lundi 31 décembre 2018

Avenir de l'Europe

Alors que, partout, on devient "nationaliste", que des nations aux puissances formidables comme les USA et la Chine choisissent le rapport de force et le coup bas comme stratégie, l'Europe donne l'impression d'une "ville ouverte".

C'est ce qui explique que les Anglais aient été surpris par la résistance que l'UE leur a opposée ?

Le Brexit fera-t-il le printemps ? Si l'UE veut imposer ses nobles principes, elle doit être forte, et c'est l'union qui fait la force : ses citoyens doivent la soutenir, et, pour cela, ils doivent être convaincus qu'elle n'est pas un nouvel avatar de l'opium du peuple. Un tel changement est-il possible ? Etudier le changement, c'est croire au miracle. Conclusion de l'année.

Blog, décennie perdue ?

Ecrire un blog est un art éphémère. Il suffit qu'un de vos fournisseurs décide que vous ne présentez plus un intérêt économique suffisant pour que dix ans de travail partent en fumée.

Le jour où Google ou un autre frapperont, ce sera un soulagement. En effet, je suis le principal client de mon blog. Je dois le relire pour détecter les fautes d'orthographe que j'ai laissé passer. Je suis une victime des réformes de 68. Certes, mon orthographe est moins atteinte que celle des jeunes, mais j'ai tendance à me laisser emporter par l'inspiration. Ce qui donne des résultats étranges. D'autant que l'Intelligence Artificielle des correcteurs automatiques me joue de plus en plus souvent des tours pendables.

Un demi siècle de destruction, à quand la création ?

Brexit ou le chaos

Reportage sur le Brexit. La Grande Bretagne donne l'impression d'un chaos. Rien ne va plus. Plus de raison. Beaucoup de gens inquiets. Des gens, syndicats ou patrons, qui ont d'ordinaire le dernier mot (et qui, en plus, paraissent d'accord) ne sont plus audibles. L'avenir du pays serait entre les mains de quelques excités, idéologues de plus ou moins bonne foi. Une société, pour agir, a besoin de s'organiser, et c'est extrêmement compliqué ? Vivement la crise ?

Le reportage dit aussi que c'est un phénomène typiquement anglais (au sens d'Angleterre, une des nations du Royaume Uni et du Tournois des six nations). Le reste du Royaume Uni était plutôt favorable à l'UE. La City étant, elle aussi, pro européenne, est-ce une réaction contre elle ? L'UE, dans ces conditions, ne devrait-elle pas réfléchir cinq minutes avant de faire des pieds et des mains pour récupérer la dite City ?

(Le reportage laissait entendre que ce n'est peut-être pas tant l'UE qui est rejetée que les valeurs morales, "socialement avancées", de ce que l'on appelle le "libéralisme".)

Réseaux sociaux et communautés

Le débit créera les usages, disait-on au temps de la bulle Internet. Quels usages ont émergé des réseaux sociaux ?

Si l'on en croit le réseau social, une communauté se résume à "influenceur" / "suiveur". Si l'on observe la société animale, on peut se demander en quoi c'est un progrès.

Mais c'est peut-être tout de même une innovation. On nous dit que nos réflexes "primitifs" nous viennent de l'homme des cavernes. Et si c'était le contraire ? Et s'il fallait la protection de notre société pour que l'homme puisse avoir des instincts "primaires" ?

Changement d'époque

Le décès de Christian Kozar est aussi celui d'une certaine forme de changement. Ce changement, associé au nom de Michel Crozier, avait quelque-chose de typiquement français. Il partait d'en bas. Son moteur était le génie du "sans grade". Toute l'organisation, syndicats en tête, se mobilisait pour l'intérêt général. Le système D s'y montrait à son meilleur. Et cela donnait un résultat qui étonnait nos concurrents étrangers : une entreprise transformée et redoutable, avec aussi peu de moyens ! Peut-être retrouvait-on l'esprit des armées révolutionnaires ?

D'Air France à Renault, ce changement a fait des miracles dans les années 90.

Aujourd'hui, notre pays est fracturé, sur le modèle anglo-saxon, mais sans le pouvoir de nuisance des USA. Christian Kozar sera-t-il le dernier des Mohicans ?

Suivez votre intérêt, vous ferez le mien

Comment se fait-il que l'on se fasse aussi facilement manipuler ? se demandait un ami.

Le sujet est étudié par l'économie comportementale. Si quelqu'un en appelle à votre raison, c'est qu'il veut vous arnaquer. L'homme est "irrationnel". Pour en faire ce que vous voulez, il faut habilement lui présenter les choses. C'est le "nudge" (donner un coup de pouce) des sciences économiques.

Un exemple ? "L'effet Kant". Prenons des décisions que nous aimerions universelles, suggère Kant. A l'envers, ce qui nous est individuellement favorable, généralisé ne l'est pas toujours. Ainsi, le Français est attaché à l'héritage, seulement si l'Etat prenait tout à tout le monde et le redistribuait, l'immensité de la population s'en porterait bien mieux ; 68 : le renard libre dans un poulailler libre ; Goldman Sachs a expliqué que s'il vendait des produits financiers nocifs, c'est que le marché voulait en acheter ; et les réformes de l'Education nationale ?... Bref, suivez votre intérêt, vous ferez le mien.

La main invisible de Kant se cacherait-elle derrière des décennies de réformes, l'amour de notre société pour le "marché" et la démocratie, et, en résultat, les "0,1%" ? Si tu écrivais un livre sur le sujet, je l'achèterai, m'a dit mon ami.

dimanche 30 décembre 2018

Maison d'opéra

Depuis quelques années, France Musique parle de "maison d'opéra". Pourquoi pas "opéra", comme dans "opéra Garnier" ?

Cela illustre peut-être la façon dont certains changements se propagent. Dans ce cas, il semble que ce soit une traduction littérale d'une langue étrangère. Le journaliste ayant plus de contacts avec la culture étrangère qu'avec la sienne, son vocabulaire devient une traduction littérale de l'étranger ? Il en est probablement de même de "scène de crime", traduction littérale de "crime scene".

Lorsque l'on voit à quelle vitesse les modes nous traversent, réseaux sociaux, big data, intelligence artificielle, block chains... on peut se demander s'il n'y avait pas auparavant des barrières à la contagion, qui ont disparu. En particulier, nos leaders d'opinion ne semblent plus capables de penser par eux-mêmes.

Réseaux sociaux et gilets jaunes

Quoi qu'il arrive, on parle "réseaux sociaux". Les réseaux sociaux seraient le mauvais génie des Gilets jaunes. C'est une grande désillusion, pour certains. Car, initialement, on croyait que les réseaux sociaux serviraient les forces du bien, les valeurs démocratiques.

Ce type de raisonnement, que j'entends sur France Culture, paraît bâclé. En effet, les mouvements de foule n'ont pas attendu les réseaux sociaux. Lors de la Révolution, on parlait de "clubs", par exemple. Ensuite, la communication a le pouvoir de faire bouger les foules, si ça n'a pas été le cas de la communication "démocratique", c'est, peut-être, qu'elle manquait de séduction. Ses auteurs feraient peut-être bien de se demander ce qui n'allait pas. Et si, en particulier, l'on avait retenu que les réseaux sociaux étaient un moyen de manipulation ?

Rhétorique et dialectique

Les Grecs parlaient de rhétorique et de dialectique. Je soupçonne que la rhétorique, fondée sur l'émotion, convainc parce qu'elle est l'émanation des valeurs humaines les plus profondes. Elle suscite la compassion. Quant à la dialectique, c'est la déduction scientifique, froide et mécanique.

Notre problème du moment est peut-être que l'un ne va pas sans l'autre. Les Gilets jaunes ressortissent à la rhétorique. Leurs plaintes viennent de leurs souffrances. Les intellectuels, eux, suivent un raisonnement dont les fondations sont abstraites. Ils prétendent démontrer le bien. Le danger, lorsque ces deux formes de pensée sont isolées l'une de l'autre, c'est le sophisme. C'est à dire une apparence de raisonnement, qui conduit à l'inverse de ce qu'il prétendait démontrer.

La rhétorique est à l'origine, elle produit "l'intuition", mais celle-ci n'a pas de valeur, si elle n'est pas vérifiée par la dialectique. C'est d'ailleurs comme cela que marchent les sciences.

(C'est probablement ce que signifiait originellement "sophisme", avant qu'il ne subisse un détournement de sens.)

samedi 29 décembre 2018

Condamner l'Etat

Une pétition d'écologistes demande à la justice de condamner l'Etat.

Ce qu'il y a d'étrange, c'est que l'Europe continentale occidentale ne veut pas que les entreprises puissent saisir la justice pour contester les lois des Etats, sur le modèle anglo-saxon. Le peuple dicte ses lois aux tribunaux.

Qu'en déduire ?

Dernières nouvelles de Sommerset Maugham

Le colonialisme de la fin du début du 20ème siècle diffère-t-il des délocalisations de sa fin ? Question qui se pose à la lecture de ces nouvelles. On y parle principalement du sud est asiatique, de la Malaisie en particulier, et de ceux qui le gouvernait. Peut être les conditions de vie. On mourrait plus facilement jadis. Surtout, les transports étaient plus lents qu'aujourd'hui, si bien que les administrateurs coloniaux revenaient rarement dans leur pays d'origine. Et ils ne le reconnaissaient plus lorsqu'ils y arrivaient, à leur retraite.

Sommerset Maugham semble considéré avec condescendance par l'Anglo-saxon. En tout cas, il a connu un gigantesque succès dans les années trente, et ses nouvelles, les dernières qu'il ait écrites, m'ont fait passer un excellent moment. Comme l'annonce l'introduction, la vie des colonies était tranquille, et besogneuse. Mais, ce qui intéresse le romancier ce sont les faits divers. Ceux-ci semblent avoir une trame commune : la désillusion, qui tue, et le crime, qui soulage. Superficiel, vraiment ?

Care et self help

Deux doctrines s'opposeraient : "Care", ou "compassion", et "self help" ou "développement personnel".

La première estime qu'il y a des "misérables" qu'il faut prendre sous notre aile. Mais ces misérables existent-ils ? On reproche à ce mouvement de préférer une fiction aux réelles souffrances de la société.

La seconde estime que l'homme est libre, et donc qu'il doit se tirer d'affaires seul. C'est une doctrine défendue par ceux qui estiment avoir réussi grâce à leur travail. On leur reproche de ne pas voir qu'ils ne sont pas les seuls à travailler dur, car c'est, essentiellement, notre position sociale qui fait notre succès.

Le conflit violent qui oppose les partisans de ces deux doctrine masquerait donc le fait qu'elles ont les mêmes effets : le maintien du statu quo. Ce sont des doctrines conservatrices.

Y a-t-il une troisième voie ? Peut-être l'humanisme : prendre l'homme et la société tels qu'ils sont, et comprendre que la mesquinerie rend moins heureux que la générosité. L'humanisme, doctrine du changement, comme mouvement inhérent à la vie ?

vendredi 28 décembre 2018

Georges Moustaki

Fait-on les événements ou est-on portés par eux ? Georges Moustaki était le fils d'un libraire d'Alexandrie, à 17 ans, il arrive en France, dans la communauté des artistes des années 50. C'est un parolier. "Milord" fait de lui un "rentier". Son talent, du moins ce qui fait sa fortune, c'est, peut-être, transformer les idées de l'autre, Piaf, Barbara, Reggiani, les Brésiliens, l'esprit de soixante-huit, en une mélodie. Il a connu le succès quelques années, puis est allé de pays en pays, partout où se trouvaient des communautés amicales.

Voilà ce que je retiens d'une émission de France Culture.

Homme machine

L'intelligence artificielle plus forte que le cerveau ?

En fait, on ne sait pas comment fonctionne le cerveau. Son étude est guidée par des préjugés qui créent des prévisions auto réalisatrices. Aujourd'hui, on le décrit comme un ordinateur, hier comme une machine mécanique. L'homme a besoin de modèles pour comprendre, et il applique celui qu'il a sous la main, qui lui semble le sommet du progrès, et qui, demain, paraîtra ridicule. Voilà ce que disaient des invités de La méthode scientifique de France Culture.

Polos verts et Gilets Jaunes

Depuis l'élection de M.Trump, les USA sont divisés comme jamais, dit-on. Je me demande s'il n'en est pas de même chez nous.

Près de deux millions de personnes ont signé une pétition demandant à ce que le pays soit condamné pour ne pas avoir respecté ses engagements environnementaux. Ce serait une réaction (les "Polos verts" ?), ai-je entendu, aux Gilets Jaunes.

Dans le monde anglo-saxon, on nomme ces courants libéraux et nationalistes conservateurs. D'un côté les professions de l'intellect, la haute société, de l'autre le travail et les contingences matérielles. Effet pervers de la division des tâches ?

La France a une tradition de "troisième voie". M.Macron semblait l'incarner. Se serait-il égaré ?

jeudi 27 décembre 2018

Paradoxe démocratique

J'ai entendu dire, il y a longtemps, que les élèves énarques s'affiliaient toujours au parti politique qui était dans l'opposition. En effet, du fait des alternances, ce serait celui qui gouvernerait lorsqu'ils seraient en âge d'être ministres. Il est loin le temps où l'administration de l'Etat se disait servante de l'intérêt général.

Qu'est-ce qui pousse nos hommes politiques ? Pas de différence entre gauche et droite, la règle est la soif du pouvoir ? Illusion démocratique, comme le disait Tocqueville ? Car le premier souci des hommes de pouvoir est qu'on ne le leur prenne pas : leur pire ennemi, c'est le peuple ?

Changement et punition

A l'époque de la commission Attali, j'ai discuté avec un de ses membres. Il m'avait dit qu'il y avait un même point de vue entre gauche et droite sur les réformes à faire, mais pas sur la manière de les mener. A sa grande surprise, la gauche voulait exproprier, alors que la droite voulait dédommager. (C'était le cas, par exemple, pour les taxis.)

A l'époque cela m'était apparu comme curieux. Mais je n'y avais pas prêté grande attention. Maintenant, je me demande si cela n'en dit pas long sur ce qui a été l'état d'esprit de la gauche. Elle voyait le monde séparé en deux : les bons et les mauvais. Dans cette logique, réformer, c'était punir.

mercredi 26 décembre 2018

Christian Kozar

Christian Kozar est décédé dans la nuit du 25 au 26. Brutal et inattendu.

Il se trouve qu'il s'interrogeait sur l'avenir de notre pays. Allait-il sombrer dans l'anarchie ou pouvait-on inventer de nouveaux principes d'organisation sociale ? J'avais constitué un groupe de travail pour discuter de ce sujet en début d'année.

Notre rencontre est le fruit d'un hasard. Nous étions les invités d'une conférence organisée par une chambre de commerce, il y a un peu plus d'une dizaine d'années. Il racontait la transformation de la Poste qu'il avait menée, je parlais des techniques de conduite du changement. Son expérience m'avait stupéfié. Je ne suis pas sûr qu'il était conscient de ses compétences. Toujours est-il que nous sommes devenus amis.

Christian Kozar était hors du commun. Ancien officier, il était passé dans la préfectorale, puis avait été l'homme des grands changements du secteur public ou para public. Sa carrière est une série invraisemblable de missions impossibles. Parfois il a risqué sa vie. Comme lors d'une prise d'otages aux "Iles loyautés". Mais il a surtout été l'homme des "bombes sociales". Il a redressé des filiales de Canal+, et transformé la RATP, Air France, et, finalement, le courrier de la Poste, aux pires moments. Il avait mené ces changements terrifiants avec une incroyable facilité. Il est regrettable que notre pays n'ait pas su mieux employer un tel homme.

Il décrivait sa façon d'agir comme "le vol de bécasse". La bécasse est imprévisible. Elle a une logique, mais elle n'est compréhensible qu'après coup. C'est comme cela, qu'au moment où un coupe-coupe allait s'abattre sur sa tête, il a trouvé les mots qui ont arrêté le bras de l'agresseur, et l'ont fait entendre raison. C'est aussi comme cela qu'il a convaincu un banquier d'accorder le financement sans lequel Canal+ Pologne ne pouvait survivre, le temps qu'il trouve une solution à ses difficultés. Le vol de la bécasse est peut-être le principe même de la liberté, le Graal que cherchaient les philosophes des Lumières.

Christian Kozar est unique et irremplaçable, mais je ne peux m'empêcher de penser que l'homme des bombes sociales, le champion des situations d'urgence, et du changement de tous les dangers est mort comme il a vécu, droit dans ses principes, flamboyant et en possession totale de son talent.

Dettes

Emmanuel Levinas dit que nous naissons avec la responsabilité des autres. Mais, ne naît-on pas aussi avec, sur la conscience, un crime que l'on n'a pas commis ?

Nous laissons à nos enfants un monde qui n'est pas durable, dit-on. Le petit Français est endetté, d'ailleurs. Il y a des peuples à génocides, d'autres à colonies, mais il y a aussi la "reproduction sociale" qui fait que des parents contribuent à faire échouer leurs enfants, ou toute une série de criminels, qui veulent faire payer à la société ce qu'ils ont subi dans leur enfance, et ainsi de suite.

Comme quoi l'humanisme est une question plus compliquée qu'il n'y paraît.

Le podcast tue l'émission de nuit ?

Je trouvais qu'il y avait une grande injustice. J'écoute la radio à des horaires inhabituels. C'est aussi ceux que l'on choisit pour diffuser les émissions les moins écoutables.

Je pense qu'un changement est en cours. Le podcast permet d'éviter ce désagrément. Mais, aussi, les programmes pour minorités risquent de disparaître. Car la radio a intérêt à produire des podcasts très écoutés. Sa diffusion étant initialement en direct, cela pourrait signifier l'élimination des programmes destinés aux heures de faible écoute. Une bonne nouvelle pour les insomniaques.

(PS. En observant de plus près la grille de France Culture, je vois que la nuit est le temps des rediffusions. Ce qui contredit ma théorie. Du coup, je formule une nouvelle hypothèse : la rediffusion a un double intérêt : l'insomniaque l'apprécie et elle ne coûte rien. Utile et agréable.)

mardi 25 décembre 2018

Alain Veinstein

Alain Veinstein animait une émission nocturne de France Culture. On la lui a retirée (en 2015). Il s'en plaint. La fin de cette émission, c'est aussi celle de sa vie, dit-il.

Voilà qui n'avait pas été prévu par Mme Aubry. La retraite, c'est la perte de statut ? Pire que la mort ?

Mais peut-être que ses mesures n'étaient pas destinées à tous ? Comme il y a des "sans dents", il y a des "sans statut" ?

Année Trump

Dans ma jeunesse, il y avait le sentiment d'une marche vers la vérité. L'avenir dirait ce qui était juste ou non. L'homme, en particulier scientifique ou ingénieur, se devait d'apporter une contribution à ce progrès.

Aujourd'hui, on ne sait plus même si la notion de vérité a un sens. Dans cette affaire, il semble que l'intellectuel ait joué les premiers rôles. L'intellectuel, comme force politique, serait apparu avec l'affaire Dreyfus, si l'on en croit Michel Winock. Ce que j'ai lu sur elle me fait penser que ce n'était pas une question d'antisémitisme ou de justice, mais de vérité. L'intellectuel défendait la vérité, quelle qu'elle soit. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Son combat est celui du bien. Mais, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Et cela, il n'est pas certain qu'il l'ait prévu...

Père Noël artificiel

On paie des chercheurs pour donner du charisme aux machines. Voici ce que dit CAM, la revue des anciens de Cambridge. La transformation numérique serait-elle avant tout un exercice de manipulation ?

Mais qu'est-ce que le charisme ? Si l'on observe les hommes politiques, on peut se demander si ce n'est pas "quelque chose" qui fait que l'on aime quelqu'un alors qu'il ne fait pas ce qui est bien. C'est ce qui rend séduisant des très laids. Il y a une forme d'insolence de la chance dans le charisme ? De ce fait, le charisme ferait peut-être le printemps : ce ne serait pas l'homme charismatique qui changerait la société, mais la société qui créerait les conditions de la chance, donc du charisme. Elle voudrait croire au père Noël.

Après le conducteur d'auto, l'IA va-t-elle remplacer le père Noël ?

lundi 24 décembre 2018

Liquidation totale

Liquidation totale : propre de l'homme ? Question que je me pose en écoutant "L'homme prédateur" (Collège de France / France Culture). Que l'homme élimine les espèces animales n'est pas neuf. Nos ancêtres ont éliminé les grands prédateurs, les mammouths et probablement des quantités d'autres espèces.

Pourquoi d'autres espèces ne font-elles pas comme nous ? Parce que l'homme n'est pas lié à un écosystème. A chaque fois qu'il en détruit un, il en trouve un autre. Et c'est peut-être de cette invention, la source du PIB, qu'il se nourrit...

Cousins

Les employés d'un de mes anciens employeurs appelaient ceux qui les dirigeaient "les cousins". Cette expression m'est revenue en tête en regardant ce que l'on disait de la famille royale anglaise (avant cette génération) : elle se mariait entre cousins.

Avoir des cousins est une force. Le groupe est plus fort que l'individu. Cependant, pour cela, il faut sûrement une condition nécessaire : le sentiment d'avoir quelque chose en commun. Une naissance, aurait-on peut-être dit sous l'ancien régime. En effet, il me semble que dans d'autres milieux la notion de cousin ne s'étend pas très loin, et qu'elle tend rapidement à générer des rivalités. Le cousin est un parasite, à moins qu'il ne soit une force d'appoint ?

(Un autre inconvénient du népotisme est que, faute de pression sociale, il conduit à un affaiblissement du niveau intellectuel du groupe. Voilà peut-être pourquoi les princes d'Angleterre ne se marient plus entre eux ?)

dimanche 23 décembre 2018

Gérard Mourou

M'étais-je mépris sur Gérard Mourou ? C'est ce que m'a fait penser un entretien qu'il a eu avec Etienne Klein. (France Culture)

Je croyais qu'on lui avait octroyé le prix Nobel pour quelque curiosité. Eh bien celle-ci pourrait avoir des applications révolutionnaires. Elle consiste à utiliser un laser pour produire une puissance colossale pendant un temps extraordinairement faible (l'un étant lié à l'autre). Cela sert en chirurgie de l'oeil. Mais cela permettrait aussi de faire les expériences de physique des particules en chambre, et d'aller au delà de tous les rêves du CERN, et, qui sait ?, d'éliminer la radioactivité des déchets radioactifs.

(Et la fusion nucléaire ? me suis-je demandé.)

Le progrès technologique n'aurait-il pas dit son dernier mot ?

L'homme prédateur

Très intéressant cours du Collège de France (diffusé par France Culture). L'homme prédateur. Jean-Jacques Hublin.

Un moment décisif dans l'histoire de notre espèce aurait été l'homo erectus. Il apparaît il y a deux millions d'années. Ce serait le résultat d'un changement écologique. La forêt se transforme en savane. Nos ancêtres doivent s'adapter. Contrairement à ce que l'on croit, l'homme ne serait pas un avorton. C'est un athlète. La force de l'homo erectus, c'est le jogging. Il peut courir des heures, voire des jours. Et, surtout, en pleine chaleur. (Mécanisme de transpiration, qui s'accompagne d'une disparition du pelage.) C'est ainsi qu'il épuise la gazelle. Tout notre corps serait fait pour la course : elle pose des problèmes mécaniques extrêmement complexes. Ainsi l'homo erectus devient-il un chasseur. Ce qui lui permet d'alimenter un cerveau gigantesque...

Initialement il aurait occupé une niche écologique parmi les carnivores. Mais il élimine totalement les grands fauves, ou les transforme en animaux de compagnie. (Le propre de l'homme serait-il de survivre à un écosystème qu'il détruit ?)

Pour reconstituer cette histoire le paléo-anthropologue se livre à une enquête digne de Sherlock Holmes.

samedi 22 décembre 2018

Règlements de compte à France Culture ?

La consultation de Wikipedia m'amène à "Bertrand Jérôme", producteur d'émissions littéraires que j'ai longtemps écoutées. Wikipedia ne dit pas grand chose sur lui. Sinon que Laure Adler aurait mis un terme à son émission. Wikipedia écrit aussi que la dite Laure Adler, un moment directrice de France Culture, s'y serait livrée à des réformes, radicales ?, qui ont rencontré une violente résistance au changement des auditeurs. Ce qui doit être rare. Elle lui aurait été fatale, apparemment. Wikipedia dit aussi qu'elle est mariée à Alain Veinstein, producteur d'une émission diffusée la nuit. Celle-ci a disparu. L'intéressé à fait savoir son mécontentement.

Règlements de comptes entre factions rivales ? Ce qui est surprenant est que ce monde où l'on pense bien semble beaucoup plus violent que celui de l'entreprise. En outre, ce qu'il y a de curieux est l'âge avancé des producteurs dont il est question. Apparemment, à moins d'un coup de force, on meurt à son micro chez France Culture. Cette radio ne doit pas employer de partisans de Martine Aubry.

Utilité

En économie, on parle de "fonction d'utilité". Il est curieux à quel point cette notion "d'utilité" n'est plus d'actualité. La peur de l'IA, des manipulations génétiques, de l'entreprise en général, en est un symptôme. Plus confiance.

D'où cela vient-il ? Peut-être de l'économie. On accuse les Gilets jaune "d'irresponsabilité" parce qu'ils demandent de l'aide, sans se préoccuper de son impact sur les comptes de la nation. Mais les entreprises sont elles responsables ? En quoi s'assurent-elles que ce qu'elles produisent est bénéfique ? Réponse : elle n'ont pas à le faire, car leur responsabilité est la maximisation de leur cours de bourse.

Et si l'on se demandait, à nouveau, comment être utile ? Et si c'était le meilleur moyen de faire des affaires ?

vendredi 21 décembre 2018

Vive l'écologie

Deux mouvements semblent s'opposer. D'un côté les Gilets jaunes, et leur fins de mois. De l'autre les écologistes, qui attaquent l'Etat en justice parce qu'il n'en fait pas assez pour l'environnement.

Comment les réconcilier ? Peut être en amenant les villes à la campagne. Une société dont les conditions de vie seraient celles des écologistes serait certainement écologiste. Et cela réglerait, par la même occasion, les questions de fin de mois des Gilets jaunes.

Cela ne serait probablement pas bon pour la durabilité de l'espèce. Mais, au moins, elle serait unie. Condition nécessaire au changement.

Et si l'on jugeait la justice ?

La cours de justice européenne juge que le conseil de l'Europe, en le condamnant, n'a pas respecté les droits d'un premier ministre ukrainien, en fuite en Russie. Cela m'a rappelé un livre américain que je lisais récemment. On y parlait aussi de justice et des exploits de ses défenseurs. Et les exemples qui l'illustraient venaient tous de mafieux.

Théorème de Clint Eastwood ? Les beaux principes de notre justice ne s'appliquent qu'aux criminels ? Ils ont les moyens de plier la justice à leurs intérêts. D'ailleurs, comme le remarquait incidemment le livre précédent, il est curieux qu'une société aussi obsédée par la justice que les USA soit aussi injuste. Donc, dirait Clint Eastwood, si l'on veut la justice, il faut la faire. N'y aurait-il pas d'autres solutions ?

jeudi 20 décembre 2018

Sauvons le Venezuela

5000 personnes quitteraient le Venezuela chaque jour. Conditions de vie difficiles. Ne devrait-on pas aider les Vénézuéliens ? N'y a-t-il pas d'autres peuples qui mériteraient, encore plus que les Vénézuéliens, un coup de main ?

L'entraide mondial est en panne. Elle ne s'est pas relevée des interventions récentes, guerre d'Irak ou encouragement des printemps arabes. Elles ont été pires que le mal.

A quoi ressemblerait une "bonne intervention" ?
  • Elle doit jouer sur des aspirations internes pour être légitime. En particulier, ce sont les "gilets jaunes" qui font la base des nations, et ce aussi bien en Amérique qu'en Iran, en Egypte qu'en Russie. C'est à dire des gens qui vivent de valeurs traditionnelles, dans la précarité. 
  • Elle doit faire émerger des structures politiques stables, ce qui signifie ne pas construire un édifice abstrait, et donner, éventuellement, un savoir-faire qui manque au pays. (Echec de la décolonisation.)
  • Elle ne doit pas imposer de l'extérieur une culture étrangère, qui entrerait en conflit avec la culture nationale. (Tentation américaine.)
  • Autre ? 

La sagesse comme projet de société ?

Débat sur la retraite. Un participant : je ne comprends pas, dans les années 80, on disait qu'il allait y avoir déséquilibre entre actifs et inactifs, or le gouvernement Mitterrand a réduit la durée de travail.
Plus surprenant ? Les participants en activité estiment qu'ils n'auront jamais de retraite. Les retraités, eux, se trouvent inutiles. Ils n'osent rien faire, de peur de voler un emploi. "Perte de statut" dit quelqu'un.

Et si tout cela n'était qu'une question de "croyances" ? s'est-on demandé. Après guerre on parlait d'expansion et de jeu à somme positive, aujourd'hui, implicitement, le jeu est à somme nulle, ou négative. Le vieux prend un emploi au jeune. Surtout, on semble croire que tout est une question "d'activité", d'agitation musculaire. Et la sagesse ? Sans elle, l'activité est vaine. La valeur, inestimable, de l'ancien est là.

En se privant de sagesse, nous avons créé une société de poulets sans têtes ?

mercredi 19 décembre 2018

Société de singes

Les singes savent fabriquer et utiliser des outils. Ils savent aussi s'organiser pour la chasse (façon "chasse à courre"). Mais, curieusement, leurs pratiques diffèrent d'un endroit à l'autre, sans que rien ne puisse l'expliquer. Et s'ils avaient une "tradition", une "culture" ? Et si la notion de "culture" était propre à l'ancêtre commun de l'homme et du singe, et remontait à plus de dix millions d'années ? Voici ce que j'ai entendu dans "L'homme prédateur", un cours du Collège de France.

J'ai pensé à Mme Thatcher, qui disait qu'il "n'existe rien qui s'appelle société"... Peut-être, mais dans ce cas, cette inexistence est récente.

Héros de notre temps

Scientifique levant des fonds pour une fondation. Expose ses raisons. Mais ne répond pas à mes questions.

Vit-il dans une réalité supérieure qu'il est de mon devoir d'atteindre ? En fait, son attitude est usuelle. Nous démontrons que nous avons raison. De ce fait, il ne sert à rien d'écouter. Il n'y a plus rien à apprendre.

mardi 18 décembre 2018

Auto organisation

Le mouvement des Gilets jaunes est un exemple des capacités humaines à s'auto organiser. Cela montre aussi l'efficacité de cette auto organisation : ils ont obtenu une dizaine de milliards en quelques manifestations.

Sa force première était là : auto organisation. Le fait qu'il ne soit manipulé par aucun mouvement politique ou syndical le rendait incontrôlable. Le seul moyen de l'arrêter était de chercher à comprendre ses revendications, pour y répondre.

Le plus surprenant est peut-être que ce mouvement a profité à des gens qui ne demandaient rien, alors que ceux qui ont pris le risque de manifester ont eu peu, et peut-être, parfois, rien. De la rationalité, de l'efficacité, de l'irrationalité ?

Terre promise

Un livre qui tombe en miettes, ou presque. André Maurois ? Vague souvenir du colonel Bramble, lu dans ma jeunesse. Un auteur humoristique, à la façon britannique ? Mais ce livre ci est l'histoire d'une femme, au début du siècle dernier. André Maurois aurait-il sombré dans l'eau de rose ?

Je découvre André Maurois, qui ne s'appelait pas Maurois mais Herzog. Il fut un élève particulièrement brillant. Mais il a choisi de rejoindre l'entreprise familiale. Avant que la guerre de 14 ne l'amène à la littérature : comme dans le colonel Bramble, il est interprète pour l'armée anglaise ; il tire de son expérience un roman ; et poursuit une carrière d'écrivain.

Ce livre, qui date de 1945, est un roman sur la psychologie d'une femme de la plus haute société française, et l'histoire de cette haute société durant la période qui va d'une guerre à l'autre. Où l'on voit l'influence de la culture sur la femme, en particulier, et sur notre vie en général. Où l'on voit aussi que l'histoire aurait pu avoir un autre cours.  Peut-être y a-t-il même un fond de révolte contre l'incompétence du pouvoir, et de l'armée, ici. "Pour succéder à une génération de géants montaient, des provinces françaises, des nains diserts et salaces, cependant qu'en d'autres pays s'élevaient des machiavéliens sans scrupules."

Pour autant rien n'est lourdement appuyé. Ce qui me semble très fort dans ce livre, c'est l'élégance de sa modestie.

lundi 17 décembre 2018

M.Macron a-t-il changé ?

M.Macron va-t-il changer ? s'interrogeait ce blog. Il semble bien qu'il ait changé. Ce qui est une preuve d'intelligence, et probablement la première revendication des Gilets jaunes : être écoutés.

Il a ainsi révélé qu'il n'était pas un orthodoxe de la rigueur. Le déficit français va dépasser les trois pour cent. (Ce qui va lui poser des problèmes, car le budget italien est recalé par l'UE alors qu'il semble plus vertueux. Deux poids, deux mesures ?)

Ce qui serait bien maintenant, c'est de poursuivre cette remise en cause, et de se demander ce qui n'a pas marché dans les politiques qui ont été appliquées ces dernières décennies, sans a priori.

Nature du changement

Qu'est-ce qui change dans le changement ? J'ai cité la théorie du dégel de Kurt Lewin. Il en existe une autre, celle de Paul Watzlawick, qui semble très différente. Pour Paul Watzlawick, le changement (d'ordre 2) est le passage d'un système à un autre système. En gros, nous faisons toujours la même chose. Changer c'est faire aussi toujours la même chose, mais autre chose. Par exemple de facteur à pieds, je deviens facteur à vélo. Le couple est un exemple de système. Le mariage a évolué radicalement au cours des siècles.

Comment se relient Lewin et Watzlawick ? Le besoin de changement vient de ce que l'on est dans un système "qui ne fonctionne plus". Mais ce système est invisible. On ne sait pas qu'on lui appartient, ou qu'il existe. Alors, on va chercher à l'aveuglette, façon Kurt Lewin. Il se peut que, par hasard, on marche sur le levier qui transforme le système. C'est la fin de la phase de dégel. Ou le début de la fin ?

Voici comment j'imagine la transformation du dinosaure en oiseau, dont je parle ailleurs. (Ce que je dis est certainement idiot. Ce qui compte est l'esprit.) Donc, l'environnement devient défavorable au dinosaure. Il a la capacité de bloquer sa croissance, et de rester à l'état foetal. Il peut alors planer. Il se trouve que le dinosaure est déjà couvert de plumes. C'est alors qu'il découvre un nouvel écosystème, auquel il va s'adapter. Le changement est en deux temps. Un "changement de paradigme", brutal, ici de gros à petit. Puis un changement incrémental, long. 

dimanche 16 décembre 2018

La république dont le président est un enfant

Le dernier discours de M.Macron évoquait La ville dont le prince est un enfant, disait Michel Crépu.

Président enfant ? Peut être président idéaliste ? En ce qui nous concerne, la question est de savoir quel est l'idéal : imposer une idée du monde, ou faire le bien général ?

Les principes du changement

Pour Kurt Lewin, le changement est un dégel. Avant : certitude. Dégel : plus de certitudes. On cherche, plus ou moins au hasard. Si ce que l'on trouve semble marcher, il y a recongélation. Nouvelles certitudes.

D'où le concept "d'anxiété d'apprentissage" inventé par Edgar Schein. La traversée du dégel est un apprentissage. Mais, puisque l'on ne sait pas où l'on va, on est inquiet. Si bien que l'on peut être paralysé. Le changement est alors bloqué.

Boris Cyrulnik a peut-être trouvé une solution au problème. "La base de sécurité." Soit un homme qui rencontre l'inconnu. Expérience après expérience, il va en comprendre les règles. Mais, pour mener cette exploration, il lui faut, comme pour l'explorateur, une "base". Il en part, à l'aventure, et il y revient.

Morale ? Le changement demande de partir dans l'inconnu. Pour cela, au préalable, il faut trouver une base de sécurité. Qu'est-ce ? "Quelque chose" qui donne la force de partir à l'aventure ? Le rôle du donneur d'aide ?

samedi 15 décembre 2018

La banlieue et le changement social

Trente ans d'évolution des banlieues. Se réinstaller en banlieue trente ans après est une expérience curieuse. Elle permet, peut-être, de comprendre le phénomène gilet jaune.

Ce qui frappe : plein d'avions dans le ciel, en rase-motte ; des trains qui ne fonctionnent plus.
  • Les trains, c'est le moyen de transport des travailleurs. Car ces gens ont été éloignés des centres villes par le prix de l'immobilier. Or, la rationalité économique veut que l'on fasse des économies d'échelle, en concentrant tous les moyens, hôpitaux, services administratifs, écoles..., au même endroit, en centre ville. 
  • Les avions, c'est la "business class", ou, surtout ?, la "leisure class" de l'économiste Veblen. 
Le plus intéressant, c'est le politique. Il a ouvert le ciel des banlieues aux avions, et n'a rien fait pour que la SNCF respecte sa mission ? Représentant du peuple ?

Histoire de la Phénicie

Réflexe conditionné. Mes amis libanais se disent phéniciens. Dès que j'ai vu le titre ce livre, je l'ai acheté. Et j'ai eu raison. Je l'ai lu avec grand intérêt.

Qu'est-ce que la Phénicie ? Une période, de moins mille deux cents à moins trois cent trente. Et quatre cités : Byblos, Tyr, Sidon et Arwad. Elles sont prises entre la montagne, et ses cèdres, une richesse, et la mer. Quatre mini Etats qui doivent cohabiter avec les grandes puissances de l'époque. Par ordre d'apparition : l'Egypte, l'Assyrie, Babylone, la Perse, puis la Macédoine d'Alexandre le grand. (En dehors de l'Egypte des origines, ces empires ne sont guère durables. Chaque nouveau roi doit, quasiment, repartir de zéro.) Elles sont à la fois rançonnées mais aussi ménagées. Car elles ont des atouts qui valent cher. Elles ont une marine, qui sert de force d'appoint aux grandes nations (qui n'ont que des armées de terre) et des colonies, et elles sont riches. De temps à autre, elles essaient de se libérer. Mais sans succès.

En fait, on sait peu de choses de la Phénicie. Elle a eu beau inventer l'alphabet, elle n'a pas parlé d'elle-même. On la connaît par les chroniques qu'ont tenues ses voisins. Elles ne parlent que de ses roitelets.

Ce livre est aussi une vue de l'histoire qui n'est pas celle à laquelle nous sommes habitués. Par exemple, les victoires grecques (Marathon...) dont on fait tant de cas n'étaient qu'un épiphénomène pour la Perse. De même Israël semble similaire aux Etats qui l'entourent. L'histoire est-elle écrite par les vainqueurs ou par ceux qui savent écrire ?

vendredi 14 décembre 2018

Trace de l'autre

Emmanuel Levinas a une drôle de façon de voir les choses. Il dit que c'est en effaçant ses traces que l'on laisse la seule trace qui compte.

Et si cela s'appliquait au "big bang" ? Une trace de ce qu'il y a autre chose que ce que nous percevons ? Et qui se manifeste par le "désordre", en brouillant l'ordre auquel, s'il n'en tenait qu'à nous, l'univers obéirait. Mais ce n'est pas à cela qu'il pense, mais à "l'autre", aux autres humains. C'est eux qui rendent impossible la vision du monde bien propre et ordonnée qu'a l'individu en vase clos.

Une des manifestations de l'autre est le mensonge. Il est devenu pratique courante, actuellement. Et ce parce qu'il est généralement pieux. On arrange la réalité pour qu'elle serve une cause. Mais, du coup, on ne sait plus ce qui est vrai ou non. La justice devient impossible. De même qu'apprendre de ses erreurs. Perseverare diabolicum.

Solution ? Peut-être le monde de l'autre. Dans une société étroitement liée, le mensonge est difficile, de même que le crime. Il n'y a plus besoin de justice ?

Quand les Européens découvraient l'Afrique intérieure

Une étude des récits de voyage de 7 explorateurs anglais et français de l'Afrique. Période 1795 - 1830 : l'Occident change. Avant il est esclavagiste, après il sera colonialiste. Que s'est-il passé entre-temps, qu'ont apporté ces explorateurs à la pensée occidentale ?

En ces temps, on estime que l'Occident est cause de l'esclavage en Afrique. Il faut remplacer la traite des noirs par le commerce. Ses vertus sont naturellement bénéfiques. Elles civiliseront l'Afrique. L'Angleterre est le leader de l'abolitionnisme. Qu'observent nos explorateurs ? Que l'esclavage est endémique en Afrique. L'Occident n'y est pas pour grand chose. Les ressources naturelles n'ont rien d'extraordinaire. En revanche, le Noir est un enfant, bon, que le progrès occidental pourrait éveiller.

Détail amusant. La façon dont les Africains voient les Blancs. Comme des animaux de zoo. Cela ressemble à la vision que les Blancs auront des Africains.

(PS. Le problème avec les synthèses, c'est que l'on perd beaucoup. Notamment la dimension humaine de l'aventure. Car ces 7 hommes sont partis quasiment sans moyens. Et leur voyage a été avant tout souffrance. D'ailleurs, ils ont parcouru relativement peu de kilomètres, me semble-t-il. Ils ont exploré seulement l'Afrique sub saharienne. A cela s'ajoute la tendance moderne de la science, qui est de soupçonner la pensée ancienne, occidentale, de préjugé.)

jeudi 13 décembre 2018

Prince Philip

Hasard des propositions de YouTube. Après une vidéo sur la Phénicie, on me propose M.Macron, puis le prince Philip.

J'imaginais le prince Philip comme quelqu'un d'insignifiant, toujours à quelques pas derrière Elisabeth II. Pas du tout, c'est un être humain comme les autres. Certes un prince, de Grèce, mais qui a peu vu ses parents et a été baladé de cousin en cousin, de pays en pays. Il semble avoir trouvé son salut dans l'amitié virile, le sport et la marine. Il aurait vécu heureux et serait devenu amiral, si seulement le père de sa femme n'était pas décédé prématurément. Bien loin d'être effacé, c'était même un des personnages favoris d'une sorte de Guignols de l'info britannique. Façon grande gueule, qui flingue.

Qui êtes-vous ?

John Kotter sépare l'espèce humaine en deux : les leaders et les managers. Les premiers transforment les sociétés, les seconds exécutent. Et vous, qui êtes-vous ?

Il y a un peu la même chose chez Max Weber : rationalisme et ritualisme. Le premier, c'est la fin, le second, le moyen. Il y a très peu de leaders. Cela signifie-t-il qu'il y a très peu de gens capables d'entendre des arguments de raison ? Le bon moyen de leur parler c'est le mythe ?

C'est ce que les publicitaires semblent croire. Pour ma part, j'observe que la société, en tant qu'être, a une sorte de libre arbitre. Sur le long terme, elle ne se laisse pas dicter son chemin. (Ce qui ne signifie pas qu'elle fasse toujours ce qui est bon pour ses intérêts.) Il y a de la rage dans le mouton.

mercredi 12 décembre 2018

Stéréotype

L'homme semble avoir tendance à transformer les autres hommes en "choses". On n'est plus M.X, mais "autiste" ou "hétérosexuel", ou "narcissique", ou "borderline"...

Ce type de catégorisation peut être utile. Dans une guerre, un "ennemi" se comportera comme tel. En revanche, ce qu'elle rate est la complexité humaine, et, surtout, la capacité à changer. Du coup, on s'engage dans une prédiction auto réalisatrice dangereuse.

Comment s'adresser à l'autre ? Peut-être en ne regardant pas ce qu'il est, mais ce qu'il n'est pas. Qu'a-t-il de curieux ? de paradoxal ? Qu'est-ce que cela laisse entrapercevoir ?

Faut-il se méfier de la morale ?

L'avant guerre fut une période morale, elle a débouché sur le nazisme. Nous avons vécu une autre période morale, on parle maintenant de "populisme". Y aurait-il quelque chose qui ne va pas avec la morale ?

Avant guerre, il est possible que l'on ait eu très peur d'une nouvelle guerre. Alors on a voulu imposer des normes morales qui la rendraient impossible. Peut être en a-t-il été de même récemment : pour défendre leurs valeurs, certains ont voulu interdire celles des autres.

L'erreur de ce raisonnement, c'est l'absolu. En le condamnant sans jugement, on fait de l'autre un ennemi.

mardi 11 décembre 2018

Société sous influence

Etudier le changement amène à découvrir la psychologie de l'influence. L'influence consiste à obtenir ce que l'on veut des autres, sans le leur demander. Comment ? Nous sommes tous plus ou moins codés par la société. Par exemple on tend à rendre quand on nous donne, ou l'on tend à aider le faible. Connaître ce codage donne le pouvoir.

Dans ce domaine, les meilleures pratiques sont probablement celles des escrocs. Ils nous révèlent à quel point nous sommes manipulables. En effet, ils se contentent de nous laisser entendre qu'ils peuvent réaliser ce dont nous rêvons. Ils n'ont d'ailleurs pas besoin de le faire consciemment. (D'après les travaux que j'ai lus, les bons escrocs n'ont pas conscience de l'être.) Ils constatent, simplement, qu'un certain type de comportement leur permet d'obtenir ce qu'ils désirent sans effort, et sans contre-partie. C'est un phénomène social, d'ailleurs.

Ce comportement est-il exceptionnel ? D'où la question importante. Nous ne pouvons vivre sans l'autre. Comment vivre dans une société d'escrocs ?

Un Picasso

Pièce de théâtre idéale, bon texte, bons acteurs, pas trop tard, pas trop long (un acte), pas trop cher. Salle comble.

L'Allemagne nazie veut brûler trois oeuvres de Picasso, peut-il les sauver ? Huis clos. D'ordinaire je n'aime pas les reconstitutions. Elles ne peuvent qu'être infidèles. (Imaginez que, dans quelques décennies, on veuille jouer votre rôle.) Surtout en ce qui concerne Picasso. Mais là, exploit, Picasso est crédible.

Facture classique, d'une certaine façon. Malin, aussi. On reconnaît le professionnalisme américain. Mais c'est surtout une intéressante réflexion sur la personnalité de Picasso, et ses démesures, faiblesses et contradictions, et sur les mystères de l'art.

lundi 10 décembre 2018

L'économie de M.Macron

Les hasards des suggestions de YouTube me font voir un ancien reportage de FR3 sur M.Macron. On interroge un de ses condisciples de classes préparatoires. En mathématiques une solution ne peut qu'être bonne ou mauvaise. Or, E.Macron, lui, trouvait une "troisième voie". Une formulation séduisante.

Que peut-on déduire de cette remarque ? Faut-il être bon en mathématiques pour être président ? En tout cas, M.Macron pourrait manquer de sens critique. Donc se laisser embarquer dans des projets irréalistes. Mais, cette remarque ne parle peut-être pas tant de M.Macron que de la société. Le plus surprenant est que M.Macron a été sélectionné par l'ENA pour être inspecteur des finances. De plus, M.Attali disait aux reporters qu'il avait conseillé à M.Hollande de prendre M.Macron comme conseiller économique... L'économie ne serait-elle pas une question de rigueur intellectuelle ?

Fin du monde et fin de mois

La question de la "fin de mois" serait-elle la clé de celle de la "fin du monde" ?

Les "grands sophistes" le croyaient. Ce qui est bon pour la cité (développement durable) est bon pour l'homme. Mais le rôle de la cité est la justice ("fin de mois"). En conséquence, on ne peut pas régler la question de la "fin du monde", si l'on ne prend pas celle de la "fin de mois" en compte. C'est ce que démontre le professeur Trump.

dimanche 9 décembre 2018

Pouvoir des mots

En opposant "fin de mois" à "fin du monde" les gilets jaunes ont réussi un changement surprenant. Jusque-là il n'était pas acceptable de parler d'autre chose que de développement durable. C'était, en grande partie, en son nom, que l'on pouvait être sourd aux malaises de la société.

Le génie du gilet jaune est d'avoir exprimé sa détresse de manière acceptable ?

(Théorie.)

Tous des immigrés

Un voisin me rappelait que nous avions été des immigrés. Lorsque mes parents ont fait bâtir la maison dans laquelle je suis, les habitants des environs ont très mal pris la chose. Ils ont essayé de nous rendre la vie impossible.

Difficile à imaginer aujourd'hui. Les champs d'alors sont maintenant couverts de maisons. Elles sont construites industriellement d'ailleurs. La population de la ville a doublé.

La morale de cette histoire ? Ce que nous n'aimons pas, ce n'est pas l'immigrant, mais le changement. Surtout un changement qui nous a pris par surprise. Si l'on veut éviter une déflagration, il faut accompagner le changement. Ce qui n'est pas une idée très libérale.

samedi 8 décembre 2018

Valeur d'exemple

Paul Ricoeur semble penser que les valeurs qui motivent une action se révèlent dans l'action. Plus l'action touche des sujets fondamentaux, plus la valeur révélée est fondamentale. Cela rejoint ce que disait Kurt Lewin : pour comprendre quelque-chose, il faut chercher à le changer. Les traités de négociations ne sont pas loin d'aller dans ce sens : défendre ses valeurs donne au négociateur une force, et un pouvoir de persuasion, irrésistible.

C'est peut-être juste. Mais, en tout cas, si ça l'est, cela peut sembler légitimer la révolte. Laissons la raison aux manipulateurs ?

Humanisme de l'autre homme

En attendant l'heure d'un rendez-vous, je lisais ce livre dans un café. Un café pour jeunes cadres supérieures, ou entrepreneuses, blanches, en tailleur. Lorsqu'un jeune noir, un peu rasta, un peu sdf, un peu paumé, s'assoit à côté de moi. Que lisez-vous ? De la philosophie. Cela raconte quoi ? Je n'en sais rien, j'essaie de comprendre. Comme il n'est pas satisfait : le sens de la vie, c'est d'aller vers l'autre. C'est ce que j'ai fait en vous adressant la parole, remarque-t-il. Dommage que j'ai dû partir à mon rendez-vous. Je saurais maintenant ce que dit ce livre, peut-être.

Car il présente la même difficulté que celle que je rencontre lorsque je parle à un expert. Il a un vocabulaire que je ne connais pas. Emmanuel Levinas était polyglotte. Il a travaillé avec les grands philosophes de notre temps, notamment Husserl et Heidegger. Et il a probablement saisi leur pensée. Ce qui n'est pas mon cas. Mais encore ? dirait mon sdf. Emmanuel Levinas a peut être trouvé ce qui fait que notre monde n'est pas durable, la faille de notre pensée, depuis ses origines. C'est la question de "l'être", qui débouche sur le néant. La solution c'est "l'humanisme de l'autre homme". Pas l'humanisme de Ronsard, celui des "belles âmes", sans prise sur la réalité. C'est comprendre qu'avant notre naissance, nous avons contracté une responsabilité. Nous sommes responsables des autres. Une vie centrée sur soi, débouche sur l'absurde. A l'échelle de la société, elle conduit à "l'aliénation" : l'homme est esclave d'un système qu'il entretient. Il creuse la tombe de son espèce. Le sens de la vie, c'est cette responsabilité. L'homme, tout homme, est "élu", par ce qu'il reçoit ce devoir, le Bien. Le Mal, c'est se croire une fin en soi.

Et ensuite ? J'ai bien peur qu'il y ait plus que cela. Nous reproduisons le modèle qu'il dénonce sans nous en rendre compte. Comment changer ?

vendredi 7 décembre 2018

Signes annonciateurs

J'ai toujours tort. Je pensais que personne n'avait vu arriver les difficultés de gilets jaunes. Faux. M.Hollande parlait de "sans dents". Il était au courant. Mais cela ne l'émouvait pas.

On lisait dans les années 2000, aussi bien aux USA qu'en Russie que les oligarques et "working rich" déclaraient : on doit notre argent à notre travail. Les classes dirigeantes françaises ont-elle partagé ce point de vue ? Les pouvoirs en place ont-ils considéré que les pauvres étaient des résistants au changement ? Ils verraient leur sort se transformer si simplement ils adoptaient l'esprit du temps, le "libéralisme" ? S'ils ne le faisaient pas, qu'ils ne viennent pas se plaindre ? Le malheur était une question de valeurs ?

(Est-ce ce qu'il faut entendre par :  "L’Ile-de-France, elle a les cheveux lâchés, elle est libre, elle est progressiste ! (…) Elle monte des start-up, cultive des champs, fait du hip-hop, se tatoue les bras! Elle est jeune, elle est vieille, elle se bat, elle y croit !" (Claude Bartelone.) ?)

Libération de la parole ?

Une forme de censure est-elle en train de sauter ? J'entendais une jeune femme parler de ses difficultés à nourrir ses enfants. Elle expliquait que, dans son cas, il était moins rentable de travailler que de vivre d'allocations.

Il y a peu, elle aurait été taxée de paresse. Maintenant, la radio l'interroge, et on s'apitoie sur son sort.

jeudi 6 décembre 2018

Gilets jaunes : comment sortir de la crise ?

Parlant de 89, Tocqueville a dit que plus l'on a répondu aux revendications des manifestants, plus ils ont pris conscience de leur malheur, et plus ils ont revendiqué. Comment arrêter le phénomène, avant que les mêmes causes ne provoquent les mêmes effets ?

Un éminent universitaire me répond que le problème vient de la technocratie. Elle est au pouvoir, partout. Elle n'est pas capable d'entendre et de penser. Elle ressort sans cesse les méthodes qui sont à l'origine de la crise. Il faut dissoudre l'assemblée. Une cohabitation forcerait le gouvernement à écouter et à faire fonctionner son cerveau.

Surprenant.

Mais n'est-ce pas la méthode Air France ? Une lutte qui semblait sans issue, une période de chaos. Et des gens qui pourraient avoir retrouvé leur raison.

Solidarité négative

Michel Cozier disait, qu'en France, il n'y a de solidarité que "négative". Solidarité "contre".

Gilets jaunes ? D'un seul coup, c'est l'unanimité. Et les partis politiques semblent parler d'une seule voix. Jusqu'à M.Macron qui joue le rôle qui convient à ce phénomène : celui du petit chef.

Comme me le disait quelqu'un qui comptait se joindre aux prochaines manifestations : comment cela va-t-il se terminer ?

(Comme prévu, M.Trump explique que la lutte contre le réchauffement climatique crée la pauvreté. Ce qui l'était moins, c'est que les manifestants, se rendant compte de leur pouvoir, retrouvent l'esprit de 68, et demandent de plus en plus.)

Pauvre France

Qu'est-ce que le bonheur ? Ne pas avoir à en être réduit à lancer des pavés sur des CRS. Le New York Times enquête sur les gilets jaunes, et découvre une France qui n'a plus les moyens de vivre.

C'est étrange. Je suis d'une génération qui pensait que c'était impossible. Comment a-t-on pu en arriver là ? 

mercredi 5 décembre 2018

Jean-Claude Zylberstein

La semaine dernière France Culture donnait la parole à Jean-Claude Zylberstein. Editeur et avocat éminent.

Comme Fabrice Luchini, Jean-Claude Zylberstein est une sorte de Cendrillon. En dehors des livres et de la musique, il n'avait aucun intérêt dans la vie. Alors, il a rencontré celle qui est devenue sa femme, et son talent s'est révélé. Humanisme de l'autre homme, dirait Emmanuel Levinas ?

Pouvoir des lobbys

Les lobbys ne sont pas ce que l'on croit, disait une émission de France Culture. Quand on pense lobby, on pense entreprise. Or, les lobbys peuvent aussi être ONG, et, curieusement, vouloir représenter les intérêts d'une abstraction. Pour la même raison, ce n'est pas l'argent qui fait le pouvoir des lobbys. Mais, il y a plus compliqué. Il n'y a plus de public et de privé. Car, non seulement on passe de l'un à l'autre, mais le mouvement se répète au cours d'une carrière. Les valeurs de ceux qui dirigent l'Etat sont-elles compatibles avec leur mission ?

mardi 4 décembre 2018

Le rôle du pauvre dans le capitalisme

Le président brésilien veut s'en prendre à la forêt amazonienne. Il veut fournir, directement ou indirectement, du travail au pauvre. Il en est un peu de même partout : c'est la raison que l'on avance, en particulier, pour brûler de plus en plus de charbon.

La gauche, quant à elle, pour sauver la planète, en est à taxer le pauvre, et à lui refuser un emploi : qu'il s'adapte. Est-ce très satisfaisant ?

La "croissance" semble avoir un curieux mécanisme. C'est la création de la pauvreté. Le riche éjecte le pauvre de tout ce qu'il y a de bon dans la vie. De ce fait, le pauvre réclame plus de croissance pour se sortir du trou...

La solution à ce phénomène n'est peut-être pas tant la fin de la croissance, que la solidarité. La pauvreté est une pathologie sociale.

Trace carbone

Il serait intéressant de comparer la trace carbone des gilets jaunes et celle des soucieux de développement durable. Il ne serait pas surprenant que l'avion remplace la voiture pour les seconds. Et que leur mode de vie ait quelques conséquences néfastes, indirectes, imprévues.

J'ai travaillé avec le conseil régional d'Alsace. Il avait remarqué que les fonctionnaires habitaient avec le reste de la population. Donc qu'il était une bonne idée de ne déplacer ni les uns ni l'autre, et de décentraliser les services administratifs. Je ne sais pas si l'idée à été suivie d'effets, mais il me semble qu'elle était bonne. Une étude de l'Université de Cambridge, que j'ai citée il y a quelques années, montre que l'on peut abaisser significativement (facteur pouvant atteindre 5) nos émissions et notre consommation d'énergie, si nous procédons à une réorganisation, de simple bon sens, de notre vie.

Et si l'on abandonnait le diktat de l'économie, qui nous conduit à de fausses optimisations ? Et si l'on en revenait à une organisation de la société par elle même ? N'est-ce pas le contrat social que M.Macron appelle de ses voeux ?

lundi 3 décembre 2018

Paris brûle-t-il ?

Avant même les événements de samedi, la presse étrangère parlait d'un Paris qui "brûle".

Quel impact sur la crédibilité de notre président, à l'étranger ? Et sur les combats qui sont les siens ?

M.Macron va-t-il changer ?

M.Macron a quelque-chose de curieux. Il est vieux. C'est un faiseur de morale, dans l'esprit de la société pré-68. Celui qui a rendu fou la jeunesse de l'époque.

Aujourd'hui, il se trouve face à une épreuve formidable. Un consensus se dégage : si la France va mal, c'est le résultat de 40 ans de réformes. Ce à quoi M.Macron pensait apporter la touche finale est en échec. Il n'est pas à la tête de pays de retardés, qui refusent le progrès, comme il le pensait, c'est lui qui se trompait, et le peuple qui avait raison.

Comment va-t-il se tirer de ce mauvais pas ? Peu de gens peuvent survivre à une telle remise en cause. Est-il capable de rajeunir ?

(Dommage qu'il n'ait pas assisté à la conférence donnée par J.Fradin, N.Guiny et le groupe Saretec : on y parlait de sa situation.)

dimanche 2 décembre 2018

Vrai 68?

Les gilets jaunes ou le changement ? Surprenant comme les discours ont changé. D'un seul coup tout le monde, sauf le gouvernement ?, s'intéresse à des gens qui n'intéressaient personne : la population française. Les discours des partis d'opposition, RN inclus, sont impossibles à distinguer les uns des autres et méconnaissables.

Un sujet d'interrogation : les gilets jaunes sont-ils des casseurs ? Le gouvernement dit oui, l'opposition répond : les casseurs ont pris des gilets jaunes. Et s'ils avaient tous tort ?

Imaginons-nous les révolutions sans barricades ? Et 68 ? Ce mouvement a quelque-chose d'extrêmement rare : c'est une manifestation spontanée. Etre suffisamment à bout pour sortir de son foyer et partir affronter les CRS est-il une condition favorable à la modération ? Et si, lorsque le bulletin de vote ne donne rien, le recours ultime était le pavé ? Mais que fait Cohn-Bendit ?

George Bush

George Bush ou le changement ? Aujourd'hui les Américains se rappellent de lui avec nostalgie. En son temps, les présidents n'étaient pas haïs par la moitié de l'électorat. Le pays était plus sage qu'aujourd'hui.

Pourtant, George Bush était risible, disait la presse de l'époque. Et le ridicule a peut être tué sa tentative de réélection. Quelle leçon en tirer ?

samedi 1 décembre 2018

Obsolescence programmée

Hervé Kabla devrait écrire un "7,6 milliards de consommateurs". Ses essais de matériels sont toujours pertinents. Je lisais sur son blog, en particulier, que les Apple, alourdis par des changements de systèmes d'exploitation, devaient être changés tous les deux ans environ. A ce rythme là, l'ordinateur n'est pas loin de valoir le prix d'une voiture.

J'assimilais Apple aux produits de luxe. Le luxe est durable. Mais Apple ne l'est pas.

La justice italienne a condamné Apple pour ce type de pratique. Argument : lorsque le consommateur a chargé la nouvelle version du système d'exploitation, il n'était pas informé de ce à quoi il s'exposait. (Article.)

(J'ai aussi découvert qu'il existait HOP, une association, "Halte à l'Obsolescence Programmée".)

Autonomy ou les risques de la spéculation ?

L'Etat américain attaque le vendeur d'un éditeur de logiciel. L'homme est anglais. Il a vendu Autonomy à HP, pour 11md$. C'était en 2011. Depuis, HP affirme avoir été trompé sur la marchandise.

En jeu, outre une amende, vingt ans de prison... Cette nouvelle est un précédent. Elle montre l'agressivité des USA, qui font une affaire d'Etat d'une question privée, étrangère. (En outre, la justice anglaise s'est jugée incompétente.) Ensuite ce pourrait être la remise en cause de petits arrangements entre amis. Car l'engouement pour les modes du moment, Big data, IA et autres block chains, est spéculatif. La plupart des vedettes d'hier ne sont plus rien. Mais elles ont fait beaucoup d'heureux. Les perdants, les acquéreurs en dernière instance, tels HP, ne se vantent pas de leur infortune. Elle a d'ailleurs fait la carrière d'un dirigeant. En outre, il est difficile d'affirmer que l'acquéreur a été abusé : il est mieux équipé en compétences et en avocats que l'acquisition.

Morale ? Non seulement les acquéreurs-entreprises pourraient attaquer les vendeurs, avec des moyens  démesurés, mais les multiples violentes chutes de cours post introduction en bourse pourraient devenir l'objet de recours en justice. C'est une menace pour l'entrepreneur mais surtout pour toute l'industrie financière. La "fausse économie" entre-t-elle dans l'ère glaciaire ?