mardi 31 décembre 2019

Le grand changement, c'est pour maintenant ?

Depuis quelques années, ce blog annonce un grand changement... Cela n'a pas toujours été le cas. Ce blog a été créé en 2008, en pleine crise. Justement parce que c'était une crise, que le sujet de ce blog est le changement, que le changement est un "dégel", selon K.Lewin, et que la crise est le meilleur endroit où observer le changement en marche. Pendant longtemps ce blog n'a rien vu venir. Sa raison d'espérer était "l'in quiétude". Aucune théorie, qui aurait annoncé un retour de l'aveuglement totalitaire, n'a émergé. Les hommes forts qui ont pris la direction des affaires, à droite et à gauche, eux-mêmes, ne sont pas très sûrs de leur coup. Ce qui est un signe de sagesse. Peut-être une première.

Ce changement est un changement comme il en arrive tous les demi-siècles. C'est un changement systémique. D'abord, c'est un changement d'esprit de la société. Voilà ce que je disais précédemment. Nous passons du "yang" au "yin". De l'individualisme au (plus) collectif.

La nouveauté de l'année a été la découverte que le précédent système était celui des "intellectuels". C'était une conséquence logique, a posteriori, des idées d'après guerre. Un temps de progrès technologique devait être dirigé par des esprits supérieurs. Seulement, cela a conduit à une impasse, cette nouvelle classe dirigeante faisant, finalement, l'inverse de ce que l'on attendait d'elle. Ce qui devait être l'ère de la rigueur scientifique a débouché sur le triomphe du "post modernisme" et de la "post vérité". Hegel avait vu juste. Surtout, cette élite n'a pas compris ce qui était attendu d'elle. Au lieu de gérer la société dans l'intérêt collectif, elle a considéré qu'elle devait sa position à ses mérites. Et elle s'est enrichie aux dépens de ceux qu'elle aurait dû servir. D'où mécontentement.

Ce qui est apparu dernièrement est le côté pratique du changement. Ce pourrait être un "green deal" mondial. Mais, comme toujours, il n'est pas ce que l'on attendait qu'il fut. Il semble parti pour être une révolution industrielle, et pas l'avénement d'une société de hippies altermondialiste bio mimétique. Il aurait l'intérêt de ressembler à la reconstruction d'après-guerre. On peut donc espérer le retour du plein emploi, et la fin du malaise actuel. Après le règne de la raison pure, on en viendrait à celui de la raison pratique, et de l'artisan. Il aurait aussi l'intérêt de trouver un emploi à l'argent que les banques centrales ont imprimé pour stimuler une économie en panne d'innovation, et donc nous éviter une crise financière sans précédent.

Et après ? K.Lewin parle de "recongélation". Ce que je traduis par le fait que "l'on devient de vieux cons". "L'in quiétude" s'apaise, l'intellect s'endort, et on part plein pot vers le prochain changement. Va-t-on y perdre notre fragile "sagesse" ? A moins que l'on ne parvienne à changer notre façon de changer...

Grande Bretagne : destination inconnue ?

Un pays est au bord de l'abîme : la Grande Bretagne. Que va-t-il lui arriver ?

La Grande Bretagne ressemble à Athènes. Après une période glorieuse, elle a vécu de talents importés, en leur fournissant les conditions qui ont fait son succès. Le moteur de la thermodynamique anglaise, c'est l'inégalité. Le pauvre qui veut s'enrichir nourrit l'élite de rentiers qu'il veut rejoindre.

Exemple ? La City est transformée par les Rothschild, qui ont défait Napoléon, puis de Siegmund Warburg, qui la sauve, invente la finance moderne, et y attire les Américains.

Et voilà comment cela pourrait expliquer le BrexitMme Thatcher et ses successeurs, en particulier Tony Blair, ont cru que le secret de la prospérité était dans le pouvoir miraculeux du "marché". L'Angleterre fournirait des conditions idéales, et attirerait les valeureux du monde, ouvriers prêts à travailler pour rien, entrepreneurs créateurs d'innovations et d'entreprises ou oligarques russes qui financeraient l'économie par leurs richesses mal acquises. Rien de plus simple.

Madame Thatcher a donc supprimé les "vieilles industries" du nord du pays en pensant qu'elles mobilisaient des ressources financières qui seraient mieux utilisées ailleurs. Tony Blair a étendu massivement l'UE, vers la main d'oeuvre orientale, qui rêvait des lumières occidentales ; il a facilité la mobilité des populations ; il a expédié son industrie (traité de Kyoto) vers les pays émergents, histoire de faire de la place à l'innovation, et de se débarrasser de la pollution. Le reste de l'Europe l'a suivi, médusé. Les techniques anglaises de réforme de la fonction publique se sont étendues partout. Nous sommes tous thatchériens.

Pour une fois, l'arroseur a été le premier arrosé. Le marché n'a pas répondu aux attentes. Et le pays s'est trouvé encombré d'immigrés en concurrence frontale avec des natifs qui étaient peut-être obsolètes, mais qui avaient le droit de vote. Brexit.

Comment l'Angleterre va-t-elle se tirer de ce mauvais pas ? Difficile de voir une autre option que le parasitisme de l'Union Européenne. Première réforme de M.Johnson : remplacer l'Union Jack par le drapeau noir ?

Carlos Ghosn et les droits de l'homme

Opportunément, Carlos Ghosn nous rappelle qu'il a été un homme de l'année.
M.Ghosn explique son évasion par le fait que le Japon ne respecte pas les droits de l'homme. Les défenseurs des droits de l'homme auraient-ils dû prendre fait et cause pour lui ? A un moment où l'on reparle de l'affaire d'un autre polytechnicien, Alfred Dreyfus, aurait-il fallu se demander si M.Ghosn était un nouveau Dreyfus ?

Peut-on critiquer le Japon, en termes de droits de l'homme ? Mais on peut bien critiquer l'Europe, au moins aussi démocratique, puisqu'elle a une Cour des droits de l'homme, ce qui signifie qu'elle peut commettre des abus. Donc, soit il n'y avait rien à reprocher au Japon, soit les droits de l'homme sont une question de sympathie, et M.Ghosn, qui se présentait comme un surhomme, et s'était peu fait d'amis, n'en suscite pas beaucoup. En tous cas, maintenant, il a clairement violé les lois. Il s'est assigné à résidence au Liban.

Finalement, cela pose la question des droits de l'homme. Comme le dit Joan Williams dans White working class, à force d'utiliser l'argument des droits de l'homme à tort et à travers, on ne sait plus ce qu'ils signifient. On ne s'enflamme plus pour les droits de l'homme. Projet pour 2020 : se demander ce que sont, réellement, les droits de l'homme, et ce que l'on doit être prêt à faire pour les défendre ? Réinventer les droits de l'homme ?

Donald Trump : homme de l'année ?

Donald Trump aura été un de mes désagréments de l'année. Je lis la presse américaine et elle ne parle que de Donald Trump. D'ailleurs pour ne rien dire. On sait qu'elle le hait. Cela ne sert à rien d'en rajouter. D'autant que ceux qui votent pour lui ne la lisent pas. Ou sont tellement remontés contre l'élite intellectuelle qu'ils se réjouissent qu'elle s'époumone : cela prouve qu'il est efficace.

Souhait pour l'an prochain : que l'on oublie Donald Trump.

(Le silence lui serait fatal. Mais, ce serait économiquement stupide. Taper sur Donald Trump est ce qu'attend le lectorat de la presse intellectuelle...)

2019 ou la République en marche ?

M.Macron a tenu parole. La République est en marche. Quand il n'y a pas de transports en commun, il n'y a plus que cela à faire.

Ce que la grève nous a rappelé, c'est un aspect de la France que personne ne nous envie : notre façon d'être mécontents. Spontanément, le Français adopte une "tête d'abruti", lorsqu'il veut se faire respecter. (Celle du leader syndicaliste, ou de l'homme politique qui veut ressembler à un leader syndicaliste.) Il devient impoli et irrespectueux. A côté de lui, M.Trump est un modèle de bonne éducation. Est-ce une façon de "faire peuple" ? 

Dans mon métier, j'ai rencontré beaucoup de gens qui avaient adopté cette position. Ils devenaient charmants lorsque l'on avait le temps de les connaître. D'autant plus charmants qu'ils avaient l'impression de ne pas s'être bien conduits. 

Les grandes douleurs sont muettes, dit-on. Il est possible qu'une désapprobation glacée serait bien plus efficace que des grossiers braillements. Et si la France apprenait la force de la politesse ? La République en marche comme révolution culturelle ?

lundi 30 décembre 2019

Années 20 : le post post modernisme ?

L'après guerre a été fascinée par les miracles dont été capable la science. Elle a donné le pouvoir aux diplômes. Mais cela a eu une conséquence inattendue : le post modernisme.

Le diplômé s'est révélé un "intellectuel" et non un "scientifique". L'intellectuel pense que ses diplômes font de lui une "autorité". La sélection dont il a émergé a prouvé qu'il détenait la vérité. Il croit que la raison est une arme qui permet d'amener la société dans la direction qu'il a choisie.
Au nom de la science, l’intellectuel occidental attaque la science, outil de domination occidental. « Le savoir est lié au pouvoir et à la domination. » « Toute connaissance est fictionnelle. » « Le langage (est) prédéterminé et construit. » Mais heureusement, il y a l’intellectuel, « combattant redoutable ». Il utilise les outils de manipulation du pouvoir contre lui ! (La suite.)
Le post modernisme, c'est la post vérité.

Une fois au pouvoir, l'intellectuel s'est révélé un exploiteur comme les autres. Sa langue est fourchue. Ses nobles théories n'existent que pour justifier sa domination, et l'accroissement de ses richesses, au détriment de celles de la population. Voilà ce que pourrait bien signifier le rejet mondial des "élites".

J'en reviens à la question posée en 2019 : à quoi ressemblerait un post post modernisme ?

Vers une Europe allemande ?

L'Europe est-elle devenue allemande ?

Mme Von der Leyen a pris la tête de l'Europe. Sa stratégie : le green deal. Voilà qui est typiquement allemand : depuis des décennies, l'Allemagne est le champion mondial du développement durable.

Depuis ses origines, ce blog dit que le problème de l'Europe continentale est, outre l'Angleterre, qui divise pour régner (ce qui lui est retombé sur le nez), l'Allemagne. Cette dernière lui a imposé une politique de rigueur qui l'asphyxie. Il faut que l'Allemagne comprenne qu'elle a besoin des Européens. Que, s'ils sont pauvres, ils ne pourront pas acheter ses voitures et ses machines. La solution à nos problèmes est européenne, et c'est l'Allemagne qui en a la clé.

Le green deal semble un moyen d'aligner tout le monde. Le green deal est l'équivalent d'une politique de relance, prenant une forme acceptable pour l'Allemand. Ce qui va tirer l'industrie européenne, et fournir à nouveau des emplois correctement payés à la classe moyenne européenne. Dans cette affaire, l'atout de la France est probablement sa démographie, mais aussi sa débrouillardise.

L'ambition : un fait de société ?

Une des inventions de notre temps a été la massification de l'ambition. Du moins l'ambition de faire carrière.

A l'époque de mes parents, ou grands parents, l'ambition d'un homme me semble avoir été de tenir sa place dans la société. On refusait même les promotions, ou les emplois très rémunérateurs, mais qui ne semblaient pas respectables. L'emploi n'était pas intéressant, c'était un devoir.

Cela explique peut-être aussi l'évolution du féminisme. La précédente génération de femmes voulait un travail pour être indépendante, comme l'homme. Maintenant, la femme veut réussir sa carrière, comme l'homme (ou comme une toute petite minorité d'hommes).

Cela est probablement aussi un facteur de chômage. Dans un monde où il y a des gagnants, il faut aussi des perdants.

Le XXIème siècle sera-t-il le siècle des ingénieurs ?

"Le secteur de la construction est responsable de la moitié des émissions de CO2 de la Grande Bretagne, le béton, à lui seul, de 5%." Les techniques de construction n'ont pas changé depuis les Romains. Si l'on utilisait le juste nécessaire, ce que l'on sait faire, il serait possible de réduire la consommation de béton par deux. (Article.)

En fait, ce que dit l'article est faux. Les bâtisseurs de cathédrales avaient une approche de la construction, très expérimentale, qui ressemble à celle qu'il envisage. Ils économisaient la matière pour des raisons esthétiques.

Mais l'important n'est pas là. La façon la plus simple d'éviter un changement climatique est d'améliorer, radicalement, nos techniques actuelles. Cela aurait aussi pour avantage d'être un changement qui ne demanderait pas de changement à la société, et, même, qui ressemblerait à ce que fut la reconstruction après la guerre : un grand fournisseur de travail pour tous. Or, depuis longtemps on sait que c'est possible. Selon le vocabulaire universitaire, cela demande de "l'innovation", mais pas de "l'invention". Aube d'une nouvelle "révolution industrielle" ?

dimanche 29 décembre 2019

La fin de l'Etat providence

Le Français n'a jamais aimé l'Etat et le salariat, assimilé à l'esclavage. Le Français est, par essence, libertaire. C'est ce que l'on découvre en lisant ce qui se disait et s'écrivait avant guerre. La particularité de notre culture était de prendre en compte la dimension sociale de l'existence, par le biais d'associations relativement légères (mutuelles, coopératives, etc.). L'avènement de l'Etat d'après guerre s'est fait contre nature. L'Etat est devenu extrêmement pesant, il a opéré une prise en charge quasi totale des existences, au moment où l'entreprise technocratique, émanation de l'Etat, transformait les paysans, libres et indépendants, en ouvriers des Temps modernes, salariés.

Ce modèle est en train de craquer. Cet Etat technocratique est pris en tenaille entre les intérêts corporatistes de ses personnels et les réformes malencontreuses dont ses hauts fonctionnaires ont l'initiative depuis plusieurs décennies, et qui démolissent à la fois ses grandes entreprises (France Télécom, Crédit Lyonnais, Alcatel, Pechiney, Thomson, Alstom, Areva, etc. etc.) mais aussi ses services publics (hôpitaux, chambres de commerce, transports, production d'énergie, audiovisuel public, etc. etc.), ce faisant criblant le pays de dettes, et le noyant dans le dysfonctionnement : nos trains, dont nous étions si fiers, n'arrivent plus à l'heure, et, d'ailleurs, souvent, ne partent plus.

Où allons-nous ? Une possibilité serait un Etat beaucoup plus léger et une société beaucoup plus résiliente, qui dépende beaucoup plus d'elle-même. L'individu, nous, pourrions réintégrer des pans entiers des services publics. Par exemple en fournissant une partie de notre énergie. Et en renforçant nos réseaux de solidarité, en rendant des services à nos amis, et en attendant d'eux. Autrement dit, en en revenant aux idées d'avant guerre. Ou à ce qui se pratique, au moins à la campagne, en Amérique du nord, si j'en crois ce que je lis. Transition probablement difficile, mais nous avons à y gagner une plus grande liberté.

Pourquoi l'élite est-elle haïe ?

"Elite" est devenu une insulte. Pourquoi ? Accusé, levez-vous.

"Un savant est une merde" est une formule de Proudhon qui a eu moins de succès que "la propriété, c'est le vol".
"Pourquoi Monsieur Guizot n'a-t-il pas osé dire que les capacités intellectuelles étaient les plus corruptibles, les plus corrompues et généralement les plus lâches, les plus perfides de toutes les capacités... un savant est une merde." (Trouvé dans Proudhon, l'enfant terrible du socialisme, d'Anne-Sophie Chambost.) 
Le débat est lancé.
  • "Elite" désigne l'intellectuel. S'il est accusé, c'est qu'il dirige le monde. Et qu'il le dirige dans son intérêt, contre celui de son prochain. 
  • En termes d'hypocrisie, il a dépassé Tartuffe. C'est un champion de la "contre-culture", un disciple des Bohèmes qu'étaient Baudelaire, Flaubert et leurs amis, alors qu'il est le plus grand profiteur du système. 
  • C'est pourquoi le mot élite a été détourné de son sens. L'élite justifie ses privilèges par sa supériorité génétique. Le peuple la lui renvoie à la figure en lui mettant le nez dans sa stupidité. C'est une satisfaction d'amour propre. Pour le reste, ce qui lui est reproché remonte à la nuit des temps.  
  • Albert Camus et Hannah Arendt l'accusent de nihilisme. C'est la graine du totalitarisme, l'arme de destruction définitive de l'humanité. L'intellectuel croit à des utopies et veut y faire entrer le monde. 
  • Platon, le saint père de la raison pure, aurait inventé l'enfer, selon Hannah Arendt. Avec Spinoza, Gramsci et beaucoup d'autres esprits d'élite, l'intellectuel croit que le peuple, qui est incapable de comprendre ses raisons, doit être manipulé par l'illusion, l'opium du peuple. L'intellectuel est le champion de l'influence, de "l'emprise". 
  • Il y a opposition entre le coeur (la foi), et la raison. C'est la parabole d'Adam. Adam est chassé du paradis, parce que la raison, et ses appas trompeurs, lui ont fait perdre la foi. Celui à qui le paradis est destiné est le "simple d'esprit", qui ne se fait pas mener en bateau par la raison. L'Américain de base, en d'autres mots. 
  • La raison, c'est la perfidie, la tromperie. Les USA sont construits sur ce principe. Ceux qui les ont fondés ont fui l'Europe et sa culture aristocratique, dont le raffinement est le masque du vice, comme la sauce celui du mets faisandé. (On retrouve ce thème dans beaucoup de films hollywoodiens.) La patrie de ce raffinement trompeur est la France, qui a envahi l'Angleterre et a perverti l'honnête Anglo-saxon. (Ivanhoe, de Walter Scott, représente l'affrontement des deux cultures, qui aboutit, dans cette oeuvre, à une fusion, représentée par les personnes d'ivanhoe et de Richard Coeur de Lion.)
  • Une partie de la philosophie (l'existentialisme) et la science disent la même chose : ce qui est essentiel est au delà de la raison. La raison n'est qu'un outil. 
  • Les neurosciences constatent qu'un homme qui ne serait que raison serait artificiel, il serait incapable de décider. Sans émotion, sans irrationnel, pas de jugement. 
  • La patrie de l'intellectuel, et du mal, c'est la France, donc. On l'oublie, parce que la France n'est plus rien, et que personne ne voudrait revendiquer un tel héritage, mais elle survit par ses idées, qui ont contaminé les intellectuels de tous les pays. Même Mao, en dépit de ses efforts pour rééduquer les intellectuels en les envoyant à la campagne, n'a pas réussi à extirper le mal français. 
  • Mais le mal vient certainement de plus loin, des Grecs, les inventeurs officiels de la raison. Le sophiste a suivi le chemin de "l'élite". Initialement, c'était un professeur de raison (voir J. de Romilly), mais il est devenu immédiatement "sophiste" au sens moderne du terme : manipulateur des esprits. 
  • A moins qu'il ne faille évoquer, du fait d'Adam, la Bible et ses écrivains, les Juifs ? Ce qui serait, déjà, une raison d'espérer. Car, s'ils ne sont pas encore revenus au paradis, contrairement aux précédents, ils sont parvenus à survivre. Peut-être ont-ils trouvé un antidote ?
    Que dirait la défense ? Que le miracle existe, et que l'intellectuel peut se racheter. Mais surtout que "ce qui ne tue pas renforce". L'intellectuel est une catastrophe naturelle parmi d'autres. Ce sont de telles catastrophes qui nous ont faits, nous humains. L'intellectuel est donc un bien. Un défi lancé à notre vice réel : la paresse intellectuelle.

    Marre de l'intelligence artificielle

    L'intelligence artificielle est mon ennemie. Elle change mon texte sans arrêt, et sans que je le voie. Je m'en rends compte souvent en relisant mes billets. Je ne suis pas parvenu à débrancher la fonction de correction automatique de mon éditeur de texte. (Ce que j'ai fait pour mon téléphone.)

    On dit parfois que la guerre de 70 tient à une erreur de traduction. Combien de guerres l'IA va-t-elle déclencher ?

    Voeux pour 2020 : que l'intelligence naturelle reprenne les commandes de l'intelligence artificielle ?

    (L'IA avait remplacé, dans ce texte, "Combien" par "Comme" : revoyons 2001 Odyssée de l'espace, l'IA combat les tentatives de la débrancher ?)

    samedi 28 décembre 2019

    Ce qui est bon pour la Chine est bon pour Huawei

    Alfred Sloan disait : "ce qui est bon pour l'Amérique est bon pour Général Motors". Ce qui fait la force d'une entreprise, c'est la culture de sa nation. Si les PME allemandes, par exemple, sont fortes, c'est parce qu'elles sont allemandes.

    Et quelle est la force de la culture chinoise ? La surveillance, si l'on en croit le Financial Times.

    Emmanuel Levinas

    Emmanuel Levinas est une de mes découvertes récentes.

    J'ai un curieux rapport à son oeuvre. D'abord, je n'y comprends rien. Puis, sorte de "note bleue", tout me semble soudainement évident et étrangement poétique.

    Pour moi Emmanuel Levinas est un révolutionnaire. (Mais j'ai toujours tort.) Il interprète la religion et la philosophie d'une façon totalement nouvelle. Tout s'explique par la force qui nous pousse vers "l'autre", alors que nous ne pourrons jamais l'atteindre.

    Ce que religion et philosophie nous disent de chercher dans "l'au delà" est ici. La véritable "aliénation" vient de cette erreur ?

    "Le paradis, c'est maintenant", conclurait François Hollande ?

    Les effets pervers du développement durable

    Le voyage en bateau de Greta Thunberg a eu un mérite. Il a montré à quel point le bon sens était stupide. Elle a pris un voilier pour ne pas prendre l'avion. Et si nous faisions tous pareil ? Il est probable qu'il n'y aurait plus d'opposant à l'effet de serre massif que cela aurait provoqué : nous n'aurions plus d'autre moyen de nous chauffer.

    Globalement, notre économie peut sembler très polluante, mais elle l'est très peu par rapport à ce que nous lui demandons. Un avion ne consomme presque rien, au km et par personne, comparé à une voiture. D'autant qu'il fait beaucoup moins de km qu'elle pour atteindre une même destination, et qu'il va beaucoup plus vite.

    En outre, il faut prendre en compte le phénomène "gilets jaunes". Une taxe carbone a des impacts sur nos vies. Elle peut les rendre invivables. Par exemple, si le prix du billet d'avion augmente, cela changera les voies du tourisme, et beaucoup de gens y perdront leur emploi.

    Lorsque l'on parle des métiers à tisser, et de la résistance qu'ils ont rencontrée, on se trompe. Les ouvriers n'ont pas résisté au progrès, mais aux conséquences du progrès dans une économie de marché. Si l'on veut changer la société, on ne peut pas "laisser faire", il faut lui donner les moyens de s'adapter.

    vendredi 27 décembre 2019

    Droits de l'hommisme expliqués

    Hubert Védrine parlait de "droits de l'hommisme" pendant une émission de France Culture. J'ai senti l'animatrice interloquée. N'est-ce pas un vocable d'extrême-droite ? M.Vedrine ne fut-il pas un collaborateur de M.Mitterrand, n'est-il pas un homme de gauche ?

    Qu'entend-on pas cette expression extrêmement mal sonnante ? Utiliser l'argument des "droits de l'homme" pour imposer ses idées, sans qu'on puisse les discuter ? Or,
    La liberté d'expression est définie par la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 qui dispose que « tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. ». 
    La liberé d'expression est aussi définie et protégée par l'article 10 de la Convention euriopéenne des droits de l'homme, elle constitue l'un des fondements essentiels d'une société démocratique. (Commission nationale consultative des droits de l'homme.)
    Les droits de l'homme contre les droits de l'homme ?

    French White Working Class

    Une des découvertes de l'année aura été White Working Class. Ce livre a eu un succès considérable aux USA, parce qu'il explique les valeurs de la classe moyenne américaine, et, donc, son état d'esprit et les succès électoraux de Donald Trump.

    L'Américain rêve d'un foyer. Pour cela, il a besoin d'un travail suffisamment rémunérateur pour lui permettre de vivre correctement. C'est ce qu'il n'arrive plus à trouver.

    Une ambition aussi limitée peut surprendre. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas celle de la poignée de gens qui font l'opinion. En fait, le gros de la population n'a plus la parole.

    Ce rêve était aussi celui de mon père. Il était agrégé d'économie, et, manifestement, exceptionnellement doué pour les études, mais l'enseignement, pour lui, n'avait été qu'un travail alimentaire, choisi par défaut. Il a vécu ce que Pierre Bourdieu a appelé "la misère des classes moyennes". Pour acquérir un confort que beaucoup considéreraient comme minable, il a passé des concours, retapé des maisons et des voitures, et été dans les dettes, toute sa vie, et bien au delà.

    (Voici aussi pourquoi les femmes de la classe moyenne ne rêvent pas de prendre le travail de leur mari : parce qu'il n'a rien d'attirant. Si ma mère s'est mise à travailler, ce n'était pas pour faire carrière, mais pour être indépendante, et diversifier les risques de la famille. Elle pouvait aussi compter sur ma grand mère, qui s'occupait de la maison, et de moi.)

    Taux négatifs : la chance du changement climatique ?

    Je suis bombardé, depuis des années, par des mails qui m'annoncent la fin du monde. Les banques centrales impriment de l'argent. Ce qui ne peut que provoquer la mère de toutes les crises, comme aurait dit Saddam Hussein.

    J'ai une autre théorie. Cet argent est là pour faciliter l'innovation. Malheureusement, il ne la trouve pas. Ce qui produit, au moins depuis trente ans, une série de bulles spéculatives.

    Eh bien, cela pourrait être fini. L'argent pourrait avoir trouvé ce qu'il cherchait : le changement climatique. Pour adapter notre économie à un développement durable, il va falloir investir en masse...

    (Financial Times, sur le sujet.)

    jeudi 26 décembre 2019

    La fin du service public

    Parmi les transformations inattendues de ces dernières décennies, il y a eu celle du service public.

    On a entendu dire, dans les années 90, que le service public signifiait "évidemment" l'inefficacité. C'était ridicule. Nous, Français, nous étions fiers de nos services publics. Ces idées étaient bonnes pour les Anglais, ou les Américains.

    Pourtant, petit-à-petit, tout s'est déglingué. Ce qui était inconcevable il y a trente ans est maintenant le scénario le plus vraisemblable : des pans entiers du secteur public vont être privatisés. Et ce non parce qu'on espère, comme M.Reagan ou Mme Thatcher, que le privé va faire des miracles. On a vu, partout, que ce n'est pas le cas. Mais parce que le public a sombré dans le ridicule. Dans une société où l'intérêt personnel est le bien, il ne peut y avoir de service public.

    Christian Kozar et le changement

    Je pense souvent à Christian Kozar, décédé il y a un an.

    Lorsqu'il a mené les reformes de la Poste, il a dit aux syndicats "nos centres de tri sont à côté de gares où les trains ne s'arrêtent plus, il faut les déplacer aux noeuds des échanges mondiaux". Ils ont répondu, "d'accord, mais que fait-on de nos maisons ?". Et c'est pourquoi il leur a proposé un programme qui leur a permis de déplacer leurs familles dans de bonnes conditions. Avez-vous entendu parler de ce changement ?

    Et si c'était comme cela qu'il fallait s'adresser au pays ?

    L'année de la disruption des disrupteurs ?

    La disruption, c'est fini ? Sera-ce une des nouvelles de l'année ?
    Le dirigeant flamboyant, qui clamait la fin de l'entreprise traditionnelle, sa réinvention par le "digital", a-t-il pris un bouillon ? La retraite des fondateurs de Google et la déroute d'Uber, le symbole de ce changement annoncé, entre autres, ne le signifie-t-il pas ?

    Echec d'un modèle de société ? Une société aux "valeurs avancées" créée par quelques entrepreneurs géniaux qui allaient secouer un monde dépassé, et remettre la masse de pauvres types qui le constitue à la place qu'elle n'aurait jamais dû quitter : à leurs ordres ?

    mercredi 25 décembre 2019

    Best sellers du blog

    J'ai découvert, par hasard, que certains des billets de cette année ont eu du succès (si, du moins, on croit les scores que donne Google). Voici les 6 plus gros scores (en vues, au 21 décembre) :
    Quelles conclusions en tirer ?

    SNCF et résilience

    Comment augmente-t-on la résilience d'une société ?

    Platon en parlait déjà, il y a deux mille cinq-cents ans. Selon lui, ce qui faisait la force d'Athènes était d'avoir abattu ses fortifications.

    Les théories modernes disent la même chose. Si une société est soumise à d'incessants incidents, elle se renforce. Et, le jour où elle fait face à une véritable crise, elle sait y répondre. Elle s'est immunisée.

    Depuis que je suis en banlieue, je constate que la SNCF est en grève permanente. On n'est jamais sûr que le train annoncé va arriver. C'est ainsi que la SNCF aide notre société à devenir résiliente.

    Donald Trump : mode d'emploi

    Et s'il y avait une façon de parler à Donald Trump ? Voici ce que dit Jean-Claude Juncker :
    Juncker said he had managed to convince Donald Trump in the EU’s favor — including on trade and tariff issues — after many G7 meetings and “after many arguments.” “He always appreciated that I confront him in a polite way,” and “he always accepted that I question his figures because his figures were always wrong.” (Politico)
     Une façon de s'adresser à nos mécontents, qui semblent parfois avoir un peu de Trump en eux ?

    mardi 24 décembre 2019

    Pourquoi autant de coachs ?

    Quand est apparu le coaching ? Il y a au moins une vingtaine d'années. Curieusement, cela a accompagné la tendance à l'augmentation massive des salaires des cadres supérieurs.

    Paradoxe ? Comment réclamer un gros salaire, et, en même temps, de l'aide pour faire son travail, alors que d'autres, qui faisaient leur travail sans aide, se font licencier, pour cause d'inutilité ?

    Autre phénomène curieux : beaucoup de coachs sont les perdants de la sélection artificielle à laquelle l'entreprise se livre depuis quelques décennies. Diplômés brillants, ils ont voulu un diplôme supplémentaire, qui leur assurerait un travail. Et maintenant, ils cherchent à aider leurs collègues plus heureux.

    Société d'individus : clé du mystère ? Quand l'homme n'est pas formé pour vivre en société, et quand les liens sociaux n'en sont plus, la vie n'est plus que rapports de force. Du coup, il a besoin d'un coup de main pour s'acclimater ?

    Réinventer l'Education nationale

    A la base des crises qui secouent le pays se trouve un problème d'éducation.

    L'Education nationale croit sélectionner les seules personnes capables de penser, et de décider, et leur donne le pouvoir. Du coup, ces gens nous gouvernent sans nous demander un avis dont nous n'avons pas les capacités intellectuelles.

    Une tel principe est celui de l'aristocratie, voire de la monarchie. Dans une démocratie, il n'y a pas d'élite de la raison. (D'ailleurs, la science et la pratique sont d'accord pour dire qu'un homme qui n'aurait que raison serait incapable de décider. La raison permet de contrôler.) La raison est le propre du citoyen. C'est ce qu'il y a de plus commun.

    Donc, il faut changer les principes de l'éducation. La formation de l'intellect doit ne donner lieu à aucune sélection. En revanche la formation pratique, le développement des talents, doit conduire à une spécialisation. Tout en veillant à un minimum de "pluridisciplinarité en réseau", de façon à ce que personne ne puisse se prévaloir d'un talent unique, pour soumettre la société au chantage.

    Le degré zéro des mathématiques

    Google est le degré zéro des mathématiques. Je cherche un texte ou une photo dont je me souviens, avec les mots exacts qu'ils contiennent, Google me renvoie des réponses qui ne comportent pas ces mots ! Il faut que j'emploie des trésors de ruse pour arriver à mes fins.

    Mon explication ? Le moteur de Google, c'est l'argent et le bricolage de programmeurs à qui l'on a dit qu'ils étaient des génies. Il n'y a plus rien de scientifique là-dedans. Et avoir recruté des scientifiques ne change rien : ce qui fait le scientifique, c'est son environnement, sa discipline, pas son ADN. La seule justification de ces embauches, c'est : taisez-vous, nos employés sont plus intelligents que vous.

    L'Intelligence artificielle a porté ce phénomène à son comble. On s'est dit : on va copier ce que l'on croit savoir du fonctionnement du cerveau, et, sans rien avoir à y comprendre, on va obtenir des résultats qui vont dépasser tout ce que peut faire l'homme. C'est le contraire du principe de l'algorithmique, qui correspond à une démonstration mathématique. C'est-à-dire qu'elle garantit son résultat.

    Les mathématiques vont-elles revenir sur terre en 2020 ?

    lundi 23 décembre 2019

    Grèves et mécontentement

    Curieux, les gens qui sont autour de moi, en particulier dans les trains, sont à bouts de nerfs, et, pourtant, on lit dans  les journaux que les Français soutiennent la grève. (Ce que certains titres étrangers interprètent comme un trait français : la propension génétique au tir au flanc. Sanctifiée par la loi.)

    Un ami me disait que l'explication tiendrait à ce qu'il y a deux France. Les grèves ne touchent que la région parisienne. En conséquence, le gros de la France n'est pas affecté et trouve très bien de se méfier d'un texte de loi peu compréhensible.

    Le fait n'est pas nouveau, mais a toujours été oublié. La France, essentiellement campagnarde, était opposée à la Commune, parisienne. A l'inverse, les théories marxistes ignoraient les campagnes, majoritaires.

    Le coup de génie de l'Impeachment ?

    Impeachment, coup de génie de Donald Trump ?

    La prochaine élection présidentielle américaine va se jouer non sur une analyse rationnelle de la situation du pays, mais comme un affrontement entre Donald Trump et ce qu'un ami appelle les démocrates "canal hystérique". Or, ce sont les excès de ces derniers qui rendent sympathique Donald Trump !

    Donald Trump semble avoir réussi à se ramener à la situation qu'il a rencontrée lors de la précédente élection.

    Donald Trump a-t-il une vision stratégique ? Pas nécessairement. Seulement, toujours, il s'est comporté comme il le fait aujourd'hui. Toujours à la une des journaux, impulsion, provocation, hurlement, pari, risque, en permanence à la limite de la faillite. Comme le pilote de F1, il a probablement besoin de danger. Mais, peut-être aussi, qu'il connaît ses limites, et qu'il pourrait être moins irrationnel qu'il n'y paraît, et que c'est pour cela qu'il n'a jamais été lâché par les milieux d'affaires, et par les Républicains. Ce sont des gens qui savent où sont leurs intérêts.

    La France vue de l'étranger

    La BBC annonce que ce sera la première fois en deux cents ans qu'il n'y aura pas de messe de Noël à notre dame.

    Certes. Mais est-ce une nouvelle majeure ?

    Nous connaissons l'étranger, et il nous connaît, par ce type de nouvelles. Est-ce une bonne façon de s'informer ?

    dimanche 22 décembre 2019

    La fin de la Françafrique ?

    Il n'y aura plus de franc CFA nous dit-on. Est-ce la fin des relations troubles entre la France et ses anciennes colonies ?

    J'entendais une émission ancienne sur les relations entre de Gaulle et l'Afrique. On y disait ce que j'avais lu ailleurs, à savoir que l'indépendance avait été conçue comme une punition par de Gaulle. Il avait un grand projet d'union avec l'Afrique. Mais il n'avait pas été reçu avec l'enthousiasme qu'il attendait par la Guinée. Du coup, il a, en quelque sorte, plaqué l'Afrique, en étant bien convaincu que, seule, elle allait au devant du chaos. Ce qui a été le cas.

    Question que se pose ce blog depuis avant sa naissance : la responsabilité du colonisateur n'était-elle pas d'accompagner le pays colonisé jusqu'à ce qu'il ait trouvé une place solide dans l'ordre mondial ?

    M.Macron marcherait-il dans les pas du Général ?
    De Gaulle Brazzaville 1944.jpg
    Par Inconnu — ECPAD http://www.ecpad.fr/portraits-du-general-de-gaulle-dans-les-fonds-de-l-ecpad/, Domaine public, Lien

    Hôpital : les raisons de la colère ?

    Un article sur les "racines de la crise de l'hôpital". Pourquoi y fait-on grève ?

    Je ne comprends pas totalement ce qu'il dit. Mais j'en retiens que le problème de l'hôpital n'est pas un problème de moyens, mais de désorganisation. "C'est le bordel." Visiblement, au lieu de chercher à comprendre les besoins de la population et l'évolution de la médecine, le gouvernement a réformé comme un sourd. Résultat, le système marche en dépit du bon sens et ses coûts administratifs sont exorbitants.

    Conclusion : il y a tout ce qu'il faut pour bien faire, et peut-être même trop, mais les soins sont mauvais et les personnels médicaux nagent dans le dysfonctionnement.

    La ligne droite est le chemin le plus long

    Nous avons une vision de la réalité qui est totalement fausse. Pour nous le monde est euclidien. La ligne la plus courte est directe. Si l'on veut se débarrasser de Donald Trump, il faut l'insulter.

    Exemple d'amis. Ils nettoient leur maison avant que leur femme de ménage n'y vienne. Ils ont horreur de montrer leur désordre à un étranger.

    La réalité est invisible, et autre chose qu'un espace vectoriel. Les distances y sont soit nulles, soit infinies. Idem pour le temps. Bergson pensait que les "mystiques" voyaient l'espace réel. En effet, pour eux, il n'y a pas de résistance au changement. Ils savent intuitivement par quel bout prendre le monde pour y accomplir ce qui semble bien.

    Le monde des blocs ?

    Depuis déjà une bonne décennie, les blocs régionaux se replient sur eux-mêmes. Les échanges internationaux continuent, mais les Etats se protègent. Le "mercantilisme" est de retour ?

    L'Europe parviendra-t-elle à faire bloc ?


    samedi 21 décembre 2019

    Procès France Télécom : relisons Hannah Arendt ?

    Procès France Télécom. Lourdes sanctions pour trois dirigeants.

    A ses origines, ce blog a beaucoup parlé de France Télécom. Et ce pour s'insurger contre les techniques de changement qu'avait utilisées son management. Car, elles sont tout ce contre quoi je combats, et j'écris.

    Elles viennent de très loin, et sont décrites, en long en large et en travers, dans les ouvrages des experts du management, au moins depuis les années 90. Leur objectif est de faire de l'entreprise un marché, c'est à dire de casser les liens sociaux qui font qu'une société est une société.

    Ce qui est regrettable dans cette affaire est que l'on en a oublié le contexte :
    • Un premier dirigeant est pris d'une crise de folie, qui laisse l'entreprise avec 70md€ de dettes. Ce qui représente, tout de même, l'équivalent d'une année de collecte de l'impôt sur le revenu. (Voir, en page 10 de ce journal, un compte rendu d'une analyse d'Elie Cohen.)
    • L'Etat décide de soutenir l'entreprise. 
    • Un second dirigeant procède à une politique de réduction de coûts sauvage. (Alors que les problèmes de France Télécom n'ont rien à voir avec cette question : elle a payé un prix excessif pour des acquisitions de sociétés et de licences.)
    • Une troisième équipe étend les techniques appliquées aux prestataires à l'intérieur de l'entreprise. Etrangement, au moment où l'on ne parle que des innovations d'Apple et de la Silicon Valley, les dirigeants de France Télécom voient le salut dans la réduction de sa masse salariale !
    • Enfin, rien n'aurait été possible si les personnels de France Télécom n'avaient pas joué le jeu de la direction. Etrangement, alors qu'en France la grève semble une seconde nature, le tissu social n'a pas résisté. 
    Et si l'on relisait Hannah Arendt ?

    L'enquête : le salut de la presse ?

    La presse d'enquête, le Canard enchaîné et Médiapart, est la seule qui marche. C'est aussi la recette de la presse anglo-saxonne. N'est-ce pas la direction qu'emprunte Le Monde avec ses "décodeurs" ?

    La presse papier s'est repliée sur un électorat "bobo" extrêmement étroit, et qui ne lui permet pas de vivre. L'enquête, en la ramenant à une forme de neutralité, élargirait son marché.

    Mais le changement peut être compliqué. D'abord, il faut acquérir le savoir-faire de l'enquêteur. Et une enquête coûte cher. Ensuite, il faut se débarrasser de ses idéologies (bobo), au moins pour la phase d'enquête. Enfin, il ne faut pas être dépendant de la publicité et d'actionnaires privés, susceptibles d'influencer sa ligne éditoriale.

    Le Canard enchaîné et Médiapart y sont parvenus en trouvant des ressources financières qui assurent leur indépendance. A l'étranger, l'éthique des journalistes, qui est liée à celle de l'enquête, est certainement un élément important de leur relative liberté de ton.

    On pourrait d'ailleurs envisager un système mixte. Le Monde, par exemple, pourrait se doter d'un fonds, auquel elle ferait appel lorsqu'un article a offusqué un gros annonceur. Quant à son actionnariat, elle peut s'en protéger en adoptant la méthode de The Economist, qui est isolé des pressions de ses investisseurs par un comité d'éthique.

    vendredi 20 décembre 2019

    Guerre des tweets

    Pensant qu'un hashtag que Twitter annonce comme représentant une "tendance" correspond à une nouvelle, je regarde de quoi il s'agit. Plusieurs surprises :
    • Ce sont des gens qui donnent leur opinion, généralement la même d'un tweet à l'autre. Aucun intérêt. A moins d'utiliser Twitter comme un exutoire de ses tensions. 
    • Il n'y a pas débat : tout le monde pense la même chose. Il y a, par exemple, le hashtag anti grève, et le hashtag pro grève. Il n'est, d'ailleurs, probablement pas possible de contredire la doxa, sans être massacré.
    • Je ne m'attendais pas à ce que l'on puisse être aussi politiquement incorrect. En particulier, je ne pensais pas que l'on avait le droit d'exprimer sa réprobation de la grève. 
    Peut-être est-ce de là que vient l'effroi que produisent les réseaux sociaux, vecteurs de rumeurs délétères ? Mais ces opinions ne préexistaient-elles pas aux réseaux sociaux ? Seulement, elles ne pouvaient pas s'exprimer ?

    L'impeachment va-t-il assurer la réélection de Donald Trump ?

    Pour comprendre ce qui se joue aux USA, et la popularité de Donald Trump, il faut peut-être étudier le mythe américain. En fait, l’Amérique a une très inconfortable relation avec l’intellectuel, qu’elle assimile à la culture européenne, honnie.

    Ivanhoé de Walter Scott est l’histoire de la création de l’Angleterre moderne, quelques temps après la conquête des Normands. On y assiste à l’affrontement entre l’aristocratie française, raffinée et perfide, personnification de l'intellectuel, et le peuple anglo-saxon, fruste et honnête. Pour Walter Scott, l’Angleterre a pris les bons côtés des deux cultures. Richard Cœur de Lion, le Normand, et Ivanhoé, l’Anglo-saxon, sont des hybrides.

    Mais, pour les Américains, le peuple honnête a fui le monde du vice, la culture de l’intellectuel, le sophisme. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que dit la Bible ? Adam est chassé du Paradis, parce qu’il a été détourné de la foi par la raison, trompeuse : le paradis est pour le « simple d’esprit ». De Captain Blood à Erin Brokovitch, en passant par les films de Clint Eastwood ou le feuilleton Lieutenant Colombo, c’est ce que raconte Hollywood. Le pauvre type, « l’underdog », affronte bien plus fort et intelligent que lui, mais gagne, parce qu’il est droit.

    « Hillbillies, rednecks, hicks, toothless idiots » (citation qui ouvre le livre White Working Class) : « l'élite » n’est que mépris lorsqu'elle parle de la classe laborieuse blanche. Celle-ci s'est peut-être reconnue dans le duel entre Hillary Clinton et Donald Trump. L’éternel duel entre le bien et le mal. Hillary Clinton surclassait Donald Trump, et le prenait de haut. Mais Trump a fait mordre la poussière à l’aristocrate arrogante. Trump, le « real man », celui qui parle mal, mais qui se révèle dans les moments désespérés, parce qu'il a un coeur droit ?

    L'impeachment, un nouvel acte du combat entre le véritable Américain et l'Europe décadente ?

    Microsoft : le retour

    L'ultra ringard Microsoft devait être "disrupté" par les licornes du "digital".

    Au moment où les dites licornes boivent un bouillon, qui refait surface ? Microsoft.

    La force de Microsoft : l'humilité ?
    (Contrairement à Steve Jobs et à l'immense majorité des dirigeants, Bill Gates aurait-il réussi sa succession ?)

    jeudi 19 décembre 2019

    Aristide Briand et les grèves de la SNCF

    Que fit Aristide Briand face aux grèves des employés du chemin de fer ? Il mobilisa ceux de ses employés qui n'avaient pas fait leur service militaire. Si bien qu'il n'eut pas à faire intervenir la troupe. Ce qui lui fit dire "qu'il n'avait pas de sang sur les mains".

    Voici ce que j'ai entendu dans "Concordance des temps", une émission de France Culture, qui avait échappé à la grève de l'audiovisuel public. Dans ce cas, au moins, les temps ne concordaient pas.

    Retraites : problème de méthode ?

    La Croix semble penser que, en ce qui concerne la réforme des retraites, le gouvernement s'y est pris, à nouveau, comme un pied. Il a été incapable d'expliquer clairement ce qu'il voulait faire.

    La Croix fait la liste des inquiétudes du pays. Voilà sur quoi bâtir une saine négociation ?

    Est-ce aussi simple que cela ? Dans cette affaire, on a l'impression que, quoi qu'ait fait le gouvernement, il y aurait, de toute manière, eu des grèves violentes. On a parfois l'impression que certains syndicats luttent toujours pour le renversement du capitalisme. Ensuite, pourquoi serait-ce au gouvernement d'être intelligent ? Veut-on en rester à un Etat paternaliste ? Pourquoi quelqu'un d'autre ne lui porterait-il pas un diagnostic du type de celui de La Croix ?

    Voitures : hydrogène contre batteries

    La voiture à hydrogène roule plus longtemps qu'une voiture électrique, sur un plein, et est moins polluante. Mais elle est plus chère, car produite en petite série, et il n'y a pas de réseau de pompes à hydrogène.

    Apparemment, s'il faut réduire les émission de CO2 du transport routier, ce serait la solution favorite des constructeurs automobiles. (Parce que cela changerait peu leur mode de production ?)

    Faudrait-il envisager d'acheter des actions de producteurs d'hydrogène ? En tout cas, cela semble dire que nous entrons dans un temps d'innovation, et que les technologies utilisées actuellement risquent d'évoluer radicalement, mais pas forcément d'être remplacées par radicalement autre.

    mercredi 18 décembre 2019

    Tactique post Brexit

    On s'était trompé sur le compte de M.Johnson. Ce n'était pas un clown. Voici ce que je lis.

    Et maintenant, l'Europe a, à ses portes, le champion du coup tordu. Bien décidé à se nourrir sur la bête. Avec les vifs encouragements de M.Trump.

    Et si l'Europe, pour une fois, comprenait que la meilleure défense est l'attaque ? Et si elle réfléchissait à comment mettre en pièces la Grande Bretagne, à sa première entourloupe ? Et si elle devenait un peu britannique ?

    Feminazis

    Dans White Working Class, Joan C. Williams dit que la classe laborieuse américaine appelle les féministes des "femi-nazis" (ce qui marche probablement mieux en anglais qu'en français).

    Décidément, la culture américaine a l'art de la formule.

    Qu'entend-on par "Femi-nazis" ? Ce n'est peut-être pas tant le féminisme en lui-même que la façon dont il est mené, qui est en cause. Il utilise des techniques de propagande et d'intimidation, qui s'apparentent plus aux pratiques totalitaires qu'aux usages démocratiques ? Et c'est comme cela qu'il s'aliène ceux (ou celles) qui devraient en être les partisans ?

    mardi 17 décembre 2019

    Il y a plus important qu'avoir raison

    Les socialistes considéraient Proudhon comme leur pire ennemi. Il faisait beaucoup plus de dommages chez eux que leurs ennemis communs. Or, lorsque les socialistes ont dû fuir la France, Proudhon s'est mis à les défendre, et ils ont loué son courage.

    Le principal mal du Français est probablement son intransigeance. Il veut imposer ses idées. Il oublie qu'au delà des idées, il y a des causes.

    Tu seras un dirigeant, mon fils

    On se trompe sur Trump. M.Trump est l'idéal type du dirigeant. Un dirigeant, ça ne pense pas, ça survit. Même les psychologues le disent : le dirigeant a les mêmes caractéristiques que ceux qui pratiquent des métiers dangereux : ils ne voient que des solutions, jamais de problèmes. Sélection culturelle.

    Ce qui guide un dirigeant, c'est la crise. Sa force, c'est le pragmatisme, il s'adapte. L'entreprise est sujette aux "modes de management". Elles sont stupides, mais ne pas les suivre serait suicidaire. Tout l'art du dirigeant est de changer de cap à temps.

    Nous commettons une erreur. Nous pensons que les grandes entreprises résistent au changement. Faux, car celui qui fait les frais du changement, ce n'est pas la grande entreprise, c'est nous.

    Navrante presse

    Que penser de l'ouverture à la concurrence des lignes de TER ?

    Je regarde ce qu'en disent L'Expansion et Le Monde. Les articles sont quasiment identiques...

    Pour faire des économies, tous les journaux partageraient-ils le mêmes journalistes ?

    lundi 16 décembre 2019

    Usual suspects ou la négociation selon Edouard Philippe ?

    La famille d'un des protagonistes de Usual suspects est prise en otage.

    Qu'auriez-vous fait à sa place ?

    Il abat les siens. Puis les preneurs d'otages.

    La règle de la négociation conflictuelle est de montrer sa détermination, que l'on ne reculera devant rien. Une manière de le faire est de tuer ses amis. Tactique d'Edouard Philippe, avec la CFDT ?

    Donald Trump ou l'anti raison ?

    L'existentialisme rejoint la religion. Pour eux la raison est trompeuse. Seul le "coeur" voit juste. Face à l'élite intellectuelle dominante, les tenants de la raison, Donald Trump est le champion du parti adverse. Donc, celui de la passion. Qu'est-ce que cela pourrait signifier ?

    Il pense qu'il est bien d'agir sur des impulsions, qui sont des mouvements du coeur. Il s'attend à ce que l'autre en face de même. En quelque sorte la crise permet de parler de "coeur à coeur" ? (Par exemple, il a du respect pour le très ferme Jean-Claude Juncker.)

    Est-ce irrationnel ? Le diplomate Francis Walder,  dans "Saint Germain ou la négociation", montre ce qu'est une négociation. Une succession de coups de théâtre, apparemment irrationnels. A chaque fois, un camp prend l'avantage, par effet de surprise. Mais l'autre, revenu de son étonnement, découvre ce qu'il a perdu. Le sentiment d'injustice lui donne l'énergie qui lui rend l'avantage. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'on atteigne un équilibre "juste".

    Trump ou la négociation ?

    Qu'aurait fait Nietzsche ?

    Nietzsche était-il nazi ou anti-nazi ? se demande-t-on.

    On est incapable, apparemment, de s'en faire une idée en lisant son oeuvre.

    Ensuite, son comportement d'avant le nazisme aurait-il été le même que celui qu'il aurait eu pendant le nazisme ? Comme le dit Hegel, le propre de la pensée humaine est d'avancer par contradiction d'elle-même. En conséquence, on ne peut jamais être sûr que ce que je pense aujourd'hui soit représentatif de ce que je penserai demain.

    D'ailleurs, on l'a vu lors de l'épisode du vote de la confiance au maréchal Pétain. Un grand nombre de ceux qui semblaient ses opposants naturels se sont trouvés dans son camp, et quelques-uns de ceux qui semblaient des alliés évidents sont partis dans la résistance.

    J'ai entendu dire un psychologue, appliquant probablement les travaux de B.Cyrulnik, qu'Hitler n'aurait pas été Hitler, s'il avait rencontré la "bonne" personne dans sa jeunesse.

    Comment peut-on faire confiance, dans ces conditions ? Nous avons intérêt à suivre les lois, en situation normale. Par exemple, le code de la route. Ensuite, il y a les "convictions". Il semble que l'homme obéisse à des "méta principes", qui sont très stables. Application à Nietzsche ?

    Retraites : affrontements tactiques ?

    Ce qui est surprenant dans la grève moderne est la faiblesse du nombre de grévistes, et leur pouvoir de nuisance. La grève est devenue tactique.

    Le gouvernement n'est-il pas, lui-même, dans cette logique d'affrontement tactique ?

    A-t-il été maladroit lorsqu'il a annoncé un "âge pivot" qui lui a "aliéné" le dernier syndicat qui aurait pu être de son côté, ou a-t-il choisi la confrontation ? Le bon négociateur ne cède pas, au contraire, il augmente ses demandes à mesure qu'on les refuse. Cela montre à son adversaire que l'affrontement ne joue pas en sa faveur.

    Très peu de grévistes sont concernés par la réforme des retraites, qui touche les jeunes générations. Cela ne va-t-il pas, aussi, finir par fissurer leurs rangs ?

    Il se trouve, enfin, que, depuis Nicolas Sarkozy, les gouvernements sont fermes face aux grèves. Ils les usent. Qu'Emmanuel Macron ait cédé aux Gilets jaunes était un changement de tactique. Et il n'a pas été payant.

    dimanche 15 décembre 2019

    Mauvaises nouvelles

    Pourquoi les nouvelles tendent-elles à être mauvaises ?

    Je n'avais pas cette impression dans mon enfance. J'avais le sentiment que la société était satisfaite d'elle-même. Curieusement, je me demande même si, si l'on reprenait un journal d'il y a 50 ans, toutes ses bonnes nouvelles ne nous terrifieraient pas, aujourd'hui.

    La puissance de la mauvaise nouvelle ne serait-elle pas qu'elle est multiple, alors que la bonne est une ? C'est un peu comme un être humain. Il est un tout magnifique, un miracle, mais nous ne voyons que ses multiples comportements irritants.

    Et si le papier était plus écologique que le numérique ?

    Et si le développement durable ramenait le papier à la vie ? D'abord, il n'y a pas besoin d'alimenter sa mémoire à grand renfort d'énergie, ensuite, il est recyclable.

    Mais, surtout, tout ce qui paraît écologique, voiture électrique, voilier, panneau solaire ou liseuse, a un très gros handicap : sa conception est éco inamicale.
    Selon l’étude de Carbone 4, l’empreinte carbone d’un livre papier est de 1,3kg d’équivalent CO2 ; celle d’une liseuse de 235kg. (RSE Magazine.)
    La Silicon Valley menacée par la Paper Valley ?

    La fin de l'empire britannique

    "London bridge is down" serait le nom de code qui annoncera le décès de la reine d'Angleterre. Je n'arrive pas à retrouver la vidéo qui expliquait ce qui se passerait à ce moment. (En gros : le monde va suspendre son activité.)

    En tout cas, j'en retiens que l'Australie et les autres colonies anglaises pourraient alors choisir de devenir des républiques. Et si le Brexit n'était pas le pire des maux qui attendaient la Grande Bretagne ? Longue vie à la Reine ?

    samedi 14 décembre 2019

    Le gouvernement réforme l'audiovisuel public

    Par hasard, j'ai entendu un échange entre Jean-Noël Jeanneney, ancien président de radio France, et Aurore Berger, rapporteur du projet de loi sur l'audiovisuel public. (Lien vers l'émission.) Le débat traitait, donc, de la réforme du dit audiovisuel, qui a produit une grève, interminable.

    Ai-je bien compris ? Il m'a semblé écouter un dialogue de sourds. L'une disait (bâton et carotte ?) : les Français ne veulent plus payer pour l'audiovisuel public, mais le gouvernement veut le défendre.  Jean-Noël Jeanneney répondait : vous voulez fusionner la télévision publique avec la radio, on a essayé déjà, ça ne marche pas.

    Donc :
    • Soit vous considérez que vous êtes là pour faire la volonté populaire et vous fermez l'audiovisuel public. 
    • Soit vous considérez que l'audiovisuel public doit être conservé et vous vous y prenez mal.
    Les deux options menant au même résultat ?

    Le changement comme drame grec

    Le drame grec aurait été en trois parties. Hybris d'abord. C'est, en quelque sorte, l'homme qui, oubliant toute mesure, se prend pour Dieu. Hybris produit Nemesis. Le châtiment. C'est l'équivalent d'Hybris, mais dans l'autre sens : une catastrophe effroyable. Le tout se termine par Catharsis, le calme après la tempête. Le retour de la vertu et de la modération, après avoir échappé par miracle à une fin certaine. Le spectateur devait pouvoir rentrer chez lui dans un état de calme, et dormir sur ses deux oreilles. Voici, en substance, ce que me disait un universitaire.

    Vivons-nous au temps de Nemesis ?

    Intelligence Artificielle : le retour au galop du naturel ?

    Palantir est un des grands champions de l'intelligence Artificielle. Récemment, il a renoncé à entrer en bourse. Il s'estimait à 41md$.

    La cause n'en est pas uniquement que l'entreprise fasse des pertes. Mais qu'elle vende beaucoup plus de personnel que de logiciel. En fait, c'est une SSII ?

    Comme les automates du 18ème siècle, l'Intelligence artificielle serait-elle le faux nez de l'intelligence naturelle ?

    vendredi 13 décembre 2019

    Boris Johnson ou la fin du chaos ?

    Election législative britannique : la victoire de B.Johnson dépasse largement ce que prévoyaient les sondages. (Le Financial Times, hier soir, parlait de "thumping victory".)

    Les Anglais ont-ils voté pour le Brexit, ou pour la fin du chaos ? Le pire qui puisse arriver à un pays est une guerre civile ?

    Une leçon pour le reste du monde ?

    (En tout cas, les milieux financiers se réjouissent. Et cela a été aussi, surtout ?, un vote contre J.Corbyn et les libéraux.)

    Les tendances anarchiques de la France

    68, 95, 2019... Comment se fait-il que la France, régulièrement, devienne folle ? Encore, cela pouvait se comprendre au temps de la monarchie, mais en démocratie ? On se révolte contre ses semblables ?
    Et, on ne peut guère en rire, car, cette désorganisation fait des dégâts, coule des entreprises, crée du chômage, et ruine des vies.

    Dans "La fièvre hexagonale" Michel Winock incrimine notre hérédité chrétienne. Le catholicisme est une religion d'absolu. Le Français s'enflamme pour des idées. Et veut tout casser pour les imposer.

    Mais, n'est-ce pas plutôt une question de bien et de mal ? Le Français combat le mal. L'avantage de cela est qu'il n'y a pas besoin de programme. On casse tout, et ce sera mieux après.

    Peut-on changer le Français ? Ne serait-il pas plus malin de faire avec ses caractéristiques ? Nos gouvernements ne semblent pas avoir été très bons à ce jeu. D'un côté il y a les simples d'esprit qui ont l'art de déclencher la tempête, de l'autre les machiavéliques, qui brossent le Français dans le sens du poil, et préparent les conditions du déluge, qui viendra après eux.

    Pourquoi l'Education nationale est-elle si inefficace ?

    Non seulement l'Education nationale nous apprend fort peu de choses, mais, surtout, elle nous dégoute de beaucoup d'autres.

    Pourquoi ? Parce que son principe d'enseignement est l'exact envers du processus naturel d'apprentissage.

    Et si l'Education nationale apprenait à apprendre ? Et l'apprentissage commence par ce qui manque le plus au donneur de leçons : l'humilité. Premier bénéfice.

    jeudi 12 décembre 2019

    Révolte et paradoxe de l'élite

    Pour Pierre Rosanvallon un des grands changements de notre temps est que, maintenant, tout le monde est formé pour penser. Hier, la population s'alignait derrière des représentants.

    Je me demande si ce n'est pas la cause de bien des explosions de colère. Le gouvernement se croit "élite", comme par le passé. Il décide entre soi. Mais, le peuple, s'il s'en donne le temps, a les moyens de comprendre ce qu'a fait l'élite. Et alors, il découvre, avec stupéfaction et énervement - il n'est pas payé pour faire le travail des autres -, un travail bâclé. L'élite, avec ses grands airs et sa morgue, est stupide !

    Serait-il temps que nos gouvernants se mettent à utiliser notre intelligence ?

    Green Deal : une bonne affaire ?

    L'UE annonce un financement de 100md€ pour un Green Deal, qui permette à l'Europe de devenir verte, sans que le changement fasse de perdants. (Article.)

    Est-ce une mesure écologiste ?

    Ou une façon de relancer l'activité économique en Europe ? D'autant que l'on parle à nouveau de "champions", au moins régionaux.

    Le changement réussit quand tout le monde y trouve son compte. Cela pourrait-il être ce que l'on cherche à faire ici ?

    mercredi 11 décembre 2019

    Démocratie et raison

    Paradoxalement, Proudhon était opposé au suffrage universel. Pourtant, c'est un homme du peuple, qui s'est battu pour le peuple. Et qui, apparemment, aurait été aimé par le peuple (beaucoup de parents auraient voulu appeler leurs enfants "Proudhon" !).

    Proudhon pensait que jouer son rôle de citoyen dans une démocratie exigeait une éducation. Et qu'il faudrait du temps pour que le peuple, dans son ensemble, l'acquiert. En fait, cette idée est derrière la plupart des systèmes démocratiques modernes, l'élection directe d'un président, ou le référendum, étant relativement rares. Elle aurait semblé évidente à Aristote.

    Cela peut signifier que démocratie va avec raison, où "raison" s'oppose à "émotion", ou "coeur" comme dans "le coeur a des raisons que la raison ne comprend pas", de Pascal. Deux conséquences :
    • Aujourd'hui, la raison est réservée, par l'Education nationale, à une "élite" : c'est anti-démocratique, donc stupide ?
    • Une nation raisonnable échapperait peut être au populisme, mais elle aurait perdu une partie de son "coeur" ? La fin justifie les moyens ?

    Donald Trump ou le rêve américain ?

    White Working Class permet de comprendre la façon dont Donald Trump a été perçu par la population américaine.

    Tout d'abord, dit le livre, c'est un "real man", un "homme". Si l'on y réfléchit bien, il correspond à un stéréotype de héros de film. Le mauvais garçon au grand coeur. Mais il y a peut-être plus subtil. Ce que White Working Class appelle "l'élite", c'est-à-dire les riches intellectuels (par ailleurs de gauche), n'a que l'insulte à la bouche lorsqu'elle parle de la classe moyenne blanche : "hillbillies, rednecks, hicks, toothless idiots". Elle s'est peut-être reconnue dans le duel Hillary Clinton, Donald Trump. Hillary Clinton surclassait intellectuellement Donald Trump, et le méprisait. C'était la lutte du pauvre type contre l'élite intellectuelle, sur le terrain de cette dernière. Et, comme dans les films de Clint Eastwood, dans le feuilleton Lieutenant Colombo, dans le film Erin Brockovich, et dans beaucoup d'autres productions cinématographiques, c'est "l'underdog" qui a gagné, à force de détermination.

    Hollywood dit aussi que ce combat n'est autre que le mythe américain (cf. Captain Blood). Les classes laborieuses européennes, celles qui "travaillaient dur", ont pris le bateau pour fuir les faux raffinements de la société aristocratique, paresseuse, qui les exploitait, et construire un monde où le travail de l'homme lui garantirait la liberté. Hillary Clinton, c'est l'aristocratie européenne et son arrogance suffocante. Donald Trump, c'est le May flower.

    Sans cesse l'aristocratie, le serpent de la Bible, ressurgit, avec toute la trompeuse séduction du fruit défendu de la raison. Sans cesse le "hard working dim witted", le "simple d'esprit", l'esprit qui a pour seule boussole son coeur, doit, contre vents et marées, à force de détermination, se libérer, pour (re)gagner le Paradis. C'est le rêve américain.

    mardi 10 décembre 2019

    Grèves et manifestations : peut-on ne pas aller trop loin ?

    Tout le monde manifeste. Y a-t-il un point commun dans ces manifestations ?

    Mécontentement ? Conditions de travail, retraites, mais aussi manque de considération du reste de la société. On dit cela des enseignants et des agriculteurs (accusés de détruire l'environnement). Les agents de la SNCF vont-ils faire grève parce qu'on leur reproche que leurs grèves paralysent le pays ?

    Le point commun du mécontentement serait-il le sentiment d'être mal aimé ? (D'ailleurs, c'est ce que l'on reproche au gouvernement : ne pas écouter.)

    Les USA et l'Angleterre ont montré qu'une minorité déterminée pouvait être transformée en majorité par le système démocratique. Et, une fois que le diable est sorti de la boîte, plus question de l'y faire rentrer. Ce qui est aussi l'enseignement du mouvement des Gilets jaunes.

    Il y a eu un moment similaire dans notre histoire : l'après guerre. Ceux qui avaient tout pour se haïr ont décidé d'oublier le passé au profit d'un avenir radieux pour tous. Aurons-nous la sagesse de faire de même, en période de paix ?

    Retraite : le retour de la méthode Sarkozy ?

    Nicolas Sarkozy semblait avoir une méthode bien à lui de réformer le pays : il commençait par une proposition qui semblait d'un grand bon sens, puis, on découvrait qu'elle cachait une entourloupe. Ce qui provoquait un violent mouvement d'indignation.

    Emmanuel Macron l'imite-t-il ? Réforme des retraites : certains régimes de retraite, notamment les complémentaires du privé, ont amassé entre 130 et 165 milliards d'euros d'excédents, alors que d'autres (essentiellement le public), sont déficitaires. L'idée de la réforme, derrière une formulation curieuse (un euro cotisé donne des points), serait de compenser les uns avec les autres.

    Si c'est le cas, cela pose quelques questions :
    • Les complémentaires ont-elles eu raison d'être prudentes ? En effet, en prélevant en excès, ne sont-elles pas responsables du manque de compétitivité de l'entreprise, donc du chômage - le fléau du système de répartition. Ne devraient-elles pas envisager de rembourser les actifs ? 
    • Le gouvernement ne pensait-il pas que les bénéficiaires des "régimes spéciaux" déficitaires comprendraient qu'ils participaient à un hold up ? Donc, qu'ils ne manifesteraient pas trop bruyamment ? 
    • Cela ne révélerait-il pas l'existence d'une majorité silencieuse, de "pigeons" ?
    • Le gouvernement peut-il continuer à pratiquer la réforme par la dissimulation ? Quelqu'un en qui personne n'a confiance a-t-il une chance de réussir un changement ?
    PS. Explication de la "cacophonie gouvernementale" par La Croix. Le coût des régimes spéciaux.

    Portrait de la classe moyenne américaine ?

    Retour à White Working Class, dont parle un précédent billet. Voici quelques idées, surprenantes ?, qui en ressortent.
    • Typologie. Le livre segmente la population américaine selon son comportement. Cela correspond, grossièrement, à un niveau de revenus et, surtout, d'éducation. "L'élite" est avant tout définie par son éducation supérieure. Elle est très riche. La "classe laborieuse" s'est généralement arrêtée à l'enseignement secondaire. Elle a des revenus intermédiaires. Et, enfin, les pauvres. Pas d'études, revenus faibles 
    • En fait, il s'ajoute à cela une quatrième classe, dont on ne parle que peu : les "riches". Peut être éduqués, ils sont perçus par la classe laborieuse comme ayant réussi par le travail. Ils fournissent de l'emploi à ceux qui aiment travailler. (A l'opposé d'Uber, qui a mis sur la paille le taxi, issu de la classe moyenne.) La classe laborieuse s'identifie à cette classe de riches. "Nous, en plus méritant", en quelque sorte. 
    • Car ce sont les valeurs qui font la classe laborieuse. La classe laborieuse aspire au bonheur familial. Point. Pour cela, elle a besoin d'un emploi qui paie comme il payait jadis. Les études supérieures. ne sont pas pour elle. Elle ne veut pas ressembler à un intellectuel, ce lunatique "qui ne sait pas faire son travail, mais dit aux autres comment faire le leur". Le travail intellectuel n'est pas un travail. Sa situation s'est dramatiquement dégradée. Pour éviter à leurs enfants de "mal tourner", les parents doivent parfois se relayer, l'un travaillant le jour l'autre la nuit. 
    • Même si le livre ne s'intéresse qu'aux "blancs", on découvre que les noirs et les latinos, dans les mêmes conditions de revenus et d'éducation, ont quasiment les mêmes valeurs et aspirations. Et, même, ils auraient tendance à être beaucoup plus conservateurs que les blancs. Mais ils votent démocrate pour des raisons tactiques. 
    • Racisme. La classe laborieuse blanche est accusée d'être raciste. En fait, toutes les classes jugent les autres par rapport à leurs valeurs. Peut-être la pire de toutes est "l'élite". La valeur ultime pour elle est le "mérite". On est méritant lorsque l'on a fait des études prestigieuses. La classe laborieuse et les pauvres sont donc soit stupides, soit paresseux. En outre, si elle "parle mal", la classe laborieuse bat l'élite sur son propre terrain. Elle est bien plus généreuse, et l'homme prend une part très active aux travaux familiaux.
    • Religion. La classe laborieuse est religieuse. La religion est un atout, parce qu'elle aide à tenir droit dans la tourmente, à ne pas céder à la fatigue et à la tentation, et rend généreux (la communauté aide l'individu en difficulté). 
    • L'élite. L'élite dont il est question ici est faite des meilleurs élèves des meilleures universités. C'est donc une élite intellectuelle. Elle se définit par son emploi, sa carrière. Elle se reproduit, en contrôlant le système éducatif. Elle est démocrate. Elle est aussi extrêmement riche. Plus qu'à ses diplômes, elle doit cette richesse à ses réseaux, qui excluent des meilleurs emplois ceux qui ne connaissent pas leurs codes, quelle que soit leur performance scolaire. 
    • Le mirage du diplôme, point critique. Les prospectivistes nous annoncent que l'emploi qui fait la classe laborieuse est obsolète. Erreur fatale. L'élite voit l'avenir à son image. Or, s'il y a un problème d'éducation, il n'y a pas de problème de diplôme. En effet, la classe laborieuse n'est pas assez bien formée pour les emplois qu'elle occupait traditionnellement. D'où chômage structurel. Du coup, on utilise une main d'oeuvre de diplômés surqualifiée. Ce qui explique qu'une fraction importante des diplômés ne parvient pas à rembourser ses frais de scolarité. Il y a trop de diplômés de l'enseignement supérieur ! Il faut un enseignement qualifiant fourni par la collaboration de l'université et de l'entreprise. (Des exemples montrent que cela marche.) C'est bien pour les entreprises et cela remettra les salaires de la classe moyenne au bon niveau. C'est la solution de tous les problèmes.
    • Les pauvres. La classe laborieuse n'aime pas les pauvres. Et ce pour deux raisons : les pauvres ont un comportement que la morale réprouve, et ils sont l'objet de programmes d'aide qui leur permettent d'avoir ce que la classe laborieuse ne peut pas s'offrir. Et la classe laborieuse est bien placée pour le constater : les employés qui sont nécessaires aux dits programmes sortent de ses rangs. En fait, c'est la situation qui fait le pauvre, et pas le contraire. Les programmes d'aide sont donc contre-productifs. Les besoins du pauvre sont les mêmes, "en pire", que ceux de la classe moyenne : un bon emploi. 
    • Aide de l'Etat. Les classes laborieuses ne veulent pas d'aide de l'Etat (en fait, elles en profitent sans le savoir) pour deux raisons : elles s'en privent, pour en priver les pauvres ; elles estiment qu'il faut aider les riches, parce que plus ils sont riches, plus ils créent de "bons" emplois, pour tous. Par contraste, les syndicats défendent le "petit nombre" (un autre genre d'élite ?).
    • Droits de l'homme. En utilisant l'argument des droits de l'homme pour un oui pour un non, l'élite les a dévoyés. Les droits de l'homme ont un sens quand on parle de crime contre l'humanité. Pour le reste, les cultures qui composent une société ont leur logique, respectable, et doivent s'accommoder les unes des autres. 
    • Hillary Clinton. Hillary Clinton était certaine qu'elle allait remporter les élections de 2016. Elle avait prévu de célébrer sa victoire en donnant l'illusion que le plafond de verre de la salle qui abritait l'événement éclatait. C'était tout son programme : vaincre la discrimination qui brime la femme, qui vaut mieux que l'homme. Mais ce n'était que l'idéal de peu de gens, les femmes d'élite. Les femmes de la classe laborieuse ont voté massivement contre elle. Elles veulent un bon salaire pour leur mari, de façon à ce qu'elles puissent abandonner leur travail et s'occuper correctement de leurs enfants. Pendant la campagne, Bill Clinton a tenté d'alerter les Démocrates, de leur rappeler que la classe laborieuse était depuis toujours le coeur de leur électorat. Mais, qui aurait voulu se faire prendre à une nouvelle ruse, aussi évidente, d'un machiste ringard décidément incapable d'accepter sa défaite ?
    • Donald Trump. Donald Trump est le "bras d'honneur" que la classe laborieuse a fait à l'élite. Mais Donald Trump est aussi la seule personne qui ait montré qu'elle comprenait la classe laborieuse. Et Donald Trump appartient à la race des riches, celle que respecte la classe laborieuse, parce qu'elle lui fournit du travail, mais aussi parce que le riche doit son succès à ce qu'il a travaillé exceptionnellement dur. Et Trump, finalement, est un "homme, un vrai". "L'homme, le vrai", parle peut-être mal, mais il a un coeur d'or, on peut compter sur lui dans les moments difficiles (Tout Hollywood est là pour nous le rappeler !). 

    lundi 9 décembre 2019

    PC chinois

    Le Financial Times annonce que l'Etat chinois a demandé à ses services de remplacer ordinateurs et logiciels étrangers par de la production locale.

    Conséquence de la politique de M.Trump ? Ou tendance mercantiliste (impérialiste ?) naturelle du gouvernement chinois ?

    Cela pourrait bien vouloir dire que le temps de la "supply chain" et des délocalisations est fini. Les grandes "régions" économiques vont-elles devoir se recentrer sur leur demande locale, illico presto ?

    Bien décoder

    Les "décodeurs" du Monde ont pour objet de démêler le vrai du faux dans l'information que nous recevons. Curieusement, à chaque fois que je lis un de ces articles, il me semble qu'il est passé à côté de quelque-chose, ou masquer une hypothèse implicite, qui, elle, mériterait d'être examinée. Comment "bien penser" ?

    La psychologie parait dire que la pensée tend à être un réflexe. Un événement est décodé instantanément et produit une réaction. Si le décodage est incorrect, on réagit mal, et on échoue, d'où dépression.

    Pour beaucoup de philosophes, "liberté" signifie "penser juste". Et le moyen pour ce faire est la "critique", au sens où l'emploie Kant. Il me semble que la logique de "critique", qu'il faut entendre au sens positif, est celle que la pensée juste vient de la contradiction. Je vois deux sources de contradiction :
    • La contradiction dans sa propre pensée, l'hypocrisie. Par exemple, je suis un écolo, qui passe sa vie dans un avion. 
    • La dialectique. Hegel observe que la pensée évolue par contradictions. Ce qui amène au procédé pratique suivant : je pense quelque-chose, j'examine la thèse inverse, et cela me donne l'intuition de la "bonne solution". C'est le procédé de la justice. 
    Sans contradiction, pas de pensée ?

    On entre alors dans un procédé de pensée lent. C'est celui de la justice, ou de la thèse universitaire. C'est le temps de l'enquête, qui demande, avant tout, de collecter de l'information. Et de le faire, jusqu'à ce que l'on arrive à une "conviction".

    Penser c'est, d'abord, mettre en cause les certitudes que l'on nous a léguées, pour construire ses, propres, convictions ? C'est ainsi que l'on construit des déclencheurs fiables, qui nous permettent de réagir instantanément à la nouvelle ?

    Reprocherais-je au Monde de ne pas avoir fait ce travail ?

    White Working Class

    Le populisme en Amérique expliqué. Le livre qui a valu à son auteur le statut de rock star !

    Issu d'un article écrit le jour de l'élection de Donald Trump, c'est une étude quasi anthropologique de la "classe laborieuse blanche" par un membre de l'élite intellectuelle, professeur de droit, passé par Yale, MIT et Harvard, et phare du combat féministe.

    "Si vous vous souciez de changement climatique, de droits à l'avortement, d'immigration ou d'incarcération de masse, vous feriez bien de vous soucier, aussi, de bons emplois et de dignité sociale pour les Américains de toutes races, qui n'ont pas fait d'études supérieures".

    C'est la discrimination qui a mis le pays en état de guerre civile. "L'élite", intellectuelle et démocrate, méprise la classe laborieuse blanche, et a prévu sa disparition. Déjà ses conditions de vie se sont tellement dégradées qu'elle n'en peut plus. Pour éviter à leurs enfants de rester seuls à la maison, beaucoup de familles font les 2 x 12. Elle n'aspire qu'à la vengeance. Son nom : Trump.

    Le tour de force du livre est de reprendre, point à point, les critiques de l'élite. Ce qui paraît mal reflète, au contraire, des valeurs admirables. D'ailleurs, ce n'est pas une question de couleur, les noirs et les latinos "moyens" ont quasiment les mêmes valeurs que les blancs. Tous ces gens sont des "gens bien".

    Quant à l'élite, elle devrait balayer devant sa porte car elle n'est pas exemplaire. En particulier, le "petit blanc" aide beaucoup plus sa femme que le "grand blanc", et, bien que pauvre, il donne une bien plus grosse partie de ses revenus à des organisations charitables. Surtout, et c'est là que tout se joue, l'élite a fait l'avenir à son image. Elle ne peut concevoir qu'un univers pour diplômé de grandes écoles. Erreur. Le progrès ne va pas remplacer l'homme, mais augmenter ses capacités.

    N'oublions pas le pauvre. Il est l'objet de la sollicitude de l'élite. Seulement, les programmes d'aide sont contre productifs. Au contraire, il faut aspirer le pauvre vers la classe moyenne.

    Si nous le voulons, le progrès nous apporte de "bons emplois" et c'est la solution à tous nos maux. Maintenant que l'on a la solution...

    (Article initial. Les grands thèmes du livre.)

    dimanche 8 décembre 2019

    Ecosystème et auto-régulation sociale

    Les grèves nous montrent que notre société n'est que monopoles, qui peuvent la paralyser. Ce n'est pas uniquement le cas des services publics. Il en est de même de tout. De la médecine, par exemple. Conséquence imprévue de la division des tâches ? Comment y remédier ?

    La concurrence ! diront les libéraux. Mais, de la concurrence émerge l'entente, l'oligopole. Toutes les entreprises d'un même secteur font la même chose au même moment. Idem pour le personnel politique. (C'est logique : c'est en s'entendant que l'on a le plus à gagner.)

    L'écosystème. Dans l'écosystème, il y a spécialisations, mais pas monopoles. Vous parvenez à vous soigner, même lorsque votre médecin est en vacances, SOS médecin ne se déplace pas et les urgences sont en grève. C'est ainsi que le système maintient le "spécialiste" sous pression. Mais c'est aussi comme cela que le "spécialiste" (et nous en sommes tous) a la garantie d'une rémunération juste : on le paie pour ne pas avoir à faire son travail, de même que j'appelle un jardinier pour tailler ma haie.

    (Ce système est résilient : un spécialiste peut disparaître, sa perte sera compensée, et, peut-être, à long terme, un nouveau spécialiste apparaîtra, mais il ne sera pas forcément identique au premier. En fait, tout l'écosystème aura évolué : la période de remplacement aura modifié la spécialisation de chacun de ses membres.)

    Le monde selon Appreciative inquiry

    Appreciative inquiry (un précédent billet) part d'une idée que l'on retrouve souvent en psychologie. Notre façon (inconsciente) de voir le monde guide notre action, et décide de nos succès. Quand les peuples ne rêvaient que d'envahir leurs voisins, ils n'avaient que des ennemis.

    Notre monde pourrait bien croire à quelque chose qui ressemble aux "idées" de Platon. L'idéal existe, il est éternel, et on le découvre par la raison. La physique illustre cela : elle "découvre", les électrons, les photons, les cordes, les lois de la gravitation ou de la relativité... Tout cela était là, quasiment, depuis l'éternité. Seul notre aveuglement pouvait nous le faire ignorer. En particulier le lavage de cerveau que nous avait fait subir l'Eglise.

    Et voilà pourquoi on ne nous enseigne pas l'histoire des sciences, et pourquoi l'élève ne comprend rien à ce qui lui est enseigné : nos professeurs sont convaincus que la vérité sourit à l'esprit éclairé, et ils ont honte que la science ait autant bafouillé avant de voir l'évidence. Quant à l'élève qui ne comprend pas, il est un déchet toxique, juste bon pour la décharge de l'Histoire.

    Appreciative inquiry part d'une hypothèse différente et curieuse. Ce qu'il y a de beau dans la vie n'est pas là depuis toujours, mais émerge au fur et à mesure de l'histoire. Le monde est une perpétuelle Création (un Big bang à répétition). Et nous y participons. Car ce que nous découvrons de beau, et de nouveau, nous inspire et nous amène à créer de nouvelles beautés, inconcevables jusque-là.

    samedi 7 décembre 2019

    Réduire les émissions de CO2 de l'aviation

    Alors que l'effet de serre semble condamner le progrès technologique, il pourrait avoir l'effet inverse.

    Le laboratoire Whittle de l'Université de Cambridge veut accélérer radicalement l'innovation. Pour cela, il faut comprimer la durée des boucles conception / réalisation. La créativité humaine aurait un temps de cycle d'une semaine. Si l'on passe de l'idée à sa réalisation dans cette durée, on observerait une explosion de créativité.
    we've been asking ‘can we develop technology faster and cheaper?’ The answer is yes – at least 10 times faster and 10 times cheaper. Our solution is to merge the digital and physical systems involved. (Article.)

    Appreciative inquiry : voir ce qui marche, pas le contraire

    Il y a quelque-chose qui me frappe, c'est à quel point tous nos propos sont négativement critiques. Même ce qui semble être positif ne l'est pas. Implicitement cela signifie que l'on ne fait pas ce que l'on devrait.

    Cause de l'énervement du pays ? Y en a marre des critiques ? Même quand elles n'en sont pas. Chat échaudé craint l'eau froide ?

    Tout part, peut être, d'une hypothèse inconsciente. Une hypothèse selon laquelle il y aurait, pour tout, une "seule bonne solution". D'où critique négative : t'es pas capable de faire ce qu'il faut. Et critique positive : il ne t'en faudrait pas beaucoup pour être un champion. Et si je ne pouvais pas en faire plus que ce que je fais ? Hein ? Et toi, tu t'es regardé ?

    "Appreciative inquiry", un courant de recherche apparu dans les années 80, observe que nous abordons la vie comme une "résolution de problèmes". Autrement dit, nous faisons l'hypothèse implicite que rien ne va. Appreciative inquiry, au contraire, cherche, "ce qui va", et se demande à quoi ressemblerait le monde si on le bâtissait sur "ce qui va". Du coup, il n'y a plus de problème à résoudre, puisque désormais "tout va" !

    (Il n'est pas interdit de penser qu'Alexandre Grothendieck ait procédé de cette façon, en mathématiques : il empilait ce qui marchait, et au bout d'un moment, on découvrait qu'il avait fondre les problèmes. Simple question de patience.)

    Mystère Uber

    "Uber dévoile 6000 cas d'agressions sexuelles aux USA", disait le Financial Times.

    Pourquoi Uber est-il affecté par ce mal, et pas les compagnies "ordinaires" de taxi ? Une question de culture ? L'Ubérisation de la société, c'était sa transformation en un marché d'entrepreneurs. Un rêve libertaire. Renard libre dans un poulailler libre ? C'est le lien social qui contrôle les instincts prédateurs ?

    (Les fondateurs d'Uber considéraient les taxis comme des "rentiers". Et si cette "rente" avait une justification ?)

    vendredi 6 décembre 2019

    Elections en Angleterre : la peste ou le choléra ?

    Elections anglaises, il n'y a pas de bon choix dit le Financial Times. Les partis politiques ont été "colonisés par les populistes", et ont "abandonné le centre". Les "voix de le modération" ont été victimes de "purges". Un constat qui ne s'applique qu'à l'Angleterre ?
    The FT View: Britain’s fateful election offers no good choices 
    For three years and more, British politics has taken a fearful battering. Two Conservative prime ministers have gone, broken by Brexit. Parliament has polarised; the two-party system has splintered. The gulf in trust between the public and the political class has never yawned so wide. Yet rarely have Britain’s political leaders seemed so ill-equipped to respond adequately. The Conservatives and Labour, colonised by populists, have abandoned the centre. Both have purged voices of moderation. Both offer illusory remedies that hark back to a half-imagined past — Boris Johnson’s nationalist Tories to the days of warm beer and empire; Jeremy Corbyn’s hard-left Labour to the state control of the 1970s. (Article.)

    Le loup des retraites

    Et si la méfiance des Français à l'égard du gouvernement était, une fois de plus, justifiée ? La réforme des retraites cacherait-elle, une nouvelle fois, un "loup".
    À l'origine, l'objectif de remplacer les 42 régimes par un régime universel où chaque euro cotisé donnerait le même nombre de points pour tous était inattaquable sur le plan des principes. Mais tout a changé dès lors qu'il est apparu que cette manœuvre, sous couvert de revaloriser les petites retraites et d'assurer l'équité femmes-hommes, laissait dans l'ombre des objectifs plus sombrement budgétaires : derrière l'unicité, en effet, Bercy cherchait à faire financer par les excédents des régimes complémentaires du secteur privé, 120 milliards d'euros quand même, un secteur public structurellement déficitaire. (La Tribune.)
    (Si c'est le cas, ceux qui manifestent ne seraient pas les bons...)

    L'entrepreneur comme escroc

    La roche Tarpéienne... Du jour au lendemain, l'entrepreneur de licorne fait peur.

    On lui trouve tous les vices. Pour commencer, c'est un pervers. En outre, c'était un dirigeant ridicule, qui ne savait même pas compter.

    Mais n'était-ce pas évident dès le départ ?

    Certainement. Mais on a détecté quelque-chose d'unique chez lui : tout oser. C'est la marque de naissance de l'entrepreneur. Tout ce qu'on lui reproche aujourd'hui allait donc de soi : quelqu'un qui ose tout ne respecte rien, par définition.

    En fait, il était en liberté conditionnelle. Tant qu'il réussissait, c'est à dire tant que le marché croyait en lui, il avait tous les droits. Sa seule faute a été son échec. Jugement de Dieu ?