lundi 30 avril 2012

Nouvelles du mois

Élections présidentielles.
Certitude. Emmenés par Dominique Delmas, nous allons sauver la planète. 
Réseaux sociaux et Internet.
La crise. 
Sciences.

Angleterre en difficulté ?

Apparemment The Economist confirme mon diagnostic (Double-dip trouble). Quel que soit l’angle sous lequel on regarde la situation anglaise, il n’y a pas de lumière au bout du tunnel. Fait exceptionnel, elle est à nouveau en récession, alors qu’elle aurait dû sortir la tête de l’eau si elle avait suivi le chemin des précédentes crises (y compris de la grande dépression, d’ailleurs). Et ce en dépit d’une dévaluation de la livre de 20% (et de mesures monétaires, aussi radicales que peu conventionnelles, de la banque d’Angleterre). Seul son plan de rigueur continue à suivre son cours sans encombre.

Je note aussi que l’inflation y est de 3,5%.

Maison témoin d’une politique de rigueur ?

Les mal lotis du Front National

Il semblerait que les électeurs du Parti Communiste, aient, à un moment, été des « mal lotis ».

Cela serait aussi le cas des électeurs du Front National. Ils ont cherché à s’éloigner des banlieues difficiles. Malheureusement, ayant peu de moyens ils ont été repoussés dans des zones où la vie est compliquée, notamment parce qu’elles sont loin de tout...

Compléments:

Élections sans combattants ?

Étrange campagne. M. Hollande paraît tout seul. Il semble s’entraîner à être président, à prendre de l’audace. Il a d’ailleurs commencé à interpeler le reste de l’Europe.

Quand à M.Sarkozy, il s’agite frénétiquement, allant de meeting en meeting retrouver des foules qui lui sont acquises. Comme disent les psychologues, lorsque l'on a peur de l’inconnu, on se rassure en se ramenant à ce que l’on peut contrôler (c’est pourquoi on a peur en avion, mais pas en moto) ?

Le grand changement semble ailleurs. L’UMP se divise en anti et pro Copé ; le MoDem a l’air parti pour s’éparpiller. Que va-t-il arriver ? Explosion ? Récupération par les aimants de gauche et d’extrême droite de quelques électrons libérés ?

Compléments :

dimanche 29 avril 2012

Sarkozy et Kadhafi

On dit maintenant que Kadhafi a discuté avec les proches de Sarkozy d’un financement de la précédente campagne de notre président. (Financement de sa campagne de 2007 par Kadhafi : une diversion, pour Sarkozy)

Si c’est le cas, ce n’est pas très joli. Surtout parce que cela signifierait qu’après lui avoir demandé de l’aide, avoir voulu lui vendre des Rafale et des centrales nucléaires, M.Sarkozy a déclaré une guerre à M.Kadhafi, guerre dont ce dernier est mort. Rien ne compterait-il pour M.Sarkozy, que ses intérêts ?

Vrai ou faux, le danger n’est pas là.

Je lis actuellement un passage sur l’histoire Stavisky. Cette affaire a été exploitée par la droite de l’époque (et le Parti communiste) pour tenter de renverser la troisième République, au motif qu’elle était pourrie. Le régime politique a chancelé, et pourtant il avait l'appui d'une majorité de Français, et il y a eu des morts. Or, un seul homme politique notable était compromis. Les autres étaient parfaitement honnêtes, quoi que médiocres.

Il n’est jamais bon, en période de crise, d’avoir des hommes politiques qui prêtent au doute. 

Le neocortex ne croit pas en Dieu

Curieuse expérience. Il semblerait qu’il suffise de faire faire une opération analytique à une personne pour que sa croyance au surnaturel en soit affectée.

Ce serait une histoire de deux cerveaux. L’amygdale cérébrale, cerveau primitif, serait naturellement animiste. Le neocortex, qui permet la pensée analytique et contrôle l’amygdale cérébrale, tendrait à contenir aussi ses élans mystiques…

Le riche a-t-il un cœur ?

Depuis quelques temps le riche est le sujet de toutes les attentions de la science.

Elle explique que ce qui le différencie du pauvre est, outre sa richesse, qu’il est plus égoïste et moins empathique, qu’il vit plus vieux, et qu’il pense que son succès est dû à son talent et à son travail, plutôt qu’à la société. (Poor little rich minds: The price of wealth - New Scientist - 26 April 2012)

En fait, ce sont d’autres éléments de ces enquêtes qui me surprennent :
  • Les difficultés que vivent les pauvres ressemblent beaucoup aux symptômes de la dépression. La pauvreté serait-elle avant tout l’incapacité d’obtenir ce que l’on veut ?
  • Lorsque l’on interroge riches et pauvres sur les raisons du succès, les riches tiennent le discours traditionnel des Anglais (le travail), et les pauvres celui des Français (le piston). Je me suis demandé si cela ne signifiait pas simplement qu’en Angleterre les riches ont le pouvoir, et qu’en France ce sont les pauvres… 

Traverser un deuil

Nouveau départ me fait m’interroger sur le deuil. Ne serait-ce pas une forme de perte de contrôle de son existence ? En tout cas, le film trouve deux moyens de l’accélérer :
  • S’engager dans une aventure. Même si elle est incertaine, il y a enfin quelque chose à contrôler, et à réussir.
  • Découvrir que celui que l’on a perdu croyait à certains principes, et les réutiliser. Dans ce cas, c’est peut être un moyen de diminuer la taille du deuil, en retrouvant une partie de la personnalité du disparu. Serions-nous plus des idées que la matière ?

samedi 28 avril 2012

Pour qui vote le MoDem ?

Hier, France Culture avait invité Jean Arthuis, sénateur allié au Modem.

Sa position était curieuse. Il était extrêmement critique de notre président (son discours d’extrême droite, sa législation au fait divers, son déficit…), mais allait voter pour lui. L’argument semblait être qu’il appartenait au « centre droit », et qu’il devait voter en conséquence.

Peut-on être un représentant du peuple si l’on ne suit que son intérêt ?

Est-ce d’ailleurs dans son intérêt ? Si le MoDem et ses alliés sont écartelés entre des raisonnements différents, ils vont exploser.

Compléments :

Le dangereux Monsieur Hollande

The Economist trouve M.Hollande « plutôt dangereux ». Il aurait préféré « l’imprévisible et peu fiable » M.Sarkozy. Mais il n’a aucune chance d’être élu.

Monsieur Hollande n’a effectivement pas été gâté par la nature. Tout d’abord, il est français. Ensuite, il a toujours été un suppôt de l’État. Et c’est un socialiste préhistorique, contrairement aux autres socialistes européens qui ont vu la lumière du marché. C’est un faible, qui n’a aucun fait d’arme à son actif. Pire, ce pourrait être un faux faible capable d’avoir la fermeté de mettre en œuvre un programme détestable. Car, il ne veut pas réformer le modèle français.

Un homme hostile au changement, voilà un bien mauvais exemple pour une Europe qui commence à douter de l’efficacité de la rigueur. Qu'il prenne garde au « jour du jugement », quand frappera la colère divine ! (des marchés)

Faisons payer les vieux ?

Au cinéma, et probablement ailleurs, il y a un tarif sénior.

Mais pourquoi réserver aux retraités un tarif réduit, alors qu’ils sont la partie la plus riche de la société ? Les Américains, qui sont toujours en avance sur nous, remettent en cause cette discrimination (Senior discounts: popular, but under fire - CSMonitor.com, que j’ai tiré de la revue de presse d’HBR). 

vendredi 27 avril 2012

Le piège de la causalité

Je n’arrête pas de lire des articles qui me disent que l’homme est piloté par ses gènes, ou que le comportement (par exemple rationnel) de l’individu doit être généralisé pour connaître celui des populations.

Ceci me semble idiot. Imaginez que vous êtes un navigateur solitaire et que vous tombiez de votre bateau. La cause de votre chute n’a aucun intérêt pour vous. Maintenant vous devez nager.

Il en est de même de la vie. Les causes ont des conséquences sans rapport avec elles. Par contre, ces conséquences ne sont pas aléatoires et correspondent à un petit nombre de situations types. Comme se retrouver à l’eau lorsque l’on est navigateur.

Ces situations ont leurs gestes de survie. Le rôle de la science est de les trouver. 

Internet peut-il révolutionner l'Université?


Le cas : Internet, les réseaux sociaux… cela peut-il apporter un différenciateur majeur à un Master universitaire ? Y a-t-il une typologie de stratégies Internet adoptées par les universités mondiales ? Qu’en déduire ? Changement cosmétique ou révolutionnaire ? Que faire et par ou commencer ?

Qu’est-ce que je retiens de cet entretien ? Des conseils pratiques. Mais, surtout, oui, Internet peut être un tsunami. Curieusement, la dimension pédagogique est secondaire, ce qui compte est la « visibilité ». Internet peut faire et défaire les réputations et les classements. En profiter ne coûte rien, si le corps enseignant parvient à « transformer son état d’esprit ». Ce qui me semble une mauvaise nouvelle pour une Éducation nationale de donneurs de leçons autistes…

Compléments :

Internet : une révolution ?

Internet transforme le monde nous dit-on. Mais, a-t-on pris conscience de ce que signifie cette phrase ?! Toutes les ruptures technologiques que l’homme a connues ont rebattu les cartes de l’économie et de la vie ! Et si cela devait être le cas ?

Pour répondre à cette question, j’ai décidé d’interviewer Hervé Kabla, notre grand spécialiste des médias sociaux.

Au travers de courtes vidéos, nous allons explorer une série aussi exhaustive que possible de cas réels.

Est-ce qu’Internet peut réellement changer la donne ? Si oui, comment en tirer profit ?

A suivre, chaque vendredi, 12h. 

La crise d’adolescence comme engagement (suite)

Je poursuis ma réflexion sur l’adolescence et ses crises. J’en suis arrivé à croire que passer d’adolescent à adulte, c’est dire « je ». C'est-à-dire penser par soi même contrairement, par exemple, au « chanteur engagé », qui a sous-traité son cerveau à une cause qu’il ne comprend pas, ou à beaucoup de bons élèves qui suivent les chemins tracés par d’autres.

Ce je a plusieurs dimensions :
  • D’abord un « engagement », comme l’explique un billet précédent.
  • Mais il ne doit pas être le piège que montre Robert Cialdini (Influence : science and practice), qui consiste, pour être cohérent avec soi même à ne prendre que des décisions conformes à son choix initial. On devient alors manipulable. L’homme doit conserver un esprit critique. L’engagement doit évoluer.
  • Enfin, cet engagement n’est pas asocial, comme on pourrait le craindre. Au contraire. Il définit la contribution unique de l’homme à la société. 

jeudi 26 avril 2012

Obsolescence programmée, entre péché capital et résurrection

Selon l'article que WIKIPEDIA consacre à ce phénomène, c'est un courtier en immobilier américain qui aurait inventé le concept d'obsolescence programmée pendant la période du NEW DEAL. En 1932, il constate qu'à la suite de la crise de 29, les américains ont changé de comportement en conservant leurs biens acquis plus longtemps que prévu par les statisticiens, ce qui irait à l'encontre de la "loi d'obsolescence".
En 1950, l'idée a fait du chemin et revient en force grâce à la mode comme catalyseur du renouvellement plus rapide des biens.
Puis l'automobile s'en empare dans les années 60 (VW) et l'affaire est bien lancée. De nombreux cas sont cités par WIKIPEDIA, dont celui de DuPont qui modifia sa formule chimique du NYLON afin que ses bas ne soient plus durables et filent à nouveau!
Ce principe est aujourd'hui omniprésent dans l'électroménager et le paroxysme est atteint dans les secteurs de l'informatique.
Le concept a été bien exploité et décliné très habilement avec :
  • l'obsolescence fonctionnelle, lorsqu'une pièce d'un produit ne fonctionne plus il faut remplacer le produit complet;
  • l'obsolescence par péremption dans l'alimentation, la cosmétique la pharmacie et la chimie
  • l'obsolescence indirecte, un produit devient obsolète parce que les produits qui lui sont associés ne sont plus disponibles comme le téléphone et sa batterie;
  • l'obsolescence par notification ici le fabricant conçoit un produit qui signale la nécessité de réparer ou remplacer une partie de l'appareil, exemple l'imprimante et ses cartouches à remplacer avant qu'elles ne soient complètement vide;
  • l'obsolescence par incompatibilité c'est la nouvelle version du logiciel de MS qui demande un ordinateur plus puissant;
  • l'obsolescence esthétique les chaussures les vêtements, la voiture.
L'exemple de l'imprimante programmée pour tomber en panne après un certain nombre d'heures de fonctionnement est l'aboutissement de ce principe discutable voire douteux.

Il influence considérablement notre comportement en jouant sur le ressort de l'avoir qui donne l'illusion d'être. 
Il est inutilement destructeur des ressources naturelles, exploitées et consommées à des niveaux devenus insupportables.
Je n'y connais rien en économie mais, s'il a pu avoir des vertus à l'issue de la crise de 29, lorsque la population mondiale était d'environ 2 milliards et la consommation, d'une population essentiellement rurale, raisonnable, il est aujourd'hui probablement un péché capital au delà des prévisions de LORENZ, lorsqu'il évoquait cette consommation destructrice de valeurs humaines.

Triste constat, mais connaître la cause des maux mène à la guérison.

Il semble que beaucoup de mouvements, de nature variée, cherchent à casser ce système en place depuis peu (40 ans, une bonne génération).
Parmi ceux-ci, le concept CRADEL TO CRADEL (traduction : du berceau au berceau) trace son chemin. Il s'agit d'aborder l'industrie par la voie écologique selon l'auteur de ce concept - Michael BRAUNGART - "c'est un processus qui met en oeuvre à la fois l'analyse chimique des éléments à utiliser et un système social fondé sur la restitution".
L'américain est pour une fois compliqué! Je traduis par la principe de LAVOISIER "rien ne se perd rien ne se créer, tout se transforme"
La démarche est donc de copier les principes inscrits dans la nature depuis des... millions d'années... et notamment le mode de fonctionnement en cycles. Ainsi, en fin d'usage le produit C to C est déjà prévu pour être démantelé en sous produits qui s'inséreront dans la fabrication de nouveaux biens. Un peu comme un corps qui se décompose sous le travail des organismes et micro-organismes spécialisés et dont les molécules s'insèrent ensuite dans les cycles des écosystèmes.
Le mouvement C to C, malgré la complexité du sujet (il faut le reconnaître la nature a mis plusieurs millions d'années pour peaufiner son modèle), intéresse les industries des pays nordiques, leader du sujet, qui vont créer un master. Mais l'Europe du sud reste à la traîne.
En France DIM serait sur un projet de collant... to C.
A quand un institut ou une fondation qui évalueraient les produits selon des critères très C to C et les référenceraient pour que le citoyen averti choisisse avec sa raison et selon des critères globaux, pour participer au changement impérieux  de modèle de consommation?

Pour aller plus loin
  • Article de WIKIPEDIA
  • Prêt à jeter, documentaire, 2010, de Cosina Dannoritzer
  • L'histoire des choses, documentaire, 2007, 



Hibernatus ou le retour du virus congelé ?

La fonte des glaces va relâcher les microbes qui s’y étaient endormis depuis 750.000 ans. Leur poids représenterait tout de même 1000 fois celui de l’espèce humaine.

Apparemment, les chances d’épidémies innovantes seraient faibles, mais les dégelés pourraient se recombiner avec des organismes modernes, dans la mer, ce qui bouleverserait son écosystème. D’énormes lâchés de carbone dans l’atmosphère sont aussi possibles.

C’est ça le changement : la surprise !

Et si le PIB était une mesure d’appauvrissement ?

La brochure publicitaire d'un candidat aux présidentielles disait que « nous n’avons jamais été aussi riches » (collectivement). Mais est-ce vrai ?

Le PIB mondial croit de 2% par an, depuis fort longtemps. Mais mesure-t-il vraiment une création de richesse ? J’en doute.

En effet je suis frappé de ce que des gens qui sont dans le 1% voire le 0,1% du haut de la pyramide vivent une vie qui ressemble beaucoup à celle de ma famille il y a 50 ans. Or, ses revenus étaient très modestes. Ce blog est d’ailleurs une litanie de billets qui tous s'étonnent du fait que nous ne pouvons plus faire ce qui semblait normal aux générations précédentes.

Comment expliquer ce paradoxe ? Il me semble que ce qui est comptabilisé par le PIB est ce qui est rare. En effet l'offre et la demande font que ce qui est commun est gratuit, ou presque. Or, deux choses peuvent être rares : ce que nous avons créé, comme l’iPhone, ou ce qui s’est épuisé, comme le pétrole, l’air, le sol.

Ce modèle du PIB comme destruction entraîne un appauvrissement de toute la population. Progressivement, les riches vivent comme les pauvres auparavant. Ce qui va dans le sens de mon observation.

Autres conséquences de ce modèle :
  • Ce que la révolution industrielle a eu d’exceptionnel est qu’elle a produit une croissance de la population continue, sans choc malthusien. Il est possible que nous ayons alors découvert de nouvelles ressources. Elles ont mis du temps à s’épuiser, et pendant ce temps elles ne valaient rien. Le PIB mesurait donc bien la nouveauté.
  • Aujourd’hui, nous détruirions plus que nous créons. Il y aurait même possibilité d’un étrange cercle vicieux : si la part du PIB augmente massivement par raréfication, la motivation pour le faire croitre par création baisse. Le PIB vertueux se contracterait, l'innovation serait découragée.
Curieux. À creuser.

Compléments :
  • L'article que wikipedia consacre à PIB évoque effectivement les thèmes ci-dessus. Mais personne ne semble avoir été plus loin que les utiliser pour critiquer le calcul du PIB. 

Pathologies sociales

Curieusement, l'homme semble avoir un talent pour trahir l'esprit de ses idéaux. Prenons le cas de 68. C'était supposé être la victoire de l'individu contre l'oppression d'une société de vieilles barbes. Mais ce principe a été perverti :
  • Il y a eu résurgence des idées de Sade, revendiqué d'ailleurs par des intellectuels admirés. Tout ce qui compte est mon plaisir, « n’ayez plus d’autre frein que celui de vos penchants, d’autres lois que vos seuls désirs », le reste de l’humanité devenant objet. En petit, il y a le baladeur et des gens enfermés dans leur autisme, en grand, les frasques que l’on prête à DSK, ou le héros de shame.
  • Les droits de l'homme sont devenus une forme de totalitarisme. Ainsi, on peut entendre certains retrouver les accents de la hiérarchie catholique pour appeler la nation à la repentance. De quoi je me mêle ? De quel droit puis-je imposer mes idées aux autres ? Comme le disait Bossuet, parce que j'ai raison et que vous avez tort ?
Pour Durkheim, toute organisation sociale provoque des dysfonctionnements. Par exemple la contre-partie de l'innovation, c'est le crime. Dans notre cas, la contre-partie de l'épanouissement de l'individu, a été la négation de l'autre. Durkheim disait aussi que ce dysfonctionnement est pathologique lorsqu'il inflige une souffrance qui va au delà des seuils historiques. Souffrons-nous excessivement ? En tout cas, même si c'est le cas, une révolution anti 68 ne serait pas judicieuse : elle remplacerait les maux actuels par d'autres, peut-être pas meilleurs. Pourquoi, pour une fois, ne pas chercher à corriger ce qui ne va pas, sans tout casser ?

Créons une médecine des sociétés ?

mercredi 25 avril 2012

L’Angleterre en perdition ?

Le cas anglais est instructif. M.Cameron s’est jeté la tête la première dans la rigueur, en démantelant son service public. En outre, il a joué sur le taux de change de la livre, afin de gentiment parasiter les économies environnantes.

Alors ? L’Angleterre est à nouveau en récession. (Cameron's Remarkable Achievement - NYTimes.com)

Mais, certains pensent que le miracle serait au coin de la rue. Attendons donc. 

L’erreur du neocon ?

Sigmund Warburg, fameux banquier, a une phrase qui me frappe : ce n’étaient pas les révolutionnaires de 17 qui étaient les vrais révolutionnaires, mais ceux qui ont défendu les valeurs de l’Ouest contre leur barbarie.

Tocqueville devait se sentir un révolutionnaire, lui aussi, lorsqu’il considérait les atrocités et l’irrationalité post 89. Idem pour le néoconservateur : il est une réaction à 68.

Ils ont tous eu raison de dénoncer ces crises de folie. Mais ils ont commis une erreur colossale : on n’oppose pas la barbarie à la barbarie. Il n’y a pas deux options : révolutionnaires et contre révolutionnaires. Il y a, au milieu, l’énorme majorité des gens honnêtes.

Un programme politique doit servir cette immense majorité, non être une réaction aux idées d'une poignée de fous-furieux, même s’ils ont le pouvoir.

Compléments :

Jouer est le propre de l’homme

Voici ce que dit, notamment, The Power of Play | Psychology Today :
(le jeu) pourrait en fait être la plus haute expression de notre humanité, à la fois imitant et faisant progresser le processus évolutif. Le jeu semble permettre à notre cerveau d’exercer sa flexibilité même, d’entretenir et peut-être même de renouveler les connexions neuronales qui matérialisent notre potentiel de nous adapter et de répondre à n’importe quelle condition environnementale.
Enfants et adultes doivent jouer.

Curieusement, l’évolution de la société n’a pas été favorable au jeu ces dernières décennies. Un retour de puritanisme en serait la cause aux USA.

Qui vote FN ?


Marine Le Pen fait de forts scores dans les territoires industriels sinistrés, et chez les agriculteurs.

Déçus du sarkozysme dans les deux cas. Pour le second, sans espoirs quant à François Hollande (pourtant élu d’un département rural).

Du moins, si j’en crois La Tribune

mardi 24 avril 2012

Obama contre Obama ?

La situation américaine ressemble par certains côtés à celle de la France.

L’élection présidentielle paraît un référendum pour ou contre Barack Obama, c’est aussi sa personne qui est en jeu. Il n’est pas bling bling, mais il inspire un rejet instinctif à une grande partie de son électorat.

Quant à son adversaire, pour le moment au moins, il semble inexistant : il se prend les pieds dans des propositions contradictoires. (Flip back please)

Compléments
  • Curieusement, ce qui pourrait couler Obama est la mauvaise santé de l'économie américaine, due à la crise européenne, elle-même due à la rigueur, rigueur contre laquelle Obama a été le seul à lutter. C'est ça la logique de la politique. 

Globalisation : le reflux

Les banques, européennes notamment, reflueraient avec armes et bagages vers leur territoire national. Elles pourraient entraîner avec elles une partie de l’économie multinationale, dont le financement va se compliquer.

Raisons ? Tout d’abord, le retour à une gestion prudente rend insoutenable leur expansion internationale. Ensuite, les contribuables qui les ont renflouées pensent normal qu’elles financent leur économie, et achètent la dette de leur pays. (Article de The Economist : The retreat from everywhere)

Le protectionnisme a le vent en poupe ?

Ceci pose quelques questions :
  • Ce reflux, comme le flux, ne risque-t-il pas d’être trop brutal, et de laisser quelques pays fragiles le ventre en l’air ?
  • Que le repli soit brutal sous entend probablement que l’expansion des banques était peu saine, voire spéculative. Que nous n’ayons pas connu de croissance importante, même avant la crise, peut aussi signifier que leur argent ne servait à rien d’utile. 

Sarkozy, l’anti de Gaulle

Quoi ? M.Sarkozy veut organiser une manifestation pour le « vrai travail » le 1er mai. Qu’est-ce que c’est que cette pitrerie ? Il veut déclencher un affrontement sur les Champs Élysées ? Les Versaillais contre la Commune, le retour ?

Ce qu’il y a d’étonnant, en fait, est qu’alors qu’il a multiplié les provocations chez nous, à l’extérieur il a été le président de l’OTAN et du Mercozysme, le plus docile et le plus conciliant de nos présidents.

Mais c'est l’exact opposé de De Gaulle !? De Gaulle s’est dressé, seul, contre le monde. Mais, en France, il a tout pardonné. Après guerre, il a rassemblé la France, en nous disant que nous étions tous des héros, à commencer par ses pires ennemis à lui, qui lui en ont voulu à mort pour cela. Lors de la guerre d’Algérie, alors que nous étions au bord de la guerre civile et que l’armée était sur le point d’organiser un coup d’État (!), il a de nouveau fait un étonnant tour de passe-passe. Seul contre tous. Pour lui, il n’y avait pas de partis, que des Français, terriblement similaires pour tout ce qui comptait vraiment. (Voir sa biographie par Jean Lacouture, et l'analyse de René Rémond.)

Soyons honnête avec M.Sarkozy. Il a au moins une vertu, celle de m'avoir réconcilié avec de Gaulle.

Élection présidentielle : point à mi parcours

Quelques observations sur les résultats du premier tour de notre élection.

Marine Le Pen

Marine Le Pen a eu beaucoup de voix, bien que moins que ce que l’on a cru à un moment.

Comment exprimer ce succès ? Faut-il reprendre une de mes intuitions, qui me disait que pendant qu’une partie de la France ne voyait pas de crise, l’autre décrochait ?

En tout cas, je ne crois pas que le pays soit génétiquement raciste ou autarcique. En période prospère ces questions ne se posent pas. Ce ne sont que de mauvaises solutions à un problème qui est ailleurs.

Il y a quelque chose d’étrange dans l'évolution du pays. Jadis il n’y avait pas de chômage. Aujourd’hui, le Français vit dans la peur de perdre son emploi. Et lorsqu’il l’a perdu on le traite en coupable, en inadapté au changement. Et on nous dit que c’est normal et que c’est un progrès de l’humanité ? Le capitalisme illuminant le monde ?

Nicolas Sarkozy

Je me demande si N.Sarkozy ne doit pas choisir entre sa réélection et l’avenir de l’UMP. En effet, une campagne un peu trop extrême pourrait compromettre l'élection des députés du parti. Ce serait un mauvais coup pour eux, qui sont des élus professionnels, contrairement à M.Sarkozy qui veut quitter la politique. Y a-t-il une possibilité de dislocation de l’UMP ? Ce serait à la fois bon pour le FN et pour les centristes... Cela fait beaucoup de monde...

Par ailleurs, ce qui m’a frappé dans les propos de Mme Le Pen était une diatribe contre les multinationales. Or, nos gouvernants vivent une véritable histoire d’amour avec elles. À moins que l’électeur du FN soit idiot, ou qu’il ne se reconnaisse pas dans les propos de Mme Le Pen, comment pourrait-il se rapprocher de M.Sarkozy ?

François Hollande

La France a voté à droite, et même très à droite, à 56%, si je comprends bien.

En conséquence, si M.Hollande est élu, il aura du mal à croire qu’il l’a été pour  un « grand soir » de gauche, et qu’il doit se lancer dans la série de mesures symboliques que cela signifie. Cela nous donne-t-il une chance pour qu’il se penche sur la situation du pays sans idées reçues ?

lundi 23 avril 2012

Pourquoi la femme fait-elle les travaux ménagers ?

Deux facteurs entrent, peut-être, dans les causes de la part démesurée que la femme a des travaux ménagers.
  1. Elle est moins payée que l’homme, et doit compenser le manque à gagner.
  2. Elle est formée aux tâches ménagères. Ce qui n’est pas le cas de l’homme, pour qui elles sont un calvaire.
(C’est mon interprétation de : The ironing lady.)

Comment changer la situation ? Comme dans tous changements, c’est une question d’anxiétés : il faut à la fois augmenter l’anxiété de survie, en augmentant le salaire féminin, et diminuer l’anxiété d’apprentissage, en éduquant l’homme. 

Irresponsabilité, moteur de l’économie ?

Anne Lauvergeon expliquait il y a quelques temps qu’elle a dû se livrer à un exercice contre nature, à savoir s’opposer à N.Sarkozy, qui voulait vendre des centrales nucléaires à M.Kadhafi. Ce qui sous-entend, qu’il est normal que l’entreprise soit irresponsable.

À vrai dire, c’est une idée habituelle dans le monde anglo-saxon. Sa justification étant que du mal nait le bien, suivant la théorie de la main invisible d’Adam Smith.

Je me demande parfois si l’irresponsabilité n’est pas une « innovation », c'est-à-dire un moyen élégant de gagner de l’argent. 
  • En effet, être responsable coûte cher. Par conséquent, si l’entreprise se décharge de ce coût sur la société, elle doit gagner plus que ce qu’elle devrait.
  • En outre, il n’y a probablement pas beaucoup de risques à être irresponsable : si l’entreprise met en danger la société, cette-ci devant se sauver, tirera d’affaire le coupable par la même occasion. 

L’impératrice rouge

Film de Josef von Sternberg, 1934.

La civilisation s’est arrêtée aux portes de la Russie, pays violent, à la foi primitive, que seule une femme peut gouverner. La Grande Catherine devrait être la Jeanne d’Arc des féministes.

Un film d’humour, de décors (gothiques) et de visages. Le meilleur du muet et du parlant ?  

dimanche 22 avril 2012

Comment redresser l’Europe ?

L’Europe a un nouvel accès de fièvre. Cette fois-ci c’est l’Espagne qui tremble. Il est vrai qu’il n’est pas facile de se sortir d’une bulle immobilière.

Que faire ? The Economist propose :

Une BCE, qui devient une vraie banque centrale, et qui baisse ses taux ; une relance de l’investissement européen ; un système européen d’assurance et de sauvetage pour les banques plus grosses que leur nation d’origine ; des eurobligations, qui réduisent les taux d’emprunt des pays en difficulté, en minimisant le risque d’irresponsabilité ; une Allemagne qui laisse monter son inflation, et mange son chapeau.

Amicale démocratie

Alors que je faisais la queue pour voter, j’ai eu le curieux sentiment d’avoir bien de la chance d’être là.

Dans cette école primaire qui n’a pas beaucoup changé depuis la 3ème République, avec ses lavabos qui me montent aux genoux, au milieu des bénévoles, des habitants du quartier qui viennent avec leurs enfants et leurs procurations, et qui font passer avant eux les personnes âgées.

Des petits bonheurs d’une démocratie qui fonctionne, avec modestie ? À bas le changement ?

Sarkozy contre Sarkozy ?

Nicolas Sarkozy va-t-il être le prochain chapitre de « Sarko m’a tuer » ?  The Economist pense que M.Sarkozy a été sa propre victime. La France ne peut pas plus souffrir son comportement. Et François Hollande se contente de lui tendre un miroir.

Quand à ce dernier, paradoxalement, il pourrait être un changement majeur. Car sa personnalité est l’inverse de celle, infantilisante, des présidents de la 5ème République. (22 avril : la fin d’une illusion française? | Le 19 heures de Françoise Fressoz – Le Monde) Ce que semble aussi croire Paul Krugman : sa force est son absence de programme...

Nouveau départ

Film de Cameron Crowe, 2011.

Comme Intouchables, ce téléfilm dit que la vie de gens ordinaires peut avoir ses miracles. 

Tout est très prévisible (sauf pour l’extrême fin qui est très habile), mais parfois on a besoin de très prévisible…

La traduction du titre anglais, « we bought a zoo », aurait demandé un peu plus de génie me semble-t-il.

Compléments :
  • Attention, tout rapprochement entre Nouveau départ, ou, a fortiori, We bought a zoo, et nos élections, ne peut être que fortuit. Quoi que...

samedi 21 avril 2012

La voiture n’est-elle plus une valeur américaine ?

Les jeunes américains conduiraient moins. Ils tendraient à se rapprocher des villes et de leurs transports en commun. Raison ? Peut-être, crise, chômage et médias sociaux. L'homme s'adapte au changement.

L’article dit aussi que le jeune américain aime de moins en moins se faire manipuler par la publicité. Ce qui est probablement une bonne nouvelle pour l’humanité, et une mauvaise pour Facebook.

Dassault Systèmes et la troisième révolution industrielle

Et si Dassault Systèmes, le leader mondial de la CFAO, était au cœur de la 3ème révolution industrielle promise par The Economist ?

De quoi s’agit-il ? Il devient possible de concevoir n’importe quel produit, ou presque, sur ordinateur et d’imprimer le résultat sur place. Ça promet de grands changements :

Fin des délocalisations, des grandes unités de production, du travail taylorien et non qualifié, de la division fabrication / service… (Avec tous les ajustements sociaux que cela signifie.)

Compléments :

Chimpanzé tueur


Il est de bon ton chez les intellectuels écolo de se désespérer de l’espèce humaine, de sa tendance à s’autodétruire, et de souhaiter sa disparition.

Eh bien, c’est une erreur. Le chimpanzé tue, lui aussi. Le mécanisme serait relativement simple : le groupe ayant le plus d’individus massacre celui qui en compte le moins…

Psychologie de la peur

Un livre que je conseille à tour de bras. ANDRE, Christophe, Psychologie de la peur, Odile Jacob, 2005.

« Environ un adulte sur deux souffre de peur excessive ». Au cœur du phénomène se trouve l’amygdale cérébrale, le « centre de la peur », et le néocortex, qui doit la réguler. La peur excessive et la phobie sont un dérèglement de cette régulation.

Un incident survient qui, chez la plupart des gens, n’aurait eu aucune conséquence, mais qui enclenche un cercle vicieux chez le futur phobique. La phobie, en quelque sorte, prend le contrôle de l’homme et va gouverner son comportement pour renforcer son emprise. En particulier, elle va l’amener à une invraisemblable stratégie d’évitement voire d’apprentissage de la peur par ressassement de ses échecs.
Comment s’en tirer ? En prenant rendez-vous avec Christophe André et ses collègues.

Comment s’y prend-il ? Il aide le phobique à recâbler son cerveau, en deux temps. D’abord, en prenant le contre-pied de ce qu’il faisait jusque-là (une approche systémique), c'est-à-dire en confrontant ses peurs, puis par une période d’apprentissage, qui peut durer quelques mois. La pratique devra être entretenue toute la vie. Curieusement, ces techniques ressemblent beaucoup à celles du changement en entreprise.

Plus précisément. Le phobique doit accepter sa peur comme naturelle, et découvrir qu’énormément de gens sont dans son cas. Ensuite, il doit comprendre son processus de raisonnement inconscient, et repérer ses biais (la timidité, par exemple, est produite par des idées en conflit). Il doit surtout réaliser que ses craintes les plus terribles n’ont pas les conséquences qu’il aurait pu imaginer.

Le traitement consiste donc à lui faire développer son système de contrôle de ses peurs, par un apprentissage progressif : prise de conscience du mécanisme vicié, jeux de rôle, stimulations de situations anxiogènes, mises en situation réelle, durant lesquelles il est accompagné d’un thérapeute…

Le thérapeute est un catalyseur de la transformation, un « donneur d’aide ». Il a un rôle de modèle, mais c’est surtout un « pédagogue ». Il transmet son savoir à son patient, qui doit être aux commandes de son changement personnel.

Le traitement paraît relativement rapide et simple. La difficulté pour le phobique n’est pas là. Elle est probablement de prendre conscience qu'il est sous l’emprise de la peur. 

vendredi 20 avril 2012

Copé l’Américain

J.F. Copé parlant au Monde de ses relations avec Nicolas Sarkozy :
On a eu des relations up and down depuis quinze-vingt ans mais, là, il m'a bluffé par la force intérieure qui est la sienne, s'enthousiasme-t-il. Non seulement, il n'y a eu aucun problème mais il n'y a eu que des encouragements. On se comprend au quart de tour. Il ne m'a jamais lâché sur rien, on a tout fait ensemble, il a été totalement supportive
Pourquoi parle-t-il en anglais ? L'UMP se prendrait-elle pour le comité de direction d'une multinationale ? 

L’espérance de vie conditionnée par des facteurs sociaux

Il semblerait que les facteurs qui prédisent le mieux l’espérance de vie soient socio-économiques (principalement « éducation, situation maritale et revenus »), si j’en crois un article de Scientific American.

Un argument pour la création d’une « situation socio-économique minimale » ? 

Richard Descoings et le changement à Sciences Po

Je reçois un mail lié à un article traitant des réformes de Sciences Po (Le hussard de Sciences po, actualité Politique : Le Point). Richard Descoings les a menées d’une curieuse façon :
  • Il a paralysé les mécanismes supposés le contrôler. Comment ? En étant ami avec tout ce que la France compte de puissants, des syndicats étudiants au gouvernement Sarkozy. Il avait poussé le raffinement jusqu'à être un homosexuel de gauche marié à une adhérente de l’UMP.
  • Ce qui lui a permis de faire ce qu’il voulait, d’un claquement de doigts.
Richard Descoings était énarque et s’est servi de la technique qu’a utilisée un autre énarque, Michel Bon, lorsqu’il dirigeait FT. Tous les énarques grands patrons semblent faire de même : ils bloquent les systèmes de contrôle, et suivent leur inspiration. Se croiraient-ils des élus, au sens religieux du terme ?

Une idée de réforme pour l’ENA ? Apprendre à ses élèves qu’ils doivent servir la République, non leurs illusions ? 

François Baroin

FULDA, Anne, François Baroin, le faux discret, Jean-Claude Lattès, 2012. Après la lecture de ce livre, François Baroin demeure un complet inconnu. Intrigant.

C’est la mort de son père qui fait la carrière de François Baroin. Michel Baroin était un homme qui ne laissait personne indifférent, petit haut fonctionnaire qui avait pantouflé à la GMF et Grand Maître du Grand Orient qui connaissait les hommes politiques de tous bords. À sa mort, François Baroin est tout jeune. On lui demande de défendre le livre posthume de son père chez Bernard Pivot. Jean-Pierre Elkabbach l’y repère et lui offre un poste à Europe 1. Mais c’est surtout Jacques Chirac qui désire assurer l’avenir du fils de son ami. Il lui trouve d’abord une députation (François Baroin a 27 ans). Une carrière de porte parole et de ministre s’ensuit.
Il a les capacités, il travaille, il attrape bien la lumière. Mais moins le son. (…) Le problème de François Baroin c’est que l’on ne sait pas aujourd’hui quelles sont ses idées, ni même s’il en a.
François Baroin est un politique habile, sans arrêt réélu. Ministre consciencieux, il paraît avoir le talent de comprendre ce qu’il faut dire d’un dossier pour ne pas paraître idiot. Talent de porte parole, qu’il a été toute sa vie ? Mais, a-t-il un combat ? Au mieux semble-t-il avoir hérité quelques convictions de son père, très diluées.

Alors, « François Baroin, homme politique contemporain, reflet d’une époque peu épique » ? Certainement, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’ira pas loin, me semble-t-il. Car, contrairement à ses collègues, il mène sa barque sans être empêtré dans des idéologies, des ambitions ou des complexes de supériorité démesurés. Il me paraît modeste et insubmersible. 

jeudi 19 avril 2012

Qu’est-ce qui rend malheureux l’employé ?

Il semblerait que la cause principale de souffrance au travail soit le mauvais manager. Qu’est-ce qu’un bon manager ? Quelqu’un qui se préoccupe du développement personnel de ses équipes.

(The Chairman's Blog: What Makes Workplaces Miserable, que j’ai trouvé grâce à la revue de presse de la HBR)

Sauvons la planète

Que faire pour éviter Apocalypse 2030 ?

Posons le problème

Le problème ? Simple. Nous consommons beaucoup trop de ressources non renouvelables. Peut-être faudrait-il pour un certain nombre d'entre-elles réduire notre consommation par un facteur 5 à court terme, comme le disait un chercheur cité dans un précédent billet.

La résolution de ce problème est soumise à des contraintes, qui, si elles ne sont pas prises en compte, susciteront une résistance au changement.
  • Justice. L’évolution de la planète de ses derniers siècles a à la fois créé une forme de dénuement, dont il faut sortir, et aussi l’envie d’imiter un modèle occidental. Pas question de priver les pays émergents de ce que nous avons eu, lorsqu'il est bien. 
  • Fonctionnement du monde. Toute l’organisation de la société se fait autour de la croissance, et d’une production toujours plus grande de biens matériels. Ce qui entraîne automatiquement le gaspillage. La remise en cause de ce modèle sans accompagnement serait un drame: même en Occident, une grande partie de la population est à la limite de flottaison économique ; le moindre aléa lui fera boire la tasse.
Éléments de solution ?

Tout changement réussi est une question d’anxiétés de survie et d’apprentissage. Autrement formulé : le changement est-il important pour nous (survie), savons-nous comment l’aborder (apprentissage) ? L’écologiste qui nous menace des feux de l’enfer ne joue que sur la première. Sans compter qu'il considère l'entreprise comme le mal absolu, alors qu'elle est centrale dans la résolution du problème. Le rôle de l'écologiste est certainement utile, mais trop de problèmes sans solution est source de névroses.

Pourtant, il semble qu’il y ait des solutions :

Tout d’abord, il y a un intérêt économique évident pour l’industriel à réduire sa consommation de ressources. Ensuite, il existe des méthodes (« bas de la pyramide ») mises au point dans les pays émergents, qui permettent de réduire massivement le coût de certains produits. Les techniques « lean », qui sous-tendent la gestion de production moderne, ont pour principe l’élimination du gaspillage, ce qui est exactement le problème que nous avons (même si ce n’est pas comme cela que nous les utilisons).

Que faudrait-il pour enclencher un mouvement d’entraînement ? Plus d’entrepreneurs de la trempe de Carlos Ghosn, capables de paris ? La nécessaire coordination d'Etats visionnaires ?... Peut-être tout simplement stimuler l'expérimentation, et copier les meilleures idées qui auront émergé ?

Bo Xilai et le changement en Chine

Depuis quelque temps, on parle de Bo Xilai, puissant baron chinois qui aurait connu un revers de fortune. Difficile d’en savoir plus. Ayant horreur du vide, je formule l’hypothèse suivante.
  • La Chine est une sorte d’aristocratie. Son groupe dirigeant se renouvelle périodiquement, par ce qui semble être des accords entre amis. Il est d’ailleurs composé par des descendants des compagnons de Mao.
  • Le pays est fort inflammable, comme le montrent les révolutions culturelles de Mao. (Peut-être est-il une foule au sens de Le Bon ?) Or, ses dirigeants le mènent sur une voie qui ne correspond peut-être pas à ses aspirations naturelles. Dans ces conditions, ils doivent être soudés autour d'un projet commun. Bo Xilai, apparemment un populiste, était une menace pour eux.   

Fiabilité des sondages

Les prochaines élections nous réservent-elles des surprises ? Les journalistes s’interrogent.

On a vu récemment les deux principaux candidats perdre des points. Lors des élections de 2007, N.Sarkozy avait eu plus de votes que ce que lui promettaient les sondages. On parle aussi des indécis. Mais ils semblent moins nombreux qu’aux autres élections. Peut-on croire les sondages ?

En fait, le seul sondage fiable est le comptage de boules de couleur par tirage au hasard. La disparition des idéologies a laissé des électeurs peu certains de leurs choix. Par conséquent, le sondage ne peut être un indicateur de vote totalement juste. Par contre, vu la stabilité des prévisions, et l’importance des écarts prévus au second tour, il y a peu de chances de surprise.

Public ennemies

Film de Michael Mann, 2009.

La prise de vue est le véritable héros du film. Tout est fait pour que l’on se sente dans l’époque, et dans l’action. Ce qui est épuisant.

Pour le reste, les forces de l’ordre sont peu sympathiques, peu efficaces, et presque plus dangereuses que les voleurs. Quant à Dillinger, comme le tueur de Toulouse, la prison a révélé sa vocation et en a fait un expert du crime. Il avait été condamné à 10 ans pour un vol de 50$, il a, a posteriori, justifié sa peine. 

mercredi 18 avril 2012

Facebook et Google : l’impasse ?

Les usages se déplacent du PC vers le mobile. Or, pas facile d’y faire de la publicité. Les revenus de Facebook et de Google, entre autres, paraissent donc menacés.

La valorisation de Facebook semble de plus en plus le résultat d'un acte de foi ?

Compléments :
  • Apparemment le glissement de terrain serait tangible chez Google : The Mobile Paradox | TechCrunch (en provenance d’HBR)
  • Pour le moment, le seul modèle qui fonctionne est celui d’Apple ou d’Amazon : celui de distributeur de contenu.

Vive l’Écosse libre ?

L’Écosse va-t-elle rompre une union de 3 siècles, et sortir du Royaume Uni ? On le saura d’ici peu. Qu’est-ce qui pourrait favoriser la scission ?
  • Une ancienne inimitié entre Écossais et Anglais. Mais est-elle réellement forte ?
  • L’Écosse pourrait être, au moins à court terme, plus riche seule que dans l’Union. Mais a-t-elle pris en compte les déséconomies d’échelles liées à la création d’un État ? En outre, elle conserverait la livre, ce qui sous-entend le type de problèmes qui se posent aux membres de la zone euro.
Je ne crois pas que l'indépendance soit une bonne idée. Seule, l'Ecosse ne pourra que s'en vouloir de ses difficultés, alors qu'avec l'Angleterre, elle a un coupable haïssable à souhait.

Compléments :

68 ou les révolutions font triompher leur contraire ?

C’est curieux comme l’esprit des temps peut changer. Dans ma jeunesse on rêvait d’améliorer le sort de l’homme. Plus de loisirs, plus de résidences secondaires, plus de protection, plus de confort, les robots allaient travailler pour nous (cf. Azimov)… La science devait ouvrir notre esprit, nous faire découvrir des horizons nouveaux, nous rendre meilleurs. Aujourd’hui, on n’a que le mot économie à la bouche. Elle a même instrumentalisé la science, qui n’est plus qu’utilitaire, et qui fait peur. Indirectement on s’est convaincu que l’économie était la condition nécessaire de l'intérêt collectif. Et le mieux que l'on puisse espérer c'est un travail qui fait souffrir.

Paradoxe curieux. Cette transformation coïncide avec 68. Pourtant 68 était anticapitaliste et libertaire.

Il s’explique peut-être par le fait que 68 a été une révolution. En disloquant l’édifice social, il a laissé le champ libre aux forces les plus déterminées et les mieux organisées. La chance a souri à l’esprit éclairé aurait dit Pasteur.

La réforme des 35h et les printemps arabes sont deux exemples du même phénomène de changement incontrôlé. Dans les deux cas, on a eu l’inverse de ce que l’on voulait, à savoir des gains de productivité sans emploi, et un pouvoir religieux obscurantiste.

mardi 17 avril 2012

PANTHEON du Développement durable (1)

Christophe FAURIE me demande "qui pourrait on placer dans notre PANTHEON du DD?"

J'ai évoqué dans quelques billets précédents, Konrad LORENZ, père fondateur de l'éthologie qui occupe une place de choix. Sa vision d'humaniste fortement imprégnée de biologie est rare et précieuse. Elle nous rappelle sans cesse que nous sommes pourvus d'instincts, forts, et que l'homme est bien une espèce animale.
Il nous alerte sur des périls qui pèsent sur l'humanité - les huit péchés capitaux de notre civilisation - et nous éclaire sur leurs causes pour en éliminer les effets.
Parmi ces huit péchés, le développement démographique, qu'il évoquait dès 1972, devient extrêmement préoccupant aujourd'hui. Surtout ses conséquences.

Serge ANTOINE (1927-2006) mérite également d'entrer dans ce PANTHEON. Il est totalement méconnu du grand public, mais son oeuvre est conséquente, jugez plutôt :
De 1963 à 1974, il est à la DATAR et contribue à la création des parcs nationaux.
En 1971, il est membre du cabinet de R. POUJADE le tout premier ministre de l'environnement.
En 1992, il est organisateur du sommet de RIO et participe à la rédaction de l'agenda 21.
En 2003, il est membre du conseil national du Développement durable.
Enfin pragmatique : Serge Antoine a été engagé dans sa commune de Bièvre dans l'ESSONNE, dont il a été maire adjoint pendant 18 ans. Il élaboré un des premiers plans d'occupation des sols de France et a surtout mené de nombreux combats pour préserver des paysages exceptionnels de la vallée de la BIEVRE, près de PARIS.

deux citations résument - un peu - sa pensée :
  • « Disons simplement qu’il faut éviter de prolonger la simple approche environnementale et qu’il est nécessaire de s’alimenter de manière systémique aux sources de l’économie, de la culture, du social en même temps que de l’écologie, que l’allongement en prospective est indispensable, qu’il faut transformer tout le monde en “acteurs” et si possible monter des opérations multiacteurs, qu’il faut jouer du volontariat et que les indicateurs de mesure du suivi sont indispensables. »
  • « La politique de développement durable peut s’affiner. Elle se fait en marchant, un peu comme L’Homme invisible qui devient visible quand on lui pose des bandelettes. » entretien avec Thierry Paquot 
Un livre lui est dédié par l'association Serge ANTOINE intitulé "Serge ANTOINE semeur d'avenir". Sur la quatrième de couverture, l'éternel optimiste qu'il était s'inquiète de "l'épouvantable lenteur des Nations Unies, des Etats et du développement durable", et il prophétise que " si nous continuons à ne rien changer, dans deux ou trois cents ans il risque de n'y avoir plus d'humains sur cette terre."
Une simple tautologie pourrait nous faire dire que si nous ne faisons rien nous réglerons le problème de surpopulation évoqué par LORENZ...

Plus sérieusement, Serge ANTOINE nous conjure d'être des femmes et des hommes de prospective à l'image d'un VAUBAN.
C'est à dire plaider pour un bon futur, prendre en compte le long terme dans tous les domaines et refuser les délices du court terme, être optimiste, être un être d'action sans penser à son confort, à sa carrière et avoir du courage.

N'est ce pas là une bonne définition pour un candidat à la présidentielle?

Inégalités et crise

Aux USA un cercle vicieux se serait enclenché qui aurait enrichi les plus riches, leur donnant de plus en plus de pouvoir, notamment de déréglementer, donc de s’enrichir… Ce serait leur argent qui aurait envoyé le parti républicain à l’extrême droite, ce qui bloquerait le fonctionnement démocratique du pays. Surtout, ils empêcheraient la relance dont a besoin le pays et ses chômeurs, parce qu’elle prouverait l’utilité de l’État dont ils veulent se débarrasser. En outre, sans chômeurs, la nation ne dépend plus des états d'âme des entreprises, qui perdent tout pouvoir.

Intrigants arguments (Krugman et Wells, Economy killers: Inequality and GOP ignorance - Salon.com)

Capitalisme et destruction créatrice

Heureusement que ni notre peuple, ni nos journalistes ne lisent la presse anglo-saxonne. Ils seraient effrayés, et, vraisemblablement, planteraient les têtes du patronat et des économistes sur leurs piques.

En effet, pour cette presse, le bien, le moteur de l’économie, c’est la « destruction créatrice ». Autrement dit les transformations qui renouvellent le capitalisme, par l’innovation. Mais si elles profitent à une poignée d’entrepreneurs et aux élites qui s’allient avec eux, elles forcent le reste de la population à des transformations féroces. L’individu ordinaire doit être capable de se muer, après un licenciement sauvage, de terrassier en biologiste, s’il ne veut pas finir dans une poubelle.

J’ai constaté que ce type de changement est comme la médecine : dangereux. Il est préférable de ne l’utiliser qu'en dernière extrémité. D'où ma question : peut-on construire l’avenir de notre espèce sur une succession accélérée de transformations, dont chacune peut mal finir ?

Curieusement, on oublie que Schumpeter, à qui l’on doit la fameuse destruction créatrice, pensait que l’humanité la trouverait inacceptable, et qu’elle finirait par mettre au point une forme de communisme.

Compléments :

La meilleure façon de marcher

Film de Claude Miller, 1975.

Une colonie de vacances en 1960. Autres temps, autres mœurs. L’époque était sexuellement coincée.

Mais ce qui ne change pas est l’exploitation de la différence, transformée en infériorité. Et la solution du problème : être fier de ce que l’on est. 

lundi 16 avril 2012

L’économie des catastrophes naturelles

Non, le réchauffement climatique ne provoque pas plus de catastrophes naturelles.

Mais, curieusement, le montant des dégâts croît plus vite que le PIB d’une nation. Pourquoi ? Plus on est riche, mieux on peut se protéger, plus on prend de risques, et plus la catastrophe est grave quand elle frappe. Exemple Fukushima. L’avenir est à de moins en moins de catastrophes, de plus en plus violentes.

Prévenir ce cercle vicieux serait une question d’aménagement du territoire, plutôt que de réglementation : il faut faire en sorte que les gens n’aient pas intérêt à s’installer à des endroits dangereux.

Obama, le tueur

Décidément Obama est un homme de paradoxes. Il avait promis la concorde nationale, il a eu la guerre civile. On le croyait « cool », on l’a découvert « cold ». Il se voulait un pacifiste, il s’est révélé le plus froid, le plus calculateur et le plus brillant des hommes de guerre américains.

Va-t-il gagner les élections ? Une partie de l’électorat est instinctivement contre lui, lourd handicap. Mais il n'est jamais aussi à son aise que dans l’affrontement sectaire. Sa tactique ? Exploiter méticuleusement les failles de ses adversaires.

Lorsqu’il s’est présenté pour les primaires sénatoriales, au début de sa carrière, il a éliminé son adversaire, une femme noire, sans combat. Il a demandé une équipe de juristes de fouiller le passé de celle-ci...

Or, Mitt Romney a deux faiblesses :
  1. C’est un modéré. Pire : il est à l’origine de la réforme de santé de M.Obama, une mesure qui rend hystérique l’électorat républicain.
  2. Il a fait fortune dans un fonds d’investissement, en mettant en pièces des entreprises afin d'exploiter les irrationalités du marché. Et il ne paie quasiment pas d'impôts. Curieusement, les Républicains ont choisi pour les représenter le symbole de la crise financière…
Compléments :

Élections présidentielles surréalistes ?

Nos élections présidentielles ont quelque chose de surréaliste.

Nicolas Sarkozy nous promet le chaos. Si nous élisons F.Hollande et ses hordes bolchéviques, le marché va se déchaîner sur les ruines fumantes qu’ils auront laissées de la France.

Réponse inattendue de M.Hollande, qui aurait pu traiter l’attaque par le ridicule : je me fiche des marchés. Aurait-il fait son coming out ? Il n’est pas Flamby, le pacifique inspecteur des finances qui veut faire plaisir à tout le monde, mais un révolutionnaire sanguinaire ? Nicolas Sarkozy l'a percé à jour ?

Résultat ? Le Financial Times, le journal de la City et des marchés, vote Hollande, et sa relance, et se prend le bec avec Sarkozy, qui s'en réjouit !

Et les sondages ? Ils ne bougent pas d’un poil. Peut-être que toute cette agitation ne sert à rien ? Est-ce ce qu’a compris F.Hollande, qui en profite pour se permettre quelques folies ?

dimanche 15 avril 2012

Obama ou l’échec du changement

Alors que M.Obama se prépare à un nouveau combat, l’échec de ses promesses de 2008 est patant. Qu'avait-il promis ? Le changement ! Voici une leçon pour nos candidats :

B.Obama annonçait une Amérique réconciliée et pacifique. Or, au contraire, elle a sombré dans la guerre civile. Mot d’ordre : intolérance. C'est sa personne même qui symbolisait cette union, or c'est elle qui est la cause du schisme.

Ce que représentait sa simple personne, sans qu’il n’ait rien eu à faire, a révélé ce que l’Amérique a de plus abjecte. Les démons qu’elle cache sous un voile d’hypocrisie sont sortis de leur boîte. Du coup, les Républicains ont fait le pari d’un populisme irresponsable. Aujourd'hui, il paralyse la démocratie américaine.

Alors que l’Amérique aurait besoin d'un homme de paix, de ce qu'on lui annonçait en 2008, la campagne va, au contraire, chercher le KO par la division, l’idéologie sommaire et le coup bas.

Mais ce n’est pas le plus étrange des paradoxes de cette présidence : Obama est un Démocrate de droite et Romney un Républicain de gauche. Les primaires ont sélectionné des modérés très proches l’un de l’autre, à la fois par leur parcours et par leurs idées.

Et si l’Amérique était ce qu’en pensait Obama, et probablement aussi Romney ? Un peuple de gens modérés, au grand cœur ? Et si ceux qui font actuellement la pluie et le beau temps étaient des extrémistes bruyants mais non représentatifs ?

Newsring

Je découvre un site de débat, Newsring. Sous les auspices de M.Taddeï, star intellectuelle people, il ne peut que réussir. Pourtant la formule ne semble pas encore au point. Pourquoi ?

Au fond, c’est une reprise de la fonction commentaire des sites d’information. Mais ces derniers ont l'avantage de l’image de marque du titre qui les héberge. Surtout, ils suscitent un débat bien plus riche et spontané, car à chaud sur l’actualité.

Pourrait-on améliorer l’idée ? En partant de l’option site de débats, trois scénarios me viennent en tête.
  1. La formule Wikipédia. Elle exploite le principe même du « crowdsourcing », la sagesse des foules. Elle illustre aussi ses faiblesses. Wikipédia n’a aucune profondeur. Il n’a d’intérêt que pour les sujets people. Pour le reste, rien ne remplace l’avis d’un spécialiste, qui a consacré sa vie à creuser son sujet.
  2. La formule débat France Culture. Cette fois des intellectuels savants sont réunis. Mais ils ne semblent pas s’écouter. Il n’en sort rien. Ce qui manque est peut-être une volonté de construire. Un débat a besoin d’hommes d’action autant que de pensée ?
  3. La formule John Stuart Mill, et des Lumières. La logique d’un gouvernement représentatif, ce que devrait être notre Assemblée nationale, c’est l’affrontement vigoureux des idées de personnalités remarquables. C’est le seul moyen de faire surgir le bien collectif. John Stuart Mill disait aussi que ces personnes ne se manifesteraient peut-être pas spontanément (elles ne sont pas poussées par leur intérêt personnel, comme l'homme politique). En outre, on leur prend du temps, ce qui signifie rémunération minimale...

Trois techniques de conduite du changement

Le changement est aussi vieux que l’humanité. Quand elle a voulu le provoquer, elle a utilisé trois techniques seulement. Elles peuvent se combiner.

Le changement bureaucratique

Taylor disait qu’il y avait une « seule bonne façon de faire », c'est-à-dire d’organiser les entreprises. Cette idée, qui est partagée par tous les despotes éclairés, conduit à construire des bureaucraties. Elles dictent au citoyen, littéralement, comment il doit se comporter, les « procédures » qu’il doit suivre, selon l’expression de Taylor.

La bureaucratie est notre modèle d’organisation favori. Outre les Etats, toutes les entreprises sont des bureaucraties. D’ailleurs, les progiciels de gestion (SAP en tête), les consultants, contrôleurs de gestion, qualiticiens… descendent de Taylor.

Le changement bureaucratique est le changement par la force, de « haut en bas ». Il se heurte rapidement à « la résistance au changement », car les organisations humaines sont des systèmes qui combattent ce qui menace leurs principes constitutifs.

Divide and conquer

Diviser pour régner est sans doute la réelle devise de la perfide Albion. En tout cas, c’est comme cela qu’elle a constitué un empire mondial, fait de l’Europe un chaos, et vidé la Chine de sa substance, ce qui n’était pas un mince exploit.

Diviser pour régner dissout la résistance au changement sans effort.

Son arme principale demeure la cupidité. Dès que l’amour de l’argent pénètre un groupe humain, ses structures sociales explosent.

C’est le principe qu’exploite l’establishment financier pour s’enrichir. Les multinationales lui doivent, aussi, une augmentation massive de leur rentabilité : elles ont fait jouer la concurrence partout. Les néoconservateurs le proposent pour faire se disloquer l’État (« kill the beast »). Ils ont été entendus par la plupart des gouvernements européens.

Bien sûr, à long terme, on ne gagne que feux de paille. Et il en résulte un désert. Mais, à long terme, nous sommes tous morts, disait Keynes.

Wuwei

Fondement de la pensée chinoise, le wuwei est l’art du non agir. C’est tirer parti du mouvement des événements pour obtenir ce que l’on désire, comme le fait le nageur qui utilise la force d’un courant.

Comment y parvenir ? Adopter un point de vue systémique, et chercher à comprendre les lois de la société humaine (en particulier), pour l’amener là où il serait bien qu’elle aille.

Cette technique, comme la précédente, ne rencontre pas de résistance au changement. Par contre, elle demande une connaissance intime de l’organisation qu’elle veut faire changer. C’est un travail compliqué, subtil et qui exige du talent. Mais, les bénéfices en sont durables.

Pourquoi les Anglais ont-ils vaincu les Chinois, se demandera-t-on pour finir ? Parce que les Chinois ont trahi leurs principes. Lorsqu’ils ont rencontré les Occidentaux, ils les ont pris pour des sous-hommes. Complexe de supériorité qui leur a été fatal. 

samedi 14 avril 2012

Instagram, Facebook et le mécanisme de la spéculation

C’est amusant comme les événements se répètent.

La bulle Internet a été marquée par une révolution des méthodes de valorisation. À l’époque, on s’était mis à multiplier le nombre d’abonnés à un service, que les gourous appelaient « infomédiaire », par une somme qui pouvait atteindre 40.000F (6000€), si mes souvenirs sont bons. L’infomédiaire était supposé contrôler les achats de ses abonnés, et donc prendre une part des dits achats, comme le fait une grande surface.

Ce raisonnement a été repris pour évaluer Instagram et Facebook. Leur utilisateur vaut entre 20 et 50$. (Facestagram’s photo opportunity) La raison en est la même : avec toute l’information que ces sites récoltent, il se peut qu’un jour ils sachent s'en servir pour aider les entreprises à améliorer leur marketing.

Ridicule ? Pas du tout. Ceci représente une forme de rationalité. Le spéculateur a établi une règle à durée déterminée entre spéculateurs. Il sait que tant qu’elle tiendra il s’enrichira. Mais qu’il ne faudra pas être le dernier à porter la patate chaude. Le monde de la finance est follement excitant. 

Cambridge lève 2md$


L’université de Cambridge a levé 2md$ pour financer ses recherches. Surtout, un quart de ses anciens élèves a fait un don. (Source : CAM, n°65, 2012.)

Je vois mal la même chose arriver en France. Pour deux raisons, au moins. Cambridge est fréquenté par une classe de riches héréditaires, et ouvre la porte des emplois qui leur sont réservés. Par ailleurs, ils ont reçu un excellent enseignement, qui les a marqués. 

Les démons de la liberté


Film de Jules Dassin, 1947.

Film fort engagé. Les bons sont enfermés en prison, avec un gardien sadique. Et la société ne veut surtout pas en entendre parler. Ce qui les a perdus ? L’amour. Les criminels seraient-ils des pauvres qui veulent, simplement, mener une vie ordinaire ?

vendredi 13 avril 2012

Apocalypse 2030 (suite)


The Economist visite une galerie marchande asiatique. Elle mesure plus d’un kilomètre et est pleine de pacotilles en cochonnerie. C’est la matérialisation des aspirations d’une nouvelle classe moyenne forte de milliards d’individus. (Mall of the masses)

L’Occident a été comme cela après guerre. Et c’est peut-être la meilleure démonstration des prévisions du Club de Rome : le modèle d’existence qui a gagné le monde est celui de la consommation ; mais, il n’est pas durable pour des raisons, finalement très simples, d’épuisement de ressources.

Le raisonnement d’Adam Smith, qui veut que la richesse des nations soit les biens matériels qu’elles produisent, est poussé à l’absurde ? Et peut-être avec lui le modèle capitaliste ?

Mère chinoise

Apparemment la mère sino-américaine veut que son enfant ait la plus grande réussite scolaire possible, pour cela elle le prive de tout ce qui n’est pas travail acharné. C’est Harvard ou rien. (Cindi Katz, Lost youth, CAM, n°65, 2012.)

Biais culturel ? Son attitude sous-entend une foi totale en la société et en ses rites. Mais est-ce le meilleur des choix pour l’enfant ? Et si l’école formait mal ? Et si le pays devait disparaître ?

Le Chinois n’est-il rien qu’un être social ? 

Psychologie des foules

Si M.Sarkozy s’est mis à nous parler frontières et immigration, au lieu de nous dire comment résister aux forces financières, relancer l’économie du pays et rétablir l’emploi, c’est peut-être parce qu’il a lu Psychologie des foules de Gustave Le Bon,1895 (ma version : PUF, 2011).

Un successeur de Tocqueville ?
Gustave Le Bon semble reprendre la pensée de Tocqueville là où ce dernier l’a laissée. Que peut donner un gouvernement par la masse ? Les foules ont le pouvoir désormais, or, jusqu’ici leur rôle n’était que destructeur.

La foule
G. Le Bon décrit la foule comme un être « primitif ». L’homme, quel qu’il soit, y perd sont individualité et y gagne une « âme collective ». Il est « hypnotisé », il entre en « religion ».

La foule ne régit donc pas à la raison, au contraire, mais au « cas particulier », à ce qui frappe son imagination, ou plutôt ses sentiments. Le plus « invraisemblable », le mieux. C’est la forme et pas le fond qui l’impressionne.

Ne connaissant pas la raison, donc la mesure, elle est capable des sentiments les plus viles et des plus nobles, toujours « excessifs ».

En fait, sur le long terme, elle est guidée par ce que Montesquieu aurait appelé « l’esprit des lois », c'est-à-dire les principes fondateurs de la culture nationale. Ils se modifient très rarement, car seulement à la suite d’expériences dramatiques répétées. En ce sens la foule est « conservatrice ». En ce sens aussi, « l’intelligence », qui finit par avoir le dernier mot, « guide le monde ». Mais pour cela elle prend des chemins bien détournés.

Le meneur
La foule ne peut évoluer sans meneur. Le livre semble avoir été écrit avec Hitler en tête !

Le meneur est un hypnotiseur, lui-même « hypnotisé » par une obsession. Il ne raisonne pas, c’est un homme d’action qui obéit à une « conviction ». Il est « névrosé », « excité », « à moitié aliéné », il court après le « martyr ».

Il convainc la foule par « affirmation, répétition, contagion ». La foule ayant besoin d’un Dieu, il doit inspirer une crainte admirative. Pour cela il doit acquérir du « prestige ».

Vie et mort des sociétés
Le texte s’achève par une réflexion sur les peuples et leur histoire :
Passer de la barbarie à la civilisation en poursuivant un rêve, puis décliner et mourir dès que ce rêve a perdu sa force, tel est le cycle de vie d’un peuple.
L’histoire d’une société est celle d’un idéal qui parvient à fédérer un groupe d’individus. Après une sorte de phase libérale, l’affaiblissement de l’idéal appelle le renfort de l’État afin de maintenir l’équilibre collectif. Finalement, l’idéal s’épuise et le peuple redevient foule.

Commentaires :
Nous aussi, nous vivons à l’ère des foules. Du Tea Party aux printemps arabes, elles font trembler le monde. Lien de cause à effet ? Les gouvernants mondiaux semblent tentés de ne plus parler à nos raisons. Bravo Le Bon ?

Deux remarques : 
  • Il semble totalement ignorer la pensée grecque. Pourtant elle a abordé son sujet en détails. Elle considère la foule comme une pathologie sociale, liée au populisme, non comme un état naturel de la société.
  • Il n’y a pas que le meneur qui ait du pouvoir sur les « foules », mais aussi ce que les Anglo-saxons, et les sciences du management, appellent le « leader ». Il utilise les règles collectives, comme le meneur, mais pour faire l’intérêt général. Et ce n’est pas un illuminé. Par ailleurs, le « mode projet » et d’autres techniques du même type montrent que le groupe peut-être infiniment plus intelligent que ses composants, contrairement à ce que dit Le Bon.
Le Bon est un penseur libéral, qui raille, comme Tocqueville, les illusions rationnalistes de la Révolution. Il n’a pas de mots assez durs pour l’Éducation nationale, qui veut former la raison des individus, et en fait des mécontents sans emploi, alors qu’il faudrait les préparer à un métier. La France devrait s’inspirer du modèle anglo-saxon. Mais peut-être que si nous ne sommes plus totalement une foule, c’est parce que notre raison a été (un peu) éduquée ? me suis-je demandé.