mercredi 31 août 2022

Post Fukushima

Le Japon se remet à construire des centrales nucléaires. Les Allemands pourraient faire repartir les unités qu'ils avaient arrêtées.

La Pologne se lamente d'avoir abandonné ses mines de charbon. Il n'y a plus aucun complexe à l'utiliser. la question qui se pose est, plutôt : mais où donc en trouver ? (L'Allemagne, décidément le modèle du monde, explique maintenant que les trains chargés de charbon ont la priorité sur les trains de passagers...)

Alors que la gauche a vendu son âme, son histoire, et son électorat, à l'écologie, cette dernière semble, brutalement, ne plus compter du tout. 

Les intellectuels sont les maîtres des esprits, mais, quand les corps sont en danger, ils ne sont que des tigres de papier ? 

Et quid du réchauffement climatique ? Va-t-il être balayé par l'inflation, la récession, les conflits divers et autres calamités que l'on nous annonce ? 

L'école du changement ?

 L'homme et le changement ? 

  • Son comportement actuel, ses paroles... ne comptent pas. Ils ne permettent pas de prédire son comportement à venir.
  • Ce qui compte, c'est sa capacité à changer. Elle est invisible. 
  • Le comportement actuel est conditionné par l'expérience passée. 
  • La capacité à changer est conditionnée par l'environnement immédiat. 
(Et la justice n'est pas utile à l'homme, mais à la société.)

mardi 30 août 2022

L'école des femmes


L'école des femmes, c'est l'amour ! Agnès est élevée pour être sotte. Mais elle rencontre l'amour, qui lui révèle les paroles qui désarment Arnolphe. Heureux les simples d'esprit ? 

L'école des femmes est une histoire de changement. Celui, qui n'arrive presque jamais, d'être à la hauteur d'un événement.

C'est aussi une pantalonnade, qui devait se mener à un rythme effréné. Chaque scène est un coup de théâtre, chacun se trompant sur le compte de l'autre, et chaque intention donnant son contraire. Le Charlot de mon enfance ? 

Comment la grande tradition jouait-elle cette pièce ? J'ai trouvé un enregistrement de Louis Jouvet. Ce n'était pas la farce que j'attendais. Mais j'ai constaté que Louis Jouvet parlait tout à fait normalement, sans que l'on perçoive le français du 17ème siècle. Un texte n'est jamais vieux si l'on sait en retrouver l'intention ? 

La pièce est créée à l'époque où Molière se marie. Et il se trouve que j'ai découvert récemment que son épouse était morte près de chez moi. Elle a vécu, d'après wikipedia, une vie édifiante, et fini ses jours avec une personne qu'elle aimait. Ce qui ne semble pas avoir été le cas de Molière... Avait-il compris le sens de ses pièces ? Etait-il trop intelligent pour cela ?

(Légende de l'illustration : Par Eustache Lorsay — http://www.britannica.com/EBchecked/topic-art/388302/56696/Moliere-in-theatrical-costume-drawing-by-Eustache-Lorsay, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11438362) 

lundi 29 août 2022

Du sang et des larmes

La semaine dernière, M.Macron nous annonçait que les années folles étaient finies. Mais pour qui furent-elles folles ? 

La BBC annonçait, samedi dernier, que la violente augmentation des prix de l'énergie allait mettre en difficulté une très grande partie de la population anglaise (pas seulement "les plus modestes"). Un plan d'aide d'un montant équivalent à celui de l'épidémie était une urgence. 

L'Angleterre n'est certainement pas très différente de la France. Or, si autant de gens sont susceptibles d'être en difficulté, cela signifie-t-il qu'ils vivaient dans l'opulence ? 

Et les millions de PME françaises avaient-elles une vie de loisir ? 

Et si c'était le monde de M.Macron qui était féérique ? Changement bien ordonné commence par soi-même ? 

Et si on oubliait l'Etat ?

Le mal de la France, c'est l'Etat ! Plus j'interviewe de monde, plus je m'en convainc. On me décrit, par le détail, sa risible inefficacité, on en appelle à la réforme. 

Et l'erreur est là. Car, en attendant la réforme, qui ne fera, comme les précédentes, qu'empirer les choses, on ne fait rien ! 

Or, on peut agir. 

  • Mes interviews le confirment. Exemple récent de la Vendée. Un nouvel entrepreneur ne trouve pas de fonds. Des dirigeants locaux ont entendu parler de lui, ils ont fait du "financement participatif". Et quoi de mieux que des investisseurs qui ont une longue expérience de l'entreprise, quand vous entrez dans le métier ? Vous ne les trouverez ni dans une banque, ni à la BPI !
  • Mieux. L'Etat se lamente sur le manque de trésorerie de nos PME, qui les empêche de se tirer du cercle vicieux de la "guerre des prix". C'est faux. Les PME ont des gisements de trésorerie dont elles n'ont pas conscience. Ce qui leur manque réellement, c'est un "cerveau collectif", qui permette à la fois de les identifier et de trouver les projets qui permettraient de les utiliser. 

Fin de l'histoire

Hegel parle de "fin de l'histoire". Mon interprétation :

Raisonnement systémique, avant que le terme soit inventé. 

Le changement, dans le monde de la systémique, fait que le système change en son opposé (mécanisme dit "dialectique"), mais qu'il obéit toujours au même principe. Il change pour ne pas changer, comme il est dit dans Le guépard. (La voiture, qui tournait dans un sens, tourne dans l'autre, mais c'est toujours une voiture.)

L'histoire s'arrête le jour où il n'y a plus de système, donc plus de principe. Hegel appelle l'état historique dans lequel nous sommes : "l'aliénation". 

Et quel est le principe qui nous "aliène" ? L'individualisme. Croire que nous avons des personnalités propres, alors que nous faisons partie d'un tout. 

Juste ? Je me demande si le "principe" n'est pas, en fait, la raison. Justement le sujet qu'étudie Hegel. "Logos" grec, à la fois langage et raison. Propre de l'homme. La "raison d'être" de cette raison est de nous permettre de communiquer entre nous. Seulement, son effet inattendu a été de nous faire croire que nous "pensions" donc nous "étions". Et nous a amenés à être des loups pour l'homme. 

Il est possible que cette raison soit rusée et qu'en nous faisant mal penser elle nous emmène où elle le veut : une fusion de l'espèce humaine. L'Histoire aura été celle de ce "plus long chemin de soi à soi".

dimanche 28 août 2022

Fin de bulle ?

Les changements se succèdent. Quel sera le prochain ? 

Celui de la spéculation ? 

Nous avons subi une succession de bulles spéculatives, "bulle internet", "sub primes" et autres. A chaque explosion de bulle, les banques centrales ont réinjecté des masses de cash pour relancer l'économie. Ce cash a très peu atteint sa cible, ce qui explique qu'il n'y ait pas eu d'inflation, mais est resté coincé dans les couches spéculatrices. Le modèle qui en a résulté est celui dit de "l'open innovation", encore connu sous le nom de "start up" ou de "X tech" (remplacer X par le nom d'une nation). 

Le départ d'inflation force les banques centrales à faire machine arrière. Il risque de devenir très difficile de lever des fonds pour un nouveau projet. Il va falloir faire avec les moyens du bord. Après les traders et les bateleurs, façon Musk, les entreprises et les personnes qui ont conservé un savoir-faire pourraient elles être les gagnantes du changement ?

(NB. "l'inflation" est une mesure théorique, qui exclut énormément de choses. Ce qui explique que le prix des actions ou de l'immobilier puisse s'envoler, sans qu'il y ait d'inflation.)

Post post modernisme

Un billet précédent cherchait à caractériser notre temps. Peut-on "prévoir l''avenir" ? 

Hegel ? Le changement est dialectique. L'histoire est succession d'opposés. Société technocratique après guerre, puis libéralisme. "Interdit d'interdire". "Post modernisme" : Lumières et l'Occident, sont le "mal". 

La difficulté de l'exercice est qu'il n'y a pas qu'un contraire, de même qu'il n'y a pas une seule façon, pour un enfant, d'avoir un air de famille. Et que l'on tend à comprendre ce qui s'est passé après coup. 

Un essai, pour commencer :
  • De la "raison pure" à la "raison pratique"
  • De l'artificiel et de la "donnée", à la nature  
  • Du Yang au Yin : du chacun pour soi macho à la solidarité 
  • De la globalisation à la résilience 
  • De la volonté de puissance à la générosité 
  • De l'hybris à la prudence

 ?

samedi 27 août 2022

Les pleureuses

La guerre d'Ukraine se justifierait par une trahison américaine. Les USA auraient étendu l'OTAN, contrairement à leurs promesses.

En fait, plutôt que pro Poutine, ceux qui tiennent ces propos paraissent haïr les USA. Le grand Satan américain aurait asservi notre nation. Ils se lamentent de la disparition du général de Gaulle. 

Mais, même trahi, M.Poutine avait-il, comme seul choix, de massacrer des gens ? C'est ce que vous auriez fait à sa place ? D'ailleurs, n'est-ce pas faire courir des risques à sa nation ? N'aurait-il pas pu, comme les Anglais et l'UE, entrer dans l'OTAN ? Ce qui l'aurait vidé de sens. 

Et pourquoi en vouloir aux USA de poursuivre leurs intérêts ? Qui ne le fait pas, à commencer par la France, en particulier au temps de sa puissance ? Et quelle trahison n'a-t-elle pas commise à l'endroit de ses amis ? nous diraient, parmi beaucoup d'autres, les Québécois.

Et de Gaulle, qu'aurait-il fait à notre place ? Se serait-il perdu en lamentations ? Lui, simple colonel, qui n'était même pas sorti bien classé de l'école de guerre, et qui, seul contre tous, a non seulement été le symbole de tout un peuple, mais a défait les plans de Roosevelt, l'homme le plus puissant du monde, et a fait la nique à Churchill, sans qui, pourtant, il n'était rien ? Et Jeanne d'Arc ? 

Et si tous ces gens, qui en appellent aux traditions du pays, les étudiaient vraiment ? 

(Les propos de Geneviève de Gaulle sur "'l'oncle Charles" me l'ont rendu sympathique. Je l'ai entendu dire qu'à l'époque de ses études, c'était un gentil dilettante. Et que, lorsque sa nièce est revenue de déportation, il lui a demandé si elle avait eu le même sentiment de déshumanisation, qu'il avait ressenti au fond des tranchées...)


Raison pure ?

Ce blog, de temps à autres, essaie de modéliser le changement qu'a subi notre société. 

Les mots du moment sont "post modernisme" ou "post industriel". La société traditionnelle disparaît, remplacée par celle, "excitante", dit-on en anglais, qu'une "élite" de gens éclairés, ou "Bobo", crée. Dans la tradition anglo-saxonne, ils ont des "mérites" qui justifient une vie de privilégié, et l'obligation morale de charité (l'esprit ONG) : révéler la bonne nouvelle à une humanité intellectuellement déshéritée.  

On trouve les prémices de ce phénomène, notamment, chez Max Weber. La science sait comment diriger rationnellement la société. Outre la "massification" de l'enseignement supérieur, le pouvoir a donc été donné au diplômé "d'élite". 

Le "diplômé", élevé entre soi est une "race" à part. Comme ces peuples qui s'appellent "les hommes", "les purs"... il croit qu'il est le seul être humain. En outre, il a conservé les caractéristiques de l'enfant. Et son imaginaire, formé par ses études, est artificiel. Il se nourrit, comme à l'école, d'idées. Celles de penseurs à la mode. Comme l'écrit Montaigne, il ne pense pas. 

Son saint patron est Gramsci. Celui qui disait que les belles promesses sont l'opium du peuple. 

"Raison pure" ? Un demi-siècle de délire théorique qui vit la tentative de "ceux qui pensent", au pouvoir, d'éliminer "ceux qui font", les dominés. D'où la liquidation de l'industrie, au sens premier du terme. 

(L'enfance de l'ange Bobo, et de Lucifer Trump.)

(La charité : une façon de repayer Dieu des capacités exceptionnelles qu'il nous a données ?)

vendredi 26 août 2022

Inflation

Il n'y aura pas d'inflation, disaient les économistes... Nouvelle démonstration que le ridicule ne tue pas ?

Pour autant, faut-il avoir peur de l'inflation ? Peut-être, seulement, si l'on s'en tient à ce que nous en disent les économistes. 

L'inflation n'est pas homogène. Il n'y a pas "une" inflation. D'ailleurs, ce que l'on appelle "inflation" ne touche que le panier de la ménagère. (Cela n'a même pas encore été ébranlé par la théorie du genre.) Que l'immobilier ou les actions s'enflamment, on s'en fiche. 

Du coup, une grosse partie de la population peut absorber l'inflation sans dommage. Ce qui est plus grave est le sort de celle qui est à la limite du niveau de flottaison (Gilets jaunes ou autres). Et c'est pourquoi les gouvernements essaient d'amortir le choc, avec des programmes qui visent à la protéger. Ils espèrent ainsi enrayer le cercle vicieux de l'inflation : la hausse de salaire qui a pour seule raison de devancer la hausse des prix. 

Pour donner raison aux économistes, il ne faut pas suivre leurs recommandations ? Ce qui est déjà une indication utile ?

Peste de l'idéologie ?

Les travaux actuels sur la disparition de l'industrie montrent une situation ridicule : l'Etat a rendu l'entreprise non concurrentielle. Alors que l'on dit qu'elle est moins "éclairée" que l'entreprise allemande, il lui a imposé des handicaps énormes par rapport à celle-ci. 

Mais, avec des entreprises faméliques, comment avoir de l'emploi ? Et comment avoir des revenus, puisque l'Etat se nourrit d'impôts ?

La France ressemble à ces aristocrates d'ancien régime : grâce à la dette elle vit au dessus de ses moyens.

Pourquoi cette vérité de bon sens n'a-t-elle pas été comprise plus tôt ? Inanité du débat politique ? Nous n'avions de choix qu'entre deux discours idéologiques, et celui qui prétendait défendre l'entreprise - à la Margaret Thatcher (plus de taxes, plus d'Etat) - était le plus irréaliste des deux ?

Tesla : enfant de la bulle ?

L'autre jour, le FT (23 août) disait que "Hyundai rattrapait Tesla". Combien durera Tesla ? 

A performance équivalente le marché donne à Tesla une valeur vingt fois plus grande qu'à un grand constructeur. Tesla est un phénomène spéculatif. 

En fait Tesla ne vend pas à un marché, mais à une secte. Ainsi me parlait-on de quelqu'un (un Français) qui a mis de la moquette dans son garage pour que sa Tesla y soit dans des conditions dignes d'elle. 

Aux USA cette secte est puissante. C'est celle qui a profité de la politique de "quantitative easing" de la banque centrale nationale, qui regonfle bulle après bulle. Elle s'identifie à Elon Musk. 

Mais quelle est la taille de cette secte ? Va-t-elle résister aux nouvelles politiques des banques centrales ?... 

jeudi 25 août 2022

Raison et parking

Un grave incident a défrayé la chronique de mon village.

Il y a quelques années, le magasin de centre (vieille) ville, a équipé son parking d'un péage. Tout le monde s'en plaint. Puis une histoire, que j'ai jugée invraisemblable, a surgi. Les habitants utilisaient le parking pour garer leur voiture lorsqu'ils partaient à Paris : la gare est à deux pas. 

Petit à petit, j'ai découvert que l'histoire était vraie. Seulement, me disait-on, pour se faire pardonner, on allait acheter quelque-chose au magasin. Maintenant, plus question d'y mettre les pieds ! 

Et le parking, aujourd'hui ? Il est vide. C'est curieux, compte-tenu du prix du mètre carré et de la furie constructrice de la mairie que l'on laisse un aussi grand espace vide aussi bien placé. 

Et le magasin ? Il ne donne pas l'aspect de la prospérité. Avec ses fréquentes ruptures de stock concernant les denrées de première nécessité, il a même un aspect soviétique. 

Enseignement ? Il était probablement plus malin de jouer habilement de la mauvaise conscience de ceux qui occupaient le parking illégalement que de faire donner la loi ? Le monde n'est pas blanc ou noir, il est complexe ?

ONG France ?

Qui est M.Macron ? Une question que se pose régulièrement ce blog. 

Dernière hypothèse : French tech. M.Macron appartiendrait-il à ce courant qui pense que le passé est obsolète, et qu'un monde nouveau s'ouvre à nous, par génération spontanée ? (Un précédent billet.) 

Comme Platon, il est sorti de la caverne où nous sommes enchaînés, et il a vu la lumière ? C'était chez Rothschild. Mais, âme désintéressée, il est revenu nous révéler la bonne nouvelle. M.Macron, comme M.Obama, activiste d'ONG ? 

Impossible Français


Mystère. 

J'enquête. Qu'est-ce qui pourrait faire changer la France ? Mes interlocuteurs me démontrent que tout est impossible en France. Mais leurs succès démentent leurs paroles ! (C'est d'ailleurs pour ces succès qu'on m'a conseillé de les rencontrer.)

D'où piège : un changement qui semble enfance de l'art ne se fera pas. 

Question : il doit y avoir un moyen de "démarrer" le Français, mais quel est-il ? 

Je n'ai pas trouvé, mais je constate que :

  • Le raisonnement que l'on m'oppose est faux. Il déduit de l'observation l'impossibilité du changement. Par exemple le fonctionnaire ne connaît rien à l'entreprise. Mais le changement ne dépend pas du passé, mais du présent. Modifiez son environnement fait changer la personne. De même qu'un footballer français joue anglais dans une équipe anglaise. (En outre, nous appartenons tous à la même société : le fonctionnaire a de la famille, des amis... qui l'informent sur l'état de la nation, et ce qu'elle pense de lui...)
  • Le Français semble se battre pour des causes et peut-être jamais pour son intérêt. Il y a des moments où il juge que quelque-chose est inacceptable. Alors, il déplace ciel et terre. (Serait-ce le fameux "principe de l'honneur" de Montesquieu ?) Cela semble expliquer ses succès : il était convaincu qu'il ne pouvait pas faire autrement. 
Une autre question qui se pose est celle du manque d'ambition de ses projets. Il se satisfait de peu. Comment transformer le pays, dans ces conditions ?

Il lui faut peut-être être emmené par une grosse vague collective, pour faire preuve de tout son talent ? 

(Curieusement, l'histoire de Napoléon ressemble à la mienne : c'est à chaque fois qu'on lui dit que quelque chose est impossible, qu'il démontre le contraire...)

mercredi 24 août 2022

Le mal du changement ?

A l'occasion de la guerre ukrainienne, on découvre avec stupeur que l'affreux Poutine a bien plus d'amis que l'Occident. 

Cela tient, peut-être, au "consensus de Washington". Lorsque le mur de Berlin est tombé, l'élite intellectuelle américaine a compris que le capitalisme avait gagné. Il fallait maintenant réformer le monde. Réformes d'apprentis sorciers qui ont dévasté les pays qui ont cru à la sirène anglo-saxonne. Depuis, ils ne rêvent que de lui faire la peau, à elle et à ses collabos. 

Paradoxalement, le consensus n'en était pas un. Au delà de la victoire du capitalisme, il n'y avait aucun accord entre tous ces grands esprits sur ce que cela signifiait. 

Voilà le propre du mauvais changement : masqué par un discours compliqué, se trouve un acte de foi simpliste, ridicule, et ultra dangereux. Une forme de ce que Nietzsche a appelé "volonté de puissance". 

Le malheur de notre société ? Elle n'est pas équipée d'un Institut Pasteur capable de détecter l'émergence de tels dangers. 

S'il existait, il aurait probablement trouvé, derrière la French tech, l'Industrie 4.0 et autre 5G, une forme de "jeunisme". Tout ce qui est nouveau est bien, tout ce qui est traditionnel est à jeter. 

Nom du changement ?

Mais qu'est-ce qui nous est arrivé ? Voilà la question qui commence à se poser dans les hautes sphères de la pensée. J'ai commenté deux ouvrages sur ce sujet, dont celui du dirigeant de la BPI. 

On parle de "société post industrielle". On pourrait évoquer aussi le "post modernisme". Les forces qui transformaient le monde avaient décidé, semble-t-il, qu'il n'aurait plus rien à voir avec ce qui l'avait précédé. Le progrès des Lumières, c'était fini. 

Et si ces forces avaient, tout simplement, pensé que ce qu'il y avait "avant" était "mal", et tout ce qui surgirait de "maintenant" (d'elles) serait "bien" ? Et ce quel qu'il soit ? 

N'est-ce pas comme cela qu'il faut interpréter l'amour fou qu'inspire la "start up", cf. la "French tech", alors que c'est un phénomène essentiellement spéculatif ?

mardi 23 août 2022

Cultivons notre jardin

Que c'est agréable, une forêt ! Il y fait frais, en pleine canicule. 

Tout le monde devrait avoir une forêt prés de chez soi ! 

On raconte que, jadis, l'Amazonie, était un grand jardin. Qui sait, ce serait peut-être le cas de la planète, si, au lieu que l'inégalité soit le principe architectural de l'humanité, les hommes la géraient comme une copropriété ? 

Comment s'écrivent les mythes

La RAF détruit les barrages nazis. Peu connu en France, cet épisode fut le sujet d'un film en Angleterre, qui en a fait une des (innombrables) fiertés nationales. 

Un groupe d'avions arrive en Allemagne en rase-motte, et lâche, sur les barrages qui alimentent la Rhur en électricité, des bombes qui rebondissent sur l'eau (elles tournent : c'est l'effet "balle de golf").

La BBC rediffusait une analyse de cet exploit. 

Il avait été totalement inefficace. Une partie des équipages, l'élite de la RAF, n'était pas revenue de la mission. Le dommage avait été rapidement circonscrit. Et, s'il y avait eu des morts chez l'ennemi, c'était des centaines de prisonnières ukrainiennes, noyées... La guerre a été gagnée par des bombardements, peu coûteux, des populations civiles, pas par l'exploit de surhommes. 

Mais le surhomme fait vendre des places de cinéma, pas le bombardement de l'innocent. Incurable irrationalité humaine ? Comment apprendre de l'histoire, dans ces conditions ? 

lundi 22 août 2022

Un été avec Montaigne

Histoire de me dépayser : je lis les essais de Montaigne. 

Montaigne fait le même exercice que ce blog. Il prend des sujets et se demande ce qu'il faut en penser. De l'amitié à la cuirasse, tout y passe ! 

Jugement ou vanité du jugement ? Un mot revient sans cesse : "fortune", c'est-à-dire "hasard". La raison humaine, dont l'homme est si fier, est un leurre. L'homme est le jouet des événements, et de ses fantasmes. L'homme est un clown. D'ailleurs, à le bien considérer, l'animal est plus raisonnable que lui.

Cela devrait conduire Montaigne au désespoir. Comme Pascal, il ne devrait voir qu'une issue : se jeter dans les bras de la religion. 

Montaigne est tenté. Mais, outre que la multiplicité des religions n'a rien de rassurant, il semble tout de même extrêmement content de lui et de sa vie : il se donne sans cesse en exemple. 

Serait-ce la leçon des essais ? Il y a quelque-chose, au delà de la raison, qui est le véritable bien ? Un sentiment qui fait que la fortune (et la mort) ne nous inquiète plus ? Et cela émerge de l'agitation de la raison, et des contradictions qui lui sont inhérentes, dans tous les sens ?

L'origine de la pensée grecque

France Culture rediffusait une ancienne émission, dans laquelle Jean-Pierre Vernant expliquait sa théorie concernant l'émergence de la pensée grecque. Elle serait liée à la cité et à la démocratie, une invention sans précédent. 

Pour gérer ce que je nomme la "copropriété", il a fallu recourir au débat d'idées, et au raisonnement. Dans un second temps, le Grec aurait appliqué à la nature le mode de pensée qui lui avait servi à organiser la vie collective. 

Ingénieuse idée. Il semble effectivement que nous tirions de notre expérience une "modélisation" du monde. Nous dressons des parallèles entre ce à quoi nous sommes habitués et la nouveauté. 

Mais, ce que je vois comme l'invention grecque est, plutôt, l'individualisme. Et s'il y avait eu co évolution entre cet individualisme et la seule organisation qui lui permettait d'exister ? 

dimanche 21 août 2022

Pacte social

"Pacte social". Une expression qui revient dans les livres et rapports consacrés au redressement du pays. La réforme doit commencer par là. 

Et si c'était, justement, ce qui coince dans la politique de notre gouvernement ? Il divise ? Et, du coup, l'électeur divise le pouvoir pour que le gouvernement ne puisse régner ?

Comment construit-on un "pacte social" ? "Acceptabilité". Pour certaines parties de la population, et pour des raisons qu'il ne sert à rien de chercher, certaines mesures sont "inacceptables". L'augmentation de l'âge de la retraite, ou transférer l'indemnisation du chômage à la fiscalité sont probablement deux mesures inacceptables. 

Oui, mais dira le gouvernement, si je ne prends pas ces mesures, le pays va couler... 

Faux. Ces mesures ne sont que des moyens parmi d'autres pour atteindre une fin, qu'il convient de définir. Si nous avons mis à notre tête une "élite" intellectuelle, il se trouve que c'est, justement, pour qu'elle ne s'arrête pas aux solutions de facilité. 

Fictions de Borges


Des nouvelles. Qu'en dire ?

Que c'est très indigeste.

Quand je lis Borges, je pense au joueur d'échecs de Zweig. Il acquiert une telle maîtrise du jeu, que son esprit n'est plus qu'échecs. L'homme qui pousse trop loin l'étude d'une technique est aliéné par celle-ci. Tolkien, philologue, invente une langue, Umberto Ecco, sémiologue, réécrit le passé, Oscar Wilde croit que la critique est la véritable oeuvre d'art, l'Oulipo est obnubilé par la contrainte... Il y a dû y avoir des rabbins qui ont commenté des textes inexistants ! C'est, me semble-t-il, ce que Paul Watzlawick appelait un "jeu sans fin". 

Y a-t-il un sens non trivial derrière l'oeuvre de Borges, ou est-il une mécanique qui tourne à vide ? Peut-être, justement, que notre cerveau tend à faire de la roue libre. Dans ces contes, rien ne se passe comme prévu. 

samedi 20 août 2022

Mal penser, agir juste

Il n'y a pas que M.Macron qui n'aime pas les Français. Mme Truss n'aime pas les Anglais, et Mme Clinton, les Américains. 

Tous ces gens nous jugent sur notre attitude, nos paroles... Et en concluent que nous sommes irrécupérables. 

J'écoutais Geneviève de Gaulle (rediffusion d'A voix nue de 1995, France Culture) parler de la résistance. Qui aurait pu prévoir qui résisterait, ou collaborerait, avant guerre ? 

(D'ailleurs les "bien pensants" (cf. la SFIO) ont quasiment tous été collabo !)

Il n'y a aucune corrélation entre nos paroles et notre potentiel. En revanche, la façon dont nous utilisons ce potentiel est, essentiellement, une question d'environnement. Mme de Gaulle a donné l'exemple des camps de concentration : la solidarité entre déportés a permis à chacun de tenir, et à elle de survivre ; si l'un avait cédé, il aurait entraîné les autres avec lui. 

Dé diabolisation ?

On dit peu de bien du "petit blanc", qu'il soit citoyen ou dirigeant d'entreprise. "Vers la renaissance industrielle" adopte une nouvelle perspective par rapport à cette question. Elle devrait amener la société à changer le regard qu'elle porte sur lui :

D'industrielle notre société est devenue tertiaire. Beaucoup de familles ont été touchées par le chômage, des régions prospères sont devenues des déserts, les entrepreneurs, dans leur globalité, ont été victimes de mesures qui ont rendu leur vie de plus en plus difficile, quand elles ne les ont pas conduits à la faillite. 

Ces gens sont des sinistrés. S'ils réagissent d'une manière peu intelligente, ce n'est pas du fait de leur nature, mais de leur histoire. 

Changeons les conditions dans lesquels ils vivent, et ils changeront aussi.  

vendredi 19 août 2022

Yes Minister

Surprenant comme la réalité peut rattraper la fiction. 

Dans une vieille émission de la BBC, Yes Minister, on pose une question embarrassante à un ministre : vos ordinateurs savent tout de notre vie, sommes-nous un Etat policier ? Cafouillage pitoyable. Le lendemain matin (mercredi dernier), j'entendais un soutien de Liz Truss répondre à la question (en substance) : Mme Truss a dit que l'Anglais était paresseux. 

Je ne pensais pas qu'un homme politique puisse autant bafouiller. Il a tout de même fini par émettre un bruit qui rappelait la première loi fondamentale anglaise, à savoir que personne au monde ne travaille plus dur qu'un Anglais. (Plus généralement, il n'y a rien de mieux que l'Angleterre, et l'Anglais.)

Et vous qu'auriez-vous dit ? (Indice ?)

Les bijoux indiscrets de Diderot


Diderot se livre à ce qui semble avoir été une activité alimentaire des beaux esprits des Lumières : le conte philosophique gentiment érotique. 

Un mage donne au souverain d'un pays exotique le pouvoir de faire parler les bijoux féminins. Y en aura-t-il seulement un qui ne révélera pas les infidélités frénétiques de son propriétaire ?

Ce livre aurait-il survécu s'il n'avait pas été écrit par une célébrité ? Sa lecture est terriblement éprouvante. 

On retrouve toute la mécanique du conte philosophique, mais qui tourne à vide. Et c'est peut-être là le principal enseignement à en tirer. La recette du conte philosophique n'était-elle pas d'épater le bourgeois, à peu de frais intellectuels ? 

Désunion européenne

La Serbie se dispute avec le Kosovo, pour une question de plaques d'immatriculation. Et la Russie en profite. Balkans éternellement explosifs ? La Pologne accuse l'Allemagne d'asservir l'Europe de l'Est. La Hongrie est toujours la Hongrie, et la Turquie, membre de l'OTAN (et par ailleurs en crise), fait de très belles affaires avec la Russie. Voilà ce qu'on lisait dans Politico.eu hier.

Triste Europe ?

Ou, peut-être, changement ? Hier l'Etat dans l'Etat, au sein de l'UE, c'était le Commissaire à la concurrence ! Dorénavant l'UE a compris que la concurrence n'était peut-être pas bonne pour sa santé, et qu'elle devait prévenir les malaises de ses membres et de ses alliés. Début de la sagesse, selon Martin Buber

jeudi 18 août 2022

Tout électrique

Le Metaverse c'est maintenant. Ce blog, par exemple, doit être en permanence maintenu en vie quelque part dans les ordinateurs du "cloud". Le jour où Blogger  rejoindra le cimetière des échecs de Google, il n'y en aura plus de traces. Regrettons le temps du papier et des correspondances ? 

Dans l'industrie, on appelle cela le "jumeau numérique". Il y a quelque part dans les nuages électroniques un double de nous et de notre vie, sans lequel nous ne sommes rien. Ce monde, virtuel, demande une consommation massive d'énergie, simplement pour maintenir le statu quo. Est-ce durable ? 

Et si l'on cherchait à faire que notre société s'inspire du tardigrade

L'humanité est en permanence obligée de se réinventer parce que ce sur quoi elle repose n'est jamais stable ? Pour faire du sur-place, nous devons pédaler de plus en plus vite ? 

(La notion de "décroissance" est stupide ?)

mercredi 17 août 2022

Le gaspillage comme principe de vie ?

Il existe des architectures qui permettent à une maison de se rafraichir naturellement. (Article.) Un ami me dit : "C’est probablement inspiré aussi des termitières ?"

En fait, je me pose une question bizarre :

Et si notre mode de vie avait été fait pour consommer un max d’énergie ? 

Et si, simplement, en revenant à des pratiques anciennes il y avait des gains considérables à effectuer ?

Ce n’est peut pas si farfelu que cela :

En lisant ce que l’on dit des USA, je vois quelque chose dans cet esprit. Si l’on y roule en 4x4, c’est pour y affirmer sa domination de la nature. Et le mode de vie américain, comme disait M.Bush, est sacré. 

Un peu caricatural, mais symbolique d’une tendance qui a marqué notre société ?

Vers la renaissance industrielle


Voici un petit objet qui ressemble à livre de cours pour élève de quatrième, peu de pages, écrit gros, avec de belles couleurs, des encarts, tableaux et graphiques. Mais qui est peut-être beaucoup plus inquiet sur l'avenir de notre pays que ne le laisse paraître son titre. 

"Combien de temps résistera le pacte social de notre pays avec des crises comme celles des Bonnets rouges ou des Gilets jaunes ? Quelles suites prendront elles, car suite, il y aura ? Sans doute avons nous une mandature, au maximum deux, avant que le fil ne se rompe. c'est le temps de l'accélération nécessaire de l'investissement productif, c'est le même temps dont nous disposons pour oeuvrer à l'attractivité de ces bassins de vie, c'est dire l'urgence."

Le changement qu'a subi l'humanité a un nom : "société post industrielle". Des penseurs formulent cette idée dès les années 50. Politiquement, elle devient réalité sous la présidence Giscard d'Estaing. Pour la doctrine "post industrielle" le tertiaire va remplacer l'industrie, de même que l'industrie a remplacé l'agriculture. Alors que la ligne gaullienne était celle de Colbert (la politique économique servait la souveraineté et l'indépendance du pays), l'économie, de marché, prend le pas sur la nation. Cela s'accompagne de la conviction que l'Occident aurait le monopole des activités intellectuelles, nobles et rémunératrices, alors que le reste de l'humanité en resterait à l'étape industrielle... 

La transformation qui en résulte est extrêmement violente pour une grande partie de la population. Elle en porte toujours les stigmates. Et ce d'autant plus que, contrairement à ce qui s'est passé avec l'agriculture et la PAC, le changement ne fait pas l'objet de mesures d'accompagnement. D'où traumatismes, perte de "cohésion" de la société et "fractures territoriales", et crises politiques, qui ont pour noms Donald Trump ou le Brexit, à l'étranger, et les Gilets jaunes, en France. 

Aujourd'hui, indépendance, souveraineté, industrie sont de retour. A l'image de la Chine, dont ça a toujours été la politique, les USA "réintègrent leurs filières". L'Europe est dangereusement à la traîne. Plus que quiconque, elle a cru à la société post industrielle et a voulu convaincre le monde par son exemple. En France, la question industrielle refait surface de temps à autres, particulièrement depuis 2008. Mais sous la forme d'initiatives sans lendemain, brouillonnes et contradictoires. En outre, le gouvernement tend à croire que tout se ramène à une question de technologie.

Quelle va être la société post post industrielle ? "hyper industrielle"...

Pendant des décennies, l'économie mondiale a été tirée par la croissance des échanges internationaux, et caractérisée par une "financiarisation" obnubilée par le court terme boursier. Certains, comme l'Angleterre et la France, ont délocalisé leur industrie et se sont spécialisés dans les services, ce qui a "induit de fortes fractures territoriales". D'autres, comme l'Allemagne, "ont fait un pari inverse". Parallèlement apparaît "l'open innovation". C'est le grand mouvement des "start up". Dans ce modèle, l'innovation ne provient plus des services de recherche de grandes entreprises mais est le fait de nouvelles sociétés. 

Si les fonds d'investissement n'ont pas encore trouvé le chemin de la "start up industrielle", qui ne leur est pas familière (ce qui pourrait créer de sérieuses difficultés à la réindustrialisation du pays), des tendances de transformation de notre société, et de son industrie, apparaissent. Le propre de l'industrie, ce sont des processus extrêmement efficaces. Cette efficacité est la condition nécessaire de la transition climatique. Et elle utilise robots ou numérique, pour produire une "économie de la fonctionnalité" : le consommateur n'achète pas un produit, mais un usage. A côté des méga usines pourraient apparaître des unités de petite taille alimentant un marché de proximité, en quasi sur mesure. Dans ce monde de service, de haute technologie, d'innovation permanente, "univers de la donnée", "système productif collaboratif", où le client est quasiment intégré au fournisseur, l'entreprise est une "adhocracie" : une équipe d'égaux, hautement qualifiés, hautement outillés ("augmentés"), se re configurant sans cesse pour saisir des opportunités d'une société en changement permanent. En outre elle est un "lieu d'apprentissage", qui apporte la formation technique initiale et permanente que l'Education nationale ne sait pas fournir. 

Oui, mais comment parvenir à cet idéal ? La France doit revenir de très loin : les prélèvements obligatoires sur la production sont de 27,9% en France, contre 17,2% en Allemagne ; l'entreprise française investit insuffisamment, et, surtout beaucoup trop peu dans son outil de production, vecteur de la compétitivité ; le tissu économique local est détruit ; l'Europe n'a pas encore compris qu'elle n'était pas un "marché" mais une "union" qui devait faire pièce aux stratégies chinoises et américaines, etc., etc. Dans un pays en crise, avec son Etat dysfonctionnel (marqué, par exemple, par sa "décentralisation (...) étonnant Janus avec ses deux faces et une sorte d'incomplétude malgré ses 40 ans"), les forces qui ont fracturé le pays ont plus de puissance que jamais. La métropole pourrait achever la désertification des campagnes, la robotisation détruire l'emploi, sans en créer à nouveau, etc. Le noeud du problème, c'est le territoire, et sa renaissance ("ancrer la richesse, dans les territoires y compris ruraux"). 

En fait, rien ne pourra se faire si l'on ne commence pas par se mettre d'accord sur un imaginaire commun. "il devra faire un lien entre une histoire et une vision. La nouvelle industrie, instrument de la cohésion nationale, sociale et territoriale, semble être la voie la plus prometteuse". Imaginaire qui doit s'illustrer à chaque niveau de la nation, en particulier à celui du territoire : "lorsqu'il existe le volet économique d'un projet de territoire est une référence puissante, mobilisatrice, et qui fait cohésion".

mardi 16 août 2022

Open innovation

Nos gouvernants ont sur nous le regard de l'entomologiste. Ils nous mettent en équations. Et ils prétendent mieux nous connaître que nous mêmes... Ce qu'ils disent (cf. "Vers la renaissance industrielle") :

Pendant des décennies la croissance mondiale a été portée par le "commerce". Entendre par là, les délocalisations. En 2008, stop. En parallèle est apparue "l'open innovation". Elle consiste, pour une grande entreprise, à faire sa recherche et développement à coups d'achats de start up. La "French tech" expliquée ?

Nos entomologistes pensent que c'est l'alpha et l'omega des affaires. Et la fourmi ? 

  • Jadis, la recherche et développement était faite, d'abord par l'Etat, et, ensuite à l'intérieur de l'entreprise. C'était efficace, parce qu'il y avait toutes les compétences à portée de la main, et pas besoin de faire des danses du ventre pour lever des fonds auprès d'investisseurs qui ne suivent que des modes. Mais le "marché" voit cela comme un coût, alors qu'il donne des valeurs invraisemblables à la start up qui ne fait que des pertes ! 
  • En fait, il y a une forme "d'open innovation" qui a toujours existé, et qui est toujours pratiquée, en particulier, par le GAFAM : il s'agit d'éliminer un concurrent dangereux. 

L'entomologiste gagnerait-il à apprendre l'humilité ? 

François Villon

Je lis Villon, et je ne comprends rien. Montaigne, en pire, car le français est plus vieux, et en plus facile, car le vers est court. 

Aussi, encore une fois, frustration des notes de bas de page : j'avais, souvent, à peu près décodé correctement ce qui est commenté, mais ce que je ne comprends pas n'est pas expliqué ! Avait-on une culture plus solide au temps du commentaire (qui doit remonter aux années 60) ? 

Mais, miracle : je tombe sur la ballade des pendus que j'ai étudiée. Et là, tout est évident ! Paradoxalement, c'est ce qui est le plus loin du français moderne qui a le plus de sens ! 

Cela m'a rappelé Les figures de style, du professeur Suhamy : le véritable "sens" surgit du viol de la norme. La poésie, et l'art de l'écriture, ne serait-elle que licence ? 

(Et défaite irrémédiable de l'intelligence artificielle, et de l'esprit "scientifique", qui croit au sens exact du mot ?)

Afghanistan

Hier, cela faisait un an que l'armée occidentale s'était retirée d'Afghanistan. BBC 4 y avait installé son équipe de journalistes. 

Alors que je m'attendais à ce que l'on parle de l'état du pays et de sa population - il paraît que l'économie est en faillite et que la population sombre dans la précarité -, voire des guerres des Talibans avec leurs ennemis, je n'ai entendu parler que de la situation de la femme, qui doit être voilée. Les titres du Monde semblaient indiquer le même biais. 

Quelle est la mission de la presse ? Nous informer, ou nous faire la morale ? 

lundi 15 août 2022

Disparition de l'industrie

Mais qui a tué l'industrie ? C'est le sujet du moment. Soudainement, on a découvert que sa disparition était préoccupante. Non seulement l'industrie était un gros employeur, mais, surprise, elle payait bien ! Zola se serait-il trompé ?

Le présumé coupable ? Le gouvernement qui, à coups de taxes et de code du travail en croissance incontrôlée, l'a rendue non concurrentielle. Sa doctrine était la "société post industrielle" : il a précipité une disparition qu'il jugeait inéluctable. 

Le fait qu'il se soit trompé prouve, certainement, que même les plus intelligents peuvent commettre des erreurs. 

Mais, en relisant ce blog, je constate que l'explication ne s'arrête pas là. L'industrie a été attaquée, aussi, de l'intérieur. Cette fois-ci, la doctrine suivie était l'élimination de l'ouvrier par la machine et l'équation. Ce qui a fait des usines dysfonctionnelles. 

Décidément, elle avait peu de chances d'en réchapper... 

Deux exemples : 

Douce énergie

L'énergie est le propre de l'homme. C'est ce qui frappe lorsque l'on compare la changement naturel, et le changement humain. La nature fait un usage extraordinairement économe de l'énergie. 

Paradoxalement, l'homme s'est venté de son génie, alors qu'il est extraordinairement inefficace. Quoi de plus inefficace qu'un avion, ou, surtout, que le "cloud" et, demain, le "metaverse" ? 

Bien sûr, la nature fait les choses lentement. Son unité de temps est le milliard d'années. Mais qui nous dit que, avec nos moyens, nous aussi nous pourrions adopter une autre voie ? D'ailleurs, il y a déjà quelques exemples à suivre. Leur métier ? la chimie douce...

McLevy

Le gisement anglais d'histoires criminelles est sans fond ! Cette fois, j'ai découvert "McLevy". 

J'ai cru que l'on avait retrouvé, en Ecosse, la tribu perdue d'Israël. Mais, apparemment, McLevy serait un autochtone. 

En lisant sa fiche Wikipedia, j'ai vu que ce fut un des premiers inspecteurs de police écossais, qu'il a officié 30 ans, et qu'il a résolu quasiment toutes les affaires qu'il a traitées. 

Au même moment, les informations de la BBC disaient que, dans seulement 4% des cas, un cambriolage moderne débouche sur une conviction. 

Pourquoi de tels écarts ? 

Peut-être y a-t-il crime et crime ? Des victimes qui comptent plus que d'autres ? A moins que la société ait été plus étroitement imbriquée en ces temps lointains, et qu'il ait donc été plus facile de savoir ce qui s'y passait ?...

dimanche 14 août 2022

Duel anglais

En écoutant la BBC, je me suis mis à m'intéresser à l'Angleterre. Art pour l'art ? Que représente l'Angleterre aujourd'hui ? En tous cas, je constate que j'en sais peu sur ceux qui s'affrontent pour devenir premier ministre. 

Liz Truss est, comme je le disais dans un précédent billet, Mme Thatcher. Sa politique : baisser les impôts. Moins d'Etat.

Rishi Sunak a choisi l'inflation. C'est, effectivement, la bonne option de course : l'électeur est plus inquiet de l'augmentation des prix que de la baisse des impôts, surtout lorsqu'elle concerne les entreprises. Seulement, il a peu de chances de gagner. 

En tous cas, je me demande si cela ne révèle pas les divisions du parti conservateur. Et si cela ne fait pas les affaires des Travaillistes. 

Le conservateur va-t-il regretter Boris Johnson ? Non seulement avec lui il n'y avait pas de divisions, mais il avait séduit l'électorat populaire, traditionnellement travailliste. En outre, son irrationalité congénitale le rendait brillant dans les moments difficiles... 

Température

Avoir chaud ou froid équivaut à température haute ou basse, dit-on. Mais est-ce vrai ? 

La même température, un matin de fin d'été ou une après midi de début de printemps, ne correspond pas du tout à la même impression. Dans un cas, on peut trouver l'effort difficile, être vite en sueur, dans l'autre, avoir besoin d'un gilet. 

Peut-être est-ce ce que l'on appelle "le fond de l'air". Mais à quoi correspond-il ? 

La science tend à définir la réalité comme étant ce que mesurent ses instruments. Et si elle cherchait à comprendre la correspondance qui existe entre ces mesures et nos impressions ? Peut-être cela la ferait-elle progresser ? 

Dessine-moi une frontière

Qu'est-ce qu'une frontière ? 

Régis Debray dit qu'elle est essentielle à l'homme, et à la société

Où commence et finit la France ? Ou commence et finit mon corps ? Qui suis-je ? Suis-je toujours le même, alors que je n'arrête pas de changer ? Qu'est-ce que c'est qu'une hauteur d'eau, un arc en ciel ?... Plus on cherche à raffiner la mesure, plus on s'égare. 

Qui peut définir, précisément, une frontière ? 

D'où l'importance du "principe d'incertitude". Notre esprit ne fonctionne que jusqu'à un certain niveau de précision. 

Mais l'incertitude n'est peut-être pas un constat d'échec. Elle signifie que rien n'est mécanique, n'est fixé une fois pour toute. La frontière de Régis Debray n'est pas un être, mais un devenir permanent. 

L'incertitude est l'endroit où se fait le changement ? Le monde des miracles ?

samedi 13 août 2022

Effet de serre

Pour émettre moins de CO2, nous devons utiliser plus d'énergie. J'entendais dire cela, vendredi, à un aciériste, interviewé par la BBC. En effet, il faut modifier les processus de fabrication, en passant du charbon à l'électricité. 

Oui, mais nous manquons d'énergie... disait la BBC. (Elle aurait pu ajouter : et celle-ci vient de plus en plus du charbon, à tel point que nous ne parvenons plus à en trouver...) 

Et si la lutte contre l'effet de serre avait pour conséquence imprévue de l'accélérer ?  Un problème de systémique ?

Génération déboussolée

La fille d'un ami demande que l'on parle d'elle au masculin, me disait un ami. Non qu'elle veuille changer de sexe, mais parce qu'elle juge que cela convient mieux à la nature réelle de son tempérament. 

Voilà qui est curieux, remarquait cet ami. 

Mais n'est-ce pas normal ? Les enfants sont élevés au milieu des théories inventées par les adultes. Et celles-ci sont, par nature, incohérentes, parce qu'elles correspondent, essentiellement, à la rationalisation d'intérêts en conflit. L'esprit malléable des enfants est la victime collatérale de l'irresponsabilité de l'adulte.

C'est ainsi que les jeunes veulent être des entrepreneurs, mais pas pour gagner de l'argent, et tout en ayant de longues vacances. Ou qu'ils sont férocement écologistes, tout en consommant du voyage en avion comme personne avant eux... 

En fait, ces idées ne sont pas nécessairement idiotes. Prises indépendamment, elles ont même quelque-chose d'essentiel. C'est ce qui en fait leur puissance persuasive. 

Mais il s'agit des problèmes que la génération d'avant n'a pas su résoudre. 

La mission de la nouvelle est de s'extraire de l'absurde qu'on lui a légué pour lui donner un sens ?

vendredi 12 août 2022

Bombe nucléaire

La guerre en Ukraine nous a appris quelque-chose : la centrale nucléaire pouvait être une arme de guerre. 

On y joue au chat et à la souris. J'y installe mes batteries, et tu n'oseras pas tirer sur moi ! 

Le temps de la guerre est celui de la bourse : l'ultra court terme. Qu'est-ce qu'un accident nucléaire dans ces conditions ? On gagne la guerre d'abord, et on verra ensuite. 

Voilà un intéressant problème pour Elinor Ostrom : la sécurité des centrales nucléaires mondiales est un "bien commun" de l'humanité. Comment l'administrer efficacement ? 

Changement en Allemagne

"Pendant la réunification, les industriels allemands de l'ouest ont été très subventionnés pour s'implanter en RDA. J'ai vu alors émerger dans mon métier quelques gros acteurs qu'on n'a jamais pu rattraper depuis (...) avant c'étaient des PME comme nous. Après, dans beaucoup de métiers, ils ont monté des outils industriels performants avec de l'argent public. Et ils ont pris une taille probablement irrattrapable." (Franck Mathis, in La désindustrialisation de la France de Nicolas Dufourcq). 

Une histoire qui n'est pas racontée comme cela d'ordinaire. On constate qu'il y a plus d'ETI en Allemagne qu'en France. Et on le porte au compte du génie entrepreneurial allemand. 

Il n'en est probablement rien. L'art de l'Allemagne est celui du changement de groupe. Le pays conçoit une stratégie, et, ensuite, chacun l'applique, impeccablement. Et il semble que cette stratégie ait été, peut être encore bien après la réunification, qui fut ratée, de faire de ses PME des champions. 

jeudi 11 août 2022

Réseau asocial

Pour des raisons associatives, je dois passer du temps avec Linkedin. Mais je n'aime pas, du tout, ce que j'y vois. Pourquoi ? J'ai identifié deux raisons :

  • Le principe des messages est le "framing", une technique de manipulation, qui cherche à orienter, sans qu'il en ait conscience, le comportement du lecteur. "Je représente le bien, si tu ne penses pas comme moi, tu es le mal." Mais, qui est-il, face à la complexité du monde, pour croire qu'il existe un bien absolu, et qu'il le connaît, sans même l'avoir cherché ? Pour ma part, j'en suis resté aux Lumières et à leur esprit "critique"
  • Plus simplement, le billet affirme que la personne est "importante" : regardez qui je côtoie ! Je donne des conférences !... Malheureusement, à l'heure où tout le monde est Bac+5, plus personne n'est important ! 
Et si c'était par là que devait commencer le changement de notre société ? L'apprentissage de l'humilité ?

Rapport Gallois

Le rapport Gallois a mis le feu aux poudres dit-on. (Mais je ne me suis rendu compte de rien.) De quoi s'agit-il ?

A peine en place, le premier ministre M.Ayrault commande un rapport au Commissaire général à l'investissement, Louis Gallois. 750.000 emplois ont été perdus dans l'industrie en dix ans, et le déficit commercial du pays est abyssal. Comment susciter un "sursaut" ? Réunir la nation dans un "pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi" ? 

Pour commencer, le rapport, écrit par un ingénieur des mines et un inspecteur des finances, désigne le cercle vicieux. L'entreprise française se trouve dans un milieu de gamme qui la soumet à une guerre des prix, pour laquelle elle n'est pas armée. Pour s'en tirer, il faut "monter en gamme", et exporter, ce qui demande des moyens qu'elle n'a pas. Non seulement les dommages sont considérables, en termes d'emploi et de finances publiques, mais l'industrie est au bord du précipice. Un peu plus et l'espoir n'est plus permis. 

Que faire ? Lui enlever ses handicaps. Notamment : un cadre législatif en mouvement brownien ; des charges, sociales ou autres, considérables ; un manque de fonds propres ; une absence de solidarité et de coopération à tous les étages ; une formation initiale et continue totalement inadaptée ; une Europe qui n'a pas compris qu'elle devait être une équipe et non diviser pour régner, et qui ne se soucie pas de sa dépendance vis-à-vis de l'énergie et des matières premières, et aux risques que cela entraîne. Le rapport parle même de "gaz de schiste". 

Pour réussir, il faut un "pacte social", et un "choc de compétitivité" : il faut éliminer brutalement les handicaps de l'entreprise pour que l'industrie reparte. 

Commentaire

Dès l'introduction, le ton est donné. Le premier ministre ne pose pas une question, il donne une réponse. 

Réponse qui pose tout de même une question de mise en oeuvre : comment créer ce fameux "pacte" dans un pays dont les lobbys les plus puissants sont viscéralement opposés à ce discours ?

A mon avis, l'échec du rapport Gallois est là. Il ne s'est pas préoccupé de construire ce consensus. Dans la tradition française, il a cru que l'on gouverne par décrets ?

(Ce qui aurait été un travail de "conduite du changement" passionnant ! Celui qui a été réussi, en son temps, par le CNR.)

mercredi 10 août 2022

Société post industrielle

La France aurait été sous l'emprise de la doctrine de la "société post industrielle". 

Le mouvement aurait été préparé par divers penseurs dès les années 50. Politiquement, le changement se fait sous la présidence Giscard d'Estaing. 

La ligne gaullienne était celle de Colbert : la politique économique avait pour but d'assoir la "souveraineté du pays". En conséquence, la France acquérait les savoir-faire critiques qu'elle ne possédait pas. 

Cette doctrine semble avoir plusieurs corollaires. Son idée centrale est que le tertiaire va remplacer l'industrie, de même que l'industrie a remplacé l'agriculture. Cela produit, de manière un pu inattendue, le renversement de l'ordre des priorités gaulliennes : l'économie prend le pas sur la nation. Ensuite cette économie est "de marché", laisser faire. Et, peut-être plus curieux encore, conviction qu'il va y avoir spécialisation : l'Occident ayant le monopole des activités intellectuelles, nobles et rémunératrices, alors que le reste du monde en resterait définitivement à l'étape industrielle... 

Sa conséquence imprévue a été la dislocation de la société, et des territoires. Trump, Brexit, Gilets jaunes. 

Aujourd'hui, le Colbertisme est de retour. Emmené par la Chine, dont ça a toujours été la politique, les USA "réintègrent leurs filières". Il semblerait que Tesla, qui est intégré verticalement, soit le modèle de ce mouvement. (Faux libertaire ultra libéral, qui ferait cause commune avec l'Etat ?)

Sauf l'Europe. Car ses nations ne peuvent agir seules. Or, non seulement l'UE a beaucoup de difficultés à avoir un comportement d'ensemble, mais elle a été le champion de la "société post industrielle", dont elle porte toujours les traces. 

Voici ce que je tire de "La renaissance industrielle" de Mme Voy-Gillis et M.Lluansi. 

Ne faut-il pas enseigner les sciences ?

L'école devrait enseigner à être un homme bien, dit Montaigne. En particulier à étudier la société, ce que l'on appelle désormais "anthropologie", pour apprendre à y vivre. Le reste est bourrage de crâne dangereux. 

Montaigne n'est pas cohérent. Son texte est fait de citations ! Le bourrage de crâne a eu du bon : il lui a enseigné l'expérience des anciens. 

Ce qu'il dénonce, peut-être, c'est croire que la connaissance est abstraction et que l'experience ne compte pas. Dans ces conditions, comme il le dit, on est incapable de juger correctement. 

C'est ce que l'on pourrait nommer "le mal de l'élite".

mardi 9 août 2022

L'humanité a-t-elle toujours tort ?

Les livres de mon enfance feraient horreur à l'homme moderne. 

Bientôt, nous vivrions dans les étoiles, ou sous les mers, et mangerions des pilules, lisait-on. Le progrès était matériel, et il était bon, par principe. La mission de l'homme était d'imposer sa loi à la nature. Aux USA, on rasait des montagnes. Des machines en extrayaient le charbon, qui était acheminé automatiquement à d'énormes usines. Les Soviétiques utilisaient l'énergie atomique pour des travaux de génie civil. Dans un film de Paul Newman, une adolescente bombarde des plantes de rayons gamma, pour obtenir des mutations qui seront utiles à l'humanité... C'est l'avènement du pétrole, de la chimie du pétrole, du plastique... Le commandant Cousteau, que l'on appellerait aujourd'hui un touriste, se disait "scientifique", et faisait des expériences "scientifiques", qui consistaient à utiliser des explosifs pour compter les cadavres de poissons qui remonteraient à la surface... Le moindre prix Nobel arrêtait ses recherches pour écrire des livres pédagogiques et nous expliquer, à nous pauvres types, qu'il avait vu la lumière, et ce qu'était la nature... 

L'homme est-il condamné à se tromper ? Jusqu'à l'erreur de trop ? 

Il se peut aussi que l'évolution se fasse par étapes. Chaque étape prépare la suivante. Pour qu'elle réussisse, il faut "y croire" ? Mais il ne faut pas s'entêter ?

Que sais-je ?

"Je voudrais que chacun écrivit ce qu'il sait, et autant qu'il en sait" (Montaigne) 

Cela devrait être la devise du consultant, mais aussi du médecin et du journaliste. 

On vit à une curieuse époque : tout le monde affirme tout savoir, sur tout. Du coup, on ne croit plus personne. 

Or, nous avons tous une expérience, et elle peut être, extrêmement, utile à ceux qui ne l'ont pas. Encore faut-il trouver en quoi elle consiste. Ce qui demande, auparavant, de se convaincre qu'on peut affirmer son ignorance, sans perdre la face. 

lundi 8 août 2022

Qu'est-ce que la politique ?

Politique ? Au sens grec, et probablement éternel du terme, c'est s'occuper du bien commun : la société. C'est le syndicat des copropriétaires. 

Comment, lorsque l'on a une famille et un travail, disposer du temps nécessaire pour comprendre ce qui se passe dans le monde ? Comment prendre, dans ces conditions, de bonnes décisions ? La question n'est pas complexe, mais compliquée. 

Les Grecs pensaient que, pour cela, il fallait un temps complet, et donc la richesse qui permet l'oisiveté. 

D'où le rôle du personnel politique. Il est payé pour comprendre ce qui se passe, et nous expliquer les choix qui se présentent, et leurs conséquences possibles. 

Seulement, comme souvent dans le changement, il n'y a pas qu'une possibilité. Et celle que la société choisit est "innovante" au sens de Robert Merton, c'est de la "triche". D'abord, le politique ne pense pas, il s'agite, il fait "l'important". Quant aux choix à faire, il ne se préoccupe pas d'en évaluer les conséquences. Au contraire, il tend à les masquer, de façon à faciliter le "changement". Et quand cela tourne mal, il met en cause nos décisions : vous l'avez voulu !

Solution ? "Big society" de David Cameron ? Que le citoyen s'intéresse un peu plus à la gestion de sa copropriété. Et qu'il tienne la bride un peu plus serrée à son syndic de copropriété. Il a maintenant la formation pour cela, et, peut-être le temps : ne lui a-t-on pas donné "les 35 heures" ? 

Google joue aux échecs

Je voyais l'autre jour une image de cimetière. C'était celui des projets avortés de Google. Les erreurs de Google sont une sorte de marronnier. Regardez comme c'est bien de rater ! nous dit-on. 

L'enseignement français refuse l'échec. Alors, nous nous vengeons en disant que l'échec est bien ?

Seulement ce n'est pas ce que l'on observe. L'échec est propre à l'apprentissage. Si on sait l'interpréter, il mène au succès. Si Google peut nous servir d'exemple, c'est du méfait d'avoir trop d'argent. On le gaspille en échecs, sans rien en retirer ! L'échec, ce n'est pas le cimetière ! 

dimanche 7 août 2022

Elite ?

N.Dufourcq porte les errements de notre politique industrielle au compte d'une "élite" coupée des réalités et facilement influençable. 

Pourquoi parle-t-on autant "d'élite" ? Pourquoi est-ce devenu un terme de dérision ? 

Probablement parce que le pouvoir est désormais entre les mains d'une caste : quasiment tous les postes importants sont tenus par des inspecteurs des finances. Or, il doit en être diplômé à peu près une dizaine par an... 

En outre, ces gens viennent de milieux sociaux très particuliers (Jacques Attali parle de la "France des 200 maternelles"), et font l'objet, par l'Education nationale, d'une homogénéisation violente : ils sont soumis, pendant des années, aux mêmes concours, et au même parcours. 

Cette situation est exceptionnelle, et peut-être unique au monde. 

Paradoxalement, c'est une élite qui ne correspond pas à nos normes culturelles. L'ENA est généralement une "école de la seconde chance". 

Or, cette élite, peu légitime et qui pense peu, a les caractéristiques que The Economist, et probablement tout étranger, attribue à la France : l'arrogance. 

(Mais attention, à ne pas tirer de cette analyse qu'il faut lui couper la tête ! Tout au contraire. Mais c'est une autre histoire.) 

L'école de Montaigne

J'imagine que l'on parle toujours de Montaigne, à l'école. En revanche Montaigne n'aurait pas aimé notre école. 

Il aurait dit qu'elle n'avait pas compris sa mission. Elle nous bourre le crâne. Alors que, au contraire, elle devrait "former le jugement". 

"On nous a tellement assujettis aux longes, que nous n'avons plus de libre allure." 

Quant à la superbe de l'enseignant ? "Il n'y a que les sots qui soient sûrs et résolus (déterminés)." D'ailleurs ne faut-il pas l'être pour croire avoir résolu "la plus grande et la plus importante difficulté de la science humaine (c'est-à-dire) la façon d'éduquer les enfants" ?

Qu'aurait-on dû attendre de lui ? "savoir descendre au niveau des allure puériles du disciple et les guider et l'effet d'une âme élevée, et bien forte." 

"La fermeté, la bonne foi, la sincérité sont la vraie philosophie (...) les autres sciences, qui ont d'autres visées, ne sont que du fard." "La plus grande partie des sciences qui sont en notre usage, sont hors de notre usage."

"Pour cet apprentissage, tout ce qui se présente à nos yeux sert de livre suffisant." "La fréquentation des hommes est extrêmement favorable, ainsi que la visite des pays étrangers." "On l'instruira d'avoir les yeux partout." 

"Avouer la faute qu'il découvrira dans son propre raisonnement, encore qu'elle ne soit aperçue que par lui, est un acte effectif de jugement et de sincérité, qui sont les principales qualités qu'il cherche." 

"Le vrai miroir de nos pensées est le cours de notre vie." 

samedi 6 août 2022

Iouri Andropov

Iouri Andropov n'est pas qui je pensais. 

A l'occasion d'une nuit des espions de France Culture, une émission d'Alexandre Adler a été rediffusée. Elle parlait, en partie, de Iouri Andropov. J'en avais un souvenir inquiétant : un patron du KGB prenant la tête de l'URSS, et mort prématurément. 

En fait, il aurait été le précurseur de la Glasnost. Un modéré intelligent. Il aurait pensé que la seule façon de sauver l'URSS, qui allait mal dans les années 70, et présentait les symptômes de pourrissement avancé, qui ont ressurgi dans les années 90, était une dose de pragmatisme (de "sociale démocratie" ?). Pour cela, il a dû contrer une courant concurrent, qui aspirait au Stalinisme et à un rapprochement avec la Chine. Il est parvenu à éviter une intervention soviétique en Pologne, que tramait ce camp. Ce serait ce dernier qui aurait commandité une tentative d'assassinat du pape, polonais, car celui-ci menaçait, en cas d'invasion, de mourir en martyr pour son pays... Mais, aussi, il a fait une efficace guerre à la corruption.

M.Poutine, l'anti Andropov ? Une carrière médiocre, un intellect limité, un passé d'oligarque, et, finalement, la guerre ? 

Méfiez-vous de ce que je vous dis

"Mes opinions, je les donne pour ce que je crois, non pour ce qui est à croire" (Montaigne)

A l'heure de la parole d'autorité, et de la cancel culture, voici une pensée bien venue ?

Où sont les certitudes de mon enfance ? La science triomphante qui aurait bientôt révélé tous les secrets de la nature ? Le progrès qui nous préparait des lendemains glorieux ?... De quoi est-on réellement sûr ? 

Mais aussi, croire dire "la vérité" est une insulte à son interlocuteur : c'est lui refuser le droit de penser par lui-même. 

vendredi 5 août 2022

Le virus de Knock

M.Biden a le covid, mais aucun symptôme, lisais-je l'autre jour. 

Cela m'a fait penser au "Tout homme bien portant est un malade qui s'ignore" de Knock.  

Knock était prescient ? La médecine business s'est emparée de la société et nous a asservis ? N'est-ce pas déjà le cas des personnes âgées ?

Prédiction auto réalisatrice ? Un ami me disait que sa jeune fille avait eu je ne sais quelle maladie, qui avait requis une intervention d'urgence, et qui était due à l'isolement : son système immunitaire ne s'était pas préparé à l'agression qu'il a subi lorsqu'il est sorti de confinement. Il paraît que le phénomène est courant. D'ailleurs, la BBC parlait d'un autre mal, du même type, qui aurait tué plus de deux cents enfants anglais. 

Apparemment, l'école serait un échange incessant de virus entre enfants. On y construirait au moins autant des systèmes immunitaires que du savoir ? Peut-être est-ce aussi le cas de la société ? 

Et si l'état naturel de l'homme bien portant était d'être malade ? Et s'il ne pouvait l'être qu'en société ? 

France : qu'est-ce qui cloche ?

Qu'est-ce qui cloche entre Monsieur Macron et la nation ? Eternelle question de ce blog. 

L'hypothèse de Tocqueville, et de l'Ancien régime :

  • Notre élite passe des études à l'Olympe gouvernementale. Comme celle d'Ancien régime, elle ne connaît pas la réalité. Elle ne vit que d'abstractions simplistes. 
  • Elle est convaincue d'être une élite, donc de nous apporter des idées que nous n'avons pas. Mais où les trouver ? Dans les modes qui parcourent la planète, et qui l'émerveillent. (Mais la stratégie, ce n'est pas imiter les autres !)
Application ? L'élite actuelle semble croire que :
  • Le salut de la nation viendra, comme ailleurs, de la "start up" (désormais "industrielle"), et d'un type d'entrepreneur, jeune, dynamique, qui parle bien, et qui lui ressemble. 
  • Le Français qui n'a pas compris cela est obsolète. Ce jugement s'applique non seulement à la masse des citoyens, mais aussi à celle des entrepreneurs. 
Explication du malaise actuel ? 
  • L'élite doit son pouvoir à l'électeur : vouloir l'éliminer, pour cause d'obsolescence, est suicidaire ! 
  • Elle dit défendre l'économie et les entrepreneurs, or les nôtres ne sont pas à son goût ! 
  • Elle n'a pas calculé les conséquences de ses idées : dans le meilleur des cas, la France, impécunieuse, n'a pas les moyens de financer le développement d'un monde de start up. Et de, très, très, loin.
Que faire, alors ?
  • "C'est le fonds qui manque le moins" : nos entreprises traditionnelles recèlent des richesses immenses, et qui, elles, coûtent peu à révéler. (Elles ont accumulé un savoir-faire considérable, alors que le startupper n'a dans la tête que le vent de ses études.)
  • La leçon allemande ou suisse est que c'est le "milieu" qui révèle ces richesses, et transforme l'entrepreneur : la communauté locale, et son système de financement propre, prend en main l'entrepreneur et l'amène à donner son meilleur. 
  • Or, comme le dit N.Dufourcq, en France les réformes gouvernementales ont dissous ces écosystèmes locaux... 
Serait-ce par là qu'il faut prendre le changement ?

(Tocqueville : “le gouvernement était déjà passé du rôle de souverain au rôle de tuteur” “tous pensent qu’il convient de substituer des règles simples et élémentaires, puisées dans la raison et dans la loi naturelle, aux coutumes compliquées et traditionnelles qui régissent la société de leur temps” “dans l’éloignement presque infini où ils vivaient de la pratique, aucune expérience ne venait tempérer les ardeurs de leur naturel”.)

Changement et boussole


Il s'est produit un changement étonnant depuis que j'ai écrit mon premier livre, il y a 20 ans : une génération spontanée d'experts du changement. Désormais, on sort de l'Education nationale diplômé en conduite du changement. 

Le changement est partout, pourtant rien ne change. 

Comment expliquer, alors, avec tout ce savoir-faire, le conflit qui mine le pays, l'échec des réformes gouvernementales, et l'état de notre économie ? 

Je constate le manque de "boussole" dans le changement. Une boussole a deux intérêts :

  • Elle demande un cap. Ce cap doit être un "changement de rupture" (par opposition à "incrémental"), ce que l'on appelle aussi un "stretch goal" ou un "changement de modèle économique". Autrement dit le changement doit être un changement : l'organisation ne doit plus être la même avant qu'après. Quand on observe de près nos changements, ils n'en sont pas. On installe tel ou tel logiciel, par exemple, mais, simplement, en espérant qu'il transformera l'entreprise. Non : la fin justifie les moyens, et pas le contraire. 
  • Ensuite la boussole guide. L'humanité semble incapable d'envisager le long terme, elle est dans l'instant présent. A chaque fois qu'elle rencontre une difficulté, elle cherche à l'escamoter. Le changement dévie de son cours, et le statu quo revient au galop. Homéostasie. La boussole rappelle le cap, et pourquoi on l'a choisi, et comment on compte l'atteindre. Et alors, miracle, le problème devient simple à résoudre. 
(Légende de l'illustration : "By Jacek Halicki - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=48106443) 

jeudi 4 août 2022

Défier la Chine

Pourquoi Mme Pelosi provoque-t-elle la Chine ? se demandait un ami. Pourquoi risquer une guerre mondiale ? 

A mon avis, exactement pour la même raison que les Chinois nous menacent d'une guerre mondiale. Pour leur faire entendre que l'on n'en a pas peur, et que Taiwan est un sujet que nous prenons au sérieux. 

Dans ce type de sujet, la Chine, comme tout le monde, adopte la stratégie du "voleur chinois". Quand le "voleur chinois" veut voler quelque-chose, il le déplace imperceptiblement jusqu'à ce que son propriétaire n'en ait plus conscience. 

Si l'on veut éviter une guerre, il faut que la Chine sache que l'attention des démocraties ne se relâche pas (ou plus). 

Le sens des mots

Le Français ne chasse pas en meute, me dit-on. Cette expression revient systématiquement. 

Et pourtant, dès que l'on commence à l'examiner, on s'enlise dans des considérations sans fin sur sa signification et ses implications. 

Récemment, je citais une émission anglaise dont un participant avait demandé aux étudiants de Tiananmen ce qu'ils entendaient par "démocratie", pour laquelle ils risquaient leur vie. Confusion totale. Au mieux, il s'agissait de société de consommation. 

Tous les mots semblent comme cela : évidents à première vue, mais insalissables si l'on s'en approche trop. On constate très vite que l'accord, entre nous, sur ce qu'ils signifient, est extrêmement vague. 

Le propre de la vie est qu'il est impossible de définir quoi que ce soit précisément. Il est surprenant que le "principe d'incertitude" ait surpris les physiciens, car c'est le principe de l'univers !

Le plus surprenant est que l'on parvienne à s'entendre suffisamment pour avancer ensemble (chasser en meute !). 

Dangereux Xi ?

On parle de guerre à Taiwan. Pourquoi ? Xi Jinping doit se faire réélire, et doit se montrer fort, car il est critiqué. (Politico.eu, hier matin.) 

Moment dangereux ? Je crois toujours que le cours naturel des choses est que la Chine suive le chemin du Japon : le repli sur soi, après une période d'expansion guerrière. L'inflexion est entamée. Seulement, il y a plusieurs façon de réagir, comme nous l'enseigne M.Poutine. 

La Chine était parvenue à occuper dans le monde sa place "d'empire du milieu". Elle était la plaque tournante de l'économie mondiale... Que se passerait-il en cas de guerre ? 

Pendant longtemps, et encore dans ma jeunesse, la préoccupation quasi unique des économistes était "la crise". Un sujet à remettre au programme des universités ? 

mercredi 3 août 2022

Monde nucléaire

Les Allemands vont-ils relancer leurs centrales nucléaires ? 

Un accident nucléaire, c'est bien plus embêtant que le réchauffement climatique, mais bien moins que de vivre sous la botte de l'autoritarisme... 

Notre société va-t-elle devoir faire le deuil de ses illusions ? Notre monde est définitivement dangereux, et le seul moyen d'éviter le drame est d'être responsable des erreurs de l'autre ? 

Education nationale : changement raté

L'Education nationale est un exemple extraordinaire de changement raté. Et surtout de ce que signifie un changement raté.

Il a été décidé, un jour, que tout le monde irait au lycée, aurait le bac, et poursuivrait ses études ensuite le plus longtemps possible. Qu'est-ce que cela a donné ? 

  • Inadaptation de l'offre d'emploi à la demande. L'Education nationale formant des intellectuels, a fait des filières professionnelles (qui font la fortune de l'Allemagne), et artisanales (qui firent la fortune d'un pays de haute culture, comme la France) des voies d'échec. Donc chômage et dépression économique. 
  • Perte de sens : l'orientation scolaire n'a aucun lien avec le talent et surtout la vocation de l'individu. Nous avons produit des générations "absurdes".
  • Le plus fort : l'Education nationale fut excellente ! Si elle formait, comme actuellement les Anglais, des intellectuels d'exception, cela tenait à la qualité du lycée. On y trouvait des enseignants d'élite : en particulier les normaliens, agrégés "du secondaire". Contrairement à aujourd'hui, le professeur, intellect d'élite !, considérait le lycéen comme son avenir ! C'était à ce moment que les personnalités se formaient. Les études ultérieures n'avaient que peu d'importance. 
En bref, l'Education nationale, creuset d'intellectuels, pour avoir voulu faire de nous tous des intellectuels, a perdu son âme, et a produit des paumés. 

(Autre effet du changement raté : quand le désastre est aussi effroyable, on ne peut qu'en rire ?)

Guerre de Taiwan

Mme Pelosi rend visite à Taiwan. La Chine laisse entendre que son avion pourrait être abattu. (Politico.eu, hier matin.)

La probabilité d'invasion de Taiwan par la Chine grandit dangereusement. Que fera l'Ouest, si c'est le cas ? 

Encore plus de sanctions ? Cette fois, il n'y a plus de supply chain mondiale. La Chine fabrique tout. (Et, accessoirement, l'Allemagne est en faillite.) 

Et si l'on envisageait sérieusement cette question de "souveraineté" ? 

mardi 2 août 2022

Hongrie antisémite ?

L'autre jour on parlait à nouveau de la Hongrie. Parce que, décidément, elle fait le jeu de M.Poutine ? 

Non. Parce que son dirigeant a dit qu'il ne voulait pas d'un "mélange de races". 

Qu'il fasse ce qu'il veut pour aider M.Poutine, mais qu'il ne dise jamais d'aussi vilains mots ? 

Et si nos bien pensants étaient les idiots utiles des dictateurs ? 

Excentricité

Le néolibéralisme a tué l'excentrique britannique, disait la BBC. 

Qu'est-ce qu'un excentrique ? Quelqu'un qui ne suit pas les lois communes. 

Paradoxalement, l'excentricité peut-être un caractère acquis. Les nobles étaient, et sont encore parfois, excentriques. L'aristocratie est au dessus des lois. Il en est de même du polytechnicien, qui a une foi absolue en son jugement. 

L'excentricité est assimilée à la liberté individuelle, c'est pourquoi elle est devenue un impératif catégorique du libéralisme. 

Seulement, l'intelligence peut être collective. En conséquence de quoi, il n'est pas toujours une bonne idée d'être excentrique. Sans compter que l'excentricité peut être perçue comme une provocation, une menace à "l'ordre public"... 

A moins qu'il y ait excentrique et excentrique ? Un anthropologue m'a dit qu'il avait joué le rôle d'excentrique apprécié chez les Pygmées. Il était différent d'eux, mais accepté, car utile. Un entraîneur m'a aussi parlé de la "star" de son équipe. Elle ne jouait pas en équipe, mais désorganisait l'équipe adverse...

Il y aurait des excentriques individualistes, et des excentriques sociaux... 

(Et Boris Johnson ? Je me demande s'il n'a pas imité un excentrique, histoire de rappeler à son peuple son glorieux passé.)

lundi 1 août 2022

Doublespeak

Boris Johnson, premier ministre. J'ai parlé de l'émission de la BBC qui s'interroge sur son caractère. Les six premiers épisodes content son histoire, jusqu'à ce qu'il soit premier ministre. On y entend des proches. Il en sort l'image d'une personne déstructurée : exactement ce que nous percevons de lui.

Les deux épisodes suivants font appel à des ministres de M.Johnson. Ils parlent de ses années au pouvoir. Il en sort un Boris méconnaissable. Le Boris, homme d'Etat. J'ai même appris que, grâce à son anticipation des plans poutiniens, l'Angleterre avait livré des armes à l'Ukraine, avant le déclenchement des hostilités, ce qui expliquait qu'elle avait déjoué les manigances du dictateur soviétique. Ce qu'on lui reproche ? Des peccadilles. 

Alors que tout le gouvernement britannique s'est déplacé en procession pour le supplier de partir ?

De la "langue de bois" et de la politique ? On peut reprocher ce que l'on veut à Boris Johnson, mais, au moins, il n'était pas atteint de ce mal. Cela pourrait-il expliquer sa popularité, en dépit de tous ses travers ?

Révolution industrielle

On parle beaucoup de "réindustrialisation". Mais le mot "réindustrialisation" n'est pas correct. Il donne l'impression d'une réaction défensive, d'un rattrapage. Or, le monde vit une nouvelle révolution industrielle. 

Elle est l'antithèse de la précédente : elle est "biosourcée, circuits courts et transitions diverses". Mais elle est aussi industrielle au sens où elle demande d'utiliser des procédures rationnelles, hyper efficaces, de production. Il se pose alors un problème compliqué :

Outre que, comme l'explique N.Dufourcq dans son dernier ouvrage, nous avons perdu notre savoir-faire industriel, ce mouvement est emmené par des "start up". Pour avoir un espoir de ne pas se faire balayer par la concurrence, et nous donner une chance de "souveraineté nationale", elles doivent s'imposer sur le marché mondial. Ce qui signifie souvent construire des infrastructures de production qui valent des centaines de millions d'euros, et ce sans espoir de revenus avant longtemps. On est à des années lumières des problèmes qui se posent aux start up numériques. 

Aujourd'hui, quasiment le seul moyen de ce faire, est, essentiellement à coup de fonds publics (la BPI, et de multiples subventions), puis par passage par la bourse, qui permet d'entrer dans le monde des fonds "à impact", qui n'interviennent qu'à ce niveau. 

Que faire ? Il est difficile d'envisager une autre solution que l'augmentation de l'investissement public, permettant de construire les premières usines. Si l'Etat veut, comme il le dit, construire 100 usines par an, cela signifie un investissement de l'ordre de 10md par an. Ce qui doit correspondre à à peu près 100 fois ce qui est disponible...

(Illustration.)