- L’affaire DSK (Quel avenir pour DSK ?) aura été l’occasion d’une réflexion sur la justice américaine (Justice américaine, DSK consentant, Benjamin Brafman, DSK et la justice), sur l’élite française (Culture de notre élite, Hypocrite élite ?, Viol et classe sociale, Naufrage international du philosophe français, DSK et les femmes de chambre, Présomption d’innocence, DSK et l’humeur nationale) et, accessoirement, sur le FMI et sur Mme Lagarde (Christine Lagarde et le FMI, Contre Christine Lagarde, DSK, France, Grèce et Europe).
- Cette affaire nous a distraits des manœuvres du gouvernement (Le bon sens populaire au pouvoir, Le gouvernement annonce des réformes, Petit Sarkozy, N.Sarkozy crache en l’air ?), qui semblent vouloir disloquer notre tissu social. Elles sont favorables à un FN de plus en plus sympathique (Marine Le Pen, star internationale) ?
- Un thème apparu récemment : printemps démocratique arabe, chute de dominos pouvant apporter la paix à cette région ? (Obama, dominos et Moyen Orient, Netanyahou contre Obama, Israël et les USA). Comment vont se terminer les dits événements ? (Nouvelles de Libye, En finir avec la crise Libyenne, Syrie, Changement en Syrie). En tout cas, l’Arabie Saoudite est debout sur les freins (Arabie saoudite et soulèvements démocratiques, Histoire de l’Arabie Saoudite) Une autre zone géographique qui aurait besoin d’un coup de dominos est le sous-continent indien : Pakistan : poudrière mondiale.
- Ben Laden aura fait un bref passage dans l’actualité, révélant peut-être un aspect du caractère de B.Obama (Obama le joueur ?, Obama, général en chef), et augmentant un peu l’estime de ses concitoyens pour lui (Tour d’honneur de B.Obama).
- Depuis quelques temps je m’interroge sur le parti radical. Il se révèle qu’il est à l’origine de quasiment tout ce qui fait la France (La France radicale). Ce qui pose de curieuses questions : pourquoi nous déchirons-nous, alors qu’il était pour la concorde nationale ? (Haine française, Des bienfaits de l'optimisme américain) Pourquoi l’Éducation nationale nous met-elle dans un carcan, alors que le radical voulait l’épanouissement de l’individu ? (Intelligence des élèves des grandes écoles, L'école française étouffe le génie ?)
- La crise toujours. Et toujours la même question : la prenons-nous par le bon bout ? (Longue dépression, Espagne en faillite, Du danger des dettes externes). Et comment va marcher une planète ou s’affronte nationalisme et globalisation ? (Régionalisation et globalisation)
- Dans la série, décidément inépuisable, « on nous prend pour des idiots » : Les Allemands travaillent peu ; Portrait de l'entreprise idéale et Lamentable dirigeant ? (ou la remise en cause des mythes des 30 dernières années) ; L’amour médecin et Faute de psychanalystes, des médicaments (ou l’homme est malade du manque de lien social), Vieillissement et dépenses de santé ; Industrie et pays émergents , N’investissez pas dans les pays émergents, Délocalisation : fin de mode ?; Pays pauvres expropriés ; Amérique, pays des monopoles (ou, plus on libéralise, plus se forment des corporations) ; Mauvaise passe pour les hedge funds, Entreprise virtuelle, Le capitalisme défile sur les Champs Élysées, Les riches ne créent pas de richesse (suite), Croissance mondiale des inégalités, Chômage structurel aux USA, Histoire du déficit américain. Et si les gouvernements avaient détruit les services publics simplement pour créer des marchés ? (Marché et emploi, Éducation nationale sans professeurs).
- Dans une autre série toute aussi inépuisable : l’état déplorable de notre presse (Raisons d’être optimiste, Optimisme paradoxal, Mal du journalisme : vivre dans l’instant ?)
- Parmi les changements divers et les grands mouvements de la société : Chine, intermédiaire du monde ?, Japon en panne de décision ? (en tout cas Fukushima pourrait avoir sauvé A.Lauvergeon : Marché du nucléaire), Les Anglais atteints du Mal français (les Anglais abandonneraient-ils le bon sens ?), Changement en Angleterre (suite), Atomisation des partis politiques. Quand au marché des technologies de l’information, il est peu glorieux : Bulle 2.0, Skype et Microsoft, Microsoft achète Skype, Média asocial.
- Ce qui précède a une cause commune : la dislocation des liens sociaux sous la poussée de l’individualisme. Et si le pendule était en train de repartir en sens inverse : Creating shared value, Mise en œuvre de la RSE, Marine à voile, Anthropocène, Valeurs de la résistance ?
- Dans le chapitre des techniques et problématiques de conduite du changement : Procrastination, Les penseurs sont des suiveurs, Manager son manager (suite), Structure et dynamique des organisations (livre de H.Mintzberg), Leadership et changement. Un mot de psychologie : Trahi par les langues étrangères.
mardi 31 mai 2011
Thèmes du mois
Stéphane Hessel et la résistance
L’indigné Stéphane Hessel a-t-il lancé un mouvement européen, de résistance ? (Indignez-vous vient de paraître en Chine)
Curieusement, je viens de réaliser que ce blog avait appelé à la résistance, dès ses origines.
Mais la résistance ce n’est pas un blocage butté, c’est la volonté de donner à la société un projet qu’elle mérite. C’était aussi l’ambition des résistants.
Anthropocène
The Economist pense que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, l’Anthropocène. L’homme est devenu le régulateur de la planète. (Welcome to the Anthropocene)
Ce faisant The Economist liquide deux mythes anglo-saxons (opposés). Celui de la nature vierge, qui a resurgi dans le discours écologiste ; et celui qui veut que l’homme fasse le bien (Dieu lui ayant donné la nature). Dorénavant, il faudra qu’il trouve « les moyens d’appliquer la force humaine conformément à la texture de la nature plutôt que contre elle ».
Curieusement c’est le message de tous mes livres. Et j’ai appris que les Chinois avaient anticipé cette découverte de 2500 ans, au moins…
Compléments :
Un seul projet d’ingénierie, la mine Syncrude de sables bitumineux d’Athabasca, entraine le déplacement de 30md de tonnes de terre, deux fois la quantité de sédiments que charrient l’ensemble des fleuves du monde en une année.
Leadership et changement
On m’interpelle souvent en me disant qu’il n’y a pas de changement sans volonté ferme du dirigeant. Je réponds que toute mon expérience est la preuve du contraire.
À la réflexion, je pense que les universitaires ont tout de même raison. Que disent-ils ?
Il n’y a pas changement sans « feeling of urgency » comme l’affirment les Anglo-saxons. Edgar Schein parle « d’anxiété de survie ». Et John Kotter pense que le « leader », sous entendu dirigeant, la crée.
En fait, je ne suis pas certain qu’il ne puisse pas y avoir changement sans leader (printemps arable ?). Avoir un leader est un avantage, certes, mais pas besoin qu'il soit à la tête de l’organisation. Un DRH, par exemple, peut faire des miracles. (Ou même un stagiaire.)
Par contre, on ne peut rien changer s’il n’y a pas une motivation, quelque part, qui n’est pas susceptible de fléchir. D’où l’utilité des crises (la « burning platform » chère aux consultants).
Compléments :
- KOTTER, John P., Leading change, Harvard Business School Press, 1996.
- SCHEIN, Edgar H., The Corporate Culture Survival Guide, Jossey-Bass, 1999.
lundi 30 mai 2011
Quel avenir pour DSK ?
Hervé Kabla pense que DSK renaîtra. (Et si DSK revenait dans la course avant la fin de l’année? | Kablages) J’ai aussi tendance à croire que les hommes politiques sont insubmersibles.
Mais DSK est-il un homme politique comme N.Sarkozy, F.Mitterrand ou J.Chirac ? Est-il animé de la même envie de pouvoir qu’eux ? Est-il un aussi subtil manœuvrier ? (En tout cas, moins que S.Royal.)
Et puis, l’affaire dont il est accusé n’est-elle pas de celles qui ruinent définitivement les images de marque ? Beaucoup d’hommes politiques, français ou non, sont de grands séducteurs, ce que l’on peut comprendre comme une forme d’affection professionnelle. Ce que l’on dit de DSK, chimpanzé en rut, ressortit à une maladie honteuse.
Culture de notre élite
Au fond, ce qu’il y a de curieux dans l’affaire DSK n’est pas tant le comportement qu’on lui prête que celui de son entourage, politiques, intellectuels et journalistes.
Ces gens semblent se prêter à des pratiques abjectes tout en nous donnant de grandes leçons de morale (cf. toutes ces histoires de discrimination). (Hypocrite élite ?) Comment expliquer cette tartufferie ?
Et si notre élite pensait que le monde est abject, et se comportait en conséquence ?
Peut-être que si elle se convainquait que l’homme était bon, serait-elle plus heureuse, et nous éviterait-elle les leçons de morale ?
Haine française
Paradoxe (billet précédent). Comment se fait-il que la politique française ait été dominée par un radicalisme qui prônait la concorde nationale, alors qu’aujourd’hui nos partis semblent chercher à nous monter les uns contre les autres ?
Nous ont-ils trahis ?
Ce n’est pas ce qui ressort de L’étrange défaite de Marc Bloch : on y voit qu’en 40, comme maintenant, le Français haïssait le Français. Avons-nous (enfin ?) les politiciens que nous méritons ?
La France radicale
Nordmann, Jean-Thomas, La France radicale, Gallimard, 1977.
Pendant très longtemps le parti radical a dirigé et s’est identifié à la France. Quelques-uns des thèmes qui marquaient sa pensée :
- Individu. Le radicalisme veut « le libre essor de l’individu », son épanouissement.
- Peuple. Le radicalisme idéalise le peuple, la « souveraineté populaire ». La manifestation de la volonté du peuple est le suffrage universel.
- Nation. Le radical est amoureux de la nation, émanation du peuple. Chaque nation a un génie propre. Celui de la France est à l’image de sa géographie, diverse et équilibrée, et de sa ruralité constitutive. Il a la caractéristique particulière de « clarifier la pensée des autres nations ».
- Association. Les hommes choisissent librement de constituer une société. L’association est l’organisation sociale par excellence (pas l’entreprise, qui repose sur un contrat déséquilibré, imposé).
- Éducation. L’éducation tient une « place centrale » dans le programme radical. Dont un des grands combats sera sa démocratisation. C’est le « premier devoir de l’État ». C’est elle qui doit réaliser « l’épanouissement de l’individu », surtout, « son ascension proportionnée à ses mérites ».
- Révolution. Le radicalisme est l’héritier de la révolution de 89 et des Lumières.
- Raison, science et progrès. Le radicalisme se veut « l’extension à la politique de la philosophie rationaliste ». Il pense que la science et la raison montrent à l’homme la voie du progrès de l’humanité. La science est le fondement d’une morale qui n’a plus besoin de la religion.
- État. Le radicalisme veut le gouvernement du peuple par le peuple. L’État doit faire régner la volonté générale contre l’intérêt privé. Il doit assurer la justice contre le laisser faire, en particulier nationaliser les monopoles (notamment les chemins de fer et les assurances). Mais le radicalisme se méfie des excès de l’autorité. Il se veut un contre-pouvoir, « institutionnaliser la révolte ».
- Propriété privée. Le radicalisme défend la propriété privée « garante de l’autonomie individuelle ». Mais il la voit comme une étape de l’histoire humaine.
- Assurance. L’homme doit être assuré contre les aléas de la vie, la nature même de la société est de lui fournir cette assurance.
- Salariat. Le radical veut supprimer le salariat, résultat d’un contrat déséquilibré, il veut le remplacer par l’association.
- Impôt progressif. Pour pouvoir financer le système d’assurances dont a besoin l’homme, et l’État, il faut un impôt. Cet impôt doit être progressif pour « corriger les inégalités ».
- Église. Le parti radical s’est longtemps défini par rapport à son hostilité à l’Église, dont les valeurs sont « diamétralement opposées » aux siennes.
- Colonialisme. Les radicaux conçoivent le colonialisme comme un messianisme, selon un thème central à leur pensée, celui qui sait doit enseigner à celui qui ne sait pas.
- Haine. « Parti qui s’oppose à la haine », en particulier, il ne peut comprendre la lutte des classes socialiste. Il pense que les luttes entre partis sont fécondes. Il croit à la « franchise et à la liberté d’expression ».
- Harmonie, paix et conservatisme. Le radicalisme est un mouvement pacifiste, qui cherche une amélioration continue et progressive, qui ne veut ni guerre ni révolution, et qui craint plus que tout les guerres fratricides.
- Parti. Le parti radical s’identifie à la démocratie républicaine, et à la nation. C’est à la fois un parti assez lâche et qui « encadre la nation » par ses organisations locales solidement enracinées dans les « intérêts locaux ».
Commentaires :
Ce qui est étonnant dans cette description c’est à quel point elle colle aux aspirations de la France d’aujourd’hui, et à quel point certaines idées radicales sont révolutionnaires (l’appel à la haine est le point commun de nos partis politiques).
Pourquoi le radicalisme a-t-il disparu ? La raison et le progrès ont fait long feu ? Le positivisme n’a été qu’une illusion ? La nation n’a pas donné ce que l’on en attendait ? Peut-être aussi que le radicalisme a été victime de ses succès : il a gagné tous ses combats, il ne pouvait plus être que conservateur, médiocre ? Ce que dit Camus des radicaux :
Ces hommes, petits dans leurs vertus comme dans leurs vices, graves dans leurs propos, mais légers dans leurs actions, satisfaits d’eux-mêmes mais mécontents des autres, non décidément nous ne voulons pas les revoir.
dimanche 29 mai 2011
Israël et les USA
La notion de lobby juif aux USA ne semble pas aussi implacable qu’on pourrait le penser. Les Juifs américains votent massivement démocrate, quoi qu’il arrive. (The kosherest nosh ever)
Mais, il n’y a pas besoin de lobby juif pour que l’Américain défende Israël : Israël serait la garantie de la bienveillance de Dieu. (Yglesias » The Growth And Success Of Post-Jewish Zionism)
Compléments :
- J’ai aussi appris que beaucoup d’Américains faisaient circoncire leurs enfants, pour des raisons victoriennes (pour éviter la masturbation). Against the cut
Du danger des dettes externes
Les pays en danger sont ceux qui ne maîtrisent pas leur monnaie et dont la dette est possédée par des étrangers. Ils font peur aux financiers.
Pourquoi ? Parce que, sinon, soit vous dévaluez votre monnaie, soit vous imposez massivement vos créanciers nationaux, et l’affaire est dans le sac. (External versus domestic debt in the euro crisis | vox)
Il y a quelque chose qui m’échappe dans cet argument. La dette d’un pays qui peut dévaluer sa monnaie (USA, Angleterre, par exemple) peut rapidement ne rien valoir. Pourquoi devrait-elle paraître plus sûre que celle de la zone euro ?
Intelligence des élèves des grandes écoles
Déjeuner avec un consultant étranger. On lui a confié des cours dans une grande école d’ingénieurs prestigieuse. On lui a dit que ses élèves étaient brillants. Or, ils sont incapables de faire les choses les plus simples, qui ne posent aucune difficulté aux autres nations… Et, au lieu de chercher à s’améliorer, ils ne travaillent pas, et viennent même dormir en classe.
L’hypothèse suivante a surgi de la discussion :
En France l’école ne forme pas, mais sélectionne. Elle apporte un tampon qui permet de trouver un travail. Dans ce modèle, l’enseignant n’est pas porteur d’un savoir utile, mais un tortionnaire guidé par son seul bon plaisir. L’élève français n’attend rien d’utile de l’école, il pense qu’il sait.
Face à un tel public la pédagogie participative (celle des MBA américains) du consultant est en échec. Que doit-il faire pour susciter l’intérêt de ses élèves ? Si le Français croît son diplôme en jeu, il se mettra en quatre pour plaire au tortionnaire. Il se révélera excellent collaborateur. Mais est-ce l’objectif recherché ?
samedi 28 mai 2011
Hypocrite élite ?
En France et à l’étranger, l’affaire DSK a conduit à examiner les mœurs de notre couche dirigeante.
- On découvre que ses pratiques s’appelleraient ailleurs du harcèlement : « en France le harcèlement sexuel n’est pas accepté sur le lieu de travail – sauf en politique ». « à gauche, en particulier, il semblerait que refuser une avance, même non désirée, est, en quelque sorte, bourgeois ». (What did they know?)
- Et que les journalistes s’y prêtent avec bonne grâce. Ce serait même une ficelle du métier : l’homme politique étant un mâle libidineux, depuis Françoise Giroud, les journaux lui envoient des femmes aguichantes pour récolter ses confidences. (Hommes politiques et femmes journalistes : liaisons dangereuses ? - LeMonde.fr)
Tout cela donne une bien étrange image des valeurs de nos élites, et de leur vision du monde, et rend sympathique M.Berlusconi.
Contre Christine Lagarde
Une partie de l’élite des économistes anglo-saxons dénonce la candidature de Mme Lagarde à la direction du FMI. La crise de la zone euro est gérée en dépit du bon sens, et notre ministre est un des principaux coupables de cette situation.
L’argument me semble difficilement recevable. Qui peut prévoir l’avenir ? Qui peut dire ce que déclencherait une restructuration de la dette grecque ? Un politique ne peut pas être une voyante, il doit agir en fonction de son âme et conscience, des circonstances et des évolutions des forces en présence.
Ce ne sont pas les pacifistes qui signent les paix, mais les généraux victorieux.
Compléments :
Industrie et pays émergents
Il y a longtemps je citais une étude qui montrait que les pays émergents avaient un avantage concurrentiel dans le domaine des services, alors qu’on les aurait attendus dans l’industrie.
L’argument ne tiendrait pas : le service demande surtout de hautes qualifications, ce qui n’est pas favorable aux pays émergents ; l’industrie, elle, exige des investissements (notamment d’infrastructure) et une réglementation du travail favorable, c’est ce qui la bloquerait en Inde, par exemple (mais pas en Chine). (The service elevator)
vendredi 27 mai 2011
Régionalisation et globalisation
L’économie mondiale est en plein bouleversement. Rien ne va plus.
- Les échanges commerciaux sont devenus extrêmement complexes, en fait, ils ont été dématérialisés. Les technologies de l’information, les chaînes d’approvisionnement, la finance mélangent tout et défient les règles qui réglementaient jusque là les échanges de bien physiques. L’OMC serait défaite et le monde s’organiserait en blocs régionaux négociant dans la logique du rapport de force.
- De surcroît, il y a mélange entre nationalisme et globalisation. Les élites occidentales et les entreprises qu’elles dirigent se veulent apatrides, mais ce sont leurs nations d’origine qui financent leurs faillites. Surtout, les pays émergents sont farouchement nationalistes, et leurs entreprises obéissent à des stratégies politiques.
Compléments :
N’investissez pas dans les pays émergents
On nous dit qu’il faut investir dans les pays émergents. Ils ont le vent en poupe ?
Eh bien, comme d’habitude, le conseil est idiot.
L’histoire montre que ce sont les pays qui croissent le moins (l’Europe aujourd’hui ?) qui fournissent les meilleurs placements. Plusieurs raisons sont avancées :
- La demande excède l’offre.
- Les sociétés prometteuses ne sont pas en bourse.
- Les actionnaires de celles qui le sont, sont dilués par des émissions d’actions.
L’amour médecin
La présence du médecin est presque plus importante que ses médicaments, dont la plupart ne servent à rien. Or c’est justement elle que l’industrialisation de la médecine s’évertue à éliminer !
Nous sommes malades d’individualisme ?
jeudi 26 mai 2011
Longue dépression
Paul Krugman semble penser que les USA s’enfoncent dans une dépression, la troisième dépression mondiale. Elle ressemblera probablement à la première, longue, dépression, du 19ème siècle. (Third Depression Watch)
Je me demande si le phénomène suivant n’est pas à l’œuvre : l’après guerre a été une grande période de solidarité sociale ; n’ayant plus aucune crainte, l’individu a développé un égoïsme sans limite ; cet égoïsme a disloqué l’édifice social, d’où crise ; la misère fera redécouvrir les mérites de la solidarité.
Les Chinois parleraient probablement de Yin et de Yang (Le discours de la Tortue). Pour d’autres, c’est la défaite de la raison.
Portrait de l'entreprise idéale
The Economist pense que le club de football de Barcelone montre l’idéal à l’entreprise. Qu’est-ce donc que cette entreprise idéale ?
- Elle joue comme une équipe. L'intérêt individuel s'efface derrière l'intérêt collectif.
- Son succès vient d’un long processus de socialisation. Ses joueurs sont formés par son école, qui modèle leur caractère, avant tout. Et qui les motive par la « fierté d’être Catalans ». Rien de plus fort que le nationalisme ?
- Elle appartient à ses supporters, pas à des actionnaires ou à des fonds.
En passant, on apprend qu’une étude montre que, pour les analystes financiers aussi, « leur succès dépend autant de leurs collègues que de leur talent propre ». Et que les employés sont d’autant plus efficaces « qu’ils sont promus de l’intérieur et qu’ils développent de profondes racines locales ».
Bref, fini la chasse aux talents et les gros bonus. Maintenant l’entreprise va développer sa culture et soigner la formation de ses employés. Curieux comme dans le domaine des entreprises les modes vont et viennent. C’est ça le pragmatisme anglo-saxon ?
Assassins et voleurs
Film de Sacha Guitry, 1957.
C’est léger, élégant et parfaitement immoral, ça ressemble au Roman d’un tricheur, mais ça ne le vaut pas.
Quant à Darry Cowl, je me suis toujours demandé qui pouvait le trouver amusant.
mercredi 25 mai 2011
Espagne en faillite
L’inquiétude des économistes est qu’une faillite grecque et portugaise entraîne l’Espagne. L’Espagne est une grande économie, il serait difficile d’amortir sa chute. Mais jusqu'ici on pensait qu'il n'y aurait pas de problème espagnol.
Or, les Espagnols sont mécontents de leur pauvreté et veulent faire choir leur gouvernement. Rigueur impossible, faillite certaine ? Vont-ils créer une grande dépression ? (Spain troubles test market nerves) Mais le chômeur espagnol a-t-il d’autre moyen d’améliorer son sort que de menacer la planète d’une crise ?
Le phénomène rappelle l’analyse de Barry Eichengreen : les crises proviennent d’une divergence entre économie et démocratie. D’ailleurs, l’économie cherche les failles de la démocratie pour faire exploser les États et s’enrichir.
Est-ce une forme de lutte entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif ? Le chômeur espagnol demande une nouvelle répartition des richesses, les bénéficiaires de l’équilibre actuel la lui refusent, et, par le biais des mécanismes financiers, cherchent à accentuer leur avantage ?
Comment peut s’achever ce cercle vicieux ? Faut-il une crise qui affecte pauvres et riches pour susciter une prise de conscience collective de l’intérêt de la solidarité ?
Compléments :
Christine Lagarde et le FMI
Christine Lagarde devrait prendre la tête du FMI. Sauf si elle est trahie par son passé, une probabilité qui, contrairement à ce que je pensais, n’est pas négligeable.
La justice ne voudrait-elle pas que le poste aille à un pays émergent ?
Curieusement, un argument que l’on n’entend pas est que la compétence est fonction d’apprentissage. Cela fait des décennies que l’Europe dirige le FMI. Peut-être a-t-elle acquis quelque savoir-faire ? Que donnerait un membre du PC chinois à sa place ?
Une autre question que l’on ne se pose pas est si « justice » est entendue de la même façon par tous. Si par « justice » le poste est donné à un pays, en fera-t-il un usage que nous trouvons « juste » ?
Arabie saoudite et soulèvements démocratiques
Face aux révolutions démocratiques du Moyen Orient, l’Arabie Saoudite cherche à renforcer la solidité des monarchies de la région, en créant le contre révolutionnaire Gulf Co-operation Council. (A club fit for kings)
Ce qui semble confirmer Histoire de l'Arabie Saoudite : le souci premier des Saoudiens est la préservation de leur monarchie.
Marché et emploi
Progressivement une idée a émergé de ce blog. Et si nos politiques avaient voulu transférer les services publics au privé, simplement pour créer de nouveaux marchés ? Car le marché, quel qu’il soit, c’est le bien. C’est ainsi que le système de solidarité sociale est devenu privé (assurances). De même pour la santé, l’école, les transports, l’énergie, les télécoms, la sécurité...
Dans ce raisonnement la qualité ne compte pas. Par exemple le système de santé américain, qui a poussé le plus loin ce concept coûte très cher, mais a de mauvais résultats en termes de santé. Pas grave : un marché prospère, hautement technologique, est né. Il y a une demande pour une médecine nuisible ! De même qu’il y a une demande pour une nourriture malsaine. Dans ces conditions pourquoi intervenir ?
Jean-Baptiste Say ne disait pas autrement : la logique du marché est de produire le plus possible, ce que l’on produit n’a aucune importance.
Si le marché raccourcit notre vie, nous éduque mal… peut-être peut-il nous garantir un emploi ? Les périodes durant lesquelles on lui a laissé la bride sur le cou (ère victorienne, avant guerre, dernières décennies), ont produit richesse d’un petit nombre et misère pour beaucoup. Au contraire, seul le dirigisme, la « technocratie », a été associé au plein emploi.
Mais le marché est créatif ? Nos grands créateurs sont des Newton, Pasteur, Fleming, Curie, Einstein… enfouis dans des laboratoires. Ou encore les gouvernements en guerre, qui font faire des pas de géant à l’économie, et dont la dernière création est Internet.
Schumpeter avait-il vu juste lorsqu’il disait que l’entrepreneur combinait d’une nouvelle manière des moyens de production existants ? Pour que son talent s’exprime, il a besoin d’un substrat que ne fournit pas une économie de marché ?
Serait-il temps d’examiner notre idéologie du tout marché, et de se demander si elle ne doit pas évoluer ?
Compléments :
- Say, Jean-Baptiste, Cours d’économie politique et autres essais, Flammarion, 1996
- Schumpeter, Joseph A., The Theory of Economic Development: An Inquiry into Profits, Capital, Credit, Interest and the Business Cycle, Transaction Publishers, 1980.
- The Economist me rejoint : l’économie de marché de l’Amérique moderne est incapable d’amener un homme sur la lune, ou de conquérir l’espace.
Mots-clés :
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économie,
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transport,
USA
mardi 24 mai 2011
DSK consentant
L’affaire DSK se dirigerait vers un rapport sexuel entre adultes consentants.
Je me demande si, longtemps, cet argument n’aurait pas été irrecevable en France. Les héritiers de la République et de Rousseau pensaient qu’il ne pouvait pas y avoir contrat entre un oligarque et une chambrière, qu’un contrat entre forces disproportionnées est fatalement léonin.
Il est vrai qu’encore avant, trousser les domestiques était certainement un signe d’une robuste constitution. Serait-ce cela le néoconservatisme : un retour vers l'Ancien régime ?
Compléments :
Syrie
Au fond, aucun des voisins de la Syrie n’a intérêt à ce que son régime change. Les royaumes ne veulent pas d’une démocratie, les régimes chiites désirent conserver leur allié, la Turquie a peur de ses Kurdes, Israël a intérêt au statu quo…
La révolte ne semble pas pouvoir abattre le régime, mais l’affaiblit. (What happens if Assad goes?)
Nouvelles de Libye
L’intervention libyenne s’est installée dans la routine, semble-t-il. Où va-t-elle ?
Le colonel Kadhafi devrait se battre jusqu’au bout, mais on s’attend à « ce que son régime s’effondre de l’intérieur ». (The colonel feels the squeeze)
Blog public
En parcourant une exposition de sculptures rouillées, le long de la Seine, je me demandais pourquoi les artistes se sentaient obligés d’exposer. Pourquoi ne pas garder son travail pour soi ?
Au début de l’écriture de ce blog, j’étais motivé par l’idée qu’il serait vu. Plus maintenant. Pourquoi n’en fais-je pas un cahier d’exercice privé ?
Parce que l'on me fait de temps en temps des commentaires stimulants, et aussi parce que c’est un moyen de communiquer avec un cercle d’amis et de relations, et de meubler nos conversations quand on se voit. Je ressemble à ces navigateurs à l’aventure, qui écrivent un blog pour donner des nouvelles à leur famille ou ceux qui s’intéressent à leur voyage.
lundi 23 mai 2011
Justice américaine
Les Anglo-saxons sont fiers de leur justice. Chez eux une femme de chambre, immigrée récente et musulmane de surcroît, peut faire boucler un directeur du FMI. (Decoding DSK)
Mais ce que me semble surtout révéler l’affaire DSK, c’est qu’en Amérique l’argent arrête bien vite la justice, avant le procès. Dans ces conditions comment un droit qui dépend de la jurisprudence peut-il vivre ? Justice malade de l’argent ?
Les Allemands travaillent peu
Contrairement à ce que nous affirment les Allemands, ce sont quasiment eux qui travaillent le moins au monde. En tout cas beaucoup moins que les Italiens, et un peu moins que nous. (Yglesias » Hardworking Italians vs Lazy Germans)
Pourquoi ne sont-ils pas fiers de leur efficacité et ne nous la transmettent-ils pas ? Tout le monde s’en porterait mieux !
La valse des pantins
Film de Martin Scorsese, 1983.
Renversement étrange, Robert de Niro, initialement pathétique et inquiétant, se révèle, en fait, le plus sain des hommes. Alors qu’il était une caricature vivante, sur scène il devient magnifique. Son comportement qui semblait dément est en fait extraordinairement rationnel. La fin justifiait les moyens.
Critique de la foule, qui trouve drôle tout ce qu’on lui dit être drôle ? Aucun sens critique ? Le succès serait-il sans lien avec le talent, une simple question d’arrivisme ? Critique du show business, de la société ? Pour réussir, il faut être un dénaturé, et tuer père et mère ?
Jerry Lewis me semble aussi remarquable dans la peau d’un homme normal confronté à un fou insistant.
dimanche 22 mai 2011
Naufrage international du philosophe français
Depuis quelques temps, la presse anglo-saxonne dit le plus grand mal du philosophe français. Mal lui en a pris de défendre DSK. Certains en profitent pour rappeler que de tous temps, nos philosophes ont été des nuisibles.
Mais qu’ont à voir BHL avec les philosophes français des temps passés ? Quelle grande vision a-t-il proposé au monde ? N’est-ce pas de cela dont on devrait s’étonner : le naufrage de la philosophie française ?
Compléments :
- Affaire DSK : Bernard-Henri Lévy étrillé par la presse américaine - LeMonde.fr, France's intelligentsia and the IMF chief's arrest: Those terribly clever French intellectuals | The Economist.
- Il est étonnant de voir à quel point le vernis de la bienpensance tient peu lorsque le sort d’un ami est en jeu. Quels Tartuffe ! L’incident a été révélateur de ce que pensent réellement nos élites, de nous, des femmes et des émigrés (Les pires avocats de Dominique Strauss-Kahn | Rue89). Et cela rend sympathique l’Ancien régime.
Pakistan : poudrière mondiale
The Economist fait du Pakistan le pays le plus dangereux au monde.
Il est obnubilé par la menace indienne. Il consacre 16% de son PIB à son armée, il nourrit les Talibans afghans, et des réseaux de terroristes (qui le prennent parfois pour cible). Mieux, depuis que les USA ont décidé de donner accès aux indiens à la technologie nucléaire, il existe une course à l’armement dans le domaine. Inde et Pakistan ont maintenant un arsenal qui leur permettrait de faire des frappes nucléaires limitées (ce qui entrainerait une escalade illimitée…) ou qui pourrait fuir chez les terroristes. À quoi, il faut ajouter l’habitude des Américains de parler directement aux généraux pakistanais, ce qui déstabilise la démocratie pakistanaise.
Suffirait-il de parvenir à établir un peu de calme pour que l’argent qui part aujourd'hui à la guerre dissipe ce qui cause son agressivité, notamment la pauvreté de son peuple ?
Obama, dominos et Moyen Orient
J’entendais il y a quelques jours la radio dire que B.Obama aimerait utiliser l’argent du FMI pour aider les démocraties du Moyen Orient, plutôt que les vieux pays européens. (Lui-même étant trop endetté pour faire quoi que ce soit de charitable.)
Pour certains, la manœuvre est imprudente : une Europe qui s’effondre entraîne la planète avec elle. Mais l’idée n’est pas idiote : si le Moyen-Orient devenait démocratique, les dictatures et les terroristes régionaux perdraient leur raison d’être, et Israéliens et Palestiniens seraient forcés de s’entendre.
En fait, c’est un retour à la théorie des dominos de G.Bush.
Mais ce dernier n’avait pas compris que l’on n’impose pas le changement par la force. Par contre, s’il se produit, on peut l’encourager. Dommage que les USA se soient ruinés.
Netanyahou contre Obama
Hier la radio annonçait que l’obsession de B.Netanyahou était d’empêcher la réélection de B.Obama.
L’Amérique va-t-elle devenir un nouveau terrain d’affrontement entre Juifs et Arabes ? Peu probable : pour le moment ces derniers ne semblent pas favorables à Obama. D’ailleurs la paix est-elle dans l’intérêt de leurs élites dirigeantes ?
Compléments :
samedi 21 mai 2011
DSK et les femmes de chambre
Après tout, DSK prouve que l’on peut être fort riche (j’ai entendu dire par la radio qu’outre le prix de son avocat, de sa caution, il doit maintenant payer 200.000$ par mois pour sa garde…), et un vrai socialiste :
Grâce à lui on s’intéresse enfin aux femmes de chambre. Et on découvre que leur sort est bien difficile.
Et aussi au monde des grands hôtels, miroir de l’évolution de notre société. D’un côté des gens de plus en plus jeunes, riches et de moins en moins éduqués, de l’autre un prolétariat de plus en plus exploité.
Compléments :
DSK et l’humeur nationale
Depuis quelques temps, le Monde consacre un grand nombre d’articles à DSK.
Peut être avons-nous perdu un grand homme d’État comme le pense The Economist, toujours est-il qu’il a offert au pays une sorte d’accalmie. Un instant de réflexion collective tourné vers un objet commun. Elle l’a détourné de la tactique d’affrontement sectaire que son gouvernement semblait avoir choisi pour assurer sa réélection.
Ce calme peut-il durer ? Peu probable. Ce que les prétendants au pouvoir ont en commun : c’est la lutte des classes. Affûtons nos couteaux ?
Éducation nationale sans professeurs
Les conséquences des réductions d’effectifs dans l’Éducation nationale sont dramatiques m’explique un ami père de famille. Mais qu’elle est hypocrite ! Une de ses filles est dans une excellente école du 16ème. Cette école s’est ouverte aux ressortissants de Seine Saint Denis. Cependant ils ont parfois une heure de cours par jour (et plusieurs heures de trajet), et beaucoup de cours son incompréhensibles sans une solide assistance familiale.
D’une manière générale il observe que les déficiences de l’enseignement public ont généré un énorme marché de l’enseignement privé, auquel ont recours même des enfants qui n’en ont pas besoin.
Et si le service public avait été démoli, justement, pour créer un marché ? Le marché n’est-il pas le bien ?
Compléments :
- Une idée qui m’est venue en regardant la Réforme des systèmes de santé.
Leaders d’opinion
J’écoute parfois la Tribune des critiques de disques de France musique. Pas pour les airs, mais pour les paroles, pour entendre disserter les invités. Comment peut-on avoir un avis sur une interprétation me dis-je ?
Il ne me semble pas que ce soit une question d’instinct, mais plutôt de culture. Et la culture s’acquiert par un long travail.
C’est peut-être pour cela qu’il y a peu de leaders d’opinion : l’homme ne peut être un spécialiste de tout.
D’ailleurs, et s’il n’y avait rien de criminel à ne pas avoir d’opinion sur certains sujets ?
vendredi 20 mai 2011
Viol et classe sociale
L’affaire DSK va-t-elle faire de la publicité à une étude sur le viol ?
En tout cas j’en retiens que le viol est majoritairement une affaire de proximité.
Y a-t-il corrélation entre richesse et viol ? Pas clair. Par contre, un riche a de bonnes chances de pouvoir violer, impunément, un riche. Les riches ont le bras long et les pauvres sont suivis par les services sociaux.
Benjamin Brafman
Je me demandais combien coûtait l’avocat de DSK (en fait l’un des deux).
Un vieil article (98) sur Benjamin Brafman dit de lui : « Il s’est occupé de beaucoup de grands procès de la mafia. Il est l’un des meilleurs avocats de New York ». « Il a obtenu l’acquittement de gens que tout le monde croyait perdus ». « l’homme à appeler immédiatement en cas de coup dur ».
Sa force, exceptionnelle, semble être de trouver de merveilleuses qualités aux personnes vers qui le porte son intérêt et, surtout, de convaincre les jurys de son point de vue.
Quant au prix de ses services, ils n'étaient pas donnés. Le seul chiffre fourni par l’article parle d’un million de $. L’unité de ce type de procès ?
Le manager résiste au changement
Il est bien connu, et pourtant contrintuitif, que les managers sont les pires ennemis du changement.
Leur comportement est d’ailleurs surprenant. Un collègue consultant m’a ainsi parlé d’une entreprise dans laquelle les « chefs d’équipes faisaient grève avec leurs troupes ».
Cela tenait à ce qu’ils ne voyaient pas comment résoudre autrement les problèmes de ceux-ci. On leur a montré qu’il suffisait d’écouter pour trouver de bonnes solutions. Suite à quoi, ils n’ont plus jugé utile de faire grève. Mais les syndicats ont protesté : maintenant que le chef d’équipe se préoccupait de ses collaborateurs, ils étaient privés de leur emploi…
Et si une grosse part de la résistance des organisations au changement tenait à ce que les managers n’ont pas compris qu’ils devaient « être près de leurs équipes, les écouter et être clairs », comme le dit ce consultant ?
jeudi 19 mai 2011
DSK et la justice
L’affaire DSK soulève un curieux nombre de paradoxes.
Dans un premier acte on voit DSK aux mains de la police, républicaine. L’agression à peine rapportée, pas une hésitation, la police entre en action, il est interpellé, sorti de son avion, humilié, jeté dans un cul de basse-fausse.
Arrive maintenant la justice, démocrate. DSK est défendu par l’avocat des rappeurs et de la mafia. En face de lui une immigrée fraichement arrivée d’Afrique. Tactique : terroriser puis proposer beaucoup d’argent, et clore l’affaire sur un compromis. Le mot « justice » est-il américain ? Cela expliquerait-il que le petit peuple policier veuille se faire justice par ses propres moyens, en bousculant un peu l’intouchable DSK ?
Quant à la France, elle croit massivement à un complot. Qu’une immigrée africaine, mère célibataire, vivant dans le dénuement, puisse être victime d’un tartuffe, oligarque et sadique, rencontre notre incrédulité. Mais où est Victor Hugo ? (et ou est Ségolène Royal ?) Qu’est-ce qui a, à ce point, transformé nos valeurs ? Lavage de cerveau magistralement réussi par notre élite ? Ou étions-nous des hypocrites depuis toujours ?...
Finalement, il y a N.Sarkozy. Il se dit américain, alors qu’il ne parle pas anglais et qu’il exaspère les Américains. DSK, lui, se dit socialiste et français alors qu’il est totalement intégré dans la culture de la très haute société américaine. Cela pourrait-il rendre sympathique notre président ? Mais le Français veut-il un président sympathique ?
Compléments :
Procrastination
Pourquoi certains actes sont-ils difficiles pour certains et pas pour d’autres ?
Je me demande si l’homme n’est pas un être de rites. S’il n’est pas « programmé » pour faire quelque chose, il ne le fera qu’avec beaucoup d’efforts.
Par contre, dans le cas contraire, il tendra à répéter l’action sans réel objet. (Nécessaire pour maintenir sa spécialisation ?)
Voilà comment j’interprète mes difficultés à faire certaines tâches de routine, qui ne posent aucune difficulté à d’autres… (Inversement, écrire ce blog est devenu une sorte de rite…)
Minuit à Paris
Film de Woody Allen, 2011.
Tous les films de Woody Allen se ressemblent : il projette un héros qui lui est identique (ou est-ce le personnage qu’il s’est forgé ?) dans une histoire qu’il aurait aimé vivre.
En tout cas, je doute que la France moderne soit vue un jour comme un âge d’or de l’art ou de la pensée…
mercredi 18 mai 2011
730 millions de Nigérians
Le Nigeria devrait avoir 730m d’habitants en 2100, près de la Chine (941), mais loin derrière l’Inde (1551).
« l’Afrique subsaharienne est de loin la partie du monde qui croît le plus vite. À peine plus étendue que l’Europe et l’Amérique latine, elle sera plus peuplée qu’elles à la fin du siècle. » « Le ratio de dépendance de la Chine (…) croît plus vite que celui de l’Europe. » « Globalement, la population mondiale est de plus en plus stable. Sous la surface, les tensions montent. » (l'article.)
Skype et Microsoft
La rationalité de l’achat de Skype par Microsoft ne me semble toujours pas très claire. Microsoft aurait dépensé 8,5md$ pour éviter que le savoir-faire de Skype n’aille chez ses concurrents… (A big phone bill)
Vieillissement et dépenses de santé
Le vieillissement de la population n’aurait qu’un impact faible sur l’augmentation des dépenses de santé, qui viennent d’ailleurs (évolutions technologiques, effets pervers des systèmes de remboursement…).
Les auteurs de l’article semblent penser que le prétendu coût du vieillissement serait une excuse pour ne pas attaquer les causes réelles des déficits des systèmes de santé.
À tort ou à raison, je me suis demandé si les gouvernements n’ont pas pensé que plus nous dépensons en soins (même si c’est mauvais pour notre santé), meilleur c’est pour l’économie et l’emploi. Après tout la santé est un marché comme un autre. (À condition, bien entendu, que ce ne soit pas l’État qui en paie les frais.)
Compléments :
mardi 17 mai 2011
Petit Sarkozy
La radio annonce la prochaine naissance d’un enfant de M.Sarkozy.
Il arrivera pour les élections. Manœuvre électorale ? (Mais d’un meilleur esprit que celle que je prévoyais).
Présomption d’innocence
La présomption d’innocence de DSK est une bonne nouvelle. Jusqu’ici je m’inquiétais de ce que le cas particulier servait à torpiller le principe général.
Et la réforme des comportements fut si radical que les causes chères au cœur de nos élites ont été étouffées tout net : le sort de la plaignante n’a pas suscité une grande compassion. (Un peu comme dans l’affaire Polanski. D’ailleurs cette affaire aurait été évoquée pour refuser à DSK une liberté sous caution - d’un million de $... qui paie ? et quid des honoraires de son avocat star ?…)
Si DSK est coupable, cela pose quelques questions :
- N’est-ce pas un cas particulier qui pourrait mettre en cause la protection par les journalistes de la vie privée des hommes politiques ? Si les faits avaient été connus plus tôt, DSK aurait peut-être pu se faire soigner, ce qui aurait été bénéfique pour la société.
- La présomption d’innocence est-elle la même pour tous ?
- Et si nos journalistes, loin d’être d’une moralité sourcilleuse, protégeaient une classe de la population ?
Compléments :
- Billet de Jean Quatremer, qui avait déconseillé à DSK de partir aux USA : DSK inculpé de « tentative de viol » à New York.
Amérique, pays des monopoles
Phénomène curieux : plus l’Amérique déréglemente plus apparaissent des professions auto réglementées (maître de danse, décorateur d’intérieur, tresseur de cheveux…). Plus de concurrence et rentes.
Application des théories de Mancur Olson : un monde d’électrons libres produits naturellement des oligopoles ?
lundi 16 mai 2011
Mauvaise passe pour les hedge funds
Raj Rajaratnam, milliardaire et dirigeant d’un des plus gros « hedge funds » est condamné pour délit d’initié (il risque 205 ans de prison !).
Il obtenait une partie de ses informations, illégalement, de dirigeants des sociétés américaines les plus respectées (notamment « McKinsey, Intel, Goldman Sachs, Moody’s et IBM »). Mais la pratique ne semble pas avoir été propre à son seul hedge fund…
Durkheim aurait probablement dit que l’élite américaine souffre d’une pathologie qu’il serait bon de soigner…
Bulle 2.0
The new tech bubble explique qu’une nouvelle bulle Internet se gonfle, alimentée par des « business angels » ou des investisseurs à la recherche de gains faciles – mais non familiers de ce qu’ils achètent, et par les perspectives de développement des pays émergents.
Qui va perdre cette fois-ci ?
Délocalisation : fin de mode ?
Les entreprises, au moins américaines, réimplanteraient leurs usines chez elles. Pour plusieurs raisons : les salaires émergents ont beaucoup augmenté, contrairement à ceux des pays riches ; on a découvert énormément de risques et de coûts à une chaîne d’approvisionnement étendue ; produire loin demande des stocks importants, et les stocks coûtent cher.
Mais ce retour à la maison n’est pas toujours possible : trop de compétences nationales ont été perdues… (Moving back to America)
Au fond, tout ceci était bien connu, c’est même dans tous les livres de cours. Mais le dirigeant, comme nous tous, a besoin de l’expérience pour apprendre ?
dimanche 15 mai 2011
DSK, France, Grèce et Europe
Le Washington Post ajoute aux informations de la radio française que DSK se trouvait dans une suite coûtant 3000$ la nuit… Qui la payait : lui ou le FMI ?
À court terme, les journalistes étrangers s'émeuvent moins des élections françaises que du sort de la Grèce (puis de l’Europe) : peut-elle se tirer du mauvais pas dans lequel elle est sans un FMI fort ? (Trouble at the IMF)
En attendant, il est curieux comme l’avenir du monde – et celui de la France - tient à peu de choses. C’est peut-être pour cela que les hommes politiques, en particulier, ne désespèrent jamais de leur sort, aussi inquiétant paraisse-t-il : un retournement est toujours possible.
N.Sarkozy crache en l’air ?
The Economist poursuit ma réflexion sur la tactique électoraliste de N.Sarkozy, mais lui prévoit des résultats que je n’avais pas vus :
M.Sarkozy pensait utiliser ses exploits internationaux pour se faire aimer du peuple français, il comptait sur le G8 et le G20, mais il s’est engagé dans les guerres de Libye et de Côte d’Ivoire. Conséquences imprévues : menace d’immigration (donc montée du FN), mais aussi livraison d’armes libyennes aux mouvances terroristes anti-françaises…
M.Sarkozy pourrait-il subir, du vivant de son quinquennat, les conséquences de son incapacité à voir à long terme ?
Faute de psychanalystes, des médicaments
Discussion avec une spécialiste des questions de santé au travail. Je retiens :
- La France n’ayant pas d’habitude de la psychiatrie, les personnes qui souffrent de problèmes psychologiques consultent leur médecin, qui leur donne des médicaments. Ça ne guérit pas et ça coûte très cher. Serait-ce à cause de cela que nous sommes des champions mondiaux de l’antidépresseur ?
- Le coût de la santé de leurs employés serait en croissance rapide (15% pour certaines dépenses ?) pour les entreprises et leurs assureurs. Ils auraient décidé d’agir en cherchant à améliorer les conditions de travail des employés.
Compléments :
- Maslow disait que l’amitié était la psychanalyse de l’homme bien portant. Notre société serait-elle par trop individualiste ?
Blogspot en panne
Avant hier, Blogspot était en panne et avait effacé deux jours de publications.
Un enchaînement d’idées m’a fait passer de la faible qualité de service de Google (d’ailleurs qui peut mesurer celle de son moteur de recherche ?) au problème que pose son monopole, et, plus généralement, celui de toutes les entreprises des TIC (aussi bien Microsoft que Facebook, d’ailleurs).
Je ne connais pas une théorie qui approuve le monopole. Pourquoi laisse-t-on subsister des positions aussi dominantes ?
Parce que le service public n’a plus la cote et que les casser serait difficile ?
Quid du modèle Wikipédia ? Un bien commun (ici la connaissance) peut-il être apporté par la charité (de ceux qui fournissent le contenu du site et de ceux qui financent, par leurs dons, les moyens dont il a besoin) avec un minimum d’organisation ?
Wikipédia est utile, mais n’atteint pas la profondeur d’analyse du spécialiste patenté en ce qui concerne les sujets que couvrent d’ordinaire les dictionnaires. En outre le travail gratuit que fournissent les rédacteurs de wikipedia n’élimine-t-il pas des emplois de spécialistes qui auraient pu porter bien plus loin la satisfaction collective ?
Et si la situation actuelle était une variante du brevet ? Pour encourager l'inventeur, il faut lui donner un monopole momentané. Mais il doit être bref.
Down by Law
Film de Jim Jarmush, 1986.
Film sur le mystère des relations humaines ?
En tout cas la vétusté des prisons américaines n’a rien à envier à celle des prisons françaises d’Attrape moi si tu peux…
samedi 14 mai 2011
Valeurs de la résistance
Au plus noir de la guerre, les résistants ont voulu une France idéale. Choqués par le spectacle que donne le pays, ils ont exhumé leurs espoirs (L'appel d'anciens résistants aux jeunes générations).
Qu’il est rafraîchissant de voir revivre une époque où l’on voulait le bien de l’humanité. Que leurs rêves nous font paraître médiocres. Comment en sommes nous arrivés là ?
Auraient-ils bien fait de nous rappeler à l’ordre ? Serait-il temps de sortir notre action politique de l’intérêt égoïste myope, mesquin, haineux et destructeur de l'ordre social, et d'en revenir à un débat sur la constitution de notre société, ses principes directeurs ?
Compléments :
- J'imagine ces résistants âgés, et je trouve très touchante leur phrase de conclusion : nous voulons dire avec affection.
- Les politiques, Aristote
Pénurie d’eau et conduite du changement
Hier France Culture parlait de sécheresse et de ses conséquences.Les paysans auraient choisi des cultures qui consomment beaucoup d’eau (maïs), ils épuiseraient la nappe phréatique, l’État les encouragerait en subventionnant les installations de pompage. Résultat : le problème empire et on parlerait (?) d’un impôt sécheresse.
Ce qui m’a semblé un exemple impeccable d’attitude perverse au changement, exprimée avec force et répétition par la dynamique des systèmes.
- Le propre des organisations c’est l’homéostasie. Le paysan ne sait pas faire autrement que consommer beaucoup d’eau. Il s’entête dans l’erreur.
- Un changement vertueux (implanter des cultures et une irrigation qui consomme peu d’eau) demande une coordination des acteurs « par en haut ». Ce qui légitime l’État ou un mécanisme équivalent (et met en déroute la « main invisible » du marché).
- Mais l’État trouve plus confortable de faire ce que demande le peuple que de lui expliquer qu’il y a une autre façon, vertueuse celle-ci, de procéder ? Le professeur Cialdini expliquerait certainement cette observation parce que l'homme cherche à ménager son intellect, à ne pas penser du tout.
Compléments :
- En fait, Mme Kosciusko-Morizet annonce qu’il va falloir trouver un moyen de réduire de 20% la consommation d’eau paysanne. Curieusement, le chroniqueur de France Culture, au lieu de se réjouir de cette courageuse déclaration, l’a utilisée pour dénoncer l’inefficacité du gouvernement, qui aurait dû agir plus tôt…
Pays pauvres expropriés
Les acquisitions de terres de pays pauvres auraient atteint 80m d’hectares en 10 ans.
Ce qui rend l’accaparement de terres inhabituel est sa combinaison d’un haut niveau de corruption avec un faible niveau de bénéfices (pour les peuples concernés). When others are grabbing their land
Vivrions-nous une époque où le faible se ferait détrousser ?
Compléments :
Dépassement des trois mille
Cela fait quelques temps que ce blog a dépassé les trois mille billets.
On reproche aux réseaux sociaux de faire de nous de moutons de panurge incapables de penser à long terme, et encore moins d’agir concrètement. Or, ce blog a l’effet inverse sur moi : j’y inscris tout ce qui me paraît bizarre, et je découvre qu’à long terme une tendance se dégage de ce qui semblait sans rapport. C’est un stimulant à la créativité.
Mais, plus il avance, moins il a de certitudes. Et l’action, au fond, a besoin de la foi du charbonnier… Finalement, les réseaux sociaux n’ont que des défauts ?
Difficile, aussi, de voir l’intérêt que peut trouver le lecteur dans toute ces interrogations (qui, en plus, n’ont pas le souci du scoop : j’écris essentiellement le week-end pour la semaine). Pourtant, de temps en temps, en regardant les statistiques frustes que me donne Blogspot, je me demande comment augmenter mon audience. Quels types d’articles devrais-je écrire ? Ceux qui marchent le mieux sont « people ». Dois-je sombrer dans une vision abjecte de l’individu et faire du TF1 ? Ou au contraire imposer ma vérité à la masse, inculte. France Culture ?
Mais ces Charybde et Scylla ont en commun un manque de respect pour nous. N’est-il pas mieux de penser que l’homme est estimable et d’apporter ce dont a besoin un homme estimable ? Je n’ai pas grand-chose à offrir d’autre que mes incertitudes, mais, au moins, ce n’est ni TF1 ni France Culture.
D’ailleurs, l’audience est un phénomène social plus qu’une question de contenu. Si la société, par le biais de ses leaders d’opinion, dit du bien de quelqu’un, alors il devient fameux, sans pour autant que l’on comprenne mieux son œuvre qu’avant. Ai-je envie d’être un illustre incompris ?
Compléments :
- En fait de l’ordre de 3% des billets lus ont trait au changement (un billet sur la résistance au changement pour la moitié et 3 billets sur la définition de changement). Il est tout bêtement possible que l’audience de ce blog croîtrait si je parlais plus de conduite du changement ! Mais ce n’est pas facile sans tomber dans une complexité qui n'intéressera personne.
- Sur les leaders d'opinion : GLADWELL, Malcolm, The Tipping Point: How Little Things Can Make a Big Difference, Back Bay Books, 2002.
vendredi 13 mai 2011
La télévision nous manipule
On découvre que « la radio et les séries télé peuvent changer les comportements ». (Good trash)
Difficile de voir ce qu’il y a de surprenant ici.
Chine, intermédiaire du monde ?
La Chine est idéalement placée pour être l’intermédiaire du monde ; assez proche des frontières de l’innovation pour être au fait des derniers développements, et ayant les qualifications pour adapter de nouvelles idées au marché de masse. (Bamboo innovation)
La compétence de la Chine ne serait pas dans telle ou telle technologie, mais dans des processus de production et de logistique.
jeudi 12 mai 2011
Média asocial
Facebook organise une campagne de calomnie à l’endroit de Google (en utilisant une agence de Relations Publiques).
D’après Edgar Schein la culture d’une entreprise vient des valeurs de ses fondateurs. À quoi ressemble celle de Facebook ? Et, une entreprise bâtie sur des valeurs asociales peut-elle être durable ?
Le bon sens populaire au pouvoir
Laurent Wauquiez semble convaincu que « dire tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas » est une excellente façon de diriger une nation.
N’a-t-il pas été major de l’ENA ? et de l’agrégation d’histoire, de surcroît ? Or, l’histoire n’a-t-elle pas montré que ce que pensait le peuple était toujours juste ? Comme ces Allemands qui savaient qu’il suffisait de se débarrasser des Juifs pour réaliser leur grande révolution ?
N’a-t-il pas été major de l’ENA ? et de l’agrégation d’histoire, de surcroît ? Or, l’histoire n’a-t-elle pas montré que ce que pensait le peuple était toujours juste ? Comme ces Allemands qui savaient qu’il suffisait de se débarrasser des Juifs pour réaliser leur grande révolution ?
Compléments :
- Quant à Aristote, il croyait qu’en jouant du bon sens populaire, on pouvait efficacement détruire les principes fondateurs d’une société, sans lesquels l’homme est animal.
Trahi par les langues étrangères
Il semblerait que lorsque l’on parle la langue d’une autre culture on acquière les caractéristiques de ses membres.
Trahison de sa nation ou élargissement de sa personnalité ?
Raisons d’être optimiste
Je cite un article disant que la France a des raisons d’être optimiste.
Ces raisons ne sont pas convaincantes. Certes nous avons des atouts et les bénéfices de l’Europe sont probablement devant nous, et nous sommes un poids lourd dans une Europe qui a la puissance de jouer un rôle mondial critique. Mais pour gagner un match il faut une équipe, or nous donnons dans la lutte fratricide. Que nous soyons grands ou petits nos réflexes ne sont pas coopératifs…
Des bienfaits de l’optimisme américain
Une Française mène une étude ethnologique aux USA :
Il faut dire que la balance penche actuellement du côté des points positifs. Tout d'abord, j'ai des horaires qui n'ont rien à voir avec Paris. (…) Ensuite, les gens sont beaucoup plus flexibles ici. Tu peux facilement travailler de chez toi, il suffit d'envoyer un mail à l'équipe. D'ailleurs, certains jours je ne sais même pas si mes collègues sont au bureau. On se connecte en arrivant sur notre messagerie automatique interne et quand on a besoin, on envoie un message instantané. Au début, je n'aimais pas trop, je préfère quand même un dialogue en face à face ou un coup de fil. Mais je m'y suis faite... et ça te donne une vraie flexibilité. La contrepartie à autant de flexibilité, c'est qu'il faut toujours être joignable au cas où (ce qui inclut les week ends), mais les chefs n'en abusent pas et si on te demande de venir bosser un week end, c'est vraiment qu'il y a un réel besoin (ça ne m'est pas encore arrivé). Par contre, les Américains sont très bons en management. Tu as toujours le droit à un merci ou à un « j'apprécie le travail que tu as fourni ». Et ça fait vraiment du bien. Un exemple parmi tant d'autres, mon « grand » chef est passé vendredi dernier à mon bureau pour me souhaiter un bon week end et me remercier pour tout le travail que j'avais fourni pendant la semaine sur son dossier. Au début, je trouvais ça un peu trop, mais finalement j'apprécie beaucoup. Cette reconnaissance donne encore plus envie de se défoncer pour ses chefs (surtout qu'en l'occurrence je les trouve très bon dans leurs domaines et très pédagogues)... Je m'aperçois aussi ici que le fait d'être positif tout le temps te pousse beaucoup à prendre des initiatives et aller de l'avant. Finalement, même si je ne renie pas l'importance de notre esprit critique, je m'aperçois que c'est un frein à l'action. En France, on a beaucoup trop tendance à voir les risques et les difficultés futures, alors on n’entreprend pas assez...
Niveau nourriture, je commence à voir également le côté positif. Ils ont de très très bons restaurants japonais et indiens. Et puis si je n'aime pas tous leurs gâteaux à la crème, c'est tant mieux, au moins je n'ai pas encore pris de poids.
Je sens que j'ai également adopté leur façon positive de voir les choses et c'est plutôt une bonne chose pour le moral.
mercredi 11 mai 2011
Le gouvernement annonce des réformes
N.Sarkozy veut imposer aux entreprises qui versent des dividendes de donner une prime à leurs employés. Un ministre semble désireux de faire renaître les workhouses où les (mauvais) pauvres travaillaient pour payer ce qu’ils coûtaient à la communauté : les titulaires de minima sociaux devront faire des tâches d’intérêt collectif, comme d’autres criminels.
Les deux mesures semblent d’une difficulté invraisemblable à mettre en œuvre (exemple). Mais les mettre en œuvre était-il l’objectif du gouvernement ? Ne veut-il pas, plutôt que l’on parle de lui ? Et plus la mesure est stupide plus elle fait de bruit ?
Que fera notre président s’il croit sa réélection menacée ? Une guerre ?
Fin de la bulle immobilière ?
Depuis quelques temps des maçons étrangers (polonais ?) occupent des bureaux près de chez moi, ils les transforment en locaux d’habitation. Ils semblent travailler jour et nuit, week-end compris, les parties communes de la copropriété sont couvertes de plâtre (le concierge a visiblement jeté l’éponge), et des odeurs de tabac froid pénètrent dans mon appartement à chaque fois qu’ils ouvrent leur porte.
Exemple des évolutions récentes du capitalisme ? Il maximise ses revenus en jouant sur les différences de niveaux salariaux, en court-circuitant la réglementation du travail et en faisant payer ses externalités par la société ? Exemple aussi de la justice immanente qui menace le dit capitalisme ? Depuis pas mal de temps on parle de spéculation immobilière, or, je vois des travaux partout : appâté par un gain facile, le promoteur serait-il en train de saturer le marché ?
L’école française étouffe le génie ?
Un père parle d’une balade avec ses enfants, dont Jean, son fils ainé :
Nous avons donc trois écosystèmes en devenir celui de la coccinelle qui vient alimenter celui du lézard qui observe les têtards et la grenouille, et fait la sieste avec Jean (on peut apprivoiser un lézard, oui!). Finalement Jean apprend par lui même, grâce à son sens de l'observation, et à une forme de ténacité sur le terrain qu'il n'a pas à l'école. Il entraîne sa sœur et son frère dans son tourbillon comme un vrai leader qui attire comme un aimant ou repousse... comme un aimant.
Jean est visiblement quelqu’un d’exceptionnel, mais il convient mal aux règles de l’école. Cela m’a fait penser à une histoire racontée par Boris Vian dans laquelle un enfant, qui a la capacité de voler, est enfermé par sa mère dans une petite cage pleine d’amour. (Et aussi à Jackson Richardson.)
L’école est une phase de socialisation. Doit-on perdre ses ailes pour pouvoir vivre en société ? Ou la société aurait-elle à gagner à tirer un meilleur parti de nos talents ? D’ailleurs n’était-ce pas un des projets de 68 ? Les réformateurs de l’enseignement ont-ils remplacé un dogmatisme par un autre ?
mardi 10 mai 2011
Microsoft achète Skype
Microsoft a payé 8,5md$ une entreprise qui fait 860m$ de chiffre d’affaires, perd 6,9m$ et a 686m$ de dettes.
Judicieux investissement ou acte désespéré d’un dirigeant qui a perdu le nord ?
Obama le joueur ?
B.Obama semble avoir pris beaucoup de risques pour éliminer O.Ben Laden. Si j’en crois la radio ce matin, il n'était pas certains que l'homme qu'il allait tuer était bien Ben Laden.
Vu d’ici ce coup de main semble aller de soi, mais il a quand même fallu que des hélicoptères traversent un bout de Pakistan sans se faire repérer, et qu’ils se posent chez Ben Laden, sans qu’ils soient entendus (il s’agissait tout de même d’hélicoptères silencieux, mais difficiles à manœuvrer, d’où un accident)...
Caractéristique de B.Obama : une inébranlable confiance en soi ?
L’Anglais aime l’Europe
La Cour Européenne des Droits de l’Homme irrite l’Anglais. Et si les bénéfices de l’Europe rendaient ces désagréments négligeables ? (Supreme muddle)
Assisterait-on à un retournement des modes de raisonnement de nos élites ? Hier, elles utilisaient l’exception pour monter le peuple contre la règle (afin de construire le libre échange ?). Découvrent-elles les bénéfices supérieurs de la société, et qu’ils valent bien quelques restrictions à sa liberté ?
Cruising
Film de William Friedkin, 1980.
Immersion d’un policier dans le monde des homosexuels newyorkais ascendant sado-maso.
Qu’est-ce que notre société a, qui fait que ses membres sombrent dans des pratiques aussi éloignées de ce qui semble avoir été leur nature primitive ? Ou encore qu’un policier puisse accepter ce type de mission simplement pour obtenir une promotion ?
Fin ambigüe, d’ailleurs, le policier se serait-il transformé en sa proie ?
lundi 9 mai 2011
Marine Le Pen, star internationale
Marine Le Pen fait l’objet de beaucoup d’articles dans la presse internationale.
J’en retiens qu’elle est sympathique mais que son programme politique est irréaliste. (Le Pen, mightier than the sword?)
Alors, est-ce la candidate idéale d’un vote protestataire sans risque ? Pas sûr. Il est douteux que le FN prenne le pouvoir comme l’UMP ou le PS, par contre, il pourrait entrer dans un gouvernement de coalition, comme en Italie ou en Finlande. Alors ce programme « irréaliste » peut avoir une influence suffisante sur la ligne du gouvernement pour qu’il occasionne quelques dommages graves, sans, d’ailleurs, permettre au FN d’apprendre de ses erreurs comme s’il gouvernait seul.
Complément :
Japon en panne de décision ?
L’accident de Fukushima continue de donner une image déplorable du Japon.
La société qui possède la centrale en cause a toujours clamé que tout allait pour le mieux, enterrant ce qui la contredisait, à tel point que le Japon n’a pas cru bon de développer des solutions de dépannage, notamment des robots.
À tel point qu’elle doit utiliser des robots américains. Mais ils ont été choisis, simplement, par reconnaissance pour l’aide humanitaire américaine… Et on découvre maintenant que des robots japonais existaient. (NukeBots)
Qu’arrive-t-il au Japon ? J’ai l’impression qu’en cas de difficulté il est incapable de prendre des décisions « conformes » selon l’expression de Robert Merton. Retour d’un mal que paraissait avoir guéri les techniques de la qualité ?
Le Japon devrait-il tirer profit de cet accident pour chercher ce qui ne va pas dans sa manière de prendre des décisions ? Aurait-il besoin, comme après guerre (comme pour Nissan ?), d’un regard étranger pour ce faire ?
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