mercredi 31 juillet 2019

Les secrets de l'intelligence artificielle

Quand on regarde comment fonctionne un réseau neuronal, le cheval de bataille de l'Intelligence artificielle, on constate qu'il cherche une sorte de "signature" du phénomène qu'il étudie. Il veut le ramener à une logique simple.

Cela explique peut-être ce que l'on juge être ses erreurs. En effet, que va percevoir un Allemand de la culture française ? Que c'est l'anarchie, tout est permis. Et un Français de l'Allemagne ? Que l'on y est   piloté par des normes. C'est effectivement juste, ils ont compris l'essentiel des cultures concernées, mais s'ils en restent là, ils en seront exclus brutalement.

En fait, tout ce qui fait l'intelligence d'une société, ou d'un homme, est ce qui est au delà de l'évident. Tout ce qui s'explique par une règle devient bête, ne vaut plus rien. "Aime et fais ce que tu veux" ? Tant que la machine ne saura pas aimer, elle ne sera pas intelligente ?

La Chine à nos portes

Stratégie et action de la Chine vis-à-vis de l'Europe. Très simple et bien écrit, mais, défaut de ce type d'ouvrage de vulgarisation académique, c'est un empilement de faits, un peu suffocants, d'autant qu'ils font passer l'Europe pour un pigeon que l'on plume. Voici ce que j'en retire :

"Bienvenus chez les Ploucs". Où sont les millénaires de civilisation chinoise, le si admiré raffinement chinois ? Liquidés par la Révolution culturelle ? On ne peut même pas parler de mépris de la Chine pour l'Europe. Pour la Chine, l'Europe c'est néant. La Chine est toute permise, elle ne respecte rien. Elle se moque du droit international ou des idéaux européens, en particulier. Elle ne semble plus que matérialisme. Et elle veut tout prendre. La technologie qui lui manque et les infrastructures, qui lui permettent de mettre les nations étrangères à sa botte. Elle ne donne rien en échange. Les transactions qu'elle fait sont gagnantes pour elle, perdantes pour les autres. C'est un peu comme si vous preniez quelqu'un en pitié et l'hébergiez chez vous, et qu'il vous chasse de votre maison, bien convaincu vous la lui avez volée.

Mais faut-il incriminer la Chine ? Les gouvernements européens sont allés au devant de ses désirs et lui ont même apporté ce qu'elle ne demandait pas ! Le livre parle de "crédulité", mais est-ce tout ? N'apparaît-il pas que les dits gouvernements ont très vite compris où voulait en venir la Chine, et qu'ils ont cherché à en tirer parti, en encourageant le crime ? C'est extraordinairement inquiétant quant à ce que cela révèle sur la nature de nos sociétés. Cela mériterait une étude.

Seulement, le Diable n'a pas voulu des âmes qu'on lui offrait. (Peur ou incompétence ?) Les Chinois ont déçu. L'Europe semble réagir, mollement. Tant qu'elle n'a pas disparu, il reste de l'espoir. Mais les pulsions de mort qui l'animent et la stupidité dont elle fait preuve sont effrayants.

(Quant à la stratégie dont parle le titre, elle consiste, en substance, à appliquer aux Chinois leur politique.)

mardi 30 juillet 2019

Doit-on tout sacrifier à la protection de la vie privée ?

"Tandis que l'objectif essentiel de la chine est d'étendre le contrôle de l'Etat, l'Union européenne défend le principe de protection des individus et de leur vie privée" (François Godement, Abigaël Vasselier, La Chine à nos portes.)

La défense de la vie privée est le fondement de la démocratie américaine. Et c'est une énorme faille. Car, c'est elle qui explique que le malfrat échappe à la justice : il a les moyens, notamment grâce au talent de ses avocats, de jouer sur la lettre de la loi, pour la rendre impuissante. La Chine utilise-t-elle la technique du mafieux ?

Le respect de la vie privée conduirait-il au règne du mafieux, ou du PC chinois ?

Compromis n'est pas français

Je lisais une interview d'une politicienne allemande. Elle faisait du compromis l'équivalent de la prudence chez les Grecs : l'art ultime du dirigeant.

Son incapacité au compromis n'a-t-elle pas tué la 3ème République ? Elle se voulait une vraie démocratie représentative. Le débat des représentants du peuple décidait de tout. Or ces débats produisaient une instabilité chronique. Deux types d'hommes semblent y jouer un rôle fatal. D'une part ce que l'on appelle toujours des "politiques", c'est à dire des jouisseurs qui exploitent les turpitudes de la nation. De l'autre des "purs", comme Clémenceau avant qu'il devienne ministre, prêts à tout faire sauter pour une virgule mal placée.

L'Allemand pense que l'Allemand est quelqu'un de bien. En conséquence, il ne peut avoir totalement tort. Serait-ce cela la recette du compromis... et de la démocratie ?

lundi 29 juillet 2019

737 Max et cours de bourse Max

Un des ingénieurs de Boeing, qui a travaillé sur le 737 Max, a déclaré à la BBC que sa famille ne volerait pas avec cet avion. L'obsession de Boeing était la "baisse de coûts". De ce fait, les modifications majeures faites aux plans du 737 initial étaient qualifiées de mineures, de façon à ce qu'elles ne demandent pas de contrôles coûteux.

Le cours de bourse (triplé en 5 ans), auquel étaient liés les salaires des dirigeants (70m$/ an : salaire du PDG), était la seule chose qui comptait.

Ne sommes-nous pas tous des dirigeants de Boeing ? Mais sans le salaire qui va avec le poste. Notre intelligence est trop souvent artificielle. Nous ne pensons pas, nous sommes dirigés par des obsessions. Comment échapper à ce mal ?

Les paradoxes du changement

La psychologie du pervers narcissique affirme que c'est le même phénomène qui produit le pervers et sa victime. L'un est un égoïste, l'autre un altruiste.

Cela ressemble au phénomène particule / anti particule de la physique.

Et cela rejoint les observations de la théorie de la complexité ou de Kurt Lewin : ce sont les conditions extérieures qui semblent provoquer le changement. Mais le changement semble avoir deux résultats opposés !

On en arrive à la théorie de Bergson : cette opposition pourrait être nécessaire à l'équilibre du système. Peut-être aussi, à terme, à sa capacité à changer ?

dimanche 28 juillet 2019

La stratégie de Boris

Quelle peut-être la stratégie de Boris Johnson ? Rien dans les mains, rien dans les poches, tout au bluff ? (Démonstration du nouvel esprit anglais qui va résulter du Brexit.)

Lorsque j'étais petit, j'entendais l'histoire suivante : un laveur de vitres pour gratte-ciel ayant oublié une vitre, dit à un collègue : pas besoin de nacelle, tiens-moi par les bretelles. Et, alors qu'il nettoie les carreaux manquants, il se met à rire. Pourquoi ? lui demande l'autre. Il n'en faudrait pas beaucoup pour que je te fasse tomber ! J'ai l'impression que c'est ce que pensent les Anglais.

Toujours est-il qu'entre les attaques des Anglais, des Chinois, des Américains et des Russes, et les divisions internes à l'Europe, il ne fait pas bon être Européen. "Ce qui ne tue pas renforce". L'espoir fait vivre.

Start up : culture de l'agression

J'ai découvert récemment l'expression "typosetting". Il s'agit de faire croire que l'on est quelqu'un d'autre, en envoyant un mail d'une adresse qui ressemble à une adresse honnête. J'en reçois beaucoup.

Une start up aurait utilisé cette technique pour obtenir des informations qu'elle avait du mal à tirer d'organismes publics. Paradoxalement, les génies qui l'ont créée (si l'on croit leur site web) n'ont pas pensé qu'un afflux brutal de mails mettrait la puce à l'oreille des dits organismes...

Voilà ce qui est révélateur de ce qui est, ou fut, la culture de la start up ? Une agression contre l'ordre établi par des personnes qui se croient des sur hommes ?

samedi 27 juillet 2019

La liberté : se rebeller sans faire la révolution ?

L'entreprise est un système d'asservissement. Voilà ce que me disait un très haut gradé d'une très grande société. Cela m'a choqué.

A tort ? « Banalité du mal » d'Hannah Arendt. L'entreprise nous pousse à faire des choix que nous réprouvons. Et, si cela n'amène pas nécessairement à la chambre à gaz, cela peut avoir des conséquences graves, à la fois pour l'individu, qui consent volontairement à la servitude, comme le dit La Boétie, mais aussi pour l'entreprise à qui personne ne dira qu'elle se fourvoie. (Le procès France Télécom, en cours, serait-il une illustration de ce billet ? Suicide, et stratégie médiocre ?)

Que faire ? La révolte de Camus. Se rebeller, c’est refuser l’asservissement volontaire qui conduit à la chambre à gaz. Mais attention ! dit Camus, se rebeller ce n'est pas la révolution. Car tout casser produit le drame absolu. Le livre de William Ury, « Comment dire non », explique comment procéder, en trois temps.

La liberté, c'est se rebeller sans faire la révolution ? Et s'il n'en fallait pas plus que cela pour que l'entreprise se libère ?

Mon changement, ton changement

J'ai l'impression que ce que j'entends par changement n'est pas votre définition du terme.

Mon hypothèse est que, pour vous, le changement c'est, par exemple, "entrer dans la maison". C'est un résultat final. Pour moi, c'est "pour entrer dans une maison, il faut ouvrir une porte avec une clé". Le changement est un processus, qu'il s'agit de découvrir, de même que l'on décrit un phénomène naturel.

Voilà qui explique la résistance au changement. En effet, faute d'avoir compris qu'il fallait passer par une porte dont on devait posséder la clé, on se casse le nez sur le mur de la maison.

Le libertaire milliardaire

Libertaire - "Qui n'admet, ne reconnaît aucune limitation de la liberté en matière sociale, politique." (Le Robert.)

Chez nous, quand on pense libertaire, on voit un révolté, qui vit d'expédients, façon Jules Valès. Or, le libertaire moderne est milliardaire. Cela change beaucoup de choses. Parce que, comme tout tyran, il a les moyens de réaliser sa liberté aux dépens de la nôtre. Surtout, il pense que nous lui devons tout. Selon une ligne de pensée extrêmement forte aux USA, lui et une poignée de semblables créent tout ce qu'il y a de bon sur terre. Nous sommes, au mieux, des parasites.

Et si c'était ce libertarisme que l'on appelait, aujourd'hui, libéralisme ?

vendredi 26 juillet 2019

Logique russe

Un ancien espion russe, sur la Russie : du PC, de l'armée et de l'espionnage, il ne reste plus que ce dernier. La classe dirigeante russe est presque exclusivement liée au service de renseignement (l'ENA locale ?). Et elle pense que, quand on est craint, on existe... Voilà qui est simple.

(Une émission de France Culture.)

La conquête de l'espace a-t-elle un avenir ?

La conquête de l'espace a-t-elle un avenir ? se demandait France Culture. Dans mon enfance, j'aurais dit oui.

Qu'est-ce qui a  changé ? Les scientifiques ? Jadis, faute d'éducation, on ne pouvait que les admirer. Aujourd'hui, ils semblent "mal finis". Trop spécialisés, ils pêchent par leur manque d'esprit critique. Or, c'est le propre du scientifique ! Apprentis sorciers ?

Jusqu'aux années 60, la science a été sociale. Les meilleurs esprits combinaient leurs forces pour révéler les merveilles de la nature. Aujourd'hui, on est chez Mad Max, ou au Moyen-âge post chute de Rome. La science a été démantelée. La NASA est une bureaucratie incapable de construire des fusées. Des milliardaires fous, comme Elon Musk, ont mis la main sur quelques dépositaires du savoir ancien, et croient effacer ce qui les a précédés.

Le sujet de la conquête spatiale moderne c'est la recherche de la vie, disait l'émission. Mais, ai-je pensé, on ne sait pas ce qu'est la "vie" ! Et, ne risque-t-on pas ce qui est arrivé lors des explorations terrestres : des épidémies ? Jadis, on explorait pour explorer. Pour "connaître". Nous passions de l'ombre à la lumière. Voilà tout. C'était un acte de foi. Mais nous avons compris que la recherche de la connaissance avait un coût. Cela nous a fait perdre la foi. Voilà pourquoi la conquête spatiale n'a plus qu'un terne avenir ?

Boris Johnson ou la pensée magique ?

Un journaliste m'a parlé de "pensée magique" au sujet d'une mode du numérique. Je me demande si "pensée magique" n'est pas ce qui caractérise la pensée moderne : je crois donc ça marche.

Boris Johnson ? Il a un parcours curieux. Il n'a rien fait de remarquable de sa vie, sinon le clown. Comme ministre : néant ? Quant au Brexit, il était contre initialement : s'y est-il rallié par opportunisme ? (Quand on veut diriger un parti, il faut s'opposer à ceux qui sont en place.) Ce que je comprends de son discours est : sortons de l'UE, et, nous redeviendrons entreprenants.

Mais, déjà, qui est "nous" ? D'où va venir cet élan salvateur et unanime, sachant que l'équipe n'est même pas unie. Et que ceux qui ont voulu le Brexit sont probablement les moins entreprenants du lot ?

(The Economist lui voit un atout : il n'aura pas de trublion dans son gouvernement.)

jeudi 25 juillet 2019

Boeing et le 737, ou les risques du changement ?

Boeing parle d'arrêter la production du 737 Max. Or, c'est son avion le plus vendu. Et il faut des années pour concevoir un nouvel avion.

Boeing a longtemps été un des sujets favoris de ce blog. Car Boeing a été le champion d'un changement mondial : la sous-traitance poussée à l'extrême et à l'absurde. Cela a beaucoup d'intérêt : vous sous-traitez ce qui est compliqué (gestion des hommes, innovation, conception des produits, etc.), vous échappez aux contraintes que vous impose votre Etat d'origine pour assurer la dignité de ses citoyens, tout en accroissant radicalement vos bénéfices, puisque vos sous-traitants sont prêts à tout pour gagner vos commandes.

Les entreprises sont dirigées par des financiers qui les transforment en holdings financières, en étais-je arrivé à penser. Bien sûr, Boeing a dû reculer. Plus rien ne marchait. Question : en quoi le 737 est-il un héritier de cette histoire, et de cette culture ?

Blockchain et bitcoin : qu'est-ce que ça cache ?

Bitcoin, blockchain = compliqué ? Emanation directe du "libertarisme" des milliardaires de la Silicon Valley. La société c'est le mal, l'oppression ; moi (mais pas les autres), le bien. Il faut éliminer la régulation faite par l'homme, et la remplacer par une régulation faite par la machine. Bitcoin et Blockchain, ce n'est pas plus que cela : l'économie auto-régulée. Bitcoin, blockchain = idéologie.

Hegel parlait "d'aliénation", homme opprimé par une abstraction qu'il a créée. Par peur de l'homme, on se donne au Diable ? Plus modestement, la technologie est-elle infaillible ? Outre qu'elle est totalement dépendante d'Internet, la blockchain consomme énormément d'énergie. Récemment l'Iran aurait arrêté des opérateurs nationaux pour cette raison. Le problème du libertaire est qu'il oublie qu'il doit tout à la société. Notre problème est que ces libertaires nous mènent par le bout du nez.

(Origine de la réflexion : une émission de France Culture.)

mercredi 24 juillet 2019

Rome pestiférée

Mondialisation et changement climatique expliqueraient-ils la fin de Rome ?

En 530 s'installe le petit âge glaciaire, un refroidissement brutal. Combiné avec la liberté de déplacement des rats, il aurait favorisé la propagation de la "peste". Elle aurait tué la moitié des  populations concernées. (Recension de la Vie des Idées.) L'empire romain était secoué régulièrement par des épidémies, mais celle-ci fut particulièrement violente.

Explication crédible ? En tout cas, ce travail s'inscrit dans toute une liste de travaux qui attribuent la fin des empires à des incidents climatiques. En un temps où le scientifique est obnubilé par l'effet de serre, on peut se demander s'il ne cherche pas à nous communiquer son inquiétude.

L'émergence de la musique

J'entendais Marek Janowski dire que le 19ème était l'âge d'or de la musique symphonique. (Les grands entretiens de France Musique.) Je me demande aussi si la littérature ou la science n'ont pas passé leur âge d'or. Quant à celui de la philosophie, il fut grec et allemand, dans l'espace de peu de générations. Ensuite, on n'a fait que couper le cheveu en quatre.

On a peut-être tort de croire que le progrès est continu, que demain ressemblera à hier, en mieux. Application de la théorie de la complexité ? De temps à autres, les conditions sont favorables pour "l'émergence" de quelque-chose de neuf ?

Les intermittences de la SNCF

Mardi 14h36, gare Saint Lazare : les panneaux d'affichage annoncent qu'il n'y a aucun train dans la gare... (Ce qui est le cas.) 
Que se passe-t-il à la SNCF ? Mystère. 

mardi 23 juillet 2019

La vérité sort de la bouche de l'intelligence artificielle

Comme je le disais dans un précédent billet, l'intelligence artificielle semble avoir une curieuse propriété : elle nous révèle nos turpitudes.

Par exemple, on dit qu'un chatbot, qui avait appris à parler avec Twitter, s'est mis à insulter ses interlocuteurs : le principe des discussion sur Twitter est l'insulte. On multiplie les exemples d'IA raciste et sexiste, parce qu'elle a appris des pratiques d'une entreprise, ou d'une collectivité, et qu'elle en a extrait l'essence. Voilà peut-être pourquoi personne n'a utilisé des écologistes pour apprendre le développement durable à l'IA.

Et s'il y avait là un intérêt sous-estimé de l'IA ? En extrayant les principes d'une société, elle nous tend un miroir, elle nous aide à corriger nos moeurs ? Castigat ridendo mores ? L'IA, Molière du 21ème siècle ?

Livre illisible

Les dix livres que vous n'avez pas finis, demandait France Culture. J'ai pensé à Ulysses de James Joyce. Effectivement, il est en tête. En dehors du n°2, je connais toute la liste. Je les ai presque tous finis, mais, effectivement, je n'en garde pas un souvenir heureux. Je n'ai pas été emporté par l'action. Bonne liste.

Ce n'est pas la complexité qui me fait arrêter (sauf pour Ulysses), c'est la prétention. Contentement de soi supposé ou art pour l'art (de Flaubert, qui est dans la liste). Pour une raison ou pour une autre, l'auteur oublie le lecteur. Peut-être aussi n'avons nous pas la culture de ceux qui ont loué ces livres.

(A l'envers, de plus en plus, le lecteur oublie l'auteur. Il ne fait aucun effort pour comprendre ce qu'il apporte de réellement utile : la nouveauté. Drame de l'égoïsme ?)

Le numérique ou l'exploitation de l'homme par l'homme ?

Un gourou du MIT disait que le "hacking" (piratage) était le principe de l'entreprise numérique. Plus exactement, elle nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Hervé Kabla en donne un exemple. Une application vieillit vos photos. Amusant ? A l'heure de la reconnaissance faciale, votre visage est la clé de votre compte en banque... Surtout, cette information est celle dont a besoin un réseau neuronal (et dont dispose Facebook) pour apprendre à vous pister.

L'industrie du numérique exploite la division des tâches, le propre du capitalisme et ce qui fait qu'elle en sait plus que nous, pour nous mener en bateau. Ne serait-il pas temps de s'interroger sur la moralité de ses entrepreneurs, et sur leur apport à la société ?

lundi 22 juillet 2019

Humanité de l'intelligence artificielle

On me racontait l'histoire suivante. Quelque part en Asie, on dresse l'Intelligence artificielle à reconnaître une foule, de façon à ouvrir certaines portes aux bons moments. Or, un jour de grand afflux, dû à un grand événement, les portes restent fermées. On ausculte la machine. On découvre qu'elle a repéré une pendule, et qu'elle a constaté que les foules se présentaient à certaines heures. Du coup elle a appris qu'il fallait ouvrir les portes à ces heures.

Je dois avouer que j'ai pensé que c'était un comportement intelligent...

Mais il se trouve que l'on vient de me raconter une histoire étrangement similaires. Deux chambres de commerce se livraient une guerre fratricide. Pour collecter le maximum de taxe professionnelle, elles se battaient pour attirer les entreprises sur leur territoire. Mais, il ne leur venait pas en tête qu'elles devaient oeuvrer à l'intérêt général. La CCI n'avait qu'un but dans la vie : la taxe professionnelle.

Y aurait-il quelque chose en commun entre l'intelligence artificielle et l'intelligence humaine ? Cela pourrait être la paresse intellectuelle. Le propre de l'homme est la complexité (cf. la notion complexe "d'intérêt général"), mais, dans certaines circonstances, son cerveau tend à se mettre en veille.

L'intelligence artificielle n'aurait-elle encore identifié que cette partie de notre personnalité ?

Scenes of clerical life

George Eliot est inconnue en France et, pourtant, un des plus grands écrivains anglais. Ce livre est son premier roman, plus exactement un recueil de trois longues nouvelles. Il y est question de pasteurs. Entre pasteur et curé il y a une immense différence : le mariage. Cela rend le pasteur à la fois susceptible aux attraits de la chair et un objet de concupiscence. Donc un excellent sujet de roman. D'ailleurs, d'après l'introduction, le roman de pasteur faisait fureur en ces temps.

Les trois nouvelles ont une même structure. D'abord, un long séjour dans la vie de la petite bourgeoisie provinciale anglaise du début du 19ème siècle, puis un dénouement brutal, et édifiant.

Ce sont des histoires de changement et de mort, de quotidien mesquin et de miracles. L'amour désintéressé d'une personne permet à une autre d'accéder à la grâce.


Crise en Chine ?

Les investisseurs se détournent de l'industrie numérique chinoise, jugée malsaine, disait le Financial Times.

Un signal de plus que la bulle numérique, en particulier celle de l'Intelligence artificielle, pourrait éclater. Qu'est-ce qui va lui succéder ? En tout cas, pour la Chine, cela pourrait être inquiétant : son avenir semblait en dépendre beaucoup, ainsi que ses millions de diplômés qui croyaient y trouver un emploi...

dimanche 21 juillet 2019

Pragmatisme anglo-saxon

"Des caméras de surveillance chinoises sont toujours utilisées par des bases militaires américaines." disait le Financial Times, il y a quelques jours.

Il y a peu, il n'était question que des merveilles du marché. L'armée, en particulier, devait y acheter ses matériels. Ce serait mieux et moins cher. La Chine était une sorte d'enfant prodigue. Il fallait l'imiter. Elle secouait notre paresse. Elle était l'innovation, le bien, nous étions des arriérés. Aujourd'hui, la Chine est l'Ennemi.

C'est le propre de l'Amérique. Elle part dans une direction, en justifiant sa décision par quelque loi divine, puis elle découvre son erreur, et elle prend le sens inverse, en toute amnésie. Ce qui montre que ce qu'elle dit n'est qu'une justification de ce qu'elle considère comme son intérêt à court terme. Elle ne croit pas en la raison. C'est le pragmatisme.

Quant à l'Europe, ce qui lui est propre est de croire ce que disent les USA.

Qui est Boris Johnson ?

Ce blog essaie de comprendre la logique qui explique le comportement des grands qui nous gouvernent. Avec Boris Johnson, la tâche pourrait être difficile.

A première vue, il s'inscrit dans un mouvement de "dégagisme" mondial. Nous avons été gouvernés par ce que l'humanité fait de mieux en termes d'éducation et de morale. Or, il s'avère que les classes gouvernantes sont les seules à avoir profité de leur politique. Réaction : élire ce qu'elles ont affirmé être le mal absolu. Ce mal absolu est généralement un homme fort qui s'inscrit dans la tradition du pays, et dont les valeurs sont opposées à celles de l'élite globalisée.

Boris Johnson s'explique en partie ainsi. Je le perçois comme une caricature de Churchill. Plus exactement, une caricature de la haute société anglaise éteinte après guerre. Ce qui correspond, chez nous, à l'aristocratie d'ancien régime. Déçu par ce que lui proposait le présent, l'Anglais revient au passé, comme tout le monde.

Le problème c'est "caricature", car Trump, Poutine ou Bolsonaro ont quelque-chose de l'original, ils ont un moteur propre. Où peut aller une caricature ?

samedi 20 juillet 2019

Quantum supremacy !

Quantum supremacy ? C'est le moment où un ordinateur quantique fera ce que ne sait pas faire un ordinateur normal. Mais l'ordinateur normal continuera à faire ce que l'autre ne saura pas faire. Et, au moins au début, l'ordinateur quantique fera des choses difficiles, mais inutiles. Avant de parvenir à des applications utiles il faudra résoudre une quantité de casse-têtes techniques, sur lesquels on sèche. (Lien vers plus de détails.)

Quantum supremacy ? S'il y a eu un changement ces dernières décennies, il est chez les ingénieurs. Ce ne sont plus des scientifiques, mais des publicitaires, arrogants de surcroît.

(Cela fait au moins deux ans que Google annonce qu'il va y parvenir "avant la fin de l'année". Google : des gens sérieux ?)

Les effets imprévus de la retraite

Quels vont être les effets de la nouvelle loi sur la retraite ? se demandait France Culture.

Si j'ai bien compris, ce sont les effets habituels. Cette nouvelle loi amplifierait les inégalités. Si vous en avait bavé durant votre vie professionnelle, notamment parce que vous avez eu des hauts et des bas, vous en baverez encore bien plus à la retraite. Bien sûr, pour les "plus pauvres", il y aura un "filet de sécurité". Ce qui pose le problème usuel : qui sont ces "pauvres", et le sont ils vraiment ? et ne sont-ils pas un moyen de masquer la dégradation des conditions de vie de la "classe moyenne", qui, elle, n'est jamais aidée ?

Et si l'on s'interrogeait sur "l'esprit des lois" ?

vendredi 19 juillet 2019

GAFA et LVMH

M.Arnault serait plus riche que M.Gates. Seconde fortune mondiale. Et si l'avenir n'était pas numérique ? LVMH c'est l'émanation d'une exception culturelle française : le luxe. Et, ce savoir-faire millénaire, le peu qu'il en reste ?, vaut cher.

J'ai d'ailleurs toujours pensé que M.Jobs était un designer. Et que si Apple avait une telle valeur, c'est parce qu'il avait conçu des objets d'art.

L'art, au fond, est l'anti artificiel. On ne sait pas pourquoi, mais il y a des gens qui ont du talent. Et tout ce qu'ils touchent vaut, on ne sait pas pourquoi, cher.

Nucléaire iranien : à quoi tient une crise

Je m'interroge sur les raisons de la politique de M.Trump vis-à-vis de l'Iran. Jusque-là, je suis arrivé, à mon avis, à expliquer un bon nombre de ses décisions, mais, pour celle-ci, c'est un échec. Serait-il aux mains d'une minorité d'illuminés (américains), qui veulent liquider l'Iran pour accélérer leur arrivée au paradis ? Sous-estimerions nous la volonté hégémonique perse ?... Rien ne semblait très crédible.

En fait, M.Trump aurait, simplement, "voulu contrarier Obama".

A moins qu'il y ait là une logique ? M.Trump fait le contraire de ce que l'on a fait avant lui (ne l'a-t-on pas élu pour cela ?), et, si ça résiste (comme Obamacare), c'est qu'après tout ce n'était peut-être pas si mauvais que cela ?

Variante du pragmatisme anglo-saxon ?

jeudi 18 juillet 2019

La pratique du changement

Suite du bilan. Ce que montre la pratique, c'est qu'il faut se méfier de la théorie. En termes de changement, l'intuition est généralement bonne conseillère. La théorie lui coupe les ailes. La théorie ne vous dit pas ce qu'il faut faire, elle vous explique a posteriori ce qui s'est passé.

Celui qui vous dit que le propre de l'homme est de résister au changement n'est pas sérieux. Le propre des organisations humaines, un peu solides (i.e. pas une start up), est le changement. Nécessité fait loi. Les mécanismes de changement sont dissimulés, certes. Ils sont inconscients, en fait. Mais si on examine l'histoire de l'organisation, ils apparaissent. Ensuite, il existe des techniques qui permettent de faire bouger l'organisation. Leur principe consiste 1) à lui trouver une motivation, 2) à proposer un dispositif de mise en oeuvre du changement qu'elle sait appliquer (i.e. qui correspond aux mécanismes de changement qu'elle a adoptés dans son histoire).

Si l'on a oublié tout cela, c'est probablement du fait de la croyance au mythe du changement immédiat, objet d'un précédent billet. Pour autant, nous ne sommes pas intégralement pénétrés de ce mythe : la réalité est là pour se rappeler aux bons souvenirs de notre inconscient.

En conséquent, la conduite du changement contemporaine consiste à zigzaguer entre les manifestations, imprévisibles, des égoïsmes individuels, les mines anti personnel du changement, pour mettre en mouvement les réflexes collectifs de l'organisation.

Egoïsme et société

Trop de confiance en soi peut être dangereux. J'ai observé ceci chez une jeune personne :

Systématiquement, elle suit son impulsion. Que ce soit en maths, vis-à-vis de la fermeture des volets, ou de la passoire à thé. Cela ne marche pas. J'ai raison ! Injustice et révolte.

Je me demande s'il n'y a pas là le principe directeur de notre société. Cette société a créé les conditions de l'égoïsme. Quoi qui me passe par la tête, j'ai raison ! Ce qui explique que le type de techniques du changement dont parle mes livres n'intéresse pas. Pour changer de changement, il faut commencer par changer l'état d'esprit de la société, ce qui signifie changer les conditions qui provoquent cet état d'esprit ?

mercredi 17 juillet 2019

Le changement, un bilan

Cela fait bientôt vingt ans que le changement est devenu pour moi une monomanie. Cela avait probablement commencé beaucoup plus tôt, mais c'est à ce moment que j'ai étudié sérieusement la question. Qu'en ai-je tiré ?

Récemment, j'ai été approché par un rédacteur de wikipedia qui m'a demandé des références sur le changement. J'ai réalisé que j'étais échec et mat. Personne n'a rassemblé tout ce qui est écrit sur le sujet, depuis que l'on écrit. Pire : aucun philosophe ne s'est penché sur la "phénoménologie" du changement. Pourtant qu'est-ce qu'il y a de plus important que le changement ? Le philosophe parle de changement, sans se demander ce que c'est. Il a sa petite idée sur ce que ça devrait produire. En termes de changement, on en est au stade de la pluie chez les anciens : on lui donne des ordres, ou on lui consacre des processions propitiatoires.

Je pourrais me lancer dans une thèse sur le sujet. Seulement, je me méfie de la raison. Je ne suis pas sûr que rassembler ce que l'on a écrit sur le changement ait un intérêt. J'ai peur de trouver, au bout d'années d'efforts, que la raison est victime d'un vice de forme, d'un péché originel. Alors, j'ai adopté une démarche semi empirique. J'essaie d'aider à changer ce qui, de son avis même, ne va pas très bien.

Mon sujet est le changement social. J'ai fini par comprendre, c'est le résultat principal des deux décennies, que la façon dont une société aborde le changement dépend de son "esprit", au sens de Montesquieu. A l'origine de nos comportements se trouve un "principe", qui change, mais qui est l'objet d'un consensus à un instant donné. Actuellement, ce principe est, approximativement, la satisfaction immédiate de ses désirs. Je suis persuadé que ce qui me vient en tête est le bien absolu, qu'il devrait survenir immédiatement. Cela conduit au changement comme affrontement. Mais, attention au piège : l'affrontement peut revêtir de multiples aspects. Le rapport de forces à la M.Trump est minoritaire. C'est surtout la manipulation, la "perversion". Ou, pour le sans-grade, la "tête contre les murs" : le conflit entre volonté et réalité pouvant mener à la dépression.

D'où viennent les "principes" ? De la société. La société d'après guerre a protégé et choyé ses enfants. Ils ont cru que la vie était un jeu, que tout leur était dû. Elle en a fait des égoïstes. Mais l'égoïsme conduit à la crise... Aujourd'hui, on a peur. On parle de développement durable, d'humanisme...

La société semble changer comme l'eau, par phase. Le Graal de la théorie de la complexité est de trouver un équivalent de la température qui traduirait l'état d'une société et nous indiquerait si nous sommes proches d'un changement de phase...

Emergence et changement

La théorie de la complexité parle "d'émergence". Dans certaines conditions un groupe "d'individus" acquiert des propriétés qui lui sont propres (propres au groupe), et que l'on ne peut pas prévoir à partir des propriétés de l'individu pris isolément.

Ainsi, les fourmis ont la capacité de faire des ponts de fourmis, et de passer des trous, ou de construire des radeaux (ou plutôt des bouées) de fourmis, et de flotter sur l'eau. (Article.)

L'émergence apparaîtrait lors d'une "transition de phase". Les conditions extérieures placent les individus dans une situation qui va révéler la propriété collective potentielle.

Je me demande si ce raisonnement n'a pas un biais. L'individu n'existe pas en tant que tel. Sans "fourmis", il n'y aurait pas de "fourmi".

mardi 16 juillet 2019

L'éducation enrichit

M.Obama est très riche, les Gilets jaunes sont très pauvres. Si l'on confiait la question des inégalités à l'intelligence artificielle, il est probable qu'elle nous dirait qu'elles sont corrélées à la politesse.

Dans une logique d'égoïsme décomplexé, chacun lutte avec ses armes. Les classes éduquées font de beaux discours, les classes incultes hurlent.

Curieusement, lorsqu'un intellectuel grand bourgeois, Jaurès, Marx ou Sartre, rejoint le peuple, au lieu de lui apporter son éducation, il l'encourage à l'incorrection. Comme s'il croyait qu'elle était génétique.

A une époque de théorie du genre, où l'on pense que toute différence résulte de la société, pourquoi cette idée n'a-t-elle pas atteint la question des inégalités ? Et si l'inégalité était une question d'éducation ?

Le paradoxe du diplôme

Roman graphique, une de mes découvertes. Comme plus personne ne sait lire, on a transformé le livre en images. Mais on a appelé cela "roman" pour ne pas faire perdre la face au lecteur. D'autant qu'il se croit très intelligent puisqu'il a le bac, et souvent cinq années d'études en plus.

Des gens qui n'ont pas été formés pour penser, mais qui croient être supérieurement malins : quel avenir nous préparent-ils ?

lundi 15 juillet 2019

Incorrection du marché

C'est étonnant à quel point nous dépendons du plastique. Une illustration d'une vieille édition du petit Larousse m'a fait penser cela. Il n'y a pas que l'emballage, il y a beaucoup d'autres applications, telles que la colle ou les cosmétiques.

Le plastique est le produit d'un autre temps. On pensait alors que l'homme apportait la civilisation à la nature. Il la cultivait, à tous les sens du terme. Ce qu'il faisait était bon. On a fini par se demander si l'on n'avait pas tort.

Pour changer une société, il faut entrer dans sa logique. Or la logique de l'entreprise, c'est le coût. Les gouvernements légifèrent et taxent, les entreprises envisagent d'autres contenants. Et alors, nouvel effet vertueux : cela ouvre des marchés à l'innovation... Jusqu'à ce qu'on découvre qu'elle a des "externalités négatives"...

(Financial Times sur les remplaçants de l'emballage plastique. On produit 350m de tonnes de plastique par an.)

Waverley

Le roman par lequel Walter Scott a connu la célébrité. Walter Scott mériterait d'être pris au sérieux, chez nous. C'est une hirondelle qui a fait beaucoup de printemps. Avec lui démarrent les nationalismes, mais aussi le culte romantique des nations fières et mystérieuses, les Ecossais, dans son cas, puis les Espagnols et les Corses, avec Mérimée et d'autres. Mais il a surtout un style très particulier, que l'on retrouve chez Victor Hugo. Sans Walter Scott, il n'y aurait certainement ni Han d'Islande, ni Notre Dame de Paris (et, d'ailleurs, peut-être pas, non plus, la Notre Dame qui vient de brûler).

Ce qui me semble caractériser ce style, c'est la structure. Il y a, d'une part, un découpage en scènes frappantes. D'autre part les personnages, nombreux, ont une identité propre. Ce ne sont pas des faire valoir, mais des êtres humains. En particulier, chacun a sa langue. La trame est historique. Surtout, le récit donne à l'auteur l'occasion de considérations sur la nature humaine, et sur celle des peuples.

Ici, un jeune et innocent anglais, venu visiter l'Ecosse, découvre le peuple noble et farouche de ses montagnes austères, et se laisse séduire par un jeune et ambitieux chef de clan (d'autant plus dangereux qu'il a été élevé à la cour de France, dont il a pris les usages perfides), et entraîner dans la dernière tentative de restauration des Stuart, en date.

dimanche 14 juillet 2019

Malicide

Depuis quelques temps, on entend parler de "féminicide". Violence conjugale.

Mais, n'y a-t-il pas aussi un "malicide". En effet, l'espérance de vie de l'homme est très inférieure à celle de la femme. Or, on nous répète que les différences qu'il peut y avoir entre hommes et femmes ne peuvent qu'être dues à l'influence de la société. En conséquence : qu'est-ce qui tue l'homme ? Ne serait-il pas temps de s'en émouvoir ?

Paradoxe du progrès

Pourquoi a-t-on aimé l'atome, hier, pourquoi le craint-on, aujourd'hui ? Pourtant, il était plus dangereux hier qu'aujourd'hui ?

Dans mon enfance la famille, l'Education nationale et l'Etat donnaient aux enfants des livres qui parlaient des merveilles du progrès et expliquaient le fonctionnement d'une centrale nucléaire. Je viens d'en retrouver un. Lavage de cerveau ? Mais tout le monde était d'accord pour dire que le nucléaire, c'était le progrès.

Sans que l'on sache trop pourquoi, le doute s'est installé. Il y a eu un revirement d'attitude complet. Le plus curieux est peut-être que les gens du type de ceux qui distribuaient des livres sur le progrès accusent maintenant ceux qui les ont crus d'être des forces du mal...

Confondrait-on gouverner et manipuler ?

samedi 13 juillet 2019

Disco et Rock

Autodafé de disques de Disco à Chicago, racontait France Culture (pour la seconde fois, dimanche dernier).

Lutte de cultures. Illustration d'un cours d'anthropologie ? Le Rock c'est l'Amérique profonde, virile. Le Disco, contre culture de la jeunesse aisée. Le Disco envahissait tout. La réaction a été violente.

Eternelle Amérique ? Une haute société qui veut imposer sa domination, par la culture ; une basse société qui se défend, incorrectement ?

Les paradoxes du marché

On lit, et on m'a enseigné, que le marché devait produire le meilleur des mondes : si les boulangeries de votre quartier ne fabriquent pas un bon pain, alors, il y a de la place pour un meilleur boulanger.

Or, il semble que ce soit le contraire qui se soit passé. La concurrence semble produire l'identité, plutôt que l'innovation, et l'inutile. Les voitures, l'électroménager, l'informatique... sont pleins de fonctionnalités qui ne servent à rien, qui nuisent à la fiabilité du matériel et qui, en plus, consomment une quantité invraisemblable d'énergie. Etrangement, nous serions prêts à payer autant, voire plus, pour plus simple et plus durable.

En fait, il semblerait que le marché ne soit pas réglé par la concurrence, comme on le croit, mais par des mécanismes de coordination inconscients, qui visent à s'opposer à la concurrence. Paradoxalement, ces mécanismes conduisent à un minimum absolu, à l'opposé de ce que prétend la théorie économique.

vendredi 12 juillet 2019

Etes vous admirable ?

"Les saints du paradis, comment pouvaient-ils être autre chose que beaux et purs ? Aucun mérite. Mais les saints de la boue. C'était le miracle éternel. C'était ce qui faisait que la vie valait la peine d'être vécue." (Martin Eden, Jack London)

Admirons-nous les bonnes personnes ? La dépression expliquée ?

Principes et décision

Dans certains journaux la façon dont le président de la commission de l'UE a été élu est dit non démocratique. Vieux problème. Qu'est-ce qui compte ? Le respect des principes, ou les résultats d'une décision ?

Suivre aveuglément des principes mène généralement à l'envers de leur esprit. Aucune décision n'est mécanique. Elle peut s'inspirer de principes, mais, au fond, elle part de zéro. Ce qui compte est son résultat. Rien ne peut dégager notre responsabilité.

jeudi 11 juillet 2019

Sommes-nous capables de juger ?

La célébrité transforme un homme, dit Jack London. Du jour au lendemain, on se bat pour être vu avec la personne que, hier, on méprisait. Pourtant, elle n'a pas changé.

Mystérieux effet. Il y a des gens qui sont capables de donner la célébrité, et d'autres qui admirent la célébrité. Peut-être y en a-t-il encore d'autres qui savent se faire une opinion, propre ? Inné ou acquis ?

L'oligarque russe lance la mode

La Rolls-Royce moderne a une drôle de tête. On dirait un bulldog. Tout est dans la gueule. Aucune distinction. En fait, ai-je découvert en battant le pavé, c'est la mode. Les voitures de luxe ont toutes cette gueule.

Cela fait mafieux. Clinquant et volonté de puissance. Je suis riche parce que je suis le plus fort. Et je veux le montrer.

Hier, le nouveau riche voulait se fondre dans l'aristocratie. Aujourd'hui, on n'a plus d'aristocratie. La culture de la classe supérieure est celle du parvenu inculte.

Edgar Morin dit que le changement part des marges. C'est l'oligarque (russe) qui est le modèle de celui-ci ?

mercredi 10 juillet 2019

Psychologie de l'utilisateur de trottinettes

Je viens de découvrir que la trottinette était un objet spéculatif. La trottinette électrique a fait un malheur chez les fonds d'investissement, on y investit des centaines de millions. C'est pourquoi il y en a autant.

Rationalité économique ou idéologie ? On retrouve derrière ce mouvement les Google, les Uber et autres activistes d'une transformation de la société par le marché. J'observe d'ailleurs que pas mal de cadres branchés utilisent la trottinette. Le cadre branché est cool. Il brasse des millions et nos vies, mais il a aussi des plaisirs enfantins. C'est un être parfait qui un de gros diplômes, une grosse situation, et un gros physique. Comme les nobles d'hier, il s'aime et il se montre. Il se plaît à choquer les conventions d'un peuple d'inférieurs. La trottinette : le destrier du surhomme ?

(Dans mon enfance, la trottinette, ou patinette, était un jeu de petite fille. Curieux comme le monde change !)

Esprit d'entreprise est-il français ?

On veut encourager la PME, car la PME est susceptible de créer de l'emploi, mais la PME est-elle "encourageable" ?

Les recherches sur le sujet ne permettent pas de se faire une idée absolument nette. Mais la plupart des études, comme celle-ci, semblent dire que le créateur d'entreprise français n'est pas un entrepreneur. Il n'en a pas les motivations. Seules 14% des créations d'entreprise le sont pour lancer une nouvelle idée. L'entrepreneur est surtout motivé par l'indépendance (61%), sortir du chômage, ou saisir une opportunité, qui est une autre façon de nommer le chômage, parfois : son employeur a décidé de sous-traiter son activité.

Que se passe-t-il à l'étranger ? Une étude de petites entreprises américaines les répartit en 4 segments à peu près égaux. Il y a les "créateurs passionnés", les "indépendants" (solitaires), les créateurs d'héritage (dont la motivation est de laisser un héritage à leurs descendants), et les survivants en difficulté (qui vivent au bord de la faillite - mais peuvent venir des autres catégories).

mardi 9 juillet 2019

Instabilité française

La cinquième république a pour cause notre instabilité. Durant la 3ème république, les gouvernements valsaient sans arrêt. Le général de Gaulle est revenu à un régime semi monarchique. Il ne donne pas satisfaction : un homme seul, et a fortiori un homme politique, a-t-il les capacités pour gouverner seul une nation ?

La 3ème république a probablement été construite sur le modèle des démocraties antiques. Or, ces démocraties n'étaient pas stables. Les décisions étaient prises sur des coups de tête d'une foule enflammée par un orateur. C'est ce qui semble être arrivé à la 3ème république. Le discours de Clémenceau, que l'on prend d'ordinaire pour un homme à poigne, a fait sauter moult gouvernements, y compris un des siens !

Et si ce qui manquait à l'assemblée nationale était un procédé de décision collectif efficace ? Et hop, on passe à la 6ème république ?

(Exemple de technique efficace ?)

La Voie d'Edgar Morin

Pour Edgar Morin, l'avenir de l'humanité est sombre, voire désespéré. Y aurait-il une "voie" à emprunter, pour la sauver ? Cette voie, nous dit la théorie de la complexité, doit conduire à une "métamorphose".

Quand je parle d'Edgar Morin à mes amis, des intellectuels sensibles au développement durable, tous prennent une mine embarrassée. Ils ont essayé de lire ses livres, mais ont abandonné. Ce qui est surprenant. Car Edgar Morin écrit simplement. Seulement, il asphyxie le lecteur par une accumulation de faits. Ce qui produit l'abattement.

Pour ma part, je suis arrivé au bout du livre. Il recense les problèmes de l'humanité. Pour chacun, il rappelle, rapidement, tout ce qu'on sait sur le sujet. C'est du niveau de ce qu'on lit dans les journaux. Donc ni surprenant, ni original, ni compliqué. Parfois un peu de recul critique aurait été souhaitable, ai-je pensé. Mais l'accumulation suffoque. D'autant que la théorie de la complexité affirme que tout est lié à tout. Donc par quel bout prendre le problème ?

Pas de solution. Ou plutôt des solutions, partielles, exprimées d'une façon extrêmement directive, voire totalitaire, "il faut...". Aucun gouvernement ne pourrait se permettre de les mettre en oeuvre sans déclencher une révolution ! Il conclut, en substance, que la situation est désespérée, mais que le désespoir produit des miracles.

Et si, pour lui, la voie était qu'il n'y avait pas de voie ?

(Ce qui est le message de l'existentialisme : c'est l'absurde qui produit la métamorphose.)

lundi 8 juillet 2019

Apprendre c'est changer

Aristote parlait de puissance et d'actes. Nous avons un potentiel, qui nous est propre, de changer, par exemple de devenir un champion auto, nous sommes alors un champion auto "en puissance", mais le changement ne se fera pas obligatoirement. S'il se réalise, il sera "en actes".

Je crois que l'apprentissage, c'est ce procédé mystérieux de changement. Nous créons des circonstances qui font que nous devons nous transformer. Mais ce procédé est hautement irrationnel, contrairement à ce que croit l'Education nationale. Car, la seule chose que nous sachions est que nous souffrons. Mais, si nous avons assez de force pour taper suffisamment contre les murs, une idée peut surgir. Et nous devenons un autre. Tout ce qui compte dans le changement est l'optimisme : la volonté increvable de se relever des échecs.

Le progrès marche sur la tête ?

J'achète une machine à laver le linge. Pourquoi de telles différences de prix ? La qualité n'est plus ce qu'elle était, me répond-on. D'ailleurs, il y a de plus en plus d'électronique (notamment des systèmes qui permettent de programmer un lavage différé), qui ne sert à rien (la grande majorité des gens n'utilise qu'un programme), et l'électronique, c'est fragile.

Si bien que j'ai acquis la machine la plus simple, et la plus chère, et encore avec une garantie la plus longue possible (chacun sachant que la machine tombe en panne le lendemain de la fin de garantie)...

N'y aurait-il pas quelque-chose qui ne va pas dans la logique du monde ?

dimanche 7 juillet 2019

Les épinglés

France Culture remplace Les papous par Les épinglés. Formule similaire. Il semblerait que la productrice de l'émission l'avait arrêtée suite à un conflit avec la directrice de France Culture. Une partie de l'équipe des papous a repris l'affaire. Tu quoque mi fili ?

Ce n'est pas la première fois que cette histoire se produit chez France Culture. Ce qui est curieux car, ne s'attendrait-on pas à ce que la loi de la culture s'y applique ? C'est à dire le copyright ? Le droit du créateur ?

Mais, il y a aussi des enjeux financiers : les participants à ces jeux se font gratuitement de la publicité, et la chaîne a accès à un contenu populaire, qui ne lui coûte pas cher. Dans une société individualiste, le premier des droits est l'intérêt personnel ?

Ethan Frome

Un livre, plutôt une nouvelle, que l'on ne raconte pas. Histoire d'enfermement : neiges de Nouvelle Angleterre quasi éternelles, pauvreté, relations sociales. L'enfer c'est les autres ?

Ce qui est inattendu d'Edith Wharton, qui appartenait à la haute société américaine du 19ème siècle, celle qui vivait dans le loisir, parcourait le monde, achetait des châteaux.

En tout cas, une de ses oeuvres marquantes.

samedi 6 juillet 2019

Notes du bac

Certains correcteurs ont décidé de ne pas rendre les copies du bac. C'est cela la grève à la française. Ses victimes sont toujours les faibles. On dit que nous sommes le pays de la "logique de l'honneur", mais y a-t-il le moindre honneur à profiter de la veuve et de l'orphelin ?

Cela devrait nous amener à nous interroger sur la culture de notre pays. Car, contrairement à d'autres nations, nous n'avons pas de culture de compromis. Nos gouvernements ne croient qu'à la force, ou, plutôt, à la dissimulation. Car, si la résistance est assez forte, ils reculent. Ce qui justifie les grèves les plus abjectes.

Mauvaise vague ?

Audiard, Blier, Gabin et Ventura ont été haïs par la Nouvelle Vague, disait un reportage trouvé sur YouTube. Pourquoi autant de haine ? D'autant que c'était une bande de copains bien inoffensifs.

Que reste-t-il de la Nouvelle vague ? Des oeuvres qui ont peu marqué, mais surtout une destruction du cinéma français, qui n'est plus que l'ombre de lui-même ? Destruction destructrice ? Et si le talent de la Nouvelle vague n'avait pas été artistique, mais critique ?

vendredi 5 juillet 2019

M.Macron, tacticien hors normes ?

Que retenir des dernières manoeuvres européennes ?

Je n'y connais rien, mais, il me semble que c'est une victoire pour M.Macron. D'abord, ça a été l'artisan du changement. Un Français sans complexe, une première. Ensuite, il a transformé ce qui était annoncé comme une prise de pouvoir de l'Allemagne sur l'UE en un triomphe français. Mes arguments :

Outre la domination allemande, on parlait de "Spitzenkandidat". Les postes à la tête de l'UE devaient être attribués mécaniquement à des politiciens obscurs. Processus "démocratique", disait-on. Une Europe grande puissance peut-elle avoir des leaders médiocres ? Au lieu de cela, l'UE est maintenant dirigée par des personnalités de première notoriété. Mme von der Leyen devait être la remplaçante de Mme Merkel. Elle est la fille d'un homme politique qui a dirigé une région allemande pendant une durée record ; qui aurait pu prendre la suite d'Helmut Kohl ; et qui a mis un terme à sa carrière après une défaite face à Gerhard Schröder. Charles Michel, l'ancien premier ministre belge, est un Wallon, ce qui est pire qu'un Français. Et, avec Mme Lagarde, c'est la fin de la rigueur annoncée à la banque européenne. En outre, ce sont probablement des personnalités sur lesquelles M.Macron peut avoir de l'influence.

Je m'interroge sur M.Macron et sur ses qualités, depuis que j'en ai entendu parler. Jusque-là, j'étais perplexe. Mais, cette fois, je crois en distinguer une, exceptionnelle. C'est un tacticien hors pair, genre Napoléon. Peut-être mieux élevé, mais pas plus de complexes. Je lui ai reproché sa stratégie aux européennes, son absence de profession de foi, mais, même là, je reconnais que c'était efficace : tant que Mme Le Pen sera présente, il ne craint rien. En outre, sa position centrale lui permet de voler les idées, et l'électorat, du parti traditionnel qui a des velléités de se reconstituer. Avec l'élection présidentielle, cela fait trois victoires de suite. Et la dernière, contre le cours du jeu.

Maintenant, la question qui se pose est : qui de Trump et de Xi Jinping ? Il est à l'aise dans la bureaucratie internationale, mais est-il tous terrains ?


Dans la tête du patron de PME

Un ami, dont la femme est chinoise, me disait que le Chinois est un homme d'affaires. Et si l'économie n'était pas une question d'équations, mais de culture ?

Plus j'étudie l'Allemagne, plus je me perds en conjectures. La PME allemande semble parfaitement optimisée. Le propre de l'entreprise allemande c'est "la perfection dans la banalité", lisais-je. Mais ce n'est pas le résultat d'une volonté individuelle. C'est comme si toute la communauté et toutes les générations se liguaient pour faire réussir les entreprises du pays. C'est comme si l'Allemagne avait décidé que l'économie était la règle du jeu mondial, et qu'il fallait optimiser rationnellement le pays pour faire les choses aussi bien que possible.

Mais je comprends encore moins le patron français. Si on le compare aux patrons américains et allemands, ce qui frappe est qu'il ne se donne pas les moyens de réussir. Il vit d'expédients. Il est exploité, mais c'est aussi un exploiteur. Simultanément, sa tête semble embarrassée de préjugés surprenants, difficiles à prévoir, plus ou moins moraux, chrétiens, anti capitalistes... qui lui font prendre des décisions inattendues et erronées, qui, d'ailleurs, donnent des conséquences contraires à ses principes...

Ailleurs, on crée une entreprise parce qu'elle nous donne, une fois en bonne marche, les moyens de faire ce qui est notre réel objectif : assouvir nos intérêts personnels ou satisfaire nos devoirs de citoyens ? En France, on mélange tout, du coup on ne fait rien de bien ?

A suivre.

jeudi 4 juillet 2019

Esprit start up

Le directeur technique d'une start up me disait qu'après un an de bons et loyaux services, il est promu collaborateur direct du fondateur. Annonce. Le week-end passe. Le fondateur lui dit : j'ai réfléchi, je veux quelqu'un qui soit un recruteur de talents, ce ne peut pas être toi. Notre homme, du jour au lendemain, est licencié ! Ses compétences étant très recherchées, il n'a que l'embarras du choix pour retrouver un poste. Mais l'enseignement de cette histoire n'est pas là.

Les entreprises ordinaires sont basées sur des "modèles" : je vends tant de milliers de machines en France, je pourrais en vendre autant en Allemagne ; pour y mettre en place un réseau de distribution, il me faut tant d'argent. Par contraste, la start up est une promesse, la plupart du temps impossible à tenir. Une sorte d'acte de foi. Une forme de pensée magique. Son dirigeant se prend pour un génie. Quand elle est rappelée à la réalité, elle réagit conformément à sa logique.

(En fait, la start up française est une caricature de la start up américaine.)

Libéralisme et changement

Le libéralisme est la croyance que la meilleure des sociétés est une société dans laquelle l'homme vit côte à côte avec l'homme, sans autre forme de contrainte. Dans le domaine de la conduite du changement, les techniques libérales visent, donc, à produire des sociétés d'individus, à éliminer les usages et les normes. Si l'on applique ce principe à la conduite automobile, cela signifie la suppression du code de la route. Chaque conducteur doit être libre de faire ce qu'il veut, comme aux temps de l'invention de l'auto. (Ce qui laisse en suspens la question de la construction de la route, aucun individu ne pouvant la réaliser seul.)

Les techniques de conduite du changement "sociales", elles, visent à transformer les organisations en modifiant les procédures qui organisent l'action collective. Exemple type : remplacement du franc par l'euro : un dispositif complexe a été mis en place pour produire des euros, et préparer entreprises et population au changement de monnaie.

Appliqué à l'Etat et au service public, le changement "libéral" produit la "désorganisation". D'où on tire la conclusion qu'ils sont inefficaces. D'où démantèlement et recours au secteur privé - technocratique, donc antilibéral dans son fonctionnement interne. Un exemple ? Les services d'urgence.

(La théorie libérale explique que le marché, dont le principe est la concurrence, organise sans intervention humaine une société d'individus.)

mercredi 3 juillet 2019

Intelligence artificielle : et si, pour une fois, on était intelligents ?

Il y a un risque fort que l'on enterre l'intelligence artificielle, pour cause de grandes espérances déçues. On l'a déjà fait deux fois.

Ce serait dommage. Car l'intelligence artificielle a beaucoup de conséquences imprévues qui, en elles-mêmes, sont riches d'enseignements. Par exemple, l'intelligence artificielle semble particulièrement douée pour révéler votre hypocrisie. Vous prétendez être une belle entreprise humaniste, il ne faudra pas longtemps à l'IA pour montrer que vos bases de données sont celles d'une culture réactionnaire.

Surtout, comprendre pourquoi l'intelligence artificielle a échoué peut nous faire faire des pas de géants dans la compréhension de ce qui rend l'intelligence intelligente, et qui ne paraît peut-être pas très intelligent.

Il faut apprendre à se tromper, disais-je il y a peu. La recette de l'intelligence ?

M.Macron guerroie

Désignation des dirigeants de l'UE. Monsieur Macron guerroie. J'essaie de comprendre ce qu'il cherche à faire. Pour le moment, je n'en suis pas capable.

En tout cas, il a l'air heureux et efficace. C'est lui qui fait le show. Sa jeunesse doit lui donner un avantage dans des discussions interminables. Mais il est aussi comme un poisson dans l'eau. Doué ou bien préparé aux relations internationales ? Pas de complexes, c'est sûr.

Finalement, est-il arrogant ? Les pays du nord, en particulier, ont un talent inné pour inventer des codes de bonne conduite qui, curieusement, leur donnent toujours l'avantage. Dans ces conditions soit on perd, soit on est impoli.

(Quant au résultat obtenu, difficile de juger, mais, vue de loin cela semble une victoire inattendue pour la France.)

mardi 2 juillet 2019

Stupidité artificielle

C'est la stupidité artificielle qui a fait le succès de Siri, dit Luc Julia, son co créateur. Siri était aussi mauvais que ses concurrents. Mais, contrairement à eux, ses créateurs n'ont pas nié cette réalité. Ils en ont tiré parti. Ils ont utilisé les techniques dont se sert un individu qui n'est pas malin. Par exemple faire répéter la question, ou faire des réponses qui font croire que l'on a compris (et qui permettent de récupérer de l'information que l'on finira par comprendre ?).

Après tout cela réussissait très bien à la pythie de Delphes.

Et si la recette de l'intelligence était la stupidité ? C'est à dire le combat contre ses limites, qui fait trouver des idées, de contournement, "intelligentes" ?

Microsoft : l'IBM du Cloud ?

La stratégie du nouveau PDG de Microsoft semble redoutable. L'informatique des plus grandes entreprises passe en quasi intégralité sur le Cloud. La stratégie de Microsoft est de proposer tout ce dont ces entreprises ont besoin.

Microsoft a un avantage concurrentiel terrible. D'abord, par rapport aux leaders du marché, Amazon et Google, dont la culture n'est pas l'entreprise. Ensuite, par rapport aux entreprises de matériel, telles qu'IBM, dont la culture n'est pas le logiciel (quoi qu'elles en disent). Finalement parce que les entreprises sont massivement équipées Microsoft.

Et si un nouveau monopole se préparait ? Comme IBM, et ses mainframes, hier, et peut être avec encore plus de puissance, Microsoft s'empare de l'informatique des entreprises mondiales ?

(Un exposé, pas très compréhensible, de la dite stratégie.)

lundi 1 juillet 2019

Intelligence artificielle : nouvel hiver ?

Luc Julia craint un nouvel "hiver" pour l'intelligence artificielle. Il y en a déjà eu deux. A chaque fois, le phénomène est le même : la montage accouche d'une souris. Dépitée, la société renie l'intelligence artificielle. La cause est le mot "intelligence". On pense avoir découvert une super intelligence, alors qu'il n'y a pas d'intelligence du tout. La machine ne fait que ce qu'on lui dit de faire.

Qu'est-ce qui a provoqué cet enthousiasme irrationnel concernant l'IA ? Je cite souvent un article, lu il y a longtemps, qui disait que les affaires d'IBM allant mal, cette entreprise pariait, pour son avenir, sur son moteur d'IA, Watson. Je soupçonnais que beaucoup d'entreprises avaient des motivations spéculatives. Mais, ce n'est peut être que la partie émergée de l'iceberg.

Aujourd'hui, les entreprises ont un discours relativement sobre en ce qui concerne l'IA. Ce n'est pas le cas de la presse, ou même des universités, ou encore des politiques.

En fait, tout le monde avait envie de croire, ou intérêt à croire, à ce type de bobards. Notre société demeure extrêmement peu contrôlée par la raison.

L'intelligence artificielle n'existe pas

Un des créateurs de Siri donne son opinion sur l'intelligence artificielle. Elle n'existe pas. Ce n'est pas une intelligence. C'est une suite d'instructions, qui ne fait que ce qu'on lui dit. N'ayez pas peur du méchant robot, il n'existera jamais. D'ailleurs la transformation numérique est face à un formidable problème : elle a besoin d'une quantité invraisemblable d'énergie. En 2020, l'économie digitale consommera 20% de l'énergie électrique de la planète, dit-il. Qu'en sera-t-il le jour où la technologie aura muri et que le monde entier en fera un usage intensif ? A tâche égale, un ordinateur consomme vingt mille fois plus qu'un cerveau. Il va falloir, en urgence, passer du Big data, au small data.

Le danger n'est pas que l'IA rende obsolète l'homme, mais le contraire : que l'homme attende tellement de l'IA qu'il s'en désintéresse totalement le jour, prochain, où il constatera que rien n'en sort. Ce sera l'hiver de l'IA. Il y en a déjà eu deux autres, pour les mêmes raisons.

Luc Julia est un partisan de "l'intelligence augmentée". L'ordinateur ne se bat pas contre l'homme, il est là pour démultiplier ses capacités. L'avenir est l'Internet des objets. Mais il en donne, involontairement, une vision peu séduisante. Nous vivrons dans un monde totalement artificiel, de capteurs qui analysent le contenu des toilettes et de bitume qui rend nos chutes douces. Et si nous inventions la nature ?

Il raconte aussi sa vie. Il commence au CNRS, avant de partir aux USA, au MIT puis à Stanford. A l'époque de la précédente vague d'IA. Sa spécialité est ce que l'on appelle aujourd'hui l'objet connecté. On lui donne un laboratoire, puis il monte un incubateur, dont sortent quelques start up. Ensuite, il est recruté par HP, Apple et Samsung, pour mettre en oeuvre le savoir-faire qu'il a acquis, et diriger de très grands projets. Aujourd'hui, il préside le centre de recherche de Samsung en France.

Ce que je retiens, surtout, c'est la capacité des USA à financer, pendant des décennies, des chimères. Car, beaucoup de ce dont il est question ici, et que j'ai rencontré au cours de ma carrière, est, en fait, un programme de recherche. Certes il en sort des résultats concrets, et de grandes fortunes. Mais que nous apportent-ils ?