jeudi 31 octobre 2019

Fiat : mauvais pour Renault, bon pour Peugeot ?

PSA fusionnerait avec Fiat. On s'en réjouit. Curieux. Une alliance avec Renault semblait toxique. (La Tribune.)

Pourtant l'affaire semble compliquée. On disait que Fiat était en quasi faillite. (Elle n'a pas renouvelé sa gamme.) Il n'y aurait que ses marques américaines de rentables. Et il va falloir à Carlos Tavares gérer des Italiens, des Français, plus notre gouvernement, et probablement le gouvernement italien. Le cauchemar ?

Mais peut-être est-ce lui qui fait la différence ? Renault, qui a un management faible et un conflit inter culturel en cours, ne pouvait pas en rajouter dans la complexité ? Carlos Tavares est dit compétent, et il aurait réussi la fusion PSA / Opel.

Si c'est le cas, espérons qu'il partira tard à la retraite, et qu'il saura, contrairement à Carlos Ghosn, préparer sa succession.

Nucléaire et démocratie

Pourquoi l'EPR d'EdF nous coûte-il si cher ? Parce qu'EdF a perdu la main. Il faut donc construire régulièrement des centrales nucléaires.

Oui, mais il semble que beaucoup de gens trouvent cela dangereux. Cela ne mériterait-il pas un moment de réflexion ? Visiblement, le gouvernement en a décidé autrement. Il n'y a que les manifestations ou les crises qui puissent arrêter un gouvernant français.

mercredi 30 octobre 2019

Boris va-t-il gagner ?

Boris Johnson va-t-il gagner les prochaines élections anglaises ?
Les sondages le pensent. (Article de CNBC, dont est tiré le graphique suivant.)
En Angleterre, avec un peu plus du tiers des votes exprimés, on a une majorité absolue... 

Le plus surprenant est la répartition des votes. Le parti travailliste est en tête chez les moins de 50 ans, l'Angleterre de demain. Mais les conservateurs écrasent leurs opposants chez les plus de 65 ans... 

Saine démocratie ?

Le changement par le périphérique

Soit une entreprise en difficulté...
Si l’on utilisait un livre de cours de management pour analyser sa situation, on conclurait que tout y marche en dépit du bon sens. D’où le sentiment de dépression que j’ai eu en lisant La voie, le livre d'Edgar Morin, qui parle de l'état de la planète. Or, l’entreprise se transforme. D’un seul coup, tout fonctionne.

Ce qu'Edgar Morin nomme « eros » joue un rôle critique dans le changement. L’entreprise a « envie » de changer. Et alors sa « tête collective » se met en fonctionnement, et rien ne lui résiste.

Il existe une technique pour déclencher cet effet : le « projet périphérique » (je parle aussi de « la méthode du vaccin »). On commence petit. On attaque un problème « insoluble ». Lorsqu’il est résolu, tout le monde en parle.

Spontanément l’organisation révèle ses inquiétudes. Elle a retrouvé l’espoir. Elle, qui se croyait condamnée par des vices si honteux qu’elle les cachait dans son inconscient, découvre qu’elle a des qualités, immenses. Elle ne trouve pas là la solution toute cuite à ses difficultés, mais la force de les aborder.

mardi 29 octobre 2019

Instabilités politiques et classe moyenne

L'Amérique du sud est mécontente. D'après ce que j'ai entendu, cela viendrait d'un basculement d'une partie de la classe moyenne dans la pauvreté. Les gouvernements de gauche ont profité d'une conjoncture favorable. Puis, quand les choses ont commencé à mal tourner, on a pensé que la droite ramènerait la prospérité, mais c'était une erreur.

Aristote estimait que la classe moyenne était la garantie de la stabilité d'une société. Ces derniers temps, on parlait plutôt de "défense des minorités", qu'elles soient pauvres ou riches ("les créateurs de valeur"). Que l'on se préoccupe à nouveau des classes moyennes est un changement.

Que faire ? Probablement ni gauche ni droite, ni bons ni mauvais. Une société qui fonctionne reconnaît l'utilité de chacun, et ne condamne personne ?

Le capitalisme moderne comme réaction à l'Etat providence

France Culture parlait de capitalisme, et c'était affligeant. Son histoire du capitalisme faisait, quasiment, succéder le néolibéralisme à Marx. Or, la guerre et l'après guerre furent technocratiques. Il n'y avait pas de grandes différences entre l'URSS et les USA. Pour cela France Culture aurait dû relire l'abondante littérature qui a été produite sur le sujet.

C'est cette emprise de l'Etat qui explique Mme Thatcher, et M.Reagan, mais aussi les théoriciens du néolibéralisme. Ils dénonçaient l'Etat totalitaire et revendiquaient la liberté individuelle, et l'égoïsme. On ne comprend rien non plus au GAFA et à Elon Musk, sans cela. Ces gens veulent montrer que c'est le marché qui crée, pas l'Etat. Ils illustrent aussi une théorie importante, qui est celle d'Ayn Rand. Elle veut que tout ce qui est beau soit inventé par une poignée d'hommes. Le reste de l'humanité vit en parasite. Voilà pourquoi tous ces milliardaires (en milliards empruntés, souvent) veulent montrer qu'ils peuvent rendre le développement durable et l'homme éternel, aller sur Mars, ou encore défendre les minorités.

Ce qui les ennuie, c'est que l'après guerre a été prospérité et innovation. Eux n'apportent rien de neuf. Ils prétendent "faire mieux". Quoi qu'Internet ait été l'enfant de la guerre froide, ils s'en sont emparés, car c'est la seule chose qu'ils ont en propre.

lundi 28 octobre 2019

L'univers est-il mathématique ?

J'ai cru comprendre que le physicien Etienne Klein pensait que l'univers était mathématique. Sans cela comment expliquer que notre physique, mathématique, soit aussi efficace ?

Mes premiers pas dans le métier d'ingénieur m'ont démontré que les mathématiques sont incapables de résoudre les problèmes pratiques les plus simples. Mes problèmes d'ingénieur n'ayant pas d'intérêt, voici l'exemple des marées. La modélisation mathématique donne une idée grossière du phénomène. Mais, dès que l'on veut en tirer quelque-chose d'utile, on a recours à l'empirisme le plus brutal. Idem pour l'arc en ciel. Idem pour tout. Pire, plus l'on cherche le détail, plus les mathématiques semblent y perdre leur latin.

Cela signifie peut-être que notre esprit est mathématique et qu'il est plus ou moins adapté à son environnement. De même, un bateau est plus ou moins adapté à la mer, sans que la vue d'un bateau ne nous renseigne parfaitement sur la mer et sur tous les moyens de s'y déplacer.

Tentation de Saint Antoine

Ce qui est surprenant dans l'iconographie religieuse est qu'elle illustre ce qu'elle est supposée condamner.

En particulier, la passion des martyrs est l'occasion pour le peintre de décrire avec complaisance la séduction du péché.

Ce qui signifie probablement l'inefficacité fondamentale de la morale et de la contrainte. Le changement durable n'est pas plus imposé par la force que par la manipulation ?

dimanche 27 octobre 2019

Ma responsabilité est engagée

La France a deux caractéristiques. D'abord, elle concentre tous les pouvoirs en quelques mains. Ensuite, elle possède un système de sélection particulièrement sévère qui ne retient que le plus intelligent.

Or, tout Français constate que ces gens omnipotents et supérieurement intelligents ne font rien. Qui peut faire changer les choses dans ces conditions ? Et si c'était vous ? Et si c'était votre responsabilité ?

Microsoft gagne la guerre des nuages

Microsoft vient de gagner un appel d'offres de 10md$, face à Amazon. Une offre "cloud" pour le ministère de la défense américain.

Cela peut aller dans le sens d'une de mes prévisions : Microsoft va occuper une position de monopole dans le domaine du "cloud" d'entreprise, donc, puisque tout est cloud, de l'informatique d'entreprise. Une fois que la poussière va retomber, c'est Microsoft qui va apparaître.

Quant à Amazon, société déjà peu rentable, la nouvelle n'est pas rassurante. Sa vache à lait, le cloud, vient de prendre un coup dans les gencives.

FT : "Microsoft has beaten Amazon to win a highly sensitive $10bn US defence contract, following several rounds of bidding, a legal challenge and a last-minute intervention by Donald Trump."

samedi 26 octobre 2019

UK : nid de pirates ?

"Fears rise over post-Brexit workers’ rights and regulations" dit le Financial Times. Le gouvernement anglais a prévu de ne pas tenir parole. Contrairement à ce à quoi il s'est engagé, il va jouer sur le droit social pour nuire à l'UE.

Le fonds de commerce de l'Angleterre post Brexit : jouer les parasites de l'UE ?

Rien de neuf ?

(Quant aux "workers" qui ont voté pour le Brexit, ils sont bien partis pour être les dindons de la farce ? Ils ont oublié que la gloire de la Grande Bretagne était contemporaine de Dickens et Marx.)

Séduisant Trump

La presse américaine respectable est férocement anti Trump. Une question qu'elle ne se pose pas est : qu'est-ce qui fait qu'il séduise une part aussi importante de la société ?

Et si ce n'était pas M.Trump qui était séduisant, mais ses opposants qui étaient haïs ? Mais, alors, qu'est-ce qui fait que leur doctrine, qui est essentiellement pacifiste et humaniste, puisse, peut-être, être ressentie comme une agression ?

(Pourquoi ne pas interroger la population ?)

vendredi 25 octobre 2019

La compagnie aérienne de Donald Trump

Dans les années 80, Donald Trump est un des hommes les plus riches et les plus admirés des USA. Il achète une compagnie aérienne, en faillite. Il repositionne la société. Il s'en prend agressivement à ses concurrents, en disant que leurs avions vont tomber. Mais c'est un des siens qui a un accident. Finalement, la société, en difficultés, est revendue. Il n'aurait pas perdu d'argent. La compagnie existe toujours. Ses anciens employés disent du bien de lui. Il les a extraits du chômage. Et il s'est montré généreux avec ceux qui avaient des difficultés personnelles.

Ce qui illustre peut-être le paradoxe Trump. Ce n'est pas le monstre que l'on décrit. En revanche, c'est un mauvais gestionnaire.

Les chances de Trump

La vie de D.Trump. Agression, réaction, correction...

Il est à la fois imprévisible, et prévisible. Il recule devant la force.

Va-t-il rester en selle ? La procédure de destitution qui est lancée contre lui est peut-être plus redoutable qu'il n'y paraît. Car, elle est à long terme. Il est classique qu'un second mandat soit défavorable aux forces qui soutiennent un président. Il suffirait que les nations avec qui M.Trump est en conflit visent les affaires des Etats dont les élus sont républicains, pour augmenter sérieusement les chances d'une destitution de M.Trump. Un argument pour l'éliminer à titre préventif ?

jeudi 24 octobre 2019

Ecouter rend intelligent

Notre gouvernement confond communiquer avec donner des leçons. "T'as pas compris, j'vais t'expliquer."

Ce qu'on lui demande, c'est d'écouter. Or, pour bien écouter, il faut se convaincre que celui que l'on prend pour un con pourrait bien être possesseur d'une vérité que les esprits supérieurs ne suspectent même pas. Ecouter, c'est le chemin vers la sagesse.

D.Trump est-il intelligent ?

On entend dire que M.Trump n'est pas intelligent.

Il semble fonctionner ainsi : il prend une décision sur une impulsion, puis, en fonction des réactions, il change de cap. Cela transforme le monde en chaos, mais, cela n'économise-t-il pas son intellect ? Quand on n'a pas de tête, il faut avoir des jambes. Quand on a des jambes, pas besoin de tête. Et, qui sait ?, il peut trouver une faille que personne n'aurait pensé sonder. C'est, d'ailleurs, la raison qui fait qu'il est président.

N'a-t-il pas de stratégie ? Il est probable qu'il suive son instinct des affaires. Comme lorsqu'il se lance dans un projet immobilier, il doit avoir une direction, qu'il cherche à réaliser, à sa manière.

Entretenir son cerveau

Il y a ceux qui pensent que le numérique est une panacée, et que, demain, nous serons tous des (heureux) objets connectés. D'autres, comme le New York Times, qui estiment que la nature demeure plus efficace que le dit numérique. Et même que le numérique pourrait être la source de notre ruine intellectuelle.

Juste et faux ? A partir du moment où vous êtes un drogué du smart phone, tout doit passer par là. Y compris les soins de l'esprit ?

mercredi 23 octobre 2019

Tenir parole

"Je n'ai qu'une parole" dit la Bourse de Londres. Curieusement, à une heure où le capitalisme semble triomphant, les paroles sont de moins en moins tenues.

J'ai remarqué ce phénomène, en particulier, chez les femmes. La femme (d'un certain âge ?) a un argument pour cela, qui n'était pas connu chez les hommes : j'ai peur, cette personne a une tête qui ne me revient pas. C'est un argument qui fait qu'un service que vous lui rendez peut vous éclater à la figure.

Que faire ? Comprendre ce qui plaît. C'est un moteur fiable. Ma mère, par exemple, n'aimait pas mes cadeaux. J'ai fini par comprendre qu'elle s'attendait à ce qu'un fils, dans certaines circonstances, offre certains types de fleurs à sa mère. Pas de fantaisie, pas de sentiments.

Comprendre l'autre est difficile, mais, quand on y parvient, c'est gratifiant. Et faire cet exercice empêche le cerveau de s'ankyloser.

La dialectique de l'intellectuel

Et si le changement se faisait par des mouvements "telluriques" ? Des couches de la population prennent la place d'autres couches. Dans la dialectique de Hegel, le changement se fait par succession d'opposés. Surtout, la caractéristique de la raison semble l'erreur. Cette erreur, un moment triomphante, porte en elle-même sa négation. Une explication de ce qui nous arrive ?

L'ère des intellectuels
Michel Winock a publié une histoire des intellectuels. C'est l'affaire Dreyfus qui en fait une force. Mais, à la fin des années 1990, ils ne semblent plus que l'ombre d'eux-mêmes. A ce moment est écrit Bobo in paradise. Notre société technique donne le pouvoir à l’éducation. L’intellectuel, sélectionné par le concours, remplace au sommet de l’Etat et de l’entreprise une classe de propriétaires formée pour exercer des responsabilités sociales (aux USA). L’intellectuel arrive au pouvoir armé de sa culture, celle de Flaubert, une culture « bohème » anti-bourgeoise. « Bobo » est donc une antinomie. Seulement, au lieu d’agir en Lénine, Staline ou Mao, il est Clinton ou Obama. Elite ultra riche, mais « contre culturelle », donc. Conséquences :
  • Le composant Bohème explique qu'il ait, comme Flaubert, un amour du « marginal » et la haine du « bourgeois », le gros de la population. Mais aussi qu'il vive dans une fantasmagorie, un monde « d’idées », au sens de Platon. D’où la croyance que c'est par la manipulation des idées que l'on change la société, ce que l'on appelle post modernisme, père des Fake news.
  • Le composant Bourgeois explique ce que reprochait au président Lula un de ses compagnons de route : l'abandon du combat pour l’éducation des peuples, au profit du matérialisme.
Conformément à la prévision de Hegel, il y a retournement complet de ce qu'était l'intellectuel :
  • L'intellectuel, qui était un opposant, est devenu un dirigeant. Si bien qu'il s'oppose maintenant à ceux qu'il dirige, en les considérant comme des exploiteurs ! 
  • L’intellectuel, fruit de la 3ème République et des Lumières, s'est aligné sur l’Ancien régime (Cf. Une politique de la langue). 
  • Le combattant de la vérité de l'affaire Dreyfus est devenu postmoderne. 
Et maintenant, M.Hegel, que va-t-il arriver ?

Petit Monde

Dans mon enfance, mon père lisait religieusement Le Monde. Je me souviens qu'il en découpait souvent des articles. Puis il ne l'a plus acheté.

Je suis abonné à ses titres, mais ils ne me donnent pas envie de lire ses articles. Pourquoi ? D'abord parce qu'ils ne m'apprennent rien. Ce sont les nouvelles d'hier. Ensuite, parce qu'ils me semblent écrits pour un "microcosme", les quelques quartiers parisiens dont sont issus ses journalistes. Ce qui intéresse ce petit monde ne me concerne pas.

Le Monde de mon père devait occuper une fonction sociale, globale, universelle : une sorte de laboratoire d'idées.

mardi 22 octobre 2019

Margaret Ménégoz

Margaret Ménégoz : une vie pleine d'enseignements ? (A voix nue de France Culture, la semaine dernière.)

Margaret Ménégoz dirige les "films du Losange", qui sont connus pour avoir était le véhicule d'Eric Rohmer (en fait, ils auraient été créés par Barbet Schroeder).

A la fin de la guerre, sa famille fuit la Hongrie, occupée par les Russes. Elle émigre en Allemagne. Margaret Ménégoz ne veut pas faire d'études, mais, probablement s'évader de chez elle. Elle part en Suisse. Le hasard fait qu'elle rencontre un réalisateur de documentaires français, qu'elle épouse. Puis, voulant rester en France, pour élever ses enfants, elle cherche un emploi et trouve celui de femme à tout faire des films du losange. Depuis, elle a produit quelques-uns des chefs d'oeuvre du cinéma européen. Et cela dans une logique d'indépendance totale : pas de subvention, le budget du film est calculé en fonction de ce qu'il va rapporter. Un premier film doit toujours être rentable, pour qu'un autre puisse faire des pertes.

Que signifie "producteur" ? Sélectionner des films, puis s'occuper de tous les côtés pratiques du tournage, qui n'est qu'une succession de problèmes matériels, guider le réalisateur (dont la caractéristique première n'est pas le bon sens), et, finalement, organiser la distribution. Le tout en respectant le budget prévu.

Aujourd'hui, alors que le métier s'apprend par la pratique, on en est arrivé à croire que le producteur devait être diplômé d'une grande école. Mal français ?

Sondage d'opinion

Depuis quelques décennies, nous sommes supposés avoir une opinion instantanée sur tout.

Du coup, face au doute, on s'abstient. On recherche le confort de ce que l'on croit être une opinion qui ne nous vaudra pas d'ennuis. Comme l'explique l'économiste Thomas Schelling, on ne dit pas ce que l'on pense, mais on dit ce que l'on pense qu'il faut dire, donc ce que l'on croit que les autres pensent. 

Est-ce sain ? 

La puissance occulte des réseaux sociaux

Ma radio dit que le réseau social fait peur. C'est le terrain des fake news et des forces des ténèbres.

Mais, à qui la faute ? Les journaux officiels refusent tout ce qui semble contredire un temps soit peu leur ligne officielle. Ce faisant, ils privent de parole la grande majorité, qui pense presque comme eux, et ils font des excités une cinquième colonne incontrôlée.

lundi 21 octobre 2019

Impossible n'est pas français

On nous répète que nous sommes un peuple ridicule.

Eh bien, c’est faux. La France, c’est Médecins sans Frontières. Et Médecins sans Frontières, que l’on appelle ailleurs French Doctors, c’est ce que notre culture a de meilleur. Et c'est ce qui fait la force (ignorée) de nos entreprises, en particulier : la motivation pour l’intérêt collectif, et une invraisemblable capacité à résoudre les problèmes les plus compliqués, sans moyens. Le système D. Impossible n’est pas français.

Qu'est-ce qui nous manque ? Mettre à profit ce talent.

Front de libération de la Catalogne

Quelques Catalans vont-ils se transformer en terroristes ?

C'est peut-être ce que l'on pourrait appeler l'effet "Louis XVI" : plus vous donnez à quelqu'un, plus il est mécontent. L'Espagne a laissé une autonomie inimaginable chez nous à ses régions. La Catalogne a considéré ces mesures comme tyranniques.

L'Espagne ferait-elle bien de relire l'histoire du pays basque ?

Brexit : ce qui ne tue pas renforce ?

Comment le Brexit va-t-il se terminer ? Les Anglais doivent commencer à trouver le temps long...

Quant à l'Union Européenne, il semblerait que la succession de crises qu'elle subit renforce sa solidité... Espérons que The Economist a vu juste...

dimanche 20 octobre 2019

Grève sans préavis

Vendredi, quai de la gare : des agents de la SNCF partout, pour dire qu'il y a une grève sans préavis. Résultat d'une agression. J'ai cru que les voyageurs allaient agresser les agents de la SNCF.

D'après ce que j'ai lu, le "droit de retrait" serait la justification juridique d'une grève sans préavis. Le droit de retrait signifie, toujours si j'ai bien compris, que, soudainement, tous les agents de la SNCF estiment que leur vie est en danger. Il y a encore un semblant de loi ? Mais pour combien de temps ? Et si tout le monde se comportait comme cela ?

Loi de la jungle ? C'est toléré, parce que la loi ne s'applique qu'à l'homme ? Les agents de la SNCF sont des "misérables" ? Le peuple en général ?

Que signifie l'égalité sinon que les lois s'appliquent à tous ? Et que les manifestations de mécontentement se font dans la dignité ?

Marchandisation du sport

Sous le titre "entreprises", le Financial Times déclare : "Manchester United under pressure to perform on and off the pitch".

Les clubs sportifs sont devenus des entreprises comme les autres, ou plutôt comme des multinationales. C'est peut-être pour cela que les nouveaux riches les aiment tant. L'amateurisme, l'acte gratuit, était un plaisir d'aristocrate ?

Les charmes du vinyle

J'ai retrouvé le "vinyle", il y a trois ans, lorsque je me suis réinstallé dans la maison de ma famille. Je me suis mis à écouter les disques que j'avais achetés il y a quarante ans. J'ai été surpris par la qualité de leur son, auquel je ne faisais pas attention à l'époque. (Inconvénient : changement de la tête de lecture, et durée d'une face.)

Du changement ? Le changement incrémental est imperceptible.

samedi 19 octobre 2019

Le féminisme : trop masculin pour être malin ?

On voit, dans des films, des boxeuses assommer leur petit copain, ou des femmes ordinaires régler leurs différends avec les hommes d’un « coup de boule ». Le féminisme est un désir de machisme ?

Est-ce malin ?

Pourquoi ne pas faire l’envers ? Un autre film (Potiche) argumentait que ce qui nuisait à l’entreprise était le dit machisme, et qu’elle aurait besoin de « maternalisme ». Un rien plus intelligent ?

Raison et aliénation

Descartes, Spinoza, les Lumières et bien d'autres ont pensé que la raison signifiait la liberté. Le progrès, c'était la prise de pouvoir sur le monde par la raison.

Mais, on s'est rendu compte que la raison, ce pouvait être exactement le contraire. C'est ce que Hegel a appelé "l'aliénation". L'aliénation est ce qui se produit dans la phobie : une idée prend le contrôle de l'homme. La question du développement durable est une histoire d'aliénation : on soupçonne, avec quelque raison, que l'évolution de l'espèce humaine obéit à un principe auto-destructeur.

Pour Paul Watzlawick, la raison crée un modèle simplifié du monde, un "jeu". Malheureusement, on confond le jeu avec la réalité. Quand cela diverge trop, on devient fou.

Apparemment, que l'on soit grand penseur ou non, nous sommes tous victimes de cette aliénation. D'ailleurs, notre éducation nous remplit d'idées (fausses). Question : l'aliénation produite par la raison est-elle fatale ? Si oui, peut-on s'en tirer, ou penser, c'est fatalement penser faux ?

Le retour du Vinyle

Section musique de la FNAC. Je suis accueilli par un immense rayon disques (vinyles). Le graphique ci-dessous confirme cette tendance. Surtout, il semble signifier que le numérique a été plus destructeur que créateur...

Le retour du "vinyle" serait-il l'annonciateur du changement ? Un retour vers une économie un peu plus traditionnelle ? Un peu moins : c'est gratuit, et demain ce sera rentable ? Qui vend des biens et des services que le consommateur a envie d'acheter tout de suite ?

vendredi 18 octobre 2019

Eric Zemmour

Je ne sais pas qui est Eric Zemmour. Je suis coupé de tout. (Honte ?) Comment ce nom est-il venu aux oreilles de quelqu'un comme moi ?

Mon canal d'information est intellectuel, autrement dit de gauche. Et je vois revenir sans arrêt le nom "Eric Zemmour". Sans lire ce qui en est dit, j'ai fini par soupçonner que c'était une sorte d'Alain Finkielkraut, qui n'aurait pas enseigné à polytechnique.

Pourquoi une telle publicité ? Parce ce que nos intellectuels et nos médias rêvent de combattre le "mal" ? Alors, ils le créent ?

La fin de la génération prise en charge

La génération de mes parents a été la génération "prise en charge" par l'Etat. Ce qui a peut-être été le changement de notre temps a été le refus des aspects contraignants de cette prise en charge. 68 à gauche, déréglementation à droite.

Seulement, nous avons conservé des habitudes de ce temps. Par exemple, nous ne voulons pas payer d'impôts, mais nous trouvons normal que la médecine soit gratuite, et que l'on puisse même en abuser. De même, le système bancaire est renfloué par l'Etat, quand il est en crise.

Proust dit que le temps nous transforme insensiblement. C'est en partie faux. Tout ne change pas. Le temps, ou plutôt l'action incontrôlée de la société ?, nous rend incohérents. C'est une raison pour laquelle la vie demande des remises en cause d'autant plus douloureuses que ce qui est devenu incohérent fait partie de nous. Ce qui est remis en cause est ce que nous croyions être la justice même. Changer est un acte éminemment personnel, dans ces conditions. Il nous demande de mourir, et de renaître.

(C'est comme cela que j'interprète "La fin de l'homme rouge".)

jeudi 17 octobre 2019

Le temps du jugement

Aujourd'hui, tout le monde a un avis sur tout. Mais est-il le bon ? Combien de temps faut-il pour se faire une opinion sur quelque-chose ?

Je me demande si ce n'est pas la durée d'une thèse. Trois ans actuellement, dix ans à l'époque des thèses d'Etat. La thèse permet de consulter les travaux de ceux qui ont consacré leur vie à un sujet, et de se bâtir une conviction.

Voilà peut-être pourquoi la justice est lente.

Spinoza, par un nul

L'oeuvre de Spinoza est compliquée. D'où deux dangers : soit vouloir la discréditer, pour ne pas avoir à se casser la tête à la décrypter, soit la vénérer sans la comprendre.

Il est possible qu'il y ait une autre façon d'aborder le problème. On peut constater que nous sommes poussés par des raisons que notre raison ne comprend pas. Plutôt que de les affronter, nous-nous mentons à nous-mêmes, et aux autres. En fait, ce sont ces passions qui nous mènent. Et, en faisant leur jeu, en croyant être cyniques, alors que nous nous abusons, nous menons la pire des existences.

Pour Spinoza, le bonheur, c'est la vérité. C'est parvenir, par la force de la raison, aux causes ultimes qui nous déterminent. Les sens sont trompeurs. Il croit, comme Descartes, qu'il y a des vérités évidemment vraies, et que, de là, par un raisonnement qui enchaîne les idées évidemment justes, on parvient à des conclusions parfaites. La preuve : la géométrie euclidienne. Venue de l'esprit, elle décrit le monde.

Tout ceci l'amène à conclure que nous sommes partie d'un tout, substance universelle, ou Dieu. Ce tout est atemporel.

Paradoxalement, le parfait engendre l'imparfait. Bien que nous soyions partie du tout, nous sommes imparfaits, et tout l'exercice de la raison consiste à s'immerger en Dieu. La liberté, c'est se libérer de ses illusions, pour rejoindre un Dieu totalement déterminé. C'est ainsi que l'on atteint le bonheur. C'est aussi ainsi que l'on découvre sa nature propre, le "conatus".

Autre paradoxe, cette quête n'est propre qu'à quelques hommes. Or, ils doivent vivre avec leurs concitoyens. C'est la partie pratique de l'oeuvre, en un temps de guerre de religions. La cité doit être réglée par la philosophie en ce qui concerne les virtuoses de l'esprit, et par la religion, pour les autres. La cité doit aussi avoir un système politique. On retrouve ici le type de réflexions des penseurs contemporains.

Commentaire : Spinoza est-il original ? 
Spinoza aspire à la contemplation, ce qui est le Graal du sage grec. Son "monisme" est aussi la préoccupation principale de la pensée grecque, qui n'est "qu'un et multiple".

La similitude, surtout, est frappante entre ce qu'il dit et ce que l'on peut lire chez Marc-Aurèle, essentiellement un traité de stoïcisme. (Stoïcisme qui reprendrait des idées qui viennent de la nuit des temps.)  A savoir, la nature bonne et parfaite, le "conatus", et l'idée qu'il faut vivre selon la nature, et sa nature (le conatus). Mais surtout l'exercice propre au stoïcisme qui consiste à se débarrasser des illusions produites par les sens, pour chercher, par la raison, la cause "réelle" des choses. C'est toute l'oeuvre de Spinoza.

Son originalité est peut-être de partir de l'idée de Descartes, selon laquelle il y a des vérités évidentes (je pense donc je suis). Mais, ce n'est pas nouveau : c'est ainsi que l'on prouve l'existence de Dieu : Dieu existe sinon je n'aurais pas pu en avoir l'idée.

Quant à la nature mathématique du monde, ce pourrait aussi être Pythagore (plus une pensée, voire une religion, qu'un homme ?).

Finalement, il entre dans un débat sur le bon régime pour la cité. On y retrouve Aristote et ses constitutions. Pour le reste, il est l'homme de son temps. C'est une ébauche de Montesquieu.

Au fond, n'illustre-t-il pas ce qu'il combat : au lieu de s'interroger sur ses motivations, il cherche à en faire des lois de la nature ?

mercredi 16 octobre 2019

Transformer la PME en start up

Faire de la PME française une start up ? Mon Graal.

L'idée est moins stupide qu'il n'y paraît. Elle correspond même à un consensus. La PME française est moins performantes que ses concurrentes étrangères, dit-on. Donc il y a un potentiel caché.

Et maintenant, voilà où j'en suis de mon enquête...

Copiez l’entreprise allemande, ou américaine, elles réussissent ! Erreur ! Comme le disait Alfred Sloan, l’homme qui a transformé General Motors, et le capitalisme américain : « ce qui est bon pour l’Amérique est bon pour General Motors ». Ce qui fait la force de l’entreprise allemande ou américaine est qu’elle est allemande ou américaine. Ce qui fait la faiblesse de l’entreprise française, est qu’elle n’est pas française : elle exploite mal ses atouts.

La force de l’entreprise française est exactement ce qu’on lui reproche. Dans un monde où tout est pensé, optimisé, normé, pesé, calculé, facturé, donc totalement rigide, elle est exceptionnellement réactive et inventive. Elle passe là où plus personne ne passe. Seulement, elle n’en est pas consciente. Elle s'en excuse même. En vous accordant un rabais.

Que le chef d’entreprise explique pourquoi son entreprise est telle qu’elle est, et que ce soit écrit noir sur blanc, et l’on tient le diamant brut qu’il faut tailler.

Aider ou ne pas aider ? telle est la question

J'ai tendance à aider les gens que je rencontre. Complexe de supériorité ? En tout cas, je constate que ça ne marche pas toujours.

Edgar Schein dit que le bon donneur d'aide est celui que l'on trouve utile. On tend à me trouver utile, mais je pense que je ne le suis pas à tous les coups. L'aide peut déresponsabiliser.

Peut-être faut-il modifier ce que dit Edgar Schein. Le donneur d'aide doit juger qu'il est utile. Pour cela, il doit trouver une logique dans ce qu'on lui dit. S'il n'y parvient pas, c'est qu'il est inadapté.

Soit il y a effectivement absence de logique, et il ne faut pas se substituer à l'expérience de la réalité. Soit il y a "une autre logique", et on ne doit pas interférer avec.

mardi 15 octobre 2019

Paradoxe français

Mon père répétait "le Français invente le droit". Il y a quelques temps, un ami m'expliquait que le gouvernement, lui aussi, semblait ignorer le droit.

D'où cela vient-il ? De ce que, comme le disait aussi mon père, notre droit, depuis Napoléon, et jusqu'à récemment, reposait sur de grands principes ? Malheureusement, je me demande si ces principes ne sont pas évidents seulement a priori. Or, ils ne sont pas enseignés, leurs auteurs ayant peut-être pensé qu'ils étaient des lois de la nature.

Je me demande aussi si ce n'est pas ce qui a rendu notre orthographe si compliquée : elle a été inventée par des esprits logiques à partir de leurs "lois de la nature", ces lois se sont perdues avec eux ?

Cette tendance à vouloir tout régler par une logique universelle, particulière à chacun d'entre-nous, n'est-elle pas un trait culturel français ?

Passions joyeuses et Appreciative Inquiry

Depuis que j'ai rencontré les passions tristes, je me demande comment les rendre joyeuses.

Une première tentative. Appreciative Inquiry, une approche du changement, un peu oubliée, qui "insiste sur ce qui est bien dans une organisation, pourquoi ça marche bien, et comment ce succès peut être étendu à toute l'organisation". (A primer on organizational behavior, Bowditch, Buono, Stewart.)

Effectivement, aujourd'hui nos idées noires viennent de ce que l'on nous dit que ce que nous faisons est mal, sans nous dire comment bien faire. On a l'impression d'un retour au pêché originel. D'ailleurs, nous ne voyons que les défauts des uns et des autres. Et si nous voyions leurs qualités, ou nos compétences collectives ? Peut-être qu'en prenant la vie de cette façon, on pourrait balayer, indirectement, emportés par notre élan, les problèmes qui nous semblent insolubles ?

lundi 14 octobre 2019

Paradoxe américain

J'entendais que Rock around the clock avait été volé à son auteur. Mais celui-ci n'avait pu rien faire : se rebeller aurait signifié perdre son travail. (France Musique, mardi matin.)

Voilà ce que n'a pas compris Clint Eastwood, je crois. Dans une "société", la liberté individuelle n'a aucun sens. Car un individu peut en écraser un autre en usant de sa position sociale (cf. M.Trump contre M.Biden). Comme le montrent, d'ailleurs, les films de Clint Eastwood, dans un tel monde, la seule liberté de celui qui est au bas de la société est la mort.

Le Monde s'emballe

Mea culpa du Monde :
Affaire Dupont de Ligonnès : retour sur l’emballement policier et médiatique autour de l’arrestation en Ecosse 
Dans un souci de transparence et d’éclairage sur le traitement de l’actualité, nous publions le récit de ces quelques heures où une information incorrecte a été publiée sur notre site.
Cela me rappelle les annonces de la SNCF que je reçois sur mon téléphone. Il y en a tellement que je ne les lis plus. Du coup, je rate celles qui sont importantes ("plus de trains sur votre ligne le week-end").

Le Monde va-t-il désormais, "dans un souci de transparence", nous donner le spectacle d'un "emballement" qui lui serait devenu une seconde nature ?

Nissan + Renault : cultures incompatibles ?

Regrettons Carlos Ghosn ? La morale n'est rien face à l'efficacité ?

Ou, au contraire, n'est-ce pas Carlos Ghosn qui est à l'origine des difficultés de Renault ? Parce qu'il désirait rester, il n'a pas préparé sa succession ? D'ailleurs, n'a-t-il pas fait des sociétés qu'il dirigeait des cocottes minutes qui ont fini par claquer, et dont il a été la première victime ?

Pourra-t-on remettre le génie dans la lampe ? Nissan-Renault : est-ce viable ?

dimanche 13 octobre 2019

Lubrizol et communication de crise (suite)

J’entendais l’inquiétude des gens de Rouen (ce matin, à la radio). Affaire Lubrizol. Une interviewée disait quelque-chose comme : il faudrait que l’on nous garantisse que nos futures maladies seront prises en charge. 

Ce qui illustre exactement ce que signifie communication de crise : 1) il faut écouter et pas « rassurer » ; 2) il faut s'imposer, par les faits, comme étant le meilleur pour faire « ce que l’on peut » - c’est une forme d’obligation de résultat dans l’obligation de moyens. Face à l’inconnu, on ne peut pas rassurer, en revanche, on peut se « sortir les tripes ». Tout cela n'est rien de plus que du bon sens.

Le gouvernement n’a pas arrêté de se déplacer (si j'en crois les informations), au lieu d’entendre « compassion », on a entendu « manipulation » - et probablement à juste titre : le gouvernement agit mécaniquement : ses conseillers en communication doivent lui dire, compassion = déplacement. Mais non, compassion = souffrance réelle, ça vient des tripes.

Parler de "communication de crise" est la première erreur ? La raison étouffe le coeur ? Aime et fais ce que tu veux ?

La mode de la raison

Spinoza fut un effet de mode. Elle a été lancée par Descartes. Soudainement, une idée germe dans l'esprit d'une partie de l'humanité : nos sens nous trompent, la vérité est dans la raison. Démonstration : la géométrie euclidienne. Elle vient de notre esprit et décrit la réalité.

La méthode est la suivante : il y a des idées qui sont "évidemment justes". De là, je déduis la réalité. Bien sûr, le raisonnement fait intervenir des mots, ambigus par nature. Mais, il y a une "bonne façon" de les comprendre. Mon raisonnement est juste, parce qu'il est juste, autrement dit.

Dommage que la philosophie soit enseignée comme l'oeuvre de génies, il serait bien plus utile de la présenter comme l'histoire de l'émergence de modes. (Ce qui est aussi le cas de la science.)

samedi 12 octobre 2019

Règlement de compte chez Renault

Nissan-Renault, rien ne va plus ? La direction de Nissan est renouvelée violemment. En France, le patron de Renault est licencié ad nutum, sans que l'on ait une solution de remplacement. Il a dû faire une faute très grave. (A l'époque où je travaillais pour l'automobile, il avait la réputation de compétence de l'homme parti d'en bas.) Quant au président du groupe, il paraît bien fragile. A quoi il faut ajouter un gouvernement, qui clame qu'il ne se mêle pas de l'affaire, mais que personne ne croit.

Carlos Ghosn se retourne dans sa cellule ?

Renault va-t-il sombrer ? Un fabricant de voitures est une grosse machine, faite de centaines de milliers de gens qui font bien leur travail. Il ne faut pas sur estimer le rôle du dirigeant. Cependant, c'est une machine extrêmement optimisée "which runs lean" comme disent les anglo-saxons d'un moteur. Elle est faiblement rentable. Et si elle ne respecte pas une rigueur parfaite, elle peut vite se dérégler...

L'intellectuel prêche dans le désert

En termes de stratégie de communication politique, il est d'usage de parler de Gramsci. J'entendais encore France Culture débattre du sujet il y a peu. Sa théorie est que le changement politique se fait par manipulation des esprits.

On a donc cru mener le monde par la manipulation de la raison. Or, ce que l'on observe aujourd'hui, c'est que plus personne ne croit à ce que dit l'homme de raison. L'intellectuel, en particulier, n'a plus aucune crédibilité.

Période de vertige pour les "élites" ? Elles sont au pouvoir, et pourtant, elles n'ont aucun pouvoir sur les événements ? Le timonier a cassé son gouvernail ?

vendredi 11 octobre 2019

Que dit la science ?

Le Monde s'interroge :
PMA : un enfant a-t-il vraiment besoin d’avoir « un papa et une maman » ?
La révision de la loi bioéthique pourrait ouvrir l’accès à la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Les opposants clament qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour son bien-être. Qu’est-ce qu’en dit la recherche scientifique ?
Il y a quelques années, Monsanto déclarait qu'il avait la science pour lui. Que l'innocuité des OGM était prouvée. Beaucoup de gens n'ont pas été convaincu. Le grand mouvement pour le développement durable n'est-il pas la remise en cause de tout ce que la science a encouragé l'homme a faire ?

Pour bien aborder la question de la PMA, relisons "Le savant et le politique" de Max Weber ?

Gouvernement d'amateurs ?

Emmanuel Macron fait boire la tasse au "machin" européen, puis lui présente une candidate qui fait l'objet d'une procédure d'enquête. Elle est liquidée, sans autre forme de procès. Surprenant ?

En France, le prince est tout, la loi rien. Mais l'Europe n'est pas la France.

Une bonne leçon pour les amateurs qui nous gouvernent ? Finiront-ils par devenir des professionnels ?

jeudi 10 octobre 2019

RSE : ne nous moquons pas des entreprises ?

On se gausse de la RSE. L'entreprise veut nous faire croire qu'elle se préoccupe de développement durable, nous dit-on.

Mais la société a-t-elle des leçons à donner à l'entreprise ? Le principe de la RSE, c'est le "dialogue avec les parties prenantes". Or, la caractéristique de notre époque, c'est la pensée unique, la croyance en un bien absolu que l'on aurait découvert. Il faut que les Gilets jaunes hurlent pour que l'on sache qu'ils existent. Même les chercheurs ne cherchent plus. Ils ont trouvé. Ils n'en ont que pour le réchauffement climatique. C'est un des paradoxes de notre monde. L'individualisme de Woodstock a produit un conformisme sans précédent. Faire ce que je veux, c'est ne plus penser ?

Tout cela est bien peu systémique. La systémique nous dit que la solution n'est pas où nous la cherchons. Pour la trouver, il faut un rien d'ouverture d'esprit. Notre prochain changement ?

(Un livre sur le sujet.)

Le paradoxe de l'immigration

Que signifie le voile islamique ? me suis-je demandé, moi qui ai toujours vécu en banlieue. Que les immigrés rejètent les valeurs de ceux qui sont pro immigration.

Pourquoi ce type de problèmes ne se présentait-il pas dans mon enfance ?

Peut-être parce que la France a été généreuse. J'ai des amis dont les parents, grands parents ou arrières grands parents sont passés du statut d'immigré, sans le sous, à celui de polytechnicien. L'ascenseur social marchait pour tous.

Et si être pro immigration, c'était accepter que ses enfants laissent entrer à polytechnique des immigrés plus doués qu'eux ?

mercredi 9 octobre 2019

Automobiliste libéré

Sa trace carbone pèse sur la conscience de l'automobiliste. La pratique du "name and shame" anglo-saxon, la délation en français, est le pire des tourments. Cela crée une société de criminels, qui n'ont aucun moyen de revenir sur le droit chemin. Une société de la mauvaise conscience.

Comment se tirer d'affaire ? Il faut une solution sociale. Elle doit résoudre le problème collectif, et être perçue comme juste individuellement. On y arrive en temps de guerre, pourquoi n'y parviendrait-on pas en temps de paix ?

La vérité sur le vin

USA de John dos Passos. Amérique du début du 20ème siècle. On y boit énormément d'alcool. C'est une distraction honnête, pour beaucoup de gens. C'est difficile à imaginer, aujourd'hui.

Nos distractions les plus nobles seront-elles regardées demain comme nous considérons, aujourd'hui, l'alcoolisme ?

(Quels sont les agents du changement ? Le constat des dégâts de l'alcool ? Un puritanisme qui allonge notre vie, tout en lui retirant tout intérêt ?...)

mardi 8 octobre 2019

Développement personnel, de quoi s'agit-il ?

Qu'est-ce que le "développement personnel" ? C'est une traduction de "personal development" américain. C'est, avant tout, la croyance selon laquelle on n'a besoin de personne d'autre que soi-même pour être heureux. C'est une doctrine anti-socialiste.

Mais, c'est aussi la reprise d'une idée qui est aussi vieille que le monde, et que l'on retrouve dans le stoïcisme et dans l'épicurisme, par exemple. Comment utiliser sa raison pour être heureux ? Pour certains, c'est tout le projet de la philosophie.

Ces recherches ont amené à quelques découvertes. D'abord, c'est évident, on s'est demandé comment prendre de "bonnes décisions". Et donc, ce que signifiait "bon". Ce qui a conduit les stoïciens, par exemple, à estimer que la bonne décision faisait le bien général. Ce qui contredit l'hypothèse fondatrice du personal development.

Mais, le plus intéressant peut-être, a été la découverte que la raison est atteinte de maux, et que ce sont ces maux qui sont les causes les plus redoutables de nos malheurs. Par exemple, certains vont interpréter un bobo comme l'annonce d'un cancer en phase terminale. Le stoïcisme, en particulier, passe beaucoup de temps à chercher à dominer la raison par la raison.

Plancton protecteur

Le plancton aurait joué un rôle décisif dans notre histoire. Une espèce de plancton aurait une carapace. Les carapaces, en se déposant sur le fonds des océans, en grande masse, ont permis de réguler l'acidité des océans. Ce qui a élimé, en grande partie, l'influence des forces extérieures à la vie.

Il semble que plus la vie évolue, plus elle s'abrite de l'influence extérieure pour ne plus être concernée que par les relations qui lui sont propres. Peut-être que, comme le dit Héraclite, du conflit résulte l'harmonie : les conflits entre êtres vivants protègent la vie dans sa globalité ?

lundi 7 octobre 2019

Tu seras un PDG, mon fils : licenciements et virilité

Il est écrit, dans le Financial Times, que le nouveau dirigeant, par intérim, de HSBC, veut laisser sa marque sur la société. Pour cela il envisage un plan de licenciement de dix mille personnes.

On ne soupçonne pas à quel point la direction d'entreprise est une question de mode. Aujourd'hui, le dirigeant "qui en a dans la culotte", doit le montrer par ses actions mâles. Le licenciement est un acte de courage. Le dirigeant contre tous. Le management est une question de virilité.

Hier, la mode était à l'intelligence. L'entreprise créait. Et le faisait de l'intérieur, en équipe. Une vertu féminine ?

Et si, au lieu de vouloir que la femme ressemble à l'homme, on cherchait à faire le contraire ?

Citation :
HSBC to axe up to 10,000 jobs in cost-cutting drive 
HSBC has embarked on a cost-cutting drive that threatens up to 10,000 jobs, as new interim chief executive Noel Quinn seeks to make his mark on the bank. The plan represents the lender’s most ambitious attempt to rein in costs in years, said two people briefed on it, who said it would result in a substantial reduction in HSBC’s headcount of roughly 238,000.

FAANG

FAANG, c'est GAFA plus Netflix. C'est un terme qui remonte à 2013 et qui désigne les entreprises qui vont changer le monde. (Depuis peu, on envisage de revenir à GAFA, voire de rajouter le ringard Microsoft.) Début 2019, leur valorisation collective dépassait 3000 milliards de dollars.

Ce qui est surprenant est la différence entre leurs gains et leur valeur (en 2016, c'était pire en 2014) :

dimanche 6 octobre 2019

Folie des foules

Plus MM.Trump et Johnson bafouent les lois et la raison, plus leur cote monte.

J'avais noté cet effet lors de la campagne de N.Sarkozy, en 2012. (Il m'a semblé tout à son honneur qu'il y ait mis un terme, à l'occasion d'un attentat. Ce qui pourrait lui avoir coûté la présidence.)

Un scientifique s'est-il penché sur cette question ? Il semblerait que, lorsque l'on dépasse certaines bornes, la foule soit prise d'un instinct suicidaire. Le désespéré a soif de revanche ?

(Syndrome du noyé ? Dans certaines circonstances, l'intellect se déconnecte ? - La noyade expliquée.)

Chine fragile

 D'après The Economist, la croissance chinoise est tirée par des travaux gigantesques. Or, cela ne marche plus. La Chine serait couverte de villes fantômes.

Que signifierait une Chine en crise ?

Rouen et les Gilets jaunes

Les Gilets jaunes sont incompréhensibles me disaient des amis.

Mais les habitants de Rouen se comportent comme des Gilets jaunes, et leur comportement est très compréhensible. Ils ont peur pour leur vie, et le gouvernement ne les prend pas au sérieux.

Et si les Gilets jaunes étaient eux aussi des gens en difficulté que l'on ne prend pas au sérieux ?

Mais, le gouvernement a bon dos : quelle personne vous prendra au sérieux, si elle a un rien de pouvoir, alors que vous n'en avez pas ?

Conséquence d'une société atomisée ? Le pouvoir s'exerce par le lien social : lorsque ce lien n'existe plus, il se crée une classe de révoltés qui s'unit dans une colère collective ?

samedi 5 octobre 2019

Impeachment ou l'Amérique telle qu'en elle même

Lorsqu'il était entrepreneur, Donald Trump disait à ses fournisseurs qu'il ne les paierait pas, et qu'ils ne l'attaqueraient pas, parce qu'un procès leur coûterait une fortune. Donald Trump poursuit cette stratégie. Il bafoue l'esprit des lois, parce qu'il y a de bonnes chances que ces lois soient impuissantes. Mais, de l'autre côté, la tactique est la même. Je suis abonné aux "bons" journaux américains, ceux qui sont écrits par les meilleurs journalistes : pas un qui ne lui crache dessus. Pourtant, il est le président des USA, il doit bien représenter quelque-chose, non ?

C'est cela l'Amérique, une lutte à mort, tous les coups sont permis. Et tous les coups sont permis, parce que j'ai raison. J'ai Dieu avec moi. C'est lui qui est juge en dernière instance.

Qu'est-ce que la philosophie ?

Philosophie : "amour de la sagesse" ? Je pense plutôt que c'est "du bon usage de la raison".

Selon moi, la raison est le propre de l'homme. C'est une fonction du cerveau secondaire qui a pris une importance démesurée. C'est elle qui nous a propulsé dans un "progrès" que dénonce aujourd'hui Greta Thunberg.

Le cerveau, en gros, est émotion ou raison. L'émotion est la fonction la plus sophistiquée. Elle est systémique, et hyper rapide. Quant à la raison, sa fonction, selon moi, est avant tout de permettre la communication entre hommes. (Les Grecs parlaient de logos, langage et raison.) C'est mineur, mais décisif. Car l'union fait la force. Et la conquête du monde par l'homme vient de là.

Paradoxalement, la raison nous a persuadés que nous étions tous des individus. Le propre de la raison est la pathologie. En particulier l'aliénation. L'humanité est la marionnette d'idées qui ont pris leur propre autonomie, et lui nuisent. Ceux qui sont les plus touchés sont nos élites intellectuelles, nécessairement.

Je ne suis pas loin de penser, avec Hegel, mais pour des raisons un peu différentes des siennes, qu'il peut y avoir une "fin de l'histoire". L'histoire c'est le changement apporté par la raison, ou "progrès", elle a quelques milliers d'années. Le jour où la raison ne délirera plus, où nous la maîtriserons, l'histoire s'arrêtera. L'espèce évoluera, mais plus à la même vitesse, et non de son fait.

vendredi 4 octobre 2019

Risk issues and crisis management

Dans l'affaire Lubrizol, le gouvernement est affligeant. Il n'a rien appris des erreurs de ses prédécesseurs. Voici le livre qu'il aurait dû lire : Michael Regester, Judy Larkin, Risk Issues and Crisis Management : A Casebook of Best Practice, Londres, Kogan Page, 2005.


Et voici le résumé que j'en donne dans un de mes livres (Le changement, ça s'apprend) :




La crise a son mode de communication. Ses principes sont simples (...)
  1. « Voix du peuple, voix de Dieu » : ne pas s’opposer à l’opinion d’un groupe, mais entrer dans sa logique : si l’organisation dit avoir un problème, elle en a un. Cela est vrai, y compris si elle a choisi de vous tester. 
  2. Il faut donc écouter les arguments qui justifient cette opinion puis, « prise de judo », s’affirmer comme donneur d’aide, non celui qui sait débloquer la situation seul, mais l’élément qui manquait à l’organisation pour réussir. Comment ? En utilisant le groupe pour résoudre la question. Et en lui apportant une méthode pour ce faire. Ce peut être, simplement : lui demander de formuler ses difficultés, les solutions qu’il envisage au problème qu’il pose, et en tirer un plan d’action... 
  3. Attention aux signaux dissonants qui sapent les efforts de remise en cause. Le canal de communication du groupe est le bouche-à-oreille ; pour l’accaparer, il faut donner au mode de résolution de problème une forme « dont on parle ».
Application ? Au lieu de parler, le gouvernement aurait dû écouter. Il aurait dû rencontrer les "personnes clés" concernées, aussi bien les associations de sinistrés, que les dirigeants de l'usine, Warren Buffett, les services et les personnes compétentes, la presse... Puis il aurait produit un diagnostic et un plan d'action. Puis il aurait informé, au fur et à mesure de son avancée, les "personnes concernées".

Plus simplement, la communication de crise est peut être simplement une question d'empathie. Imaginons que mon épouse soit enceinte, que j'habite à Rouen, que ferais-je ?

L'égoïsme est-il un parasitisme ?

J'ai cité une théorie de Chester Barnard, tirée de ses observations : les altruistes constituent la colonne vertébrale de l'organisation. Le reste est fait d'égoïstes.

L'égoïste est-il nocif ? Peut-être faut-il en appeler à Adam Smith. L'égoïste apporte son énergie au dispositif. Seulement, contrairement aux idées d'Adam Smith, qui veulent que l'égoïsme soit canalisé par le marché, c'est l'altruiste qui a cette fonction.

Une société ne fonctionne plus quand les égoïstes pensent pouvoir se passer des altruistes.

Une théorie...

jeudi 3 octobre 2019

Twitter et Lubrizol

Peut-on se renseigner en consultant Twitter ? Chaos. Avant d'arriver à une information originale, il faut passer par des quantités de tweets d'inconnus qui la commentent ou qui expriment des opinions de peu d'originalité ou d'intérêt. Twitter ne nous informe pas, il nous renforce dans nos certitudes ?

En ce qui concerne Lubrizol, j'observe que la communication du gouvernement est noyée. Si on en entend parler, c'est parce qu'elle est reprise pour être ridiculisée. Plus curieux, peut-être, est le cas de la presse "intellectuelle", sérieuse. Elle n'a rien trouvé de mieux à dire que de dénoncer des "fake news". C'est peut-être méritoire, mais ça laisse entendre qu'elle est imperméable à l'angoisse humaine. Quant à Lubrizol : rien ?

Réseau social sectaire

Un informaticien me disait qu'il ne s'amusait plus comme avant. Il avait trop peur qu'une vidéo d'un moment d'égarement se retrouve sur Internet. J'entendais Angélique Kidjo parler du régime communiste qu'elle a connu dans sa jeunesse, eh bien Internet commence à ressembler à cela. Plus personne n'ose exprimer ses opinions, et surtout ses interrogations. Nous sommes dans une logique de "suiveurs". Je "n'aime" que les causes qui font consensus.

Et le système de référencement d'Internet amplifie massivement le phénomène. Il n'y en a plus que pour les pour et les contre. Rien pour ceux qui cherchent. Dans ces conditions d'aveuglement, le risque est que ce soit la réalité qui ramène sur terre, brutalement, ce monde de sectaires.

Comment gérer une crise environnementale ?

D'après ce que je comprends, la confusion règne à Rouen, et, au sein du gouvernement, en ce qui concerne l'incendie de l'usine de Lubrizol. Communication de crise : le contre-exemple ?

Total pourrait peut-être donner des leçons à Lubrizol. Lorsqu'une rupture de canalisation de la raffinerie de Donges a provoqué une pollution de la Loire, Total a fait quelque-chose de tellement simple que cela ne vient à la tête de personne. Il s'est demandé comment réparer les dégâts qu'il avait causés. C'est ce que racontait sur ce blog, Dominique Delmas, qui a participé à l'expertise du sinistre.

mercredi 2 octobre 2019

Comment éviter Rouen ?

Lubrizol Rouen flambe. Comment éviter qu'un site à risque connaisse ce genre d'accident ?

Lubrizol est "Seveso II seuil haut", en pleine ville. Seveso ? Un nuage d'herbicide contamine un morceau d'Italie, en tuant des milliers d'animaux. (Mais pas d'hommes, au moins à court terme.) Lubrizol est un grand site de production et d'entreposage avec tout ce que cela signifie de routine, et de personnels peu qualifiés, voire sous-traitants. C'est la propriété d'un fonds d'investissement, et de ses probables exigences de rentabilité à court terme. Soit une infinité de gestes banals, sous pression financière, dont chacun peut faire partir un nuage chimique, façon Syrie, en pleine ville ?

Il y a des années, j'ai rencontré un cadre de la RATP qui voulait connaître mon expérience de la gestion des risques. Dialogue de sourds. Je lui parlais de risque financier, son obsession était le risque voyageur.

Idem chez EDF, ou chez Dassault, chez les concepteurs de systèmes de pilotage d'avions. J'en déduis que la seule manière d'éviter les risques graves est par la culture. Pour les entreprises sures, la peur de l'accident est une anxiété de survie. Elle est inculquée dès l'entrée dans l'entreprise. Elle est toujours présente, toujours renforcée. Quant à la soif du gain, comme on l'a vu avec la navette Challenger, ou, actuellement, avec les accidents de 737, elle est un facteur dangereusement aggravant.

Séduction de la culture allemande

Pourquoi la culture allemande n'a-t-elle pas été frappée d'ostracisme, pour cause de nazisme ? Voilà une question que je me suis toujours posée.

Immédiatement après guerre, les intellectuels, pourtant prompts à dénoncer les révisionnistes, se sont délectés de Heidegger. On lisait même la philosophie allemande dans les camps de prisonniers. Pire, non seulement cette culture n'a pas été maudite, mais elle a tout submergé, en particulier la culture méditerranéenne. Qui parle encore de Bergson, ou d'Alain, pour se limiter à la France ? Quant à la musique, il a fallu attendre la mode du baroque pour secouer l'emprise de Bach, pourtant lourd (cf. les concertos brandebourgeois, ou le clavecin bien tempéré, tout deux fort éprouvants). Sans parler de Mozart, Beethoven et Wagner.

Cette culture avait-elle quelque chose d'irrésistible pour certains ? Ce qui, justement, avait poussé l'Allemagne à vouloir l'imposer au monde ? Mystère.

(Pensée inspirée par le bruit de machine à laver d'un concerto brandebourgeois.)

Premier dix mille

Dix millième billet. Ce blog sur le changement est, lui aussi, un changement. Au début, il a beaucoup changé, notamment dans sa forme. Puis il a atteint un pallier. Puis il a connu des changements infréquents, mais radicaux. Ils ont été causés par des événements extérieurs. A chaque fois que je constatais qu'il me prenait trop de temps, je procédais à ce que dans le monde de l'entreprise on appelle un "reengineering". Je changeais la logique du blog, le type d'informations qui l'alimente ou l'esprit des billets.

C'est devenu un blog égoïste. Je publie d'abord pour moi. Paradoxalement, savoir qu'un billet va être lu stimule la pensée. Car c'est le blog du doute. Ce qui doit être une curiosité dans le monde des réseaux sociaux, dont le propre est de "renforcer nos certitudes", si j'en crois des psychologues que j'entendais récemment.

Si je suis flatté d'être lu, j'en suis aussi inquiet. Ce que je dis n'a d'intérêt que pour moi, est probablement incompréhensible, et n'a rien à voir avec mon métier. Voilà pourquoi je suis toujours ennuyé quand quelqu'un, lorsqu'il me présente, dit, "lisez le blog de Christophe". Ma partie "lisible" correspond plutôt à mes livres ou aux articles que je publie dans le JDN, Focus RH, ou ailleurs.

Et voilà. Plus de onze ans d'une vie, cela aurait mérité une longue étude. Mais ce ne sera pas le cas. Tout l'esprit de ce blog ?

mardi 1 octobre 2019

Libre entreprise

Qu'est-ce qu'une libre entreprise ? Certains entendent par là une entreprise qui fait ce qu'elle veut. Ce qui effraie les autres.

Et si l'automobiliste avait une solution ? Il se sent libre. Pourtant il doit suivre une route, ce qui n'a rien de logique, et, surtout, il obéit au code de la route, encore moins logique.

Et si l'entreprise libre c'était cela : être libre au sein de règles librement consenties par tous ? Contre-intuitivement, pour être libre, il ne faut pas "déréglementer", mais créer de ("bonnes") règles ?

Pourquoi sommes-nous aussi conformistes ?

Qu'est-ce que la liberté ? C'est ne pas être susceptible de se faire manipuler. Cela demande de posséder un esprit "critique". Voilà ce qui semble avoir été l'idée des Lumières. Le principe de la Révolution.

Comme je le disais dans un précédent billet, le paradoxe de notre temps, c'est la pensée unique. Nous vivons dans les ténèbres. Une enquête récente, menée aux USA, conclut d'ailleurs que les gens ont peur d'exprimer leur opinion.

Cela mériterait une étude scientifique rigoureuse. Comment se fait-il que ce que l'on appelle une "société d'individus" produise le conformisme ? D'autant que l'on s'attendait à ce que de la concurrence entre individus résulte exactement le contraire : l'innovation ? Et que l'on a mis l'éducation, donc l'esprit, au pouvoir ?

Faut-il faire appel au psychologue Robert Cialdini : l'homme tend à économiser son cerveau, à ne pas penser ? Ce cerveau aurait-il besoin du stimulant du lien social pour marcher ?

(L'esprit des Lumières.)