samedi 29 février 2020

Citoyen sans foi ni loi ?

Quelqu'un me disait, au sujet de l'affaire Griveaux, que le "citoyen était sans foi ni loi". Dorénavant, il fallait se méfier "de l'ennemi de l'intérieur". Dans ces conditions, il n'était plus possible d'être "solitaire". Il fallait être "solidaire".

Il pensait au dirigeant d'entreprise. Mais c'est probablement vrai pour tout le monde.

Je n'ai pas accordé beaucoup d'attention à cette affaire. Peut-être à tort.

Serait-elle l'indice d'un changement de société ? Est-ce "l'américanisation" dont on parle tant ? Il semble que l'on vive à l'heure du règlement de comptes personnel. Règlement de comptes médiocre, petit, d'ailleurs. Et qu'il n'y ait plus de place pour la justice.

Le lien social : rien de plus important par les temps qui courent ?

Qu'est-ce qu'un "anar" ?

France Musique qualifiait Léo Ferré "d'anar". Anar, Léo Ferré ? Aussi anar que Bob Dylan ou Joan Baez.

Les vrais anars ne sont-ils pas les Louise Michel ou les Proudhon, ou tous ces anonymes, qui se sont fait fusiller durant la Commune ? L'anarchie n'est-elle pas un amour de la liberté que rien ne peut récupérer, surtout pas le succès ?

vendredi 28 février 2020

La résistance au changement est-elle le propre de la raison ?

Et si le changement dont parle ce blog, comme le rire, était le propre de l'homme ?

Le propre de l'homme, c'est la raison (au sens fonction du cerveau). Cette raison a besoin de lois, semble-t-il. Ces lois peuvent être explicites, ou implicites : "ici, on fait comme cela". Elles sont inculquées par l'éducation. Elles sont une seconde nature. Ces lois sont artificielles. Le propre de la raison est d'être irrationnelle.

Le changement c'est la gymnastique que nous devons faire pour avancer en dépit de toutes les contraintes artificielles qui nous entravent, et nous masquent l'évidence. La première étape du changement, c'est "l'éveil". C'est comprendre que ce que nous croyons, inconsciemment, est faux. Cela tient du miracle. Il résulte du paradoxe, de l'interrogation que crée l'écart entre ce que nous croyons et ce que nous observons. Cela crée parfois une "angoisse existentielle". Ensuite, la caractéristique de nos lois est de découler d'un principe. Elles forment un "système". C'est en partant de lui que l'on peut faire bouger l'édifice, immédiatement, et sans effort.

Et le rire ? L'homme découvrant que les grands montages théoriques auxquels il croit dur comme fer sont ridicules ?

(Tout cela pourrait bien être une redite des idées de Bergson...)

Racines grecques de la civilisation française

Quand on connaît le grec, le français s'éclaircit. Par exemple on découvre qu'éphémère signifie (plus ou moins ?) qui dure un jour, ou moins d'un jour. Azote, c'est "privé" de "vie", apparemment par opposition à oxygène, nécessaire à la vie des animaux (quoi que l'azote soit essentiel aux plantes). Quant à oxygène il voudrait dire "engendrer" et "acide", parce qu'on pensait, à tort, qu'il engendrait des acides.

Maintenant que plus personne ne comprend le grec, on se retrouve avec des mots incompréhensibles et compliqués.

N'est-ce pas un mal français ? Notre culture a été créée par des personnes qui croyaient que ce qui était évident pour elles était universel ? Avec elles la signification de ce qu'elles voulaient dire a disparu ?

jeudi 27 février 2020

Le prospectiviste : homme du passé ?

"Avant la fin du siècle New York sera à vingt minutes de Paris". Voilà ce qu'écrivait Jean Duché, en 1969, dans Les grandes routes du commerce (Flammarion International Library). On pensait à l'époque que les avions voleraient à Mach 12.

Non seulement ce n'est pas le cas, mais il n'y a plus d'avion commercial supersonique. Même l'aviation militaire, en termes de vitesse, a connu un recul. C'était la guerre froide qui donnait des ailes aux avions.

Le prospectiviste est une pendule arrêtée : il prolonge les tendances du passé. Mais ce n'est pas comme cela qu'avance la société. Elle évolue par changements "systémiques". Elle passe d'un monde à un autre.

L'espèce humaine peut-elle disparaître ?

Bernard Stiegler, avec beaucoup d'intellectuels, estime que l'espèce humaine peut disparaître d'ici un ou deux siècles.

Ce qui me semble extraordinairement crétin. Et ce au moins pour deux raisons.

D'abord, l'espèce humaine est faite de milliards de personnes. N'est-il pas hautement vraisemblable que même la pire des catastrophes en laisse quelques-unes en vie ? Et que celles-ci, équipées de tout le matériel de l'humanité, s'adaptent ? Dans l'histoire de l'humanité, entre les guerres et les épidémies, la catastrophe n'est pas l'exception, mais la règle.

Ensuite, la notion "d'espèce" n'a aucun sens. Il n'y a pas de lien de continuité fort entre les hommes, ils changent et se transforment. Pour nos descendants, nous serons des extraterrestres.

Question : qu'est-ce qui pousse ces "autorités de la pensée" à dire des choses aussi ridicules ? (Et même contre-productives, si l'on estime qu'ils ont à coeur le bonheur de l'humanité. )

mercredi 26 février 2020

La société, école des autodidactes

Mes (riches) amis étrangers n'aiment pas l'école française. Leurs enfants n'y réussissent pas.

En fait, les choses sont probablement en train de changer. L'école française était féroce pour permettre aux plus pauvres de prendre l'ascenseur social. Bien sûr, il demeurait des classes privilégiées, qui se débrouillaient mieux que les autres (à commencer par les enseignants), mais tout le monde avait une chance non nulle de parvenir à une situation prestigieuse, d'être un Albert Camus.

En adoucissant l'école, on l'a rendue aisément manipulable par ceux qui ont le pouvoir. Je ne serais pas surpris que les réformes actuelles rendent cette tendance irréversible.

Que faire ? L'école de la IIIème République est définitivement enterrée. Et si l'on créait un enseignement pour autodidactes ? Un enseignement qui ne serait pas fourni par l'école, mais par la société, tout au long de la vie, et dispensé au gré des curiosités de l'individu ? Et qui serait résilient, non manipulable par les intérêts individuels.

Comment sélectionner un fournisseur ?

Le client a tous les droits. Alors, il fait des caprices. Ce qui coûte cher au fournisseur. Et, comme ce dernier doit vivre, il fait payer ses caprices au client. Jamais cela n'a été aussi vrai que depuis que nous vivons à l'ère des acheteurs.

Comment choisir un fournisseur, alors ? Le bon fournisseur refuse vos caprices. Cela vous dit qu'il ne vous fera pas payer ceux des autres.

Le charme de Bernie

Bernie Sanders semble parti pour être le candidat des démocrates aux prochaines élections américaines.

Qu'est-ce qui fait son succès ? se demande l'élite du parti.

Peut-être, tout simplement, il a des convictions et il les a toujours défendues. C'est un pur. Cela le rend sympathique. Voilà ce qui manque aux candidats respectables ?

mardi 25 février 2020

La formation déforme

Le "diplômé" est à la mode. Il a tout le pouvoir, et on n'est pas content de ce qu'il en a fait. La cause du "populisme", c'est lui. Du coup on l'analyse sous toutes ses coutures.

Exemple inattendu d'énantiodromie, sa caractéristique la plus frappante est qu'il ne comprend rien. Il est totalement fermé au reste du monde. En fait, il semble ne pas pouvoir concevoir que l'on pense différemment de lui. Se croirait-il possesseur du savoir absolu ?

Y aurait-il là un effet pervers de notre enseignement ? Au lieu d'armer des hommes pour tirer parti de la complexité du monde, elle en fait des autistes ?

Il y a quelques années, j'ai lu une étude faite aux USA et concernant des diplômés d'économie. Ceux qui s'étaient arrêtés au "Master" n'étaient que certitudes, ceux qui avaient poursuivi en thèse (généralement les plus brillants) n'étaient que doutes.

Le succès selon l'Américain : devenir un produit ?

Martin Eden, de Jack London, est l'histoire du succès d'un artiste autodidacte (Jack London).

Toute l'Amérique est dans ce livre. Réussir dans la vie, c'est la technique et le marché. L'homme célèbre est celui qui a mis au point une technique qu'a "achetée" le marché, massivement. C'est vrai pour la start up aussi bien que pour l'acteur de cinéma, le sportif, le chanteur, le peintre, ou l'écrivain. Cela demande énormément de travail, et de sacrifices.

Pour l'Américain, réussir c'est devenir une chose, et abandonner sa liberté. Curieux paradoxe. C'est peut-être pourquoi l'Américain qui a réussi n'est plus qu'une ombre, et que Martin Eden se suicide.

Coronavirus : ce qui ne tue pas renforce ?

Le coronavirus touche l'Italie. L'Europe tremble. On ne dit plus que le coronavirus est une punition de nos pêchés. Notre société a bien changé.

Et pourtant, à la réflexion, il y a quelque-chose de juste là-dedans. Le coronavirus révèle nos instants "d'hybris". Libertarisme, libéralisme... pendant quelques décennies l'humanité, au moins sa couche supérieure, a cru que la dimension sociale de l'existence n'existait pas. Le virus nous détrompe. Il est l'externalité négative de la supply chain mondiale, qui a conduit à une délocalisation massive. Il dit peut être aussi à la Chine, qui a voulu s'imposer en force, une manière bien peu chinoise, que cela ne se fait pas sans risque. Il dit encore que la dissimulation, le mensonge, tuent, comme on le voit en Chine et en Iran. Enfin, on a cru au "post modernisme", à la "post vérité", le monde n'était que croyances, que l'on pouvait manipuler. La réalité se rappelle à notre bon souvenir.

Enseignement ? Sans parler de pêché, il est peut-être bon de garder en tête que le changement "trop facile", la raison qui dicte ses raisons à la nature, a pour conséquence "imprévue" le drame.

lundi 24 février 2020

Voix du peuple, voix de Dieu ?

Un de mes billets parlait de nanoparticules. Depuis j'ai approfondi le sujet. La nanoparticule a été à la mode à une époque, maintenant, elle fait peur. Pour autant, sa nocivité n'est pas démontrée. (Et on ne cherche que bien mollement à la démontrer.)

Dorénavant l'opinion, bonne ou mauvaise, est toute puissante ? La science est en déroute ?

Le scientifique est le premier coupable du discrédit qui le frappe. Car, il est le premier à vouloir manipuler l'opinion pour en arriver à ses fins. Il suffit de voir comment il essaie de nous convaincre qu'il faut agir contre l'effet de serre.

Quand un savant veut faire de la politique, il perd son âme. Le savant doit revenir à son laboratoire. Et l'opinion doit acquérir l'esprit scientifique ?

Jean Racine

Pourquoi l'oeuvre de Jean Racine a-t-elle survécu et pas celle de ses contemporains ? se demandait un animateur de France Culture (La compagnie des oeuvres.)

Le doit-elle au seul mérite de son auteur ? A certaines époques, il n'y en avait que pour la modernité, et les anciens ne comptaient pas. Pour d'autres, c'était le contraire. C'est comme cela que Shakespeare a été oublié, puis retrouvé. Racine a profité de la promotion, nationaliste, que lui a fait l'école de la troisième république. Nous eûmes le cerveau lavé, mais apprécions-nous vraiment Racine ?

L'émission ne semblait pas dire que Racine était attaché à son oeuvre, d'ailleurs. Le succès de sa vie aura été d'être historiographe du roi (on a perdu ses notes). Et ses tragédies étaient-elles autre chose qu'un exercice de style, à l'image des jeux de contraintes de l'Oulipo ? Il fallait prendre un sujet de tragédie grecque, écrire une histoire, d'amour et d'honneur, qui corresponde aux attentes de la cour, et du roi, avec le noble langage, au vocabulaire très limité et aux formules toutes faites, de l'époque.

Racine survivra-t-il encore longtemps ?

Malaise des classes moyennes : un point

"Montée du populisme". Malaise des classes moyennes. Les universitaires enquêtent. Leurs travaux disent à peu près la même chose.
  • La société d'après guerre a considéré que le monde était devenu complexe, et que les diplômés étaient les mieux qualifiés pour la diriger, elle leur a donné tous les pouvoirs. 
  • Le diplômé détient l'autorité de celui qui sait par rapport à l'ignorant, le pouvoir politique, le pouvoir économique, et la richesse. Ce qui est une première : les utopies qui désiraient le gouvernement par les "sages" les privaient de biens.
  • Les diplômés ont créé une classe qui s’auto-reproduit, et stoppe l'ascenseur social pour le reste de la population.  
  • Cette aristocratie a des valeurs totalement différentes de celles du reste de la population. Elle ne peut donc prétendre la représenter, à moins de renoncer à la démocratie. 
  • Elle est incapable de comprendre le monde qui l'entoure, donc de se remettre en cause. C’est une de ses caractéristiques les plus surprenantes. 
  • Sa gestion des affaires des nations est, en quelque sorte, un jeu à somme nulle, les classes moyennes étant perdantes, elle gagnante (1/99).  
(Une étude du cas des USA, ici.  Et ici une recension par Hervé Kabla d’un ouvrage traitant de l’Angleterre. Une autre, par Elise Tenret, pour la Vie des idées, ici, portant, plus généralement, sur l’Occident.)

dimanche 23 février 2020

Le retour de la guerre froide ?

Trump / Sanders, Johnson / Corbyn, Macron, Poutine, Xi Jinping. Déjà vu ?

Mêmes profils que les leaders politiques du temps de la Guerre froide ?

Les analyses universitaires de la vie politique moderne concluent à un rejet de la "société du diplôme", qui a succédé aux trente glorieuses. Et si, implicitement, l'électeur avait décidé que la guerre froide lui avait été plus favorable que l'époque actuelle ?

Boris Johnson, cinquième colonne du socialisme ?

On s'attendait à Boris Johnson ultra libéral. C'est tout le contraire qui semble se passer. Non seulement, il augmenterait le déficit du pays pour financer la remise sur pieds du système de santé national (NHS), mais on apprend qu'une cellule spéciale du ministère des finances a pour mission de traquer l'évasion fiscale des familles riches. J'entendais dire qu'il y avait eu prise de conscience, chez les conservateurs, que les réformes thatchériennes étaient allées trop loin.

Assisterait-on à un revirement, en Occident : dorénavant, la classe moyenne serait privilégiée par les politiques ? Le principe de la société va-t-il changer ? Jusqu'ici c'était le "mérite" que l'on gagne en réussissant ses études. Maintenant, ce serait le "mérite" qui résulte d'une vie laborieuse. Dans ces conditions, il demeurerait de "bons riches". Ce serait ceux qui devraient leur richesse à leur travail, non à quelque manoeuvre habile. Des études au travail ?

A suivre...

(Financial Times :
Secretive UK tax unit homes in on rich families 
The UK’s tax authority has created a secretive unit to investigate the use of family investment companies by the very wealthy to avoid inheritance tax, putting family offices holding an estimated $1tn-plus in assets in its sights. HM Revenue & Customs set up the team last April to target the issue. The creation of the new unit, which was not previously disclosed, comes amid growing concern about inequality and the perception that the wealthy avoid taxes by using sophisticated legal instruments.)

samedi 22 février 2020

La fin du règne du manager financier ?

Le Financial Times titre : "Luca de Meo: ‘Cultural sponge’ takes ‘job from hell’ at Renault 
New boss must mend fences with alliance partner Nissan as crises mount after downgrade to junk".

Après une ère dominée par les artistes de la finance, découvririons-nous qu'une entreprise, c'est, avant tout, des hommes ? Et que, pour diriger des hommes, il faut autre chose que des artistes de la finance ?

Il n'y a pas que la grève dans la vie

En France la grève semble un "fait social". Services publics, bien sûr, mais aussi avocats, urgences, laboratoires d'analyse... Si l'on a un pouvoir de nuisance, on en profite pour paralyser la société.

N'y a-t-il pas d'autres moyens de conduire le changement ?

Les Chinois parlent de "wu wei", non agir. La société est réglée par des forces internes, en jouant sur ces forces, on peut la faire changer. C'est comme cela que les modes nous changent, sans grèves.

Mais peut-être que le changement que demande ce changement est douloureux ? Car il signifie mettre en marche son cerveau.

vendredi 21 février 2020

Sommes-nous contaminés par les moeurs américaines ?

Sommes-nous contaminés par l'Amérique ? se demandait France Culture.

Cela ne serait-il pas normal ? Les cultures dominantes n'influencent-elles pas les cultures faibles ? Les changements qu'a connus la France ne sont-ils pas à l'image des USA ?

La musique "populaire" et le cinéma est américain. France Culture, par exemple, consacre beaucoup de temps à interviewer des auteurs américains. Les Champs élysées, autre exemple, sont une galerie marchande. Nos partis politiques, avant les dernières élections, étaient démocrates et républicains...

Ce qui est surprenant est que cette remarque vienne de France Culture, la radio des intellectuels. Qu'y a-t-il de plus américanophile qu'un intellectuel ? Qu'il s'inquiète signifie peut-être que la culture est un constituant de nous-mêmes, et que l'on ne peut pas en changer.

La nature surprenante des nuisances aériennes

En termes d'effet de serre, 60% des nuisances aériennes viendraient des trainées que laissent parfois les avions, des nuages artificiels.

Pour les éliminer, il suffit de modifier légèrement la trajectoire de l'appareil. (Ce que l'on ne sait pas faire simplement aujourd'hui, faute de pouvoir repérer facilement la zone potentiellement génératrice de trainée.)

Curieusement, cela n'intéresserait pas les écologistes. Ils veulent empêcher les avions de voler.

(Article de CNN.)

jeudi 20 février 2020

Changement chez France Musique : choc de cultures ?

"France Musique, vous allez La Do Ré." "En raison d'un mouvement social..."

Voilà ce que l'on a entendu, pendant quelques mois, chez France Musique. Grève épisodique mais ininterrompue.

France Musique change. On y parle de moins en moins. On annonce des émissions "relax". L'animateur du matin propose un début de journée en douceur... A croire que la chaîne a compris que son auditoire était constitué des ménagères de plus de soixante-quinze ans.

Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg ? Dans les soutes de France Musique, il y a des prolos qui secouent leurs chaînes ? Décidément, il n'est pas facile de changer une culture d'entreprise ?

Science et démocratie

Il y a une grande frustration chez les scientifiques. Ils nous annoncent le réchauffement climatique mais les populations ne bougent pas. De même, certains d'entre-eux nous ont dit que les OGM étaient une avancée de la science, mais elles nous ont fait peur. Et les vaccins, dont on se méfie de plus en plus ?

Il en est de même pour les nanotechnologies, dont je parlais récemment. S'il y en a partout, c'est parce que nous ne le savons pas. Si on nous avait demandé notre avis, il est probable qu'elles n'auraient pas connu un tel succès. Aurions-nous eu raison ?

Le scientifique, hyperspécialisé, ne comprend pas que des gens qui ne le sont pas veuillent juger son travail, et, qu'en plus, ils le fassent avec un bon sens aussi facilement influençable. Il ne comprend pas qu'il n'échappe pas à cette règle : il est incompétent par rapport à ce qui ne concerne pas sa spécialité, ce qui ne l'empêche pas de s'en mêler.

C'est la rançon de la démocratie. La science doit la prendre en compte. Voix du peuple, voix de Dieu. Et, surtout, la science ne doit pas céder à la tentation de manipuler l'opinion publique (par exemple, en expliquant le moindre incendie par l'effet du réchauffement climatique), sous peine de perdre toute crédibilité.

mercredi 19 février 2020

Le temps des sorcières

Il y eut un temps où l'on ne parlait que de sorcières (aussi de sorciers, mais moins).

Quand on écoute ce que l'on en disait, on peut se demander si elles n'étaient pas l'exutoire de fantasmes sexuels refoulés. La société était malade de ses lois morales, et leurs procès en étaient le symptôme ?

C'est dommage que l'on n'ait pas approfondi le concept de "fait social" de Durkheim. La société est un être, et comme les êtres, elle a ses maladies, dit-il. Elles sont dues à sa "constitution", au sens "constitution de la 5ème République". Le propre de la société humaine est qu'elle est, au moins en partie, une invention de l'esprit humain. Et celui-ci a tendance à prendre ses désirs pour des réalités, sans en voir les conséquences.

Pour un Institut Pasteur des idées ?

(Emissions de France Culture.)

Le grand autodafé des diplômés ?

Populisme : révolte contre les diplômés ?

Donner le pouvoir aux diplômés semblait une bonne idée. Ne sont-ils pas mieux équipés que nous pour gérer un monde complexe ? Mais, ils n'ont pas fait la preuve de leur compétence. Et surtout, ils ont établi un nouvel ancien régime. Une dictature du diplôme, avec reproduction sociale. Voici ce que dit une recension de "Diploma democracy". Et cela menace la démocratie :
l’absence des non-diplômés dans les instances politiques nuit à la représentation de leurs valeurs et de leurs pratiques, empêchant toute forme d’identification possible avec les gouvernants et explique sans doute leur désaffection pour la politique, qui s’observe dans tous les pays européens. 

mardi 18 février 2020

Bernard Stiegler et son laboratoire de banlieue

Bernard Stiegler fait tout avec passion. La contestation, l'élevage, la restauration, le cambriolage, la philosophie. Pas le bac, pour cause de révolte contre un système éducatif, de banlieue, délabré, mais sommité de la pensée, "people" engagé dans toutes les expérimentations sociales.

Des livres difficiles, apparemment, mais une parole claire. (Dommage qu'il ne commente pas ses ouvrages ?) J'ai cru comprendre quelque-chose à la phénoménologie, grâce à lui. Ce serait une reprise du cogito ergo sum de Descartes : je ne suis sûr que de moi, comment puis-je m'assurer que je pense bien ? Voilà qui tombe à pic, en ces temps de post modernisme et de post vérité ?

Applique-t-il ce principe ? Il est convaincu que, sauf un miracle, l'espèce humaine va disparaître. Il est aussi convaincu qu'il y aura de moins en moins de travail. Il est, encore, convaincu que les habitants de Seine Saint Denis n'ont pas d'avenir. C'est pourquoi il veut les préparer à faire contre mauvaise fortune bon coeur. Avec toute une équipe de scientifiques, il les observe et il fait des expériences sur eux. L'avenir du pauvre : animal de laboratoire ?

Etrange qu'il ne se soit pas demandé pourquoi l'ascenseur social ne fonctionne plus, et qu'il ne fasse pas profiter le laissé pour compte de son expérience ? Comment utiliser la prison pour faire des études, devenir une autorité morale, et, avec une fille normalienne, illustrer la reproduction sociale ?

(Une émission de France Culture.)

Jean Giono, ce héros

Jean Giono raconte qu'il a fait la première guerre mondiale, de bout en bout, comme seconde classe. Son unité se vidait, complètement, et était renouvelée. Avec son capitaine, il a été le seul survivant. Et il ne fut même pas blessé.

Il était donc possible d'échapper à la boucherie, même lorsque l'on était en première ligne. Par contraste cela montre l'état d'esprit des autres appelés : ils ne ménageaient pas leur vie.

Le plus curieux est qu'il a écrit pour justifier sa conduite, et dire que, finalement, il était le seul à avoir raison. Certes il n'avait pas refusé la guerre, puisqu'il avait servi. Mais il avait été un pacifiste de l'intérieur, qui n'avait tué personne. (Il n'est pas, non plus, allé jusqu'à manifester son mécontentement, en 1917.)

Pourquoi Jean Giono a-t-il voulu donner de lui-même l'image d'un héros (du pacifisme) ? Même l'armée ne lui a rien demandé. Qu'il ait eu peur était compréhensible. Et être un héros c'est, encore, être belliqueux.

Ce qui aurait été réellement intéressant aurait été qu'il se demande pourquoi ses camarades n'avaient pas flanché. Pourquoi, comme Achille, on peut trouver du bonheur dans une vie brève. Peut-être que cela nous aurait éclairé sur le sens de la vie, et sur l'attitude à adopter vis-à-vis de la mort ?

(Réflexions suscitées par une émission de France Culture.)

lundi 17 février 2020

Confiance et indépendance : les lois du marché ?

L’intérêt de la médecine n’est pas celui du patient. Le patient compliqué, ayant une pathologie rare, ou dans une situation désespérée, mais sans terme proche, est ruineux.

Idem pour le journaliste qui n'a aucun intérêt à l’honnêteté de l’information. D'une part elle peut lui demander un gros travail d'enquête. D'autre part, elle peut mécontenter son actionnaire ou les clients de sa régie publicitaire.

Et pourtant, si le journaliste ou le médecin n'agissaient pas comme s'ils n'avaient aucune contrainte matérielle, s'ils étaient "indépendants", personne n'aurait confiance en eux, et ils n'auraient pas de clients. La confiance fait que le monde est fluide et ne se grippe pas pour un oui ou un non, c’est une conséquence de l’indépendance. Ce sont des conditions de bon fonctionnement de l'économie de marché.

C'est peut-être pour cela que l'auto régulation du marché laissé à lui même échoue et que la société se donne des lois ? Elles créent des conditions favorables pour que l'intérêt à court terme de l'individu corresponde à son réel intérêt, qui est à long terme ?

Pour bien vivre avec ses proches : les considérer comme des étrangers

Pourquoi sommes nous surpris par nos proches ? Nos enfants, par exemple. Parce que nous croyons les connaître, et nous ne les voyons pas évoluer. Et, aussi, parce que l'on ne parle pas de ses inquiétudes à un proche, pour de multiples raisons.

L'écart se creuse. Un jour, il est trop tard. Et on est surpris.
Alors, que faire ? Simplement parler avec ses proches. Et, surtout, écouter leurs réponses. Voilà ce que dit l'article dont il est question ci-dessus.

Curieusement, c'est aussi le conseil que je donne aux dirigeants qui traversent un changement. J'appelle cela "perdre du temps". Il s'agit de passer un peu plus de temps que nécessaire à discuter avec ses collègues. Ce n'est pas ce qu'ils disent qui est utile, mais l'histoire qui finit par se dégager de leurs propos mis bout à bout, et les interrogations qui en résultent. Petit à petit, on voit se dégager leur personnalité et leurs préoccupations...

dimanche 16 février 2020

Le langage : piège à philosophe ?

J'entendais Bernard Stiegler dire que la philosophie requiert l'effort de comprendre les concepts qu'avait inventés le philosophe.

Il en est de même des mathématiques, ou de n'importe quelle science. Seulement, ce vocabulaire n'est-il pas un piège. ?L'effort pour l'acquérir épuise les forces de l'individu, qui n'a plus les ressources intellectuelles pour regarder la discipline de l'extérieur et se demander si elle n'a pas quelque erreur constitutive. Et si elle était fondée sur une hypothèse première qui contraint ses conclusions ?

Par exemple, les statistiques sont basées sur la notion de "variable aléatoire". Or, il n'y a pas de variable aléatoire dans la nature. Il y a des choses qui y ressemblent (les dés), mais d'autres qui en sont éloignées. Si l'on voit partout des variables aléatoires, c'est parce que, sans cela, nos mathématiques seraient impuissantes. Et, de temps en temps, cela nous retombe sur le nez, comme en font l'expérience les financiers et leurs algorithmes, qu'ils ne comprennent pas.

Curieusement, il est possible qu'il y ait là une des idées centrales de la pensée de Bernard Stiegler : nous sommes dépassés par notre création. Et jamais nous ne l'avons été autant que depuis que nous sommes dominés par la Silicon Valley. Le numérique ce n'est, même pas, le degré zéro de l'intelligence.

La nature de la société humaine : la violence ?

Je rencontre souvent des gens qui n'ont pas saisi l'occasion immense (une promotion exceptionnelle) qui s'offrait à eux. Irrationalité ? L'explication que j'ai trouvée est qu'ils étaient, en quelque-sorte, "sinistrés". Leurs ressentiments les rendaient aveugles aux privilèges que l'on voulait leur accorder.

L'autre jour, j'écoutais des critique de livres pour enfants. J'entendais que les petits enfants étaient sensibles aux récits des malheurs du monde, parce qu'eux-mêmes les ressentaient dans leur vie. Les exemples que j'ai entendus venaient de l'école ! L'éducation serait-elle une humiliation ? N'en est-il pas de même avec le mouvement Metoo ? Ce sont les parties de la société qui font le plus cas de la dignité humaine, et qui en sont les défenseurs, qui souffrent.

Un vétérinaire m'expliquait que l'on anesthésiait maintenant les animaux que l'on opérait. On ne le faisait pas jusque-là, au motif que l'animal était insensible. On s'était trompé : animal heureux ou prostré, selon le type d'opération. N'y a-t-il pas là une idée répandue ? Nous considérons que ce qui ne peut pas s'exprimer, les enfants, les citoyens, les employés, les nations "sous développées", les animaux, la nature... est une chose à laquelle nous pouvons appliquer le traitement qui nous semble bien ?

Mais comme nous avons nous-mêmes subi ce traitement, nous sommes pleins de ressentiments inconscients ? Ce qui nous amène, quand nous le pouvons, soit à nous venger, soit à profiter de la vie, en parasite ?

A quoi ressemblerait un monde qui aurait pardonné à son passé, et aurait choisi la voie de l'épanouissement ?

samedi 15 février 2020

Le capital humain : le seul capital qui s'apprécie...

Sharma et Moody, dans le livre "La transformation LeanSigma" (2001), font une observation de bon sens : le matériel se déprécie, le personnel s'apprécie.

Car l'homme, contrairement au matériel, apprend et se transforme. D'où leur idée : le meilleur investissement que puisse faire une entreprise est de fournir les conditions de développement de ses personnels.

Voilà qui va à l'encontre de tout ce qui se dit depuis quelques décennies.

Et cette idée a un intérêt supplémentaire : elle est susceptible "d'aligner" les intérêts des dirigeants et des employés.

Paradoxalement, on ne sort pas du modèle, dénoncé par Marx et Proudhon, dans lequel le "patron" prélève plus que sa part du travail collectif. Seulement, maintenant, il est rémunéré en fonction de ce qu'il fait gagner à l'employé... Mieux, cet investissement va amener les employés à s'investir dans leur entreprise, puisqu'il leur rapporte (de même que l'on s'investit dans ses études). Les statuts s'uniformisent : tous investisseurs et entrepreneurs.

American short stories

La nouvelle est consubstantielle à la littérature anglo-saxonne. Voici une sorte d'anthologie de la nouvelle américaine, que j'ai retrouvée près de quarante ans après l'avoir lue pour la première fois. (The Penguin Book of American Short Stories, edited by James Cochrane, Penguin Books, 1981.)

La nouvelle évolue avec l'Amérique. Longtemps elle a du mal à se libérer de l'Europe. Elle raconte même des histoires anglaises. Puis, avec la conquête de l'Ouest et la guerre de Sécession, elle gagne son autonomie. Voici quelques nouvelles que l'on pourra trouver dans ce livre :

  • Il y a les nouvelles célèbres : Bartleby, l'homme absurde (I'd prefer not to) de Melville, The fall of the house of Usher, de Poe (son romantisme a pris un gros coup de vieux ?), To build a fire de Jack London, le modèle de la nouvelle, pour écrivain en herbe, The Legend of sleepy hollow, de Whashington Irving, qui a donné un film sans beaucoup de rapport avec la nouvelle originale. 
  • Il y a, comme To Build a fire, des modèles pour écrivains : The battler d'Hemingway, et Children on their birthdays, de Truman Capote (le personnage principal et lui se ressemblent comme deux gouttes d'eau). 
  • Il y a Faulkner, sinistre, et déplacé ?
  • Et ma nouvelle préférée : The jewbird, de Bernard Malamud. Où il est question d'un "oiseau-juif". Et de ses malheurs. Une, finalement, très inquiétante histoire d'antisémitisme. Voire l'histoire de l'antisémitisme ? 

vendredi 14 février 2020

Autonomie médicale ?

Le Monde, ce matin : "En plus du bilan humain, l’épidémie continue d’avoir des conséquences économiques et pourrait entraîner des problèmes d’approvisionnement de médicaments en Europe."

Dans un précédent billet concernant notre "monde hyperconnecté", je parlais de résilience.

Faut-il inclure, dans cette résilience, la capacité locale de produire tous types de médicaments en cas de crise ?

Donald Trump : veni vidi vicci ?

Depuis que la tentative "d'impeachment" de Donald Trump a échoué, ses opposants sont soudainement devenus beaucoup plus calmes.

Erreur de tactique ? En le couvrant d'insultes, et en le traitant de demeuré, puis en jetant toutes leurs forces dans l'impeachment, ils ont grillé leurs munitions, et se sont ridiculisés ? Donald Trump, acte II : la force tranquille ?

jeudi 13 février 2020

Qu'est-ce que l'éveil ?

Bouddha veut dire "l'éveillé".

Qu'est-ce qu'être "éveillé" ? Ne pas être "endormi" ? C'est-à-dire être en permanence conscient de ce qui nous entoure, afin de pouvoir y répondre ? Les Chinois semblent avoir traduit l'éveil par le Tao, "la voie", la capacité à distinguer dans la complexité du monde le chemin qu'il faut suivre.

Est-ce que l'alpiniste ou le navigateur solitaire sont "éveillés" ? Leurs sens sont en marche continue.

Mais, alors, peut-être est-ce aussi le cas pour le pygmée, qui vit au milieu d'une forêt vierge qui lui demande sans cesse d'être sur ses gardes ? Pour l'animal ?

Et si le propre de l'homme était, justement, de ne pas être éveillé ? Même si elle le force à des réveils en sursaut, douloureux, peut-être que cette capacité au sommeil a des vertus ?

Nanoparticules : science sans conscience ?

Les microparticules vous inquiètent ? Les nanoparticules, vous connaissez ?

Plus grande qu'une molécule, plus petite qu'une cellule, la nanoparticule franchit les défenses du corps. Elle peut détruire ou modifier des cellules, ou s'accumuler à certains endroits, d'où inflammations. On soupçonne ces risques, mais ils ne sont pas avérés. Et, contrairement aux microparticules, on ne mesure pas sa présence dans notre environnement. En France, il n'y a pas de législation propre aux nanoparticules. (Les lois qui s'appliquent aux industries chimiques réglementent leur production : les employés qui les utilisent ont une forme de protection, mais pas le public, qui les consomme plus ou moins directement.)

Où trouve-t-on des nanoparticules ? A l'état naturel. Mais aussi dans les jouets pour enfants, dans les vêtements, dans la nourriture, dans les médicaments, dans les crèmes de bronzage, dans les peintures, dans les vitres, dans les pots d'échappement, dans les ordinateurs... Elles font la fortune de l'industrie. Car les nanoparticules ont des propriétés miraculeuses. Elles sont un état de la manière à part. Elles tuent les microorganismes ; elles franchissent les barrières du corps pour apporter le médicament au bon endroit ; elles réduisent les dépenses d'énergie, en diminuant le poids des matériels ; elles combattent la pollution et les nanoparticules, etc.

Leçon ? Le propre du progrès scientifique est de rechercher le "principe actif". Seulement, en le dégageant de l'environnement avec lequel il était en équilibre, il nous expose à des conséquences imprévues.

Comme Marie Curie, la société a eu une foi aveugle dans le progrès. D'ailleurs, faute d'éducation le peuple ne demandait aucun compte au scientifique. La science devrait-elle changer, pour prendre en considération ses conséquences, et la démocratie ?

mercredi 12 février 2020

L'histoire a-t-elle un sens ?

Le propre de l'espèce humaine est peut-être "l'Histoire". L'homme n'a pas subi les événements, comme d'autres espèces, il les a provoqués. L'Histoire, c'est le récit des coups de tête qu'il a donnés contre les murs, et des conséquences qui en ont résulté.

Une conséquence de ce qu'Edgar Morin appelle "pensée simplifiante", liée à la "raison", est que l'homme détruit, par aveuglement et quasiment par principe, les écosystèmes. D'où réaction. Et l'homme doit réagir à son tour.

Il le fait en découvrant, en lui, du fait de la crise qu'il a suscitée, de nouvelles facultés. Alors qu'il pensait exploiter son environnement, il "s'auto exploite". Pour faire du sur-place, il doit courir de plus en plus vite. Ce faisant, il devient un athlète. C'est une autre façon de voir le Sisyphe de Camus.

Tout cela s'arrêtera peut-être le jour où l'homme prendra conscience de ses illusions. "En soi, pour soi, en soi et pour soi", il est possible que je ne fasse que répéter les paroles de Hegel !

(Hegel, par François Châtelet.)

Internet ou l'esprit de clocher ?

Régulièrement, on me suggère de rejoindre des groupes "d'amis" qui se font de la publicité sur linkedin ou autre. Certaines personnes ont une dizaine de milliers de relations. Grâce à elles leurs publications sont mises en bonne place par les moteurs de recherche.

Nouvel exemple d'énantiodromie ? Notre bon sens nous disait qu'Internet serait un vaste espace d'échange. Un endroit où rien ne pourrait arrêter la liberté. Il est devenu une collection de cercles de comparses, qui se montent le bourrichon.

La liberté d'expression, droit de l'homme fondamental, n'y a pas de place. Toute opinion dissonante est immédiatement éliminée.

Faut-il s'en désoler ? On ne vend pas à ses amis. L'importance que l'on accorde à Internet est probablement disproportionnée. Le monde réel pourrait revenir au galop. Il faudra y reconstruire des liens humains sains ?

mardi 11 février 2020

La résilience d'un monde hyperconnecté

Le coronavirus chinois nous rappelle que l'industrie mondiale est interdépendante. Un virus peut fermer un maillon de la "supply chain" mondiale, et provoquer une crise.

Cela montre que la division des tâches, l'alpha et l'omega des livres d'économie, est une idée stupide. Un réseau d'échange doit être "résilient". C'est d'ailleurs l'idée qui a présidé à la conception d'Internet, le réseau qui devait résister à la guerre froide.

La résilience est la propriété des "écosystèmes" : l'écosystème est capable de remplacer n'importe lequel de ses "noeuds" défaillants, parce que, ensemble, ses membres restants savent faire le travail de la fonction manquante.

En termes économiques, cela signifie qu'une zone géographique doit conserver les compétences fondamentales qui lui permettent de réinventer une partie d'une industrie. Ses entreprises doivent être curieuses, toujours prêtes à s'intéresser à ce qui ne les regarde pas.

Genug

Les derniers mots de Kant auraient été "Genug". Ce qui veut dire "assez". Ou, peut-être, "ça suffit".

Mais il y a une cantate de Bach qui s'appelle "Ich habe genug". Ce qui pourrait signifier ce qu'on lit sur certaines maisons : "Sam Suffit". En quelque sorte, j'ai fait mon devoir, et je suis satisfait. Le théoricien des organisations Hyacinthe Dubreuil, ancien ouvrier, a intitulé son dernier livre "j'ai fini ma journée". Ce qui a un peu le même sens. Ce qui collerait mieux au caractère de Kant, homme laborieux et déterminé, fier de sa maîtrise de soi, qu'un soupir de lassitude.

De la difficulté d'interpréter des paroles. En tout cas cela pose une question : faut-il chercher de l'originalité dans nos dernières paroles, ou ne sont-elles qu'une synthèse des obsessions, voire des traumatismes, de notre vie ?

L'Australie sous l'eau

Sidney connaît des pluies sans précédent. (BBC.)

Après des feux gigantesques, l'Australie semble en proie à la fureur des éléments.

Ce qu'il y a de curieux, c'est que, cette fois-ci, la nouvelle ne soit pas relayée, et que l'on ne parle pas de réchauffement climatique.

lundi 10 février 2020

Chasse à l'épidémie

On attendait la grippe aviaire, on a eu le coronavirus. Ces épidémies ont des points communs : elles partent de Chine ; elles sont liées à une mutation de virus animal qui touche l'homme, parce qu'animaux et hommes vivent dans des conditions de proximité nouvelles. Du fait de la "globalisation", elles se répandent à une vitesse foudroyante.

L'idée qui ressort de ce que j'ai lu sur la question se ramène à peu de choses : les épidémies, depuis la nuit des temps, sont créées par le changement humain. En quelque sorte, l'histoire humaine se caractérise par l'innovation. Cette innovation promet une amélioration du sort de l'homme. Mais elle a des conséquences imprévues. Son principe même est de déstabiliser un "écosystème". Le déséquilibre qui en résulte fait des ravages.

Peut-être serait-il temps que des gens sérieux se penchent sur ce problème, et cherchent si l'on ne pourrait pas identifier les conditions favorables aux épidémies ?

Pour devenir célèbre : quelle profession choisir ?

Wikipedia nous dit qui sont les gens célèbres nés un jour donné. Il y en a de l'ordre de deux ou trois par an.

Quelles sont les professions qui donnent la célébrité ? me suis-je demandé. Eh bien, si j'en crois le jour que j'ai consulté (wikipedia anglais), ce sont presque exclusivement des sportifs.

Cela peut s'expliquer par les critères de tri de wikipedia, ou par des considérations statistiques. Imaginons que, parmi les ressortissants d'une nation, il y ait 5000 personnes célèbres et comparons, pour chaque métier menant à la célébrité (politique, affaires, divertissement, art, science...), son contingent de gens célèbres (quelques dizaines en général) à ce nombre, et l'on verra, qu'en proportion, il est faible.

Du pain et des jeux ? L'importance du sport est éternelle, et sous-estimée ?

dimanche 9 février 2020

Petit traité de manipulation : le bien et le mal

Occident et colonialisme. L'Université de Cambridge m'a fait découvrir un sujet mystérieux. Le bien et le mal y jouent un rôle central.

C'est au nom du bien que l'on colonise. Et que les dernières décennies ont été une nouvelle phase de colonialisme. J'ai rencontré ainsi une universitaire allemande, qui enseignait à Singapour, et qui allait jouer au polo en Thaïlande, dans la propriété d'un ami de ses parents, les week-ends. Elle est à l'image de la jet set occidentale qui dirige le monde, et qui l'asperge de ses bons sentiments.

Le bien est une arme formidable. Je suis le bien, mes adversaires, les autres Occidentaux, sont le mal. Ceux que je veux exploiter, chez qui je veux m'installer sans leur demander leur avis, "les perdants", sont le bien.

Mais n'y a-t-il que des mauvais côtés à l'idéologie occidentale ? J'entendais un cours du collège de France parler du concept de "nature", et dire que, partout, il avait (maintenant) le même sens. La culture occidentale a gagné le monde. Il faut faire avec ? Et, surtout, bien la connaître, de façon à en éviter les pièges ?

Avez-vous une aura ?

Si l'on vous dit "Hegel", "Schelling", ou "Ricoeur", vous êtes impressionné. Mais, si on vous raconte leur vie, vous la trouverez médiocre, voire risible. C'était des enseignants, avec leurs petites manies, comme il y en a tant.

Aura est un terme de psychologue. Il est lié à notre irrationalité. Un phénomène pas totalement bien expliqué fait que l'on considère certaines personnes comme surhumaines.

Cela semble lié à ce que l'on raconte sur elles. Ainsi on a fait des expériences qui ont montré que selon ce que l'on disait du CV d'une personne, on la voyait plus ou moins "belle". Les gens célèbres, les "people"... ont une aura. L'aura a une dimension sociale. Le surhomme est celui qui a des vertus que promeut la société. Il arrive souvent, d'ailleurs, que l'on acquiert une aura à titre posthume. Les valeurs de la société ont changé.

L'aura a-t-elle un avenir ? Il me semble que notre temps est à la causticité. Personne n'y résiste.

La gendarmerie est cultivée

La cellule de la gendarmerie qui protège les agriculteurs (billet précédent) se nomme Déméter.

Déméter, c'est la déesse de l'agriculture, chez les Grecs. C'est Cérès pour les Romains (malheureusement : le CRS est un policier).

Il doit y avoir, quelque-part dans l'administration, un érudit dont le rôle est d'inventer les noms des opérations qu'elle mène. Les Américains, et leurs "tempêtes du désert", doivent nous l'envier.

samedi 8 février 2020

Agribashing

"Agribashing" nouveau mot à la mode. Des commandos attaqueraient les agriculteurs. (Le phénomène serait suffisamment sérieux pour qu'un groupe de gendarmes soit chargé de cette question.) Mais leur malaise viendrait surtout de leur voisinage avec des citadins venus s'installer à la campagne, et dont ils troublent la communion avec la nature.

En dépit du fait qu'ils soient encore sur représentés politiquement (agriculteurs et retraités de l'agriculture représentent un cinquième des maires, mais 1,8% de la population active), les agriculteurs ont beaucoup perdu de leur pouvoir d'influence, voire de nuisance. Car, hier encore, la violence c'était eux, maintenant il faut les protéger.

Surprenant comme les fortunes changent. Comme quoi il ne faut jamais oublier que tout avantage n'est que provisoire, et agir en conséquence ?

(Origine : une émission de France culture : le pouvoir perdu du monde agricole.)

Under Western Eyes

Un Anglais se trouve mêlé à la vie des conspirateurs russes, à Genève. On est au début du 20ème siècle.

Il constate que l'âme russe est totalement impénétrable à l'oeil occidental. Ce qui vaut au livre son titre.

Un petit nombre de personnages, très typés, une histoire simple, quelques scènes, un des grands romans de Joseph Konrad.

Changement du personnel politique aux USA ?

La question de "l'impeachment" de Donald Trump a révélé un curieux phénomène : un des rares républicains à s'opposer à Donald Trump a été Mitt Romney, précédent candidat à la présidence.

La curiosité vient de ce que les deux ennemis les plus féroces de Donald Trump, chez les républicains, ont été les deux précédents candidats du parti à la présidence des USA.

Ce qui laisse penser qu'il y avait une communauté d'idées entre démocrates et républicains de gouvernement. C'est cette pensée dirigeante, pensée d'intellectuels, qui, probablement, est en cours de remplacement. Nouvelle curiosité : la lutte des classes semble revenir à l'ordre du jour. Avec, d'un côté, un Trump, résurgence des "capitalistes", et un Bernie Sanders, de l'autre, défenseur des forçats de la faim.

La "lutte finale" serait-elle durable ?

vendredi 7 février 2020

Le changement illibéral de l'Europe

Les nations européennes rappellent à l'ordre leur commissaire à la concurrence. L'ordre mondial a changé, en encourageant la concurrence au sein de l'UE, elle affaiblit ses entreprises, disent-elles.

Voilà qui est nouveau. Comme le répète ce blog, depuis au moins trente ans, on nous dit (et on m'a enseigné) que la concurrence, dont la condition de réalisation est le "marché", rendait fort, qu'il en naissait l'innovation. L'UE a été le meilleur élève de cette idée.

Cette idée, c'est le "libéralisme". Le "libéralisme", au moins tel qu'on l'entend aujourd'hui, est la traduction économique du désir de liberté individuelle absolue, qui nie, purement et simplement, la réalité "physique" du lien social, (éco)systémique de la nature.

Comme quoi, les idées vont et viennent. Et beaucoup d'entre-nous ne sont que des girouettes.

On lit dans Politico :
Explaining that “the nature of global competition has changed,” the ministers called on the Commission “to adopt a work plan in the forthcoming weeks with practical proposals and rules to address these specific challenges.” The letter was signed by German Economy Minister Peter Altmaier, France’s Bruno Le Maire, Italy’s Stefano Patuanelli and Poland’s Jadwiga Emilewicz.
A quoi Mme Vestager répond :
“If you want to be a global champion, then you have to be competitive,” she told POLITICO (before the letter came out). “If you were cushioned and coddled in your home market and you just can pass on costs to consumers, well, it’s highly likely that you will not be able to make it in global markets.”  

Le scientifique comme zombie

Régulièrement, je lis les articles de Quantum, une revue de vulgarisation scientifique.

Ce qui me frappe est que, implicitement, on présente les universitaires et leurs travaux comme admirables, alors qu'ils ne sont plus ce qu'ils étaient au 19ème siècle ou au début du 20ème. Par exemple, un universitaire étudiait l'équation d'Euler, utilisée dans la mécanique des fluides. Il cherchait ses singularités, par simulation informatique. Le but étant, ensuite, de voir s'il pouvait y avoir une démonstration mathématique de ce qu'il avait observé (la mission d'un autre chercheur). Mais pourquoi s'arrêter là, et ne pas se demander ce qu'il en est dans la nature ?

Voilà ce qui fait, peut-être, que le scientifique a perdu son autorité, et que les savants climatiques ont l'impression de prêcher dans le désert lorsqu'ils nous avertissent de l'avenir que nous réservent leurs instruments de mesure.

Phénomène décrit par Proust ? L'homme et la société changent sans qu'ils s'en rendent compte. Le scientifique est un "zombie" ?

L'homme blanc se rebiffe

La fin de l'homme rouge a écrit Svetlana Alexeivitch. L'homme rouge était un homme blanc.

Partout l'homme blanc s'est senti menacé, apparemment. En réaction, aux USA, il a élu D.Trump. Et, d'après le Financial Times, D.Trump aurait tenu ses promesses, exemple peu fréquent en politique : le sort de l'homme blanc s'est amélioré.

Ce qui pose un curieux problème : D.Trump serait élu par une minorité, donc sa réélection n'aurait rien de certain, mais, cette minorité était jusque-là le coeur de l'électorat des démocrates...

(Quant à Bernie Sanders, qui semble un des vainqueurs possibles de la primaire démocrate, il pourrait être une sorte de Jeremy Corbyn américain : un champion de la lutte des classes. Sanders, la révolte, de gauche, de l'homme blanc ?)

jeudi 6 février 2020

Les formes masquées du colonialisme

Il y a des années, un ami a passé un an et demi à faire le tour du monde en "routard". Il en est revenu révolté contre les ONG. Leurs représentants se comportaient comme des colons, m'a-t-il dit. Leurs 4x4 défonçaient les chemins, et ils vivaient dans un luxe insolent.

S'affirmer comme une force du bien a un avantage : il permet de s'installer auprès des "misérables" et de les dominer ? C'est une forme de colonialisme subtile ?

Théorie de la simplicité

On raconte que le maître d'école du petit Gauss demande à sa classe de faire la somme des cent premiers nombres. Gauss donne immédiatement la réponse. Il a réinventé la progression arithmétique.

Quand j'étais à l'école, on enseignait qu'il y avait partout des formules miraculeuses qui défient le bon sens. Ces formules avaient une autre conséquence : quand on ne les avait pas trouvées, on s'épuisait. (C'est pour ce type de raison que l'on peut se demander si l'humanité n'est pas dans un cercle vicieux.)

Soit ce n'est plus enseigné, soit l'on estime que ce n'est bon que pour les salles de classe car, partout, c'est le bon sens du bourrin qui est aux commandes. La théorie de la simplicité a remplacé celle de la complexité.

Récemment, on a entendu que M.Macron envisageait la réforme des retraites comme une réforme "systémique". Cela n'a pas été un succès. Mais, persévérons, peut-être que l'intelligence va nous revenir ?

Le talent s'achète

L'adaptation des compétences humaines aux besoins de l'entreprise pourrait être une des grandes questions de notre temps : le malaise des classes moyennes, et ses conséquences "populistes", semble venir d'une dégradation de leurs conditions de vie du fait d'une formation qui ne leur permet pas de trouver des emplois bien payés.

Cela s'explique peut-être par un curieux changement : le patron moderne croit que l'avantage concurrentiel ne se construit pas, mais s'achète.

Serait-ce une conséquence de ce qui m'a été enseigné à l'INSEAD : les vertus miraculeuses du "marché" : tout ce qu'il y a de bon vient du "marché" ? (Parce que la concurrence produit l'innovation.) Les dirigeants de multinationales auraient-ils été meilleurs élèves que moi ?


mercredi 5 février 2020

Changer c'est débrancher son pilote automatique

Des dirigeants me disaient que, dans leur jeunesse, un stage les avait fait passer de tire-au-flanc, à exploiteur ! Ils avaient été embauchés pour être ouvriers. Ils rivalisaient d'inventivité pour ne rien faire. Le voyant, leur responsable de stage les avait nommés surveillants de l'entrepôt. ils s'étaient mis à faire des heures supplémentaires pour rendre la vie impossible aux paresseux.

Il suffit qu'une personne change de statut pour que son comportement change du tout au tout. Dirigeant ou syndicaliste = la même personne dans des circonstances différentes.

C'est pour cela que le changement qui croit aux bons et aux mauvais ne peut réussir. Le seul changement qui vaille est celui qui débranche notre pilote automatique, les comportements sociaux appris, et nous ramène à notre nature réelle, d'être humain qui doute.

Microsoft Network

On a oublié, je crois, ce moment de l'histoire de Microsoft. La stratégie de Microsoft était de construire des monopoles, en en utilisant un pour édifier un autre. (Cela se voit moins, mais ça continue. Microsoft a un monopole sur les systèmes d'exploitation, la bureautique, et bientôt les applications "cloud" pour l'entreprise.)

Lorsqu'Internet est arrivé, Microsoft a créé MSN, Microsoft Network.

Cela n'a pas marché. Or, ce qui est curieux est que MSN est Facebook avant la lettre. Ce qui est plus curieux encore est que Facebook n'est presque rien, puisque c'est un site sur lequel on affiche des photos. Si, au lieu de concurrencer Internet, Microsoft avait proposé cette simple application, il serait peut-être aujourd'hui un monopole des réseaux sociaux.

Comme quoi, qui vaut le plus ne vaut pas toujours le moins.

mardi 4 février 2020

Les urgences peuvent-elles être en grève ?

France Info, il y a quelques jours, interviewait un urgentiste du 15. Selon lui, il était honteux que le ministre de la santé ait dit aux populations inquiètes du coronavirus chinois d'appeler le 15, car il était débordé. La médecine n'avait pas de moyens, et lui-même était en grève. Et, d'ailleurs, pourquoi faisait-on autant de bruit avec ce coronavirus, alors que la grippe tue quinze mille personnes par an ?

Le coronavirus est-ce la même chose que la grippe ? Tout le monde peut être atteint par le coronavirus, et il tue une proportion importante de ceux qu'il touche. Le seul moyen de s'en protéger est de s'isoler. C'est un peu comme s'il y avait un tueur fou dans la ville.

Il y a, surtout, quelque-chose de curieux dans ces déclarations. Ne choisit-on pas la médecine par dévouement, par amour de l'humanité ? C'est un sacerdoce. On peut protester quant à ses conditions de travail, mais l'intérêt général est premier. D'ailleurs, c'est ce que l'on attend du médecin : si vous tombez à côté de lui, il doit vous prêter secours sans se préoccuper de ses intérêts.

Que la médecine fasse passer ses intérêts avant ceux de la population est un grand changement.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque. (Serment d'Hippocrate.)

Confusion des genres

On vit à une curieuse période.

On a conservé un discours de lutte des classes, on parle de milliards, d'inégalités honteuses, Th.Piketty se prend pour Marx...

Et pourtant... Les grévistes sont la plupart du temps des salariés protégés, et diplômés, et les "patrons" des multinationales, d'autres salariés diplômés. Le patron de PME, lui, est quasiment un smicard. Et quand il emprunte, il engage ses biens propres.

C'est peut-être ce que l'on appelle la "post vérité".

lundi 3 février 2020

Décoloniser la pensée

Dans sa revue, l'université de Cambridge explique qu'elle veut "décoloniser" la pensée. Notre pensée occidentale est faite de faux préjugés, regardons le monde avec d'autres yeux.

Critiquer ses croyances est la démarche même du scientifique. Dans ma jeunesse, on aurait fait appel à l'anthropologie, à la systémique, à l'existentialisme et autre phénoménologie. Tout cela nous dit, effectivement, que "le problème est la solution". C'est ce que nous croyons juste qui nous "aliène". Que faire ? Débrancher le pilote automatique, se mettre à penser.

Pourquoi la décolonisation a-t-elle été un échec ? Et si elle avait été une autre forme de colonisation, la colonisation par les idées ? La "décolonialisation" ne projette-t-elle pas des concepts culturels occidentaux (comme celui de "nation") sur des cultures pour lesquels ils ne signifient rien ? Pourquoi, d'ailleurs, des gens comme Nelson Mandela ou Albert Camus ont-ils été post anti colonialistes ? Pourquoi l'Occidental dit-il, contrairement à d'autres cultures, que ce qu'il fait est mal ? Et pourquoi, lorsqu'il veut coloniser un peuple, lui injecte-t-il sa religion du pêché originel ?...

L'Angleterre : nouvelle Singapour ?

L'avenir de la Grande Bretagne ?
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By Peter Forster from Centobuchi, Monteprandone, Italy. - Singapore 1960., CC BY-SA 2.0, Link

Une amie s'est installée à Singapour, ce qui m'a fait découvrir cette île. C'est une enclave chinoise de 6m de personnes, extrêmement riche. J'ai pensé que sa situation avait tout pour faire rêver l'Angleterre. Curieusement, je viens de voir, dans un article, que Boris Johnson a cette idée. L'Angleterre peut elle être Singapour ?
  • Singapour est petit (6m de personnes). Il est plus facile à un petit Etat de vivre en égoïste qu'à un grand. Il peut faire l'économie de beaucoup de frais généraux, et, surtout ?, de complexes de supériorité ruineux (n'est-ce pas M.Poutin ?). En outre, Singapour a les moyens de filtrer sa population, et de ne conserver que des gens qui partagent la même opinion. L'Angleterre a une importante population pauvre et peu éduquée, ainsi que quelques minorités remuantes : elle est aux prises avec beaucoup d'intérêts divergents. Jeremy Corbyn nous a rappelé, d'ailleurs, qu'un des deux partis de gouvernement anglais est farouchement anti capitaliste. A côté du scénario Singapour, il y a celui de la glaciation soviétique. 
  • Ce qui fait le succès de Singapour, un des plus grands ports mondiaux, c'est sa position aux croisements des trafics commerciaux asiatiques, et, peut-être aussi, sa situation d'îlot de civilisation à proximité de pays peu développés. L'Angleterre, perdue dans les tempêtes de l'Atlantique, est presque dans une situation inverse. 
  • L'Anglais, surtout, vit de ses rentes depuis au moins deux siècles. L'Angleterre d'après-guerre (le modèle de M.Corbyn ?) était particulièrement inefficace. Peut-il encore faire preuve de dynamisme ? Toute sa stratégie a consisté, depuis les temps glorieux, à attirer les entreprenants de tous les pays, afin de se nourrir de leur énergie. Même la Cité est une création étrangère. Le Chinois, par contraste, est un homme d'affaires.
Ce que possède l'Anglais, c'est sa formidable capacité de manipulation, qui a fait merveille dans ses colonies. Il s'allie aux élites locales afin d'exploiter les populations dont elles dépendent. Les élites européennes ont toujours été sensibles à ce type de séduction, que les Chinois (continentaux) n'ont pas su exploiter. M.Johnson, il vous reste un espoir ?

La culture de l'aviation civile

L'aviation civile est entre les mains de deux entreprises. L'une fabrique des avions qui tombent, l'autre corrompt ses clients.

Mais cela n'est pas suffisant pour les mettre à terre, quels que soient les dommages subis. Ce qui semble signifier que le calcul paie.

L'esprit de l'aviation aurait-il changé ?

dimanche 2 février 2020

Bienvenus dans le monde du Capitalisme de surveillance

Au temps des "printemps", on a cru à la libération des peuples par Internet. Résultat ? "Surveillance capitalism", le capitalisme de la "surveillance". (Du camp de concentration ?) Voilà ce qu'on lit dans les pages de la revue de l'université de Cambridge, qui s'inquiète du respect des droits de l'homme (Human rights in a digital age).

Nouvelle exemple d'énantiodromie : le désir de libération mène à l'oppression, et les grands libérateurs auto-proclamés, les milliardaires du GAFA, se muent garde-chiourmes ?

En tout cas, l'article s'achève sur une de mes vieilles idées. Au lieu de chercher à corriger ce qui ne va pas, et d'empirer le mal, pourquoi ne nous demanderions-nous pas comment nous voulons qu'Internet soit, et ce que nous devons faire pour qu'il le devienne ?
“We know quite well that spaces such as Facebook and Twitter don’t lend themselves to the better qualities of democratic life. So where and how do new possibilities come about? The answer is, through innovation, and through public demand for digital technologies that enable the things that we still value and cherish in democratic life.”

Cédric Villani : quels mobiles ?

Election à la Mairie de Paris. Cédric Villani va faire perdre son camp.

Hervé Kabla recherche le mobile du crime. Il se demande si M. Villani n'est pas un sous-marin du parti socialiste. Sa défection aurait un prix. Pourquoi pas ?

Pour ma part, j'ai plutôt l'impression que, dans la tradition d'ancien régime française où les hommes de pouvoir sont "parachutés", M. Villani a cru qu'il pourrait monnayer sa médaille Fields contre un ministère. D'ailleurs, n'est-il pas normalien ? Il aurait pu être polytechnicien, et, probablement, ingénieur des mines, une race de parachutés. Un moment, M.Macron a été séduit, mais il ne l'a pas trouvé compétent, et il l'a oublié. L'injustice serait le motif de la révolte.

De la difficulté d'interpréter un comportement !

samedi 1 février 2020

Décentrer sa pensée

Un jour, je me suis trouvé avec un PC bloqué. Mon client m'avait demandé d'utiliser les ordinateurs de son entreprise, pour des raisons de sécurité. Je ne pouvais plus me connecter.

Après enquête, c'était une initiative de la direction informatique. Je ne sais plus pourquoi elle avait envoyé un mail à toute la société en demandant de faire quelque-chose, sans quoi l'ordinateur ne fonctionnerait plus. J'avais vu passer ce mail, mais il était long et bizarrement formulé, et ressemblait aux nombreux mails internes (notamment du comité d'entreprise) qui ne me concernaient pas. J'avais pensé que je n'étais pas payé pour perdre mon temps à lire des mails qui n'entraient pas dans ma mission. Quant à la direction informatique, elle avait vu que j'avais ouvert le mail, et en avait déduit que je ne voulais pas faire ce qui était écrit.

Cette situation se rencontre souvent dans la vie. Au fond, on définit le bien et le mal, et on agit en fonction. Or, lorsque l'on se met à la place de l'autre, on voit le monde totalement différemment.

Et si c'était cela penser ? Se regarder avec les yeux de l'autre ?

L'effacement de Proudhon

Pourquoi ne parle-t-on pas de Proudhon ? Pourtant il semble avoir été prescient. Pourquoi, au moins, n'a-t-on pas essayé d'explorer ses idées ?

Il y a un parallèle curieux avec White Working Class. Dans les deux cas, il y est question de classe moyenne, et d'intellectuels. Les maux semblent identiques. La classe moyenne est préoccupée par ses conditions d'existence ; l'intellectuel défend des idées élevées et abstraites. L'intellectuel gagne, et l'on découvre que ses idées ont eu des conséquences qui ne l'étaient pas. En effet, la démocratie et son système représentatif ne peut que donner le pouvoir à celui qui sait causer, donc à l'intellectuel. Et si, depuis trois siècle, l'intellectuel était l'agent du changement ? Pour son propre compte ?

Cela pourrait expliquer aussi la disparition de Proudhon. L'intellectuel est aussi enseignant. Il ne va pas enseigner des idées qui ne lui conviennent pas.

Faut-il guillotiner l'intellectuel ? Trop tard. Nous sommes tous des intellectuels.