mardi 31 mai 2016

Les désagréments de la lecture sur ordinateur

La lecture sur ordinateur m'est désagréable. La typographie adoptée et la publicité rendent le texte interminable. Il faut dérouler, dérouler, dérouler. En outre ma position, sur une chaise, comme pour travailler, est inconfortable. Si bien qu'il faut que le titre d'un article soit particulièrement accrocheur pour que je clique dessus.

Il est bien plus facile de lire un magazine. Je m'installe dans un fauteuil et je feuillette. Tous les articles y passent. Même si je ne les ai pas totalement lus, j'en ai une idée. 

Pourquoi n'acheté-je plus de magazines ? Pingrerie ? Peur du gaspillage papier ? Plus assez de contenu intéressant ? Victime de la mode et du lavage de cerveau marketing ?...

Le printemps de la CGT

Les grèves de la CGT, Nuit debout et les printemps arabes ont un point commun : l'impuissance. Tous ces mouvements partent de l'idée qu'il suffit de s'agiter pour faire changer les choses. 

Eh bien non, pour les faire changer il faut pouvoir et savoir passer à l'action. Il ne faut pas seulement faire tomber un gouvernement, il faut aussi en avoir un en réserve pour prendre les commandes du pays et faire ce que vous désirez. 

Tocqueville notait déjà ceci en 1848. Le peuple pouvait faire la révolution. Il était même, en ce temps, plus fort et meilleur guerrier, que les troupes régulières. Mais tant qu'il serait incapable de gouverner, il serait impuissant. Sans Parti Communiste, la CGT n'est rien ?

lundi 30 mai 2016

Vivre en ville rend fou

On commence à soupçonner que la vie en ville déréglerait l'homme :
“This [study] adds to our own experimental evidence that strongly leads us to suspect that being in the city does something to a specific circuit in the brain that impairs your ability to deal with social stress,” says Andreas Meyer-Lindenberg, director of University of Heidelberg’s Central Institute for Mental Health in Germany. Meyer-Lindenberg’s group previously found that people who were living in or grew up in cities showed stronger activation in the amygdala and cingulate cortex (brain areas involved in processing and regulating emotion), respectively, compared with those from rural areas. More recently, they discovered that migration, another well-established risk factor for schizophrenia, led to similar alterations in brain function. (Article de SA)
Une institutrice m'a expliqué qu'à Paris les parents étaient survoltés et les enfants déboussolés. En province, vie paisible et gamins bien dans leur peau.

(Bonne nouvelle, demain l'humanité sera urbaine.)

Le premier homme, de Camus

Afficher l'image d'originePremier jet du dernier ouvrage de Camus. Travail qu'il aurait certainement considérablement remanié, s'il n'était pas mort prématurément. Et qui, selon moi, aurait mérité de l'être. 

Le père de Camus, un homme malmené par le sort, probablement intelligent, révolté, et digne, meurt dans les premiers jours de 14. Albert Camus a un an. Il va connaître une grande pauvreté au milieu d'une famille d'handicapés - on dirait peut-être de monstres, aujourd'hui. Une mère quasi sourde et qui sait à peine parler. Un oncle encore en plus mauvais état. Et pourtant, en dépit de leur infirmité, ils travaillent dur. Et ils sont estimés et aimés par leur communauté. Ici, il n'y a pas de bons et de méchants, comme chez les intellectuels. Mais des êtres humains. Des êtres qui luttent. Et qui connaissent des moments de bonheur, comme cette partie de chasse entre hommes. Camus, que l'on découvre enfant turbulent, sera tiré de son milieu par l'école laïque, où il trouvera un père, chez un instituteur remarquable. 

Que l'on est loin de Sartre, et de l'univers confiné et abstrait qu'il décrit dans les Mots ! Et comment s'explique l'opposition entre les œuvres de l'un et de l'autre ! D'un côté, l'homme du peuple et de l'amour, de l'autre celui de la grande bourgeoisie et du néant. Mais c'est ce dernier qui a gagné et qui, avec ses successeurs virtuoses de l'intellect, privés de cœur, a modelé notre société à l'image de ses théories inhumaines.

dimanche 29 mai 2016

Anthropologie de 68

Il y a quelques temps, j'entendais France Culture parler de cinéma. Et j'ai eu l'impression que le cinéma dont il était question prêtait à la population des préoccupations qu'elle n'avait pas. 

Je me suis demandé s'il n'y avait pas un sujet d'examen pour l'anthropologie ici. Notre classe dirigeante a bâti un mythe, et elle cherche à faire ressembler la société à ce mythe. Il me semble que ses fondations viennent de 68. 68 est une révolte d'enfants choyés qui veulent rester des enfants et qui refusent les contraintes sociales. Pour cela ils inventent une utopie dans laquelle leurs rêves deviennent les lois de la nature. Le bien. Et comme ces enfants sont devenus nos dirigeants, ils cherchent à nous imposer ce qu'ils croient être la réalité. 

De ce fait, voulant imposer leur réalité à la réalité, ils sombrent dans le totalitarisme. 

(Ce qui n'est pas le cas du mythe des sociétés traditionnelles, qui est accepté par tous et assure le bon fonctionnement de l'ensemble.)

Empathie et égoïsme

L'affrontement entre gauche et droite s'est fait en opposant deux concepts : empathie contre égoïsme. Ce désaccord masque un principe commun : surhomme / sous-homme. Le superman de gauche sauve l'opprimé. Le superman de droite est un "créateur de valeur". Il fait vivre le société. Le sous-homme ? Pour la gauche, il est victime d'un sort injuste, pour la droite, c'est un paresseux. 

L'homme de droite est un possédant, l'homme de gauche, le fils du précédent. Chacun a trouvé une doctrine qui servait ses intérêts. Le nom de ce modèle à deux têtes est l'individualisme. Il se maintient grâce au conflit. Il fait croire à la population qu'il y a choix. Ce faisant il lui fait oublier qu'à côté de la dimension individuelle de la vie, il y a la dimension sociale.

Elle est représentée par le reste du peuple. Pour la droite, il est constitué d'honnêtes pauvres qui doivent être maintenus dans le droit chemin (du labeur), par un salaire faible, et une concurrence parfaite. Pour la gauche, c'est l'incarnation du mal qui doit être contenue par la morale.  

Cette division gauche / droite est anglo-saxonne. La tradition française, qu'elle soit radicale ou monarchique (de Gaulle), veut que la dimension sociale domine. L'émergence du FN, puis les manœuvres de MM.Valls et Macron sont-elles le signe avant coureur d'un rejet de la culture américaine victorieuse de la guerre ?


samedi 28 mai 2016

Empathie et droit d'ingérence

Progressivement, j'en viens à me demander si l'empathie n'a pas été le sentiment de notre époque. C'est un corollaire d'une pensée qui ne jure que par le bien et le mal. L'empathie, c'est ce qui permet de faire le bien. Et on est justifié à le faire parce que l'on ressent la souffrance de l'autre. D'où le droit d'ingérence : faire le bien de quelqu'un, contre sa volonté. 

(Le changement repose sur la notion de "donneur d'aide". Le donneur d'aide répond à une demande, et son rôle est d'être un catalyseur, il est une partie des conditions qui vont permettre à l'organisation qu'il aide de réussir par elle-même, ce qu'elle a envie de faire.)

Le bon politique est un politique mort ?

Ce n'est pas ce que je pensais. J'entendais dire que M.Juppé était en tête des sondages. En fait, lorsque l'on y regarde de plus près, ils semblent dire que les Français aiment beaucoup de gens. Certes M.Juppé a de l'avance, mais MM.Macron, Raffarin, Bayrou, Fillon et autres Cazeneuve et Hidalgo sont dans un mouchoir. Ce qui est surprenant ce sont les "très mauvaises opinions". Elles sont généralement à de faibles valeurs, sauf en ce qui concerne MM.Sarkozy et Hollande et Marine et Marion Le Pen. (35% pour M.Sarkozy, plus de 40 pour les trois autres.)

Cela pose beaucoup de questions : que faut-il pour être aimé ? Être muet ? Y a-t-il corrélation entre amour et élection ? 

vendredi 27 mai 2016

Tout est possible en Amérique

Tout est possible en Amérique, dit un discours de Barack Obama. Ce qui m'a rappelé une idée d'Hannah Arendt : croire que tout est possible est la recette du totalitarisme. 

C'est peut-être ce qui explique les oscillations des USA : tantôt missionnaire, tantôt replié sur soi, après l'échec de la mission ?

La logique de M.Hollande

M.Macron serait bloqué dit Politico. A la fois il n'a pas d'argent pour alimenter son parti, et, curieusement, il a le même électorat que celui de M.Juppé. C'est un ministre de gauche, qui a un électorat de droite, et bien à droite !

Encore plus bizarre, il est protégé par M.Hollande. Quelle stratégie poursuit donc M.Hollande ? 

Il est possible qu'il ne cherche pas à atteindre un objectif (stratégie dite "rationnelle") mais à conserver une situation qui lui est favorable (stratégie dite "ritualiste"). Pour maintenir son pouvoir, il juge peut-être bon d'entretenir une forme de chaos. 

Question : est-ce que ce chaos ne provoque pas le chaos ? 

(La stratégie du chaos est une stratégie de haut fonctionnaire, cf. France Télécom ou Crédit Lyonnais, elle permet de bloquer les contre-pouvoirs. Il est aussi possible que M.Hollande soit "génétiquement" à l'aise dans cet état de faits : toute sa vie professionnelle s'est passée au milieu du chaos du PS, et il semble même que son enfance ait été marquée par le chaos, entre un père extrémiste, et mal dans sa peau, et une mère socialiste.)

Qu'est-ce qui a perdu Néanderthal ?

Neandertal était un homme cultivé. Il y a 180.000 ans, il faisait preuve d'un art consommé, vient-on de découvrir. 

Alors pourquoi notre ascendant l'a-t-il fait disparaître ? La réponse habituelle est qu'il était plus malin. Est-ce évident ? Lorsque l'on considère l'histoire du monde, on observe que l'intelligence n'a pas toujours le dessus. Les conquérants étaient frustes. Leur bas QI était compensé, au centuple, par leur détermination. C'est d'ailleurs ce qu'aiment les Anglo-saxons chez leurs entrepreneurs, Monsanto par exemple : ils écrasent le monde sans se poser de questions. C'est aussi ce que l'on disait d'Hitler. Et les nazis pensaient que l'Europe, la France en particulier, décadente avait besoin du sang neuf de brutes épargnées par l'influence pernicieuse de la civilisation. C'est peut-être, d'ailleurs, ce qui a fait le succès de l'Occident, à la fin de son Moyen-âge : des idées simplistes.

(On a tous quelque-chose en nous de Neandertal.)

jeudi 26 mai 2016

Jouez de vos forces !

L'homme s'acharne sur ses défauts, alors qu'il devrait jouer de ses forces. Voici ce que disent les psychologues. (Article de SA.) Un utile tuyau :
Some researchers have tested programs called “positive interventions” that give people the chance to uncover, explore, and practice their strengths. In one such program, people take a test to identify their top five character strengths, and then are tasked with using these strengths in a new and different way every day for a week. Researchers found that people who practiced their strengths in this way were happier and less depressed six months later.

Sens +

Sens + est le nom d'une association. Notre vie n'a plus de sens, elle veut nous aider à en retrouver un. 

Je me demande si cette vie sans sens n'explique pas en partie le combat du gouvernement et de la CGT. La CGT veut représenter des valeurs fortes. Il n'est pas important qu'elles ne soient pas universelles. Ce qui compte est que des gens soient prêts à se battre pour elles. D'ailleurs, le combat, voire l'oppression, renforce la minorité.  C'est le phénomène État Islamique.

Changement du principe de fonctionnement de notre société ? Après l'ère de l’hédonisme et du calcul égoïste, en reviendrait-on à l'heure de la gloire ?  (Et de la guerre ?)

mercredi 25 mai 2016

La mairie de Paris fait du ENRON ?

Nouvelle formidablement surprenante. La mairie de Paris utiliserait une technique qui est associée au scandale d'ENRON. C'est ce que l'on appelle de la comptabilité créative. Il s'agit d'enregistrer en un coup des gains correspondant à des années de revenus, "mark to market" en anglais. Dans ce cas, la mairie reçoit 6,5m de revenus de location par an, et ce pour les 60 ans à venir. Elle entre 360 millions dans ses comptes, d'un coup. Elle a crée 350 m de revenus ! Cela lui permet de masquer les ponctions faites par l’État, sans avoir besoin de renoncer à un plan d'investissement extrêmement ambitieux. Et ce, apparemment, avec la bénédiction de l’État.
la Ville a utilisé les possibilités ouvertes par un décret du 27 novembre 2015 qui lui permet désormais de reprendre « en section de fonctionnement des loyers capitalisés qu'elle avait au préalable comptabilisés en recettes d'investissement au titre de ses dettes », indique la chambre régionale des comptes (CRC) d'Île-de-France. Ce sont donc 360 millions d'euros qui ont été comptabilisés en section de fonctionnement par la mairie, au lieu de la seule la quote-part annuelle de la recette de loyers (ici 6,5 millions d'euros ) qui, au titre du principe d'annualité budgétaire, « incrémente le résultat de fonctionnement de l'exercice », note la CRC.
La Grèce aussi a utilisé ce genre de méthode... 

Paris va-t-il faire faillite ? Le ver de la comptabilité créative a-t-il pénétré l'Etat ?

Et si la CGT gagnait ?

La CGT affronte le gouvernement. Elle peut le faire reculer. Il suffirait pour cela qu'elle endommage la croissance, qui redémarrerait, notamment en nuisant au championnat d'Europe de football. C'est ce que disait France Culture ce matin. 

Même si elle ne vaut à la CGT que l'amitié d'une minorité de la France, cette stratégie a du sens. Le marketing appelle cela une stratégie de niche. Ce positionnement correspond aux aspirations d'une partie de l'électorat. C'est suffisant pour faire une CGT forte.

Le gouvernement va-t-il céder ? S'il se moque de l'électeur et ne voit plus que sa place dans l'histoire, comme le dit un précédent billet, ou construit ses chances d'être élu en 2022, non.

(Où l'on voit que, dans ces circonstances, il est une bonne stratégie de dire que l'on ne tient pas à l'électeur même si ce n'est pas le cas...)

Attractivité de la France

Hier j'entendais dire que la France n'était pas attractive. Elle perd ses entreprises, ses "talents" (comprendre : ses diplômés), les groupes étrangers ne veulent plus s'y implanter. 11 sociétés sont venues s'installer en France contre 150 en Angleterre. 

Bizarrement, on ne nous compare jamais au Portugal, et à l'Espagne, dont les jeunes émigrent en masse. Et on  ne nous dit pas combien cela coûte à l'Angleterre d'être attractive. Surtout on ne se pose pas la question d'un système politique dont la règle de fonctionnement est la gesticulation, et qui provoque le chaos et donne une image déplorable du pays. 

(En fait, on peut se demander si le gouvernement ne voudrait pas jouer sur tous les tableaux : faire croire au peuple qu'il est un combattant du capitalisme, tout en laissant entendre au capitalisme qu'il est de son côté. Sens de la loi sur le travail ? Qui, elle-même, n'avait peut-être pas la capacité de faire les dégâts qu'on lui prête. Mais la tactique a fait long feu.)

mardi 24 mai 2016

M.Hollande jugé par l'histoire

M.Hollande parlait d'histoire à France Culture. J'ai entendu un extrait de ses propos. Il disait que sa seule préoccupation était le jugement de l'Histoire. 

Et l'électeur ? Il ne compte pas ? Et la démocratie, c'est élire des gouvernants qui font le bien du peuple contre sa volonté, parce que le peuple est ignare ?... 

Un président aurait pu parler d'histoire, c'est de Gaulle. Et il est parti sur un référendum ! Il est vrai que M.Hollande s'est comparé à Churchill... S'il y a quelque-chose qu'il ne craint pas, c'est le ridicule ?

Autriche : irrésistible marche du populisme ?

Je lisais que la défaite de l'extrême droite autrichienne était une victoire. Partout en Europe, l'extrême droite progresse. Curieusement, elle semble s'être installée en Europe de l'Est, sans que cela émeuve qui que ce soit. On ne dit pas plus à quel point la question de l'immigration a joué. Elle a, peut-être bien, révélé brutalement à quel point les intérêts des gouvernants et des gouvernés étaient en conflit. Mais le scénario d'une victoire extrême à l'Ouest est-il probable ? Est-il impossible que le message ait été entendu et que les partis traditionnels fassent le juste nécessaire pour que la minorité mécontente ne devienne pas une majorité ? Quitte à la laisser sombrer un peu plus pour pouvoir acheter des voix ? 

La mort comme malentendu

"Si la mort n'était qu'un malentendu ?", dit Vladimir Jankélévitch, parlant de Bergson. Et si nous mourrions du fait d'une erreur de raisonnement ? Parce que la raison prétend guider notre vie, et qu'elle ne voit pas que son raisonnement, qui pense qu'il est logique de mourir, sont absurdes ? 

Cela peut probablement s'interpréter de différentes façons. La raison nous fait croire que nous sommes déterminés. Mais, si ce n'est pas le cas, rien n'est certain, pas même la mort. Certes, me direz-vous, mais la raison ne provoque pas la mort, puisque ce qui n'en a pas meurt. Alors, plus subtilement, et si la mort n'avait pas de signification ? La raison nous dit que la mort c'est le néant, alors que ce que nous appelons la mort peut être un nouveau départ, ou contribuer à un nouveau départ. "plutôt que le passage de tout à rien, pourquoi la mort ne serait-elle le passage du tout au tout ?

Vous répondrez que cela demeure un raisonnement. Il y a donc la raison qui voit les choses en noir, et celle qui les voit en rose. Laquelle est la bonne ? Peut-être la raison qui se méfie de la raison.

lundi 23 mai 2016

Autorité

Qu'est-ce que l'autorité ? Thème récurrent de ce blog. Et sujet qui remonte à la surface au spectacle consternant que nous donne le gouvernement et la SNCF. Mais aussi venu d'une discussion avec un patron de PME.

Il me semble que c'est la capacité à se faire obéir sans avoir recours à la violence. L'autorité demande le respect. Et ce respect vient de principes chevillés au corps et auxquels on ne fait pas d'entorse. Mais ces principes doivent probablement avoir pour dénominateur commun une vision "saine" de l'intérêt général. En effet, il semble certain que si vos principes nient ce qui est important pour moi, j'aurais peut-être du respect pour votre courage, mais vous n'aurez pas d'autorité sur moi. 

Nature humaine

"J'ai toujours tort" était le titre d'un de mes premiers billets. Et c'est en particulier vrai de mes jugements sur les gens. Je tends à les faire entrer dans des stéréotypes. Ils sont globalement justes. Mais le petit peu qui ne l'est pas est, malheureusement, capital pour le succès de notre relation. D'ailleurs, je constate que l'on ne peut jamais parfaitement cerner une personnalité. Au mieux peut-on espérer la connaître assez pour mener ensemble telle ou telle tâche.

En vieillissant, je deviens prudent. Cependant ce n'est pas assez. Il faut trouver un moyen de connaître l'autre rapidement. Une sorte de plan d'expérience. Pour cela, il me semble qu'il faut surtout encourager le hasard. Il permet à la personnalité de se révéler. Or, je ne suis pas un habitué du hasard.

dimanche 22 mai 2016

Big Data = Big frustration

Il semble qu’il y ait une énorme attente déçue vis-à-vis du Big Data. Big Data = frustration.

1) Algorithmes impossibles à comprendre, masse de données, data scientists. Pour le moment, Big Data c’est une complexité qui ne donne rien d’utile.
2) La logique actuelle du marché est le test, pas l’engagement massif que prônent les vendeurs de solutions et les gourous du management. Et le test ne donne pas grand-chose. (Voir, par exemple, ici.)  

Or, ce que l’on attend de Big Data, c’est la résolution des problèmes critiques de l’entreprise. Le fait 1) qu’elle n’arrive pas à se transformer (performance) ; 2) pire, que ses processus clés, « ordinaires » ont de plus en plus de mal à fonctionner correctement. (Ce qui marchait ne marche plus.) Frustration x 2.

Que faudrait-il pour sauver Big Data ? "Turn data into insights" disent les Anglo-saxons. Il faudrait des algorithmes qui sortent des idées.

L'homme est-il naturellement bon ?

Au 18ème siècle on s'est déchiré pour savoir si l'homme était naturellement bon ou mauvais. 

Pour ma part, je pense qu'il n'est "naturellement" rien. La personnalité est le fruit de multiples influences. L'influence d'un éventuel "selfish gene" est écrasée par celle de la société. Aujourd'hui, nous tendons à être effroyablement égoïstes, mais ce n'est pas pour autant que nous ne puissions pas changer, en bloc. 

Et pourtant, comme le dit Bergson, nous ne sommes pas déterminés. Il y a des moments ou "quelque chose survient" qui fait que nous créons de l'inattendu. Pour que cet imprévu se produise, il faut que nous agissions comme si nous avions un libre arbitre.

samedi 21 mai 2016

ISDS

ISDS et TTIP. TTIP : traité de libre échange européen. ISDS : possibilité pour une entreprise qui a un différend avec un Etat de demander l'arbitrage d'un tribunal privé. 

La France est contre l'ISDS. En quoi un tribunal privé pourrait-il avoir le pas sur la voix du Peuple ? Mais uniquement quand il s'agit des Américains. Car lorsqu'il est questions de nos entreprises et des pays de l'est, la France est favorable à un arbitrage privé. 

Tout cela, en dernière analyse, semble une question de confiance. Nous considérons les pays de l'est comme des républiques bananières, et il en est de même de USA vis-à-vis de nous.

Le gouvernement s'enfonce

M.Macron expliquait avant hier qu'il n'était pas possible d'encadrer le salaire des patrons, contrairement aux propos de MM.Hollande et Valls. 

En fait, ces propos étaient une manoeuvre politique, ai-je cru comprendre. Après les lois sur la déchéance de nationalité et sur la flexibilité du travail, qui ont divisé la gauche, il fallait une mesure qui la rassemble... Le gouvernement a donc recours à une forme de populisme. Ce qui était déjà le cas avec la déchéance de nationalité. 

Comme quoi, il semble que les manœuvres hasardeuses aient de bonnes chances de produire un cercle vicieux. J'ai noté souvent que lorsque l'on croyait prendre une décision particulièrement intelligente, on déclenchait une catastrophe. 

(Un des anciens exemples de cela est Périclès et la guerre du Péloponnèse : il adopte une stratégie qui ne peut que réussir, et qui va aboutir à la destruction d'Athènes. Hybris disait-on à l'époque.)

vendredi 20 mai 2016

Extrêmisme en Autriche

L'extrême droite a gagné les élections autrichiennes. Ce qui m'a frappé la première fois que j'ai entendu parler de ces élections, c'est que les scores annoncés ressemblaient un peu à ce que nous avons chez nous. Les partis de gouvernement étaient au niveau que les sondeurs prêtent à nos leaders de gauche et de droite et l'extrême droite était à 35%. 

Et si l'on avait là une simple conséquence de l'individualisme, l'égoïsme, ambiant ? La gauche et la droite ne représentent plus que des intérêts de petits groupes. Ce qui laisse le gros de la population à la merci de représentants de substitution.

Stressant service public

Je dois faire une déclaration d'impôts par Internet. C'est pour le compte de quelqu'un qui ne l'a jamais fait. Je m'inscris donc. On me demande un mot de passe. Le site me dit qu'il va m'envoyer un mail de confirmation. Mais, attention, il ne sera valable qu'un jour. Rien; Une heure, deux heures, je m'inquiète : rien dans l'antispam, aurais-je mal écrit mon adresse mail ?... Je vais me coucher. J'appellerai les impôts demain. Eh bien le mail est arrivé dans la nuit. 

J'ai retrouvé le sentiment que j'avais eu aux urgences. Dans le service public rien ne marche comme il devrait et pourtant, tout finit toujours par marcher. Il faut prendre son mal en patience.

jeudi 19 mai 2016

Peur de la société

L'Occidental aurait un type de phobie qui lui serait propre : la peur de la société. C'est le mal d'une société d'individualistes. (Article.)

Comment s'en guérir ? Même recette que pour les phobies : il faut affronter sa peur, et se demander ce que cela donnerait de faire ce dont on a peur, et comment se sortir sans trop de dommages de situations désagréables.
We say, you’re going to go in there now, and say the following: “Hi, I like your face. Would you like to go out with me? Would you like to give me your number?” And she would obviously say, “No, go away, you freak,” or something, and that would be desirable. That would be perfect. Or other examples might be, inconveniencing people, so let’s say go to a coffee shop and you spill your coffee and you say, “I'd like to have a new one.” Or you go to a book store and ask for a book on the joy of sex. You do something that is over the top that nobody likes to do, that violates their personal social norms and engages them in re-evaluating their maladaptive beliefs. And it’s very effective. It’s very successful. People speak to this treatment, they love it.

Wagon ivre

Mon retour en banlieue m'a fait découvrir l'état surprenant de la SNCF. Chaque jour les alertes transilien me parlent de nouveaux motifs de retard. "Panne d'alimentation électrique", "des personnes sur les voies", "barrière enfoncée", et, le favori : "le train n'a pas réussi à se former" (retard ou suppression). Et l'on me dit que c'est bien mieux que par le passé, car le matériel roulant a été renouvelé, et ne tombe plus en panne comme le précédent.

Et aujourd'hui, c'est la grève. Il y avait bien des horaires. Mais ils ne sont pas respectés. Le train annoncé est supprimé. Le prochain est dans une heure... Cela donne une curieuse impression d'anarchie. Qui commande dans cette entreprise ?

mercredi 18 mai 2016

Le DRH et le numérique

Je découvre que toutes les fonctions de l'entreprise ont le même type de problème. La DRH, comme tous les services qui étaient jusque-là vus comme des centres de coûts, doit démontrer qu'elle apporte quelque chose, et nécessairement grâce au numérique, parce que le numérique est à la mode.

Le peut-elle ? Oui. Grâce à un logiciel tel que MondoBrain, dont je parlais dans un précédent billet. Ce type de logiciel très puissant et utilisable par n'importe qui rend possible d'identifier les facteurs associés à la performance d'une organisation. Par exemple, comment réduire le turnover, augmenter l'engagement des personnels, favoriser l'émergence de talents. 

Le principe de ce type de logiciel est simple et puissant. Il permet de repérer les bonnes pratiques de l'organisation. Par exemple le chef de service qui a créé les conditions de la réussite de son équipe. En examinant comment il s'y est pris, il est possible de diffuser son exemple. Voire de sélectionner un type de managers qui lui correspond. 

Pas de miracle, cependant. Il faut disposer de données "pertinentes". Il faut donc en posséder, ce qui est rarement le cas. Et il faut qu'elles donnent des résultats utiles : définition circulaire ! En fait, il faut procéder par essais et erreurs. Collecter des données, jusqu'à obtenir quelque chose qui ait du sens. 

Mais ce n'est pas le plus compliqué. La difficulté, c'est la conduite du changement. Imaginez que vous découvriez que 90% de votre management n'est pas à sa place. Qu'allez-vous faire ? 

Justement, que trouve-t-on ? Des résultats aussi vieux que le monde. Par exemple que l'entreprise a une culture, et que seules les personnes qui la possèdent vont s'y intégrer harmonieusement. Il est su depuis longtemps que la culture est beaucoup plus importante que la compétence dans le recrutement. 

Pour autant, il ne s'agit pas là d'une fausse bonne nouvelle. Si nous avons oublié l'enseignement des siècles, c'est que nous ne partageons plus leur culture, justement. Nous ne sommes plus des gens de relations humaines, mais de chiffres. Les logiciels traduisent dans notre langue la sagesse de nos pères. Ensuite, ils nous donnent de fort bonnes indications. Ils donnent des preuves convaincantes de nos intuitions. Ils favorisent l'action de ceux qui ont la faculté d'agir. Les nouveaux logiciels sont une chance. Et la chance sourit à l'esprit éclairé !

mardi 17 mai 2016

Business contre réglementation

La réglementation pousse l'industrie automobile  à utiliser les composites. Mais l'industrie automobile n'y parvient pas. Va-t-elle faire pression pour que la réglementation change ? 

C'est le problème du moment. L'entreprise souffre. Alors, elle essaie de faire sauter les limites qui lui sont imposées. En particulier celles de la "bureaucratie". Pour cela, elle explique qu'elle fournit de l'emploi. Et donc que tout ce qui la limite produit chômage et pauvreté. Mais, les lois ne sont que le reflet de l'intérêt général. Sans elles, il ne peut pas y avoir de société durable. 

A défaut d'inventer un nouveau modèle de société, nous avons besoin d'entreprises ET de lois. Le problème de la société est donc d'aider les entreprises à respecter la loi.

Immigration et Turquie

Que retenir de la question de l'immigration en Europe ?
  • Pour différentes raisons (principe ou intérêt), les élites de gauche et de droite sont favorables à l'immigration. 
  • Mais le peuple est contre : chômage et parasitage du modèle social. 
  • Les élites pensaient infléchir le peuple en montrant que les immigrés étaient des réfugiés. Cela a fait long feu. 
  • Pour se débarrasser de la question, elles ont voulu la confier à la Turquie. 
  • Ce faisant, elles subventionnent, cautionnent et encouragent un régime qui sent de plus en plus le soufre. 
N'y aurait-il pas d'autres façons de procéder ? 

lundi 16 mai 2016

Etouffés par la réglementation

Ce qui crée la croissance c'est la facilité à faire des affaires, et ce qui la tue, c'est la réglementation. Or, il y a de plus en plus de réglementation... Une thèse classique, reprise ici

Je ne pense pas que les choses soient aussi simples. 

Avons-nous touché les limites à la croissance ?
Ce qui semble à l'origine de la croissance est une série de découvertes, à commencer par la médecine qui a allongé la vie. Il y a aussi eu, ce qui a émerveillé ma famille : l'avion, la voiture, le téléphone, l'électroménager, l'ordinateur... Tout cela venait de l'effort de guerre !
Aujourd'hui, on met aux nues Internet, innovation de notre temps, mais ce n'est qu'une conséquence de la guerre froide... Et ses usages semblent bien tristounets par rapport à ceux des découvertes précédentes. 

L'économie parle de "rendements décroissants". Et si le progrès technique connaissait aussi le problème des rendements décroissants ? 
J'ai eu la chance d'entrer en contact avec Dennis Meadows, un des hommes du MIT qui a travaillé sur la modélisation que l'on a appelée "les limites à la croissance" (années 70). Ce qu'il a dit n'a pas été compris. Il explique que nous consommons plus que ce que peut produire la terre. Cela ne peut pas durer éternellement. En outre sa modélisation laisse entendre que si l'on améliore quelque chose (par exemple on trouve du pétrole), cela dégrade autre chose (pollution).
Quelqu'un avec qui il m'a mis en contact, pense qu'il n'y aura pas crash, mais une phase de stagnation faite de crises récurrentes. Car l'économie est caractérisée par des limitateurs. Par exemple, elle démarre, le prix du pétrole s'envole, ce qui la fait s'écrabouiller. Et ces aléas rendent impossible l'atteinte par l'énergie renouvelable d'un niveau de prix concurrentiel.

Le smart data peut-il nous sauver ?
En travaillant avec le logiciel MondoBrain, je me suis demandé si une certaine forme de numérique, que l'on appelle le "smart data", ne nous permettait pas de voir ce que nous ne voyions pas. C'est à dire des ressources ignorées. C'est l'économie du partage. Il est possible de faire mieux avec ce que nous avons. Seulement, l'économie du partage actuelle, tend, elle aussi, a avoir des effets pervers. Car elle semble produire la décroissance, d'où disparition d'entreprises, d'emplois...
Le smart data pourrait donc nous ouvrir de nouveaux horizons. Soit en nous donnant un peu plus d'air pour mieux nous crasher plus tard, soit en nous ouvrant des espaces d'expansion dans un monde devenu fini. Dennis Meadows explique que la société devrait être comme l'homme : après une phase de développement physique, il se développe intellectuellement. Après la croissance matérielle, il y a la croissance spirituelle. Après le PIB, l'Epanouissement Intérieur Brut.

Ivanhoë


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Ivanhoé tel qu'il a été écrit par Walter Scott (nouvelle traduction). Il est bien loin des versions abrégées pour adolescent, ou des films d'Hollywood. 

Curieusement, Sir Willfred d'Ivanhoé y est peu présent, il passe le roman au lit, blessé. Et que dire de sa belle ? Elle est blonde, on n'en saura pas plus. Les véritables héros sont Richard Cœur de Lion, force de la nature follement brave, qui vendrait son royaume pour un tournoi et, surtout, Rebecca, superbe Juive dotée d'une intelligence et de talents exceptionnels. C'est une femme moderne au milieu de primitifs attardés. On y rencontre aussi les clichés qui sont désormais usuels en Angleterre : l'Anglais, digne, honnête mais fruste, et le Franco-Normand, raffiné, séduisant mais perfide et inconséquent. Ainsi que le terrifiant catholicisme, représenté ici par le Templier.

Cela a des aspects de bande dessinée et de farce : les héros sont des surhommes. Mais cela a aussi du Quasimodo de Victor Hugo : le Moyen-âge y apparaît à la lumière de ce que l'on savait de lui à cette époque. Ce qui vaut de très longues scènes. Elles paraissent un peu ennuyeuses aujourd'hui, mais peut-être étaient-elles criantes de vérité et du meilleur effet alors. 

à redécouvrir. 

(Walter Scott, Ivanhoé, Folio, 2016.)

dimanche 15 mai 2016

L'apprentissage comme décharges électriques

Dans un livre du psychologue Martin Seligman, il est question d'expériences sur des chiens. Ils reçoivent des décharges aléatoires, jusqu'à ce qu'en s'agitant tout aussi aléatoirement, il mettent la patte sur un levier qui fait cesser les décharges.

Tout cela me semblait curieux. Jusqu'à ce que je constate que l'apprentissage humain ressemble beaucoup à cette expérience. En phase de changement, lorsque l'on sort des règles bien claires de la société, on est soumis à des sortes de décharges électriques. La seule chose que l'on sache est que l'on fait mal. Ce n'est que par hasard que l'on trouve comment bien faire. Comme pour les chiens, on ne parvient au bout de l'expérience que si l'on est optimiste : c'est à dire si l'on a assez d'énergie pour s'agiter dans tous les sens suffisamment longtemps pour mettre, par hasard, la patte sur le levier.

Le drone chasse le requin

Un drone a filmé des orques attaquant un requin. Plus rien de l'existence de la planète ne semble être secret. Demain, écoutés par la NSA, filmés par des drones ? La société du libertaire débouche sur une société sans vie privée ?

samedi 14 mai 2016

Et si l'école se trompait ?

En France, traditionnellement, l'apprentissage se fait par la souffrance, constate mon dernier billet. Aux USA, et maintenant aussi chez nous, l'apprentissage se veut aussi simple que possible. Nom de code : "pour les nuls".

Je suis victime de ce biais. J'ai tort. Car le monde est systémique. Ce n'est pas en décrivant élément par élément qu'on décrit un système. C'est en donnant une idée du tout. Alors, l'existence des éléments devient évidente. Or, comme le dit Bergson, voir le tout est une question d'intuition. 

C'est peut-être ce qui longtemps a été le critère de sélection du bon élève en France : qu'il soit philosophe ou mathématicien, il comprenait sans avoir besoin qu'on lui explique. Il avait l'intuition du système. Mais cela demandait un effort, un coup de génie. Il y avait risque d'échec. Et c'est peut-être ce qu'a refusé la génération soixante-huit. 

Là aussi, il est possible que Bergson ait une solution à ce problème. L'apprentissage n'est pas nécessairement une souffrance, il peut être une joie. Comme la lecture de Jankélévitch. Car apprendre n'est pas une expérience austère mais ressortit à l'art. C'est ce que m'a peut-être dit mon père, une des rares fois où il a cherché à me transmettre les leçons qu'il avait tirées de la vie : les plus grandes joies sont intellectuelles.

Henri Bergson de Vladimir Jankélévitch

Afficher l'image d'origineSi un Américain avait écrit ce livre, on aurait eu "Bergson pour les nuls". Il vous aurait expliqué simplement la pensée de Bergson. Ici on a un traité typique de l'école philosophique française. Quand un philosophe français parle d'un philosophe, il considère que lui et vous avez fait les mêmes études. Il n'explique pas, il commente ! Et il le fait avec une infinie subtilité. Si bien que, si vous n'êtes qu'un simple mortel, incapable de sortir en tête de l'agrégation de philosophie, vous êtes perdu. En France, l'apprentissage est une souffrance ?... Ou une séduction ?...

Vladimir Jankélévitch fait donc l'exégèse de l’œuvre de Bergson. Il y distingue des thèmes sur lesquels il se livre à des variations subtiles, avec modestie et brio. C'est remarquablement bien écrit. Et cela a bercé quelques-uns de mes trajets en métro et en train de banlieue, à une époque de ma vie qui n'était pas très heureuse. Merci Vladimir !

Le philosophe de la joie
J'ai donc renoncé à comprendre, pour me laisser bercer, mais j'ai tout de même retenu quelque-chose. Bergson serait représentatif d'un courant de pensée typiquement français. Ce courant a été défait par son équivalent allemand, y compris et surtout chez nous. C'est le sens de l'affrontement Sartre / Camus. C'est peut-être ce combat que Michel Onfray tente de reprendre. On pourrait le résumer ainsi : la joie de vivre, d'un côté, la pulsion de mort, de l'autre.

La pensée allemande, pensée moderne, est une pensée du bon sens. Le monde est comme il paraît à notre raison. Il ne va nulle part. Il est absurde. On ne peut voir comme bout de notre trajet que la mort, que le néant. Toute notre pensée moderne est un essai plus ou moins maladroit pour s'accommoder de cette vérité, apparemment, indiscutable. Au contraire, la pensée de Bergson est celle du bonheur. Comme chez Camus, Sisyphe est heureux. Car l'absolu n'est pas à chercher dans un avenir un jour définitivement radieux, mais dans l'instant présent. Cependant, alors que Camus est le philosophe de la révolte, révolte sociale, Bergson est celui de la joie, joie individuelle. Pour lui, le principe d'une existence digne de ce nom est la générosité. (C'est peut-être ce qu'a illustré sa mort.)

Cette pensée se fonde sur un raisonnement extraordinairement élégant. Il a quelque-chose de mathématique. Une autre caractéristique française. Il fait une très simple hypothèse : et si l'avenir n'était pas déterminé, qu'est-ce que cela signifierait ? Et il aboutit à une conclusion évidente : qu'il y a changement permanent. Le temps n'est donc pas celui dont nous parle la physique. Le temps c'est cette succession de changements imprévisibles, de "little big bangs". Mais s'ils sont imprévisibles, ces changements ne sont pas aléatoires. Nous participons à leur survenue. Elle est le résultat d'une sorte de "coup de génie". Et ce sont ces petits et grands moments de création qui donnent un sens à notre vie, qui nous remplissent d'émerveillement, qui en font une œuvre d'art. 

(Hannah Arendt parle de "renaissance", pour ces moments d'inspiration où l'homme change le monde. Mais si sa pensée est du côté français, elle est plutôt du parti de Camus que de celui de Bergson : la nature de l'homme est "politique". Son moteur est plus la gloire que la joie.)

(Vladimir Jankélévitch, Henri Bergson, Quadrige, 2015.)

vendredi 13 mai 2016

Le 49.3 de l'irresponsabilité

Loi sur le travail : 49.3. Le gouvernement engage sa responsabilité, et dégage la nôtre. Cela arrange probablement ses opposants. Ils ne savaient que s'opposer ; dorénavant, ils pourront dire qu'ils ont fait leur travail. Leur conscience est libre. 

De Gaulle pensait que la France était incapable de se gouverner seule. Il croyait probablement que les peuples avaient une nature. Et qu'elle ne pouvait pas changer. Alors il a installé un pouvoir fort. Au lieu de nous mettre en face des conséquences de nos actes, ce qui nous aurait incités à nous transformer, il nous a encouragés à l'irresponsabilité. Merci Charles.

Que répondre à une peur irrationnelle ?

On me parle tous les jours de peurs irrationnelles. Que faire ? Les prendre au sérieux : oui vous avez raison d'avoir peur. (Pour les courageux : à votre place, j'aurais bien plus peur.) Racontez moi ce qui ne va pas, je vais voir ce que je peux faire pour vous. 

Car ce que l'irrationnel a de rationnel est qu'il est une rationalisation d'une peur réelle. Une peur qui bloque le changement.

jeudi 12 mai 2016

Le rôle des rêves

Le rêve a-t-il un rôle ? 
dreaming itself is a like a mental yoga. It’s like stretching the mind, it’s keeping the mind open and flexible and adaptive. That right there I think is a pretty big service.
Parmi les rêves, il y en a des rares, et particuliers. "Big dreams". Ils semblent associés aux transformations de l'homme...
Carl Jung, the psychologist who coined the term “big dreams,” was asking his psychiatric patients about their earliest childhood dreams, which for the most part were really big intense dreams, and he found those to be super valuable in a clinical context, they helped him make sense of the deepest conflicts and issues in the patient’s life. So childhood seems to be a fertile time for big dreaming.
(Article.)

La gauche et la culture

Récemment, j'ai découvert que la "culture" avait été le programme de la gauche. Apparemment, il s'agissait d'établir sur terre un paradis terrestre où l'homme aurait été un intermittent du spectacle. L'aspect pratique de la question ne semble pas avoir été étudié. C'était un acte de foi. 

D'où cela pouvait-il venir ? 
  • Une première hypothèse est : Marx. Si je comprends bien, il aurait envisagé une phase ultime du développement humain ressemblant à ce paradis. 
  • Seconde hypothèse : Malraux. Après guerre, il y eut un fort mouvement culturel gaulliste. La gauche aurait-elle repris, et détourné ?, ce mouvement ? 
  • Un dernier candidat serait l'Ancien régime. J'ai découvert encore plus récemment que le noble avait une mission esthétique. Comme à Versailles il était le metteur en scène d'une œuvre d'art dans laquelle chacun avait un rôle. La guerre, elle même, est un rite. Ce n'est pas tant la victoire qui compte que de s'y comporter avec panache. Tout est perdu for l'honneur. 
Cette dernière hypothèse n'est pas totalement invraisemblable. J'ai dit ailleurs que, dans son combat contre les Lumières et la Révolution, donc le "progrès", la gauche revenait logiquement au modèle de l'Ancien Régime (puisque les Lumières en étaient l'antithèse). Éternel combat de la stabilité (qui sert les intérêts acquis ?) et du changement (le "progrès") ?

à creuser. 

mercredi 11 mai 2016

La beauté, avantage injuste

J'ai aperçu un article qui disait que la beauté est un avantage injuste. 

The Economist semble croire qu'il s'agit d'un avantage juste. J'ai lu nombre d'articles qui y voyaient le résultat de la sélection naturelle. Le beau serait mieux que le laid. Il me semble, pour ma part, que la beauté est sociale. Justification ? L'adjectif "noble". Il est bien de ressembler à la classe dominante. Cette classe dominante veut asseoir sa domination en nous convainquant qu'elle a plus que nous.

(Dangereux argument, puisqu'il veut que la fin justifie les moyens : si je réussis, alors je serais beau, ou j'aurais, selon l'argumentation de The Economist, de meilleurs gènes que vous.)

Doit on donner ce que l'on a de mieux ?

Jadis, une bonne éducation voulait que l'enfant donne ce qu'il avait de plus beau. Ayn Rand, le pape de l’égoïsme, a gardé un souvenir effroyable d'une telle expérience. J'ai rencontré quelqu'un qui en avait tiré un curieux enseignement : il donnait "avec des élastiques". Il offrait ce qu'il aimait, mais continuait à en profiter. Par exemple, il partageait avec vous son gâteau favori. 

Il se trouve que j'ai pas mal donné ces derniers temps. J'ai donné ce que les gens voulaient prendre. J'ai constaté que nous avions rarement les mêmes goûts. Mais même quand c'était le cas, l'idée m'est venue que j'aurais plus de plaisir à voir l'objet en question chez eux que chez moi. En s'éloignant, en devenant rare, il avait pris du prix.

mardi 10 mai 2016

Le drone remplace le feu d'artifice

Nouvelle application du drone : remplacer les feux d'artifice.

De l'innovation et de ses résultats inattendus ? Va-t-on y perdre ? Va-t-on y gagner ? Et si l'on confondait une attaque d'OVNI avec un feu d'artifice ?... 

MondoBrain, le logiciel des frustrés

Le logiciel MondoBrain a une histoire comme les aime ce blog. Il existe parce que son auteur, Augustin Huret, a fait ce que l'on croyait impossible. 

Passage en force
C'est plus simple qu'Excel. Vous avez des données sur un phénomène, vous les mettez dans MondoBrain, et vous pouvez chercher ce qui le cause, intuitivement. Puis demander à MondoBrain de vous aider. (Causes de non qualité, que manger pour ne pas avoir d'asthme, que dire pour se faire élire...)

La résolution utilise la force brute. On appelle le type de problème qu'il traite "NP hard". Les temps de calcul nécessaires augmentent exponentiellement en fonction de la complexité du problème. (C'est le cas du problème dit du "voyageur de commerce" : trouver le chemin le plus court, qui relie n points.) Or, ici, il se trouve que la puissance de calcul qui est maintenant disponible sur le cloud est suffisante pour résoudre les questions les plus complexes en quelques minutes. 

Tout ceci est basé sur la géométrie algébrique d'Alexandre Grothendieck, généralement considéré comme le plus grand mathématicien du 20ème siècle. Le théorème sur lequel repose l'algorithme indique l'existence de solutions optimales sans hypothèse sous-jacente, et sans traitement préalable de données. Contrairement aux logiciels du marché. Autrement dit, vous n'avez rien à faire : vous mettez vos données dans le logiciel, et ça marche. "C'est bluffant" ont dit des data scientists qui assistaient à la démonstration qui m'a inspiré ce billet. 

Le logiciel des frustrés
Et c'est surtout ce qu'attendaient les frustrés. Vous êtes certain que l'on ne fait pas ce qu'il faut, mais personne ne vous écoute. MondoBrain démontre votre intuition. Il trouve les règles qui la justifient.  Vous pouvez les partager, et convaincre. Plus de frustration.

Exemple ? Élasticité prix
Un classique. Vos commerciaux vous disent qu'il faut vendre "moins cher". Vous pensez que c'est une mauvaise idée. D'ailleurs, vous constatez que vous perdez beaucoup d'argent. Mais comment les convaincre ?

MondoBrain trouve le discount optimal. L'amélioration de rentabilité est spectaculaire. Vous pouvez alors identifier dans votre base de données, les gens qui vendent cher et bien. Et donc leur demander comment ils font, pour que leurs collègues les imitent. C'est le Graal du conseil en management depuis Taylor : la recherche des "best practices", ce que l'on appelle aussi "benchmarking".

lundi 9 mai 2016

Bienfaits de la course à pieds

La course à pieds nettoie le cerveau. Plus curieusement, elle favoriserait la naissances de cellules neuves dans la zone réservée à la mémoire...
“If you are exercising so that you sweat — about 30 to 40 minutes — new brain cells are being born,(...) And it just happens to be in that memory area.” (Article.)
Le plus surprenant est que les grands scientifiques ont rarement été de grands sportifs. Et inversement.

La fin de la société de consommation ?

Je range la maison familiale. je découvre une caractéristique de ma mère. Elle adorait acheter certaines choses. Tableaux, meubles, tapis. A tel point qu'elle allait jusqu'à équiper mon appartement de ce dont je n'avais pas besoin. Tout ceci n'a plus aucune valeur.

N'était-ce pas une tendance de l'époque ? Et si l'on avait été programmés pour consommer ? Galbraith et ses contemporains ne disaient-ils pas quelque chose en ce sens ? Et si les nouvelles générations n'avaient plus envie de consommer ? Et si c'était le sens de l'économie du partage ? La machine est cassée ? Mais le fonctionnement de notre société continue à reposer sur elle...

(Sur la perte de valeur. Plus exactement, elle en a pour certains mais pas pour moi. Il existe une catégorie d'intermédiaires qui récupère tout ceci pour rien, et le vend pour pas grand chose, faisant son bénéfice sur le volume. C'est un aspect du marché que n'avaient pas vu mes enseignants de MBA. Dans une économie de marché, c'est l'intermédiaire, celui qui possède la place de marché (Airbnb ou Uber), qui pompe la valeur, comme, hier, les seigneurs qui rançonnaient les bateaux qui empruntaient le Rhin.)

dimanche 8 mai 2016

Yves Saint-Laurent et le changement de l'homme moderne

Avec Yves Saint-Laurent l'homme a changé. Après guerre, l'idéal masculin était Robert Mitchum ou John Wayne. A partir des années 60, il est devenu l'adolescent. Voilà ce que disait France Culture. 

Changement social. De l'homme comme mâle à l'homme comme enfant ? Avec tout que cela sous-entend ?

Brexit : bien ou mal pour l'Angleterre ?

Brexit : bien ou mal pour l'Angleterre ? Chacun a son opinion, sauf moi. 

C'est une question de changement. La seule certitude est que le Brexit va forcer l'Angleterre à changer. Et, dans le changement, tout est une question de forces en présence. Surtout, plus ça se passera mal, et plus cela sera un stimulant à l'innovation. Qui ne tue pas renforce. Le réveil de l'Angleterre éternelle, d'Elisabeth 1ère ?

L'Europe peut craindre le départ de la Grande Bretagne. Car, là, l'incitation à la remise en cause sera faible, la perte étant marginale. Et les forces de la conformité, qui enfoncent le continent dans le gris de la dépression, auront toujours moins d'opposition.

(Dans les dernières élections locales anglaises, UKIP a stagné. J'y vois un indice qu'il n'y aura pas Brexit. D'une manière générale, les gouvernants anglais me semblent avoir toujours obtenu ce qu'ils voulaient, et je ne crois pas qu'ils trouvent acceptable une sortie de l'Europe.)

samedi 7 mai 2016

Les bons côtés du cauchemar

Faire des cauchemars ne serait pas un mal, ou une maladie. Ce serait favorable à la créativité... 

“The evidence points towards the idea that, rather than interfering with normal activity, people who are unfortunate in having a lot of nightmares also have a dreaming life that is at least as creative, positive and vivid as it can be distressing and terrifying (...) this imaginative richness is unlikely to be confined to sleep, but also permeates waking thought and daydreams.”(Article.)

Trump for President

Trump peut-il être le prochain président américain ? Les sondages disent non. Mais qui croit encore aux sondages? Ce qui caractérise M.Trump, c'est de les faire mentir. 

Uphill battle
Il a tout de même de sérieux obstacles en face de lui. 
  • La démographie. S'il a un ennemi, c'est la démographie. Il défend le Blanc traditionnel, alors que celui-ci est devenu une minorité. 
  • La communication. S'il a réussi un exploit, c'est celui de s'être fait entendre sans budget de communication. Je pensais que c'était impossible. J'ai toujours été surpris par l'efficacité de la publicité aux USA. Elle change l'opinion de l'électeur américain. Avant pub, il est contre les OGM, après pub : il vote pour... Eh bien, cette fois, cela n'a pas marché. La stratégie de provocation de Trump (comme celle de M.Le Pen) lui a valu de s'installer dans les médias et de toucher le mécontent. Mais, encore une fois, ce type de message ne peut séduire la majorité des Américains. 
La présidence ? Une question de définition
Le nom du jeu, c'est "élites". Mme Clinton représente les élites, au sens français du terme. Des gens qui, même s'il sont très riches, comme les banquiers, doivent leur succès à leurs études. (Dans ce groupe se trouvent les libertaires du numérique. Ils doivent leur fortune aux banquiers qui les financent, et qui ont la même éducation et les mêmes valeurs qu'eux.) Leur fonds de commerce électoral, c'est l'opprimé, le marginal : femmes, homosexuels, artistes, Américains non blancs, immigrés... De l'autre, il y a l'Amérique traditionnelle (de Sarkozy !), celle qui se définit par le travail, dur, des gens "qui se sont faits eux-mêmes", même s'ils sont très riches. C'est la classe qui se dit "moyenne", parce qu'elle est entre celle qui pense être, de naissance, supérieure, et l'exploité.

La règle du jeu sera une question de définition implicite. La communication visera à faire s'identifier "le marginal" à la "classe moyenne", et inversement.

(PS. Difficile de prévoir. Comme un peu partout en Occident, les candidats se caractérisent par leur impopularité, plutôt que par leur popularité.)

vendredi 6 mai 2016

Paris : piéton malaimé

Pas de véhicule à moteur sur les Champs Elysées, entends-je dire. Il paraîtrait aussi que 60% des Parisiens n'auraient pas de voiture. Et je découvre qu'il existe une sorte de parti des piétons. 

J'ai l'impression qu'il est malaimé. Et que son problème n'est pas une question de Champs. Moi qui marche beaucoup, je ne cesse de zigzaguer. Crottes de chien (qui ont leur film), commerces qui s'étendent presque jusqu'à la rue, travaux qui s'arrogent tous les droits, voitures mal garées et cyclistes qui passent au feu rouge. 

La chaussée française est le terrain de rencontre de trois forces. La roue d'une part. Elle se divise en deux factions ennemies :  avec moteur (voiture, scooter, moto) et sans moteur (cycliste, roller...). De l'autre, le piéton, majorité sans voix manifestement méprisée par les élus.

Pourquoi mourir ?

Y a-t-il un mécanisme qui provoque la mort ? question que je me pose depuis longtemps. Le chercheur avec qui je me suis entretenu sur Alzheimer apporte une réponse : toxine. La vie crée des sous-produits qui l'asphyxient. 

C'est un phénomène qui a été décrit par la sociologie : la société consomme le principe qui est à l'origine de sa vie. Exemple type : « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons », aurait dit Lénine.

En fait, ce n'est pas aussi simple que cela. Ce mécanisme de destruction est, peut-être, créatif. L'organisme est obligé de se transformer pour survivre à la toxine. Cette toxine ne serait donc pas toxique, à proprement parler. L'origine de la mort est ailleurs ? Peut-être recevons-nous une énergie finie qui se dissipe à chaque changement ? Le fameux "élan vital", sorte de "big bang". Combat pour rien ? A moins que ce qu'il produit, soit transmis à notre écosystème ? L'homme, par exemple, fait avancer la société, et il lui communique les enseignements de son expérience. C'est la société, voire l'univers, qui prolonge la vie de l'homme ?

jeudi 5 mai 2016

Les origines du mal français ? (mondial ?)

Dans les années 80, Michel Crozier a écrit "Le mal américain". La société américaine était en crise. Michel Crozier expliquait qu'elle venait de se heurter aux limites d'un monde qu'elle croyait infini. En écoutant les gens avec qui je travaille, je me suis demandé si ce n'était ce qui nous arrive en ce moment. 

Un consultant en management me disait qu'à de rares exceptions près (GAFA, en gros), les entreprises étaient prises entre des contraintes contradictoires. Il me disait aussi que les techniques de management qui n'ont pas évolué depuis le lean des années 80, sont à bout de souffle. 

Mais, c'est là que je me suis demandé s'il n'y avait pas un problème plus large, un homme de communication a fait exactement la même analyse en ce qui concerne l'individu. Aujourd'hui, une grosse partie de la société aurait du mal à s'en sortir. D'où la tentation de récupérer un peu d'argent grâce à la location de son appartement (Airbnb) et autre partage de voiture. 

Serions-nous dans une société qui étouffe ? Faut-il, comme le disait Michel Crozier, apprendre à vivre dans un monde clos ?

SNCF : retardé, retardé, annulé

Après plus de trente ans, je reviens dans la banlieue de mon enfance. Ce qui me frappe ? La SNCF. Jadis il allait de soi que les trains arrivent à l'heure. Ce n'est plus le cas. "Retardé" indique le panneau d'affichage. Et même, aujourd'hui : "retardé, retardé, annulé". C'est comme si ce que l'on appelait "le progrès" reculait à pas de géant.
Cause ? Un ami me disait que la SNCF était aux prises avec des contraintes contradictoires. Je me suis demandé si ce n'est pas, en premier, la politique TGV dispendieuse, qui l'a mise sur la paille. Décidément nos hommes politiques feraient bien de balayer devant leur porte avant de penser à nous réformer ?

mercredi 4 mai 2016

Bérésina du droit du travail

Spectacle pitoyable ? La réforme du droit du travail semble avoir explosé à la figure du gouvernement. On a soupçonné que c'était une manœuvre tactique. Elle me semble surtout montrer que l'avenir est imprévisible, même par le plus grand stratège. 

Deux choses me frappent :
  • On disait que les gouvernements de gauche savaient faire passer des réformes de droite, puisqu'ils maîtrisaient les mouvements contestataires. (cf. Blair.) Ce n'est plus le cas. 
  • On refuse cette loi, d'après ce que j'entends, non parce qu'elle n'est pas dans l'intérêt général, mais parce qu'elle n'est "pas de gauche". Ce qui semble sous-entendre, que le bon fonctionnement d'une démocratie est l'affrontement entre des idéologies opposées, plutôt que la recherche d'un bien commun.

Débat sur l'autorité

Il y a quelques temps, j'ai découvert la question de "l'autorité". Et que cette question était vieille, Hannah Arendt en parlait déjà dans les années 60

Elle est étrange. Elle vient de 68. Les jeunes ont alors trouvé totalitaire "l'autorité" de leurs ainés. Or, ces ainés ont laissé faire ce qu'ils voulaient aux dits jeunes. Et ces jeunes, maintenant vieux, sont à tous les postes de domination. Il semble bien que ce qui manquait le plus à De Gaulle et cie, c'était de l'autorité !

Qu'est-ce que l'autorité ? C'est guider l'individu pour qu'il réussisse dans le monde. Voilà pourquoi nous sommes malheureux, sans doute. Faute d'avoir eu des parents intelligemment autoritaires, nous sommes perdus. Le mauvais narcissisme, est le symptôme du mal.

mardi 3 mai 2016

Gauche antisémite ?

Lundi matin, j'entendais parler d'un scandale qui secouait la gauche anglaise. On en accusait une partie d'antisémitisme. Cela venait de ce qu'un de ses membres avait dit, si j'ai bien compris, qu'il suffirait de rattacher Israël aux USA pour mettre un terme aux conflits du Moyen Orient. 

Il est curieux qu'une telle affirmation suscite une telle réaction. En effet, cela fait longtemps que j'entends de telles blagues sur cette question ("Pourquoi Israël n'est-il pas le cinquante et unième état américain ? Parce qu'il n'aurait que deux sénateurs, alors qu'il en a cent"), sans que personne ne s'en émeuve. D'ailleurs la gauche me semblait avoir pris fait et cause pour les Palestiniens, minorité opprimée, contre les Israéliens.  Personne ne le lui a reproché.

Cela me semble illustrer ce que disent les spécialistes de la com anglo-saxons (ce que l'on pourrait appeler le "théorème de Goebels") : regarder ce qui colle au mur : lancer des rumeurs pour voir celles qui rencontrent un écho. 

(La rumeur étant irrationnelle, elle prend, comme ici, par surprise l'esprit rationnel. Il est étonnant que l'on n'ait pas essayé de modéliser la société comme un instrument de musique, avec ses fréquences propres, incompréhensibles par la raison.)

Réforme du sac plastic

Nouvelle législation sur le sac plastic. J'entendais dire, hier matin, que cela allait causer la perte de trois mille emplois, mais que les écologistes estimaient que quatre mille autres seraient créés. 

Je doute de cette seconde affirmation. Pour une raison économique. Le nouveau sac plastic coûtera plus cher que l'ancien. Or, ce coût ne pouvant pas être répercuté sur le consommateur (le sac est généralement gratuit), il sera absorbé par le commerçant. Ce qu'il ne peut accepter. Particulièrement en ces temps d'obsession de réduction de coût. 

Cela illustre aussi comment fonctionne le changement dans notre société :
  • Il ne vient à l'esprit de personne que si la collectivité doit y gagner elle peut compenser ceux qui ont à y perdre. 
  • Le reportage parlait des entrepreneurs qui avaient parié sur un changement de loi. Eux vont s'enrichir. L'entrepreneur obéit à un mécanisme différent de celui des autres hommes. Il vit du risque. Perdre est intégré dans son modèle de fonctionnement. C'est peut-être aussi pourquoi l'Américain rêve de faire fortune par un "coup". Lorsqu'il devient gestionnaire, l'entrepreneur n'est plus un entrepreneur.

lundi 2 mai 2016

La dépression mal de notre temps

Dimanche matin j'entendais Frédéric Lenoir dire que la dépression était le mal de notre temps (France Culture). Raison ? Injonction au bonheur. Autrement dit, à être un légume. Or, le légume n'est pas heureux.

En y réfléchissant, j'ai pensé que nous nous trompions. La nature de l'homme, ou de quoi que ce soit, ne peut pas être la stabilité, la béatitude. Camus pourrait avoir raison, lorsqu'il pense que l'homme est naturellement "révolté". Il lutte contre une condition qu'il ne comprend pas (= absurde). Cependant, il ne se révolte pas pour tout casser (nihilisme : projet de la gauche 68), mais pour réaliser une vision collective, qui permette à l'homme de s'épanouir. "Je me révolte donc nous sommes." Et c'est dans cette lutte qu'il trouve sa raison d'être : "il faut imaginer Sisyphe heureux". 

Une fois que l'on a une motivation, Martin Seligman et ses travaux sur l'optimisme et la dépression surviennent. Devenir optimiste c'est comprendre la nature de la réalité de façon à pouvoir trouver le moyen de réaliser ses désirs. 

Vie et mathématiques

Deux théories s'affrontent. Math = réalité et Math = illusion, création d'un esprit qui perd le contact avec la réalité et crée une fantasmagorie. Derrière cela il y a la question de la raison, mère des mathématiques, et du progrès, emploi de plus en plus systématique et évolué de la raison.

Je suis entre les deux. Il me semble que les mathématiques et la raison captent la structure de la "réalité". Structure changeante de manière imprévisible. Structure qui fait que nous pouvons parler de "phénomène". C'est un guide, mais pas plus, mais c'est beaucoup. 

(Exemple type : l'arc en ciel. Les théories scientifiques semblent décrire le phénomène. Pourtant, plus on cherche à être précis, moins il semble compréhensible.)

dimanche 1 mai 2016

Pourquoi Tchernobyl n'a-t-il pas tué le nucléaire ?

J'ai entendu des bribes d'émissions sur la catastrophe de Tchernobyl. Drame humain effroyable. Les victimes ont vécu un calvaire inimaginable. Elles sont devenues des déchets radioactifs. Apparemment, seuls leurs yeux restaient humains. Et il y a eu des tombereaux de victimes. 700 villages auraient été enterrés ! Est on vraiment au courant ? Pourquoi cela n'a-t-il pas eu plus d'effet sur notre appétence pour le  nucléaire ? 

Comparaison avec le Tsunami d'il y a quelques années, qui a déclenché une avalanche de dons. Le fait que le problème est complexe à résoudre, doit bloquer la compassion. Nous préférons le risque d'une mort horrible à la certitude d'une augmentation de notre note d'électricité ?

Génération Y : génération perdue ?

Une étude de la génération Y aux USA donne des résultats incohérents. La génération Y est pour tout et son contraire.
Millennial politics is simple, really. Young people support big government, unless it costs any more money. They're for smaller government, unless budget cuts scratch a program they've heard of. They'd like Washington to fix everything, just so long as it doesn't run anything.
Comment expliquer ce curieux résultat ? Société d'individus que plus rien ne guide, qui n'a plus de conviction que son intérêt du moment ?