jeudi 31 janvier 2019

Dignité et violence

Le mouvement des Gilets jaunes serait-il une question de dignité ? D'un côté, on parle de violences, de casseurs. Indignité. Mais les manifestants se voient, sans doutes, comme des gens dignes qui veulent faire entendre leur voix. Quant au gouvernement, il a peut-être la tentation de ne pas s'intéresser à ce qui n'est pas digne.

La question est curieuse. En effet, dans les pays anglo-saxons, il y a une tradition de manifestations dignes. Pourquoi n'est-ce pas le cas chez nous ? Des personnes violentes profitent de toutes les manifestations un peu spontanées. Et pourtant les Anglais ont leurs Hooligans, bien plus violents que les nôtres !

A moins que la violence soit une question de culture et de traditions ? Chez certains elle s'exprime sur des gradins, chez d'autres dans des manifestations ?

Art du management

Le dirigeant est un technocrate, un gestionnaire, pas un entrepreneur, encore moins un créateur, dit-on. Il est nocif. Il faut le remplacer. Et si diriger une entreprise était une question de questions, pas de formation ?

Ce blog rappelle l'histoire de Sloan et du Pont de Nemours. Ils ont sauvé GM, et en ont fait, pendant un demi siècle, la plus puissante entreprise mondiale. Elle a quasiment donné un nom à une nouvelle ère industrielle : "mass Manufacturing". Or, ils n'avaient aucune idée de ce qu'était un constructeur d'automobiles, quand ils ont commencé. Ils se sont interrogés. Ils ont résolu les problèmes qu'ils se posaient. Ils ont inventé les traités de gestion modernes.

Michel Rességuier, le spécialiste du redressement d'entreprise, procède de même. Il annonce qu'il ne sait rien, et que, s'il y a une solution, elle va devoir venir de l'entreprise. Et cela réussit.

Poser des questions auxquelles on n'a pas de réponse, est-ce l'art du management ?

Il en est de même partout, je crois. Si l'humilité de M.Macron n'est qu'apparence, le grand débat risque d'avoir des difficultés.

mercredi 30 janvier 2019

Uber et la réforme des taxis

A l'époque où j'animais un club d'économie, j'ai reçu un chercheur éminent qui, entre autres, voulait supprimer la réglementation des taxis, pour créer de l'emploi. Je lui avais fait remarquer que cela faisait plus de 70 ans que l'on voulait le faire. J'ai eu raison : le gouvernement Sarkozy a été défait pas les taxis. Mais j'ai finalement eu tort : Uber est arrivé. Et Uber, c'est un rêve d'économiste. Et il a été encouragé : j'entendais dire que Pole Emploi, à une époque, poussait les chômeurs à conduire des taxis.

Mais les prévisions des économistes ne semblent pas s'être réalisées. La création d'emploi ne paraît pas massive. Problèmes d'infrastructures ? Rues encombrées ? Ou d'aspirations ? Je me souviens d'un conducteur de taxi américain qui ne rêvait que de retrouver un emploi en usine, une fois que la crise serait finie. On ne travaille pas pour l'argent, mais par vocation ? Un terme à faire entrer dans les manuels d'économie ?

La Californie contre M.Trump

La Californie serait le champion de la lutte contre M.Trump. Elle aligne une nouvelle candidate à la succession de M.Trump. Bien entendu, d'origine immigrée, très diplômée, et célibataire (mais pas transgenre). Deux Amériques qui s'affrontent ?

Qui va gagner ? Paradoxalement, la Californie aurait un talon d'Achille : sa mauvaise gestion. En période de crise, l'Etat tend à connaître la faillite. Les républicains remplacent alors les démocrates. Or, il y aurait actuellement un début de récession. (Par ailleurs, cela devrait-il inquiéter le reste du monde ?)

Article de la BBC. (Autre paradoxe, la très riche et très démocrate Californie, aurait le taux de pauvreté le plus élevé aux USA, avec la Floride et la Louisianne, 130.000 personnes seraient SDF.)

mardi 29 janvier 2019

Branleur à haut potentiel

En considérant le profil et le parcours professionnel d'un jeune cadre, j'ai remarqué qu'il correspondait à celui des dirigeants d'un certain type de multinationale. Il m'a répondu que j'avais sans-doute raison, qu'il était régulièrement classé "beyond expectations", mais que la première impression qu'il donnait était celle d'un "branleur".

J'ai regretté de ne pas avoir d'anthropologue avec moi. Car la notion de "branleur" définit la culture française. Nous sommes tous des branleurs.

Il y a le branleur évident. Le coq gaulois, dont se moquait César, le sans culotte, le syndicaliste braillard, le Gilet jaune. Et il y a le branleur moins évident : l'élite aristocratique ou technocratique. L'arrogance incompétente. Enfin, il y a une communication qui ne cesse de rappeler au monde que nous sommes des branleurs. Car le branleur évident et le branleur pas évident se dénoncent mutuellement et en appellent à la commisération publique.

Pour autant, le branleur n'aurait pas survécu à la sélection naturelle, s'il n'avait pas quelque talent. Comme pour les chevaux de course, handicap signifie crack. Il y a du haut potentiel dans le branleur ?

Anglais sans complexe

Je crois avoir trouvé ce qui me semble différer entre les littératures française et anglaise. L'Anglais est sans honte et sans complexe. Par exemple. S'il voit une femme qui lui plaît mieux que la sienne, il va chercher à la séduire, et à se faire plaindre s'il n'y parvient pas. Il estime probablement que son comportement est naturel ; que tout le monde ferait la même chose, à sa place ; y compris sa femme. D'ailleurs, si elle ne lui plaît plus, c'est certainement que leur contrat moral était basé sur quelque vice de forme, de son fait à elle.

Chez le Français, il doit y avoir un fond de culpabilité. Il a fait siens les impératifs sociaux, comme des lois de la nature. Le Français est un chrétien indécrottable ? Henri VIII fut un leader libérateur ?

Ce qui explique peut-être nos réputations respectives. Le Français dit, mais ne fait pas ; c'est le contraire pour l'Anglais ?

(Réflexion qui me vient de la lecture de D.H. Lawrence et Aldous Huxley.)

lundi 28 janvier 2019

Le Gilet jaune a-t-il une logique ?

Le mouvement des Gilets jaunes surprend. Non seulement il ne disparaît pas, mais il semble s'affirmer.

On a cru que c'était une question de prix de l'essence, puis un besoin d'écoute par le gouvernement. On a peut-être aussi cru que la répression le ferait reculer. Cela n'a pas marché.

Il est difficile de repérer des affiliations politiques... beaucoup de sympathisants du RN ? Mais cela peut-être lu à l'envers : une France de mécontents, qui cherche un exutoire, à droite, à gauche, chez les Gilets jaune... la fin justifie les moyens. Les journaux parlent, aussi, de violence et de revendications farfelues : "Macron démission" et "démocratie directe", par exemple.

Farfelues ou logiques ? On dit depuis longtemps que les partis politiques ne représentent pas le pays. M.Macron ne semble pas plus légitime au yeux des Gilets jaune. Donc, c'est au peuple de diriger la nation. Vive Proudhon ?

Les motivations, égoïstes, du libérateur

Un jour, un client m'a dit qu'il voulait faire de sa société une "entreprise libérée". J'ai rédigé une synthèse d'un article d'Isaac Getz. Selon ce dernier, ce qui fait l'entreprise libérée, c'est un "leader libérateur", ayant des caractéristiques très spécifiques.

On se plaint de ce qu'il y ait peu de leaders libérateurs. En fait, je crois que la libération de l'entreprise tente beaucoup de dirigeants. Mais pour une mauvaise raison : ils veulent se débarrasser de ce que l'entreprise a de plus gênant : ses employés.

Isaac Getz pense probablement que les leaders libérateurs aspirent à une société démocratique et égalitaire. Pour ma part, je constate que mes missions débouchent toujours sur un début de libération de l'entreprise, mais pas par amour de la démocratie. Le dirigeant comprend, brutalement, que son entreprise a un potentiel insoupçonné. Il comprend, tout aussi brutalement, qu'il ne peut l'exploiter seul. Il a besoin de l'aide de ses collaborateurs. C'est cette prise de conscience qui amène la transformation. Elle est radicale. Elle règle, effectivement, la question des relations humaines : de maman, le dirigeant devient chef de meute.

dimanche 27 janvier 2019

M.Macron ou la France du sablier ?

Y a-t-il incompatibilité entre M.Macron et au moins une partie de la France ? Si oui, cela pourrait être une histoire de sablier...

M.Macron pourrait correspondre à un courant de pensée qui existe depuis longtemps aux USA. (Ce blog en parle depuis sa création.) Son cri de ralliement est "travailler dur". Il y a deux voies de réussite, mais une seule recette. D'abord, les études. L'élite a fait les "meilleures études". Mais si elle est arrivée eu sommet, comme M.Macron, ce n'est pas tant par de grandes facilités intellectuelles (comme c'était le cas pour les précédentes générations), que par son ambition, son acharnement et son optimisme. Car, son parcours, comme celui de M.Macron, peut avoir connu des échecs. C'est d'ailleurs de là qu'elle tire sa légitimité.

Ensuite, second chemin vers la fortune, il y a le "petit boulot". Ce sont les taxis d'Uber, les livreurs à bicyclette, mais aussi les ressortissants de pays riches qui émigrent à la recherche d'un emploi, lors d'une crise. Ces émigrés ne sont pas maliens, ils ont fait des études. Elles auraient dû leur donner des emplois confortables. Mais la crise en a décidé autrement. Ils n'ont pas eu peur de déchoir. Il n'y a pas de sot métier. Dans cette pensée, celui "qui en veut" est prêt à tout, et il réussit.

La religion de cette pensée, ce qui la fonde et la justifie, ce sont les sciences économiques. Elles postulent des individus sans attache, qui prennent ce qu'on leur donne. "La société n'existe pas", comme le disait Mme Thatcher. Il n'y a que l'argent qui compte.

Cela conduit à une nation "en sablier" concluent les Anglo-saxons. D'un côté des "ultra riches", de l'autre la "valetaille". Car, surprise ?, il se trouve que les "petits boulots" correspondent à ce dont les premiers ont besoin pour leur confort. Les transports en commun, ce n'est pas pour eux.

L'image de M.Macron, debout sur une table au milieu d'une foule, ou embrassant des footballers, est conforme à cette mythologie. L'ultra riche est un meneur d'hommes, et un athlète, qui apprécie, et se pique de pouvoir participer aux, jeux du cirque. Il se pense aussi esthète, façon oligarque et sac Louis Vuitton, il goûte les "restaurants étoilés".

Et maintenant, si ce modèle est juste, pourquoi mécontente-t-il la population ? Parce qu'elle ne veut pas émigrer pour trouver des emplois de livreurs de pizzas - même si l'ultra riche a le pourboire généreux. Elle aspire à être une classe moyenne éduquée, qui se réalise dans un rôle social auquel elle s'est préparée. Elle trouve légitime une élite d'entrepreneurs-créateurs et d'aristocrates de l'esprit. Car c'est le rêve de nos pères. Mais pas celui de M.Macron ?

L'intellectuel est-il un sadique ?

Une biographe de Sade (Les chemins de la philosophie, France Culture) présentait la première affaire qui a valu à Sade de la prison, différemment de ce que l'on trouve dans wikipedia. En substance, une mendiante s'évade d'une maison de plaisir de Sade, et l'accuse de l'avoir maltraitée. La famille de Sade intervient auprès de la justice (et rémunère la mendiante), pour étouffer l'affaire.

La biographe expliquait, qu'en ces temps, il était d'usage que les femmes pauvres se prostituent, et que flageller une prostituée ressortissait aux pratiques érotiques du meilleur monde. En disant que Sade avait dépassé ces bornes, la femme avait calomnié le marquis, qui, d'ailleurs, avait profité d'un non lieu de la justice. Elle poursuivait en montrant à quel point le marquis avait été un homme charmant, aimé des femmes.

Et les droits de la femme ? Et les droits de l'homme ? Cette intellectuelle, dans d'autres circonstances, ne s'en serait-elle pas émue ?

Ce qui est frappant chez l'intellectuel, c'est son alignement sur les valeurs de l'Ancien régime. S'identifie-t-il au noble, parce qu'il était libre ? Il était au dessus des lois, il ne suivait que son bon plaisir ? L'intellectuel, même académicien, même ministre, s'estime un "marginal". L'ennemi de l'intellectuel, c'est le peuple, et les lois ? Ce en quoi il diffère du noble. Comme on le lit chez Boni de Castellane, Tocqueville ou d'autres, le noble considérait qu'il appartenait à un écosystème dans lequel tout le monde avait sa place, ce qui signifiait des devoirs.

samedi 26 janvier 2019

Spider man

Le Financial Times s'entretient avec Spider Man. L'homme qui a escaladé une façade pour sauver un enfant.

Surprise. Il n'avait jamais fait d'escalade. Il a seulement pensé qu'il n'y avait rien d'autre à faire. C'est aussi la raison pour laquelle il a émigré en France, et ce en prenant beaucoup de risques : parce qu'il appartient à une ethnie de voyageurs et qu'il rêvait d'aventures. Il est devenu une célébrité, partout dans le monde. Mais cela n'est, pour lui, qu'une péripétie sans importance, comme la vie en comporte beaucoup. Homme de devoir, homme heureux ?

The American

Un Américain rencontre le second empire français. C'est un self made man, et il s'est réussi. Il est grand, il est beau, il est jeune ; en partant de zéro, il a fait une fortune colossale, et la guerre de sécession, où il est devenu général ! Maintenant, il cherche le couronnement de ses travaux, la récompense méritée, le repos du guerrier : une femme exceptionnelle, à qui il ferait une vie de reine. Autrement dit, une comtesse française.

Surprise, le loup de Wall street se révèle un ingénu. Le Huron sera défait par les coups bas de l'ancien monde.

Où l'on retrouve le mythe d'Ivanoë de Walter Scott : l'Anglo-saxon naturellement bon, mais peu raffiné, et l'Européen cultivé et perfide, superficiel dans le meilleur des cas ; mais rien de ce qui fut la réalité de ce temps : une classe de parvenus complexés par leur manque de culture qui se jette dans les bras d'une noblesse décadente, pour qui l'argent n'a pas d'odeur.

Une des premières oeuvres d'Henry James.

vendredi 25 janvier 2019

Adaptation : clé du développement durable ?

France Culture (La méthode scientifique) a organisé un débat : comment s'adapter au réchauffement climatique ?

Le débat part d'un concept : les scientifiques ont adopté, à l'unanimité, un discours terrifiant : si nous ne stoppons pas le réchauffement climatique, nous allons crever ; tout le monde est d'accord, mais rien ne bouge. Donc, on va se réchauffer. Va-t-on rester pétrifiés, à attendre la catastrophe ? Et si l'on cherchait à s'adapter au réchauffement climatique ?

Je retiens deux choses.
  1. Paradoxalement, il existe des mesures, relativement simples, qui permettent de s'adapter. Or, elles réduisent les causes du réchauffement climatique !
  2. Ce qui coince, c'est que le combat pour le développement durable est mené comme une lutte fratricide. Ce qui est ridicule : par exemple, on ne peut pas en même temps accuser l'entreprise de tous les maux, et lui demander de changer, voire d'industrialiser ce qui sera nécessaire demain à la transformation du monde. Au fond, le principe de toute transformation, c'est la résilience, donc l'écosystème, donc la solidarité. Si l'homme ne recommence pas à apprécier l'homme, il est mal parti. 

Soljenitsyne et Chalamov

Soljenitsyne et Chalamov, deux écrivains du Goulag. (France Culture en parlait, il y a peu.) Chalamov me semble avoir eu un talent exceptionnel.

Vies tellement effroyables qu'elles sont inconcevables.

De l'utilité de l'intellectuel ? Vous l'expédiez dans un camp, il produit une oeuvre d'art, et un témoignage ?

Mais, faut-il croire, avec Staline et Mao, que les intellectuels ne raisonnent juste que dans les Goulag ? Au moment où Sartre se demandait comment penser après un génocide, il faisait l'apologie du stalinisme, d'un crime contre l'humanité...

jeudi 24 janvier 2019

Démocratie parlementaire

John Stuart Mill a dit des choses utiles sur la démocratie parlementaire.

On peut se demander si une démocratie, d'ailleurs, ne peut pas qu'être parlementaire. On le voit actuellement. M.Macron, comprenant, mais un peu tard, que gouverner un pays demande de l'écouter, organise un "grand débat". Mais cela ne va-t-il pas tourner en cacophonie ? D'ailleurs, le peuple peut-il percevoir les causes réelles de la situation dont il se plaint ?

Pour John Stuart Mill, la démocratie demande débat, mais, pour que l'on puisse débattre, il doit se faire entre un petit nombre de "représentants" du peuple. Ils doivent avoir des caractéristiques qui les désignent pour cette fonction. Pas tant des convictions que la capacité à décider juste et bien.

La structure sociale ancienne se prêtait peut-être à ce mécanisme. Elle nous paraît extrêmement inégalitaire, mais elle avait aussi des avantages. L'aristocratie se reproduisait. Seulement, elle avait un sens du devoir vis-à-vis du reste de la société. On y trouvait donc à la fois des gens qui avaient été formés pour diriger et débattre, et qui connaissaient bien la vie de leurs administrés.

Les grands entretiens de France Musique

Les grands entretiens sont une émission de France Musique. Des musiciens classiques qui ont réussi sont interviewés. Voici ce que j'en retiens...
  • Il y a une forme "d'ascenseur social" dans la musique. Il marche infiniment mieux qu'ailleurs. L'enfant de talent est rapidement repéré et propulsé au plus haut niveau. Condition nécessaire : une vocation révélée par un accès, précoce, à un instrument, à un milieu un rien musicien.
  • La condition sociale semble agir principalement en ce qui concerne la fréquentation initiale de la musique. Ce qui n'est pas considérable, puisqu'un parent musicien amateur dans une fanfare peut être suffisant. La raison semble en être que l'apprentissage de la musique est un parcours du combattant, qui commence extrêmement tôt, dure très longtemps, et rapporte peu, même si l'on réussit exceptionnellement bien. Un enfant d'une classe privilégiée a plus à gagner en faisant un autre type d'études. Il en est probablement de même en ce qui concerne la danse classique. 
  • Les grands musiciens ont commencé très tôt, généralement vers cinq ans. 
  • Il y a une intimité étonnante entre l'élève et ses professeurs. L'élève est un disciple. On parle très tôt de leur influence, et ces professeurs sont des célébrités. D'ailleurs les virtuoses semblent fortement impliqués dans la formation des très jeunes. 
  • La France, par le biais des CNSM, aurait construit un dispositif de formation particulièrement efficace (à l'image de ce qui s'est fait dans le handball ?) : des prodiges étrangers choisiraient de venir chez nous, plutôt que d'étudier dans les universités d'élite américaines, parce que, chez-nous, il est possible de se spécialiser dès l'adolescence. 
  • Un point négatif, peut-être: les concours internationaux, qui favorisent une virtuosité qui épate la galerie, plutôt que l'amour de la musique. 

mercredi 23 janvier 2019

Quand apprendre ?

Les musiciens qu'interviewe l'émission "Les grands entretiens" de France Musique disent qu'ils faut apprendre jeune un répertoire, même mal, car cela devient vite impossible.

Curieusement, c'est exactement le contraire de ce que prétend l'Education nationale, depuis 68 : il ne faut pas maltraiter les enfants.

Qui a raison ?

mardi 22 janvier 2019

Brexit : la démocratie anglaise se rebiffe ?

Depuis Montesquieu, au moins, il est d'usage d'admirer la démocratie anglaise. Curieusement, aujourd'hui, en pleine débâcle du Brexit, personne ne remet en cause cette opinion.

Pour ma part, je me demande si elle n'a pas été trahie par ses élites. C'est une démocratie parlementaire. Or, David Cameron a décidé d'un référendum ; puis Theresa May a dit au parlement, qui était opposé au Brexit, qu'il fallait respecter la parole du peuple. Jusqu'à ce que le parlement se révolte, et reprenne le pouvoir.

Et si le peuple anglais avait vu juste ? Et si tout ceci était la faute de l'Europe ? Le fonctionnement de l'UE me semble pousser, contrairement à ce que l'on dit, les nations à un régime présidentiel à la française. Les accords se font entre hommes forts. Ceux-ci ne cherchent pas à bâtir un consensus national. Tony Blair a gouverné en PDG. Il a fait absorber à son pays des réformes qui ne correspondaient pas à la volonté générale (par exemple celles qui ont attiré chez lui un million de Polonais). Cela peut être acceptable en France, chez nous le parlement ne sert a rien, mais pas en Angleterre. Et c'est pour cela, certainement, que j'ai lu un temps, dans la presse anglo-saxonne, que l'Europe n'était pas démocratique. En effet, l'Angleterre était un pays où le parlement faisait réellement la loi, et où il y avait accord pour appeler cela démocratie, et l'UE a vidé ce dispositif de son sens.

Gardien de phare

Que faisait un gardien de phare ? Rien. Il regardait la mer. C'est, du moins, le cas d'un gardien interviewé par France Culture.

Il n'était peut-être pas exceptionnel. Le chasseur ou le pêcheur, le marin ou le paysan avaient une vie qui était plus observation qu'action. Ce n'est pas pour autant qu'ils sommeillaient. Ils étaient singulièrement efficaces quand il le fallait. Ce qui est surprenant, quand on y réfléchit bien.

La qualité de la vie change ? Nos ancêtres avaient peut-être une existence plus intense, plus équilibrée, bien que plus incertaine, que la nôtre. Il n'est pas certain que nous ayons gagné en humanité.

lundi 21 janvier 2019

Defixit

Le Brexit s'annonce comme un chaos. L'UE va prendre un choc. Il va falloir le compenser, si l'on veut éviter que le mouvement des Gilets jaunes ne dégénère en révolte.

Va-t-on renoncer au diktat du déficit ? La relance par le Brexit ?

Français, et pas fier de l'être

"Fier d'être" est devenu une expression usuelle. Je soupçonne que c'est une traduction littérale de l'américain. Les Américains ont l'art de trouver les mots qui traduisent les sentiments qu'ils n'ont pas.

Toujours est-il que je n'ai jamais vu "fier d'être français", ou "fier d'avoir été élu à la tête de ce pays". Cela me frappe d'autant plus que j'ai l'impression que l'on est fier d'être anglais, américain, ou d'appartenir à un Etat du nord de l'Europe. Et ce quelles que soient les querelles qui agitent ces nations.

Comment expliquer ce paradoxe ? Je me demande si cela ne vient pas de ce que ces étrangers doivent leur subsistance au commerce, alors que le Français doit sa fortune à son pays. Pour vivre les Français doivent se livrer des luttes fratricides, alors que l'union des étrangers fait leur force ?

dimanche 20 janvier 2019

Frexit

L'Angleterre donne l'image du chaos, pourtant personne ne la tourne en ridicule. Imaginons un moment qu'il s'agisse de la France...

Enseignement : il y a des pays ridicules par nature, et d'autres non ?

La Terreur

"Les "terroristes" de 1798 (le mot "terroriste" a été inventé en 1798) méritent-ils ce nom ? Aux yeux de la légende assurément. De l'histoire, beaucoup moins puisque pour la majorité d'entre eux ils ne furent que des hommes ordinaires, et manipulés, qui auront été, comme d'autres en d'autres lieux et d'autres temps, dépassés par l'entreprise à laquelle ils participaient."

Ce livre met côte à côte ce que l'on dit de la Terreur et ce qui est avéré. Cela se ressemble peu. M.Trump n'a pas inventé les fake news.


samedi 19 janvier 2019

Respecte, et dis non

Je lis "Comment dire non". Condition nécessaire d'un non efficace : ressentir du respect pour l'autre.

Je me suis demandé si le manque de respect ne caractérisait pas la politique américaine, actuelle, et la contestation française, depuis toujours. Cela explique peut-être pourquoi trouver un accord est aussi difficile, et, surtout, pourquoi l'accord ne tient pas : on méprise celui qui l'a signé.

D'après le livre, c'est dans la famille que l'on se respecte le moins : "ne pose pas de questions, je te l'ordonne".

Comment ressentir du respect pour l'autre, pour ses enfants, en particulier ? Il y a une technique pour cela, elle est surprenante : éprouver du respect pour soi. Ce qui n'est pas évident. Cela exige un travail d'introspection. Il faut trouver nos valeurs, ce qui nous meut. Une fois que vous avez compris que vous aimez vos enfants, vous leur trouvez des qualités.

(Corollaire surprenant : si quelqu'un vous manque de respect, c'est probablement qu'il en manque vis-à-vis de lui-même.)

Les paradoxes de l'espoir

Est-ce parce que je vieillis ? Je sens du désespoir dans la génération qui me précède. Celle qui dépasse les quatre-vingts ans, en bonne santé.

Les personnes âgées, dans ma jeunesse, n'étaient pas dans ce cas me semble-t-il. Pourquoi ?

Paradoxe de l'égoïsme ? La génération d'après guerre mettait le "devoir" au dessus de tout. Quand on doit quelque chose, on a toujours un objectif. La vie n'a pas de fin. La situation est différente, lorsqu'il s'agit simplement de profiter de la vie : plus ça va, et moins c'est possible.

vendredi 18 janvier 2019

Falstaff

Dans l'oeuvre de Shakespeare, Falstaff n'est pas qu'un bouffon, il est aussi l'acolyte du prince de Galle, le futur Henri V. Et tous les deux font un très mauvais coup, ils volent beaucoup d'argent.

Cela m'a rappelé des journalistes qui s'interrogeaient sur les raisons qui faisaient que l'élite oligarchique (française) tendait à s'associer à la "canaille".

C'est peut-être une question de valeurs. Canaille et élite s'opposent à la classe laborieuse. D'un côté l'oisiveté, mais aussi le courage et l'audace, de l'autre le travail et la rationalité. La cigale marginale et la masse des fourmis ?

Lumières

Les philosophes des Lumières ont accusé l'Ancien régime d'obscurantisme. Les traditions étaient l'opium du peuple. La vérité se trouvait dans sa tête.

Ce qui était une croyance, pas mieux fondée que la première. Ils ont remplacé un obscurantisme par un autre. Pour autant, ils ont été à l'origine d'un renouveau de la société occidentale sans précédent, une révolution.

Le coeur a des raisons que la raison ne comprend pas ? Ce sont les raisons du coeur qui changent le monde ?

jeudi 17 janvier 2019

Crainte et raison

Le "sauvage" est sage, parce qu'il craint la nature ? L'homme de raison est stupide, parce qu'il pense la dominer ?

La raison n'est qu'un moyen, un outil, mais l'homme a cru qu'elle était une fin ? Le jour où il saura la maîtriser, il ne sera peut-être pas plus sage qu'un sauvage, mais il sera peut-être moins dangereux pour lui-même ?

(Suite du Goulag...)

Amnésie : mal du siècle ?

En relisant les notes prises pour ce blog, je constate que je ne me souviens plus des films que j'ai vus. Il en est de même des livres. Je relis actuellement des ouvrages que j'ai achetés il y a des décennies, mais qui ne m'ont laissé aucun souvenir.

Le bon côté de ce mal est que je découvre des trésors.

Mais comment expliquer cette amnésie ? Forme d'autosatisfaction propre à notre temps, rien n'a de véritable intérêt, en dehors de nous-mêmes ?...

mercredi 16 janvier 2019

Sens du progrès

Kant semble avoir pensé que le "progrès" était celui de la raison. Le jour où l'homme serait en pleine possession de sa raison, il serait sage.

Lorsque l'on regarde la marche de l'histoire, notamment le Goulag, on peut se demander si Kant n'a pas confondu cause et conséquence. Le propre de l'homme semble le "crime contre l'humanité", il s'en prend à sa propre nature. Et il le fait pour de "bonnes raisons", avec les encouragements des plus hautes autorités de la "philosophie".

Grand débat : grand mystère

Il y a quelque-chose de curieux au sujet du "grand débat". M.Macron a publié, au moment de son élection, un manifeste extrêmement fouillé. Celui-ci semblait tiré des travaux de la commission Attali, et peut-être d'autres recherches économiques. Travaux de fond, et qui avaient un aspect systématique, et qui semblaient être une synthèse des travaux de nos meilleurs économistes. On aurait pu croire, donc, qu'il y avait un moyen, scientifiquement approuvé, de transformer le pays et d'améliorer notre sort.

Le grand débat signifie-t-il que ce plan a été abandonné ? Etait-il idiot ? Ou le gouvernement a-t-il été incapable d'en comprendre la logique, donc de l'expliquer, et d'y croire ?...

Et maintenant, que fait-on ? On improvise ?

mardi 15 janvier 2019

M.Ghosn et la culture japonaise

Les malheurs de M.Ghosn me font penser à Stupeur et tremblements.

La culture japonaise donne un rôle premier à la dimension sociale, collective, de l'existence. Elle trouve des moyens habiles et polis de rappeler à l'individu qu'il n'est rien, seul. Elle le met en face de ses failles. Voilà ce que j'ai cru comprendre de Stupeur et tremblements.

Or, M.Ghosn est l'individualiste par excellence. Il parlait du changement qu'il avait fait subir à Nissan, dans une conférence de Stanford, je crois, et il disait qu'il avait cassé la culture de l'entreprise, qu'il avait fait ce que l'on disait interdit. Et si, la stupéfaction passée, la société japonaise réagissait ? Et si, habilement, par une sorte de grève du zèle, elle lui rappelait que l'individu n'est rien ?

Grand débat : grand danger ?

Le gouvernement veut faire un "grand débat". Est-ce une bonne idée ? Mon passé d'études de marché m'a appris que l'exercice est très, très, périlleux.
  • Le premier enseignement que j'en tire est qu'il ne faut jamais demander à quelqu'un ce qu'il veut, il n'en a aucune idée, ou n'exprime que des banalités (je veux être heureux, beau et riche, tout gratuit...), mais le déduire de ce que l'on observe de lui. Le Gilet jaune, comme exemple. Il se plaint des taxes ou du prix de l'essence. Mais il n'est pas conscient à la fois de la cause de son malaise, et des conséquences pour sa situation des évolutions de la société. En particulier, c'est le prix de l'habitat qui a eu raison de ses finances, et l'a éjecté loin de tout, y compris des bassins d'emploi. De même, la qualité des services de l'Etat a un impact direct sur sa santé, et, surtout, sur l'avenir de ses enfants. Ils sont les premières victimes de la disparition de l'ascenseur social. Ils peuvent avoir un QI d'inspecteur des finance, ils ne seront jamais inspecteur des finances, et associés de Rothschild. Et j'en passe. 
  • Les soucis ne font que commencer. Non seulement, il ne voit pas ce qui est bon pour lui, mais il a toutes les chances de s'y opposer. (Imaginez que le gouvernement vous annonce qu'il va réduire le prix de votre maison par deux...) Tout l'art de l'étude de marché est, non seulement de comprendre ce qui est bon pour celui que l'on étudie, mais de trouver une façon qui l'enthousiasme d'exprimer le changement proposé. Généralement, cela se dit en quelques mots... 
  • Ensuite, un échantillon ne doit jamais être fait de volontaires. Il doit être tiré au sort. Pourquoi ? Parce que les volontaires ont une motivation qui leur est propre, et qui n'est jamais celle de l'ensemble de la population. (C'est particulièrement vrai pour le grand débat : il va devoir faire avec des lobbys extrêmement bien organisés : ONG, syndicats, partis politiques...) Ce sont d'ailleurs des professionnels de la participation. Le bon participant a rarement envie de participer, et il ne sait pas comment s'exprimer. 
  • Enfin, il ne faut jamais faire travailler les gens en groupe, au moins dans une phase de diagnostic. Pourquoi ? Parce qu'il suffit d'une personne pour retourner un groupe. En revanche, le groupe est un formidable outil de créativité. 
Le grand moment d'une étude de marché, c'est la présentation du rapport. Si votre public ne vous dit pas : c'est évidemment cela la solution à nos problèmes, tout est perdu. Et pour qu'il vous le dise vous devez avoir trouvé des mots qui fassent mouche, qui n'aient aucune connotation négative (changement = licenciement, par exemple). Ce qui demande une mise au point, très prudente, par essais et erreurs.

lundi 14 janvier 2019

Ritualisme, société et entreprise libérée

Dans un billet récent, j'opposais ritualisme et rationalité... Ces deux termes, abstraits, ont des significations concrètes :

Ce que donne le ritualisme, dans la vie quotidienne, est décrit pas le psycho-sociologue Erving Goffman. La vie s'organise comme une pièce de théâtre. On le voit à l'école : le professeur "prétend" être omniscient ; les élèves prétendent qu'ils l'admirent. Il en est de même en ce qui concerne la présidence de la république, l'élite intellectuelle, etc. Ceci produit une tension, puisque le rapport social repose sur une fiction : les élèves prennent l'enseignant pour un clown, mais ils savent que s'ils ne plaisent pas au dit clown, ils seront jetés sur une voie de garage, avec pour seul avenir le Gilet jaune. Cette fiction se trahit par le rire, grinçant, au sens de Bergson. C'est une soupape de sécurité.

J'ai lu plusieurs fois, notamment concernant Hannah Arendt ou Michel Crozier, qu'après guerre les étudiants américains aidaient leur professeur. Ils étaient persuadés, visiblement, qu'il apportait de la nouveauté, et que, pour la faire connaître du reste de la société, il fallait combiner leurs forces. C'est cela le mode d'organisation rationnel de la société.

Une entreprise libérée est organisée de manière rationnelle (suite du billet précédent).

Entreprise libérée : un témoignage

Il y a quelques-temps, j'étais invité à une conférence. On y donnait un exemple d'un changement visant à libérer une entreprise. Enfin ?

Le problème initial : Société d'une centaine de personnes, croissant vite ; ses dirigeants sont des techniciens, non des managers ; comment gérer un personnel de plus en plus nombreux ? On leur conseille d'embaucher un directeur général. Mais, leur DRH, qui vient de lire les oeuvres de Frédéric Lalou, les pousse à libérer leur entreprise. On appelle un consultant.

La méthode : une expérimentation, portant sur une partie de l'effectif, mène à la constitution de quatre pôles d'activité, quasi autonomes, dont les membres se sont choisis. Alors à quoi cela-ressemble-t-il, une entreprise libérée ? On aboutit à une division en "business units", que d'aucuns qualifieraient de "silos"…

Qu'a-t-on gagné ? Meilleures conditions de travail pour les commerciaux. Mais on a réduit leurs objectifs de 15%, pour leur permettre de participer à l'opération, et le directeur commercial part (était-il inutile ?). On ne fait pas de changement sans casser des oeufs, sans pertes financières, dit, en substance, le consultant. Les bénéfices se verront à long terme.

Surtout, surprise, on apprend que les dirigeants ont vendu l’entreprise ! Donc, la réelle solution à la question qu'ils se posaient, gérer ses ressources humaines, c’est l’acquéreur, pas l’entreprise libérée. On entend aussi que les personnels, apparemment mécontents de la vente, partent.

Décidément, "l'entreprise libérée" est une mode de management, ont dû penser les participants. Mais ce témoignage contredit-il les travaux d'Isaac Getz ? Pour qu'il y ait entreprise libérée, il faut un leader libérateur. Ici, il y a des dirigeants qui veulent se débarrasser de leurs responsabilités. Ils sont libérateurs par abus de langage. Le sens des responsabilités, et d'appartenance à une communauté, est la caractéristique première d'un leader libérateur ?

dimanche 13 janvier 2019

Durable Houellebecq ?

Les siècles futurs loueront-ils Michel Houellebecq ?

Si j'en crois ce que j'entends, il a doublement réussi. Il semble être le frère de Céline. Il se complait dans le malaise et la dépression, et c'est un styliste du langage. A contre-courant de la pensée qui faisait l'opinion, il a capté l'esprit du temps : le rejet du "libéralisme". Il est l'hirondelle qui a annoncé le "populisme". Mais, aussi, il a su trouver un style, lui aussi de notre temps, à la fois familier et recherché. Une oeuvre d'art faite du contenu d'une poubelle ? En tout cas, le style lui a permis de se faire publier, de séduire les éditeurs prestigieux, et la dénonciation du libéralisme de vendre beaucoup, et de devenir riche.

Quant à l'avenir de l'oeuvre, on peut se demander si la médiocrité de notre culture peut produire quoi que ce soit de très durable.

Vive la France libre ? Vive le handball ?

"le handball français a réussi à placer l’équipe nationale au-dessus de tout, en intégrant les clubs dans la démarche. On retrouve le même mélange d’ambition et de simplicité, une communication qui met en avant l’équipe et non les individualités (...) et cet impératif que chaque joueur ressent au plus profond : laisser la maison bleue dans l’état où il l’a trouvée en arrivant."

Voilà ce que l'on trouve dans Courrier international : la Suisse s'interroge sur ce qui a fait le succès du handball français.

Ce que l'on dit de la fédération de handball et de ses 550.000 adhérents, dans le reste de l'article, ressemble beaucoup à ce que l'on lit sur l'entreprise libérée... Un exemple à imiter ? Tous handballeurs ? Vive la France libre ! dirait Justin Trudeau ?

samedi 12 janvier 2019

Michel Houellebecq : l'intellectuel est un réactionnaire honteux ?

France Culture fait beaucoup de battage pour le dernier ouvrage de Michel Houellebecq. Il mobilise même des universitaires pour étudier l'oeuvre. En voilà un dont le génie aura été reconnu de son vivant.

Curieusement, les opinions de Michel Houellebecq et de France Culture sont opposées. Il en est d'ailleurs de même pour Clint Eastwood, qui est adoré des intellectuels français, alors que c'est un ultra-Trump.

Application d'une théorie dont parle Edgar Schein ? Nos actes diffèrent de nos paroles, parce qu'ils sont guidés par des "hypothèses fondamentales" inconscientes, qui viennent de notre culture. L'intellectuel serait-il un réactionnaire dans l'âme ?

Violence jaune, marque France

Y a-t-il un fond de violence, d'anarchie, dans le caractère français ? La seule aspiration de ce qu'il reste de Gilets jaunes semble le défi à l'ordre, gratuit.

Les exemples d'incivilité ne leur sont pas propres. Toute grève, tout mouvement syndical, est accompagné de violences. Violences tolérées, d'ailleurs, comme si elles étaient légitimes. En outre, toute contestation suscite de l'opportunisme : plusieurs corporations (transporteurs routiers, enseignants, policiers...) ont profité de la contestation des Gilets jaunes pour faire entendre leurs revendications. (C'est judicieux : le gouvernement divise pour régner.)

La France a-t-elle le monopole de la violence ? Il y a aussi des manifestations furieuses à l'étranger, par exemple des banlieues qui brûlent aux USA. Le populisme semble même bien plus fort ailleurs que chez-nous. Cependant, nous admirons les USA ou l'Allemagne, et dénigrons la France. Tout le monde fait d'ailleurs comme nous.

Comment expliquer ce paradoxe ?
  • La théorie de la marque, qu'étudie le marketing. A la Révolution, la France a déposé la marque "Terreur". Elle l'a complétée d'un dispositif de communication ultra efficace, en France et à l'étranger, pour en faire la promotion. 

vendredi 11 janvier 2019

Ère du doute

La société humaine semble évoluer dans un sens qui est unanimement décrié. N'est-ce pas étrange ?

Les classes communicantes sont totalement coupées des préoccupations du reste de la société. Voilà tout. Plus curieux : elles pensent d'une même voix. Elles peuvent avoir des intérêts divergents, mais elles ont les mêmes valeurs. Or, elles sont supposées être des classes instruites, scientifiques. Or, la science, c'est le doute. C'est le moteur de la découverte, et de ce que l'on a appelé jusque-là le progrès.

Pour que la société se réconcilie avec elle-même, il faut qu'elle réapprenne à douter ?

Pierres et cathédrale

France Culture rediffusait une série d'émissions sur Saint Exupéry, la semaine dernière. Tiphaine Samoyault disait qu'elle lui reprochait de s'être intéressé aux cathédrales et pas aux pierres, contrairement à elle.

Cette histoire de cathédrale m'a fait comprendre pourquoi une nation a pu s'enthousiasmer pour Napoléon, sans voir ses faiblesses ou le considérer comme un dictateur, ou se faire massacrer stoïquement, en 14. C'est ce que n'avait pas saisi, probablement, Jean Zay, et son poème du "Drapeau". La plupart des hommes ont besoin de cathédrales, d'être portés par des idéaux qui les transcendent. C'est alors qu'ils touchent au sublime.

Après le temps des pierres, celui des cathédrales ?

jeudi 10 janvier 2019

Culture soviétique

On se moquait des Soviétiques et de leur art pour le peuple, mais, c'est eux qui ont eu le dernier mot. La musique pop(ulaire) nous a submergés, les intellectuels s'en sont emparés, la bande dessinée est devenue "roman graphique", la bande son des films, grande musique... S'il vivait de notre temps, Chostakovitch n'obtempérerait plus aux ordres de Staline, mais à ceux du marché ?

Culture populaire

L'image que nous avons de la culture vient de l'Ancien Régime. Si on lui applique nos critères de jugement, le noble était un dégénéré, parfaitement oisif et extrêmement méchant (l'un allant avec l'autre). De temps à autre émergeait un bel esprit, dont nous avons conservé l'oeuvre. Contrairement aux théories en cours actuellement, il n'était pas le produit de la concurrence, mais plutôt une anomalie, une conséquence imprévue d'un dilettantisme total.

Puis les filles Singer ont épousé les princes de Polignac. Les parvenus ont acheté la culture. Aujourd'hui on ne produit plus que du béton. Le capitalisme a fait réussir le rêve soviétique d'une culture populaire.

L'espèce humaine va-t-elle s'enfoncer dans une stupidité béate ? Exercice de prospective.

mercredi 9 janvier 2019

M.Ghosn fait front

Faut-il aller au secours de M.Ghosn se demandent certains ?

Mais ne serait-ce pas désobligeant vis-à-vis de lui ? Le grand patron est présenté, désormais, comme un surhomme "créateur de valeur". Un "premier de cordée". C'est ce qui justifie un salaire qui a été multiplié par 10 à 100 en quelques décennies. Sa caractéristique est de dominer l'adversité et les tempêtes. M.Ghosn n'est-il pas dans son élément ?

L'empereur de Paris

On exhume Vidocq. Occasion de réfléchir sur l'évolution du cinéma populaire français.

Premier paradoxe. Cela se veut une reconstitution historique, brutale, mais on y trouve aussi une romance digne des films de mon enfance. Le pire de tout ? Du cinéma français avant nouvelle vague et du cinéma américain à effets spéciaux pour grand spectacle, mais sans son talent. Ou, il faut bien sacrifier aux goûts de son temps ?

Heureusement qu'il y a Patrick Chesnais. Un grand acteur peut sauver le plus mauvais film, me suis-je dis. Bien sûr, il y a d'autres grands acteurs. Mais ils ne sont que des caricatures d'eux-mêmes.

Reste le message du film. On a oublié qu'il y a eu une France, "land of opportunity", qui vainquait et qui secouait la vieille Europe, où tout le monde disait "vive Napoléon", où l'on gagnait sa dignité dans les batailles, où la société, quelle que soit son origine et ses haines, s'unissait dans un même combat, et où le bagnard évadé devenait, grâce à son talent et à son courage, le chef de la police.

mardi 8 janvier 2019

De la justice et de l'Etat

On oppose de plus en plus justice et Etat. Influence de la culture américaine ? Doit-on aller dans cette direction ?

Première observation : la société américaine ne semble pas "juste", quel que soit le critère qu'on lui applique. Paradoxe de la justice ?

M.Ghosn semble avoir tout l'Etat japonais contre lui. Acharnement ou conséquence des impératifs de la justice ? La justice a peur des erreurs judiciaires. Cela facilite la vie du criminel. En outre, aux USA, si vous payez, ou dénoncez, vous vous sortez quasiment de tout. Mieux : les crimes de riches sont souvent des "innovations". La loi ne prévoit pas la manoeuvre frauduleuse qui cause une crise et détruit l'humanité.

En bref, la justice est biaisée en faveur du très riche malhonnête. Même les Etats ne peuvent lutter avec lui. D'autant que les gouvernants et les dirigeants de l'économie viennent des mêmes milieux. Voilà peut-être pourquoi les Américains sont résignés à l'arbitraire et croient à la vertu du colt. C'est aussi vrai pour nous : le présumé terroriste est abattu sans autre forme de procès.

Médiocrité culturelle ?

Il n'y a plus rien de beau. Même les bâtiments anciens semblent avoir été récurés au Karcher et renforcés au béton. Serais-je victime d'un biais culturel ? me suis-je longtemps demandé. Je commence à en douter...

La caractéristique de notre temps, c'est le Fordisme. Les êtres humains sont produits à la chaîne, sur le même modèle. Les ouvriers (ou "enseignants") qui les fabriquent, d'ailleurs, sont de plus en plus rudimentaires, et appliquent de plus en plus des méthodes standardisées. Il en est de même de tout : leur habitat, leurs loisirs, leur nourriture, leur santé, leur vie.

Le plus surprenant, dans cette transformation, c'est l'aspect de la classe supérieure. C'est une classe d'oligarques, au sens russe du terme, de parvenus.

Ce désert peut-il fleurir ?

lundi 7 janvier 2019

Mal français

A une époque il était à la mode de parler de "mal français". Saint Exupéry aurait-il trouvé les causes de ce mal ? La dislocation produite par l'égoïsme. L'après guerre semble avoir réagi efficacement. Le pays s'est réunifié autour de la reconstruction et du progrès. Seulement, c'était un progrès matériel. L'élan collectif qu'il a suscité a été de faible durée. On est retombé d'où l'on venait.

Ce mal est-il celui de la culture dominante ? Les USA croient que c'est de la production des lave-vaisselle que surgit l'Esprit. Les nationalismes, les fondamentalismes et communautarismes, le combat pour le développement durable, marques de notre temps, sont, peut-être, des tentatives, maladroites, de transcender un matérialisme asphyxiant.

Pilote de guerre

Témoignage sur ce que Marc Bloch a appelé "l'étrange défaite". 1940. Antoine de Saint Exupéry et son équipage mènent une mission dont ils ne devraient pas revenir. Ils vont voler à 700m, au dessus des batteries allemandes. Occasion d'une réflexion sur les causes de la déroute.

A une certaine altitude, tout est gelé dans l'avion. Les mitrailleuses et les commandes ne fonctionnent plus. D'ailleurs, la mission n'a aucun sens. Ce qui en sortira ne servira à rien. Saint Exupéry ne cherche pas de coupables. Il constate que la machine bureaucratique est déréglée. Elle produit des armes qui ne marchent pas et donne des ordres absurdes. C'était perdu d'avance. Comment les quarante millions de paysans français pouvaient-ils lutter avec les quatre-vingt millions d'ouvriers allemands ? Le blé contre l'acier. Le seul espoir aurait été le soutien des Etats Unis. Mais ceux-ci n'ont pas compris que la civilisation était en jeu. La France s'est donc sacrifiée, sachant qu'elle n'était pas de taille à lutter. Mais elle ne pouvait pas faire autrement, et ce ne sera pas pour rien. Pour que la graine donne le blé, elle doit disparaître.

Ce qu'il me semble entendre : les valeurs chrétiennes, la charité par exemple, ont été vidées de leur sens. D'où l'homme avec un petit h, qui ne voit pas plus loin que son petit intérêt. Porter une cause qui nous dépasse rend fort. Ce n'est pas tant servir l'autre que servir l'Homme, au sens d'essence, d'humanité (comme dans l'expression "crime contre l'humanité"). Et cela se manifeste en actes. Exemple frappant : que mille personnes se sacrifient pour en sauver une seule.

La France dont il parle n'est pas celle de Marc Bloch : une France d'officiers arrogants et incompétents et de syndicalistes grévistes. C'est une armée de petites gens, qui se savent perdus, mais qui se sacrifient. Cent cinquante mille soldats meurent en trois semaines. C'est aussi une armée qui sait désobéir lorsqu'il s'agit d'assister les populations civiles prises dans la débâcle. Saint Exupéry ignore la haine qu'aurait dû susciter l'incurie du pays. Il lui apporte ce qui peut le sauver : un plaidoyer qui touche juste, qui fait vibrer la fibre intime de l'Américain, et l'amène à secourir la France. Une leçon ?

dimanche 6 janvier 2019

Respect

Saint Exupéry dit que le soldat qui salue un capitaine ne salue pas l'homme mais l'institution. Je me demande s'il n'y a pas tout le problème de notre société moderne dans cette idée.

Je me souviens, qu'au début des années 60, la radio annonçait les nouveaux "millionnaires". Personne ne s'en offusquait. Je crois que le principe de la société d'alors était le mérite. Si quelqu'un réussissait, il le devait à son mérite. Pratiquement, le mérite consistait à s'élever dans la hiérarchie sociale. Les Kopa, les Killy, les Cerdan, les Poulidor, les Piaf, les Maurice Chevalier... aussi bien les sportifs que les artistes étaient des pauvres, qui n'avaient pas pu profiter de l'ascenseur social de l'éducation (alors que, souvent, ils en avaient les capacités), et avaient trouvé une autre façon de réussir. Une fois leur carrière faite, ils se révélaient souvent des entrepreneurs avisés. C'était des gens intelligents. Même les privilégiés devaient subir un rite initiatique. Ils n'étaient pas fils de banquiers, mais normaliens, ayant réussi des études difficiles, puis, partis d'un poste d'enseignant des plus humbles, ils avaient produit une oeuvre intellectuelle admirée, et ils s'étaient élevés dans la hiérarchie de l'éducation nationale. Nous ne les admirions pas, nous nous admirions.

C'était la France de Napoléon qui correspondait peut-être le mieux à cette époque. Napoléon et ses généraux, qui parfois étaient des nobles, s'étaient élevés grâce à des actes de bravoure insensés. Vidocq, dont on reparle, était un autre exemple : la rédemption par le talent. Même les Fouché et autres Talleyrand, manoeuvriers louches, étaient admirables par leurs capacités. C'était aussi le temps de la science et d'une société organisée par la raison, du triomphe de l'intelligence.

Quant à aujourd'hui, la confusion viendrait de ce que ceux qui occupent les anciennes positions d'autorité (président, PDG, médecin, chercheur...) croient qu'ils le doivent à leurs mérites, alors que le reste de la société pense qu'ils sont les produits d'un système fautif. Le projet de la médecine n'est plus de soigner, mais de s'enrichir. Ce n'est plus le désir de servir la nation qui porte l'énarque, mais la volonté de puissance. Le sportif est un gladiateur. Il est vil. La sélection faite par l'éducation nationale est biaisée.

Personne ne pourra prétendre au respect tant que nous n'en aurons pas pour nos institutions ?

Le paradoxe des mots

Qu'y a-t-il de plus loin de notre situation que "liberté, égalité, fraternité" ? De même, aux USA, les Démocrates, parti d'aristocrates hait le peuple, et les Républicains, parti des riches, hait la "res publica", c'est-à-dire le communisme.

Hypocrisie constitutive ? Mais l'hypocrisie est un hommage du vice à la vertu...

samedi 5 janvier 2019

Les paradoxes de l'écologie

Nous disons aux Brésiliens : parce que nous émettons beaucoup de CO2, vous ne devez pas toucher à l'Amazonie. Vous seriez Brésilien, que répondriez-vous ?

L'écologie ne gagnerait-elle pas en crédibilité, si elle commençait par balayer devant sa porte ? Deux idées :
  • Faire chez elle, ce qu'elle veut faire-faire aux autres. (Ne pourrait-on pas développer un peu d'Amazonie, ailleurs qu'en Amazonie, dans des pays riches ?)
  • Aider les dits autres à atteindre leurs objectifs : c'est à dire atteindre le niveau de vie des écologistes. 

Dubliners

Il y a eu un moment dans l'histoire de la littérature, à l'époque de Woolf, Proust, Tolstoi et Joyce, où ses auteurs ont cherché à décrire ces moments qui marquent une existence. Moments qui sont la manifestation du temps véritable, comme dans la théorie de Bergson ?

Anthropologie des sentiments ? Avait-on une acuité particulière en ces temps là ? En tout cas, cela a donné des chefs d'oeuvre. Ici, en quelques nouvelles, on croise l'existence des habitants de Dublin, de la fin du 19ème siècle.

vendredi 4 janvier 2019

Attention, changement d'ère ?

Notre société est-elle en train de changer ? Voilà ce que dit le Financial Times :
"Beyond the bottom line: should business put purpose before profit?
For 50 years, companies have been told to put shareholders first. Now even their largest investors are challenging that consensus"
Cela fait écho à ce que j'entends ailleurs : aspiration à un nouvel "humanisme". Et si l'on découvrait qu'une vie qui poursuit le seul intérêt individuel est absurde ? Et même, paradoxalement pour une entreprise, non viable. L'actionnaire a beaucoup plus à gagner d'une entreprise si celle-ci ne cherche pas à maximiser ses gains, comme on me l'a enseigné, mais sert des causes qui le dépassent ?

Quelles causes ? On tâtonne, me semble-t-il. La nation ? Le développement durable ? La religion de ses pères ?... Mais c'est peut-être en cherchant que l'on trouve. A moins que cela ne soit la recherche qui compte.

Girondins et Jacobins

La France est jacobine, dit-on. Dommage qu'elle ait tué les Girondins.

En lisant mon dictionnaire, j'ai découvert que les choses n'étaient pas comme je l'imaginais. Par la force des choses, la révolution a été une grande improvisation. Si les Girondins ont disparu, c'est pour cause d'inefficacité. Ils n'ont pas été victimes d'un arbitraire idéologique. Quant aux Jacobins, ils se sont progressivement radicalisés, sous la pression des événements. Et, n'ayant pas mieux réussi que les Girondins, ils ont été remplacés par les Thermidoriens. Ceux-ci sont décrits comme des "libéraux", donc proches des Girondins. Puis est arrivé Napoléon. Certes, une dictature, mais libérale et bonne pour les affaires, et même pour l'aristocratie. La France ne serait-elle pas plus girondine que jacobine ?

Qu'est-ce que le Jacobinisme ? Il paraît avoir deux composantes. D'une part la centralisation technocratique. Celle-ci n'a rien de révolutionnaire. Depuis Louis XI, au moins, c'est la caractéristique du gouvernement royal. Peut-être un moyen de contenir l'aristocratie. D'autre part, le pouvoir du peuple.

Et si c'était cela qui inquiétait ceux qui ont le loisir d'écrire l'histoire ? L'épisode des Gilets jaunes montre qu'une certaine gauche est terrorisée par le peuple, quant à une certaine droite, elle ne rêve que déréglementation. Les Girondins modernes, des privilégiés qui ne sont pas conscients de leurs privilèges ?

jeudi 3 janvier 2019

Meurtrier et fier de l'être

Dostoievsky et Sommerset Maugham décrivent des meurtriers heureux. Choquant ?

Avons-nous une vision fausse des choses ? Notre société actuelle semble croire que nous sommes tous des criminels en puissance, ce que nous devons aux circonstances de notre enfance. Le criminel est une victime, donc, mais cela peut se soigner. A y bien réfléchir, c'est inquiétant : notre société ne nous prend-elle pas pour des fous, et elle pour un hôpital psychiatrique ? Le Stalinisme aurait-il vaincu ?

Et si, au contraire, nous étions, tous, contents de nous ? Aucune envie de, ou même capacité à, changer. Et si nos éventuels malaises venaient d'une société qui ne nous laisse pas satisfaire ce qu'elle considère comme des vices ? Pervers narcissique et fier de l'être ?

Faudrait-il revoir notre conception de la nature humaine ? L'homme est peut-être le fruit des circonstances, mais nous ne pouvons pas guider son développement. Même s'il "devient" (s'il change continûment), il "est" aussi : en permanence fini, complet. Il n'est ni bien, ni mal, mais lui. Cependant, comme dans les histoires de Dostoievsky, ses impulsions peuvent avoir un effet nocif sur la société. Dans ce modèle, le rôle de celle-ci est de lui faire signe à temps, mais surtout de l'aider à trouver, dans sa gamme de comportements possibles, celui qui peut le mieux, à la fois, le satisfaire et profiter à la communauté.

The secret agent

Un gouvernement étranger (russe) veut secouer la passivité de la Grande Bretagne vis-à-vis des révolutionnaires qu'elle héberge en grand nombre. Il utilise un agent provocateur pour frapper au seul endroit qui puisse émouvoir un Britannique : Greenwich, le symbole de la science.

Roman d'anti héros. Plongée dans le Londres victorien, sordide, gris, froid et pluvieux, dans ses bas fonds qui ne sont jamais bien loin d'une haute société qui aime à s'encanailler. Plongée dans les milieux anarchistes, surtout. Et l'on découvre que la révolte qui fait le révolutionnaire vient de l'indignation qu'il ressent à la découverte qu'il faille travailler pour profiter des bienfaits de la société. Les anarchistes sont des paresseux lâches et difformes qui vivent aux crochets de quelque âme crédule, ou qui sont les jouets de quelque riche dilettante ou de quelque malfaisant. Quant à la pauvreté abjecte, elle se transforme, dès qu'elle en a la possibilité, en exploiteur du faible ou de l'innocent. Dans cet univers, les seuls êtres capables de sentiments élevés sont des simples d'esprit, reniés par la société.

Coeur des ténèbres ? Inquiétante humanité ?

(PS. Basé sur un fait réel, mais inexpliqué : un innocent, porteur d'une bombe, a explosé à proximité de l'observatoire de Greenwich. En outre, Conrad a utilisé des personnages célèbres de son temps comme modèles.)

mercredi 2 janvier 2019

Crash stratégie

Je trouve un article ancien qui expose trois photos topless de MM.Obama, Poutine et Hollande. Les deux premiers sont des athlètes superbes. Le troisième, qui se passe de la crème solaire, est un petit gras. Lamentations de l'auteur.

Je me suis demandé si François Hollande se voyait comme cela. Sur la plage, sous la pluie, les lunettes embuées... on l'a décrit comme ridicule. Et si lui s'était vu comme attendrissant ?

Un de mes collègues appelait ce phénomène une "crash stratégie". Une idée fixe, que nous sommes incapables de percevoir, et qui nous fait échouer.

(On dit aussi qu'il était très soucieux de sa place dans l'histoire.)

L'éternel mari

L'éternel mari rencontre l'éternel amant. Ils ont partagé une femme. L'un est moche et lâche, l'autre, grand et beau. Tous les deux traversent une période de désarroi et de chaos. Rien ne va plus. Le premier a perdu l'épouse sans laquelle il n'est rien, le second la fortune nécessaire à ses conquêtes.

L'épreuve va-t-elle les transformer ? En faire des êtres humains dotés d'un coeur ? Mais la chance tourne, et ils reviennent à leur nature, comme si de rien n'avait été.

L'homme est-il incapable de changer ? Est-il "éternel" ?

mardi 1 janvier 2019

Madame de Sévigné

Lorsque l'on enquête sur la famille de Grignan, on apprend que son membre le plus illustre fut Mme de Sévigné. Sa fille avait épousé un comte de Grignan. Cette famille était ancienne et illustre. Mais, au temps de Madame de Sévigné, elle ne parvenait pas à joindre les deux bouts. Le mariage avec les Sévigné n'était pas loin d'être une mésalliance, pour raison financière. Et, le petit fils de Madame de Sévigné, pour cause de dettes familiales, a épousé la fille d'un fermier général.

Madame de Sévigné devait probablement son excellente éducation à ce que sa famille maternelle venait, justement, de la bourgeoisie. Ce qui est surprenant, c'est qu'elle doive sa gloire à son talent d'épistolière. Pas au contenu de sa correspondance, superficiel.

De l'évolution des valeurs de la société ?

Psychologie de l'escroquerie

Si j'analyse correctement ce que l'on dit de l'escroc, sa force principale serait d'exploiter notre intérêt. C'est en suivant notre intérêt que nous faisons le sien. Ce qui est inquiétant.

Chester Barnard, théoricien des organisations, ne disait peut être pas autre chose. Pour lui, on nous avait inculqué l'amour de l'argent pour nous rendre gouvernables.

Comment échapper au piège ? Christian Kozar parle du "vol de la bécasse". Le vol de la bécasse est prévisible "a posteriori", mais pas "a priori". Si bien qu'elle est difficile à tirer par le chasseur.

Comment s'y prend-elle ? Peut-être qu'elle ne sait pas où elle va. Ce qui compte d'abord, c'est de prendre l'air. Dans n'importe quelle direction. C'est en hauteur que l'on peut prendre de bonnes décisions, pas au ras du sol.

Peut-être qu'en voulant être trop rationnel, on se coupe les ailes ? La bonne décision émerge d'un processus complexe, qui laisse beaucoup de place au hasard ? Et c'est peut-être en cherchant l'intérêt général qu'on a la plus grande chance de faire son intérêt particulier ?

2019 : post post modernisme ?

On a dit que M.Trump était le comble du post modernisme. Ce qui a décontenancé la gauche, puisque le post modernisme, c'est elle.

Le post modernisme n'est peut-être pas si post que cela. C'est surtout un anti. C'est le refus des principes de la culture technocratique d'après guerre, mue par l'idéal du progrès, et la pensée des Lumières. Cependant, comme tous les anti, c'est très pro. Si le post modernisme ne croit plus aux lois naturelles, comme les Lumières c'est un mouvement d'intellectuels. L'intellectuel est convaincu, comme les philosophes des Lumières, que c'est dans sa tête que l'on trouve comment mener le monde. Seulement, il y cherche le "bien", plutôt que la "vérité". Le post modernisme n'a pas attendu M.Trump pour être "post vérité". Surtout l'intellectuel a été élevé hors sol, il prend pour acquis le confort et la sécurité d'après guerre. Pour lui la nature est une abstraction. S'il craint la fin du monde, il ne lui vient pas à l'esprit qu'il existe une réalité présente.

Etrangement, le post modernisme, pour imposer le bien, en vient à la manipulation des esprits. Pour les Lumières, c'est un retour au point zéro. Car libérer l'humanité, leur combat, c'était lui apprendre à penser pour échapper aux coutumes qui avaient, selon elles, pour objet son asservissement. C'était là la raison d'être de la Révolution. Ancien régime et post modernisme, même combat ? Etrangement, les Lumières ont créé un champion, l'intellectuel, qui a réduit à néant leurs efforts. Mystères de la systémique.

Dans la tradition de la dialectique hégélienne et marxiste, M.Trump pousse le post modernisme à l'absurde. Post post modernisme ? A quoi ressemblera-t-il ?