inférieur ou supérieur à un autre. Ce qui meut l'entreprise libérée, ce n'est pas le "commandement", c'est le leadership, c'est ce que jadis on appelait "l'autorité", c'est-à-dire un comportement exemplaire, qui est une source d'inspiration, pas de suivisme. C'est Napoléon à Arcole.

Les travaux sur l'entreprise libérée constatent que la liberté n'est pas un état naturel. Elle se crée, et s'entretient. Ce sont les conditions sociales dans lesquelles il vit qui libèrent l'homme, ou qui l'asservissent. Dans une société d'esclaves, Socrate est condamné à mort. Les conditions de la liberté ont un nom : une "constitution". C'est un dispositif multiple (murs, ou absence de murs, lois, coutumes...) qui oriente plus ou moins consciemment les comportements.

C'est le paradoxe de l'anarchie. L'anarchie, c'est le contraire de l'anomie pour laquelle milite le lanceur de bombes. C'est la loi qui organise la liberté.

Changement présidentiel

Tous nos présidents se ressemblent, me disait un ami : ils passent leur temps à dénigrer leur prédécesseur.

Symptôme d'impuissance ? Le jour ou M.Macron pensera réellement du bien de ses prédécesseurs, peut-être verra-t-il les forces de notre pays, et saura-t-il les libérer ?

Aime, et fais ce que tu veux ?

samedi 29 septembre 2018

Nous sommes tous des Américains ?

C'est fou comme la France ressemble à l'Amérique. Il y a quelques années je lisais des articles anglo-saxons qui disaient que si les enfants des diplômés (riches) faisaient des études (et devenaient riches), c'est parce que le génie était héréditaire. Je lisais aussi que les familles des gens riches étaient heureuses, et qu'elles pensaient que la misère des pauvres avait des causes morales.

Eh bien je rencontre cela en France. Celles des familles de diplômés "des meilleures écoles" qui ont su éviter le divorce ont une vie heureuse et des enfants bien dans leur peau, qui font des études exceptionnelles.

Cela me frappe, parce que lorsque je préparais les grandes écoles au lycée Condorcet (qui était à l'époque n°3 en termes de réussite), ma classe était composée quasiment à 100% d'ascenseur social. Aujourd'hui, la proportion du dit ascenseur dans la terminale du dit lycée est quasiment de 0%. Comme l'écrit J.Attali, la sélection se fait à la maternelle ? Et elle n'a pas la compétence pour critère ?

The lord of the rings

Histoire, écrite par un érudit qui, à force de lire des textes anciens, s'est mis à en écrire. Ce qui m'a frappé, mais qui n'a frappé personne d'autre apparemment, c'est à quel point cela fait penser à la guerre de 40. Après une première défaite, les forces de la nuit assaillent à nouveau l'humanité. Et celles-ci sont détruites par quelques valeureux qui s'infiltrent sur leur territoire. Quant aux Hobbits, ils ressemblent fort aux Anglais des campagnes, d'avant guerre. Ce sont eux, quoique pacifiques et inexpérimentés, qui vont porter le coup fatal à l'ennemi.

Plus qu'un roman d'écrivain, c'est l'oeuvre d'une vie, je crois. En effet, l'auteur n'est pas parvenu à achever ses livres ultérieurs. Ce qui semble signifier qu'il cherchait autre chose qu'à écrire pour le public.

La force du livre, c'est sa galerie de personnages, et le parcours qu'il raconte. Mille pages de surprises toujours renouvelées. Quant à la fin, elle me semble tomber comme un cheveu sur la soupe. (Mais elle m'a fait penser aux Schtroumpfs de ma jeunesse, avec leur sorcier.)

Bien que je l'ai mieux aimé que les films qui en ont été tirés, j'y ai retrouvé ce qui m'est désagréable dans les romans de "fantaisie". Mais quoi ? Quelque-chose qui me semble facile et faux ? Et qui vient de très loin dans la littérature anglaise ? Un aspect de la culture anglaise ? A analyser ?

vendredi 28 septembre 2018

Triste et édifiante histoire de l'Ecole centrale ?

Pourquoi n'est-il pas passé par le corps des finances ? me suis-je demandé en lisant le CV du nouveau directeur de l'Ecole centrale de Paris. En effet, il est diplômé de Normale sup et membre du corps des Mines (de mon temps, ce dernier était ouvert aux dix meilleurs polytechniciens, plus à quelques esprits d'exception égarés). L'élite ultime, à l'inspection des finances près, de la technostructure publique. Toujours est-il que c'est peut être un moment important pour l'Ecole centrale. En effet, depuis qu'elle a des anciens élèves en âge de la diriger, tous ses directeurs ont été centraliens. Cela tenait à son projet, même. Triste fin d'une belle histoire ?

Centrale avait pour origine Saint Simon : elle devait former un entrepreneur scientifique. Et c'est ce qu'ont fait les premiers anciens élèves - enseignants. Ils transformaient leur expérimentation pratique en théorie, qu'ils transmettaient à leurs jeunes camarades. Inversement, ils absorbaient les théories, qu'ils adaptaient à la réalité. Ils furent parmi les premiers à enseigner le management scientifique de Taylor, par exemple. Succès énorme, dont la Tour Eiffel n'est que la partie émergée. Et qui a engendré un grand nombre d'émules dans le monde.

Ecole du 21ème siècle ! direz-vous. Curieusement, son ancien directeur a fait un autre diagnostic. Emporté par l'admirable influence chinoise, il a pensé que l'école n'avait pas une taille critique. Il s'est engagé dans une politique de fusion acquisition en marche forcée.

Dans le monde des entreprises, ce type de stratégie, fréquente, car à la démesure des égos des dirigeants, finit par une faillite, et, en France, par une reprise en main de l'Etat. La force ultime d'une entreprise, ou de toute institution, est son projet fondateur. Parce que ce projet est unique. Et que ceux qui gagnent sont les innovateurs. Les Steve Jobs ou les Eiffel. Pas les Chinois, ou les technocrates. Voici un enseignement que j'ai tiré de mon expérience.

Quel est le mandat d'un président ?

Un interviewé disait que M.Macron pensait avoir reçu un "mandat" de la France. Ne se trompe-t-il pas ? me suis-je demandé. Comme tous ses prédécesseurs, il n'est qu'une solution par défaut.

Mais peut-être y a-t-il là un mandat par défaut. Qu'est-il reproché aux "prédécesseurs" ? Une partie de la France a jugé qu'ils se moquaient d'elle. Et si ce que l'on attendait d'un président était qu'il rassemble le pays, non qu'il le divise ? Et si, inconsciemment, le pays rejetait le manichéisme, qui est devenu la règle en politique ? Le discours d'investiture de M.Macron semblait dire qu'il avait entendu le message...

jeudi 27 septembre 2018

Comment s'habiller ?

Dis moi comment tu t'habilles, je te dirais qui tu es ? Je perçois plusieurs façon de se présenter à la société:

  • Pour le grand nombre, ce n'est pas une question consciente. L'aspect est celui du groupe. 
  • Il y a celui qui veut affirmer sa différence. C'est le cas du tatoué. Comme c'est une mode, il rate son coup. 
  • Il y a, enfin, celui qui veut s'identifier à un groupe social qui n'est pas le sien. Là aussi, cela rate, car il n'est pas conforme. C'est Tolstoï chez les Cosaques. On ne l'aime pas, alors que son ami, un autre noble, mais qui se comporte comme tel, est adoré. 
Et il y a moi. J'ai fini par me rendre compte que j'étais à la fois similaire et différent des gens avec qui je vivais. Cela vient peut-être de ce que je me promène entre plusieurs milieux. Mais, même moi, je ne suis pas unique. C'est lorsque j'ai rencontré des ethnologues que je l'ai compris : c'est fou comme on se ressemble ! En fait, ce qui permet à l'ethnologue de faire son travail est un curieux mélange entre l'intérêt qu'il porte à la population qu'il observe, et sa particularité irréconciliable avec la leur. Ce qui me pousse dans la vie, c'est l'estime que j'ai pour les gens que j'essaie d'aider, estime qui vient de ce que je serais incapable de faire leur travail. Ce qui fait que l'ethnologue et moi pouvons faire notre travail, c'est peut-être que toute société a de la place pour une étrangeté amicale.

Panne de réformes

Paradoxe Macron. Il se dit un réformateur courageux. Il fait effectivement des réformes. Mais cela ne donne rien, en dehors de grèves interminables. La France fait moins bien que des pays comparables, qui ne se réforment pas. (Si l'on écarte l'Angleterre, suicidaire.)

Quand on veut changer la performance d'une entreprise, on modifie sa façon de travailler. (Par exemple, les constructeurs automobiles sont passés du Mass Manufacturing au Lean Manufacturing, dans les années 90, ce qui a réduit par deux le temps de conception des nouveaux modèles.) Surtout, on investit pour gagner. Et cela marque les esprits. Personne n'ayant perçu le moindre changement, les choses continuent comme avant ?

mercredi 26 septembre 2018

Réforme de l'Etat

On me disait que le patronat reprochait au gouvernement de ne pas réduire les dépenses de l'Etat. M.Macron mènerait, en fait, la réforme en sous-main, façon SNCF. L'Etat embaucherait désormais des contractuels, mais plus de fonctionnaires. 

Le contractuel serait-il plus efficace que le fonctionnaire ? Mettez-vous à sa place : que feriez-vous dans une organisation conçue pour des fonctionnaires ?... 

J'ai suivi des administrations qui se sont réformées efficacement, me semble-t-il. Elles ont adopté une autre formule. Elles ont liquidé leurs prestataires et formé leurs personnels pour qu'ils prennent leur place. (C'est, par ailleurs et apparemment, ce que ferait Orange, qui demeure terre de fonctionnaires.) Cela, en outre, forcerait l'entreprise à se dégager de sa dépendance à l'Etat et à devenir créative, pour survivre. Mais c'est probablement une solution que n'apprécierait pas le patronat... Ah, la résistance au changement !

Le couple idéal ou la fin du divorce

L'observation me fait croire que le coupe idéal est le couple complémentaire. Il y en a un qui est méticuleux, l'autre créatif... C'est peut-être ce que Durkheim aurait appelé "solidarité organique".

Mais la diversité est aussi une cause de divorce : Tu ne ranges jamais rien !

Peut-être que le secret du couple heureux est là : aimer la différence de l'autre.
Peut-être aussi que cela demande souvent de corriger une erreur initiale ? On est allé vers l'autre, parce qu'il était différent, mais en pensant, qu'en plus, il aurait toutes nos qualités ? D'où désillusion. Mais elle n'a pas lieu d'être.

mardi 25 septembre 2018

Le changement de M.Macron

Qui est M.Macron ? Quelqu'un qui l'a croisé à plusieurs reprises m'en faisait un portrait qui correspond assez bien à ce qu'a déduit ce blog.

C'est une personne qui, depuis l'école, aurait une opinion exagérée de son talent. En revanche, il a une capacité exceptionnelle à se réinventer, face à la difficulté. Une épreuve en fait un autre homme. Malheureusement, il s'est entouré d'exécutants, me disait-on. Et les Collomb et des Hulot, qui auraient pu lui résister, partent, pourrait-on ajouter.

Qu'est-ce qui pourrait produire une crise salutaire ?

Mystères de la productivité

Qu'est-ce qui est à l'origine des gains massifs de productivité mondiaux ? Un article de The Economist, de 2001 (The Manufacturing paradox, 1er novembre 2001) répond : ce n'est pas l'automation mais de nouvelles formes d'organisation du travail.
Between 1960 and 1999, both manufacturing's share in America's GDP and its share of total employment roughly halved, to around the 15% mark. Yet in the same 40 years manufacturing's physical output doubled or tripled. () 
What has changed manufacturing, and sharply pushed up productivity, are new concepts. Information and automation are less important than new theories of manufacturing, which are an advance comparable to the arrival of mass production 80 years ago. Indeed, some of these theories, such as Toyota's “lean manufacturing”, do away with robots, computers and automation. One highly publicised example involved replacing one of Toyota's automated and computerised paint-drying lines by half a dozen hairdryers bought in a supermarket.

lundi 24 septembre 2018

Géométrie algébrique et intelligence artificielle

Géométrie algébrique ? Comment souvent, en mathématique, un nom terrifiant masque une réalité banale.

L'algèbre est le langage des machines, et la géométrie celui des hommes. La géométrie algébrique remonterait aux mathématiciens arabes du 9ème siècle. Ils furent les inventeurs de l'usage des "équations". Et, ils trouvaient les solutions des équations polynomiales du 3ème degré, grâce à la géométrie. (Les zéros d'un polynôme du 3ème degré sont les intersections de deux coniques.) En termes de vitesse et de précision de calcul, il n'est pas impossible qu'il ait fallu plus de dix siècles pour faire mieux.

(Quand j'étais jeune, j'ai utilisé ce type de technique pour résoudre des équations du huitième degré : elles correspondaient à une réalité évidente pour l'homme, mais étaient un casse tête pour la machine, et l'algorithmicien.)

La géométrie algébrique revient au gout du jour. En effet, il y a deux types d'intelligence artificielle : interprétable et non interprétable. La seconde produit une modélisation non compréhensible par l'homme de la réalité, mais une solution qui se veut définitive. La première part du principe que la machine est un outil. En conséquence, elle doit apporter des résultats, intermédiaires, que l'homme comprend.

Si la géométrie algébrique refait surface, est-ce parce que l'idéologie du tout machine n'a pas passé le cap de la réalité ?

Théorie du complot

On me parlait de l'affaire du "sang contaminé". On a utilisé du "sang contaminé" pour des transfusions. Ce que l'on a découvert tard, pour les mêmes raisons que l'on a dissimulé les actes de pédophilie de certains prêtres. D'ailleurs, le flou demeure quant aux causes de ce crime.

Ce que l'on nomme "théorie du complot" vient-il de là ? Depuis l'Ancien régime, le Français a le sentiment qu'on lui cache quelque-chose. Et le succès du Canard enchaîné montre qu'il a raison. Et si la manipulation des esprits se jouait plus par la dissimulation que par les "fake news"?

(A ce sujet un intervenant de France Info rappelait le cas de la fille illégitime, hébergée par l'Etat, de F.Mitterrand, dont la presse n'a pas parlé.)

dimanche 23 septembre 2018

La violence conjugale, un fait social ?

On s'émeut des violences conjugales. Mais s'est on interrogé sur leurs causes ?

J'ai lu chez des spécialistes du mariage, psychologues ou anthropologues, que ce qui clochait était notre conception moderne du dit mariage. Il est supposé être fusionnel. Or, culture ou nature, l'homme et la femme ne fonctionnent pas de la même façon. L'homme résout ses problèmes seul, la femme en société. L'homme est fait pour vivre avec des hommes, et la femme avec des femmes ! (Mais ils peuvent avoir été faits par la société.) Mélanger les deux, sans précaution, conduit généralement au conflit.

Le plus curieux dans cette affaire est que l'on pourrait croire que c'est toujours l'homme qui est en tort. En effet, contrairement à la femme, qui est un as de la manipulation sociale, il en est resté à la science des cavernes. Il frappe. Et la justice, elle aussi demeurée dans les cavernes, ne comprend que la violence physique. Mais, mes livres disent aussi qu'aux USA c'est souvent la femme qui prend les armes. Serait-on en marche vers l'égalité ?

Pardon

On a tendance à tout pardonner. C'est une tendance du moment. Cela donne l'âme belle.

Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Car lorsque l'on a pardonné, on ne se méfie plus. On pense que l'affaire est enterrée. On est sans défense alors que tout peut recommencer. A mon avis, il n'y a que le changement qui puisse apporter le pardon. Dans le doute, il vaut mieux s'abstenir.

samedi 22 septembre 2018

Open source : principe de l'entreprise libérée ?

Il y a quelques années, j'ai fait un peu de développement en environnement "open source". C'est une expérience surprenante pour un ingénieur de ma génération, formé aux mathématiques et à la raison. Son principe est l'erreur et la force brute. Il est conçu pour que des individus fondamentalement incompétents et dénués de rationalité, mais animés d'une volonté de puissance illimitée, parviennent, ensemble, mais sans entrer en contact (et pour cause...), à développer un logiciel exceptionnellement fiable (sans commune mesure avec la production Microsoft). C'est un système qui ne marche que par essais et erreurs, et par une dépense d'énergie colossale. Le jugement de Dieu, c'est celui du test. Tout tient à la structure de la "plate-forme" de collaboration, qui est extraordinairement résiliante.

Voilà qui me semble dire ce qu'est une constitution. Le mot clé de la constitution, c'est "valeurs". La constitution est le dispositif, légal ou physique (comme ici), qui permet à ces valeurs d'être respectées quelle que soit l'action humaine. Dans notre cas, les valeurs sont probablement libertaires.

Une telle constitution pourrait être l'élément clé de "l'entreprise libérée". L' entreprise est libérée de son dirigeant, et de tout pouvoir hiérarchique.

Immigration, inégalité et histoire

L'autre fait peur, entend-on dire. Voilà pourquoi l'immigration émeut l'électeur, nous dit-on.

Lorsque je faisais de l'aviron, sur 8 rameurs et un barreur, j'étais le seul à avoir deux parents français. Si je reprends les noms des camarades proches de ma chaise, en terminale, je trouve un Vietnamien, un Espagnol, une Africaine (d'où?), une Algérienne... Même aujourd'hui. Lors de la coupe du monde de foot, à partir des quarts, il y avait forcément une maison des environs de la mienne qui aurait un vainqueur. (En trichant un peu, il y a des Serbes, pas de Croates. Fâcheuse confusion.) La France est un pays d'immigration écrivent les universitaires. Et avant qu'elle ne se constitue en Etat, les hommes semblent avoir beaucoup bougé.

Si l'on reprend les théories du changement, ce qui émeut l'être humain est plus l'injustice que la bêtise. Dans les années 60, le méritant arrivait où il méritait d'aller, disait-on. Selon J.Attali, les meilleures formations recrutent dans "deux cents maternelles". Soit 6000 élèves. Les 99 autres % de la population ne peuvent prétendre qu'à des emplois subalternes. L'affrontement n'est donc pas tant entre autochtones et immigrés, qu'entre autochtones. L'inégalité dont on parle tant crée l'injustice, dont on ne parle pas. Ceux d'en haut n'ont que les conséquences positives de l'immigration, c'est le contraire pour ceux d'en bas ? Mais ce sont les gagnants qui écrivent l'histoire ?

vendredi 21 septembre 2018

Les présidents maudits

L'histoire nous montre plutôt des rois compétents, à l'exception des rois fainéants. Plus jeune, je me disais que le jour où l'on écrirait l'histoire des présidents de notre République, cela produirait une saga du type "les présidents maudits". Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Et ce quasiment depuis les origines.

D'où vient cette malédiction ? C'est au pied du mur que l'on voit le maçon. Un système de sélection est une prédiction autoréalisatrise. Il  sélectionne les as du mécanisme de sélection. Nous n'avons donc pas des présidents qui savent gouverner, mais des présidents qui savent grimper dans les appareils politiques. Lorsqu'ils arrivent à la lumière, ils ont en tête des idées d'une pauvreté consternante. Et ils trépignent lorsque la réalité les dément. 

Où est le cercle vicieux ? Probablement dans la puissance de l'Etat. Le jour où il n'aura aucun pouvoir, il n'intéressera plus les ambitieux. Cela laissera la place aux compétents. 

Artiste dégagé

L'artiste nous dit de ne pas voter pour Trump, nous votons pour Trump. Un des changements récents est la perte d'influence de l'artiste. Ce changement en suit un autre : depuis quelques décennies l'artiste, comme le philosophe, est devenu "engagé". Cela signifie qu'il sait ce qui est le "bien", et qu'il met tout son prestige pour nous entraîner, par imitation, dans son combat.

Il y a quelque-chose de paradoxal dans cette attitude. En effet, l'artiste est supposé être tout émotion. Il nous transmet ce qui l'émerveille, ce qu'il ne "comprend" pas. Or, l'engagement signifie la raison, qui est le contraire de l'émotion.

Pensez-vous que l'artiste ordinaire puisse faire face à une opposition solidement argumentée ? Je me demande si son engagement ne vient pas d'un complexe. Comme il ne se trouve pas très malin, il emprunte le combat de quelqu'un qu'il juge l'être, sans le comprendre.

Pour la libération de l'artiste ? Au diable les complexes ? Vive l'artiste dégagé ?

jeudi 20 septembre 2018

Que demande le Français à ses élus ?

Une phrase que nos élus, en particulier nos présidents susceptibles à "l'hybris", devraient lire ?
Les Français ne réclament pas des élus parfaits. Ils veulent des élus proches d'eux et qui ne vivent pas sur une autre planète. Contrairement aux apparences, un Etat modeste est un Etat fort. Fort de la confiance populaire. (René Dosière, L'argent de l'Etat - voir billet précédent.)

L'argent de l'Etat

Un livre un peu ancien (2011), mais fort intéressant, et ce à plusieurs titres :

  • Il est très bien écrit, et extrêmement clair. 
  • Il révèle un rôle nouveau du député : l'investigation. Le député est de moins en moins un "law maker" comme dans les pays anglo-saxons. Alors, il enquête, il contrôle le fonctionnement de l'Etat. 
  • Le livre porte, donc, sur le train de vie du gouvernement. Il révèle que ceux qui nous élisons sont l'anti modèle du citoyen. Ils jouent avec nous au gendarme et au voleur, eux étant le voleur. Ils dissimulent, jusqu'à ce qu'ils soient pris. Et ils recommencent. 
  • M.Sarkozy a été l'exception qui confirmait toutes les règles (de rigueur) qu'il décrétait. Quant à M.Fillon, les problèmes qui lui ont coûté la présidentielle étaient criants lorsqu'il était premier ministre : il avait de gros revenus (plus de 20.000€ par mois, sachant qu'il s'était aménagé un 300m2 dans un palais, où il n'avait aucune dépense, et qu'il allait en avion dans sa circonscription, accompagné de sa voiture, alors qu'il aurait pu prendre le train), qui devaient être à la hauteur de ses besoins. 
  • Entre les cumuls, les salaires directs, et les avantages, il est fini le temps où l'on prétendait que les hauts fonctionnaires et les hommes politiques avaient fait voeu de pauvreté. 
  • Comme le dit l'auteur, tout vient de l'état d'esprit des hommes politiques. "je plaide pour une vie politique dont la finalité demeure exclusivement l'intérêt général et non l'attrait de l'argent. Quand on choisit le service public, comme fonctionnaire ou comme élu, on sait que l'argent ne sera pas l'instrument de mesure de la réussite. On préfère les valeurs de l'esprit aux valeurs boursières." 

mercredi 19 septembre 2018

Qu'est-ce que la sagesse ?

Isaac Getz décrit la sagesse comme la capacité à embrasser les opposés. Le leader libérateur (celui qui crée l'entreprise libérée) est, avant tout, un "sage".

Paul Ricoeur est un sage, dans ces conditions. Toute sa vie a été mue par deux convictions opposées : la foi et la science. Quant à nos temps d'absolu et de bons sentiments, ce ne sont pas des heures de sagesse.

L'explication du paradoxe, que l'on trouve dans la philosophie chinoise, vient peut-être de la systémique. Nous voyons des composants d'un "tout", mais pas le tout. En conséquence, leur opposition n'est qu'apparente. C'est l'opposition qui est intéressante, pas le composant. Car la "réalité" du monde, c'est peut-être le changement, et cette opposition est son moteur. C'est en cherchant à aller au delà, que l'on trouve la bonne direction ?

Ce sont les gagnants qui écrivent les journaux ?

Il y a quelques temps, un journaliste de Libération, je crois, disait être conscient de la perte de crédibilité de la presse. Il pensait la lui rendre par le "fact checking". Il ne décide des "(fake) news" qu'il va étudier, il répond aux demandes des lecteurs. Et, si mes souvenirs sont bons, il ne tranche pas, mais donne des éléments de décision.

J'entendais parler des philosophes de 68. Au fond, leurs idées sont d'actualité. Pour eux, nos esprits étaient manipulés. Ce sont les gagnants qui écrivent l'histoire, dit-on. Et s'ils écrivaient les journaux ? Pour sortir de ce dilemme, il faut lire les travaux d'Elinor Ostrom, concernant la gestion des "biens communs". Ce journaliste de Libération va peut-être les réinventer.

mardi 18 septembre 2018

Ricoeur et Cohn-Bendit

Paul Ricoeur a travaillé avec Hannah Arendt, qui était proche de la famille Cohn-Bendit, et a voulu aider le petit Daniel lorsqu'il a semblé connaître des malheurs en 68. Or Paul Ricoeur était le doyen de l'université de Nanterre, au moment où Daniel Cohn-Bendit s'y manifestait. Ce qui a valu au premier de se retrouver avec une poubelle sur la tête. Ce qui l'a probablement incité à demander l'asile universitaire aux USA, chez Hannah Arendt...

Bref, il n'est pas impossible que tout ce monde se soit disputé alors qu'il défendait les mêmes causes. Ce qui me fait penser que le sentiment qui domine le monde depuis 68 est la haine, sous diverses formes. Je me rends compte, par exemple, que j'ai soupçonné, inconsciemment, le calcul dans des travaux d'universitaires que je crois maintenant honnêtes. Devenir honnête, sans se faire bouffer, est peut-être bien le changement que nous devons réussir.

(La vie de Paul Ricoeur.)

Brexit : le chaos aux portes de l'Europe ?

Je lisais que le Parti travailliste anglais voulait voter contre le plan Brexit de Mme May. Le calcul semble être que le camp de Mme May est divisé, donc il peut renverser le gouvernement et prendre sa place. Que donnera un Brexit sans accord avec l'Europe ? Sachant que le leader des Travaillistes est un fossile parfaitement préservé de la gauche contestataire des années 60, l'incertitude est totale. Les entrepreneurs anglais vont-ils suivre, à l'envers, le chemin des Huguenots ? L'Europe dort-elle sur un volcan ?

Mais, rien n'est certain. Les députés anglais votent en leur âme et conscience, pas selon les directives d'un parti.

lundi 17 septembre 2018

Méfions-nous des bons sentiments ?

France Culture diffusait, la semaine passée, une série d'émissions sur l'Anschluss. Basculement vers le Nazisme du bon peuple, aveuglement des opinions occidentales. Et, plus curieux, une armée allemande qui tombe en panne, et dont les tanks ne sont guère mieux que des boîtes de conserve. Et on est à seulement un an du démarrage de la guerre !

Paul Ricoeur, qui avait été un militant pacifiste, regrettait son aveuglement. Il est dommage que tout ce qui se dit sur la seconde guerre ne parle que de ses horreurs. Pourquoi ne cherche-t-on pas à comprendre ce qui nous y a entraîné ? Cela serait peut-être une bonne leçon pour le présent.

M.Macron : une guerre de retard ?

Lorsqu'on lit l'histoire de M.Macron, on entend parler les hautes sphères du monde d'il y a vingt ans. (Et le gouvernement Sarkozy.)

Il est recalé deux fois à Normale Sup, mais il ne se laisse pas abattre, part à Sciences Po, réussit l'ENA, et grâce à son enthousiasme plus qu'à son intellect ?, termine 5ème, et entre à l'inspection des finances. De là il pénètre dans le nombre infime des puissants qui font la France, puis chez Rothschild, fréquente la jet set internationale, et c'est la Commission Attali, et le gouvernement. Conclusion ? J'ai travaillé dur, et j'ai réussi grâce à mon mérite. Et ce monde que j'ai trouvé est fort agréable. Pourquoi mangez-vous du pain (rassis) et pas de la brioche ?  C'est ce qu'écrivait l'oligarque de tous les pays, lorsqu'on lui parlait inégalité. Donc, ceux qui sont dans la mélasse ne sont pas méritants. Ou, comme M.Macron nous aime bien : les Français sont des attardés, qui n'ont pas compris les beautés des conseils d'administration.

Mais la globalisation, c'est fini, au moins pour quelques décennies. Le monde est aux mains des Xi, Poutine, Erdogan, Trump, Al Sissi et autres hommes forts de moindre renom. La clique à laquelle M.Macron rêvait d'appartenir n'existe plus ? M.Macron : comme tout bon Français, vous avez une guerre de retard ?

dimanche 16 septembre 2018

Europe : la campagne de Russie de M.Macron ?

Paradoxe ? M.Macron a fait de l'Europe son cheval de bataille, or, aux élections européennes, il risque fort de se faire battre par le FN. De l'art, subtil, du camouflet.

Détail intéressant : on parle de Daniel Cohn-Bendit pour diriger la liste macronienne. M.Cohn-Bendit a, effectivement, tout ce qui manque à M.Macron.

(En réalité, on retrouve les ordres de grandeur du premier tour des présidentielles, et Mme Le Pen avait fait un score bien supérieur aux précédentes européennes. Une interprétation est que M.Macron a un socle d'électeurs d'une vingtaine de pour-cent. Va-t-il tenir ? Et que le vote protestataire est divisé. Mme Le Pen peut terminer en tête, mais il n'est pas sûr qu'elle se refasse une virginité.
En tout cas, LREM à 10 ou 15% et RN à 30% indiqueraient à notre président qu'il doit envisager sérieusement de demander l'asile politique aux Danois.)

Repentance

M.Macron reconnaît le rôle de l'Etat français dans la torture durant la guerre algérienne. Secret de polichinelle. On dit que cela va améliorer nos relations avec l'Algérie. Mais reprendre les thèses de la repentance ne va-t-il pas un peu mieux plomber la côte de notre président : décidément, c'est un homme de nobles pensées, coupé des réalités ?

Cela me semble dangereux de faire porter à quelques-uns les fautes du passé. En effet, je ne crois pas que ces fautes leur appartiennent en propre. Il me semble qu'elles sont en puissance dans la nature humaine. Dans l'avenir, plus que dans le passé. Nous sommes tous des coupables potentiels. Plutôt que se donner bonne conscience, par des gestes sans conséquence, il serait bien de se demander ce qui est la cause des drames ? Et ce particulièrement lorsque l'on détient un pouvoir immense ?

samedi 15 septembre 2018

Harcèlement social

Un article déjà ancien de Harvard Business Review, parlait des dommages qu'occasionnait l'usage de l'email. En effet, l'essentiel de la relation humaine est dans l'émotion. Or, l'email véhicule incorrectement celle-ci. (Dans ma jeunesse, on appelait mes emails des "Skuds"...)

Je me demande si le phénomène n'est pas amplifié par les réseaux sociaux. Pensez-vous que si ceux qui s'y expriment se voyaient en face à face, ils diraient ce qu'ils disent ? Les réseaux sociaux sont faits à l'image de M.Trump. Curieux refuge des temps barbares.

La métamorphose de M.Macron

Homéostasie ? Y a-t-il quelque-chose qui fait que tous nos présidents se ressemblent ?

M.Macron avait démarré "troisième voie". Une tradition française. Il y a autre chose que la gauche et la droite. Il y a la France. Réconciliation de tout, opposants, mais aussi individu et société. Curieusement, il a basculé vers l'option "président normal", c'est-à-dire prétentieux et méprisant, sans que l'on sache ce qui lui a donné une aussi haute opinion de sa supériorité. C'est exactement ce que le Français adore haïr. C'est peut-être ce qui a coûté leur tête aux aristocrates. En France, l'égalité n'est pas tant une question d'argent que d'humilité ?

vendredi 14 septembre 2018

Optimisation japonaise

Je me suis rendu compte que je faisais de l'optimisation japonaise.

Etant célibataire, ma consommation est faible. Pour éviter de commander trop peu à un commerçant du marché, je divise mes achats, sans chercher à les optimiser. Par exemple, j'achèterais bien certains fruits à l'un, mais je sais que si je le fais, je ne prendrai presque rien à l'autre...

En y réfléchissant j'ai compris que mon comportement rejoignait celui des entreprises japonaises. Elles ne cherchent pas à optimiser leurs coûts, mais à "charger" un petit nombre de sous-traitants. Dans les années 80, les théoriciens du management trouvaient cela original et performant.

Un avantage, en ce qui me concerne, en est que les commerçants ne respectent que les clients fidèles et importants.

Par ailleurs, je suis prêt à payer une prime pour le commerçant sympathique. Tout bien considéré, cela n'est pas si gratuit que cela. Car le commerçant sympathique est aussi celui qui rend un petit service, quand c'est important.

Comme quoi le coeur a des raisons que la raison ne comprend qu'a posteriori. Et encore pas très bien, probablement.

Croissance infinie

Les arbres ne montent pas au ciel. La croissance ne peut pas être infinie. Denis Meadows explique que ce que nous appelons croissance est exponentiel. En conséquence, il est évident que cela ne peut pas avancer éternellement.

N'est-ce pas une erreur de raisonnement ? Je ne sais pas si Schumpeter entendait sa "destruction créatrice" ainsi, mais à la fois la destruction et la création ont pour conséquence la "croissance", au sens de l'économie. La destruction en produit moins à court terme, mais plus à long terme, puisqu'elle laisse la place, rasée, à la création. La guerre illustre ce phénomène.

En conséquence l'arbre ne va pas au ciel, il monte et il descend. C'est la technique de Pénélope.

jeudi 13 septembre 2018

Créateur de valeur

Le dirigeant se dit "créateur de valeur". Est-ce juste ?

La semaine dernière les valorisations d'Apple et d'Amazon ont dépassé mille milliards de dollars. Il est rare que la valeur d'immenses multinationales (françaises en particulier) dépasse dix ou vingt milliards. Comparons Nokia, Alcatel et Lucent, par exemple, à Apple. Et pourtant, ces entreprises étaient dirigées par des créateurs de valeur auto-proclamés.

La leçon de cette histoire est que la valeur est dans la création pas dans la réduction de coûts ou la reproduction servile de modes. Malheureusement, c'est tout le contraire que l'on apprend en MBA, ou dans les écoles d'application de notre administration.

Talent

J'entendais un professeur du collège de France parler de talent (France Culture). La vogue moderne pour le "talent" aurait été lancée par McKinsey. Jusque-là le talent se trouvait uniquement dans l'art et la science. Maintenant, il est essentiellement au sommet de l'entreprise.

En son temps, je n'ai pas pris au sérieux cette mode. J'ai pensé que c'était un moyen qu'avait inventé les dirigeants pour justifier des salaires disproportionnés. Le dirigeant se dit un "créateur de valeur", il doit donc être rémunéré en proportion de sa création.

(Les politiques, eux aussi, se sont mis un moment à se définir comme des "entrepreneurs". Il n'est pas impossible que M.Macron soit un des derniers membres de cette jet set.)

mercredi 12 septembre 2018

Economie et bénéfice de l'erreur

J'entendais dire que les Chinois prévoyaient "d'être" le monde en 2050. Pour cela ils appliquent un plan d'innovation systématique.

Seront-ils plus heureux que les Japonais avant eux ? Les Chinois jouent un jeu que l'Occident a inventé. Ils parient, comme les Japonais, que leur culture va écrabouiller l'adversaire. Mais la règle du jeu c'est l'erreur. Elle est propre à la culture occidentale. Elle résulte d'une sorte de mélange entre individualisme, obsession pour la raison, et croyance en l'absolu du christianisme. D'où un comportement de virus. Ce chaos, produit par des forcenés se croyant élus, est peut être ce que l'on a trouvé de mieux en termes de stimulant à la croissance. Aime et fais ce que tu veux, dit Saint Augustin. Je crains, pour eux, que les Chinois ne nous aiment pas assez.

Cyber transformation

J'ai découvert que les entreprises prennent le cyber risque très au sérieux. Le paradoxe de la situation tient à ce que le cyber risque n'est pas chez elles, mais chez leurs partenaires. Qu'un client ou qu'un fournisseur ait son système d'information paralysé par un virus, et leurs affaires peuvent mal se finir. (Article.)

Nous sommes liés les uns aux autres comme jamais nous l'avons été ! Dire que les libertaires ont cru un moment qu'Internet serait leur triomphe !

mardi 11 septembre 2018

L'homme et la société

Je lisais l'histoire suivante. Dans les années 90, aux heures pionnières de l'ouverture d'Internet au grand public, un Américain timide et rangé était devenu un énorme producteur de best sellers numériques. Il écrivait des histoires horribles de tortures et de viols. Il s'est fait attaquer en justice. (Mais il s'en est sorti indemne.)

Ce qui montre que notre comportement est contraint par les lois de la société. Au fond, nous sommes extrêmement malléables. (Notre homme n'était pas une exception : il avait une foule de lecteurs.) Mais la contrainte peut aussi produire le changement. Si l'on en croit les existentialistes, ce changement est la révélation du potentiel que nous avions en nous. Notre héros avait peut-être un potentiel d'écrivain...

Les retraités asphyxient l'économie ?

En Angleterre, le déficit du régime des retraites force à réduire le budget des écoles, des hôpitaux, de la police, et de l'armée, dit le Financial Times. Ce qui semble signifier un cercle vicieux. Si l'on réduit ces budgets, la situation va empirer, il y aura moins d'argent pour les retraites, etc.

Qu'est-ce qui fait que les équilibres sociaux aient tant de mal à s'établir ? Un trop grand laisser-faire, et une absence de mécanismes efficaces de conduite du changement ?
Public pensions shortfall threatens to force £4bn in spending cuts HM Treasury is to demand an extra £4bn from the budget for schools, hospitals, the police and armed forces to cover a shortfall in public sector pensions, raising the prospect of swingeing spending cuts in the next decade.

lundi 10 septembre 2018

Droit et subtilité

M.Obama était l'éditeur de la revue de droit de Harvard, si mes souvenirs sont bons. Ce qui en fait probablement un des esprits les plus subtils que comptent les USA.

C'est curieux que nous n'ayons plus ce type d'études en France. Nous les avons liquidées au profit de formations pour bourins. Explication ? Peut-être notre amour de l'absolu. Heureux les simples d'esprit ?

Les revers de M.Macron

M.Macron est peu aimé dans son pays. A-t-il plus de succès dans sa politique extérieure ? Apparemment, dit Libération, il aurait fait preuve d'indécision en Europe, ce qui fera probablement que, quoi qu'il arrive aux prochaines élections européennes, il n'aura aucun poids dans le parlement Européen. Du coup, cela peut ouvrir un boulevard à un vote sanction. Il est sans danger.

Un président incompétent et impopulaire, un encouragement au mouvement social ?

dimanche 9 septembre 2018

Barack, le retour

Barack Obama semble parti pour organiser la résistance à M.Trump. C'est ce que j'attendais depuis longtemps.

M.Obama est redoutable. C'est un tueur, un tacticien froid, et exceptionnellement intelligent. Il divise pour régner et, contrairement à Mme Clinton et à l'élite intellectuelle, il a de l'empathie pour le petit blanc, électeur de M.Trump. Car sa couleur est trompeuse : il vient de ce monde, et il n'en a pas oublié les valeurs.

M.Trump dit (?) :
« Ne crains rien jusqu’à ce que la forêt — de Birnam marche sur Dunsinane ! » Et voici que la forêt — marche vers Dunsinane… Aux armes ! aux armes, et sortons ! — Si ce qu’il affirme est réel, — nul moyen de fuir d’ici, ni d’y demeurer. — Je commence à être las du soleil, et je voudrais — que l’empire du monde fût anéanti en ce moment. — Qu’on sonne la cloche d’alarme !… Vent, souffle ! viens, destruction ! — Nous mourrons du moins, le harnais sur le dos.


Toi aussi mon fils

M.Trump va-t-il être trucidé par les siens ? Un des hauts gradés de son administration dénonce ses agissements, lit-on dans la presse...

Mais n'est-ce pas ainsi que M.Trump conçoit la vie ? La Maison blanche ressemble au show qu'il a longtemps animé. Cet homme "vit sur les nerfs", et n'apprécie que les gens qui lui ressemblent. D'ailleurs, il avait fait venir à ses côtés une des anciennes participantes (noire) de son émission, au comportement particulièrement nocif. Elle n'a pas trahi son passé. Son passage et son départ ont fait bien du bruit.

J'ai vécu avec des dirigeants qui ressemblaient un peu à M.Trump. Ils avaient décrété que l'homme était un loup pour l'homme. Il m'a fallu le recul de quelques années pour comprendre que ce monde, qui m'était apparu comme insupportable, avait ses règles, qui auraient pu me convenir. Il faut être fort et demander ce que l'on veut, sans attendre de récompense pour ses mérites.

samedi 8 septembre 2018

Hubris jupitérien

Le ministre Gérard Collomb parlait du "manque d'humilité de l'exécutif", ai-je lu. "Hubris", disait-il aussi. Explication de ce que notre président est exceptionnellement impopulaire, selon les enquêtes.
L'hybris, ou démesure, était pour les Grecs de l'Antiquité la dérive d'un orgueil qui ne se retient plus. L'hybris attire un châtiment: la némésis, la destruction. Prométhée, Icare, Lucifer illustrent ce fatal enchaînement. (wikipedia)
Ce qui rend humble, je crois, c'est la difficulté, la contrainte. Jupiter, l'original, devait avoir une forme d'humilité. Car, il avait sans cesse des difficultés avec son épouse, qu'il trompait. D'ailleurs, ses aventures se terminaient rarement bien. La vie lui rappelait qu'il n'était pas un dieu.

Comme dit la "dialectique du maître et de l'esclave", la contrainte a du bon. Elle amène l'homme à se transformer, et à révéler un potentiel insoupçonné. Le Français, lorsqu'il répond au sondeur, essaie-t-il de créer les conditions qui permettront à son président de révéler ses potentialités ?

(En tout cas, ce type de message n'a pas été compris par ses prédécesseurs. Le pouvoir absolu corrompt peut-être absolument, mais, rend-il, aussi, sourd ?)

Polytechnique et la sélection sociale

Qu'apporte Polytechnique à ses élèves ? Ce n'est pas l'éducation. Je doute que ce que l'on y enseigne puisse être jugé comme intéressant, ou comme du meilleur niveau. C'est un état d'esprit. Tout vous est permis : osez.

Dans Le meilleur des mondes, c'est la chimie qui décide si un être sera un balayeur de déchets nucléaires, ou président de la République. Chez les êtres humains, c'est la société. L'arbitraire est grand dans les deux cas. Mais ce n'est probablement pas ce qui compte.

vendredi 7 septembre 2018

Fils de

J'entendais dire qu'au Magazine littéraire, Nicolas Domenach remplaçait Raphaël Glucksmann.

Les noms me semblant familiers, je suis allé me renseigner sur wikipedia. Où l'on voit que les réseaux sociaux ne sont peut-être pas qu'électroniques...

68 et le Pêché originel

Une émission sur le philosophe en 68 m'a amené à réinterpréter l'histoire de notre société. Il y était dit que l'intellectuel, par nature, recherche la justice. En 68, l'injustice c'était le "petit bourgeois". Soit, nous tous. Comme le disait Sartre, celui qui sauverait son âme serait, donc, celui qui combattrait une nature qu'il avait héritée de la société.

On chasse le pêché originel par la porte, il revient par la fenêtre ? Le pêché serait-il un mal de l'intellectuel, donc de la raison ?

(France Culture, Les chemins de la philosophie, 23 avril 2018.)

jeudi 6 septembre 2018

Malheurs de la classe moyenne

On parle beaucoup des malheurs de la classe moyenne...

Aristote disait qu'elle jouait un rôle de stabilisateur. Elle semble avoir été l'enjeu de la guerre froide. Il ne fallait pas que le peuple de l'Ouest cède aux attraits soviétiques. Alors, on a cherché à augmenter la proportion de "petits bourgeois", la "classe moyenne" ? A l'Ouest, le mouvement est probablement parti des USA. Puis a été suivi par l'Europe. Ce qui me fait penser cela ? L'ouverture en grand des portes de l'enseignement supérieur, commencée après guerre aux USA, est peut-être une volonté d'embourgeoisement.

J'ai été surpris par un livre écrit en 68. Ses auteurs, des intellectuels, s'opposaient aux révolutionnaires de 89. Ils prenaient, par conséquent, fait et cause pour l'aristocratie. 68 : contre-Révolution ? Le véritable ennemi de son Marxisme était la "classe moyenne" petite bourgeoise ? (N'est-ce pas elle dont on vole les nains de jardin, et qui subit les grèves de la SNCF ?) Un avatar de l'aristocratie a été la gagnante du changement ? La disparition de l'URSS l'a aidée ? (Il n'y avait plus besoin de séduire le peuple.) Mais elle a peut-être poussé son avantage un peu loin : l'effet stabilisateur a disparu...

Pertinent ?

Faut-il une classe moyenne ?

La notion de "classe moyenne" a quelque-chose d'étrange. Pourquoi serions nous "classés" ? N'y a-t-il pas, uniquement, des êtres humains ?

Marx n'a-t-il pas commis une erreur grave en bâtissant ses théories sur le principe du conflit ? Du conflit "entre classes" ? Donc du primat de la "classe" ? Car classe = différence = guerre. Pourquoi pas de la "race" ? N'aurait-il pas dû partir du primat de l'homme ?

(Ce que l'on reproche peut-être à la classe moyenne, c'est de ne pas vouloir être une classe ? Elle a pour aspiration d'englober tous les hommes. A cela s'oppose le principe, libéral ?, qu'il existe des supériorités définitives, des sous-hommes ? Au fond, il existe deux types d'hommes : ceux qui croient qu'il n'y en a qu'un, et ceux qui prennent les autres pour des imbéciles.)

mercredi 5 septembre 2018

Le problème des réseaux sociaux ?

Je me suis désabonné de Google+ et Facebook. J'envisage de faire de même pour Twitter. Je n'ai pas trouvé mon usage. J'ai peu de temps libre. J'aurais aimé lire de quoi me changer les idées, réfléchir, un peu. Un fil d'informations surprenantes. Ce que je cherche chez France Culture, en dehors des émissions dans lesquelles ses journalistes donnent leur opinion.

Grâce aux podcasts, on peut éviter les journalistes, mais, avec les réseaux sociaux, le tri est impossible: quand il s'agit des sujets de société nous sommes tous des beaufs ; les réseaux sociaux ont donné un retentissement mondial à notre bêtise. "Ne parle pas de ta vie, elle est pleine de trous", me disait ma mère. Elle avait bien raison.

Lino Ventura, dernier des Mohicans ?

Lino Ventura ne trouvait plus de scénario qui lui allait, à la fin de sa vie. Il cherchait des "histoires d'hommes". Mais plus personne n'avait l'expérience nécessaire. (Reportage.) Histoire d'un changement de société ?

Histoire d'immigré, aussi. Un père qui disparait, une mère qui émigre à l'étranger, pas d'études, le travail qui commence à neuf ans, et, finalement, le succès grâce à la lutte gréco romaine, puis au catch. Le cinéma, et la gloire, venant de manière inattendue. (Quoique Lino Ventura ait toujours été un très grand amateur de films.) Sens de l'honneur et aspiration à la respectabilité. Et bonheur dans l'amitié. Et homme qui parle bien mieux français que beaucoup de nos intellectuels modernes.

Comprendre Lino Ventura, c'est comprendre l'immigré ? Mais aussi que ceux qui parlent avec tant d'émotion de l'immigration sont aussi ceux qui étaient incapables de lui écrire un scénario, parce qu'ils ne savaient pas ce qu'était un homme ? et un immigré ?

mardi 4 septembre 2018

Mathématiques et machines

Plus ça va, moins je suis convaincu que tout soit mathématique. Considérons la géométrie. Pour représenter la nature, on invente le cercle. Puis l'équation du cercle. Donc le polynôme (à plusieurs inconnues). Puis, pour pouvoir résoudre les problèmes de polynômes, on introduit la notion d'idéal, et tout un tas de variantes. Et cela s'emballe dans les années 60: les concepts succèdent aux concepts.

Une des avancées permises par ce mouvement, c'est le calcul symbolique. L'ordinateur semble assez adroit avec les abstractions, en particulier les idéaux. D'une manière générale, l'ordinateur joue un rôle de plus en décisif en mathématiques.

Question : et si les mathématiques étaient la langue des machines, pas de la nature ?

(Ce qui n'a rien de honteux. En mathématisant, l'homme peut avoir rendu possible le travail de la machine.
Cependant, et si la nature avait plus de potentiel que la machine ? Et s'il y avait plus à gagner à appliquer notre esprit à tirer parti de la première, plutôt qu'à inventer la seconde ?)

Y a-t-il des schémas universels ?

Le scientifiques aiment à dire que la nature est mathématique.

Mon passé d'ingénieur m'en a fait douter. Les mathématiques sont mises en déroute par le plus petit problème. Par exemple les arrondis des ordinateurs. Et la dynamique ? La dynamique produit des équations différentielles que l'on ne sait pas résoudre. Alors, on appelle à l'aide l'ordinateur. Mais pour cela il faut avoir recours à des astuces douteuses. Elles marchent, quand elles marchent...

Je me demande s'il n'y a pas dans les propos des scientifiques, une prédiction auto-réalisatrice. Si l'on retrouve les mêmes schémas en physique, en chimie... (The Universal Pattern Popping Up in Math, Physics and Biology) c'est peut-être, simplement, parce que ces schémas sont nos outils de compréhension. De même que le ciment est le matériau du maçon, et qu'on le retrouve dans toutes nos constructions. Les scientifiques cherchent partout des structures universelles. Tant qu'ils n'en ont pas trouvé, ils changent leur modèle. Jusqu'à ce que cela semble fonctionner. Quitte à se limiter à ce qu'ils peuvent expliquer ?

lundi 3 septembre 2018

M.Trump, le visage de l'Amérique ?

Du fait de la RGPD, plus d'un millier de titres américains ne seraient plus accessibles d'Europe. Pour cette même raison Facebook et Google bloquent la diffusion automatique des billets de ce blog sur leurs sites. (Ce qui fait que j'ai mis un terme à mes comptes Google+ et Facebook.)

M.Trump n'a rien d'exceptionnel. La loi de l'Amérique, c'est celle de la jungle. Le client n'y est pas roi. L'entreprise est en lutte avec son marché. C'est à qui prendra le meilleur sur l'autre. Si M.Trump représente un changement, c'est le renoncement à l'hypocrisie, ce que Mme Clinton appelait "soft power".

Vive les Danois ?

M.Macron rêve apparemment de diriger un peuple de Danois.

Il est possible qu'il y ait un accord national sur la question. Le Gaulois aussi rêve d'un président danois. Une personne simple, qui ne vit pas dans un palais, et pense qu'elle appartient à une communauté d'élus.

(Il y a d'ailleurs un précédent : lorsque les Danois, que l'on appelait alors Vikings, ont reçu en rémunération de leur pouvoir de nuisance le duché de Normandie, ils y ont fait régner l'ordre.)

dimanche 2 septembre 2018

M.Trump et la Chine

Un universitaire expliquait (France Culture, Les enjeux internationaux, mardi) que, vis-à-vis de la Chine, M.Trump était efficace (même "habile"!). Il est parvenu à bloquer son expansionnisme "guerrier". Il défend le modèle de société américain contre le "modèle autoritaire" chinois.

Ce qui pose un problème. Si M.Trump défend effectivement les intérêts des Américains, ce qui est la mission d'un président, et son programme, cela signifie que ses opposants ne le font peut-être pas. Et si leur action était essentiellement tournée vers l'intérieur ?

(Idem chez nous : pourquoi nos partis d'opposition ne proposent-ils pas un projet qui soit tourné vers l'extérieur ? Qui traite la France comme une globalité ?)

Macronix, le Gaulois

M.Macron est un homme exceptionnel. Il a commencé son quinquennat par un discours louant ses prédécesseurs. En France, il n'y avait rien à jeter. Comme M.Poutine, il avait réconcilié Staline et les Tsars. Cela n'a pas duré. Selon les journaux, il ne peut jamais s'empêcher, lorsqu'il est loin de la France, de critiquer ses concitoyens. Il a recommencé au Danemark.

M.Mélenchon a flairé le sang. M.Macron est le portrait robot de ce que le Français adore haïr: la prétention et l'arrogance. "Le p'tit con qui nous prend pour des cons." Ce qui a été le mal de quasiment tous nos présidents, et de nos généraux. Le propre de la Gaule ?

samedi 1 septembre 2018

Le changement selon M.Macron

Marronnier de ce blog : le changement selon... Cette fois-ci, M.Macron. Tentative de décryptage :

Son modèle de l'Etat ? Celui de l'entreprise. Il est président d'un conseil d'administration dont il est le seul membre, il s'occupe du long terme est des "gros coups". Il a écrit un livre sur les réformes qu'il comptait mener. (Une de ses caractéristiques est son flou quant aux questions de mise en oeuvre). Il a un plan, son gouvernement doit l'appliquer. Le premier ministre est directeur général, il exécute. Les ministres sont des directeurs fonctionnels.

Son modèle du Français ? Il estime que ce qu'il comprend, ce sont les actes pas les raisonnements. Le Français n'a pas de tête. Il est infime le nombre de gens qui ont fait des études. Par l'image de soi qu'il donne dans Paris Match, lorsqu'il s'adresse à un enfant, où lorsqu'il gesticule pendant un match de football, il veut nous faire ressentir qu'il partage nos valeurs, qu'il est l'un des nôtres.

A creuser.


Les dangers du tout électrique ?

Carlos Tavares, si je comprends bien, dit : j'investis à fond dans la voiture électrique, j'espère que le gouvernement sait ce qu'il fait en m'y incitant.

Notamment : ne va-t-on pas trouver dans dix ans que l'électricité a des conséquences imprévues, particulièrement néfastes ? Y aura-t-il un réseau de stations services qui permettra à la voiture électrique de rouler ?...

Les constructeurs automobiles investissent des dizaines de milliards. Pourquoi M.Tavares ne met-il pas quelques centaines de milliers d'euros dans une étude scientifique de la question ?

(Le laboratoire d'ingénierie de Cambridge, par exemple, a publié une étude systématique portant sur les moyens de réduire la production de CO2 par les principales industries émettrices.)