mercredi 31 décembre 2014

2014 : triste blog et heureux Français

On reproche à ce blog d'être négatif. Pourtant il ne fait que refléter ce que je lis
  • Les penseurs mondiaux, de gauche ou de droite, sont inquiets.
  • Mon étude du changement au cours des siècles me montre des mécanismes à l'oeuvre, depuis bien longtemps, et qui ne nous promettent rien de bon. A moins d'essayer de les faire mentir. Ce que nous ne tentons pas. 
Et encore, je suis bien moins sombre que le très respecté Dennis Meadows et ce blog dit bien peu comment le reste du monde voit la France, et à quelle sauce il veut manger ce que la plupart d'entre-nous, et peut-être même tous, considère comme étant nos "valeurs".  

D'où une question inattendue. Et si le Français était béatement heureux ? Et si sa réputation d'atrabilaire n'était qu'un masque ? Ce qui me remet en mémoire une expérience involontaire. Elle concernait un groupe d'étudiants. Il s'agissait de faire réussir leurs désirs. Eh bien, j'en suis arrivé à la conclusion qu'ils n'en avaient pas ! Heureux comme Dieu en France ? 

2015 : retour du populisme

La presse anglo-saxonne ne parle que du retour du populisme.

A qui la faute ? Qui a dit que l’Etat n’était pas la solution mais le problème ? Que l’Europe, c’était le mal ? (Tout en manipulant l’Europe pour qu’elle devienne un « grand marché » ouvert au maximum de pays.) Qui a dit que tout devait être gratuit (Internet), que même les insolvables devaient pouvoir emprunter… ? Bref, que le bonheur viendrait de l’élimination de toutes les contraintes, qu’il était « interdit d’interdire » et qu’il fallait « déréglementer » ? Que la destruction pouvait être créatrice ?

Et maintenant le peuple découvre qu’il est le dindon de la farce ? Il cherche des solutions à ses problèmes ? Mais des solutions du même type que celles qu’on lui a proposées : simples ?

mardi 30 décembre 2014

Robin des Bois n'est plus à la mode

Avez vous observé qu'il était devenu de bon ton de défendre le riche, et de condamner le pauvre ?

Faites une remarque concernant Google, Uber ou Goldman Sachs : on vole à leur secours. Ils sont inattaquables. Le débat vaut excommunication. Et le salaire des dirigeants ? Ils sont ridicules par rapport au chiffre d'affaires de leur entreprise, m'a-t-on dit il y a quelques jours ! Ils ne reflètent nullement une défaillance du marché. (En revanche, le salaire des employés, lui, compte et doit être réduit.)

Quant aux pauvres ? Modèle à suivre, me dit-on encore : les Allemands. Ils ont fourni des emplois à 400€ à leurs chômeurs ? Çà, c'est de la justice sociale.

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ? 

Syriza : ça passe ou ça casse ?

La crise grecque, c’est la politique du pire. Et on a le pire.

L’origine de la crise, c’est une dénonciation. Un parti politique en a accusé un autre de malversations. Ce qui a attiré sur le pays les foudres du marché. Récemment, le premier ministre grec a cru qu’il assurerait sa position en suscitant une crise. Et il a eu une crise. Elle va porter au pouvoir l’épouvantail Syriza. Or, entre-temps, on a fait tout ce que l’on a pu pour que l'élection de Syriza ne puisse que susciter le chaos.

Va-t-on poursuivre cette politique ? Nos gouvernants vont-ils trouver de nouvelles entourloupes pour préserver le statu quo ?  La crise grecque annoncée va-t-elle les forcer à chercher des alternatives à la politique qu’ils ont menée jusque-là ?

Publicis doit-il avoir peur d'être ubérisé ?

Maurice Lévy semble craindre l'ubérisation. Le "digital" va liquider l'entreprise traditionnelle.
“Everyone is starting to worry about being ubered,” Mr Lévy tells the Financial Times in an interview, referring to the car-hailing app that is trying to upend the traditional taxi industry. “It’s the idea that you suddenly wake up to find your legacy business gone . . . clients have never been so confused or concerned about their brands or their business model.” (FT)
J'ai été surpris qu'un homme de communication laisse transparaître sa peur.

Mais, c'est vrai, il faut craindre le numérique. Car, il détruit sans créer. Il a déplacé la pub des journaux vers Internet, où elle ne paraît pas efficace. (Exemple : un ami, pionnier du numérique, ne jure que par les journalistes pour faire connaître ses livres, qui parlent de numérique !)

Mais, ce qui a été détruit doit être recréé ailleurs. Exemple de la presse. Il me semble que sa force est de transformer ses journalistes en people. Pourquoi ne pas chercher à "créer de la valeur", en utilisant leur notoriété ?

Et s'il y avait une idée, ici, pour Publicis ? C'est parce qu'Internet détruit la communication traditionnelle que l'on a besoin d'experts en communication. Ils doivent inventer de nouvelles voies. Il faut, avant tout, expérimenter. Il faut un laboratoire. Il faut des gens créatifs. La raison d'être même d'une agence de pub ?

Penser comme réaction

Il est rare que je fasse juste du premier coup. Ce blog est une exception. Dès le début j'ai pensé que j'avais besoin d'un générateur d'événements qui me fassent réagir. 

Je me demande si je ne rejoins pas une théorie de John Dewey. La pensée est le résultat d'un déséquilibre. C'est parce que l'on essaie de refaire surface que l'on met en fonctionnement son cerveau. 

Ma première phrase ne contredit-elle pas ma théorie ? Était-je en état de déséquilibre quand j'ai eu cette idée ? Peut-être : je venais de créer un blog, et il fallait que je l'alimente. Cependant, je me demande si penser ce n'est pas, parfois, créer des déséquilibres pour se forcer à penser... La liberté de l'homme, c'est créer des contraintes qui le forcent à faire ce qu'il juge bien

lundi 29 décembre 2014

La crise de la valeur

Plus rien ne semble avoir de valeur. Nous sommes incapables de reconnaître la richesse d'une personne. Voilà une constatation que je fais de plus en plus.

On me cite deux manifestations-types de ce phénomène en entreprise : le marketing et les achats. 
  • Le marketing c'est le "cancrelat" : il s'empare de toute nouvelle idée, essaie d'en tirer de l'argent en promettant ce qu'il ne peut pas tenir. Il la détruit donc. 
  • Les achats, c'est l'individu comme coût. Non seulement, il n'a pas de valeur, mais c'est un parasite.
Cela me fait penser à la théorie, très fameuse aux USA, qui affirme que votre valeur est ce que vous gagnez, avant prélèvement d'impôts. Curieusement, elle semble modéliser parfaitement ce qui arrive. En effet, pour elle, la vie est une lutte pour accaparer l'argent des autres. Tout homme est donc bien un coût puisque, s'il n'était pas là, je pourrais mettre la main sur son argent. Son utilité n'est pas perçue. Dans ces conditions la bataille de la valeur est une guerre de position. Il y a celui qui est en position de force, par exemple fonctionnaire, CDI..., et les autres. D'où aussi un comportement déflationniste, puisque chacun est poussé à accumuler, donc à priver l'économie de monnaie. 

Et si une solution à ce cercle vicieux était de créer, en marge des gens de fausse valeur, un écosystème de personnes de vraie valeur ? Une variante de l'Arche de Noé ?

Programme 2015 : qu'est-ce que la valeur ? Comment la reconnaître chez les autres et chez soi ? 

Voir ce qui nous unit

C’est curieux à quel point je suis à l’aise dès que j’entre dans le monde anglo-saxon. D’un seul coup, je suis compris. (Ce qui s'explique parce que nous avons en commun les sciences du management, enseignées là et refusées chez nous.) Et pourtant, des Français qui passeraient pour des pitres aux USA me reprochent de ne pas être assez favorable au modèle américain. Et pourtant, je ne pars pas.

Car je crois que j’ai beaucoup plus en commun avec les Français et les Européens, qu’avec les Anglo-saxons. Je pense que je ressemble à ces intellos européens qui ont dû quitter l’Europe avant guerre. Et qui se sont trouvés privés de leurs racines, de leur culture... une fois aux USA.

Le problème actuel de l’Europe est que chacun voit ce qui le sépare de ses frères et pas ce qui les unis. Et qu’il croit que l’herbe est plus verte ailleurs. Problème inhérent à toute famille ? Ou existerait-il un phénomène, provoqué volontairement ou non, qui provoque la zizanie au sein des familles ? 

dimanche 28 décembre 2014

2015, année crises

Mêmes causes, mêmes effets ? 2015 paraît une répétition de la fin des années 90. Alors, vague de crises ? France : « La loi Macron montre les limites de ce qui peut être fait, même avec la meilleure volonté de réforme, si l’espace politique n’a pas été créé auparavant ». En Allemagne, la xénophobie est de plus en plus puissante. Mais elle est encore policée. Postes à la Commission européenne : l’Allemagne et l’Est prennent du poids. Les Anglais en perdent : leurs diplômés sont attirés par les USA et l’Asie. Le Japon va mal, mais la chance pourrait sourire à M.Abe, qui vient de gagner des éléctions. Le Danemark, le Canada et la Russie affirment qu’ils ont des droits sur l’ArctiqueLe Rouble s’effondre. La Russie pourrait passer des moments difficiles. En effet, elle est massivement endettée en dollars. Et l’inflation commence à galoper. Certaines de ses banques pourraient connaître la faillite.

Bulle spéculative chez les valeurs technologiques. Les monstres du domaine jettent l'argent par les fenêtres (« Ensemble, Apple, Amazon, Facebook, Google et Twitter ont investi 66md$ dans les derniers 12 mois »). Et, sauf Apple, rapportent relativement peu. Les fonds d’investissement ont peut-être, aussi, été pris de folie. « Il y a 48 entreprises américaines d’une valeur de plus d’un md$ financées par le capital risque contre huit au pic de la bulle Internet. » Mais l’éclatement de la bulle ne devrait rien avoir de systémique. Mouvement d’ensemble des opérateurs de télécom européens. « Convergence » entre fixe et mobile, et retour vers le marché européen, voire domestique. « Ces entreprises se débarrassent de leurs activités les moins importantes, remboursent leurs dettes et se concentrent sur les marchés les plus rentables. » Comme Google, Baidu innove, et investit dans des innovateurs. En particulier dans Uber. Ce qui semble signifier que le PC chinois, contrairement à beaucoup de pays occidentaux, est favorable à la déréglementation des taxis.

Résilience. On disait que M.Murdoch ne survivrait pas au scandale qui a secoué son groupe. Au contraire. Cela l’a forcé à prendre des décisions judicieuses et ses héritiers ont appris leur métier dans la tourmente. Ce qui n’a été possible que parce qu’ils ne pouvaient pas être virés… (De l’avantage des entreprises familiales ?)

D’après un auteur influent (de plus), les gouvernements européens gèrent la crise en dépit du bon sens. Les Etats auraient dû dépenser. « Faire essentiellement des réformes structurelles dans une récession « de bilan » est l’équivalent de traiter un patient pour son diabète alors qu’il a aussi une pneumonie : les réformes peuvent mettre trop de temps à agir. »

Faut-il remplacer le PIB, comme mesure de bonheur humain ? Peut-être par la « capacité », ce à quoi les gens apportent de la valeur (par exemple de bien manger). Mais c’est difficile à mesurer.

Y a-t-il de la vie sur Mars ? Si oui, elle devrait émettre du méthane. On essaie de savoir si les niveaux de méthane mesurés sont révélateurs de quoi que ce soit. En vain, pour l’instant. Les véhicules électriques sont généralement moins écologiques que les véhicules à essence. Sauf lorsque leur énergie vient du nucléaire ou est « propre ».

L’action du pape est la conséquence des ses humbles origines. Elle reflète « l’expérience des gens ordinaires mais défie les classifications laïques telles que libéral ou socialiste ». Il pense que « aucun problème n’affectant l’humanité ne peut trouver une solution sans considérer ses conséquences pratiques pour les gens ordinaires et sans identifier la volonté de Dieu. »

samedi 27 décembre 2014

Prévisions du gouvernement : 2015, le redressement

Suite de ma série sur notre avenir en 2015...

Si j'en crois ce que disait France Culture, hier, notre gouvernement prévoit un 2015 faste. Alors que les conjoncturistes semblent penser que les conditions d'une crise sont réunies.

Comment expliquer ce paradoxe ? Ses prévisions sont une rationalisation de ce qui caractérise sa politique : l'attentisme ? Autre idée ?

Google jette l'argent par les fenêtres

Le modèle économique de Google, Amazon, Facebook, Twitter et les autres n'est pas sain, dit The Economist. Ils dépensent des sommes colossales (66md$ en un an, pour les principaux - en particulier en frais somptuaires). Et le retour sur investissement est désastreux. On ne peut pas défier éternellement les règles de bonne gestion de l'entreprise. Cela va mal se terminer. 

Quant au capital risque américain, qui est derrière 48 entreprises dont la valorisation dépasse le milliard, il a aussi du souci à se faire. 

Merkel : Arbeit macht frei ?

J’en reviens à la biographie de Mme Merkel lue dans le New Yorker. Et si, une fois de plus, j’avais tort ? 

J’ai interprété la ligne directrice de Mme Merkel comme étant « cultivons notre jardin ». Et si c’était plutôt « Arbeit macht frei ». Autrement dit, travaillez dur et ne vous posez pas de questions. Le mal du monde, c’est vouloir penser. 

Ce qui pourrait expliquer l’inquiétude de l’auteur de la biographie. 

(Rappel. Vouloir penser est l'idéal des Lumières et la fondation, au moins théorique, de notre société. Sapere aude, ose penser, dit Kant. Mauvais Allemand ?)

vendredi 26 décembre 2014

2015 : prévisions de The Economist

Un thème pour ce blog en fin d'année pourrait être la collecte de prévisions. Après celles de Bertrand Chokrane, voici celles de The Economist. Les deux ne sont pas d'accord sur tout (en particulier, la Grèce, l'Allemagne et la Russie), mais, au moins, sur le fait que 2015 devrait vraiment très mal se passer. Comme d'habitude The Economist a trouvé une raison imparable : notre situation actuelle ressemble de manière surprenante à celle de la fin des années 90. Cela nous prépare une crise. 
A FINANCIAL crash in Russia; falling oil prices and a strong dollar; a new gold rush in Silicon Valley and a resurgent American economy; weakness in Germany and Japan; tumbling currencies in emerging markets from Brazil to Indonesia; an embattled Democrat in the White House. Is that a forecast of the world in 2015 or a portrait of the late 1990s?
Et l'article se termine ainsi :
The economics of 2015 may look similar to the late 1990s, but the politics will probably be rather worse.
Bonne année !  

Le marché contre les grandes écoles ?

Pierre Veltz fait remarquer que les grandes écoles d'ingénieurs absorbent notre élite scientifique. Or, lorsque j'écoute Catherine Martin (billet précédent), je ne peux que constater que tout ce monde fait l'objet d'un grand massacre : une partie est éjectée vers 45 ans et ne fera plus que de petits boulots précaires. D'ailleurs, si l'on regarde bien les catégories de personnels qui ont le plus de chances de survivre, ce sont les commerciaux, pas les ingénieurs !

Si quelqu'un vous dit que le marché fait une allocation optimale de la valeur, vous pouvez être sûr qu'il veut défendre ses avantages acquis.

(Cela me rappelle ce que disait un professeur d'école d'ingénieurs dans les années 80 : il nous manque 10.000 ingénieurs... Était-ce pour les mettre au chômage ?)

jeudi 25 décembre 2014

Quelles solutions pour le cadre qui quitte la grande entreprise ?

Un entretien avec Catherine Martin, dirigeante de Créinvestisseurs.

Qu’est-ce que recouvre le concept de créinvestisseur® ?
Un Créinvestisseur est un investisseur créateur de valeur, autrement dit un investisseur qui apporte de l’argent et qui s’investit au sein de l’entreprise. C’est la convergence entre finance et RH, actionnariat et salariat.
C’est passer du salariat de la grande entreprise à l’actionnariat combiné au salariat de la PME ou TPE. Entreprises de 0 à 50m€ de chiffre d’affaires. Et c’est le faire à trois moments clés dans la vie de l’entreprise :
  1. Mise sur le marché du produit (0 à 300k€ de CA) : besoin d’un développeur commercial. 
  2. Changement de dimension ou de nature, par exemple développement international, ou modification de la gouvernance de l’entreprise qui demande un dirigeant professionnel (au-delà de 1 m€ de CA).
  3. Transmission de l’entreprise, l’entreprise n’ayant pas trouvé de solution interne. Aujourd’hui la greffe échoue dans deux tiers des cas. C’est essentiellement un problème de comportement. Le créinvestissement ménage une période de transition durant laquelle le cadre extérieur va prendre, en quelque sorte, le statut d’héritier du fondateur. 
Y a-t-il beaucoup de cadres qui quittent la grande entreprise ? Pourquoi ? Quelles sont les options qui leur sont ouvertes ?
L’entreprise est conçue pour recruter en permanence des diplômés de grandes écoles, mais n’est conçue que pour offrir une carrière à long terme à un petit nombre d’entre-eux. Une partie va donc être remise sur le marché. Plusieurs solutions s’offrent à eux :
  • Retrouver une place dans une grande entreprise. Cela devient difficile lorsque l’on dépasse 45 ans.
  • Devenir consultant, formateur, manager de transition, coach ou autre. L’offre dépassant nettement la demande, les prix son cassés, la situation est précaire.
  • Créer une entreprise. Il y a beaucoup d’échecs. Contrairement à ce que beaucoup de créateurs croient, il n’est pas suffisant d’avoir une idée pour qu’elle soit commercialisable.
  • Reprendre une entreprise. Il y a 5000 reprises d’entreprises de plus de 5 personnes chaque année. La demande dépasse l’offre. Ce qui fait monter les prix au-delà de la capacité de remboursement de la structure. D’où faillite. Une autre cause d’échec est le manque de préparation du cadre.
A qui s’adresse le créinvestissement. Comment un cadre peut-il savoir s’il est fait pour être créinvestisseur ?
80% des créinvestisseurs sont des business developers avec prime à l’international. Puis viennent les directeurs généraux et enfin les DAF.
Il y a deux raisons principales pour lesquelles une personne ne fait pas l’affaire : l’égo et la peur.
L’égo, c’est surestimer sa valeur. C’est être arrogant, notamment vis-à-vis du dirigeant. La peur, c’est ne pas savoir prendre des risques. Il faut se lancer sans avoir résolu toutes ses questions. La combinaison des deux bloque l’écoute des attentes et des freins du dirigeant.

Si c’est le cas. Que doit-il faire ? Quelles sont les erreurs à éviter : commises en phase de recherche, durant les premiers temps de l’arrivée dans l’entreprise… ?
Beaucoup de cadres investissement beaucoup de temps dans des dossiers qui ne sont pas en vente. En effet, il est très fréquent qu’un dirigeant fasse un tour du marché pour voir ce qu’on lui propose, mais sans être décidé à céder.
La seconde erreur, une fois l’affaire conclue, c’est de vouloir tout révolutionner en arrivant. Le gros problème du cadre d’entreprise, c’est qu’il a une expérience très riche et diversifiée et qu’il croit tout savoir. Mais la PME ne demande pas la même palette de compétences. Il doit tout réapprendre. La réalité derrière les mêmes mots est différente.

Le créinvestissement, c’est de la chasse de têtes. Pourquoi les chasseurs de têtes ne savent-ils pas en faire ?
Le créinvestissement est une nouvelle solution à un besoin nouveau qui intègre une dimension d’ingénierie financière. La démarche n’est pas d’aspirer des ressources d’une entreprise pour les placer dans une autre mais de prendre en charge les ressources peu occupées ou disponibles, de les préparer à changer d’écosystème et de les accompagner dans leur migration.
Il s’agit d’un autre métier qui complète ou se substitue à l’outplacement et ne concerne encore qu’une minorité de cadres. 

Prévisions pour 2015

Prévisions d'un prévisionniste, Bertrand Chokrane. Article qui s'intitule bizarrement "le lac des cygnes noirs". Bizarrement, parce que la théorie du cygne noire semble dire que l'avenir est imprévisible. Qu'est-il prévu (notamment) ?
  • Que la baisse du pétrole n'est que passagère, parce qu'effet d'un jeu du marché financier. 
  • Que la Grèce va sortir de la zone euro
  • Que l'Allemagne serait plus fragile qu'on ne le penserait, et peut-être à l'origine d'une crise massive, ses ménages étant endettés. 
À force de privilégier le travail mal rémunéré, les dettes hypothécaires allemandes donnent des signes de toxicité, notamment la Deutsche Bank, qui possède 60 % de cette dette, est très fragile. Les Allemands sont propriétaires de leur logement, mais ils le sont à crédit. Du fait du ralentissement économique, les banques allemandes, déjà fragilisées par les actifs toxiques qui se trouvent dans leur bilan, pourraient poser un grave problème, étant donné les difficultés de remboursement de nombre de ménages. La Deutsche Bank est une banque systémique et on peut imaginer que le scénario de 2008 se reproduise, mais en pire.
  • Peut-être un peu contradictoirement il est aussi dit que l'Allemagne demeure solide. 
  • La France tient l'Europe en otage. 
  • L'embellie américaine est sans lendemain. 
  • Conclusion :
Pour conclure, le pire est devant nous. Mais le pire n'est jamais décevant, dans la mesure où il nous oblige à inventer, à être intelligents, dans notre façon de réguler l'économie. Il est clair que le personnel politique n'a plus beaucoup de prise sur des mécanismes économiques et financiers qui dépassent les territoires qu'il gère. Il est désormais acté que les États-Unis perdent définitivement leur suprématie géopolitique et économique, tout espoir de reprise économique et de réindustrialisation étant un leurre. L'avenir est désormais à l'Est.
à suivre...

mercredi 24 décembre 2014

Charlot : l’homme libre ?

Carnet nomade de France Culture parlait de Charlot. Quel souvenir en gardé-je ? L’individu contre le système ? Il n’est rien et pourtant il fait ce qu’il veut ? L’idéal de la liberté ? 

Changement : le mot qui rend fou !

Aussi étrange que cela puisse paraître j’ai fini par comprendre que le principal problème avec « changement » est sa définition. J’ai eu beau faire appel aux scientifiques, le regard de mes audiences est toujours aussi vide lorsque je tente de leur expliquer ce que j’ai lu. Voici une nouvelle tentative.

Le « changement » est tout ce qui produit des conséquences inattendues lorsque l’on veut modifier « quelque-chose ». Ce comportement étrange est la marque même de la vie, et, en particulier de l’humain.

Ce qui n’est pas un changement ? Déplacer un stylo d'un endroit à un autre. Ou, la machine : avec elle, pas de surprise.

Un exemple de changement ? La loi des 35h. Vous passez de 39 à 35h, vous éliminez 10% de temps travaillé. Comme il y a 10% de chômeurs, la loi doit supprimer le chômage. Or, non seulement elle ne le fait pas, mais le simple fait de mentionner son nom rend certaines personnes hystériques ! Voilà la marque du vrai changement : c’est une plongée dans l’irrationnel. Et l’irrationnel est le propre de l’homme et du groupe humain.

Un autre exemple ? Changement ! Parlez changement et aussitôt, c'est une explosion d'émotions. Les uns sont pour, les autres contre. Aucun ne sait de quoi il s'agit ! Voilà la marque du changement !

mardi 23 décembre 2014

Google est génial

Un spécialiste de big data me dit que Google offre des services "boîte noire". Un éminent chercheur en mathématiques m'explique que les équipes de Google lui ont expliqué qu'il leur faudrait quelques mois pour faire mieux que l'oeuvre de sa vie. 

Moi, ce qui m'épate, c'est de regarder les statistiques que me donne Google pour ce blog. Un exemple :

Google me dit que ce blog a été créé en juin 2010. Alors qu'il a été créé en 2008 ! (Il y a peu de temps ce même graphique me disait que la date de création remontait à 2006... Il n'y a que les imbéciles qui ne changement pas d'avis.)

Autre exemple, extrait des statistiques toutes périodes :
Voici maintenant ce que donnent les statistiques individuelles :

Comment expliquer de telles stupidités ? Les gens de Google me répondront certainement que je ne peux pas comprendre leur génie. je ne suis qu'une brêle, tout juste bonne pour les poubelles de l'histoire. 

Pourquoi prenons-nous des décisions idiotes ?

Une tactique pour gagner un appel d'offres : proposez à votre client ce qui est le plus nocif pour lui. 

Idiot ? Une entreprise va mal pour des raisons systémiques : son organisation du travail est construite sur un principe nocif (par exemple, c'est une bureaucratie). Or, c'est le comportement des acteurs qui produit ce résultat. En conséquence de quoi, ils vont rejeter tout ce qui va les sauver, en faveur de ce qui renforce le statu quo. (A moins que cela n'apparaisse sous un camouflage nocif.) 

N'est-ce pas sur cette idée qu'est construit le modèle économique de la plupart des multinationales ? Vous voulez manger gras, manger sucré, des maisons pas chères, oublier vos soucis... consommez nos produits ! 

Et voilà ce qui décontenance bien des vendeurs : pourquoi les gens n'achètent-ils pas ce qui est bon pour eux ? Et pourquoi haïssent-ils celui qui veut faire leur bien ? Et voilà, peut-être, pourquoi celui qui se noie étrangle celui qui vient à son secours... 

Theprocessionofthetrojanhorseintroybygiovannidomenicotiepolo.jpg


lundi 22 décembre 2014

Internet disrupte la démocratie

La loi d'Internet, c'est la notoriété. C'est le like et le tweet. Ils font l'opinion et les fortunes. Eh oui, Internet, c'est la "disruption" de la démocratie et de la politique ! Et si demain, les bureaux de vote ne comptaient que pour du vent ? A quoi ressemblerait la politique ? On le voit dès aujourd'hui :

Ses leaders d'opinion sont ceux qui influencent les algorithmes de Google. Et leur cause ? C'est leur business Internet. Or, ce business est peut-être bien le Cheval de Troie de valeurs qui ne nous conviennent pas (cf. ma conversation avec Hervé Kabla ici). On achète donc des voix, comme, peut-être jamais on n'a pu le faire jusque-là !

Pour autant, et c'est peut-être plus terrible, cela ne dégage pas notre responsabilité. Ne pas dire que vous "aimez" quelque chose, c'est ne pas lui permettre d'être connu. C'est voter contre lui. Et il serait particulièrement grave de le faire parce que vous pensez que ce serait compromettant de donner votre avis, que le NSA pourrait vous en vouloir... Seconde caractéristique de cette démocratie disruptée : l'intimidation par la terreur ? 

(Dans ces conditions, faut-il se réjouir de la "numérisation" des médias ?
Précision : je n'ai rien contre la numérisation en tant que telle. On peut se "numériser", sans avaler l'idéologie sous-jacente.)

Big data et les cancrelats

Suite de mon enquête sur Big Data. Après avoir parlé de l’affrontement Google Oracle, c'est au tour du vrai Big Data. Le traitement de masses de données, et la recherche en maths. A ma gauche, peut-être un des meilleurs matheux mondiaux, à ma droite, la force tranquille d’un monstre industriel discret qui fournit le matériel derrière quelques-unes des réalisations les plus impressionnantes du domaine.

Découragement pour commencer. Le matheux : quand un lion tue une gazelle, l’hyène arrive puis le chacal. Et les cancrelats ? Ils sont là avant tout le monde. Idem pour Big Data. Le sujet a été pourri par les incompétents. Des brasseurs de mots et des vendeurs d’illusions. Data mining, Big Data, Smart Data… En fait, il y a effectivement des « avancées » dans le traitement de données. Mais pas une révolution.

Volume, Velocity, Variety, Value
« Volume, Velocity, Variety, Value » Voilà ce qu'il faut considérer avant de se lancer dans Big Data.
Si je comprends bien, cela signifie que ce que l’on sait faire maintenant, et que l’on savait moins bien faire avant, c’est traiter d’énormes volumes de données – donnée exhaustive, pas échantillon -, de natures multiples et nouvelles, et surtout des flux « temps réel » (pas de la donnée statique, comme jadis). Employer l’attirail du Big Data n’est justifié que si l’on cherche du décisif (Value). « Il faut vouloir optimiser quelque-chose, ouvrir de nouveaux horizons… » 
Bref, avez-vous un besoin urgent de transformer massivement vos affaires ? Les assureurs seraient dans ce cas. Car Google veut leur faire la peau. Il pense qu’avec ses algorithmes et ses données il sera vite capable de proposer des assurances bien meilleures que les leurs.
Ce sont surtout les usages qui changent. Au lieu d’analyser des données passées, on est dans l’aide à la décision et la prospective.
Et, comme souvent, les innovateurs ne seraient pas où on le croit. L’industrie serait pionnière, avec la maintenance des machines, la recherche d’économie d’énergie, l’optimisation de processus de fabrication complexes... (Mon intuition était juste !) Le secteur financier est peu avancé.

« Donnez-moi des idées »
Pour commencer, donc, il faut trouver une idée qui casse la baraque. « On apprend des autres. » Aujourd’hui, les entreprises cherchent l’inspiration chez les autres. D'ailleurs, vu l'investissement que représente un projet Big Data, il faut un sacré argumentaire pour le justifier. Seconde raison de trouver une idée impressionnante. 

Le problème est humain !
Mais le problème n’est pas technique. Il est humain ! C’est de la conduite du changement. C’est quand on est parvenu à formuler un problème Big Data que les difficultés commencent. En effet il y a « rupture totale ». Un projet Big Data demande de recréer une organisation au sein de l’entreprise, d’inventer des algorithmes et donc de disposer de chercheurs du meilleur niveau mondial, et de faire collaborer des gens « en silo ». Sans compter que l’entreprise n’a pas généralement les compétences pour faire le pont entre une vision stratégique des affaires et la compréhension des outils utilisés par le Biga Data (le fameux « data scientist », qui est plus une sorte d’humaniste de la Renaissance qu’un autiste ascendant Silicon Valley). Et quand Big Data a produit l'idée qui tue, il faut faire bouger l'entreprise et son écosystème pour la mettre en oeuvre...

dimanche 21 décembre 2014

The Economist est en vacances

Comme chaque année, The Economist publie un numéro double pour Noël. De peu d'intérêt. Contrairement à ce qu'il fait en été, il n'a pas recours aux stagiaires en hiver. Mais le résultat est à peu près aussi affligeant. 

Perfide Albion ? The Economist ne rêve que de déréglementation, de retraite à 95 ans, de disparition du droit du travail et de l'Etat providence, alors que lui vit une vie bien douce et bien protégée de fonctionnaire pantouflard. Au fond, il n'a rien contre une vie de civilisé, mais, à condition qu'elle soit réservée à ceux qui la méritent ? 

(Ma chronique hebdomadaire du dit numéro paraîtra la semaine prochaine.)

Le cannabis du Parti Socialiste

Samedi, j’entendais dire que Terra Nova « un think tank proche du Parti Socialiste » conseillait au gouvernement de légaliser le cannabis, ce qui rapporterait « 1,8md€ » à l’Etat chaque année. Argument imparable. Surtout venant de socialistes.

J’ai une hypothèse, mal pensante, concernant les raisons de ce genre de proposition. De même  que les libéraux veulent déréglementer les taxis parce qu’ils ne veulent pas voyager en transports « en commun », le « socialiste » veut fumer ses joints en toute impunité. Idiot ? 

Cause de la crise : panne de sens ?

J’ai cité Camus, et je reviens à ses idées. On y trouve peut-être un explication de la crise actuelle. L’humanité déprime parce qu’il n’y a pas de sens à sa vie.

L’oligarchie qui a émergé de la crise tente de lui en fournir un en lui expliquant que ce sont des lois de la nature qui veulent que le monde soit tel qu’il est. Mais cela ne convainc personne, car ce discours se contredit lui-même. Il y a un vide.

Et un vice majeur, si l’on en croit Camus : c’est de la solidarité humaine que naît la motivation de l’homme. Or, on nous parle d’un individualisme d’électrons libres. Le libéralisme (dans son sens actuel) n'est pas la solution, il est le problème ?

Dans ces conditions, la crise ne pourra être résolue que le jour où l’humanité trouvera une cause commune ?

samedi 20 décembre 2014

La Grèce à nouveau au bord du précipice

Comment se fait-il que la Grèce soit de nouveau au bord de l'explosion ? Intéressant article de Jean Quatremer

Si je comprends bien la Grèce est prise entre le marché et le politicien. D'un côté un premier ministre joue avec le feu, en ayant cru un peu trop vite être sauvé et pouvoir en revenir aux bonnes vieilles combines, de l'autre les idéologues de la libéralisation à outrance du FMI, que la Grèce ne peut plus supporter. Comme souvent l'un et l'autre auraient parti lié : le dit premier ministre aurait joué la politique du pire pour créer une panique boursière telle que son remplacement par Syriza ne pourrait que plonger la Grèce et la zone euro dans le chaos. 

A-t-on intérêt à alléger la société ?

J'en arrive à penser que l'on est tous en surpoids. Mais, si l'on s'allège, ne va-t-on pas accélérer la dépression dans laquelle on s'enfonce ? 

Pas forcément. Il est possible que la surcharge fasse que l'on n'arrive plus à bouger. Si l'on s'allège, on aura (les entreprises en particulier) envie d'agir, et l'activité mondiale pourrait, au contraire, redémarrer. 

En particulier, le marché, qui n'est qu'échanges, et pas concurrence.

Alors, tant pis pour les limites à la croissance ? Pas forcément non plus. Peut-être que notre croissance par surcharge pondérale n'était pas bonne, et que l'on va retrouver une croissance plus durable. 

Tout ceci est bien mystérieux ? 

vendredi 19 décembre 2014

Et si nous devenions "lean", qu'aurions-nous à y gagner ?

La production lean (un terme inventé par John Krafcik, un chercheur de l'IMVP) est "maigre" parce qu'elle utilise moins de tout en comparaison avec la production de masse. la moitié de l'effort humain dans l'usine, la moitié de la surface de fabrication, la moitié de l'investissement dans l'outillage, la moitié des heures d'ingénierie pour développer un nouveau produit, en moitié moins de temps. Aussi, elle demande de conserver bien moins que la moitié des stocks sur site, elle résulte en bien moins de défauts et elle produit une bien plus grande, et toujours croissante, variété de produits. (WOMACK James P., JONES Daniel T., ROOS Daniel, The Machine That Changed the World, Scribner Book Company, 1995.)
Dans un travail fait avec le professeur Schmitt, je fais le parallèle entre notre époque et celle qui a vu l'arrivée du "lean". Nos entreprises sont de nouveau des bureaucraties, ce sont des structures de flicage. Et si on les allégeait ? Quels bénéfices en attendre ? La phrase précédente en donnerait-elle un ordre de grandeur ?

Au fait, par où commencer pour devenir "lean" ?  
Un objectif clé de la production lean est de pousser la responsabilité très bas dans l'échelle des responsabilités. Responsabilité signifie la responsabilité de contrôler son travail.

La solution à la crise : cure massive d'amaigrissement ?

Et si la solution à la crise était l'amaigrissement, massif, radical ? J'arrive à cette conclusion par tant de voies différentes que je commence à m'interroger :
  • Etude faite avec le Professeur Schmitt : nos entreprises sont devenues des bureaucraties "top heavy" il faut liquider les couches élevées, en revenir au "lean", responsabilisation et codéveloppement.
  • Big Data, idem : Oracle et son écosystème ont saturé l'entreprise de matériels et de logiciels camisoles de force, la démocratisation et la flexibilisation de Google and co permettent d'alléger radicalement tout ceci. 
  • Mon étude de l'Etat m'amène progressivement à quelque chose de similaire. Le déficit du pays viendrait peut-être bien de ce que nos politiciens ont vidé nos poches, et dissipé nos capacités nationales d'investissement pour nous accorder des subventions qui ont eu l'effet, spéculatif, inverse de celui qui était prévu. 
  • Augustin de Romanet, avec son Etat stratège, me semble, lui aussi, parler d'un Etat lean. 

jeudi 18 décembre 2014

Arbres de connaissances : révélateurs de compétences

Les arbres de connaissances : la solution (systémique) à nos problèmes nationaux ? Un concept d'une élégance et d'une puissance fascinantes. Un entretien avec Anthony Frémaux, fondateur de l'éditeur Ligamen.



Les arbres de connaissances sont une manière simple de représenter les compétences d'une entreprise. Et cela a des conséquences inattendues. 

En effet, le handicap de l'entreprise, c'est la "méfiance". Ses membres pensent qu'elle n'a pas de stratégie, qu'ils sont incompétents (ou, probablement, qu'ils sont substituables) et surtout qu'ils sont concurrents les uns avec les autres. (C'est ce que dit Anthony Frémaux, mais je pense que peu de gens le contrediront.)

Le logiciel montre tout le contraire : compétences ignorées et complémentarité, et ces compétences complémentaires forment une compétence collective unique, dont découle "évidemment" une stratégie. 

(Bien entendu, la vidéo dit beaucoup plus que cela, mais l'idée que je viens d'écrire me parait majeure.)

Le mal français

Les lois Macron ne révèlent-elles pas le mal du pays ? Elles sont libérales, et cela choque beaucoup de gens. Mais qu'ont-ils à proposer de mieux ? Rien. Notre pays ne sait plus que dire non ? Incapable de changer pour ne pas changer ?

Qu'est-ce que cela demanderait ? Pour commencer, être capable de regarder en face le vide. Personne n'a de solution satisfaisante à la situation actuelle. Si l'on veut en trouver une, il faut la chercher. Ce qui demande de sortir du confort de l'irresponsabilité. Nous sommes coupables de ne pas être responsables. 

mercredi 17 décembre 2014

Auto punition, rationalité et liberté

Si vous n'avez pas la force d'esprit de tenir une bonne résolution, il est efficace de s'auto-infliger une pénalité en cas de défaillance... Décidément, les théories qui affirment la rationalité humaine (et qui sont la justification scientifique des politiques actuelles) ne sont que balivernes. 

Mon interprétation. Nous sommes construits par la société. Elle nous impose ce qui est bon pour nous. Etre libre demande donc un apprentissage. En particulier, il faut tenir compte des usages sociaux que nous avons acquis, et les compenser.

(C'est probablement ce que n'avaient pas compris les révolutionnaires. Ils ont cru que l'homme libéré se comporterait spontanément de manière rationnelle. Loupé.)

Etes-vous un has been ?

Un ami me dit que je tends à m'entourer de "has been". Moment de révélation, je vois une erreur qui me coûte cher :

Le has been me séduit du fait de son expérience, des exploits qu'il raconte. Mais il a perdu le contact avec la réalité, il n'a pas entretenu ses talents. Et, surtout, il n'a plus l'envie de se battre. Ce que je n'ai pas compris. Si bien que je fais des pieds et des mains pour promouvoir le has been. Et lorsque j'ai réussi, il me claque dans les doigts. Il prend peur. Il n'est plus à la hauteur de son passé. 

Etes-vous un has been ? Anthony Frémaux, le cofondateur de Ligamen, fait une observation décisive : ce qui compte c'est plus l'appétence que la compétence. Un "has been" n'a plus de désirs.

Le chômage crée des has been. Par faute de pratique, l'individu perd vite en savoir-faire et en énergie. L'homme se complaît dans son malheur. Mais, il y a pire : le diplôme. Si vous vous définissez comme un "ancien élève", vous avez de fortes chances d'être un has been. L'Education nationale ou la fabrique du has been ? 

mardi 16 décembre 2014

Wikipedia vaut-il plus que l'Etat ?

Donnez à Wikipedia autant que Wikipedia vous a donné dit Hervé Kabla. Ce qui m'a plongé dans de profondes réflexions. 

Un peu concernant Wikipedia.
  • Je ne lui ai rien demandé, pourquoi devrais-je le payer ? 
  • Qu'est-ce que j'en retire de vraiment utile ? (Des illustrations pour mon blog !) N'a-t-il pas adopté la politique du vendeur de drogue : il commence par donner, puis exige de l'argent ? D'ailleurs, ne me fait-il pas perdre du temps, en créant une tentation de perdre mon temps à laquelle j'ai du mal à résister ? Ne devrais-je pas lui demander de me payer ?
  • Piquer sans rien donner, n'est-ce pas l'esprit d'Internet ? Wikipedia ne vit-il pas en parasite ? Il a détruit des emplois. Peut-être même un savoir-faire que l'on sera incapable de remplacer : celui des encyclopédistes. Demain le savoir concis des dictionnaires sera réservé aux très riches, à cause de Wikipedia. Et il s'est nourri de la bonne volonté de ses rédacteurs, en profitant du salaire qu'ils recevaient, par ailleurs, d'activités honnêtes. 
Exercice de mauvais esprit ? 

Mais c'est surtout à l'Etat que m'a fait penser l'idée d'Hervé. Pourquoi nous comportons-nous en "contribuables" à qui l'Etat devrait tout ? Pourquoi ne voulons-nous pas lui rendre ce qu'il nous a donné ? Parce que, comme pour Wikipedia, il nous est arrivé sans que nous le demandions ? Ou parce que nous sommes imprégnés de l'esprit de Wikipedia ? 

Le lien (HTML) va-t-il devenir illégal ?

C'est le lien HTML qui fait Internet. On y vit pour la notoriété. Et la notoriété c'est être cité par des gens influents (comme Hervé Kabla). Et la citation passe par le lien. 

Une décision de justice va-t-elle rendre le lien, criminel ? C'est ce que pense le New Yorker, à la suite d'une décision espagnole qui force Google à payer pour citer des articles. 
The law troubles advocates of Internet freedom (and, one imagines, Google and other Internet companies) because it seems to fit into a broader pattern, in Europe, of government actions that undermine what is sometimes known as the “right to link.” The best-known example of this is the decision, in May, by the European Court of Justice, that Europeans have a right to have links to information about them removed from search results—the “right to be forgotten,”
Ce blog, aide mémoire de son auteur et tissu de citations, tremble.

L'attitude des journaux qui ont attaqué Google est étrange. En effet, d'ordinaire on paie pour que Google nous fasse de la pub. Ou on dépense beaucoup d'argent et d'efforts pour propulser ses articles le plus haut possible dans les pages de recherche Google... 

J'en suis venu à me demander si ce procès n'était pas un acte de désespoir. Rien ne fonctionne plus pour la presse, elle ne sait plus quoi faire pour gagner un peu d'argent. (Mon idée est-elle idiote ?)

lundi 15 décembre 2014

La planète est emballée

Si dans quelques siècles il demeure des êtres capables de faire des stratigraphies, ils risquent de caractériser notre période comme celle de la couche de plastic. Apparemment, celui qui part, en grande quantité, dans les océans, finit dans les sédiments. Super Christo. 

Ne serait-il pas temps de commencer à se préoccuper des conséquences de nos inventions ? 

Tremblez : le risque politique est de retour

The Economist est inquiet. "Le risque politique revient pour hanter les fêtes de Noël". Et le mal a un visage : celui de Marine Le Pen. Grâce à The Economist, elle est en passe d'acquérir une stature mondiale. 

Pourquoi devrions-nous avoir peur ? A cause de changements géoéconomiques majeurs. Et lorsqu'il y a changement, il y a conséquence imprévue. Et dans notre situation, il faut craindre le pire. 
  • Le chômage disparaît rapidement aux USA (pour laisser la place à un travail de pauvres). Du coup le FED change de politique monétaire. Or, cette politique a produit une spéculation sur les actions. Demain, un crash boursier ? (En outre, les capitaux qui s'étaient investis dans les pays émergents reviennent aux USA, ce qui va faire passer un mauvais quart d'heure aux dits émergents - Mexique, par exemple.)
  • Les prix du pétrole sont en chute libre. Il devrait y avoir des gagnants et des (gros) perdants. parmi lesquels les impôts. 
  • Le système financier chinois vacille de plus en plus.
  • Mais le pire, c'est la Grèce. Les Grecs en ont ras le bol de l'austérité. S'ils ont l'occasion de voter Syriza, c'est le chaos. Cette fois-ci, la zone euro pourra-t-elle s'en sortir ?
Le risque politique est là. De Ukip, à Marine Le Pen, les partis extrémistes sont portés par la vague de mécontentement qui secoue les peuples européens. 

Faut-il travailler le dimanche ?

On discute beaucoup du travail le dimanche. Que penser de cette proposition. Par quel angle prendre la question ? Voici les idées qui me sont venues, dimanche dernier :
  • L’angle économique / le chiffre d’affaires / la croissance. Des magasins ouverts le dimanche, c’est vendre plus. Pas évident. Et si nous achetions en fonction de nos besoins ? Le volume d’achat serait constant. D’ailleurs, moins les commerces sont ouverts, moins on peut faire de « juste à temps » : je soupçonne que cela pousse au stock et à la surconsommation.
  • L’angle économique / les coûts. En économie, tout se joue à la marge. L’employé prêt à travailler le dimanche est plus flexible que l’employé ordinaire. A terme il le remplacera. Et donc tout le monde sera forcé de travailler sans horaires. (A un salaire inférieur au seuil de subsistance ?) Commecela se passe déjà en Angleterre.
  • L’angle économique / la concurrence. Les petites surfaces risquent d’être en situation difficile, si elles doivent payer plus de monde, et si elles font le même chiffre d’affaires sur plus de jours. Ce modèle semble donc favorable à la grande surface. Peut-être que ses promoteurs estiment que c’est une « innovation » qui a des effets positifs pour la société dans son ensemble ?
  • L’angle culturel / changer notre culture. De même qu’au moyen-âge la cathédrale était le centre de la ville, on y vivait d’ailleurs, le modèle de la ville américaine m’apparaît comme une banlieue autour d'un shopping mall, cathédrale moderne. On passe la partie de sa vie qui n’est pas occupée par un écran dans le shopping mall, où l’on trouve d’ailleurs beaucoup de cafés et de restaurants. Dans ce monde, la distraction du peuple n’est pas le jardinage, la randonnée ou la lecture, c’est faire des courses. 
Je vois ici l’explication qui me semble la plus logique au travail le dimanche. Il vise à remplacer notre modèle social par un autre. C’est un acte de foi.

dimanche 14 décembre 2014

USA : mort aux sous-hommes

Si vous êtes Américain et que vous trouvez que la tête de quelqu’un ne vous revient pas, vous pouvez lui faire subir le traitement qu’il vous semble bon. Les drones de M.Obama, d’ailleurs, montrent l’exemple.

Les 4 grands cabinets d’audit internationaux ne servent pas à grand-chose. Et ce pour la bonne raison qu’ils s’auto-contrôlent : « la profession (…) a mis la barre au plus bas : en fait, les auditeurs se contentent de dire si les états financiers respectent les normes comptables – ce qui fait qu’il est impossible qu’ils puissent mal faire leur travail ». Une solution originale : que les assureurs assurent les entreprises contre les risques comptables ; ce qui les contraindrait à pousser les auditeurs à devenir compétents. Peut-être n’en aura-t-on pas besoin. A l’exception de Google, les grandes entreprises découvrent qu’il est bon de ne rien cacher au marché. « la franchise (…) fait augmenter le prix des actions en signalant que le management s’en prend aux risques cachés ». En tout cas, les constructeurs automobiles allemands et français sont parvenus à faire croire qu’ils respectaient les normes européennes d’émission. Ce qui est de plus en plus faux. (L’écart entre ce qu’ils disent et la réalité approcherait 50%.)

Elections à haut risque en Grèce. Le support des Russes à M.Poutine pourrait faiblir à mesure que les sanctions occidentales affectent leur train de vie. La Mafia a infiltré le nord de l’Italie et sa classe politique. C’est l’Allemagne qui est l’obstacle aux négociations de libre échange entre l’Europe et les USA. Curieusement, les nationalistes écossais auraient repris du poil de la bête. Ce serait devenu le 3ème parti anglais. Ici comme ailleurs, l’électeur est à la recherche d’idéaux qui remettent un peu de couleur dans sa vie. En Chine, la propagande du PC passe au numérique.

Depuis qu’il n’y a plus de chômage aux USA, leur banque centrale veut combattre une inflation qui n’existe pas. Ce qui semble malencontreux. En Europe, M.Draghi voudrait expédier rapidement sa politique monétaire, de façon à pouvoir prendre la présidence de l’Italie. 

Conclusion. Chute du prix du pétrole, changement de politique monétaire américaine, possible crise grecque et retour de celle de la zone euro, fragilité chinoise… attention risque d’explosion

Grâce aux fameuses supply chains, et à la suppression des barrières douanières, les échanges mondiaux ont connu un extraordinaire développement. Avec des résultats surprenants : « des 2md$ d’exportations d’iPhone par la Chine, seulement 73m$ de leur valeur a été ajoutée en Chine, contre 108m aux USA et 670m au Japon ». Le mouvement se serait arrêté. Mais peut-être a-t-il changé de nature. Du commerce de pièces détachées il est passé à celui de l’immatériel ? 

La Chine est devenue le pays le plus innovant au monde, depuis que son gouvernement en a décidé ainsi. Tentative de « disruption » de la banque : des start up mettent en relation emprunteur et prêteur. Et on découvre que, sans garantie, on réduit les coûts de transaction. Mais à quoi servent donc les banques ?

L’Organisation Mondiale de la Santé, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Plus de budget, plus de personnel. Dommage, elle est utile.

Geoengineering (génie climatique ?). Pour le moment seul Bill Gates veut financer des expériences en grandeur nature. Quant aux sacs plastics, ils ont colonisé les océans. Et, surtout, ils se dissolvent en particules qu’absorbent les êtres vivants et les sédiments. « Personne ne sait vraiment où ils vont. »

L'art anglo-saxon du changement

Toutes les cultures semblent posséder une technique qui permet à l'individu de faire travailler pour lui un groupe humain. Celle des Anglo-saxons est originale :

The Man Who Would Be King.jpg


"The Man Who Would Be King" by Allied Artists - IMPAwards. Licensed under Fair use via Wikipedia.

Kipling, dans L’homme qui voulut être roi : deux sous-officiers utilisent la technologie moderne (le fusil) pour provoquer une guerre fratricide au sein d'un Etat afghan, de façon à profiter du chaos pour le mettre à sac. Master of the Universe conte la même histoire, mais à notre époque. Et le sergent est remplacé par le trader. L'Afghanistan par le monde.

Le sergent et le trader sont des "suckers", terme financier technique qui identifie un gogo, avec peut-être un ascendant collabo (idiot utile ?). Il croit être le maître du monde, alors qu'il tire les marrons du feu pour un autre : les classes supérieures victoriennes ou Goldman Sachs. 

Maintenant, comparons cette approche à d'autres. Aristote décrit la "démagogie", qui disloque une société et permet à un individu d'en prendre les commandes. (Remplacez la loi par le caprice populaire ; sans guides, le peuple devient animal collectif, mû par des désirs primaires.) De même les révolutions culturelles de Mao sont la mise en mouvement de tout un peuple par une personne. 

Par rapport à ces techniques, celle des Anglo-saxons ne cherche pas à amener un individu à dominer durablement un groupe. L'erreur du héros de Kipling est d'avoir voulu être roi. Son objectif est de détruire le groupe afin de s'accaparer ses biens. A l'image des pionniers américains qui faisaient brûler leur maison, lorsqu'ils déménageaient, pour en extraire rapidement les clous. Pour l'Anglo-saxon, la matière compte plus que l'homme, apparemment. 

samedi 13 décembre 2014

Google, schizophrène

Google veut tout connaître sur vous, mais il veut que vous ne connaissiez rien sur lui. (L'article de The Economist). 
Google cache ses unités hébergées dans des paradis fiscaux (une centaine apparemment). Curieux cas de schizophrénie, effectivement. Google semble pris entre deux obsessions : transformer l'homme en un flux de données pour Internet ; et se protéger, totalement, de notre regard. 

Et si les dirigeants pensaient qu'il y avait deux types d'hommes ? Des hommes qui n'en sont pas tout à fait, nous, et eux ? 

Tolstoï

J'écoute de temps à autres Denis Podalydès lire 5 minutes de Guerre et Paix, chez France Culture. (Ou "La guerre et la paix".)

Et je suis surpris.. J'ai lu Guerre et Paix, il y a vraiment très longtemps. Et j'en avais gardé l'idée que Tolstoï décrivait extraordinairement les moments de bonheur. Mais aussi avait une sorte de vision systémique du monde : l'ouest envahissant l'est, et inversement, en fonction de forces qui dépassent l'homme. Et que c'était interminable. Maintenant, je découvre à quel point ce texte est dense. Chaque extrait est un moment d'émotion. Chaque personnage semble vrai.

La raison : le changement sans la violence ?

J'en suis venu à me demander si ce qui ne caractérisait pas l'homme, c'était la difficulté de penser. Il peut se l'épargner en laissant la société penser pour lui. Cependant, ce mode de pensée inconscient paraît caractérisé par le conflit. Autrement dit, pour ne pas avoir voulu penser, l'homme fait la guerre. 

Le pragmatisme me semble dire qu'elle peut être évitée. A condition de penser. Et qu'il y a des méthodes, collectives, qui réduisent la pénibilité de cet acte : la démarche scientifique (enquête, expérience, hypothèse, vérification...). Ce procédé est ce que j'appelle "le changement". Le changement, c'est utiliser la raison, l'intelligence humaine, pour résoudre les problèmes sociaux, sans conflit, sans mort d'homme ?

(Pour le moment, comme la poudre, l'énergie nucléaire ou autre innovation, la raison a d'abord été utilisée pour asservir l'homme ?)

Jan Bruegel d. Ä. 003.jpg

"Jan Bruegel d. Ä. 003" by Jan Brueghel the Elder - The Yorck Project: 10.000 Meisterwerke der Malerei. DVD-ROM, 2002. ISBN 3936122202. Distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH.. Licensed under Public domain via Wikimedia Commons.

vendredi 12 décembre 2014

Prospective : de la probabilité d'une guerre mondiale

Il semble que tout le monde soit d'accord pour dire que la politique menée actuellement en Europe n'est pas efficace. Cependant, le gouvernement français paraît avoir décidé de suivre le troupeau. Au motif que l'on ne peut pas faire autrement

Explication systémique ? Ce sont les comportements des membres du système qui lui donnent ses caractéristiques. Dans un système "libéral", on ne peut qu'être libéral. Dans ces conditions, le seul changement possible est l'auto-destruction. Comme en 40. Mais à plus grande échelle ?

Marx : mauvais génie du communisme ?

Le libéralisme actuel repose sur un argument ultime. Sans marché pas de liberté. C’est une idée de nos philosophes des Lumières (les physiocrates et Condorcet). Le raisonnement est le suivant, l’Etat est l’ennemi de la liberté. L’économie fournit des lois « naturelles », qui permettent de s’en dispenser. « Laisser faire ». (Voir ROSANVALLON, Pierre, Le modèle politique français, Seuil, 2004.) 

Aujourd'hui, le laisser-faire s’appelle monétarisme. Friedman, qui disait que ses hypothèses pouvaient être fausses, ses théories étaient justes, nous a convaincus qu’il suffisait de jouer sur la création de monnaie pour éviter le bain de sang révolutionnaire. Voilà pourquoi les banques centrales sont les Maîtresses de l’Univers.

Parce qu’elle prétend libérer l’homme sans marché, la politique est l’ennemie de cette forme de libéralisme. La politique, au sens grec, c’est le citoyen qui décide du sort de la cité. Et qui produit des lois. Et ces lois, si elles sont bien conçues, fonctionnent par autocontrôle. C’est ainsi que l’on conduit à droite, de crainte d’un accident. En fait, grecques ou pas, il se trouve que, depuis toujours, les communautés humaines ont géré leurs « biens communs » (ou « républiques ») par autocontrôle (Voir, OSTROM, Elinor, Governing the Commons : The Evolution of Institutions for Collective Action, Cambridge University Press, 1990.)

On en arrive donc au communisme. Pourquoi associons-nous à ce mot l'image terrifiante du totalitarisme ? La Faute de Marx, probablement. Il a été l'idiot utile du capitalisme. (Peut-être pas aussi idiot que cela : il a connu une célébrité de rock star.) En disant aux exploités qu'ils prendraient l'argent des riches il leur a permis de vivre d'utopies, de se bercer d'illusions et de ne rien faire d'intelligent pour réformer un système qui leur était défavorable. En dévastant l'Europe de l'Est, sa théorie a créé pour l'Ouest un ennemi effrayant. Ce qui a amené ses populations à protéger le statu quo
Karl-Marx-Monument in Chemnitz.jpg

5ème colonne ?

jeudi 11 décembre 2014

L’entreprise familiale métaphore de la France ?

Je discute avec Antoine Roullier de ce qui fait et défait les entreprises familiales. Soudainement, je réalise qu’il parle comme Condorcet ! Mais le sujet de Condorcet c’est la République et l’éducation, pas l’entreprise ?

Le point commun, c’est l’intérêt général : comment le faire triompher en dépit d’intérêts particuliers et, plus encore ?, de compétences divergentes. Voilà ce que je retiens des idées d’Antoine Roullier.

Ce qui détruit l’entreprise familiale, pour commencer. Eh bien, c’est probablement ce que les économistes anglo-saxons appellent « l’homme rationnel », celui qui optimise en permanence son intérêt. Le phénomène se produit, massivement, à la troisième génération. 87% des entreprises familiales ne vont pas plus loin. Alors, l’entreprise familiale n’est plus vue sous l’angle du projet entrepreneurial, mais sous celui, patrimonial, de l’héritage. La conduite des premières générations était inspirée par le devoir : une sorte de mission (on dit par exemple que certains fondateurs se sont « tués au travail »). Leurs descendants ne perçoivent plus que leurs droits. Ils comprennent l’entreprise comme une sorte d’Etat providence immortel. Leur naissance leur donne le droit d'en jouir. Et ils trouvent injuste de ne pas en recevoir la part du lion. Leur argumentation est basée sur le « bon sens », qu’ils ont puisé au fond d’eux-mêmes.
Le drame survient quand les circonstances changent. Par exemple, on est passé de la vapeur au numérique. Il faut repenser l’affaire. Mais, au lieu de poser calmement le problème, les actionnaires se sautent à la gorge. Ce qui aurait dû être une banale évolution devient un naufrage.

Comment rendre une entreprise familiale durable ? Il faut une forme de contrat social, dit Antoine Roullier. Et ce contrat, implicite, doit être réinventé à chaque génération. C’est un contrat entre hommes. Chacun doit trouver son compte dans l’affaire. Mais c’est aussi un contrat avec le marché, et l’environnement concurrentiel de l’entreprise. C’est parce que tout cela se transforme avec le temps, que le contrat doit changer, radicalement, de temps à autres. Antoine Roullier parle de « métamorphoses » pour bien nous faire comprendre que l’entreprise familiale n’évolue pas linéairement, comme on le croit à tort.
Vous me direz qu’il est facile d’écrire un contrat pour la première génération de fondateurs, mais après, quand il y a des dizaines, voire des centaines, de cousins ? Quand certains sont multimillionnaires et d’autres au RSA ? C’est là où j’entends Condorcet parlant d’éducation. L’actionnaire familial ressemble au citoyen : le bon sens le trompe, il a besoin d’une éducation pour gérer le « bien commun » (sens premier de « république »). Ou, plus exactement, pour jouer son rôle de membre de la société. Et, comme le dit Condorcet, cela ne demande pas des capacités exceptionnelles. De même que quasiment tout homme peut conduire une voiture, quasiment tout homme peut être actionnaire familial ou citoyen.
Mais Antoine Roullier dépasse Condorcet. L’éducation n’est pas tout. Il faut aussi un projet entrepreneurial partagé. Et ce projet doit « déménager ». Il ne doit pas laisser indifférent. Il doit jouer sur les « ressorts des hommes ». La famille est comme une équipe de foot, elle doit être motivée par un enjeu commun, hautement désiré.
Comment trouver ce projet ? Là encore Antoine dépasse Nicolas. La famille a des « gènes entrepreneuriaux ». Ces gènes s’expriment différemment en fonction des conditions dans lesquelles l’entreprise se trouve, à l’ère de la vapeur, ou du numérique. Ce sont eux qui permettent au projet entrepreneurial de « changer pour ne pas changer », comme il est dit dans le Guépard, de se « métamorphoser » d’une génération à une autre.

En écoutant Antoine Roullier, je me suis demandé si la France, plus généralement l’Occident, ne faisait pas face à la malédiction de la 3ème génération. Les générations d’après-guerre ne se sont-elles pas « tuées à la tâche » ? Ne sommes nous pas des héritiers qui nous sautons à la gorge alors que nous devrions calmement réfléchir aux évolutions du monde et à comment adapter la barque commune ?


PS. Attention, lorsque que je parle de droits et de devoirs il n’y a pas de jugement de valeur de ma part. Il n'y a pas de bonnes fourmis et de mauvaises cigales. Si les uns pensent avoir des devoirs et les autres des droits, ce sont les circonstances qui les ont mis dans cet état d’esprit. Antoine Roullier commente ainsi mon dernier paragraphe :
après la guerre les pays d'Europe ont eu besoin de se reconstruire. Entreprendre était vital et en même temps exaltant. Ils ont entrepris en faisant des efforts. Leurs héritiers ne sont pas capables de poursuivre cet effort : ils n'ont plus de vision ni de besoin vital.

Loi Macron : solidarité européenne ?

Je jette un coup d'oeil à la loi Macron. Parmi les idées qui semblent se détacher :
  • Déréglementation des cars (une variante de la réforme des taxis ?), à l'usage des pauvres ; des "professions réglementées" ; du travail le dimanche. Même si ça marche, on ne peut pas vraiment en attendre des effets à court terme.
  • Il y aurait des ventes d'actifs. Au moins c'est clair. (Mais cela peut avoir des conséquences néfastes, s'il y a savoir-faire lié à ces actifs, et qu'il est déménagé...)
  • Pour le reste, il y a une histoire d'épargne, pourquoi pas. Et de la simplification. Bouleversant ?
Fatras de mesures hétérogènes ? On a du "comment", une liste de décisions, mais pas un "pourquoi". Pourquoi les a-t-on choisies, et quelles vont en être les conséquences ? Globalement, c'est libéral. On semble vouloir "déréglementer". Mais pourquoi était-ce réglementé, peut-être y avait-il quelques bonnes raisons ? Surtout, la déréglementation qui a été tentée ailleurs ne semble avoir rien résolu. Faisons-le parce que les autres le font ? Car si on ne le fait pas, ce sera encore pire, puisque les autres l'ont fait ? Ou encore, donner le change à l'Allemagne ? La France a-t-elle encore un libre arbitre ? Et ci c'était là le pourquoi ? Quand on appartient à l'Europe, on fait comme les autres Européens ? 

(Et un point de vue critique.)

mercredi 10 décembre 2014

Economie comportementale au secours du pauvre

The Economist parle de l'économie comportementale. Son objet est de comprendre "comment on prend des décisions et comment elles peuvent être améliorées". 

Elle est parvenue à adopter une démarche scientifique (quantifiée) pour mesurer les effets de ce que l'économie classique appelle "irrationalité" et dit ne pas pouvoir exister. Non seulement elle existe, mais elle conduit à des résultats contre-intuitifs pour un économiste. (Et à la faillite de ses théories.)

En particulier, la pauvreté ne rendrait pas intelligent comme il le dit. Elle ne forcerait pas le pauvre à devenir un entrepreneur pour sauver sa peau. Les pauvres qui restent pauvres ne sont pas des paresseux. "Le pauvre a plus de chances que quelqu'un d'autre de prendre de mauvaises décisions économiques." La raison en est "que tout est contre lui". Il a si peu, qu'il ne peut pas se permettre l'erreur, elle le condamnerait définitivement. "Surtout, le pauvre manque de l'infrastructure institutionnelle qui, à l'Ouest, améliore les décisions."

En lisant ce texte, je me suis demandé si la précarité n'était pas la mère de toutes les crises. Plus l'homme a peur, moins il parvient à penser, et moins il est innovant.

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La Silicon Valley n'a pas commencé comme cela
"DorotheaLangeMigrantWorkersChildren" by Dorothea Lange - Farm Security Administration - Office of War Information Photograph Collection Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, DC LC-USF34- 016828-C. Licensed under Public domain via Wikimedia Commons.

Angela Merkel : le mauvais génie de l'Allemagne ?

Le New Yorker publie une bio-pavé d'Angela Merkel

Contrairement à ce que l'on dit, elle n'est pas née à l'Est. Son père, un pasteur ambitieux, est passé d'Ouest en Est quelques-temps après sa naissance. Ce qui a permis à sa famille d'appartenir à l'aristocratie communiste. Angela, pour sa part, a été la meilleure élève de sa classe, et même de sa nation. 

Elle doit son succès, outre sa double qualité d'être une femme de l'est, à son physique ingrat. N'attirant pas les garçons, elle a cherché à avoir le dernier mot par d'autres arguments. Et c'est ainsi qu'elle a liquidé, les uns après les autres, les machos qui dominaient la politique allemande. 

Pour le reste, en dehors d'un vague intérêt pour la liberté, elle semble surtout se méfier des grands idéaux. "Cultivons notre jardin" pourrait-elle dire. Elle a vidé la politique de sa substance. Et cela plaît à l'Allemand. Il peut retourner à ses vieux démons. Le confort d'un monde où l'on ne pense pas. Voilà pourquoi il se sent de plus en plus d'affinités avec les Russes. De moins en moins avec les Américains. 

mardi 9 décembre 2014

C'est la société, ou l'homme, qui apprend ?

The Economist parle d'une curieuse expérience. On apprend à des mésanges à ouvrir des boîtes d'une certaine façon. Puis on les relâche dans la nature. La connaissance se répand dans la communauté. Et elle se maintien, même si une partie de la communauté disparaît et que l'autre n'a pas pratiqué. Mais aussi, comme dans les équipes de foot, un individu d'une communauté rejoignant une autre adopte ses usages... 

Cela ressemble beaucoup à ce qui se passe chez les hommes. Le mécanisme d'apprentissage est massivement collectif. En général, la compétence individuelle est écrasée par celle du groupe. Elle ne semble pouvoir surnager que si elle présente quelque-chose de réellement exceptionnel. (Ou si l'individu a un talent hors du commun pour imposer son point de vue ? Le jumeau du génie et la tête de lard ?)

Inconscient et changement : contre Freud

Freud dit que nous balançons ce qui nous déplaît dans notre inconscient. Pas d'accord :

Pour ma part, il me semble qu'il y a construction du conscient. Par nature, c'est l'inconscient qui pilote l'homme. Cependant, certaines choses "émergent" et deviennent conscientes. Elles font partie de notre "raison". Nous mettons des mots sur notre impression. L'évolution de l'enfant me semble suivre ce principe. Initialement, il est totalement inconscient, progressivement, la conscience apparaît. Et le phénomène est probablement continu, jusqu'à la mort. 

Quelles sont les raisons de la raison ? Je soupçonne que c'est notre incapacité de résoudre seuls nos problèmes. La raison permet d'en parler et de les traiter en groupe. Ce serait une forme de souffrance qui ferait émerger la raison. D'où ma contre-interprétation de Freud. Quand il souffre trop, l'homme ne rejette pas le conscient dans l'inconscient, mais il refuse à l'inconscient de devenir conscient. C'est le déni. 

Faut être inconscient pour changer ?
Cette théorie a des implications majeures en termes de changement. C'est parce que l'enfant est inconscient qu'il peut subir les chocs violents de son éducation. C'est ainsi que l'on souffre "a posteriori" de son éducation, alors qu'aujourd'hui on profite de ses bénéfices. Quant à celui dont les études ont été ratées, lui ne souffre pas : l'échec est demeuré inconscient. 

L'éducation est essentiellement une question de raison. (Rien de neuf là-dedans. C'est tout le programme des Lumières et de la France républicaine.) Par conséquent, couper une partie de la population de l'éducation permet de la maintenir dans l'inconscient (l'enfance) et de lui faire subir de mauvais traitements, sans qu'elle s'en rende compte. C'est ce que je retiens, en particulier, des travaux de JB.Fressoz : le peuple a fait les frais de la mise au point de la technologie moderne par des fous-furieux.

Qu'est-ce qui passe, et ne passe pas, le mur de la raison ?
Question finale : pourquoi y a-t-il parfois passage de l'inconscient au conscient, d'autres fois non ?
Cela pourrait résulter du théorème des anxiétés d'Edgar Schein. Le passage inconscient / conscient est caractérisé par une anxiété de survie élevée. Mais il peut être bloqué par une anxiété d'apprentissage tout aussi élevée. Autrement dit, on ne sait pas par quel bout prendre le problème. Ou, plus exactement, puisque le mécanisme de résolution est collectif, on ne sait pas à qui on peut demander de l'aide (de nous aider à résoudre notre problème).