dimanche 31 juillet 2022

The best job in the world

The best job in the world, a dit Boris Johnson, en démissionnant de son poste de premier ministre. 

Nos dirigeants n'ont pas un moment à eux, mais ils sont ivres de bonheur. Dans ces conditions peut-on leur demander de penser ? Ils vivent dans l'instant. 

Chez nous, depuis les années 70, leur préoccupation semble le pays, comme s'il vivait en autarcie. M.Macron est peut être un changement. Lui paraît, au contraire, vouloir s'échapper du pays. Peut-être a-t-il la conviction qu'il sait tout à son sujet, et qu'il ne s'agit plus, maintenant, que d'appliquer un plan parfaitement conçu ? 

Que faudrait-il espérer ? Comme chez Hegel, une troisième phase du changement : un gouvernement qui n'ignore ni le monde, ni le pays ? 

Vieillesse

A 60 ans, on est affecté de tous les maux de la terre. C'est ce que m'apprend la publicité d'Internet. 

C'est, certainement, un des résultats remarquables de l'usage de l'intelligence artificielle. Grâce à toute l'information qu'il est possible de capter sur Internet, ses algorithmes choisissent les publicités qui nous sont appropriées. 

C'est, certainement, ce qui prouve l'intelligence de l'intelligence artificielle. Car la plupart de ceux qui nous gouvernent ont bien plus de 60 ans. Et, eux, ne se sont jamais sentis aussi jeunes. Et que dire de la génération 68, qui s'y j'en crois Le Monde, clame que sa puissance sexuelle est à son zénith ? Ce qui démontre que l'IA a bien compris que je n'appartenais pas au segment des dominants... 

Qui va remplacer Boris ?

Liz Truss affronte Rishi Sunak. Qui sera premier ministre anglais ? 

L'une vient d'une famille de militants d'extrême gauche. Elle est passée par les "Libdem", le troisième parti anglais, elle fut une combattante acharnée du "remain" dans l'UE. Aujourd'hui, elle est Mme Thatcher, et n'est jamais aussi heureuse que perchée sur un char. 

Quant à Rishi Sunak, il est issu de l'immigration de classe moyenne supérieure, qui a réussi. Brillantes études, commencées dans une public school prestigieuse (et hors de prix), quoi que pas très doué pour les matières scientifiques, banquier d'affaires, époux de la fille d'un milliardaire indien. Lui-même très riche. Et, paradoxalement ?, champion du Brexit.

Entre une réincarnation de Mme Thacher, et un immigré, issu de la City, le coeur du conservateur ne devrait pas balancer... 

Et pour l'UE ? Pourrait-elle regretter Boris Johnson ?

samedi 30 juillet 2022

Dans la tête de nos gouvernants

Le livre de Nicolas Dufourcq est l'occasion d'un aperçu de ce qui se passe dans la tête de nos gouvernants. 

Qui sont-ils ? Des extra terrestres ?

  • La génération post Pompidou ne semble pas s'être intéressée à l'économie. L'entreprise était une vache à lait, inépuisable. Quand l'économie allait trop mal, le président dévaluait. 
  • La nouvelle génération paraît penser tout savoir sur l'entreprise. Et l'entreprise c'est la Silicon Valley. Nos entrepreneurs n'en sont pas. Ils la dépriment. 

Une même cause semble avoir des effets opposés :

  • Ces générations ont en commun, depuis l'Ancien régime, si l'on en croit Tocqueville, une totale méconnaissance de la réalité combinée à un extraordinaire complexe de supériorité. 
  • A l'époque des rois, jusqu'à la génération "post Pompidou", l'élite se croyait le "tuteur" d'un peuple d'enfants. Depuis, elle aimerait se débarrasser de ce boulet ?

Durée du temps

Pourquoi le temps n'a-t-il pas toujours la même durée ? Pourquoi, par exemple, les vacances sont-elles interminables pour le jeune enfant, et courtes pour l'adulte ? Pourquoi le moindre mouvement est-il interminable pour un parachutiste, alors qu'il est instantané pour l'observateur ? 

Je me demande si ce n'est pas une question de découverte. L'enfant découvre le monde, l'adulte applique des conventions, il est sur des rails, il "sait". 

En conséquence, le temps de l'explorateur doit être quasi infini.

Si c'est juste, cela pourrait conduire à un paradoxe. Nos ancêtres avaient des vies courtes, mais plus incertaines, donc durant plus, que les nôtres ? 

Théorème d'Achille : une vie courte mais glorieuse ? 

vendredi 29 juillet 2022

Boris !

Qui est Boris Johnson ? Passionnante émission de la BBC ! Toute sa vie, grâce aux témoignages de proches. 

Depuis toujours, Boris est totalement incohérent. C'est sa nature. Ce qu'il compense par sa capacité d'improvisation. Et aussi par sa détermination à atteindre le sommet. A quoi s'ajoute le fait que, en Angleterre, lorsque l'on appartient à la haute société, le talent est très tôt repéré et encouragé. A vingt ans, les membres de la société des débats d'Oxford savent qu'ils dirigeront le pays. 

Dès ses premiers articles de journaliste, il inventait ses citations. Il a passé des années à Bruxelles où il a tourné en ridicule l'Union européenne, à coups d'histoires fausses. Ce qui faisait la prospérité de son employeur, et les choux gras des Euro skeptics.

Pour moi, effet de mon éducation, le menteur est inconcevable. J'ai été choqué, ces dernières années, de rencontrer le mensonge, de plus en plus souvent, y compris chez des scientifiques. 

Boris et son succès ont peut-être été les enfants d'une époque. 

(Contrairement aux usages français, en Angleterre, la carrière de journaliste est prestigieuse, on y trouve donc de très beaux esprits.)

Mauvaise histoire ?

Il y a quelque-chose qui ne me va pas dans Le nom de la rose, et ce type d'ouvrage écrit par un moderne sur un temps ancien (comme toutes ces enquêtes que diffuse la BBC, et qui m'amènent à écrire ce billet !). Il me semble qu'on projète des idées modernes sur un monde ancien. 

Ce que j'aime, au contraire, ce sont les anciens parlant d'eux-mêmes. 

Il me semble que le monde se crée en permanence, et donc que l'individu est toujours confronté à des problèmes que personne n'a rencontrés avant lui. 

Ce qui est intéressant est de voir ce qu'il fait alors. C'est rarement glorieux, mais il y a parfois des moments d'humilité et de grâce... 

Friendly shoring

Après "off shoring" il y aurait "friend shoring". 

On ne commercera plus qu'avec les pays qui ne risquent pas de faire défaut. On parle même d'un internet fragmenté... Après la société de la performance et de la "supply chain" du moins disant, on entre dans la société de la confiance ? 

Il serait intéressant d'étudier la question sous son aspect théorie des réseaux. Il est possible que ce qui fait leur résilience tienne aux liens de chaque noeud avec ses voisins immédiats. Ce n'est que lorsque chaque écosystème est solide qu'il peut envisager avec confiance d'établir des contacts un peu plus distants : il sait que ses risques sont limités ? 

jeudi 28 juillet 2022

Mal relatif

L'entrée dans l'OMC aurait rapporté beaucoup à la Chine, mais lui aurait aussi beaucoup coûté, lisais-je. De même l'euro et l'acte unique européen (marché unique) auraient globalement été bons pour les membres de l'UE.

Mais, dans les deux cas, ces deux changements se seraient faits au détriment de la France. 

Raison ? Notre gouvernement semble avoir pensé que notre économie s'adapterait d'elle-même et que ses priorités, à lui, étaient sociales, non économiques. 

Le autres nations auraient estimé qu'une économie puissante faisait une société heureuse. Et, même lorsqu'ils se disaient "libéraux", ils n'ont pas cédé au "laisser faire", mais ont voulu guider et faciliter l'offensive de leurs entreprises. 

Comme quoi rien n'est probablement fondamentalement bien ou mal, ce qui compte c'est ce que l'on en fait. 

En tous cas, la mentalité Ligne Maginot ou Nuage de Tchernobyl est mortelle. Cela devrait être enseigné à l'école. A commencer par l'ENA. 

La plaisanterie


J'ai achevé ma pile (petite) de Kundera. Cette fois, il s'agit de son premier roman. 

Kundera a un style efficace, économe en mots et précis. Ici, le début est relativement conventionnel, et même un rien pesant. Cela s'allège sur la fin. Mais ce peut être une question de traduction : Kundera dit s'être rendu compte que son traducteur de l'époque trahissait ses textes ; il a repris la traduction, mais peut-être pas totalement ? 

Toujours est-il que l'on retrouve les thèmes usuels de ses livres. Ronde de personnages, qui, déjà ne se comprennent pas. Histoires parallèles qui préparent un dénouement final, en quelques heures. Mais pas de drame. Rien n'est sérieux chez Kundera. 

Cette fois, nous commençons dans l'immédiat après guerre. La Tchécoslovaquie adhère avec enthousiasme au communisme. L'université est aux mains des étudiants. Ils jouent à la comédie de la révolution. Ridicules et terrifiants. Un des leurs commet ce qui, dans un monde communiste, est le pêché originel : une plaisanterie. Dans une parodie de procès stalinien, il est chassé du paradis par ses amis. Plus d'études et cinq ans de travail dans une mine. Années certes difficiles, mais, une fois de plus, avec Kundera la vie n'est pas sérieuse. Bien loin de "l'Histoire" hégélienne et marxiste, elle est une "plaisanterie". "L'univers est né d'un éclat de rire de l'infini", disait Proudhon. 

Quinze ans après, une nouvelle génération de jeunes est là. Elle ne comprend plus rien au communisme et à ses purges, et ne s'intéresse qu'au jazz et à l'auto stop. Même la vengeance n'a pas de sens : le Torquemada d'hier est devenu sympathique. 

De livre en livre, l'absurde de Kundera change de nuance ? Après guerre, c'est le bonheur fou des jeunesses communistes, ensuite les années folles du printemps de Prague, et puis un naufrage progressif dans la grisaille, avec, pour purgatoire final, la France ?

Les paradoxes de l'aide

On dit de l'aide aux pays pauvres, que ce sont les pauvres des pays riches qui donnent aux riches des pays pauvres. 

Toujours est-il que je lisais que cette aide n'a pas l'effet escompté. L'Afrique adore M.Poutine, mais pas du tout l'UE, en dépit de toute l'aide qu'elle lui apporte. 

Comment s'expliquer ce paradoxe ? 

La Chine et la Russie sont des impérialistes sans complexes. Avec elles, tout est une question de rapport de forces. 

L'Occident, lui, aimerait tant être aimé. Il donne de l'argent pour cela. C'est un dû. Pourquoi lui en serait-on reconnaissant ? 

(Une hypothèse qui n'est pas si fantaisiste que cela : on dit que, quand l'Occident a apporté la médecine aux pays colonisés, leurs citoyens, qui n'avaient rien demandé, estimaient qu'ils devaient être payés pour faire plaisir aux médecins, et prendre leurs médicaments.)

mercredi 27 juillet 2022

Le changement : malédiction française ?

Qu'est-ce qui fait que le changement rate systématiquement en France ? 

Je m'intéresse au "cluster". Tout le monde est désormais d'accord que la performance d'une entreprise est due à son environnement immédiat, au "lien social" qu'elle tisse avec son environnement.

Je soupçonne une première erreur. J’ai lu quelques études savantes. Seulement, elles s’arrêtent à un niveau de détail que je juge insatisfaisant. C’est ce qui fait croire à notre gouvernement "qu’il a tout compris" à ces systèmes, alors qu’il n’a pas vu l’essentiel. Et, je suis à peu près certain que croire "avoir tout compris", sans "l’essentiel" conduit à l’inverse de ce que l’on cherchait… 

Et cela s'explique par une seconde erreur. C'est celle de la sonde interplanétaire. On ne lance pas une telle sonde avec des équations. On l'équipe de moteurs, qui, en permanence, la remettent sur la trajectoire voulue. Sans quoi, elle part "à l'opposé". Autrement dit, un changement, ça se contrôle. 

Or, nous apprenons à l'école, et notre gouvernement encore plus que nous, que tout est une question d'idées. Lorsque l'on a la bonne idée, on peut "laisser faire"...

Hasard et succès

Dans la "société de la performance", il n'y a que le résultat qui compte, dit le psycho-sociologue Adam Grant. Implicitement, cela signifie que la condition nécessaire et suffisante du succès est la valeur humaine. 

Mes premiers contacts avec les sciences du management anglo-saxonne m'ont fait comprendre que cette pensée est consubstantielle à la nation américaine. Elles consistent à apprendre des "meilleures entreprises". Paradoxalement, quelques années plus tard, les dites entreprises sont en piteux état, quand elles existent encore. Pas grave, on les a oubliées. 

Toute l'oeuvre de Montaigne tourne autour de cette question. Que faire dans un monde où non seulement le hasard joue un rôle massif, mais nos propres facultés sont, quasiment, nos pires ennemies ? 

Je me demande si la réponse n'est pas dans la question. Il faut, à la fois ne pas croire aux illusions américaines, et, couler, le cas échéant, avec le navire : être ferme dans ses convictions. Ce qui demande de les chercher. 

(La pensée américaine est bien adaptée à un monde aléatoire. Elle dit au soldat : courrez sur la batterie adverse, Dieu reconnaîtra les siens. 

La thèse d'Adam Grant est que le monde n'est pas totalement aléatoire. Pour le comprendre, il faut apprendre. Ce qui signifie une démarche "scientifique" d'essais et erreurs.)

mardi 26 juillet 2022

A quoi se joue un changement ?

Je soupçonne qu'il y a quelque-chose qui ne va pas dans la façon dont M.Macron "conduit le changement"...

Comme souvent c’est ce que ce programme a d’intelligent qui le rend dangereux. En effet, puisqu'il est intelligent, ce programme, pourquoi me remettrais-je en cause ? Si le Français n'est pas content, c'est qu'il n'a rien compris !

Tout ce qu’il fait est justifié, seulement la façon dont il le fait est inacceptable pour le citoyen. Et ce, en grande partie, parce que son programme consiste à renverser 50 ans de réformes erronées, en accusant ses électeurs des erreurs de leur élite.  

Ce qui donne à la France un comportement suicidaire… 

La phénoménologie et le phénoménologue

Miss Marple a terrassé Husserl, et ses épigones. Je ne suis pas loin de le penser. 

Les phénoménologues disent que la phénoménologie est la recherche de la vérité. Celle-ci est entravée par des idées reçues. Par conséquent, la première étape du travail phénoménologique consiste à chercher à douter de tout. 

Je soupçonne que l'erreur des phénoménologues a été de croire que, d'une part, avant eux tout le monde se trompait, et, d'autre part, qu'ils avaient inventé LA façon de trouver LA vérité. En fait, chaque philosophe a sa façon, et sa vérité. 

Et Miss Marple ? Pour elle, la vérité est une construction permanente, un travail continu de l'esprit. 

On ne parle jamais que de soi ? Les philosophes ont peut-être eu une utilité : ils nous ont révélé que, poussé trop loin, le travail de la raison rend totalitaire ? La philosophie est une pathologie ? 

lundi 25 juillet 2022

Plus petit que soi...

Energie : l'Allemagne va avoir besoin de la solidarité européenne

Curieux retournement de situation. Beaucoup d'autres pays, lorsqu'ils étaient en crise, ont été traités sévèrement par l'Allemagne. 

Le lion et le rat ? A-t-on bien lu La Fontaine ? Devrait-on se demander : et si cette personne, que je méprise, pouvait un jour m'être utile ? 

Montaigne et le changement

"J'ai du dégout pour la nouveauté." Montaigne n'aimait pas le changement. Il est dommage que son expérience ne nous ait pas servi. 

Montaigne a vécu à une époque de guerre civile. Personne n'y était en sécurité. On ne pouvait même plus faire confiance à sa propre famille. Et cette situation résultait d'un changement. La Réforme. Et cette réforme, comme beaucoup de réformes, voulait rendre le monde meilleur. 

Qui veut faire l'ange, fait la bête. Il n'y a rien de plus dangereux que quelqu'un qui veut faire le bien. Il est tout permis puisqu'il défend "la justice". Il peut tout massacrer. C'est regrettable que l'on ne le dise pas plus souvent. 

Que recommande Montaigne ? D'abord d'obéir aux lois, même lorsqu'elles ne sont pas parfaites. En fait, il y a toujours un moyen de les interpréter habilement. (Montaigne était un juriste.) 

Certes, mais que faire contre un fou-furieux, fou de Dieu ou autre, qui se croit tout permis ? Ne pas répondre à la violence par la violence. Chercher, dans la mesure du possible, à amortir le choc. 

Montaigne observe que nos sociétés ne sont pas conçues pour résister à ces fous-furieux. Elles sont désarmées. 

Le spectacle de la France actuelle laisse cependant penser que les sociétés tendent à rechercher à installer un équilibre entre pouvoirs de nuisance. Folie de la raison et intelligence collective ?

dimanche 24 juillet 2022

Démocratie et autoritarisme

La démocratie, c'est l'individualisme, et l'égoïsme individuel n'a jamais autant de force et de tentation de s'exercer, au détriment de l'intérêt général, que lorsque la démocratie est en danger. C'est, probablement, la leçon que nous donne actuellement l'Italie. 

De l'intérêt de l'autocratie. Avec elle, pas question de manifester un désaccord. 

Mais, aussi, de l'intérêt de la démocratie ! Pour qu'elle fonctionne, il doit y avoir consensus. Et alors, quelle force, un peuple dont chaque citoyen va, de lui-même, avec enthousiasme, dans le sens de l'intérêt général ! Aucune autocratie ne peut résister. 

En démocratie, ce qui est premier, n'est pas l'idée juste, du "premier de cordée", mais l'union. 

Captain Cook

Les trois voyages du Capitaine Cook. Une émission de BBC 4. 

Le capitaine Cook fut un immense héros. A l'heure du progrès triomphant, il a exploré les confins du monde. Qu'on lui ait confié cette exploration est, d'ailleurs, surprenant : il venait du peuple.  Il devait probablement son succès à des capacités hors du commun. 

Curieusement, il semble avoir été victime d'un changement. Ses deux premiers voyages furent des modèles du genre. Non seulement ils furent des succès scientifiques sans précédent, mais il s'est révélé un capitaine hors pair, particulièrement apte à éviter à son équipage les maladies qui ravageaient la marine. Mais, était-il en mauvaise santé, ou était-il devenu suffisant ? Il semble être insupportable lors de son troisième voyage, et multiplier les erreurs. A tel point que l'on ne sait pas bien s'il ne doit pas la perte de la vie à une maladresse qui a provoqué l'ire de "sauvages", où à la rancune de son équipage, qui n'a pas fait grand chose pour que ces derniers ne le massacrent pas. 

Méfions-nous de notre interprétation du succès ? Nous sommes des pendules arrêtées ? Il se trouve que nous marquons parfois la bonne heure, mais c'est un hasard ? 

samedi 23 juillet 2022

EDF nationalisé

Il est arrivé ce qu'il devait arriver : EDF a été nationalisé. 

L'histoire d'EDF est celle de beaucoup d'entreprises publiques. De hauts fonctionnaires en prennent la direction. Vous allez voir, ce que vous allez voir, nous allons faire de ce mastodonte inefficace, un champion de l'économie de marché !

Quelques années après, l'entreprise est percluse de dettes, et ne sait plus travailler. Elle a trop d'énarques et de polytechniciens, et plus aucun soudeur. On fait alors appel au contribuable, qu'on trouve pourtant si paresseux et inutile. Depuis le Crédit Lyonnais, l'histoire se répète sans cesse. 

Notre élite gouvernante a une curieuse caractéristique : quel que soit ce qu'elle touche, cela se termine en dette publique ! La systémique a-t-elle une explication à proposer ? 

Le pire n'est pas certain

L'Allemagne a fait comme la France, mais à l'envers, me disait un ami. 

Seule contre tous, l'Allemagne adopte une politique de réunification stupide (le Mark de l'Est est supposé valoir celui de l'Ouest). Conséquence : naufrage. 2000 : elle réagit. Economie de guerre. Elle appauvrit sa population, augmente massivement sa capacité de production, tout en réduisant encore son coût, en annexant l'Europe de l'Est, s'amarre à la Chine, dont on abaisse les droits de douane. Succès fulgurant, par KO. Décidément, l'Allemagne est le pays de la Blitzkrieg. 

La France, quant à elle, fait, dans les années 90, de la "désinflation compétitive", pour entrer dans l'euro (i.e. la politique de l'Allemagne dans le paragraphe précédent). Et là, alors que la Chine-Allemagne transforme le monde, elle décide que la globalisation n'existe pas ; qu'elle peut dicter sa loi aux éléments. La sanction est immédiate. 

Aujourd'hui, la France est dans le lac. Mais l'Allemagne est peut être encore plus mal partie. Elle a poussé son modèle à l'absurde : elle dépend du gaz soviétique et du marché maoïste. Elle va devoir appeler à l'aide ceux qu'elle a rançonnés ? 

La leçon de ceci est que rien n'est jamais joué. Peut-être même qu'il faut piquer du nez pour reprendre de la vitesse ?

En tous cas, "rien ne va plus", tout est à reconstruire, ou à construire. Le plus urgent est de se mobiliser, et de s'unir. 

vendredi 22 juillet 2022

Grosse chaleur

Il y a deux décennies, mon travail m'a fait visiter l'Espagne. Un soir j'arrive à Jeres, au sud du pays. A l'entrée de la ville, un panneau indique la température : 42°. 

Paradoxalement, ce que j'ai retenu des 6 semaines que j'ai passées à faire des allers et retours entre la France et l'Espagne n'est pas d'avoir eu chaud en Espagne, alors que je devais porter costume et cravate, et sillonner le pays en voiture, en pleine journée, mais d'avoir eu froid en France. Je me souviens, par exemple, d'un atterrissage à Orly, et d'une température de 12°. 

Ces derniers temps j'écoutais les nouvelles d'Angleterre. La canicule y a battu tous les records : 40,3°. Et Londres a été victime d'incendies spontanés. On parlait aussi de feux dans le sud ouest de la France. Ce qui m'a rappelé d'autres souvenirs : ceux de mon grand père qui avait vu des incendies gigantesques ravager Les landes, après guerre ; et, plus tard, mes vacances dans ces mêmes Landes : les pompiers du haut de miradors y repéraient immédiatement tout comportement suspect. Il n'y avait plus d'incendies. 

Quel est le phénomène qui caractérise le mieux notre temps : le réchauffement climatique, ou l'irresponsabilité collective ? 

Soft Power

 Qu'est-ce que la "soft power" ? BBC 4 a invité l'inventeur, américain, du concept. 

C'est probablement la "soft power" américaine qui a fait s'effondrer l'URSS. Le mode de vie américain faisait rêver le Russe. Mais, certainement pas l'envie de démocratie, comme on l'a constaté en interrogeant des manifestants de Tiananmen, qui n'avaient aucune idée de ce dont il s'agissait. 

Finalement, la montagne a-t-elle accouché d'une souri ? L'émission se concluait en constatant la remarquable "soft power" des contes pour enfant...

La "soft power" est certainement un phénomène éternel. En psychologie on parle "d'aura" : certaines personnes fascinent les autres. Il en est de même de certaines civilisations. 

De quoi s'agit-il ? Je soupçonne que le mieux que l'on puisse faire est de dire ce qui s'oppose à la "soft power". C'est vouloir se faire admirer, avec insistance, comme les Chinois et les Soviétiques. Ou, comme les Occidentaux, actuellement, donner le spectacle de sa désunion. 

La soft power a quelque-chose d'une force tranquille ? 

Le chômeur est-il un paresseux ?

Le gouvernement veut réduire les allocations chômage, pour faire baisser le chômage. Bonne idée ?

Qui sont les chômeurs ? D'après l'INSEE, un moins de 25 ans sur 5 est au chômage. De l'ordre de 7% pour les 25 / 50 ans, et moins de 6% pour les plus de 50 ans. Curieusement, pour le chômage long, toutes les classes semblent à peu près au même niveau : 2%. 

Qu'est-ce que cela dit ? Que les jeunes ont du mal à trouver un travail, et que les vieux, une fois licenciés n'en trouvent plus. (D'ailleurs, ont-ils intérêt, dans la perspective de leur retraite, à prendre un emploi mal payé ?) Quant aux autres, il ne faut pas oublier que, avec la bénédiction du gouvernement, le chômage sert de capital d'amorçage à beaucoup d'entrepreneurs. 

Autrement dit, plus que la paresse, il est possible qu'il faille incriminer l'inadaptation de l'offre à la demande, largement due à l'Education nationale qui ne sait former que des intellectuels, les pratiques de l'entreprise, et le manque de mémoire du gouvernement ?  

jeudi 21 juillet 2022

Sri Lanka

Le Sri Lanka, jadis Ceylan, est dans une situation difficile. Il est en faillite. Son gouvernement a été chassé par son peuple. 

Comment se sortir d'une telle situation ? Le FMI ou les Chinois, dit-on. La peste ou le choléra ? 

Il semble que le l'aide chinoise soit un pacte faustien. Quant au FMI, on en a longtemps dit le plus grand mal. Il forçait les pays qu'il aidait à des réformes libérales, qui n'étaient pas toujours du meilleur effet. 

On l'entend moins. Aurait-il appris de son expérience ? Serait-il devenu le moindre de deux maux ? 

Et, quoi qu'il en soit : de l'intérêt d'une solidarité mondiale ? 

Etrange France

Politique française : 50 ans de libéralisme. Voilà ce que je lis. Or ce "libéralisme" s'est traduit par des ponctions de plus en plus fortes sur l'entreprise ! Jusqu'à faire fuir nos multinationales et détruire une grosse partie de nos entreprises moyennes et intermédiaires et à disloquer les coopérations nécessaires à l'économie. En revanche, jamais notre système de redistribution n'a été aussi puissant. 

Cela peut expliquer beaucoup de phénomènes étranges. Le libéralisme révulse le Français, dans sa majorité. Le gouvernement a donc attiré sur lui l'ire générale, sans aucune raison ! Ce qui, probablement, a renforcé le cercle vicieux. 

Il n'y a qu'en France que quelque-chose comme cela pouvait arriver ? 

Comment l'expliquer ? Dire que nous sommes dirigés par des demeurés est trop facile. Il doit y avoir un principe qui cloche au fondement de notre façon de penser, ou même dans notre culture. Mais quoi ? Mystère. 

mercredi 20 juillet 2022

L'art de la communication

Je devrais lire mes livres ! 

La désindustrialisation de la France m'a fait comprendre que j'avais commis une erreur que je dénonce : j'ai incorrectement interprété l'action du gouvernement Hollande. 

J'ai décrypté le présent en fonction du passé. Or, le gouvernement a changé de cap, à 180°. Il l'a dit. Je n'ai rien entendu. J'ai été victime de mes a priori. En fait, il a anticipé Trump et le Brexit de 5 ans ! Il n'aurait jamais dû y avoir de Gilets jaunes. (D'un seul coup, ce que M.Hollande dit du "jugement de l'histoire" s'éclaire.) 

Grande leçon de communication. Le gouvernement a cru que l'on déduirait son intention de ses actes. Il a même, probablement, jugé bon de ne pas s'exprimer trop clairement, de façon à ne pas susciter l'ire de dangereux activistes. Il espérait que ceux dont il servait les intérêts le comprendraient à demi-mot. C'est tout le contraire qui s'est passé. Ses alliés en puissance l'ont torpillé. M.Macron persévère dans l'erreur. 

Qu'est-ce qu'une bonne communication ? La technique du "stretch goal". C'est américain, simple, en trois points, et jamais appliqué :

  • Il faut partir d'une analyse de la situation, telle que perçue par le peuple, exprimée avec ses mots. Il doit comprendre qu'on l'a compris. 
  • Ensuite, il faut expliquer pourquoi on en est là où on en est, et vers où l'on veut aller. C'est, à proprement parler, le "stretch goal". Un objectif quantifié, bête mais inattendu, qui frappe les esprits. 
  • Finalement, il faut dire pourquoi l'on va réussir. D'une part, parce que l'on joue sur les forces culturelles, uniques au groupe, elles aussi évidentes a posteriori. En quelque sorte, "on l'a déjà fait". D'autre part, parce qu'il faut des moyens, et qu'on se les ait donnés. 
Tout cela doit se dire en quelques mots. Seulement, ils doivent être bien choisis, car, comme moi, l'être humain a une interprétation excessivement biaisée de ce qu'il entend. Ils ne peuvent être trouvés, si j'en crois mon expérience, que par essais et erreurs. 

Peut-on faire croire n'importe quoi au peuple ?

Dans son chapitre "sur le coutume", Montaigne constate que non seulement ce qui paraît naturel et juste varie du tout au tout d'une nation à une autre, mais, surtout, que c'est bien souvent idiot. Il cite Platon qui croit que "pour chasser les amours contre nature", il faut "raconter des fables (qui infusent) cette utile croyance dans la tendre cervelle des enfants." 

Platon est le saint patron de l'intellectuel. C'est Gramsci avant Gramsci ? Pour mener le peuple, il faut lui raconter des sornettes, dit-il. Hannah Arendt en fait l'inventeur de l'enfer. 

Jamais cela n'a été aussi vrai qu'aujourd'hui. Tout ce que l'on nous raconte est "politiquement correct". Question : pourquoi cela ne marche-t-il pas ? Comment se fait-il que Platon ait-eu tort ? 

Edgar Morin dirait que Platon a une "pensée simplifiante". Il ignore la complexité du monde, qui fait que tout change d'une façon imprévisible pour la "raison". Effectivement, la tendre cervelle des enfants croit ce qu'on lui raconte. Mais la cervelle qui murit constate aussi qu'il existe des paradoxes que la théorie dominante n'explique pas. Alors, le doute s'installe. C'est le début du changement. 

mardi 19 juillet 2022

Changement parallèle

Le Français pense en parallèle, dit Bill Belt. Il entend par là que d'autres nations ont besoin, avant de se lancer dans un changement, de se mettre d'accord sur un processus de mise en oeuvre programmatique, que chacun applique ensuite mécaniquement. Le Français, lui, démarre sur une vague idée, et apprend en marchant. Mais, surtout, il n'a pas besoin de coordination pour cela. 

Quand cela réussit, c'est redoutablement efficace. Et c'est peut-être ce qui a fait la force des armées révolutionnaires, si j'en crois Tocqueville. Chacun est son propre chef, et porte sur ses épaules le sort de la nation. 

Je me demande si ce n'est pas ce qui est en train de se passer...

(Cf. Un précédent billet.)

Le blog comme psychanalyse

Je consacre peu de temps à ce blog. Généralement quelques heures le samedi matin. A chaque fois, ma tête est vide. Comment relancer la mécanique, à la manivelle ? 

Son principe, qui ne bouge pas depuis mon premier billet, en 2008, est le paradoxe. Qu'est-ce qui m'a frappé, cette semaine ? Difficile de l'exhumer. Et surtout de retrouver l'idée qui m'est venue alors. Ou plutôt de la formuler, car elle n'était pas aboutie. Elle ressemblait à quelque-chose comme : "je le savais bien". 

Du coup, l'idée succède à l'idée. Et bien souvent, en écrivant un billet, en m'escrimant à le rendre intelligible, je saisis une vérité que je n'avais pas vue. Effet eurêka qui change, radicalement, ma vision du monde et de la vie. 

De l'influence de la forme sur le fond. 

Le blog, c'est l'art, extraordinairement difficile, de la pensée. La pensée est changement, alors que l'esprit tend à la rigidité. Mais la pensée est aussi, peut-être, un processus. Ce n'est pas parce que je suis, que je pense. On ne naît pas penseur, on le devient ? 

(Reste à ne pas attendre le samedi matin pour se mettre à penser ?)

lundi 18 juillet 2022

Conseil National de la Résistance

Conseil National de la Résistance : j'y vois de plus en plus d'allusions. 

Significatif ? Nous repartons de zéro. L'ordre mondial d'hier est mort. Il faut faire un plan pour demain. Et voilà à quoi sert un "CNR". 

Mais la résistance, avant tout, ce sont des gens qui venaient de partout, de l'extrême droite à l'extrême gauche. Et, souvent que l'on n'aurait pas attendu là. Ils se sont réunis alors qu'ils se croyaient ennemis. (D'ailleurs, en masse, les bien pensants, eux, ont basculé dans la collaboration. Les anges sont devenus des bêtes.) Tous avaient, peut-être, la même "certaine idée de la France".

Peut-être, aussi, est-ce cela le grand enseignement de ces temps troublés : les paroles, les erreurs... ne comptent pas, car nous pouvons tous changer. Ce qui est important c'est, à l'envers, de s'unir. Sans union, il ne peut y avoir changement. 

Femme forte

Le prochain premier ministre anglais a des chances sérieuses d'être une femme. (Sur les 4 finalistes, il y a 3 femmes.)

Le système politique anglais produit des femmes fortes. Pourquoi le nôtre ne donne-t-il que des "potiches" ? 

C'est peut être une question de démocratie. Comme pour les immigrés, la démocratie anglaise semble plus habile que la nôtre à aligner ses actes et ses paroles. 

Il y a peut-être aussi un phénomène de type "champion sportif". Quand un champion exceptionnel émerge, il crée, dans sa nation, une forte émulation. Ainsi les femmes politiques conservatrices se réfèrent toutes à Mme Thatcher. Il est probable, aussi, que Mme Merkel a suscité des vocations en Allemagne. 

Il se peut que, chez nous, la femme politique ait beaucoup plus d'obstacles à franchir qu'ailleurs. Ce qui ne tue pas renforce. Celle qui parviendra au sommet sera exceptionnelle ? Et elle fera des émules ?

dimanche 17 juillet 2022

Rainbow nation

En Angleterre, le gros du personnel politique à potentiel n'est pas d'origine locale. Comment, après cela, prétendre que l'Occident est raciste ? 

La particularité de l'Occident est, probablement, que la culture (au sens anthropologique) y est plus importante que la race. Ainsi, les Anglais étaient anti sémites avant de réaliser que les Juifs étaient les champions du jeu national : le "business". 

Si son empire prend le commandement de l'Angleterre, cela tient probablement à ce qu'elle avait colonisé des cultures qui lui ressemblent et que sa propre culture veut que toutes les élites soient soeurs. 

Quant à la France, le phénomène fut identique au temps de Romain Gary, mais il semble qu'elle soit parvenue à détruire sa culture. La recette du communautarisme et du racisme ? 

France libérée ?

Depuis trois ans, je mène une enquête. Je cherche les problèmes de l'entreprise, et ceux qui les ont résolus. 

Pas de problème, aussi formidable soit-il, sans solution. Et solution, à coût nul. Décidément, il n'y a pas de fatalité. J'ai trouvé des entreprises dont le marché a été réduit à zéro, du jour au lendemain, par la concurrence de l'Est, ou par une innovation, et qui se sont transformées, sans moyens, en start up ! Des régions entières qui ont pris le contre-pied des délocalisations. Même la question de la filière de formation professionnelle qu'a été incapable de mettre sur pied l'Education nationale, a été résolue vite et bien, avec création de sens en sus, par un groupe d'industriels, en collaboration avec la dite Education nationale. 

Le système D à son meilleur. Seulement, on ne le sait pas. Même la fonction publique, les grandes administrations... sont capables de prodiges, mais elles n'en parlent pas. 

Bref. Tout une masse critique de bonnes idées, mais pas de réaction en chaîne. 

Or, cela pourrait changer. Je constate un démarrage d'actions systémiques. Des associations parcourent la France pour aider les acteurs locaux à attaquer des problèmes cruciaux, avec des méthodes simples et efficaces, et rapides !, relocalisation ou résilience alimentaire.

Ce qui est le plus surprenant est que l'on assiste à une génération spontanée d'initiatives. C'est la "France libérée", façon "entreprise libérée". Chacun s'empare d'un sujet et se met en marche. On peut se demander s'il n'en est pas de même au sein de l'Etat. Ainsi, le SPI, un fonds de la BPI, s'est auto saisi du financement de la réindustrialisation "lourde", déserté par le capital risque - qui ne comprend rien à l'avenir, et à son financement. 

Où cela va-t-il nous mener ? "Il faut bien que je les suive, je suis leur chef", aurait dit La Fayette. C'est un conseil que l'on peut donner au gouvernement. Son rôle est probablement de comprendre ce qui se passe, et, quand il le faut, de donner le coup de pouce qui évite l'erreur. 

On a voulu un Etat stratège, il est possible qu'il soit plus pertinent qu'il soit "jardinier". 

samedi 16 juillet 2022

Paresseux Français

On n'arrive pas à recruter, dit l'entreprise. Notre gouvernement répond : je vais durcir les conditions du chômage !

Au même moment, la BBC dit : la "tech" ne parvient pas à trouver de personnel, la formation doit mettre les bouchées doubles ! 

Il est tentant de voir ici un biais culturel. Alors que tout le monde affirme que la "grande démission" mondiale est liée à une perte de sens, alors que, en outre, on constate que l'Education nationale n'a pas su mettre sur pieds une "formation professionnelle" digne de ce nom, notre gouvernement semble intimement convaincu que le Français est un paresseux. 

Avec de tels a priori, il peut au moins avoir une certitude : ses tourments ne sont pas prêts de s'achever ?

Change in France

Les travaux sur les changements sociaux disent qu’ils ressemblent aux changements de phase en physique (par exemple passage de l’eau liquide à la glace) : pour qu’ils se réalisent il faut un événement déclencheur. 

Aujourd’hui, en France, il y a une « masse critique » de succès et de moyens, mais pas de réaction en chaîne. Comment la déclencher ? 

Le problème semble se concentrer au niveau des collectivités locales, et du comportement, schizophrénique, du gouvernement. Les élus locaux appellent à l’aide. La France des territoires est mécontente. Le gouvernement dit « nous faisons une politique industrielle » qui doit reconstituer les forces du pays, qui sont ses écosystèmes productifs. Or, il conserve une ligne qui consiste à mettre sous tutelle les collectivités, et, en outre, continue à les affaiblir. D’où encore plus de mécontentement populaire. Le gouvernement s’entête. 

Où cela nous conduit-il ?

Le gouvernement (en particulier, mais c’est probablement vrai pour tout le monde) doit comprendre que les choses ont changé du tout au tout et que le plan qu’il a conçu il y a dix ans n’est plus d’actualité. Il doit surtout revoir sa façon de concevoir sa mission. Il n’est pas un Führer omniscient emmenant un troupeau de moutons. Ce n’est pas un visionnaire : ce qu’il croit être une idée originale est une mode de marketing (France 2030). 

Le changement est parti. Le pays se transforme. Il faut encourager ce mouvement, repérer ce qui est prometteur, et le rationaliser pour l’accélérer. L'Etat ne peut plus être tuteur, il ne peut être stratège, il doit être « jardinier » ? (Et c'est à nous de le lui faire comprendre ?)

vendredi 15 juillet 2022

Crise italienne

M.Draghi va-t-il quitter le gouvernement italien ? Pour l'UE, une crise en Italie pourrait être le début de la fin, disait un "média" étranger. 

Cela nous rappelle que nous vivons un curieux moment. Epidemie, Ukraine, inflation... Les crises succèdent aux crises. Question : et la prochaine ? Et si elle était fatale ?

L'UE a pris conscience qu'elle sort de l'ère de la globalisation extraordinairement fragile. Pour se redresser elle a besoin avant tout d'être unie. Or, cette faiblesse donne une force extraordinaire à l'égoïsme à courte vue du moindre minoritaire.

Jamais Montesquieu n'a eu aussi raison : le principe de la démocratie est la vertu... 

Dédiabolisation

"Opposition constructive." Apparemment, ce serait la ligne adoptée par le RN à la chambre. 

Le RN peut-il être une force politique comme les autres ? 

Il est devenu puissant, et semble disposer d'une base solide. Contrairement au NUPES, il se veut "force tranquille". Mme Le Pen le dit, depuis toujours, parti "normal". Elle pourrait être honnête. Seulement, au pouvoir, tout semble laisser penser qu'il déciderait d'une forme d'autarcie suicidaire. Et les états de service de son élite gouvernante ne sont pas rassurants. 

La question qui se pose est : représente-t-il "quelque-chose", autrement dit les valeurs d'une partie homogène de la France ? 

Une hypothèse serait qu'il ait une double identité. D'une part qu'il ait repris l'électorat du Parti communiste. Un parti qui n'était pas que révolutionnaire, mais qui était "productiviste" et travaillait de concert avec l'entreprise, quand elle fournissait de l'emploi. D'une autre, il pourrait représenter, quasiment à l'opposé, la France traditionaliste, du seizième arrondissement de Paris. 

C'est au pied du mur que l'on voit le maçon. Comme le Parti communiste, l'exercice du pouvoir local pourrait-il le transformer ?

jeudi 14 juillet 2022

Libéral Macron ?

M.Macron fait une "politique industrielle". Autrement dit, l'ère libérale ouverte par M.Giscard d'Estaing, est close. On en revient aux politiques d'après guerre. 

Paradoxalement le "libéralisme" de ses prédécesseurs a conduit à un prélèvement sans précédent des ressources des entreprises. Désertification du tissu économique, dettes nationales et chômage. Le réveil s'est produit sous François Hollande. Cela a été le "redressement productif" de M.Montebourg. Bien sûr, personne n'a compris de quoi il s'agissait. 

M.Macron détricote systématiquement un demi-siècle de politique française. Aujourd'hui, il en est arrivé au seuil des années Pompidou. 

Et c'est pour cela, me semble-t-il, qu'il rencontre une telle opposition. Il est libéral et croit qu'une politique industrielle consiste à libérer les entreprises pour qu'elles soient fortes dans la concurrence mondiale. 

Une politique industrielle ne s'intéresse pas exclusivement à l'entreprise ! Ce qui fait une industrie forte, c'est un peuple mobilisé. Et, surtout, c'est une mobilisation "locale", à l'image des fans d'une équipe de foot, qui la forcent à se transcender. Notre industrie de la mode, le Mittlestand allemand ou la Silicon Valley sont forts parce qu'ils "sont" la culture d'une population, un mode de vie, une fierté, un "contrat social".  

Ce que doit réussir M.Macron, c'est ce qu'il a raté lors de son tour de France des Gilets jaunes : aimer le Français. 

(Fête nationale. Ce blog est parfois capable d'exploiter l'actualité...)

La forme et le fond

Ce qui m'a toujours surpris, ce sont les quatuors de Beethoven, et, encore plus, ceux de Mozart. Ils ne semblent rien avoir avec le reste de leur production. 

La forme joue un rôle fondamental dans l'oeuvre. 

Il en est de même pour le siècle de Louis XIV : Molière, Racine, Corneille, Mme de Sévigné... obéissent avant tout à une "mécanique". A une quantité de conventions. En particulier, leur vocabulaire est extraordinairement limité. 

Le simple fait de parvenir à maîtriser ces conventions, c'est le "chef d'oeuvre" ? Le génie, consiste, peut-être comme Molière, à les pervertir ? Seule la société peut aller encore plus loin, en les inventant ? 

Mais elle peut aussi les détruire, comme elle l'a fait récemment. Et, alors, le génie devient impossible ? 

mercredi 13 juillet 2022

Ère des dignités ?

 Scott Fitzgerald a appelé son temps "the jazz age". Chaque époque semble avoir une caractéristique. Après guerre, ce fut le "progrès", ensuite, peut-être, la "performance". 

Et aujourd'hui ? Au moins une équation : "progrès" + "performance" = absurde. "Sens", "perte de sens", "donner du sens à ma vie" sont dans toutes les bouches. 

Phase de "dégel" répondrait Kurt Lewin. Mais vers où va-t-on ? Ce qui est certain, disait un sénateur rural, c'est que les populations qui votent FN n'ont rien de fous-furieux croyant à la théorie du complot. Elles réclament d'être entendues. (Malheureusement l'élite politique est coupée des réalités.)

Il me semble que, dans son ensemble, la population est pleine de bonne volonté, et très désintéressée. Ce qu'elle recherche, peut-être, ce n'est pas du pouvoir d'achat pour le pouvoir d'achat, ou quelque-chose d'autre du même type, mais de la "dignité".

Un nom pour les années à venir ?

D'où parles-tu ?

"D'où parles-tu ?" aurait été une expression utilisée par les révolutionnaires de 68. 

Excellente expression. Nos raisonnements ne sont que des attrape-nigauds. Ils ne démontrent rien, mais justifient une idée préconçue. Autant partir d'elle. 

Voilà qui explique peut-être la perte d'influence et de chiffre d'affaires de notre presse. Nous avons fini par soupçonner qu'elle pensait "de quelque part". Pourquoi demander l'heure à une pendule arrêtée ?

Pas de discussion possible, alors ? La bonne discussion est, probablement, une exploration, pas une démonstration. Exploration d'une question, mais, avant tout, des certitudes de ceux qui y participent. Une recherche de "d'où l'on parle" ?

mardi 12 juillet 2022

Le hackathon qui relocalise

Relocalisation.fr ne voit pas la "relocalisation" comme tout le monde.

Ce n'est pas une question de "relocalisation", mais de "localisation". Nous entrons dans un nouvel ordre du monde. Dans le précédent, il y avait spécialisation géographique de l'économie. Dans le nouveau chacun refuse le rôle qu'on lui avait attribué. 

Comme il n'y a plus "d'usine du monde", si l'on veut avoir des vêtements, il va falloir les fabriquer ! (C'est vrai pour tous les biens matériels.)

Ce n'est pas fini. Ne nous faisons plus d'illusions : nous avons perdu nos savoir-faire traditionnels ! Seulement, il n'y a pas qu'une seule façon de fabriquer quelque-chose. 

Il faut attribuer une approche systémique, en considérant une "chaîne de la valeur" complète, on peut totalement la réinventer, avec les entreprises dont on dispose sur notre territoire. Et, cette réinvention la rend "amicale pour l'environnement" ! Et cela en un jour, en un hackathon !

Principe d'incertitude

Einstein disait que "Dieu ne jouait pas aux dés". Il soupçonnait que la mécanique quantique était contre nature. Je me demande si ce n'est pas tout le contraire. 

Le fondement de la mécanique quantique, c'est le "principe d'incertitude d'Heisenberg". En gros cela signifie que l'on ne peut rien connaître exactement. 

Or, il semble que cela soit aussi un principe de la vie : "qui veut faire l'ange fait la bête". Un désir d'absolu produit son contraire : le chaos. C'est l'histoire de tous les totalitarismes, et le drame de la politique gouvernementale. 

Etre incapable de comprendre cela pourrait être le propre de l'homme, en particulier de l'élite intellectuelle : la raison est naturellement déterministe. 

Pour autant, le déterminisme n'est pas inutile. L'homme modélise, et la modélisation lui donne des idées. Et l'envie d'entreprendre. Alors il se jette à l'eau. 

Rien ne se passe comme prévu. Peut-être, alors, que, comme le pilote de chasse poursuivi par un missile, sa raison se débranche-t-elle ? Et il est sauvé par ses esprits animaux ? En tous cas, il atteint souvent une fin inattendue. Mais une fin tout de même. Une autre façon de comprendre "incertitude" ?

Système politique

Notre système politique produit des "inconnus". Celui des Anglo-saxons, des "personnalités". 

Cela s'explique probablement par la logique des deux systèmes. Chez nous, l'Education nationale sélectionne, puis l'ambitieux se faufile dans l'appareil d'Etat. Le "parachutage" est la règle. Dans cette configuration, l'individu pense comme le groupe dont il est issu. Son talent particulier est sa capacité à exploiter l'appareil. Au fond, nous sommes une société "communiste". 

Chez les Anglo-saxons, l'individu a dû faire ses preuves. Il doit avoir du caractère et du succès. C'est une société fondamentalement "individualiste". 

Il est possible que, étant en compétition, tous les systèmes doivent s'adapter les uns aux autres. Aucun ne peut-être durablement décroché. Comme le disait Tocqueville, en substance : les forces et les faiblesses d'une culture sont liées à son principe fondateur. Le rôle du "législateur" est d'en tenir compte, pour éviter les incidents. Voire les sorties de route définitives. 

lundi 11 juillet 2022

Les dossiers d'Uber

C'est amusant d'écouter la BBC. On découvre que chacun voit midi à sa porte. 

En Angleterre, on s'offusque qu'Uber ait eu une telle influence sur le pouvoir en place. Au même moment, la même "fuite d'informations" amène la France à dire la même chose de son gouvernement. Aucun ne parle de l'autre. Dommage ?

Probablement, on oublie un fait essentiel : ce qu'Uber a représenté pour la pensée éclairée. 

Je me souviens d'avoir vu Alfred Sauvy à la télé, dans les années 70. C'était un économiste respecté. On lui a demandé (Pivot, je crois) ce qu'était la solution à la crise. Il a répondu : le taxi ! 40 ans après, j'ai invité un économiste tout frais émoulu de la commission Attali, à présenter ses idées à un club de dirigeants. Il a révélé à l'auditoire médusé que le secret de l'emploi était... le taxi ! Cela n'a pas manqué. M.Sarkozy a voulu réformer les taxis. Waterloo. Il s'est fait réformer par eux, disent deux économistes qui ont travaillé sur ce sujet. 

Le taxi, c'est l'esprit même du libéralisme. S'il n'était pas réglementé, des foules de personnes se feraient conducteurs de taxis. On pourrait se déplacer facilement, et il n'y aurait plus de chômage ! 

Généralement, ceci s'accompagne d'impressionnantes équations, et d'un impeccable raisonnement mathématique. Uber, c'était la théorie faite réalité. Le miracle du taxi, sans la résistance au changement des taxis. 

Les théories libérales reposeraient-elles sur une hypothèse incorrecte ? La nature humaine ne serait-elle pas ce qu'elles croient ? Le miracle a fait long feu.

Et c'est pourquoi, me semble-t-il, Uber est devenu une mauvaise fréquentation. Malheur au vaincu ?

(PS. Depuis l'écriture de ce billet, Telos a repris ce sujet, et rappelle la position des économistes, il y a quelques années, en ce qui concernait les taxis.)

J Edgar Hoover

J Edgar Hoover a travaillé pendant 55 ans au FBI. BBC 4 lui consacrait un feuilleton. 

Qu'en penser ? Le consensus est probablement que c'était un sale type. D'ailleurs wikipedia anglais lui réserve le traitement des sales types : une interminable discussion de sa sexualité. Grand paradoxe, à l'heure de la Gay Pride, être soupçonné d'homosexualité est une honte... 

En fait, l'histoire de Hoover a quelque-chose de très actuel, et en dit long sur la nature de l'Amérique. En effet, c'était un croyant. Son obsession était la subversion des valeurs américaines. Car c'était elles qui assuraient le "développement durable" de la nation. Et cette subversion ne vient pas tant des communistes, qu'il a combattus, que de ce que l'on appelle aujourd'hui "l'extrême gauche" et sa "contre culture". Il semble l'avoir trouvée beaucoup plus dangereuse que la Mafia, qui ne parait pas l'avoir beaucoup intéressé.

Convaincu que l'être déviant avait un comportement déviant, il se débarrassait de ceux qu'il considérait comme dangereux en traquant leurs fautes de conduite. C'est ainsi qu'il semble avoir sauvé son poste à l'époque Kennedy, représentant des idées honnies, en montrant à son frère, alors "attorney général" (ministre de la justice), que le président avait partagé une maitresse avec un chef de la Mafia. Mafia qui, d'ailleurs, se croyait protégée pour lui avoir fait gagner les élections.

Quant à sa lutte contre le communisme, elle s'est servie de ce que la plupart des leaders communistes des années 20 n'avaient pas la nationalité américaine. Il les a fait déporter. 

Cette émission pose la question de qui écrit les consensus. En effet, au début des années 20, les grèves paralysaient les USA, dit le personnage de Hoover dans l'émission. Or, le but du communisme était de prendre le pouvoir partout. Et cela aurait pu réussir. En Allemagne, par exemple, la "montée des extrêmes" aurait pu aboutir à la victoire du communisme, et pas du nazisme. Ce sont de "sales types" qui ont permis d'écrire l'histoire que l'on l'entend aujourd'hui ?

Masculinisme

Hier, le Monde dénonçait le "masculinisme" qui court sur les réseaux sociaux. 

Je découvre le phénomène et le mot. Mais, pourquoi ne pourrait-il y avoir que le "féminisme" ? 

J'observe depuis quelques temps que le féminisme qui a cours depuis quelques décennies s'est fait beaucoup d'ennemis. Par exemple, la créatrice d'un réseau de femmes chefs d'entreprise insiste sur le fait qu'il est ouvert à tous. Apparemment on lui fait un procès d'intention féministe systématiquement. De même, j'ai eu la surprise d'entendre une émission de la pourtant très vertueuse BBC, elle aussi, prendre ses distances vis-à-vis des excès du féminisme. 

Je me demande si je n'appartiens pas à une classe de "bons citoyens" qui croient ce qu'on leur dit. La couche du dessus la manipule. La colère de celle du dessous gronde. Mais, on ne le sait pas, parce qu'elle n'a pas accès aux moyens conventionnels d'expression. 

dimanche 10 juillet 2022

Prochain premier ministre

Qui va remplacer Boris Johnson ? 

Il y a beaucoup, beaucoup, de candidats. Ce qu'ils ont en commun ? Ne pas être des énarques ! Ce sont des "personnalités". 

Cela signifie soit un "combat", soit un côté "self made man". Ce sont, presque en majorité, des "asiatiques" (entendre par là qu'ils sont nés dans la partie asiatique de l'empire britannique), ou des femmes à poigne, ou ils ont eu un parcours atypique, par exemple militaire. 

Ils se sont "distingués". Autre différence avec nos énarques : ce sont des élus, des "représentants du peuple", dans un pays où cela a un sens. Et aussi, contrairement à nos énarques, ils ne font pas carrière. La politique n'est pas un tremplin vers la fortune et le pouvoir. Ils ont réussi dans la vie, ils sont souvent riches, la politique, pour eux, est un sacerdoce. 

(Portraits.)

"Inspirant", pour utiliser un terme à la mode ? 

Langue d'intellectuel

Pourquoi le normalien lettres est-il incompréhensible ? Pourtant, il n'y a pas encore longtemps, à la richesse du vocabulaire près, nos auteurs écrivaient simplement. 

Cela fait penser au sonnet d'Oronte, dans le Misanthrope : "L'espoir, il est vrai, nous soulage, / Et nous berce un temps, notre ennui : / Mais, Philis, le triste avantage, / Lorsque rien ne marche après lui !..."

Auquel le Misanthrope répond : "Si le Roi m’avait donné Paris sa grand’ville, / Et qu’il me fallût quitter L’amour de ma mie ; / Je dirais au roi Henri /"Reprenez votre Paris, /J’aime mieux ma mie, au gué, /J’aime mieux ma mie."

"Ce style figuré, dont on fait vanité, / Sort du bon caractère, et de la réalité" ? L'excès de culture fait lâcher la proie pour l'ombre ? 

samedi 9 juillet 2022

La malédiction du plastique

Le plastique un un terrible danger pour l'humanité, mais pas celui que l'on dit. Il se transforme en nanoparticules, et celles-ci traversent les systèmes immunitaires des êtres vivants. Ce qui peut résulter en cancers. (Ce blog a consacré plusieurs articles à cette question.)

La "transition climatique" ne va pas stopper ce phénomène, mais, au contraire, l'accélérer :

  • Les technologies qu'elle utilise (en particulier pour les voitures électriques) emploient en masse le plastique. 
  • Le recyclage est pire que le mal : il laisse croire que le plastique est inoffensif et il met du plastique là où il n'y en avait pas, et donc tue des filières vertueuses. 
  • Le pétrole étant éliminé comme combustible doit trouver d'autres usages, et le plastique est une diversification à haute valeur ajoutée. 
C'est ce que j'ai entendu dans Affaires étrangère de Christine Ocrent (France Culture).  

Enseignement ? C'est exactement le mécanisme que décrit le club de Rome. A chaque fois que l'on pense remédier à un mal, on en produit un plus grand. La "transition climatique", si elle veut réussir, a besoin d'une vision systémique pour la guider. En particulier, elle ne peut pas prendre comme indicateur les seules émissions de gaz à effet de serre. 

(Les travaux issus du club de Rome.)

La France à l'heure de la politique industrielle

Dans "La désindustrialisation de la France", N.Dufourcq me semble raconter l'histoire suivante :

Après guerre, la France a eu une politique industrielle dirigiste. Puis, à la fin des années 70 (V.Giscard d'Estaing), elle a opté pour le laisser-faire libéral. Aujourd'hui, elle constate son erreur : l'Allemagne et la Chine, en particulier, ont, depuis plusieurs décennies, une politique industrielle extraordinairement agressive. Elle a fait leur fortune, et a puissamment contribué à la destruction du tissu économique français, devenu non compétitif. D'où chômage et dettes (et montée des extrêmes). 

L'heure de la politique industrielle a sonné. Mais qu'est-ce  qu'une "politique industrielle" ? N.Dufourcq semble penser que c'est lui. Autrement dit la BPI.

Je soupçonne qu'une politique industrielle est un juste milieu. Entre l'interventionniste gaulliste et le laisser-faire giscardien. Autrement dit, les fonds de la BPI ne sont pas suffisants. Il faut, en plus, une action de catalyse, qui va amener notre tissu économique à en faire bon usage. 

C'est ce que l'on appelle le "nudge". 

Le "nudge" consiste à comprendre les caractéristiques d'une culture, pour donner la juste impulsion, qui amène le système à se transformer. C'est, aussi, le fondement de la pensée chinoise : le "li". Et c'est, d'ailleurs, ce qu'a fort bien utilisé le pouvoir chinois en disant à ses forces vives : enrichissez-vous. 

Quel est le li de la France ? 3 constats et une idée :

  • Nos entrepreneurs n'ont pas conscience de ce qui constitue leur potentiel. Cela ne peut être vu que par un regard extérieur, celui d'autres entrepreneurs. (Pas de la BPI.)
  • Nos entrepreneurs sont de purs entrepreneurs. Ce ne sont pas des managers. Or tout l'art du management est la "valorisation" : tirer le maximum de son "talent" (au sens de la Bible). 
  • Il en est de même de nos tissus économiques locaux : ils possèdent un patrimoine de savoir-faire qui vaut cher, mais ils n'en ont pas conscience, et sont incapables de l'exploiter car ils sont une Tour de Babel d'entreprises solitaires. 
  • Le changement doit venir de l'extérieur : du local. L'élu charismatique a le pouvoir de créer une dynamique de transformation. Du patrimoine commun, il fait émerger un projet collectif. Et la mise en oeuvre de ce projet est l'occasion pour les entreprises du territoire de profiter de ce qu'apporte la BPI pour se moderniser. 

vendredi 8 juillet 2022

Boris Johnson

Boris Johnson est parti. Ses aventures rendaient passionnante l'écoute de la BBC. A chaque flash d'information, on apprenait une démission de ministres indignés... Et leurs remplaçants prenaient la tête de la fronde ! 

Il a été puni par là où il a pêché. Les lois, c'était pour les autres. Il pensait qu'il pouvait tout se permettre, que tout lui serait pardonné. Mais, comme dans une pièce de Molière, ce sont les faits qui lui ont été fatals. A chaque fois qu'une information contredisait sa précédente déclaration, il la reniait, et inventait un mensonge. Du coup, ceux qui le soutenaient devaient avaler des couleuvres. C'est devenu insupportable. 

Dans cette histoire, le pire est que les faits sont de peu d'importance (un membre du gouvernement avait un comportement déplacé vis à vis des garçons, et, auparavant, il s'agissait de participations à des réunions en période où les réunions étaient interdites). 

La politique anglaise va-t-elle changer ? D'après ce que j'entends : non. Albion sera toujours perfide. Seulement, elle le sera dans les règles de l'art. 

(Je me demande, d'ailleurs, si Boris Johnson n'a pas été plus perfide vis-à-vis des Anglais que des Européens : car, comme il ne comptait pas le respecter, et qu'il est d'un naturel brouillon, il a fait avaler aux premiers un traité du Brexit bâclé ?)

L'élite est-elle réellement stupide ?

"Elite" est un terme de dérision. Nous sommes gouvernés par des gens qui affirment devoir leur autorité à la qualité surhumaine de leur intellect, alors qu'ils ne font que des erreurs de débutants. 

(C'est nous qui en payons le prix, bien sûr. Nous moquer d'eux est certainement un moyen de nous dédommager. Le rire est préférable à la révolution. Surtout pour l'aristocratie.) 

L'Elite est-elle fondamentalement stupide ? Ce n'est pas certain. Mon hypothèse est la suivante : 

En fait, tout tient à une erreur : elle croit que la sélection dont elle est issue lui donne le droit de faire ce qui lui passe par la tête. 

En fait, ce qu'elle ne fait pas, c'est ce pour quoi elle a été sélectionnée. Elle n'utilise pas les talents que l'on a identifiés chez elle. Les roues de la formule 1 ne touchent pas la route...  

jeudi 7 juillet 2022

On est toujours puni...

Une bactérie du porc traité aux antibiotiques résiste aux antibiotiques et peut contaminer l'homme. (Article.) 

Comme quoi, nous ne pouvons pas "laisser faire". Si nous voulons avoir des chances de rester en vie, on ne peut pas se désintéresser de ce qui se passe ailleurs sur la planète, car un comportement irresponsable peut vite nous retomber sur le nez. 

C'est ce que les Grecs appelaient "la politique" : la gestion du navire par l'ensemble des rameurs. 

Jaws

Jaws, c'est "les dents de la mer". Un feuilleton de BBC4 à partir du texte original. 

Le chef de la police d'une l'île, lieu de villégiature à la haute société de l'Est, doit affronter un monstre. Eternel thème puritain de la lutte du bien contre le mal ? 

Le "bon", c'est le policier. Un policier élu, comme il est d'usage aux USA. C'est le héros américain de beaucoup de films. Humilité, sens du devoir, courage. Il ne lutte pas uniquement contre le monstre ("the fish"), mais surtout, contre les puissances de l'argent, qui le menacent de le licencier s'il ferme la plage, et, contre les Bobo de l'Est qui préfèrent la nature à l'homme, et qui méprisent ce plouc. 

Aujourd'hui ce même homme serait qualifié de "déplorable" par Mme Clinton, et voterait, probablement, Trump. Ce que révèle Jaws est que la façon de raconter les histoires change. 

mercredi 6 juillet 2022

Mondes parallèles

Le monde des animaux n'a rien à voir avec le nôtre. C'est évident lorsque l'on étudie leurs organes de perception. C'est ce que je comprends d'une émission de BBC 4. 

C'est un peu comme dans la théorie d'Einstein, de la masse qui courbe l'espace. Chaque espèce aurait son propre espace-temps. 

Je me suis toujours demandé s'il n'en était pas de même pour les individus. 

Déjà, les visions de la réalité qu'ont les groupes humains n'ont rien à voir les unes avec les autres. Par exemple certains "primitifs" estiment que l'animal descend de l'homme. Ce qui rend leur comportement beaucoup plus "durable" que le nôtre. 

C'est aussi vrai pour moi. Au fond, ma vision du monde est basée sur le principe que je suis un nul. Cela a de curieuses conséquences. 

  • Lorsque j'ai commencé ma vie professionnelle, je m'occupais d'algorithmes. J'étais persuadé que la science était quelque-chose qui dépassait mon intellect. Si bien que j'allais chercher ce qui avait été écrit sur le sujet que je traitais. Du coup, je trouvais des algorithmes très efficaces, vite. Par contraste, mes collègues semblent avoir pensé que leurs diplômes démontraient qu'ils étaient exceptionnellement intelligents. Donc ils laissaient libre cours à leur imagination. Ce qui était catastrophique. Paradoxalement, j'ai vite compris que je devais être prudent : mon efficacité menaçait de laisser croire que j'étais meilleur en mathématiques que mes collègues, ce qui aurait été leur faire perdre la face, puisque, en ces temps, les mathématiques équivalaient au QI. 
  • Quand je suis arrivé à la direction de la stratégie de cette entreprise, j'ai pensé qu'il fallait que j'écoute le marché. Mes collègues pensaient qu'ils devaient s'écouter eux mêmes. Big bang.
  • Il y a vingt ans, lorsque je me suis intéressé sérieusement au changement, j'ai pensé, implicitement, qu'il avait des "lois", comme en physique. Petit à petit, j'ai découvert que j'étais le seul à le croire. Aujourd'hui, le changement est perçu comme un interrupteur : "le changement c'est maintenant". Les Chinois, Aristote ou Hegel proposent des théories du changement extrêmement puissantes. Mais, d'une part, elles n'ont pas été perçues comme telles, et, d'autre part, eux-mêmes les prenaient pour des absolus et non comme des hypothèses, ou comme une contribution à une réalité plus large (comme la physique classique vis-à-vis de la physique d'une manière générale). En quelque sorte, ils disaient "le changement c'est cela". 
Je me demande si nous ne ressemblons pas à ces gladiateurs romains : chacun avait des armes différentes. Chacun d'entre-nous voit le monde à sa façon. Relativité générale ? 

L'hiver des démocraties ?

Quelle est la raison de la guerre de 40 ? Les USA, je soupçonne. D'une part parce qu'ils n'ont pas tenu parole : ils n'ont par ratifié les engagements du président Wilson. L'Europe n'a pas eu d'aide pour se reconstruire. Ensuite, par la grande folie des années 20, qui a produit une crise, qui fut fatale à l'Allemagne, et dont les USA n'ont dû qu'à la guerre de pouvoir se relever. 

Un siècle après, notre situation semble similaire. Une fois de plus, les démocraties sont en danger. Mais, une fois de plus, elles sont à l'origine de leurs malheurs ? Le mal de la démocratie, c'est "l'hybris" ?

La chute du mur de Berlin a résulté en quelques "années folles". Le modèle américain a gagné le monde. Résultat habituel : crise. D'ailleurs, n'y a-t-il pas, comme en Allemagne dans les années 30, une "montée des extrêmes" ? En particulier en France. Et, comme en Allemagne, les partis politiques traditionnels ne sont-ils pas tentés de jouer avec le feu ?

Mais, cette fois-ci, les USA ne seront probablement pas là pour nous sauver. M.Trump n'est pas M.Roosevelt. 

Ce n'est pas la guerre de 40, mais la guerre du Péloponnèse que nous rejouons ? 

mardi 5 juillet 2022

Vive l'élevage intensif ?

"les chercheurs affirment maintenant que (les élevages de volailles en liberté), qui nécessitent beaucoup plus de terres, augmenteraient l'empiétement sur les habitats naturels et créeraient de plus en plus de risques que les maladies véhiculées par les animaux sauvages entrent en contact avec les humains et franchissent la barrière des espèces." (Article.)

L'élevage intensif aurait du bon. Méfions-nous des idées reçues, disent les chercheurs. 

Leçon de complexité : un bien n'est pas l'inverse d'un mal, mais, plus souvent, le "juste milieu" entre lui et son inverse... 

La désindustrialisation de la France, de Nicolas Dufourcq


La minuscule élite parisienne qui dirige la France n’a pas vu ce qui se passait dans le monde. Et elle a pris des décisions qui allaient, complètement, à l’encontre des intérêts du pays. 

Le phénomène remonte aux années 70, mais un coup fatal a été porté en 2000. 

Il a fallu deux décennies pour que cette élite envisage de changer de politique. Et encore... 

Nicolas Dufourcq veut comprendre ce qui s’est passé. C’est un témoin capital. Il gouverne la BPI, et a été au cœur des changements du pays (il dirigeait déjà Wanadoo à l’époque de la bulle internet, qui a failli être fatale à France Télécom). En outre, il interroge 49 témoins : hommes politiques, économistes, syndicalistes, entrepreneurs.  

C'est l’histoire récente de notre pays qui se dévoile, et la politique de notre gouvernement qui s'explique ? 

Le cercle vicieux 

Tout tient à un mot mystérieux : “demande”.  

Cela commence avec les chocs pétroliers des années 70. Le gouvernement fait une “politique de la demande”. Elle consiste, alors, à prendre de l’argent à l’entreprise pour le donner au consommateur (“la demande”), tout en cherchant à créer de l’emploi en rigidifiant le droit du travail. C’est le début d’un mouvement qui va aller en s’amplifiant. Or, la règle du jeu industriel, surtout au moment où la concurrence devient mondiale et “low cost”, est de s’échapper de la bataille des prix par l’innovation et donc l’investissement. C'est cette capacité à s’échapper qu’attaque le gouvernement. L'entreprise entre dans un cercle vicieux. Cela ne va pas être bon pour l'emploi...  

Seulement, pendant longtemps, le pays n’a pas été significativement différent des autres, d’autant qu’il est protégé de la concurrence internationale et que les largesses gouvernementales sont compensées par des dévaluations. C’est en 2000 que tout change. Notre pays devient une exception. Il “décroche”.  

Notre élite est beaucoup plus sensible à l’influence anglo-saxonne que ses homologues étrangers, dit le livre. A droite, elle s’est convertie au “libéralisme”. A gauche “d’ouvriériste et productiviste”, elle est devenue “compassionnelle”, sous le gouvernement “d’intellectuels” de L. Jospin. Il lui fallait un coupable : l’économie. Elle lui a porté un coup fatal. La loi des 35h. 

Ce qui se passait hors de France était stupéfiant. Les échecs de la réunification allemande emmenaient le pays par le fond. Dans un sursaut sacrificiel, les Allemands adoptent une économie de guerre. Ils réduisent brutalement leurs coûts de production, en acceptant de s’appauvrir ; ils annexent les pays de l’Est, qu’ils transforment en plate-forme de production ; ils s’amarrent à la Chine à laquelle ils livrent leurs machines. Fait libéral, la Chine entre dans l’OMC : plus de barrière douanière. Avec les machines allemandes, et les subventions gouvernementales, elle submerge l’Occident de produits à bas coût. Sa stratégie est systématique : éliminer l'économie étrangère. C’est une Blitzkrieg impeccablement exécutée : en quelques années, des centaines de milliards d’euros passent des perdants aux gagnants.  

Alors que partout l’industrie est aidée, et que la France sort d’années de “désinflation compétitive” pour  entrer dans l’euro, notre élite décide que les efforts sont finis. L’euro et l’économie de marché vont avoir un effet “darwinien” sur l'entreprise. Laissons faire, “l’intendance suivra”. Or, l’Allemagne ayant “dévalué”, l’économie française est prise au piège de l’euro, de même sa PME ne peut s’adapter seule à la nouvelle “organisation mondiale du commerce”. Et ce d’autant que l’Europe est devenue ouverte à tous les vents grâce à l’action remarquablement efficace des Britanniques. Il se trouve que le ministère de l’industrie délègue aux champions nationaux le soin d’entretenir nos filières économiques. Or, ils prennent leurs jambes à leur cou. Ils abandonnent la France, et leurs fournisseurs. (Alors que notre économie est beaucoup plus petite que l’Allemagne, elle emploie maintenant autant de personnes que cette dernière à l’étranger : 6 millions !) Ce qui était produit en France l'est à l’étranger. Le déficit du commerce extérieur devient massif. (Notre pays subventionne l’Allemagne ! Quant aux Allemands, ils sont nationalistes : les délocalisations servent à l’économie nationale.) 

La crise des subprimes est le coup de grâce. Contrairement à l’Allemagne, notre pays n’a pas les moyens du chômage partiel. Ses PME s’effondrent. La France profonde est désertifiée. C’est grâce à la BCE que le phénomène ne s’est pas reproduit en 2020. (Où en serions-nous sans elle ?) 

En fait, les 35h ne sont pas ce que l’on dit. L’Etat a compensé leur impact sur l’entreprise par diverses mesures, financées par la dette. Elles semblent surtout avoir été un message de défi au monde : la France ne veut pas travailler. Pour l’étranger, nous sommes devenus des pestiférés. En France ça a été le “chacun pour soi”. Les “écosystèmes” ont explosé : les entrepreneurs qui n’avaient pas jeté l’éponge ont essayé de sauver leur peau. La loi devait forcer l’entreprise à créer de l’emploi. Elle a eu l’effet inverse.  

A cela s’ajoute un autre phénomène typiquement français : le naufrage de l’Education nationale. Il serait dû à la politique du bac pour tous. L’Education nationale a transformé la filière professionnelle, arme d'élite de l’économie industrielle, en dépotoir.  

Et, enfin, le nucléaire. Il était une sorte de “parrain” de l’industrie. Il avait sur elle un effet d’entraînement considérable. L’arrêt de ce programme a enfoncé un autre clou dans son cercueil.  

La prise de conscience 

Pour notre élite, la France est un pays étranger. C’est lorsque les premiers champions nationaux sont tombés (ils souffraient des mêmes maux que les PME, avec, en plus, des dirigeants peu compétents), puis quand l’automobile a été touchée, que ses certitudes ont commencé à chanceler. En effet, c’est elle qui dirige ces champions. C’est sa source de légitimité. Paradoxalement, le réveil s’est fait sous François Hollande. Une étude a été commandée à Louis Gallois, en 2012, qui a révélé l’ampleur des dégâts. Il fallait faire une politique de “l’offre”. Ce rapport a provoqué une “scission” qui a “paralysé” la présidence Hollande.  

C’est l’origine de la BPI. Il semble que ce soit aussi celle de M.Macron. 

La politique de M.Macron expliquée ? 

Indirectement, cela éclaire ce que fait M.Macron. Il dé tricotte la politique de la demande, pour faire une politique de l’offre. Il cherche à recréer un tissu économique compétitif (ou plutôt n’ayant pas un trop lourd handicap), afin qu’il emploie des Français. Cela explique beaucoup de choses : 

  • Simplification du code du travail, réduction des prélèvements sociaux et des impôts de production, et apprentissage. Conséquence directe de ce qui précède. 
  • ISF. Son effet sur la PME familiale n’a pas été dit. Pour le payer, les actionnaires familiaux ont demandé des dividendes. Or, dans un contexte de concurrence mondiale débridée, la seule issue pour la PME était d’innover au maximum. Elle avait déjà peu de moyens pour cela, l’ISF a été fatal pour l’entreprise familiale. 
  • Taxe professionnelle. Cette taxe était collectée par les collectivités locales. Or, elles en abusaient. D’où un effet de même type que celui de l’ISF. Cela explique probablement pourquoi M.Macron a retiré aux collectivités leur capacité de prélever l’impôt. Mais aussi le dialogue de sourds qu’il y a entre lui et elles : car il semble leur imposer toujours plus de rigueur financière, alors qu’elles sont “désertifiées”.  

Certes, mais tout cela pourrait être une politique “libérale”. Eh bien non : “les grands programmes sont de retour”. Le maître mot est “politique industrielle” : le gouvernement ne veut plus “laisser faire”, mais mettre la main à la pâte.  

En tous cas, c’est ce que pourrait vouloir faire la BPI. Et si, après les champions nationaux, le nouveau ministère de l’industrie, c’était elle ? 

L’avenir : politique industrielle ? 

Les jeux ne sont pas faits. Nous nous engageons dans une “nouvelle bataille”. Mais c’est peut-être bien “la mère de toutes les batailles”. Et les autres pays sont armés jusqu'aux dents et déterminés à la gagner, alors que nous y entrons en mauvais état. Et les forces qui nous ont disloqués ne font que s’amplifier. 

Le terrain perdu l’est définitivement. Il faut déplacer le combat ailleurs. Et il faut réussir ce que nous avons raté : se différencier par l’innovation et la robotisation. Cela va demander de mélanger la start up et l’entreprise traditionnelle. Mais aussi beaucoup de formation, surtout pour le patron.  

Et il faut aussi que les PME prennent la parole. Elles doivent, en grande partie, leurs difficultés à ce qu’elles aient été incapables de s'exprimer  

Mais, surtout, la leçon allemande, c'est la puissance invincible que représente la volonté d’un peuple uni. Cette fois, il faut “embarquer” tout le monde et reconstituer les écosystèmes locaux, à la façon des  “contrats sociaux de territoire” allemands.

A toutes ces questions, grands programmes, financements, formation... la BPI, qui se veut “verticale et horizontale” (les avantages du jacobinisme et de la délégation, sans leurs défauts) a une solution. En particulier, la “French Fab” pourrait être l’organe d’expression de la PME. 

La question qui demeure est : avons-nous réellement appris du passé ? Et remontons-nous, d’ailleurs, suffisamment loin dans ce passé ? Car un des cadavres qui réapparait régulièrement dans le livre est le “plan machine-outil”. Notre faiblesse dans la robotique et notre incapacité à profiter des Chinois, comme le firent les Allemands, vient de là. D’ailleurs, on ne parle même plus du “plan calcul”, tellement nous fûmes ridicules. Nos deux faiblesses majeures sont la conséquence de “grands programmes”, qui ont mal tourné.  

Si notre élite voit, parfois, bien. Sa principale faiblesse est son aptitude à l’exécution. Cela va-t-il changer ?  

(Ce livre semble un succès : il a fallu un mois à Amazon pour me le livrer : je soupçonne une rupture de stock.)

lundi 4 juillet 2022

Vive la dyslexie ?

La dyslexie aurait du bon. Elle serait l'atout de l'explorateur. Elle résulterait de l'évolution, qui a demandé à l'homme d'être curieux. Et, vu ce qui nous attend, il serait judicieux de la cultiver. Voilà ce que disent des chercheurs

Selon eux, la vie est un juste équilibre entre exploration et exploitation. Le bon explorateur n'est pas un bon exploitant. En particulier, il peut avoir des difficultés à lire et à écrire. 

En ces temps où l'on dénonce l'échec total de notre Education nationale, voici une voie qu'elle pourrait explorer : au lieu de chercher à faire entrer ses élèves dans ses normes, s'adapter à leurs talents, en leur apprenant à faire équipe ? 

Mais, pour mener une telle réforme, ne faudrait-il pas recruter un ministre dyslexique ? 

"les difficulté rencontrées par les personnes dyslexiques résultent d'un compromis cognitif entre l'exploration de nouvelles informations et l'exploitation des connaissances existantes, l'avantage étant un biais en faveur de l'exploration qui pourrait expliquer des capacités exceptionnelles de découverte, d'invention et de créativité."

(Apparemment 20% de la population serait dyslexique...)

Qui écrit l'histoire ?

Ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire, répétait un dirigeant. Je pense que, pour lui, cela signifiait "la fin justifie les moyens". "Je peux faire autant d'erreurs que je veux, tant que je suis PDG, ça ne compte pas."

C'est une pensée très américaine. J'ai fini par croire que l'Américain pensait que la vie était une lutte entre la masse des imbéciles et l'homme de génie. La marque du talent n'était pas de faire le "bien", par exemple de construire un monde durable, mais de rouler l'imbécile dans la farine, en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes. La vie est un jeu absurde, c'est le plus habile qui gagne. D'ailleurs, plus vous croyez à la science, à l'intérêt de l'humanité, à la justice, ou autre, et plus vous êtes facile à manoeuvrer. 

En fait, tout cela est faux, probablement. L'histoire semble montrer que ceux qui écrivent l'histoire sont, tout bêtement, ceux qui savent écrire. Et il servent bien plus souvent leurs intérêts, rarement très glorieux, que ceux des vainqueurs. 

dimanche 3 juillet 2022

Pragmatique Amérique

Tocqueville disait que la Cour suprême américaine était l'aboutissement d'un processus juridique complexe, qui produisait un consensus national, que sanctionnait, finalement, la cours. 

Cela ne semble pas le cas avec la question de l'avortement. Et l'environnement ? La cour limite les pouvoirs de l'EPA, l'agence responsable de l'environnement. Décidément, elle trahit sa mission ? 

Mais il se trouve que M.Biden, lui aussi, ne semble plus trop ami de l'environnement. Après avoir poussé les producteurs de gaz de schiste à accélérer leur extraction, il envisageait de nouveaux permis d'exploration du golf du Mexique. Cela serait justifié par une question de prix de l'essence et d'inflation, qui inquiète l'électeur. 

La particularité des USA, ce sont leur capacité à se remettre en cause. Rien ne les engage ? 

Chanteur totalitaire

Ecoutez un chanteur de musique classique reprendre un chant populaire. De quel droit peut-il ainsi le massacrer ? 

C'est ce que j'ai pensé, il y a quelques temps, en entendant José Van Dam interpréter une chanson de Jean Ferrat. 

L'homme de culture a quelque-chose de totalitaire ? Il n'a pas compris qu'il y a différentes cultures, et qu'aucune ne peut s'arroger le droit de mépriser l'autre, en lui imposant ses règles ?

samedi 2 juillet 2022

Avortement et constitution

J'ai lu que l'on parlait d'inscrire le droit à l'avortement dans la constitution. 

Cela semble significatif d'une tendance de ces dernières décennies : la fascination pour les USA. 

Certaines de nos "élites" importent leurs idées des USA à tel point qu'elles croient y habiter. 

Paradoxalement, s'il y a danger, c'est que la prédiction soit autoréalisatrice. 

Le militantisme des intellectuels américains a conduit, en réaction, à la mise en péril de ce sur quoi repose la nation américaine : la Cour suprême. De même, mettre ce que l'on veut protéger dans notre constitution est contreproductif : cela vide la constitution de son sens. Ce qui est une menace à l'ordre public. 

(Les USA sont une nation très religieuse, contrairement à la France laïque. Le "droit à l'avortement" heurte les croyances d'un grand nombre d'Américains, et, probablement, de la majorité des immigrés. La signification du droit à l'avortement n'est pas celle qu'on lui donne chez nous.)

Nés sous le signe d'Alésia ?

La France est universellement critiquée. Et, certainement, à la fois l'histoire et l'actualité donnent de nous une piètre image. 

Dans ces conditions, comment la France a-t-elle pu engendrer autant de nationalistes ? Comment ne peut-on pas être honteux d'être français ?

Mais, le plus surprenant, est l'étranger, en particulier de culture protestante, qui vit en France. Il est extraordinairement critique. Seulement, aucun Français ne pourrait se comporter comme lui, sans perdre la face. Il est impoli - il ne respecte pas les usages de la société qui l'accueille, tout en profitant au mieux des avantages sociaux qu'il dénonce ; il n'arrive pas à l'heure aux réunions ; sa parole ne l'engage pas ; il manque totalement d'autonomie... (Si j'en crois mon expérience.) 

Enseignement ? La force d'une nation, c'est l'intelligence collective. Pas le génie de ses individus. La France a des joueurs, mais pas d'équipe ? Résultat : Alésia ?

vendredi 1 juillet 2022

Ecran de fumée ?

M.Johnson donne 1md£ d'armement à l'Ukraine. J'ai cru comprendre que cet argent était pris en partie sur les ressources que l'Ecosse et le pays de Galle consacrent à la santé et à l'éducation... Les nouvelles de la BBC qui parlaient de ce sujet disaient aussi que les sanctions contre les oligarques russes qu'abrite l'Angleterre ne sont pas efficaces, faute de moyens pour les appliquer. (Un autre billet citait encore la BBC, qui estime à 1000 milliards de £ annuelles le blanchiment d'argent que fait la Cité de Londres.) 

Stratégie à la Turque (ou à la Hongroise) ? Dans quel camp est réellement la perfide Albion ? 

Le misanthrope

Un spectacle de saltimbanques amateurs m'a fait m'intéresser à Molière. 

J'ai cru comprendre que tout était dans la façon de dire le texte. Et que, peut-être, nos pères le faisaient mieux que nous. J'ai cherché des enregistrements anciens et ai découvert une représentation de 1958. Il s'agissait du Misanthrope en costumes modernes. 

On se croirait aujourd'hui. Le Misanthrope n'a rien de misanthrope. C'est quelqu'un qui dit ce qu'il pense, ce qui est impossible en société ! Il ne veut pas fâcher, il fait des efforts héroïques pour ne pas froisser ses interlocuteurs. Mais il ne peut trahir ses convictions. "Et pourtant elle tourne !" Qui ne s'est pas trouvé dans cette situation ?

D'ailleurs, il n'a rien d'un bouffon. C'est même quelqu'un qui est recherché, et estimé. S'il n'avait pas ce caractère impossible, il pourrait aspirer à ce que le Royaume compte de meilleur. 

Le coup de génie de Molière est de l'avoir rendu fou amoureux de son opposé. Une sorte de Boris Johnson féminin, une langue de vipère qui fait croire à chacun qu'elle l'aime. 

En quoi lui plaît-elle ? Peut-être croit-il que, derrière la frivolité de l'apparence, sa nature est fondamentalement bonne ? 

Mieux encore ? La fin qui, contrairement au genre de la comédie, se termine en pirouette. 

A moins qu'il y ait une "happy end" ? Le Misanthrope a de véritables amis. Eux ont compris qu'il fallait savoir ménager les susceptibilités. Que ce qui compte n'est pas le petit ridicule, mais la nature humaine. Aime et fais ce que tu veux, comme le dit Saint Augustin ? 

(Et que l'on corrige mieux les moeurs par le rire que par la critique ?)