mercredi 30 juin 2010

Violences primitives

Étude du comportement des chimpanzés. Ils sont extrêmement agressifs, tuant de grands nombres de congénères. Et ils se battent pour des territoires – entrepôts de nourritures. Et ils font une guerre d’équipe, non de duels. L’homme primitif, qui devait s’apparenter au Chimpanzé, doit-il sa « tendance à se réunir autour de concepts abstraits » à ces dispositifs guerriers ? La société serait-elle née de la guerre ?

Cela signifie-t-il, contrairement à ce que croyait Rousseau, que nous avons la guerre dans le sang ? Et qu’il n’y a pas besoin d’être agriculteur pour avoir des biens à défendre ? 

La course du déficit

D’après Martin Wolf, les nations, le public, le privé, le financier et le non financier joueraient au jeu du déficit, en essayant de le passer à l’autre à son insu.

Par exemple beaucoup d’États semblaient modèles jusqu’à peu. Faible endettement. Puis il y eût la crise, puis on découvrit que leurs entreprises étaient surendettées (l’endettement était masqué par une augmentation spéculative de leurs actifs), puis les États intervinrent et se chargèrent de dettes. À l’origine ces dettes avaient été transmises par des pays maladivement excédentaires.

Il me semble retrouver ici un mécanisme qui revient régulièrement dans ce blog. Une sorte de spéculation sournoise qui cherche en permanence une faille par laquelle se faufiler.

Ce mécanisme semble poser une question compliquée : comment s’assurer qu’il n’y a pas quelque part quelque chose qui enfle exagérément ? 

Arrogance européenne ?

Curieux. Les Anglo-saxons voient l’euro comme la manifestation de l’arrogance stupide d’une Europe qui pensait, grâce à lui, dominer le monde. Heureusement la crise est passée par là. (Exemple.)

Pour ma part, j’ai l’impression que nous sommes dans une crise permanente depuis près de 40 ans. Je n’ai jamais vu l’euro que comme un pas de plus vers une union européenne dont je n’ai jamais attendu grand-chose, et surtout pas une « nouvelle économie ».

Ne suis-je représentatif que de moi-même ? Les Anglo-saxons ne connaissent-ils de l’Europe continentale que quelques hommes politiques décalés ? Ou ne comprennent-ils pas les langues étrangères ?... 

Huile de palme

J’apprends que l’huile de palme est utilisée dans 50% des produits que l’on trouve en supermarché. Or sa production détruirait les forêts d’où colère des écologistes qui s’en prennent aux multinationales qui l’utilisent. Elles doivent battre en retraite.

Les multinationales se trouvent de plus en plus responsables de l’ensemble de leur chaîne logistique. Or le grand changement des dernières décennies semble avoir consisté à construire une « supply chain » qui évite les contraintes environnementales et les droits de l’homme, et réduise ainsi les coûts de fabrication.

Nouvel exemple de la lutte entre la finance internationale et la société ? La première prend toujours la seconde par surprise, mais cette dernière parvient quand même, à long terme, à remettre au pas les contrevenants ?

Compléments :

mardi 29 juin 2010

Tricher

Il semblerait que si l’on amène une personne à faire une entorse à la morale, cela affecte son comportement et l’amène à faire de l’entorse une règle de vie (ce qui rejoint le principe de cohérence de Robert Cialdini).

Peut-être aussi qu’il y a un lien bijectif entre notre morale et notre comportement. Un changement de comportement implique un changement de morale. Qui vole un œuf vole un bœuf. 

Pauvre Irlande

L’Irlande a été la première à adopter un plan de rigueur, mais « les marchés » ne semblent pas lui en avoir été gré : elle paie fort cher ses emprunts. Et le pays est dévasté. Il semble paralysé, dans l’attente d’une reprise économique qui tarde.

Difficile de se remettre d’une méga spéculation. C’est le type d’expérience qui marque les cultures nationales.

Pandora's seed ou la société contre l’homme

WELLS, Spencer, Pandora’s seed, the unforeseen cost of civilization, Random House, 2010. L’homme a inventé la société pour le protéger de l’extinction, mais il l’a payé de sa santé et de son équilibre psychologique. C’est, en substance, ce que dit Spencer Wells, éminent généticien.

La particularité de l’espèce humaine est son adaptabilité quasi infinie. Celle-ci tiendrait aux caractéristiques du cerveau qui fait de l’homme un être social : il innove par la culture. Depuis les assemblées de chasseurs cueilleurs, le groupe humain est une « machine sociale » qui produit des idées, les teste et les affine.

Cette capacité d’adaptation culturelle se serait révélée il y a 70.000 ans, lorsque l’explosion d’un volcan transforme le climat terrestre et réduit nos ancêtres à quelques milliers de personnes. Mais elle donne sa pleine dimension il y a 10.000 ans : invention de l’agriculture. Celle-ci résulterait d’une autre catastrophe climatique. Un réchauffement étend le territoire des céréales. La nourriture devenant abondante, les chasseurs cueilleurs se sédentarisent et se multiplient. Nouvel âge glacière : ils sont piégés, ils ne peuvent plus partir. C’est alors qu’ils créent l’agriculture, un moyen de maintenir ce dont ils ont besoin pour vivre sur place. En découle une explosion démographique, l’apparition des formes modernes de l’État, et la guerre : plus question de fuir, il faut défendre ses biens.

Si la société a protégé l’espèce elle prive l’individu de sa liberté et le soumet à une succession accélérée de fléaux. Tout d’abord, elle provoque un nombre étonnant de mutations de son génome. On lui doit aussi toutes les épidémies - elles ont pour origine la cohabitation de l’homme et des animaux, sauf la malaria, qui, elle, doit son succès moderne aux transformations de l’environnement provoquées par l’agriculture. Et il y a l’hypertension et le diabète, inadaptations de notre être à notre alimentation. C’est maintenant le tour du stress, des maladies psychologiques qui font la fortune de l’industrie du tranquillisant « pour la première fois dans notre histoire, nous nous droguons pour paraître normaux ». Notre système immunitaire vit la société comme une agression permanente. Enfin, le génie génétique donne désormais à celle-ci les moyens de manipuler notre génome et de construire ainsi notre descendance. L’être humain étant le fruit d’une évolution de plusieurs millions d’années, il est probable que ce bricolage eugénique dépasse en conséquences dévastatrices tout ce que la société a commis jusque-là.

Que faire ? La crise environnementale qui nous tend les bras sera un grand moment de créativité sociale. Il faut en profiter pour sortir de nos erreurs, et adapter notre culture à notre biologie, non plus l’inverse. Pour cela il nous faut comprendre que nos malheurs viennent de notre cupidité qui nous fait en vouloir toujours plus, ce qui déclenche des conséquences de plus en plus désastreuses pour l’homme, nous devons « apprendre à vouloir moins », et prendre un peu de leur sagesse aux derniers chasseurs cueilleurs qui nous restent.

Commentaires :
  • Dynamitage du mythe du progrès. Antithèse de la pensée dominant le monde financier anglo-saxon, et la théorie économique, qui pense que la société est faite d’individus laissés à eux-mêmes, qu’il n’y a rien de tel que la « culture ». Retour aussi aux thèses de Rousseau et de Lévi-Strauss, cette fois-ci appuyées par toute la batterie de l’argumentation scientifique moderne.
  • J’y retrouve les idées que développent mes livres sous un angle inattendu. En particulier, j’y parle « d’ordinateur social », moyen de transformation d'une « organisation ». Spencer Wells en fait la caractéristique même de l’homme. Plus curieusement, je trouve un écho à ma théorie selon laquelle ce qui a fait la différence entre nous et l’homme de Neandertal est notre aptitude sociale.
  • Ce livre me fait me demander si les « droits de l’homme » ne sont pas une révolte de l’individu contre la main invisible de la société, et s’ils n’annoncent pas, effectivement, que nous allons chercher à la faire aller dans une direction qui nous brutalise un peu moins. Au fond, c’est le but des techniques de conduite du changement. 

lundi 28 juin 2010

De Gaulle et Churchill

Il a longtemps été dit que de Gaulle avait un comportement que Churchill trouvait irritant (sentiment largement partagé, d’ailleurs).

J’entendais tout à l’heure une émission qui donnait une explication intrigante de ce désagrément.

À partir du moment où l’Amérique est entrée en guerre. Churchill a dû obéir à Roosevelt, ce qui l’a contraint à renier des engagements qu’il avait pris auparavant avec les Français. La seule présence de De Gaulle lui rappelait son statut de puissance de second rang. Ce qu’il n’aimait pas. Exemple de conditionnement pavlovien ?

Dassault Systèmes et Exalead

Hasard d’une attente. Vieux numéro des Échos. Dassault Systèmes achète Exalead, 135m€, alors que la société a un chiffre d’affaires de 16m€. Priceminister a-t-il été bradé ?

Je me suis penché sur Exalead, et ses concurrents, il y a quelques années. J’en avais déduit qu’il y avait un marché intéressant pour les applications des moteurs de recherche de type Google « multi supports » à l’entreprise. La difficulté de leur vente était la prise de conscience par l’entreprise qu’il existait de tels produits, et probable nécessaire « conduite du changement » pour les implanter. Seconde difficulté : besoin de fonctionnalités Google et pas beaucoup plus.

Bref, il fallait probablement à Exalead une force de vente capable de démarcher l’entreprise. Dassault Systèmes et son marché de la CAO est évidemment un cheval de Troie. Mais ses forces commerciales ont-elles le métier et la motivation nécessaires ? Quant au prix il semble vraiment très élevé, il intègre probablement les résultats d’un développement commercial dont Exalead, seul, est incapable. D’ailleurs, il y a deux ans, Microsoft achetait Fast, un gros concurrent. Je ne suis pas sûr que c’ait été un grand succès.

Il est loin le temps où Charles Edelstenne vérifiait les achats de fournitures et où les ingénieurs de DS voulaient tout développer eux-mêmes, et où je devais me battre pour que nous signions nos premiers partenariats. Peut-être ai-je trop bien réussi ? 

Commissariat pour enfants

Histoire racontée par un ami. Il apprend par la maitresse d’école de son fils de 6 ans que des poursuites ont été entamées par les parents d’une de ses camarades contre lui.

Choc et surprise, d’autant plus que l’enfant est exceptionnellement pacifique. On découvre alors qu’un groupe de 6 élèves est accusé. Et qu’ils doivent se présenter au commissariat avec leurs parents.

L’affaire, finalement, n’ira nulle part, un enfant de 6 ans est jugé irresponsable par la loi. Mais mon ami s’interroge encore sur la raison qui fait que les parents de la plaignante n’aient même pas pensé à s’expliquer avec ceux des accusés.

Une hypothèse : nous sommes devenus totalement dépendants de la société que nous lui demandons de nous protéger contre tout. Société d’irresponsables ?

En tout cas cet ami envisage de déménager d’un lieu aussi hostile à l’enfant et de s’installer plus près de la civilisation. 

Rigueur ou relance ?

La rigueur européenne fait face à un tir de missiles de l’élite économique et nobélisée américaine. L’Europe est-elle irrationnelle ? Pas de conclusions, mais quelques idées :
  • Divers billets de ce blog semblent dire que le système monétaire international est déréglé, qu’il pousse à la spéculation et aux crises, et qu’il tend à vivre aux crochets de l’avenir, accumulant un passif de plus en plus lourd sur les épaules des générations futures.
  • L’Europe semble désirer remettre les choses en ordre, quel qu’en soit le coût, et peut-être la durée. Pour cela elle dispose d’une tradition dirigiste, d’action directe sur la société, qui peut lui permettre d’amortir les conséquences les plus néfastes d’un tel changement (paupérisation de larges parts de la société).
  • Les USA n’ont pas de telles traditions. Ils estiment, faute d’avoir trouvé comment l’éliminer, que l’État doit créer les conditions de la prospérité. Par conséquent, ils ne possèdent que des moyens d’action macro-économiques – plans de relance en particulier.
D’un côté on joue sur la société, de l’autre sur les mécanismes financiers.

Cela m’amène à deux questions :
  1. L’Europe semble vouloir faire marcher une sorte d’étalon or : peut-elle réussir alors que la première version de l’idée a échoué ? Ne cherche-t-elle pas à éliminer les crises, alors qu’elles semblent inhérentes au capitalisme ?
  2. Les USA ne fonctionnent-ils pas comme les spéculateurs dont je parle ailleurs : leur incapacité à agir sur leur société, ne les force-t-elle pas à créer une croissance artificielle, spéculative, non durable, qui exploite les failles de la régulation mondiale ? La réforme du système monétaire international des années 70 n’a-t-il pas été un tel gigantesque tour de passe-passe ?
Compléments :
  • Le principal défenseur de la rigueur de l’administration Obama vient de donner sa démission. Ce qui met les USA et l’Europe dans des directions opposées. 

dimanche 27 juin 2010

Chômage et culture

Un graphe sur l’impact de la crise sur l’emploi dans différents pays occidentaux.

La plupart (y compris le Canada et l’Angleterre) ont fait absorber le choc à leur société, il y a eu une forme de solidarité. Par contre, aux USA, il y a eu mise au chômage massive. Différences culturelles. 

Rigueur en Angleterre

Le plan de rigueur du nouveau gouvernement anglais semble violent. Il compte ramener les dépenses de l’État de 47% du PIB à 41%, en 5 ans. Il signifie une réduction de 25% du budget de la plupart des services publics. (Going for broke.)

Est-ce du courage ou de l’inconscience ? Travail de jeunes théoriciens coupés de la réalité ? « Derrière les élégants ratios entre réduction des dépenses et augmentation des taxes de M.Osborne, il y a des êtres humains ». La réaction de la population pourrait être extrêmement violente, lorsqu’elle prendra conscience, en octobre, de la réalité des mesures. (The imperial moment.)

Blog : spécialisation

« le trafic vers deux des plates-formes de blog les plus populaires, Blogger et Wordpress, stagne ». Le blog serait victime de Twitter et de Facebook.

On voit apparaître des groupes de blogs, reliés, au sein des pays, autour de « petites poches de sites densément liés ». « Ces poches se forment autour des sujets généraux : politique, droit, économie et disciplines spécialisées ». Les billets « deviendraient plus longs ».

Le blog deviendrait-il l’affaire de communautés de spécialistes ?

2014

Quelques thèmes traités dans la dernière centaine de billets :

samedi 26 juin 2010

Football et France

Dominique Moïsi parle de la dépression française et de la faillite de son équipe de football. Elle le fait penser aux raisons de la défaite française d’avant guerre.

Drôle de pays. Depuis plusieurs décennies, réforme après réforme, il ne semble capable que de s’enfoncer. Plus d’idéaux, plus personne d’admirable, surtout pas les hommes politiques, encore moins les sportifs. Nous traversons une époque de doute. 

Risque prénatal

Les conditions prénatales (épidémie, pollution…) semblent avoir un fort impact sur l’avenir de l’homme fait.

Par conséquent, il est important de prendre soin des femmes enceintes.

vendredi 25 juin 2010

Obama et McChrystal

Le général McChrystal manque à son devoir de réserve, et le président Obama le licencie.

Ce qui confirme que le dit président est un homme de décisions rapides.

Capitalisme au grand coeur

Bill Gates et Warren Buffett tentent de convaincre les milliardaires américains de donner la moitié de leur fortune pour de bonnes œuvres.

S’ils réussissent, elles gagneront plus de 600md$.

Tradition américaine de la vocation sociale de l’entrepreneur, qui semble avoir été laissée pour compte par le tournant libéral qu’a connu récemment l’Europe. 

jeudi 24 juin 2010

Chine communiste

The permanent party se pose deux questions que je me posais : comment se fait-il que le parti communiste chinois soit toujours solidement au pouvoir après tous les dégâts qu’il a commis, et comment peut-il encore s’appeler « communiste » ?

Pour la seconde, réponse élégante : c’est le parti qui définit ce que signifie « communisme ».

En dépit d’une sorte d’économie de marché, la Chine semble totalement sous son contrôle. Ses représentants dirigent les entreprises, et l’armée est là pour le protéger. La corruption même serait « la colle qui rend solidaire le système ». D’où « paradoxe fondamental » : « Qu’un parti fort et tout puissant donne un gouvernement faible et des institutions douteuses ».

Il semblerait que le changement qui s’annonce (une économie tirée par la consommation intérieure et protégée par un système de sécurité sociale), ne puisse se faire sans « s’en prendre aux intérêts acquis qui profitent actuellement des distorsions ». Changement délicat, vraisemblablement… 



Ennui des réunions

Des sociologues se demandent pourquoi les réunions sont ennuyeuses.

Selon moi, elles ne devraient pas l’être. Spencer Wells explique que l’originalité de l’espèce humaine est d’avoir la capacité sociale à créer. La société est une sorte de machine à innover. Et l’outil de l’innovation est une petite assemblée identique à celle que formaient les chasseurs cueilleurs le soir autour du feu. C’était déjà là qu’ils échangeaient ce qu’ils avaient appris de leur journée et qu’ils avaient des idées nouvelles.

Depuis, les groupes sont demeurés de formidables outils de création. Débats démocratiques, jugement par jury, « focus group » marketing, mode projet de l’industrie…

Mais, si la créativité de groupe est l’acte différenciateur de notre espèce, pourquoi certaines réunions sont elles mortelles ? Justement parce qu’elles ne se veulent pas créatives ? Qu’un ou plusieurs participants pensent détenir le savoir et veut l’imposer aux autres ?...

mercredi 23 juin 2010

195 km/h

Compte rendu d’audience de l’affaire Kerviel. M.Bouton dit à M.Kerviel qu’il est coupable d’avoir roulé à 195km/h sur une route au seul motif qu’elle n’avait pas de radars. Ce qui est probablement juste.

Mais c’est une accusation bien plus grave pour M.Bouton que pour M.Kerviel.

En effet, elle signifie que M.Bouton n’avait pas construit les contrôles nécessaires dans son entreprise. Or le rôle d’un dirigeant c’est cela. Surtout dans une industrie aussi risquée que la banque.

D’ailleurs, le gouvernement l’a bien compris, qui a mis des radars partout, pour réduire la vitesse des automobilistes et les dangers qu’ils représentaient. Et je doute que la population ne soit pas encline à le condamner si elle apprend qu’il a laissé un chauffard rouler pendant plusieurs années sans l’arrêter, chauffard qui a écrasé quelques innocentes familles…  

Prix de la marée

Complément à un précédent billet concernant le coût de la marée noire produite par BP :
Les autorités estiment que le pétrole s’écoule au rythme de 60.000 barils par jour (…) l’équivalent d’un Exxon Valdez tous les quatre jours.
Effectivement, ça risque de coûter cher.

Compléments :
  • En me renseignant sur l’Exxon Valdez, j’ai découvert qu’il naviguait toujours, mais sous pavillon panaméen, et avec un propriétaire chinois…

Gouvernement anglais

Hier, le gouvernement anglais annonçait un plan de rigueur qui semble sévère. Bien que difficile à juger.

A-t-il profité d’une sorte d’état de grâce ? C’était maintenant ou jamais ? Toujours est-il qu’il paraît jouer profil bas, dans ses relations internationales :
à l’étranger, l’estime pour et l’influence de la Grande-Bretagne ont été dégonflés par la fin désastreuse de son boom économique. Le tant vanté miracle du capitalisme anglo-saxon s’est révélé un mirage. (…) Dans de telles circonstances politiques et économiques, la modestie et la gentillesse sont des stratégies sensées. 
Ah, si nous pouvions avoir un tel gouvernement, modeste et discret, me dis-je !

Inégalités et marchés

Une étude sur la réduction des inégalités en Amérique latine.

Elle serait principalement due à l’amélioration de l’éducation primaire de la population, à « l’échec du changement vers une technologie de hautes qualifications, des années 90, qui était associé à l’ouverture au commerce et à l’investissement, qui profitait de manière disproportionnée à ceux qui avaient une bonne éducation », et à des transferts en direction des plus pauvres.

Décidément, les marchés semblent avoir besoin d’un coup de pouce pour faire la prospérité collective. 

mardi 22 juin 2010

Bérézina footballistique

Hervé Kabla a bien joué, mais il a perdu. Il avait vu que le Mexique et l’Uruguay ne feraient pas match nul, ce qui laisserait la place à la France de se qualifier. Le début était juste, mais pas la fin.

En tout cas, le spectacle international qu’a donné l’équipe nationale est affligeant. Y a-t-il là quelque chose de la situation de notre pays ?

J’écoutais ce soir un morceau d’émission sur la défaite de 40 que la France de l’époque avait vue comme la sanction méritée des désordres de la troisième république (et même de la république tout court), et je me demandais si l’on n’était pas à nouveau aux prises de mêmes forces de dislocation… 

Néo Sarko

Je suis amené à me pencher sur la réforme des retraites, et à revoir mes positions sur le sujet :
  1. Augmenter l’âge de la retraite est injuste : les personnes qui ont commencé jeune doivent travailler plus, accentuation des privilèges des retraités actuels, à la solidarité desquels il n’est pas fait appel, par rapport aux (fort peu) actifs… Vers une guerre des générations ?
  2. Économiquement, ça paraît inefficace : cela ne peut qu’augmenter le coût du chômage, et déprimer un peu plus un marché intérieur dont dépend massivement l’entreprise. Il y a fort à parier que cette réforme ne fera qu’accentuer les problèmes du pays, qui ne vont qu’en s’amplifiant depuis 40 ans.
En tout cas cela serait conforme à l’hypothèse selon laquelle N.Sarkozy applique, volontairement ou non, un programme néo conservateur. Dont la logique est qu'être pauvre est une tare. Chaque occasion serait exploitée pour faire passer des mesures favorables aux riches, vus comme créateurs de richesse parasités par une racaille pauvre ? Programme diamétralement opposé à celui de M.Aubry, tout aussi idéologique ?

Mais alors pourquoi M.Sarkozy est-il aussi haï par la presse anglo-saxonne, qui le voit comme un pourfendeur du capitalisme ? Serait-ce une simple gesticulation dans notre direction pour masquer la réalité de ses manœuvres ?...

Efficacité allemande

Une partie des problèmes de la zone euro vient de l’efficacité allemande. Elle aurait deux causes :
  1. Une très nette baisse de salaires (20% par rapport à l’UE, entre 1994 et 2007).
  2. Des délocalisations vers l’est de l’Europe, qui auraient à la fois abaissé ses coûts, contribué au phénomène ci-dessus (concurrence avec la main d’œuvre allemande), mais aussi corrigé son déficit démographique. 

Deux mille

Ce blog a 2000 billets. Curieux. Lorsque j’ai franchi le centième billet j’étais tellement surpris que j’ai décidé de marquer toutes les centaines. Il était alors inconcevable que j’atteigne 2000.

L’intérêt du blog est de me forcer à réfléchir. Pour l’écrire, j’ai besoin d’être stimulé par la nouveauté. Et ce travail m’oblige à une réflexion qui procède par une sorte d’accumulation. D’une vitrine pour mes travaux sur le changement, ce blog s’est transformé en une enquête sur les changements que subit la société humaine depuis ses origines, et les lois qu’ils semblent suivre.

Le plus difficile est de faire entrer lecture et écriture dans ma vie. J’ai procédé selon les techniques que j’utilise pour l’entreprise : par le gain de productivité et le rite. J’écris de manière asynchrone : certains moments de la semaine sont réservés au blog. Les billets sont ensuite étalés sur les jours suivants. Il m’arrive aussi de réagir à l’actualité, n’ayant pas totalement réussi à me déconnecter d’Internet quand je travaille.

Parmi les changements dus à ce blog : je ne lis plus un livre ni ne regarde un film de la même façon que par le passé… 

lundi 21 juin 2010

Risque et alimentation

Les gens qui mangent mal ou fument beaucoup tendent à « percevoir récompenses et gratifications immédiates comme plus importantes que leurs coûts à venir ». (Are you what you eat?)

Une population désespérée ferait-elle une économie prospère ?

Culture et football

Henry Kissinger parlant du football allemand :
L’équipe nationale allemande joue de la façon dont son état major s’est préparée pour la guerre ; les matchs sont méticuleusement planifiés, chaque joueur est qualifié à la fois en attaque et en défense. Des combinaisons de passes complexes évoluent, partant juste en face de la cage du gardien de but allemand. Tout ce qui est possible par la prévoyance humaine, la préparation et le travail acharné est pris en compte.
La particularité de l’Allemagne est aussi de « vouloir gagner quelque en soit le prix », ce qui fait qu’elle peut marquer des buts quand tout semble perdu, au risque d’en encaisser.

Astaxanthine

Le saumon d’élevage n’est pas rose comme le saumon en liberté.

Alors, on lui fait ingérer un ingrédient artificiel, « tiré de dérivés pétroliers, au moyen d’un processus chimique complexe », qui fait croire au consommateur qu’il mange l’espèce d’origine.

Le consommateur est-il informé de ce tour de passe-passe ? Le manque de sens civique de l’entreprise est curieux.

(Information venant de WELLS, Spencer, Pandora’s seed, Random House, 2010.)

dimanche 20 juin 2010

Lobbying et démocratie

Le lobbying américain a quelque chose d’inquiétant.
  • La réforme du système financier inquiète la profession concernée. Elle aurait « dépensé 125m$ en lobbying ». Rien que les services financiers emploieraient plus de 3000 lobbyistes. Plus inquiétants : les 12 sénateurs qui doivent concevoir la loi définitive « ont reçu plus de 57m$ des secteurs en question pendant leur carrière ». Et un sénateur qui vient de proposer un assouplissement de la loi compte parmi ses plus gros donateurs KKR, un fonds d’investissement gigantesque. (Cheques and imbalances.)
  • L’entreprise américaine possède des techniques extrêmement efficaces pour faire douter le public des travaux scientifiques qui la desservent. Elles auraient été mises au point dans les années 50, à l’époque où les fabricants de cigarettes étaient menacés. « Les techniques utilisées incluaient différents types de désinformation combinés à une durable et honteuse habitude de coller aux arguments discrédités qui semblaient bien marcher ». (All guns blazing.)
Le plus étrange, peut-être, et que la démocratie américaine fonctionne en dépit de tout cela…

Obama le rouge (bis)

Un article confirme le malaise que suscite B.Obama chez beaucoup d’Américains :
La droite américaine n’a pas vu le vrai défaut de M.Obama. Il n’est pas un « socialiste », mais il ne comprend pas le monde des affaires. Même les directeurs généraux de gauche se plaignent qu’il n’exprime pas assez d’estime pour le capitalisme, et qu’il n’est pas sur la longueur d’onde de ceux qui le pratiquent. On fait entrer les patrons pour la photo, puis on les oublie. C’est une chose d’exiger des réparations de BP, c’en est une autre de le traiter comme un envahisseur étranger. Il a de l’intérêt pour l’économie et la technologie, mais pas pour la manière de gagner de l’argent.  
En fait, tout ceci me frappe comme étant un peu communiste. Le communisme c’est un capitalisme d’État. C’est un grand intérêt pour la science et la technologie, pour une production à outrance, mais une défiance envers l’enrichissement privé. C’est aussi très français : après guerre l’administration gérait l’économie et la petite entreprise était vue comme une sorte de « variable d’ajustement » un peu magouilleuse et pas très propre (cf. les travaux de M.Crozier sur la bureaucratie). B.Obama serait-il de l’espèce des planificateurs d’après-guerre ?

De la soumission de la femme

Le livre dont je parlais dernièrement dit ceci des sociétés à forte culture paternaliste :
La meilleure stratégie pour une femme qui veut soulager sa subordination à son mari, beau-père ou belle-mère est d’élever beaucoup de garçons et d’établir une relation forte de telle façon à ce que, lorsqu’ils amèneront leur épouse à la maison, elle puisse exercer son autorité sur ses belles-filles.
L’observation d’un de mes anciens collègues libanais m’a amené à cette même conclusion. Sa mère l’avait réduit en une sorte de dépendance totale, qui faisait qu’à 35 ans il se précipitait dans ses bras dès qu’il soupçonnait l’attaque du plus innocent microbe. À quoi s’ajoutait le mépris absolu de la femme, considérée comme un objet. Il me décrivait la France, avec ses femmes libérées mais en déficit d’affection, comme une gigantesque maison de passe, gratuite.

Ce qu’il y a de surprenant dans ce modèle, c’est comment il se perpétue : par la femme, qui fait de l’homme un pantin ridicule, arme de sa vengeance contre une société injuste. 

samedi 19 juin 2010

Histoire du mariage

COONTZ, Stephanie, Marriage, a History, Penguin books, 2005.

Chez les chasseurs cueilleurs, on ne stocke pas, on consomme ce que le groupe trouve au jour le jour. Le « mariage » sert à créer des alliances pour étendre le groupe. Puis l’homme se sédentarise, et accumule des biens, le mariage lui sert à augmenter sa richesse. La guerre et la charrue amènent la subordination de la femme. Dans les sociétés guerrières, elle est un outil d’alliance et de pacification ; dans les sociétés pacifiques et prospères, elle permet de construire des réseaux d’affaire et de lever des capitaux. À partir du 16ème siècle, le mariage passe du privé au public. La tradition du consentement, propre à l’Occident, installe la notion de choix individuel. Le mariage a aussi un rôle régulateur : grâce à ses règles, la population évolue en fonction des aléas économiques.

Les Lumières et l’avènement de l’économie de marché voient émerger l’emploi salarié et disparaître l’organisation monarchique de la société et de la famille. Mais l’égalité entre homme et femme est alors dans la différence. Ils sont supposés occuper deux sphères séparées : raison, économie d’un côté, sentiments et maison de l’autre. La cellule familiale d’unité de production devient foyer « d’âmes sœurs ». Puis c’est l’époque victorienne où le mariage est expérience centrale à la vie, et le début du vingtième siècle lors duquel les frustrations victoriennes font place à une invasion sexuelle que l’époque cherche à contenir dans le mariage. L’après guerre donne naissance à une vision idéalisée d’une famille où le père travaille et la mère est au foyer. Ce modèle est victime de l’inflation des années 70, qui rend obligatoire le second salaire, de l’électroménager qui réduit les tâches ménagères, du contrôle des naissances et d’une perte d’intérêt pour la légitimité, une des raisons d’être du mariage. De la conformité, le monde aspire à la satisfaction personnelle. Il devient un équilibre entre désirs de deux égaux que plus aucune règle sociale ne contraint. Notre société (notamment son organisation du travail) bâtie sur un schéma ancien est peu favorable à la nouvelle réalité. Ce qui fait du mariage un lien fragile, qui ne sourit qu’aux âmes déjà favorisées par le sort.

Commentaire :

L’histoire du mariage témoin de l’histoire de la société ? Elle est façonnée par des forces qui s’opposent et qui grandissent et disparaissent laissant la place à d’autres qui se développent à leur tour et transforment notre vie.

Quant à notre monde actuel il ressemble effectivement à celui que décrit Stephanie Coontz. Un monde d’individus, fragile, sans la certitude de la morale ancienne. Un monde qui ne sourit qu’à une élite privilégiée, et dans lequel le reste de la population souffre de ce que l’organisation sociale ne correspond pas à ce qu’on lui demande. Et c’est peut-être pour cela que des gens comme moi parlent désormais autant de changement : l’individu a besoin qu’on l’aide à faire évoluer un environnement inadapté. Comme celle de Freud, qui fut concomitante avec la révolution sexuelle du début du XXème, ma science serait-elle de mon temps ? 

vendredi 18 juin 2010

Foot, BP et Kerviel

La BBC ce matin déplorait que l’équipe de France de football ait été choisie à la place de celle d’Irlande : l’Irlande, elle, sait jouer au football.

Ce que nos joueurs savent faire, c’est gagner beaucoup d’argent. D’ailleurs, partout, gagner de l’argent est devenu une fin en soi. Et pour cela, le plus efficace n’est pas de bien faire son travail. Pour les financiers, le retour sur un investissement est fonction du risque. Pour s’enrichir il suffit donc de faire courir des risques à une entreprise. Bien sûr elle finira par le payer. Espérons que l’on ne sera pas là quand elle le fera. 

C’est peut-être cela l’enseignement des affaires Kerviel et BP, qui ne sont probablement que des cas extrêmes d’un comportement général.

Compléments :
  • Ce que je vois de l’affaire Kerviel me fait penser à l’affaire Madoff. Si Bernard Madoff a aussi bien réussi, c’est que ses investisseurs soupçonnaient qu’il était un escroc, mais pas le type d’escroquerie qu’il commettait. Jérôme Kerviel aussi semble avoir été entouré de l’estime de tous. On soupçonnait, semble-t-il, que ce qu’il faisait était louche, mais on n’en imaginait pas les conséquences.
  • D’ailleurs, les choses ne semblent pas parties pour changer : les grandes entreprises américaines nagent dans le cash. Plutôt que de l’investir dans leur activité, elles ont décidé d’acheter leurs actions, qui sont au plus haut. 

18 juin

La tradition gaullienne du programme unique de la radio d’État revient, après le mur de Berlin, c’est le tour du 18 juin.

J’entendais hier « l’appel » de De Gaulle. C’était bref, pas d’envolée littéraire ordinaire à de Gaulle. Pas grand-chose de plus qu’un appel. Mais osé, quand on y réfléchit bien. Un modeste général de brigade à titre provisoire qui demande à ses supérieurs de lui faire allégeance…

Les gens déterminés plient nos volontés aux leurs ? Une forme de conduite du changement ?

Obama le rouge

Par l'intimidation, B.Obama a contraint BP à constituer un fonds de 20md$. Pourquoi le peuple, qui l’accusait d’impuissance, ne le porte-t-il pas en triomphe ?

Parce qu’il a déjà imposé sa volonté à l’industrie automobile, qu’il a mise en faillite et dont il a liquidé quelques dirigeants, et au monde de la santé. Aux USA ceci s’appelle communisme.  

En réalité, Obama joue les équilibristes. Car son attaque contre BP est aussi dans la culture américaine, culture de karchérisation du mal, qu’il s’appelle Enron ou Arthur Andersen. Un sénateur américain, qui a voulu défendre BP, a dû être désavoué par son parti…

En tout cas ceci montre que B.Obama est un homme redoutable, et que peu d’organisations humaines peuvent lui résister. 

Dommages de BP

Discussion avec un expert qui m’explique que les dommages que va subir BP sont fonction de la quantité de pétrole déversé sur les plages américaines. Compte-tenu de ce que l’on en sait, il estime le coût de l’affaire à 20 ou 30md$.

Ce qui est très supérieur aux estimations initiales, supérieur à ce que contiendra le fonds de dédommagement qu’a prévu BP (20md$), et pas loin du montant maximum (40md$), que j’ai vu apparaître ici ou là. La baisse de cours de la société ne semble plus excessivement irrationnelle.

Par ailleurs, il confirme un changement des pratiques en matière de dommages écologiques : dorénavant, le pollueur paie d’abord, avant d’être engagé dans des procès. 

Éliminer la mafia

Certaines zones de Rio sous la coupe de bandes mafieuses sont en train de se transformer.

Raison ? Probablement moins la police que l’économie. « L’insécurité et la pauvreté ont marché main dans la main à Rio ».

Je continue à croire que la Mafia est un mode d’organisation d’une société relativement efficace, quand elle manque de tout. Il est certainement utile de la combattre, mais le combat est vain si on ne propose pas à la population d’améliorer son sort. 

jeudi 17 juin 2010

Priceminister et Rakuten

Priceminister est acheté par Rakuten, grande société japonaise.

J’apprends que Priceminister n’est pas ce que je croyais. Légères pertes, relativement petit chiffre d’affaires (40m€). Prix d’achat : 200m€.

Succès des, très jeunes, fondateurs de Priceminister, qui vendent très cher quelque chose qui n’est pas rentable, ou manque d’ambition française, qui ne cherche pas, comme l’aurait fait un Américain, la domination mondiale ?

Compléments :

Dépression française

Le Nouvel Économiste a un article sur la déprime française, qui semble mondialement unique et en plongée continue.

Edgar Schein dit que le rôle de la culture est de rendre l’homme heureux. (La culture est l’ensemble des règles qui guident notre comportement collectif.) Effectivement, l’idéal social que nous nous sommes formés ne correspond en rien à notre société, nos conditions de travail sont inadaptées à une vie familiale correcte… Nous ne rencontrons que des désagréments usants. Ce qui fait que nous avons beaucoup de mal à obtenir ce que nous désirons. C’est la définition même de la dépression.

J’ai fini par me demander si nous n’étions pas en train de remettre en cause le modèle bureaucratique français, qui semble aussi vieux que le pays. Un modèle qui veut que nous soyons tous des assistés. Vivrions-nous un bouleversement millénaire ?

Compléments :
  • SCHEIN, Edgar H., Organizational Culture and Leadership, Jossey-Bass, 2004.

Retour à la raison

Degré 0 du marketing, et de l’intelligence. Depuis des années je vitupère nos entreprises, qui semblent croire que plus un produit à de fonctionnalités meilleur il est. D’où complexité effroyable. Degré 0 de l’envie d’acheter.

Eh bien, il semblerait que le marché m’ait entendu et qu’Apple, mon champion, soit de plus en plus imité.  

Il est aussi possible que « l’innovation frugale » des industries émergentes fasse des émules. 

mercredi 16 juin 2010

Obama et la marée

La marée noire de BP met en difficulté B.Obama. Une fois de plus on lui reproche son manque de compassion, sa froideur. C’est un homme d’équations.

Et, en quelque sorte, il semble avoir cherché à résoudre la crise actuelle comme une équation, et à remplacer son manque de cœur par son art consommé du discours. Principe central : surprendre la nation par la force de la riposte. Ainsi qu’il semble l’avoir conseillé aux dirigeants européens lors de la crise grecque.

Il a pris un ton grave, a parlé de guerre, s’est adressé au peuple du lieu des décisions des moments historiques. Et, à nouveau, un retournement de situation : justification de ses projets de législation environnementale.

Cette affaire montre que la communication de crise n’est pas la seule technique adaptée à la crise. Il y a le bouc émissaire et l’autodafé. Infliger une peine exceptionnellement cruelle à BP peut calmer le peuple (cf. la mise en faillite d’Arthur Andersen lors du scandale d’Enron). En ce sens, l’idée d’un énorme fonds alimenté par BP et destiné à dédommager les victimes de la marée noire est efficace (et intelligent : lors des précédentes marées noires les dédommagements sont arrivés après des décennies). De même que d’accrocher ses dirigeants au pilori. 

Exemple Lean

Il y a quelques temps j’ai rendu visite à une entreprise que je n’avais pas vue depuis longtemps. Surprise, de canard boiteux dont on n’arrivait pas à se débarrasser, une de ses divisions est devenue un champion de rentabilité. Plus curieux : il semblerait que ce soit dû à une innocente idée sortie d’une mission ancienne. À la réflexion, je me demande si l’on n’a pas là une illustration du principe même de Lean production :

La mission consistait à améliorer la rentabilité d’un gros groupe industriel. J’avais proposé de mettre en place un processus de « target costing » (mesure de marge) en amont des appels d’offres. Et d’appliquer, à titre d’apprentissage, la méthode à un gros appel d’offres.

Lors de l’exercice, la première proposition de la division est refusée. Elle arrive alors avec une offre modifiée. L’innovation principale consiste à ne plus coller les deux éléments du produit avant de les découper, mais à les découper d’abord, puis à les coller. De ce fait les « pertes » sont récupérables. En fait, il n’y a plus de pertes. Le taux de rentabilité interne (TRI) du projet passe de 0 à 13%.

Pourquoi n’y avait-on pas pensé plus tôt ? demande le directeur financier du groupe. Jusqu'ici on se contentait de demander un devis à la direction technique de la division, et l’on bataillait avec le client à partir de ces chiffres. Cette fois-ci on a dit aux experts de la société que leur proposition n’était pas satisfaisante, on les a informés de ce que veut le marché.

Nos techniques de production occidentales considèrent l’homme comme un exécutant. Au contraire, pour le « Lean » il est responsable de l'amélioration continue des processus de production dans lesquels il travaille. Il le met en face des problèmes que l’organisation rencontre, et lui demande de les résoudre.

Mes techniques de conduite du changement, dont c’est le principe, font du « Lean » sans le savoir !

mardi 15 juin 2010

Spéculation contre l’Europe

Jean Quatremer exhume un curieux épisode de la spéculation contre les monnaies européennes : l’attaque de 92, 93.

L’événement ressemble étonnamment à ce que nous vivons, mais en infiniment plus féroce. La lire est dévaluée, l’Angleterre est humiliée, même l’Autriche et le Luxembourg sont contraints de décrocher leur monnaie du mark, et la France est à un cheveu de la Bérézina. Comme actuellement, elle accuse l’Allemagne d’intransigeance, et implore un peu de souplesse. Incompréhension et procès d’intentions sont partout entre les deux pays.

La stratégie des spéculateurs (emmenés par George Soros) est aussi digne d’intérêt. Ils semblent chercher la faille dans la solidarité humaine, à faire éclater les liens sociaux fragiles. Et en détruisant la société, ils récoltent beaucoup d’argent. Dans ce cas, l’instabilité vient de l’unification allemande qui coûte extrêmement cher au pays, pousse ses taux d’intérêt à la hausse, et détache le mark des autres monnaies. Le calcul des spéculateurs est que la défense de ces monnaies va étrangler les économies concernées. Les gouvernements devront céder et les dévaluer. Il y a chômage massif, mais le franc tient.

Épisode plein d’enseignements ? L’Europe a subi beaucoup de crises financières, et a survécu : les économistes anglo-saxons nous enterrent un peu vite ? Et si la crise actuelle était moins terrible que ce qu’elle aurait pu être ? « D’une certaine façon, éviter de telles crises est le meilleur argument qui soit, en faveur de l’union monétaire» dit Helmut Schlesinger, à l’époque président de la Bundesbank. Enfin, on retrouve ici le financier du Galbraith du crash de 29,  parasite de la société qui fait fortune en la détruisant ? Mais, si elle ne périt pas, elle se renforce. C’est probablement pour cela que les Anglo-saxons vénèrent les marchés… 

Bulle euro

Prise de conscience. Les marchés ne sont pas irrationnels maintenant, mais l’ont été hier. Ils ont fait un pari qui a mal tourné (pour nous ?). Exemple européen :
  • (les spéculateurs) ont acheté les obligations des gouvernements de la périphérie européenne dans l’espoir que leurs taux convergeraient vers ceux de l’Allemagne.
  • Résultat. Les pays concernés n’ont pas fait les réformes nécessaires, et aujourd’hui ils subissent une double peine.
Conclusion ? Il faut être raisonnable pour deux et refuser les cadeaux qu’offre le marché ?

Compléments :
  • Curieusement, Paul Krugman explique au gouvernement américain qu’il n’a aucune raison d’envisager un plan de rigueur puisqu’il peut emprunter bon marché… 

Innovation en Europe

L’industrie high tech commencerait à bien se porter en Europe.

Ce serait le fruit de la lente émergence d’un « écosystème » favorable : entrepreneurs, capital risque, avocats, agences de relation presse…

Mais il reste encore des étapes à franchir. Les entreprises clientes doivent être plus aventureuses dans leurs choix, faire plus confiance aux petites entreprises, et, surtout ?, ne pas vouloir tout réinventer ; le capital risque ne doit plus être dirigé par des banquiers, mais par des entrepreneurs ; l’entrepreneur doit acquérir la compétence, et l’envie, de bâtir des multinationales.

Ce que je vois en France serait-il donc aussi vrai pour l'Europe ?

Trahis par Galbraith ?

En écrivant billet après billet, j’ai la curieuse impression que Galbraith a tiré contre son camp.

Dans les années 50, il expliquait pourquoi les théories économiques, qui ne prévoient que la pénurie, le chômage et la crise, avaient été défaites par la réalité de la société d’abondance de l’époque. Et qu’il n’y avait que quelques théoriciens ridicules qui osaient encore les défendre. Il disait, par exemple, que c’était l’État qui régulait l’économie par son poids, et par ses dépenses d’armement, que nous acceptions de lui payer des taxes indirectes, mais pas des impôts, que l’entreprise s’était éloignée du risque en s’autofinançant… (L’ère de la planification.)

Or tout ceci a été retourné. L’opinion a été convaincue que l’État était sans utilité ; tout ce qui le légitimait a été attaqué (l’armée) sans être remplacé, les taxes indirectes ont été liquidées si bien que le contribuable ne voit plus que l’inacceptable : l’impôt ; et les entreprises se sont surendettées, pour pouvoir verser de gras dividendes à leurs actionnaires. Du coup, la réalité a justifié les prévisions de l’économie – « dismal science ».

Tout s’est passé comme si la vision que dessinait Galbraith avait été inacceptable à certains et qu’ils avaient utilisé son diagnostic pour la torpiller.

lundi 14 juin 2010

Séquençage du génome

Le projet de séquençage du génome humain a dix ans. C’est un échec thérapeutique mais un succès pour la science :
  • L'on aurait cru que les maladies avaient une cause génétique simple. Tous les cancéreux, par exemple, devaient avoir la même anomalie génétique. Or, il semblerait, au mieux, que « chaque maladie commune est causée par un grand nombre de variantes rares ». Bref, l’industrie pharmaceutique est bredouille.
  • Par contre, ce projet à but lucratif a fait faire des pas de géants à la compréhension du fonctionnement, et de l’histoire, de l’homme et du règne animal.

Compléments :

Juger un plan de rigueur

On parle de rigueur en France. Difficile de juger un tel plan, faute de comprendre ce qu’il compte faire pour en évaluer les conséquences. Quelques idées de bon sens :
  • « Les marchés » ont un pouvoir indéniable, même s’il semble irrationnel à certains économistes, il est donc intelligent de chercher à les rassurer (ce qui n’a rien d’une science exacte…).
  • Bien qu’il n'y ait rien de certain en économie, il est vraisemblable qu’une réduction de déficit trop brutale peut la stopper, donc réduire les recettes de l’État, augmenter les déficits… jusqu’à ce que mort s’ensuive. Donc, pas d’excès.
  • Sur le long terme, le problème de la France est son déficit structurel qu’elle n’arrive pas à résorber. Il serait bien que le gouvernement explique comment il compte venir à bout de ce qui semble un mal endémique.
  • La rigueur ne doit pas attaquer les investissements nécessaires à l’avenir du pays (par exemple détériorer le système d’éducation). Au contraire. Est-ce le cas ?
  • Le gouvernement peut se tromper, mais ce n’est pas la fin du monde. Notre sort est en grande partie entre nos mains. La société a une grande capacité d’adaptation. D’ailleurs elle est peut-être en train de se transformer. 

Sécession belge

Une grande majorité de la Flandre serait en faveur d’une dissolution du royaume.

The Economist y voit le sort de l’Europe. Même problème : « déficit démocratique ». Les Flamands ne peuvent que se lamenter des déficits wallons, mais n’ont aucun pouvoir sur eux, et les wallons ne peuvent rien faire contre les séparatistes flamands, parce que leur vote ne compte pas en Flandre. De même l’Allemagne ne peut imposer sa rigueur aux Grecs.

L’argument me semble fallacieux. Ce que l’on voit en Belgique ce sont deux communautés qui se replient sur elles-mêmes. C’était la situation de l’Europe avant la construction européenne : hostilité.

Si les peuples ne veulent pas s’unir, aucun mécanisme ne pourra les y contraindre. L’Europe est une volonté d’union. 

Angleterre et coupe du monde

La coupe du monde de football nous rappelle que le Royaume Uni est une sorte de fédération.

C’est l’Angleterre, un de ses membres, qui y sera représentée. Ses supporters agiteront la « croix de Saint George » et non l’Union Jack, que l’on aurait attendu, nous Français incultes.

Compléments :
  • En quoi l’équipe d’Angleterre représente l’esprit du pays : This England.

Énigme turque

J’entends des bruits discordants. Pour certains la Turquie, repoussée par l’Europe, se jihadiserait, pour d’autres elle chercherait à retrouver sa gloire ottomane.

Il se pourrait qu’il n’en soit rien ; que la Turquie désire toujours rejoindre l’Europe ; qu’elle devienne plus démocratique à mesure que les réformes inspirée par l’Europe s’installent ; qu’elle ait une politique de bon voisinage très favorable à son économie (croissance de 7% l’an) ; qu’elle doive ménager l’Iran, du pétrole duquel elle dépend ; que les coûts d’une brouille avec Israël soient trop élevés pour qu’elle laisse une dispute avec ce pays s’envenimer ; que son influence nouvelle sur le monde arabe soit donc une bonne chose pour l’Occident… Mais un accident peut toujours arriver. 

Développement durable

Je me penche actuellement sur la question du développement durable et j’en reviens à des idées que j’ai eues il y a 7 ans :

Edgar Schein, « l’inventeur » du terme « culture d’entreprise », dit que le comportement des membres de l’organisation est guidé par ce qu’ils ont pensé être les raisons du succès de son fondateur. Je constate régulièrement que les entreprises sont construites sur des valeurs présentes dans l’inconscient collectif, qui sont liées au succès de l’entreprise, et qui suscitent un renouveau de motivation lorsqu’on les révèle.

Qu’est-ce qui menace ces valeurs ? Ce sont les aléas de l’histoire de l’entreprise, les « changements » qu’elle traverse. Alors, elle se trouve en face de situation nouvelles, et elle peut ne pas savoir y répondre en demeurant fidèle à ses valeurs. Elle triche. C’est que Robert Merton appelle « innovation ».

Autrement dit, il me semble qu’une entreprise est durable si elle sait respecter ses valeurs fondatrices. Autrement dit, « changer pour ne pas changer » :
  • Je soupçonne que les difficultés qu’ont connues récemment France Télécom, BP et la Société Générale viennent de là : ces sociétés n’ont pas su comprendre comment leurs valeurs fondatrices leur permettaient de prospérer.
  • Exception : je crois que les entreprises américaines ne sont pas durables, parce qu’elles ne sont pas faites pour l’être. La plupart d’entre-elles ne servent qu’à enrichir, le plus vite possible, leurs fondateurs et leurs investisseurs.

Compléments :
  • SCHEIN, Edgar H., Organizational Culture and Leadership, Jossey-Bass, 2004.
  • MERTON, Robert K., On Social Structure and Science, The university of Chicago press, 1996.

dimanche 13 juin 2010

La presse ressuscitée ?

La presse étrangère semblerait renaître. Elle aurait sévèrement réduit ses coûts. Surtout elle se serait concentrée sur le type d’information qu’elle est la seule à fournir, laissant le reste à Internet ou à des fournisseurs de gros (les agences de presse).

L’incapacité du Monde à faire cet exercice pourrait expliquer ses interminables difficultés. 

Obama président !

Que penser de l’action de B.Obama ? On ne pourra en juger les conséquences que dans bien des années. Mais on craint le pire. En conséquence, il est peu populaire. Ce qui devrait coûter à son parti les prochaines élections.

Par contre, il a de bonnes chances d’être réélu : les revendications extrêmes du Tea Party, notamment, devraient pousser les Républicains à lui opposer des candidats radicaux (Sarah Palin), que n’aiment pas une majorité d’électeurs.

Décidément, le comportement de la société est imprévisible !

Réductions de déficit : effets d’annonce

On s’inquiète de l’impact de la réduction des déficits publics européens sur les affaires du monde, mais il semblerait que ce ne soit qu’une annonce devant calmer les marchés financiers, y compris en Allemagne.

Mais ce qui effraie les marchés est que personne ne sait ce qui fait fonctionner l’économie. Les marchés sautent d’une certitude à une autre, au gré de leur fantaisie. Les économistes, et les gouvernants, n’ont aucun moyen de connaître les conséquences des idées simplistes qu’ils nous assènent. Leur foi est aveugle.

Je me demande s’il ne serait pas souhaitable que les États se comportent comme les entreprises : qu’ils cherchent une configuration qui leur plaît et qu’ils se donnent les moyens de contrôler la transformation du pays dans la direction désirée. L’économie doit devenir une science du contrôle ? Ainsi elle fera survenir ses prévisions ?

samedi 12 juin 2010

Iran et la bombe ?


Augmenter, énormément, le coût de la mise au point d’une bombe atomique. 

La crise comme folie

Une étude sur les causes de la crise financière montre que les autorités de régulation américaines ont vu les dangers auxquels s’exposait l’économie, pouvaient empêcher la catastrophe, et ont choisi de ne rien faire, et même de démanteler leurs moyens d’intervention.

Qu’est-ce qui peut expliquer cette défaite de la raison ? Illusion collective selon laquelle les marchés s’autoréguleraient ? La rationalité de l’homme se débranche-t-elle lorsqu’il croit que ses rêves les plus fous sont réalisés ? Sommes-nous tous des illuminés suicidaires en puissance ?

Compléments :
  • Je repense à un ancien billet, et je m’interroge : et si la marée noire de BP venait d’une absence délibérée de contrôle par les instances concernées ? Et si la folie ci-dessus avait atteint l’ensemble de l’économie ?

Un condamné à mort s’est échappé

Film de Robert Bresson, 1956.

Ce qui est étonnant n’est pas tant que le condamné à mort parvienne à s’échapper, mais qu’il le fasse avec si peu de moyens. Mais c’est un officier. Et l’officier de l’époque avait l’évasion dans le sang. C’est probablement cette préparation psychologique qui lui permet de saisir les infimes chances qui se présentent à lui.

Les personnages de Bresson semblent à la fois fragiles et poussés par une force qui les dépasse, et que rien ne peut décourager. On parle de « dépouillement » pour ses films, mais je me demande si ce ne sont pas ses personnages qui sont dépouillés. Ils ne sont plus que ce qu’ils croient. 

vendredi 11 juin 2010

Affaire Kerviel

À ses débuts je soupçonnais l’affaire Kerviel de n’être que le simple effet d’une culture fautive (je faisais alors un parallèle avec celle de BP…).

Pour le moment, ce que dit le procès ne semble pas vraiment contredire mon a priori. Un trader en litige avec la SG dit que les résultats de J.Kerviel ne correspondaient pas à ce qu’aurait dû dégager son activité, et que le comportement de la société était marqué par « une prise de risque grandissante au fil des années ».

Et, en ce qui concerne plus précisément la culture de la société, une note interne précise : « consigne générale : ne pas reconnaître une quelconque déficience interne, même sous vive pression, en les (?) noyant dans les éléments positifs et en utilisant la complexité technique ». 

BP à nouveau

BP cause d'une guerre entre Américains et Anglais ?

En tout cas, on apprend que la société, distribue beaucoup de dividendes, qu’elle investit moins que ses concurrents (70% des investissements de Shell), qu’elle a une histoire récente peu reluisante, qu’elle risque de perdre 40md$ du fait de la marée noire dont elle est la cause, et que la sécurité des forages de grande profondeur n’est pas maîtrisée par les pétroliers, ce qui ne semble avoir suscité aucune inquiétude, nulle part…

Manque de culture américain

Curieusement Paul Krugman compare le projet européen à la fondation des États-Unis d’Amérique et l’Euro à la guerre de sécession (le premier un échec, la seconde une réussite).

Effrayant manque de culture ? L’Europe est faite de nations aux histoires séparées et dont les composants ont connu des guerres incessantes depuis plus d’un millénaire, les USA ont été immédiatement une nation.

Et qu’ils aient subir une guerre intestine d'une férocité sans précédent n’est pas à leur gloire.

Quant à l’euro, c’est une construction qui a l’avenir devant elle. 

Construction de l’Afghanistan ?

Contrairement à ce que je croyais, l’ISAF tenterait de construire un Afghanistan qui fonctionne. En remplaçant les gouvernements Talibans, construisant des routes et des écoles, et en assurant la sécurité.

Mais l’Afghan ne s’exprime pas. Et ce qui est allié à l’ISAF (la famille Karzaï) est peu reluisant. Peut-on conduire un tel changement en étant aussi peu familier de la culture locale ? En ayant aussi peu de prise sur elle ?

jeudi 10 juin 2010

Adolescent et mobile

Les adolescents américains semblent vissés à leur téléphone mobile : 1/3 envoie plus de 100 SMS par jour, et c’est le moyen le plus utilisé pour entrer en contact avec quelqu’un. 1/3 de ceux qui ont à la fois une voiture et un mobile ont envoyé au moins un SMS en conduisant… 

Turquie et Europe

Le ministre de la défense américain et une partie de l’élite locale semblent penser que l’Europe est la cause des récents malheurs israéliens. En n’admettant pas la Turquie en son sein, l’UE a poussé la Turquie au radicalisme, d’où flottille de la paix, qui a contraint Israël à faire usage de la force…

Comportements anglais et français

Un parasite passe du chat à la souris. La souris l’attrape en consommant les déjections du chat. Le parasite brouille son comportement, l’amenant à rechercher les chats…

L’homme est aussi affecté par ce parasite. Ici aussi altération du comportement : névrose, baisse de la rapidité des réflexes, peu d’intérêt pour la nouveauté, schizophrénie.

La France serait infectée à 45%, l’Angleterre à 6,6%...

mercredi 9 juin 2010

Budget de la défense

Parmi les divergences du moment voilà les budgets militaires. Les USA augmentent le leur, pour des raisons de relance. Les Européens le réduisent, pour des raisons de dettes (dont le niveau est inférieur à celui des USA).

Certes dépenser de l’argent en armées semble un gaspillage. Mais le monde est-il réellement sûr ? D’ailleurs l’économie obéit-elle à ce type de logique ? Quel est l’impact de l’industrie de l’armement sur l’économie ? Ne disait-on pas que c’était son moteur ?

La manière dont le changement est mené est curieuse :
Le risque est donc de disposer d’armes nouvelles et sophistiquées sans avoir les moyens de les gérer, comme c’est déjà le cas en Italie, où l’argent manque pour réparer les équipements endommagés en Afghanistan, mais aussi pour acheter le carburant des avions et des navires.
N'est-ce pas le procédé qu’utilise l’entrepreneur peu scrupuleux avant de vendre une entreprise : liquidation des investissements à long terme pour améliorer sa rentabilité apparente ? Nos gouvernants céderaient-ils à la panique ?

Compléments :
  • Souvenir d’une histoire que l’on se racontait dans la cours de l'école. Un petit Corse échange son revolver contre une montre. Son père : quand on te traitera d’imbécile, tu donneras l’heure ? L’État serait-il en passe de disparaître, nous laissant entre les mains du marché ?

Folie européenne ?

Nous vivons des temps incertains. Le monde financier se demande quel mal est le plus terrible : des déficits élevés, ou leur réduction massive, qui conduirait à une nouvelle crise ?
  • Les organismes de notation ont choisi leur camp : dette = danger.
  • Paul Krugman est inquiet de notre irrationalité. Selon lui un plan de rigueur européen devrait conduire à une baisse de l’euro, qui va, à son tour, affaiblir les autres économies.
Et si le monde était fait de multiples forces, qui n’apparaissent pas toutes dans les modèles des économiste ? Et si elles avaient une logique qui défie leur logique ?

Aviation et Golf

Les pays du Golf (Abou Dhabi, Doha et Dubaï) se spécialisent dans le transport aérien long courrier. Leur position semble un « hub » mondial idéal, et leurs déserts sans voisins se prêtent aux mégas aéroports. Tout ceci combiné à l’invention d’une aviation à longue distance et de gros transporteurs (Émirats a commandé 50 A380), à l’attaque des aéroports régionaux négligés par leurs concurrents et au développement des marchés asiatiques et africains semble leur garantir un avenir glorieux.(Super-duper-connectors from the Gulf, Rulers of the new silk road.)

Les compagnies aériennes traditionnelles, déjà peu rentables, et attaquées par les compagnies « low cost », devraient souffrir.

Question : n’y a-t-il pas de moyens de se différencier dans ce marché ?

mardi 8 juin 2010

Gouvernance européenne ?

On parle de gouvernance européenne, mais quelque chose avance-t-il dans ce domaine ?
  • Il y a un fonds de solidarité, qui promet des prêts peu coûteux aux États de l’UE en difficulté financière.
  • La zone euro devrait débattre des budgets respectifs de chaque pays avant leur adoption par les parlements nationaux. La mesure aurait pu être étendue à la totalité de l’UE, mais les Anglais n’en veulent pas.
  • La France parlerait d’un « comité de pilotage ». De quoi s’agit-il ?
Et, biais de notre information ?, Angela Merkel obéirait plus aux aléas qu’elle ne commanderait aux éléments, ce qui n’est pas propice à un débat efficace.

Compléments :
  • Panorama de ce qui semble être tenté pour régir la zone euro, l’aspect confus de l’ensemble et la perte de crédibilité de Mme Merkel, l’indignation des Anglais à l’idée de perdre leur souveraineté. 

Angleterre et Europe

No laughing matter : la France serait-elle en train de manœuvrer pour créer une double Europe ? Fédéraliste et fiscalement coordonnée au centre, et isolée, mais dépendante et sans pouvoirs à la périphérie ?

L’Angleterre, pas très habile au jeu politique européen, aurait-elle commis l’erreur de croire que la crise de l’euro ne la concernait pas, qu’elle sonnait le glas du fédéralisme, et qu’elle pouvait s’abstraire de l’Europe ?

lundi 7 juin 2010

Emploi des séniors

Le terme sénior a pris une connotation désagréable depuis quelques temps. Ce sont les vieux de plus de 50 ans (ou moins ?) qui pèsent sur l’économie. En France, le taux d’emploi des 50 – 64 ans serait particulièrement faible (53,2% en 2008), ce qui s’accommode mal de la réforme des retraites : allonger la durée de cotisation de personnes au chômage ne peut que garantir l’émergence d’une masse de retraités pauvres.

Le gouvernement fait le diagnostic que la cause de faible emploi est le coût. Il propose d’éliminer les charges sur les salaires des séniors. Parallèlement, il va encourager le tutorat, transfert des connaissances des vieux vers les jeunes. Logique ?
  • L’élimination des charges sociales est une attaque au principe même de notre système « bismarckien ». Une attaque contre un principe aussi fondamental demande un minimum de débat démocratique. Ce n’est pas à l’exécutif de prendre l’initiative de détruire ce qui fonde une démocratie.
  • Tous nos patrons et gouvernants sont des ultra-séniors qui ne se considèrent pas comme des déchets bons pour la poubelle. (Pour preuve : ils n’arrêtent pas d’augmenter le coût qu’ils représentent.) Pourquoi ? Parce qu’ils jugent qu’ils ont appris de leur carrière. La solution est là : si l’entreprise sait utiliser la capacité d’apprentissage humaine, elle tirera bien plus des « séniors » qu’ils ne lui coûtent. Ce qui est en cause aujourd’hui, c’est le processus de déqualification dans lequel elle s’est engagée.

Compléments :
  • Le gouvernement a-t-il intérêt à débattre des principes de notre système d’assurance sociale ? Probablement pas : il montrerait que nos gouvernants sont bien mal placés pour nous critiquer, ils ont été incapables de défendre le système auquel nous tenons. Sont-ils trop âgés pour être compétents ?
  • Je soupçonne que le mal de la nation tient à des croyances nocives et contre nature, qui ont perverti notre pensée.

Curieux Japon

Le Japon a perdu un nouveau premier ministre. Et la situation ne semble pas se clarifier. Le monde politique japonais a l’air peu propice à l’émergence de fortes personnalités, ou même d’une pensée originale. (Leaderless Japan.)

Faisons-nous l’erreur d’attendre du Japon qu’il se comporte comme une nation occidentale ? En tout cas, il ne semble toujours pas prêt à sortir de son mouvement de contraction… 

Banques européennes

Bizarre, on parle peu des banques européennes, et pourtant elles semblent dans un état aussi (plus ?) précaire que celui des banques américaines :
Elles peuvent facilement emprunter à la BCE et investir cet argent dans des obligations d’état à taux plus élevé
Les banques ont aussi réduit la maturité de leurs propres emprunts, plutôt que de payer des taux plus élevés pour des fonds à long terme plus sûrs. Quand toutes les banques prennent la même décision, c’est une forme de folie collective, parce que cela rend le système vulnérable à une défaillance du marché.