mercredi 1 juin 2011

Nucléaire : Angela Merkel bluffe-t-elle ?

J’entendais hier la radio dire que la volonté de Mme Merkel de se débarrasser du nucléaire était « politique » (i.e. démagogique). C’est aussi ce que pense Mme Lauvergeon.

Effectivement, la fin de vie des centrales commence en 2022, il peut se passer beaucoup de choses entre-temps. Mme Merkel sera partie d’ici là.

Mais, la sortie du nucléaire peut être une formidable chance pour l’Allemagne. Il ne s’agit pas que de rendre rentable une production d’énergie renouvelable qui ne l’est pas, ou d'absorber le coût colossal du démantèlement des centrales,  mais surtout de réduire la consommation du pays. Si l’Allemagne résout les problèmes que cela pose, elle aura un marché énorme. Or, contrairement à beaucoup, son État n’est pas endetté et a les moyens d’investir…

Compléments :
  • Quant à Areva, pourrait-il jouer à la très rentable stratégie de Monsanto (Le triomphe des OGM) : détenir un monopole sur un marché dont personne ne veut ? Pour cela, contrairement, à Siemens, il ne faut probablement pas avoir d’autres métiers, qui pourraient souffrir de la fréquentation. 

7 commentaires:

Anonyme a dit…

En effet, l'Allemagne est la première puissance européenne en matière d'énergies renouvelables. Elle a les moyens d'investir. Cependant il est inutile de rappeler que l'Allemagne comporte 82 millions d'habitants et un Parc automobile plus conséquent que le parc français. Les Allemands savent qu'ils doivent investir massivement dans l'économie d'énergie. Mais cela ne sera pas suffisant : la raréfaction des ressources fossiles entrainera un besoin croissant en énergie électrique, et thermique. Seule la technologie nucléaire a la capacité de fournir un rendement énergétique suffisamment important. Au final le rapport coût/rendement favorisera inéluctablement le nucléaire. Le bon investissement se trouve dans la mixité des sources d'énergie, et non dans la fermeture d'une filiale. D'ailleurs rappelons qu'en période de pics de froid hivernaux, l'Allemagne s'approvisionne en électricité (nucléaire) française pour satisfaire ses besoins.
Beaucoup de choses peuvent se passer d'ici à 2022, mais certainement pas la fin du nucléaire en Allemagne.

Christophe Faurie a dit…

ça semble convaincant!
Cependant, ce que je constate dans mon travail est que lorsqu'une entreprise est face à un problème colossal, un choc, elle peut faire des miracles. C'est d'ailleurs ce qui se passe lors des guerres (et c'est un peu ce que l'on voit actuellement dans le secteur des voitures électriques).
La contrainte rend créatif. En outre, en frappant les esprits elle canalise toutes les "énergies" dans une direction unique, qui devient une obsession.

Anonyme a dit…

Pas du tout d'accord avec le 1er commentaire. Si les Allemands disent qu'ils veulent sortir du nucléaire, ils vont faire ce qu'il faut pour cela. Quitte à importer davantage d'électricité de l'étranger (leurs exportations le leur permettent largement) et déplacer le problème de sécurité nucléaire chez les voisins...

Piou a dit…

Pas d'accord non plus avec l'auteur du 1er commentaire.
1/ l'Allemagne achète peut-être de l'électricité à la France, mais l'inverse est vraie aussi. Au final, dans quel sens va le solde des échanges ? Je conseille la lecture de cet article : http://www.rue89.com/planete89/2011/05/21/contre-le-tout-nucleaire-a-la-francaise-lexemple-allemand-203519
Il semble bien que la France achète à l'Allemagne trois fois plus d'électricité (20 TWh – térawatt-heure) qu'elle ne lui en vend.

2/ L'affirmation "Au final le rapport coût/rendement favorisera inéluctablement le nucléaire" me semble péremptoire et demande à être prouvée.
Mais il faudra alors bien faire les comptes de la filière nucléaire dans toute son intégralité, sans escamoter aucun coût : extraction, enrichissement, usage et surtout traitement / gestion des déchets... pendant 100 000 ans. Pas sûr que le résultat soit alors vraiment en faveur du nucléaire.
Et je ne parle même pas des coûts en cas de survenance d'un incident : ce ne serait plus sur un plan économique qu'il faudrait les évaluer, mais sur un plan moral et éthique...

Anonyme a dit…

D'accord avec le premier commentaire, car c'est moi qui l'est fait. Et en réponse à vous:

1/ Il reste que l'Allemagne, championne du BBC a quand même besoin d'électricité française (nucléaire) en cas de pic de froid hivernal: elle n'est donc pas autonome électriquement.

2/L'article de rue89 oublie de citer quelques chiffres d'Eurostat concernant les différences de consommation française/allemande:
-Pétrole: France 33.7% / Allemagne 34.7%
-Gaz(fossile) : France 14.6% / Allemagne 23.4%
-Combustibles solides (charbon principalement) : France 4.3% / Allemagne 21.9%
-Nucléaire :France 40.2% / Allemagne 10.7%
-Renouvelable : France 7.5 / Allemagne 8.5
Ainsi l'Allemagne ne bat la France que d'un point en matière de renouvelable. Et pour TOUTES les énergies fossiles, l'Allemagne consomme plus que la France. Le problème de la France se trouve dans nos bâtiments trop énergivores, tout simplement. Mais à la lecture de ces chiffres, si la France consomme 4 fois plus de nucléaire que l'Allemagne, cette dernière consomme 5 fois plus de charbon que nous.

3/ L'affirmation " Au final le rapport coût rendement favorisera inéluctablement le nucléaire" vient tout simplement des études réalisées par le CEA et Areva. Les énergies renouvelables ont bien moins de rendement que le nucléaire. En fait des études ont montré que si l'on recouvre toute la France d'éoliennes, le rendement ne serait pas suffisant pour couvrir nos besoins. D'autres études réalisées par TOTAL montrent que l'utilisation de voitures électriques par toute la population française entrainera un besoin en énergie électrique équivalent au rendement de plus de 50 EPR.
En sachant que l'appel d'offre d'éolien offshore n'offrira de rendement que l'équivalent de 2 EPR... Je vous laisse imaginer le coût total (construction, maintenance, démantèlement) de ces parcs éoliens... multiplié par 25, pour égaler nos besoins actuels en énergie nucléaire.

4/ Tous les matériaux radioactifs ne se traitent pas en 100 000 ans. Certains se traitent en 300 ans. De plus les techniques d'enfouissement évoluent. Je vous conseille le visionnage du film "Into Eternity" qui traite du futur centre d'enfouissement d'ONKALO en Finlande ne nécessitant pas d'intervention humaine.

5/ La France, ainsi que l'Allemagne sont qualifiés en matière de sûreté nucléaire. On oublie un peu facilement que le premier réacteur français date de 1956. Depuis non seulement la sûreté a évolué, mais on constate que cela fait 55 ans qu'aucun Accident n'est arrivé. La France n'ayant pas dépassé le stade 2 de l'échelle INES.

6/ En 10 ans l'Allemagne a fait monter de 2.4 à 8.5 son pourcentage de consommation en énergies renouvelables. Ce sont donc 6 points de gagnés. Cependant, durant le même laps de temps, la part d'énergie nucléaire n'a baissé que de 2 points. On peut donc se demander si dans 11 ans, l'Allemagne aura réussi à faire baisser sa part de nucléaire 5 fois plus vite que ce qu'elle a accompli durant les 10 dernières années. C'est impossible.

7/ En dix ans, la consommation de charbon en Allemagne a baissé de 2% mais reste largement supérieure à la France. La consommation de gaz a augmenté de 2%. La consommation de pétrole reste plus élevée que la France. Les objectifs de réduction des gaz à effet de serre conduisent dans des nombreux domaines à passer du l'énergie fossile à l'énergie électrique (la voiture électrique n'étant qu'un exemple parmi tant d'autres). Ainsi durant les 11 prochaines années l'Allemagne va devoir s'efforcer de réduire sa consommation d'énergies fossiles. Ses besoins en énergie électrique augmenteront. Un rendement fort sera nécessaire. Ainsi comment l'Allemagne peut-elle, en dix ans, réduire sa consommation d'énergies fossiles, et en même temps endiguer totalement sa consommation de nucléaire? Sortir du nucléaire est possible, mais pas aussi vite, c'est évident.

Christophe Faurie a dit…

Peut-être que nous prenons tous au sérieux quelque chose qui ne l’est pas… ?

« Le gouvernement (…) affirme que la durée de vie prévue des réacteurs est la même que celle du projet Schröder dans les années 2000. (…) « Ce que Merkel a présenté comme un projet historique se révèle être en réalité un plan bidon », a jugé un responsable de Greenpeace Allemagne, Tobias Münchmeyer. » dit la Tribune.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20110602trib000626281/le-plan-nucleaire-d-angela-merkel-critique-par-les-verts-et-les-ecologistes.html#xtor=EPR-2-[Lactu+du+jour]-20110603
The Economist ne semble pas éloigné de penser la même chose (http://christophe-faurie.blogspot.com/2011/06/angela-merkel-bluffe-t-elle-ii.html).

Et si Mme Merkel avait proposé une sorte d’écran de fumée, qui ne promet rien et a pour seul objet d’élargir sa base électorale, dépressive ? (Ce qui demeure curieux est sa décision brutale alors qu’elle est réputée avoir besoin de longues réflexions… instinct de l’animal politique ?)

Anonyme a dit…

En fait, la réaction en Europe face à Fukushima était totalement attendue : un vent de pseudo-crainte face à la menace nucléaire. Une agitation (inutile?) des écologistes. L'ordre de réaliser des audits et analyses des risques pour calmer une populace qui aura oublié l'affaire au moment où les résultats tomberont. Et au final le retour à la réalité brute : on a besoin du nucléaire.
Beaucoup de "blabla" pour pas grand chose...