samedi 31 août 2019

Le boycott, seul moyen de réduire la pollution aérienne ?

Mon retour en banlieue m'a fait découvrir une SNCF qui ne fonctionne plus et des avions qui passent, quasiment, en rase-motte. Des couloirs aériens sont désormais au dessus de ma maison.

Le bruit est désagréable. Mais je découvre aussi, en lisant le FT, que les méfaits de l'avion ne viennent pas que de la consommation d'énergie (cent tonnes de combustible par voyage, tout de même...), ou des émissions de CO2. Ils polluent de multiples manières, en particulier, les gens qui se trouvent à proximité des aéroports.

Et si l'on redécouvrait les joies de la randonnée et des vacances à bicyclette (non électrique) ?

Pensée unique

Un de mes billets parlait de l'éveil de M.Trump. M.Trump produisait une émission qui avait un grand succès. Or, cette émission était mal pensante. Il a compris qu'il y avait une chance à saisir. Contrairement à ce que l'on croyait, les idées dominantes n'étaient pas approuvées par l'électorat.

Il en est de même en France. Question : comment se fait-il que ce qui nous semble la pensée commune ne le soit pas ? Cela vient probablement du mode de sélection des personnes qui "font l'opinion" : les journalistes, les enseignants, notamment. Ils ont tous eu la même formation et ont tous le même discours.

(En outre comme le montre le travail de l'économiste Schelling, il y a une grosse différence entre ce qu'une population croit être ce qu'il faut penser, et ce qu'elle pense effectivement.)

vendredi 30 août 2019

La compétition tue-t-elle la créativité ?

La pianiste Maria Joao Pires opposait compétition et créativité. (Les grands entretiens de France Musique.) La créativité est spontanée, elle n'a pas besoin de concours pour se manifester. "Les artistes sont ceux qui ont échappé à la mort de la créativité (tuée par le concours)."

Un argument intéressant, ai-je pensé, est que l'on est "formé" au concours. Or, cette formation conduit à une pensée unique, mais aussi à la paresse intellectuelle ("bachotage"). N'est-ce pas pourquoi notre "élite" est si uniforme et si terne ? C'est une concurrence qui agit comme un tuyau : tout ce qui en sort va dans le même sens.

Le moteur de M.Trump

Soudainement, M.Trump paraît se calmer. Il met de l'eau dans son vin. Son agressivité vis à vis de la Chine, par exemple, décroit.

La raison semble s'appeler "récession". On craint que l'Amérique entre en récession et que cela soit dû aux conflits commerciaux dont M.Trump est la cause. Ce qui menacerait sa réélection.

M.Trump voulait construire un mur au Mexique et révoquer Obamacare. En parle-t-on encore ?

M.Trump est pragmatique. Il transige avec la force.

Quant à sa stratégie, elle semble être de faire le "bruit" qu'attend son électorat.

Une question est de savoir ce qu'il fera s'il est réélu. Quel sera alors son "moteur" ? Intérêt personnel, ou, vision, personnelle aussi, des intérêts du pays ?

jeudi 29 août 2019

Le vice du parlementarisme anglais

Etrange pays que l'Angleterre. Depuis le moyen-âge, il est fait d'une petite élite démocratique et d'un peuple inculte, que l'on se garde bien d'éduquer. Ce système fonctionnait grâce au parlementarisme, par lequel des gens de bonne compagnie gouvernent.

Tocqueville disait que tout gouvernement a un vice constitutif. Le rôle du législateur était de l'éviter. Il semble bien que les Anglais n'y soient pas parvenus.

Le parlementarisme devait tenir en respect le populisme. Le populisme a triomphé. Le peuple - inculte - est manipulé par des médias populistes aux mains de milliardaires étrangers, qui semblent avoir des comptes à régler avec le pays. Depuis trois décennies, les politiques, supposés être des sages, ne sont qu'hybris et cynisme infect. Dernièrement, les conservateurs ne savent plus quoi faire pour être plus populistes que le populiste N.Farage.

La faiblesse du pays attire les vautours : M.Trump veut acquérir l'âme britannique contre un plat de lentilles, et l'on soupçonne que M.Poutine est derrière M.Farage.

L'Angleterre pense qu'elle doit revenir aux sources de sa puissance. Mais est-ce les bonnes ?

Boris Johnson, le nihiliste ?

Boris Johnson suspend le parlement anglais. Or, le parlement, c'est la démocratie anglaise. (Financial Times.)

Si je comprends bien, Nigel Farage menace de siphonner les voix des conservateurs. Boris Johnson veut être plus Farage que Farage. Pour cela il doit bâillonner les anti Brexit. Coup de force contre l'esprit de la constitution.

Où tout cela mène-t-il ? Le Brexit semble partir de l'idée que, confrontée au néant, l'Angleterre va, par miracle, se métamorphoser. Les nazis, eux aussi, pensaient cela...

Leçon ? Il faut un rien pour que le monde bascule dans le chaos. Espérons que le Brexit ne sera pas notre Sarajevo.

mercredi 28 août 2019

Conditionnement scolaire

Un jeune-homme entrant dans une grande école de commerce se demandait s'il ne faisait pas fausse route. En discutant avec lui j'ai pensé que le système éducatif français était unique. Non seulement il ne cherche pas à développer le talent de ceux qu'il forme, mais, au contraire, il veut les faire ressembler à une sorte d'idéal inhumain. Ce qui produit une élite de zombies, et une foule de ratés, les recalés du système.

Et encore, de mon temps, une fois reçu vous n'aviez plus à travailler. Vous pouviez tenter de vous épanouir. Mais, maintenant, depuis le classement de Shanghai, les grandes écoles veulent démontrer qu'elles servent à quelque chose. D'où une nouvelle tentative de conditionnement, encore plus ridicule que la première.

Qu'est-ce qui vous motive ?

"Si l'on n'a pas une Rollex à 50 ans..." Telle entreprise / administration / université... n'a pas les moyens d'attirer les meilleurs. Voilà ce que l'on s'est mis à entendre. Comme si cela allait de soi.

Mais pensez-vous que l'argent ait été la motivation de Pascal, Montaigne, Flaubert, Pasteur ou Einstein ? De mon temps, la motivation du chercheur, c'était la découverte. Le reste ne comptait pas. Et l'artiste, courrait-il après l'argent ?

Et si, au contraire, l'argent était une motivation nuisible ? Et si c'était ce qui fait que l'entreprise, la science, l'art, la politique ou la médecine ne vont pas... ?

mardi 27 août 2019

Le talon de Trump ?

M.Trump est-il invincible ?

M.Trump a une stratégie diabolique. Depuis quelques décennies le monde se déchire pour des sujets secondaires, ce qui détourne notre attention des questions essentielles. C'est ainsi qu'est survenu le phénomène des "0,1%", sans qu'on le voit arriver. Eh bien M.Trump a tiré parti de cet état de faits. En défiant les forces de la bien pensance, il les fait hurler, ce qui, en réaction, lui vaut l'appui du peuple.

Mais M.Trump a une faille : l'économie. Il s'est engagé dans une tentative de rééquilibrage de la production américaine. Ce qui est une politique à très long terme, qui tend à avoir des effets négatifs à court terme. En outre, au moment où il est arrivé au pouvoir, les économistes s'inquiétaient de ce que les USA étaient en train de battre le record de durée entre deux crises.

Braillard ou non, aucun président ne survit à une crise économique....

(Mais, il fera certainement ce qu'il faut pour la décaler de l'élection présidentielle. N'a-t-il pas récemment déclaré qu'il fallait lâcher des bombes nucléaires sur les ouragans ?)

G7 : bon début ?

G7 achevé.

Qu'est-ce que le G7, sinon une tentative de "gouvernance" mondiale ? Une forme de méta démocratie ? Personne ne peut imposer ses vues. Qu'on le veuille ou non, il faut tenir compte de l'avis des autres. Pragmatisme.

Quant au "7", c'est aussi une question de pragmatisme. Ce serait mieux qu'il y ait un plus grand nombre après le G, mais comme on le voit avec l'ONU, l'OMCE, etc., voire l'UE, on ne sait pas encore bien faire fonctionner de telles énormes organisations.

Les "Anti G7", eux aussi, valident le système. Ils se définissent par rapport au G7, et donc ne sont rien sans lui. Au fond, ils cherchent à influencer le G7, à en faire partie. Bonne guerre ?

lundi 26 août 2019

Emmanuel, à l'aise

Ministre iranien apparaissant au G7. Initiative de M.Macron.

Ce qui est surprenant avec M.Macron, c'est à quel point il est à l'aise au milieu des grands de ce monde. Pas de complexes. Et, après un peu de rodage, ça semble marcher. Pour un peu, on pourrait penser qu'il en tire les ficelles.

Jusqu'ici les dirigeants français étaient perçus comme maladroits et arrogants. Voici un changement ?
 
PS.

L'entrepreneur américain

Martin Eden, de Jack London, est, selon moi, la description de l'entrepreneur américain. Cela peut surprendre, car c'est l'histoire d'un auteur à succès. Mais ce n'est pas l'entreprise qui fait l'entrepreneur, mais le succès, énorme.

Par nature, c'est un autodidacte. Il cherche le "truc", extrêmement simple, qui va le faire réussir. Une fois qu'il a trouvé, il met toute son énergie dans son affaire, avec l'efficacité maximale. Il a un sens inné du marché et de ce que demande la construction d'une entreprise. Une fois la réussite obtenue, il s'arrête. Une autre vie commence, qui n'en est plus vraiment une.

dimanche 25 août 2019

La chute de la maison Uber

Ubérisation a dit Maurice Lévy. Il y a quelques années, Uber était le symbole de la "disruption". La vieille entreprise allait crever. Elle serait remplacée par du jeune, dynamique et numérique.

Uber a perdu 5,2md$ sur un trimestre... Il n'est que l'ombre de lui-même.
Qu'est-ce qu'était Uber ? La fusion de la contre-culture américaine et du capitalisme le plus primitif. La croyance au bien et au mal. Uber affrontait des politiciens corrompus et le lobby des taxis. L'innovation numérique, le logiciel, allait révolutionner, par miracle, la qualité du service. Et même résoudre la question de l'insécurité au Brésil. Guerre de religion. Uber recrutait des croyants, qu'elle payait royalement. Pour gagner tous les coups étaient permis, et l'argent ne comptait pas.

Mais la réalité s'est rappelée à eux. Uber a beaucoup de concurrents, et aucun avantage concurrentiel. Elle dépense beaucoup et gagne peu. Et son modèle a une faille : ses chauffeurs avec lesquels Uber est en guerre. Seul espoir : la voiture autonome. Uber est un puits sans fond. Mais Uber a enrichi beaucoup de monde : les investisseurs qui ont vendu leurs actions lors de l'entrée en bourse de la société. Uber a été un attrape nigauds.

Fin d'une nouvelle bulle spéculative ?

Merveilles de la science

"La consommation d'énergie par tête mesure le degré de civilisation d'un peuple."

J'ai retrouvé un livre des années 60 : "Les sources d'énergie" (Albert Hinkelbein, Flammarion International Library). La citation en est tirée. Elle est le commentaire d'un graphique où l'on voit que les USA consomment 6000kwh par personne et par an, et que la consommation de l'Afrique est de 100. Le charbon était alors la première source d'énergie.

Le livre est fait d'illustrations. On voit des mineurs couverts de charbon, des raffineries, des lignes à haute tension, des ports, des centrales nucléaires... On parle aussi d'un barrage, qui boucherait Gibraltar, et réduirait de 200m la hauteur de la Méditerranée. En ces temps on s'émerveillait des prouesses de l'esprit humain...

Qu'est-ce qui a changé ? L'opinion de la société, ou l'opinion de ceux qui font l'opinion ?

samedi 24 août 2019

Récession ?

Depuis quelques temps, on parle de récession. Allons-nous avoir une grande crise ? Apparemment, les signes annonciateurs concerneraient le comportement étrange des taux d'intérêts. Mais la crise est avant tout, me semble-t-il, une prédiction auto-réalistratice. En tout cas, elle serait probablement fatale à M.Trump.

Deux crises précédentes étaient faciles à prévoir (et, je les ai prévues - mais pas leurs conséquences !). Il s'agissait de deux bulles spéculatives. Y a-t-il ce type de folie en cours ? Il y a peut être l'Intelligence artificielle, et tous les bobards que l'on raconte sur les objets connectés. Mais, à mon avis, cela concerne relativement peu de monde. (La France met beaucoup d'argent dans la "start up nation", mais cet argent me semble pouvoir être détourné utilement par l'entreprise normale.) Il y a le Brexit, et la très fragile Chine. Il me semble surtout que, contrairement aux bulles spéculatives, les gouvernements sont prêts à réagir, et n'ont pas envie de laisser s'installer une crise.

Bien sûr, il y a peut-être des choses que je ne vois pas. Le changement est seulement évident a posteriori. Et ma devise est : j'ai toujours tort.

Yield management

Yield management ? Voici un concept pour consultant. Il impressionne. Il sent ses mathématiques et ses ordinateurs. Pourtant nous en faisons tous sans le savoir.

Le besoin d'un client n'est jamais figé. Le Yield management est le travail qui est fait entre client et fournisseur, pour trouver un arrangement mutuellement avantageux. Le Yield management est un autre nom pour l'art de la négociation.

Cela peut devenir très vite compliqué, en particulier s'il s'agit d'usines et de chaînes d'approvisionnement. Cela ne peut être automatisé.

C'est, du moins, mon opinion.

vendredi 23 août 2019

M.Macron vu de l'espace

Louis XVIII, dit-on, lisait la presse anglaise pour savoir ce qui se passait en France. Je fais pareil.

Politico raconte ce qui se passe à Bruxelles, et on découvre ce que le gouvernement ne nous croit pas assez intelligents pour comprendre sa pensée. On lit "Macron wants to be king and savior of Europe, “but his vigorous pursuit of a sovereign EU defending its interests on the global stage with the United States, China, Russia and India has yielded few tangible gains in his first two years in power,” argues Paul Taylor in his latest Europe at Large column". Donc, M.Macron rêve d'une Europe puissance. Ce qui n'était pas évident.

Par ailleurs, on apprend des nominations dans l'administration française. Apparemment des proches de M.Macron qui semblent compétents. M.Macron s'entoure d'une équipe de gens qui lui ressemblent. Ou, plutôt ?, c'est une génération de hauts fonctionnaires qui a pris le pouvoir et est représentée par l'un des siens. Son seul point faible est son groupe de députés. Mais, en France, les députés ne comptent pas.

L'Angleterre vend son âme à Trump ?

Le Danemark refuse de vendre le Groenland, M.Trump va-t-il se rabattre sur l'Angleterre ? Si l'on en croit Politico, la transaction entre l'Amérique et l'Angleterre serait d'une autre nature. A la fois plus essentielle, et moins coûteuse. M.Johnson serait Faust et M.Trump, Méphistophélès :

"The United States will exact a high price for helping a weakened Britain, writes POLITICO’s Contributing Editor Paul Taylor. “Trump expects the U.K. to renege on the 2015 Iran nuclear deal,” Paul writes. “He also expects Johnson to follow the U.S. in shutting Chinese telecoms giant Huawei out of public tenders for 5G mobile communications infrastructure.” In short, Trump will push for closer alignment with U.S. policies on issues on which London has been broadly in disagreement with Washington and in lockstep with its EU partners in recent years: the Middle East, arms control, multilateralism, climate change and trade."

(M.Macron parle d'asservissement.)

Ne rien laisser décider au savant

"Principe général : il ne faut rien laisser décider aux savants, attendu qu'ils ne décident rien." (Alexandre Dumas, Voyage au Caucase.)

Education et décision seraient-elles antinomiques ?

jeudi 22 août 2019

Metoo et 68

On vit un temps schizophrène. Comment ceux qui se réclament de 68 et de Woodstock peuvent-ils critiquer MM.Epstein et Clinton ? 68, c'était le temps d'une sexualité débridée. Il est interdit d'interdire, non ?

De même, j'ai découvert une campagne de défense du décolleté. Mais comment concilier cette affirmation de l'ultra-féminité et la théorie du genre ?

L'éducation apprend-elle à diriger ?

Platon croyait que les gouvernants devaient être philosophes. Pour Weber, le savant ne peut pas être un "leader". C'est au leader de s'inspirer des idées du savant.

Je pense aussi que l'éducation nuit gravement au discernement. Il y a une grande part d'intuition dans le jugement. Mais le bon savant, s'il n'est pas un bon juge, peut distinguer les erreurs de l'intuition.

Chacun à sa place ?

mercredi 21 août 2019

Urgences médicales

Le mal des urgences ne serait-il pas celui de la société ?

Comme d'habitude, je suis tombé malade en été, et j'ai pu constater qu'il n'y avait plus de médecins. Même SOS médecins soit ne répond pas, soit répond qu'il ne se déplace pas. Les centres médicaux dits d'urgence sont "exceptionnellement" fermés pour quelques jours. Sans mes voisins et un parent médecin, je ne sais pas ce que j'aurais fait.

Quant aux pharmacies de garde, trop souvent dévalisées, on y a accès par le biais des commissariats, dont peu sont ouverts. Ce qui ne rend pas facile la vie du malade, par définition incapable de se déplacer.

Je déduis de cette expérience que le monde médical fait passer son intérêt avant celui de ses patients. Faudrait-il ajouter quelques lignes au serment d'Hippocrate ? Mais, n'en est-il pas de même de la société ? Comme le montre mon cas, le système médical n'est-il pas, en premier lieu, constitué de nos proches ?

Et voilà pourquoi on finit si souvent aux urgences. Et elles, elles ont été les victimes, je crois, de deux idéologies, soeurs ennemies.
  • Le travail est un mal. Réduction des heures. (Vous trouvez que c'est un mal de soigner les autres, d'enseigner, de construire des voitures... ?)
  • Le libéralisme. Laissons au marché le soin de réorganiser les hôpitaux. (Pensez-vous que les entreprises, qui se réorganisent souvent, laissent faire le marché ?) 
(Si vous cherchez une pharmacie de garde : http://www.3237.fr)

Génération provocation

De quoi se préoccupe notre société ? me suis-je dit en écoutant le reportage sur Woodstock dont il est question dans un autre billet. De sujets de nième importance. Le mariage pour tous, par exemple. Leur seule caractéristique est la provocation : faire hurler la société.

Mais aussi occuper entièrement les esprits. Et leur masquer les véritables changements : chômage, emplois précaires et dégradants, services publics dévastés, médecine et éducation devenues férocement inégalitaires, fin de l'ascenseur social, etc. Le retour de l'ancien régime, autrement dit.

La méritocratie : le mal de notre temps ?

La méritocratie serait-elle la cause de nos inégalités ? Cela semble le cas aux USA. En effet, le mérite se mesure à l'éducation, et l'éducation qui produit le mérite n'est accessible qu'aux enfants des sélectionnés de l'éducation. Relativement, c'est la classe moyenne qui perd le plus avec cette nouvelle "méritocratie". (Que jadis on appelait "aristocratie", "gouvernement des meilleurs".)

Autre paradoxe. Cette élite souffre. Elle n'a pas de jeunesse. Et elle ne connaît que le travail. Mais c'est ce qui la rend résistante au changement : elle pense qu'elle doit sa position sociale à son travail acharné.

Comment changer les choses ? Réduire le temps de travail de l'élite, élargir l'accès à l'éducation, et réorienter l'économie vers les biens et services produits par des gens qui n'ont pas de diplômes compliqués. Tout le monde peut y gagner.

(La dernière idée m'a frappée. En effet, au delà de la question de la méritocratie, ne serait-ce pas un moyen d'améliorer, magistralement, notre vie ? Par exemple, le médecin est devenu un goulot d'étranglement de notre système de santé, alors que, probablement, une très grande partie de ses fonctions pourraient être remplies par des personnels moins qualifiés. Plus généralement, dans tous les domaines, quelques "castes" semblent occuper des monopoles qui paralysent la vie de la société.)

mardi 20 août 2019

Hong Kong

Hong Kong montre peut être à quel point la pensée commune est fausse, lorsqu'il est question de colonisation.

Il est admis que le colon est le "mauvais", et le peuple colonisé, le "bon". En fait la colonisation crée une "autre" culture (au sens anthropologique du terme). Hong Kong n'est pas la Chine.

C'est peut-être la leçon de l'histoire. Nos nations ont été faites par envahissement et assimilation.

Suicide à Hong Kong

La meilleure technique de négociation, et de résistance au changement, est le suicide.

C'est peut-être ce que démontre Hong Kong. Les manifestants de Hong Kong paralysent leur économie. Si la Chine ne cède pas, Hong Kong ne sera plus rien. Or, Hong Kong est non seulement riche, mais une zone floue qui permet un échange entre la Chine et le reste du monde qui ne soit pas sous la férule de l'Etat Chinois.

On parle beaucoup de "crise", ces derniers temps. Ce pourrait en être une amorce ? Tout le monde, à commencer par M.Trump, aurait beaucoup à y perdre, mais la Chine, pays très fragile, plus que les autres.

Epstein, utile et agréable

Mon hypothèse était-elle juste ? Les affaires de J.Epstein auraient consisté à faire payer très cher des mises en relation avec des gens très importants.

"Epstein (...) encouraged speculation about his ties to powerful people. He sold the idea that he had a way in and up that was outside normal channels; it is dispiriting to realize how many influential people seemed to find that appealing." (The New Yorker.)
Donc, son "modèle économique" était la mise en relation. Il lui fallait, au préalable, se faire des amis, très importants. Or, visiblement, ces gens très importants aiment au moins autant les petites filles que lui... De l'art de gagner de l'argent avec ses hobbys ? (Et de ce que les "gens très importants" se croient au dessus des lois, et de la société ?)

lundi 19 août 2019

Et si l'on se jouait de l'Intelligence Artificielle ?

Et si l'Intelligence Artificielle nous fournissait un nouveau jeu : la faire dérailler ?

On disait qu'elle allait nous rendre obsolètes, à moins d'être un "data scientist". Et si, au contraire, elle    donnait un champ d'exercice aux talents les plus anciens du petit peuple : l'exploitation des failles du système ?

Liberté d'expression en danger

Le chansonnier René Dorin était qualifié "d'anar de droite". Françoise Dorin disait, en substance, qu'il devait sa liberté de parole à sa très grande popularité. (Rediffusion d'une émission de France Culture.)

The Economist constate que la liberté d'expression est en danger aux USA. Il me semble que c'est une question de principe. On ne croit plus au droit à la liberté de penser. On croit au bien et au mal.

dimanche 18 août 2019

Le numérique, et ses bugs, peuvent-ils détruire notre société ?

Cours de Gérard Berry au collège de France. Il s'intéresse à la sécurité des systèmes d'information. C'est effroyable. Pire que ce que je pensais. Et surtout, il semble qu'il n'y ait pas de solution.

Que se passe-t-il ? Tous les logiciels sont bourrés de failles. C'est aussi vrai du processeur ! De manière inattendue il semble que l'incompétence soit généralisée. Elle frappe en premier l'armement, par exemple les navires de combat ou les avions. Il utilise énormément de logiciels, mais obsolètes, et gruyère. (Window XP.) Il y a aussi les Toyota, qui accélèrent toutes seules, et ont causé au moins 89 morts. C'est dû à un bug bug. Il est la partie émergée d'un développement d'extrême mauvaise qualité. D'ailleurs, plus la voiture vaut cher, plus il est facile d'y entrer pour un voleur. Et même les Pace makers utilisent les logiciels du marché, avec leurs bugs, et sans que personne ne se soit préoccupé de leur protection. Le pire est probablement l'Internet des objets. La cybersécurité est un sujet que l'on ne connaît pas, dans ce milieu. D'ailleurs, même les techniques de programmation semblent avoir régressé depuis mon temps (du moins la pratique) : peu de gens auraient entendu parler de tests et de procédures qualité.
En fait, me suis-je dit, le talent est chez les malfaiteurs. Et il y a les Etats. En pensant suivre leur intérêt, ou faire le bien, ces gens combinent leurs forces formidables pour profiter des failles du "numérique". Ils ont les moyens de détruire la planète. Face à eux, la production de logiciel est représentée par le "marché". A savoir des entreprises dirigées par un grand patron qui ne comprend rien à la sécurité, et dont les employés sont considérés comme des inférieurs, donc ne cherchent pas à être compétents.

C'est le monde à l'envers. Mais surtout : si le bug est le propre de l'homme, donc du système d'information, peut-on construire notre société sur le numérique ?

Révolution industrielle

Je me suis mis à lire la littérature anglaise du 19ème siècle. Contrairement à ce que je pensais, on y parle des aspects négatifs du progrès. L'air, du fait des fumées de charbon, était irrespirable. La campagne était retournée par les mines de charbon. Le peuple connaissait une pauvreté "monstrueuse" au sens "monstre de cirque". Et ceux qui partaient aux colonies étaient rapidement victimes de maladies tropicales.

Peut être que la vie des nations est comme celle des individus : on ne prend conscience de ses malheurs, et de ses erreurs, qu'une fois qu'ils sont passés ? C'est grâce à cela que l'on parvient à changer ?

samedi 17 août 2019

M.Macron - bilan provisoire

Mais que nous cache M.Macron ? me demandé-je depuis son élection. Mon hypothèse du moment :

La seule stratégie de M.Macron est de relancer l'entreprise. Pour cela il a deux angles d'attaque :
  • Le blocage : il s'en est pris à ce que l'on disait ennuyer l'entrepreneur : le droit social. 
  • Le numérique. Son arme est la BPI. Elle finance, sans compter, la création de start up, et elle cherche, massivement, à créer chez les entrepreneurs traditionnels l'envie de se transformer. 
Paradoxalement, M.Macron est très dépensier.

A l'extérieur, il veut faire de l'Europe une puissance.

Pourquoi cela ne réussit-il pas ? A mon avis, d'une part parce qu'il se fait des illusions sur le numérique, d'autre part, parce que l'entrepreneur souffre d'un blocage à la croissance qui est psychologique et culturel (mon sujet d'enquête actuel). Mais, rien n'est perdu : au moins, il a crée des conditions favorables. Selon moi, s'il suscitait un appel d'air venant de l'Allemagne, cela pourrait apporter à nos PME l'optimisme qui leur manque.

On lui reproche, enfin, de ne pas avoir réformé l'Etat. Mais, à mon avis, tant qu'il n'aura pas compris que cela se fait, comme pour l'entreprise, de l'intérieur, et pas par décrets, il est condamné à l'immobilité, s'il ne veut pas détruire les services publics, déjà en très mauvais état.

Our mutual friend

Mon premier Dickens. Le monde angoissant des berges de la Tamise à Londres. Des êtres inquiétants s'y livrent, la nuit, à la pêche des cadavres. Un meurtre, justement. Mais une histoire avec une "fin heureuse". La comédie du bonheur, même.

Un comique de répétition. Des personnages au caractère et au comportement très marqués. Une société anglaise qui ne semble pas composée d'êtres humains mais d'espèces différentes. Elle va de la classe des "gentlemen", vaine et superficielle, à la pauvreté abjecte, souvent monstrueuse (au sens physique du terme), parfois honorable - mais qui n'a alors pour seule issue que la mort. Les barrières de classe sont marquées par la maîtrise de la langue. Il y a aussi des méchants très méchants. Et une organisation de l'intrigue en scènes frappantes. Probablement parce que les romans de Dickens étaient publiés en feuilletons, qui marchaient au coup de théâtre. Peut être aussi parce que Dickens était un acteur sans équivalent, et les lectures qu'il donnait de ses livres, des spectacles fascinants. Il est d'ailleurs possible qu'il se soit tellement donné à ces spectacles, qu'il en est mort.

vendredi 16 août 2019

La véritable affaire Epstein ?

L'affaire Epstein n'est peut être pas totalement une question de morale. La vie est un échange : que donnaient les gens importants qui participaient à ses amusements, en échange de ceux-ci ? Et si ce mode de relation avait été le moteur de l'enrichissement de M.Epstein ? Utile et agréable, en quelque sorte.

En appui : MM.Trump et Epstein se sont brouillés quand ils se sont trouvés en concurrence dans une affaire. M.Epstein avait-il exploité une confidence de M.Trump ? Par ailleurs, la vie de M.Epstein a été une suite de procès, que ce soit des questions de mineures ou d'affaires. Or, tous ont été clos de manière mystérieuse.

L'énantiodromie d'Internet

A l'origine d'Internet, il y a un puissant courant libertaire. Il permettrait de vivre chacun chez soi, sans que la société s'occupe de nos affaires, les réglemente.

Or, le propre d'Internet c'est l'information numérique, et le modèle économique de l'entreprise numérique est d'exploiter la trace numérique de notre activité. Etrangement les milliardaires libertaires sont devenus les flics de la population mondiale.

Histoire prévisible ? Ceux qui recherchent un absolu récoltent son contraire. Enantiodromie.

(Un phénomène décrit par beaucoup de monde, de Watzlawick à Camus.)

jeudi 15 août 2019

USA, Etat voyou ?

Internet protège les malfrats, disait, en substance, un maître cyber espion israélien. (France culture.)

Surprenant. Cela m'a rappelé une idée que j'ai eue lorsque je lisais Code and other laws of cyberspace, de Lawrence Lessig. Ecrit en 1999, ce livre est une réflexion sur les lois qui devraient s'appliquer à Internet. Son auteur veut y appliquer l'esprit du droit américain. Ce droit est un droit de principes, et de doute. Il préfère protéger un criminel que condamner un innocent. Mais, comme on le voit dans les films d'Hollywood, les criminels ont les moyens et les avocats de génie, pour faire douter de leur culpabilité. Quant à l'innocent, il doit être un héros pour se faire entendre. La meilleure façon pour cela étant peut-être celle de Clint Eastwood.

Le livre dit aussi qu'Internet est le véhicule de la culture américaine. Et si la défense de la liberté était une défense du malfrat ? Et si, par nature, les USA étaient un Etat voyou ?

L'erreur est le propre de l'homme

Nous voyons le monde au travers de la "raison". Autre, le propre de la "raison" est l'erreur. Voilà ce que l'on constate de toutes parts. Ce pourrait même être là la raison qui fait que notre développement ne pourrait pas être durable.

En conséquence de quoi, la raison doit prendre en compte ses erreurs pour raisonner correctement !

Mais pour cela, elle doit résister à la tentation de penser que ses erreurs peuvent être répertoriées par la raison.

(Ce qui est l'objet de "l'économie comportementale". Seulement, elle fait une erreur fondamentale : elle pense que c'est par manque de rationalité que l'homme pêche...)

La liberté des autres

"La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement." dit Rosa Luxembourg.

Beaucoup de gens ont de l'amitié pour Rosa Luxembourg. Comment se fait-il alors qu'ils en aient aussi peu pour la pensée de ceux qui ne pensent pas comme eux ?

mercredi 14 août 2019

Le marché comme écosystème

Discussion avec un des commerçants d'un marché. Ce qui l'inquiète n'est pas tant le manque de clients que les vacances de ses collègues. L'un des marchés dans lequel il pose son étal n'a plus de vendeurs de volailles. Ils sont tous en vacances. Ennuyeux : même s'il y a peu de clients, ils sont fidèles ; et un client qui change d'habitudes, c'est un client perdu. Pour tout le monde.

Changement d'état d'esprit, me dit-il. Avant c'était un pour tous, maintenant c'est chacun pour soi. Jadis, quand un vendeur avait eu un pépin et arrivait en retard, ses collègues l'aidaient à s'installer. Aujourd'hui, c'est fini. C'est à qui prendra la meilleure place de parking, quitte à gêner tous les autres.

Et si la logique du marché n'était pas, comme le disent les économistes nobélisés, celle de la concurrence, mais celle de l'écosystème ? L'individualisme tue le marché ?

France Musique l'été

Les vacances apportent d'heureux changements à France Musique. Les programmes s'allongent, on y cause peu (à quelques malheureuses exceptions près), mais bien, et l'on y entend des musiques que l'on ne diffuse pas d'ordinaire.

De l'influence de l'environnement sur l'homme ? Peu d'argent et des titulaires en vacances, cela vous force à être intelligent ?

(Par ailleurs, l'organisation des programmes est simple : il y a des programmes musicaux, des enregistrements de festival, et matin et midi, l'annonce des festivals à venir, ainsi que quelques rediffusions.)

Des bénéfices, discrets, des crypto monnaies

Avec les crypto monnaies, il n'y a plus besoin de banques et de la main visible des Etats, fatalement totalitaires, sur l'économie. C'est ce que semblent avoir pensé leurs inventeurs.

Or, voilà ce que l'on lit :

Et si le bitcoin était, finalement, le meilleur ami de l'Etat totalitaire ?

mardi 13 août 2019

Mass killing

Pourquoi des tueries de masse aux USA ? lis-je. C'est la faute de Trump, ou du petit blanc, raciste par nature, dit-on souvent.

Ce qui me semble rapide. Ces tueries de masse sont des suicides. C'est de là qu'il faut partir. Ensuite, le suicide prend, dans chaque culture, mais aussi en fonction des modes ("Effet Werter"), des aspects différents. Comme les djihadistes, les Américains aiment finir dans un bain de sang.

Mais pourquoi le petit blanc se suicide-t-il ? Pourquoi pas le noir, qui semble dans une situation bien plus précaire ?

En fait, être un homme noir n'a rien de très agréable. Si vous naissez noir, vous avez une chance sur trois de faire de la prison.

Curieusement, ce sont surtout les hommes qui vont en prison, ou tuent en masse. Et si la société américaine était particulièrement hostile au mâle ?

Et si on écoutait la nature ?

Passionnant ! Mieux qu'un roman. Un livre de forestier, spécialiste des chauves-souris. On est dans la forêt, la nuit ; on observe les fourmis qui vivent dans les parcs parisiens... Un livre pour comprendre la nature qui nous environne. Mais surtout prendre conscience de ses mystères, devant lesquels nous sommes impuissants. On est aux antipodes de l'écologisme dogmatique ou du scientisme triomphant.

Il y est question d'arbres, de chauves-souris (donc), de blaireaux, de moustiques... On découvre leur "logique", les nécessités qui les contraignent et les stratégies qu'ils adoptent. Dans ce monde, tout est utile (y compris le moustique) et tout est en équilibre. Ce qui produit nos maux ce sont, justement, les déséquilibres que l'homme introduit, par exemple du fait du commerce international, ou de son amour de la nature (maladie de Lyme) qui l'amène à lâcher des espèces dans des milieux qui ne leur sont pas adaptés, ou encore les éoliennes, qui font des dégâts environnementaux effrayants.

Mais l'homme peut réparer ses erreurs. Pour cela, il doit vivre au sein de l'écosystème. Il finit par comprendre, plus ou moins consciemment, ses lois. C'est alors qu'il peut agir à bon escient.

Paradoxalement, ce livre révèle un autre écosystème. Celui des forestiers, et des services locaux de l'Etat. Tout ce monde semble oeuvrer dans l'ombre, pour l'intérêt général, hors de portée des nobles utopies et des grands débats, mais aussi de la démocratie.

Jeffrey Epstein

Pourquoi la France s'immisce-t-elle dans l'affaire Epstein ? Surprise : étonnante fiche wikipedia anglaise. Les journaux nous présentent Jeffrey Epstein comme un "financier", mais c'est d'un "aventurier" qu'il faudrait parler. Il a fini ses études sans diplôme, et toute sa vie, ensuite, n'est qu'affaires louches, dont certaines ont mal tourné. En fait, on n'a apparemment aucune idée de la nature de ses revenus. A côté de cela, il y a une longue série de procédures judiciaires concernant des mineures, arrangées en dehors de tribunaux, ou qui semblent avoir fait l'objet de jugements inattendus.

Mais, surtout, et c'est ce qui peut faire croire que sa mort n'est pas volontaire, il est associé à un nombre considérable de gens des plus importants. La partie émergée de l'iceberg contient Bill Clinton et le prince Andrew. Il y aurait aussi, effectivement, quelques Français. Curieusement, encore un scandale sexuel qui touche un démocrate. Mais, une fois de plus, ce n'est que lorsque le scandale frappe que ces gens si importants se reculent avec effroi de quelqu'un qu'ils ont, intimement, fréquenté des années.

Révélateur des us et coutumes d'une haute société qui vit au dessus des lois ? La protection de la vie privée, fondement de la démocratie américaine, fait-elle des USA le paradis de l'escroc et du pervers ?

lundi 12 août 2019

Affligeant Woodstock

Pitoyable Woodstock ? Se baigner tout nus, voilà la revendication de la jeunesse de l'époque. Plus l'émission (France Culture) avance, plus je suis consterné. La pensée de cette génération était affligeante. Aucun contenu. Comment une société où l'on ne sait que s'amuser peut-elle vivre ? Lamentable. Le degré zéro de l'intelligence. Quel était le projet de cette jeunesse sinon contrarier ses parents ?

Le plus surprenant est que la légitimité de notre élite actuelle vient de Woodstock. Or, même si la pensée Woodstock était nulle, qu'en reste-t-il aujourd'hui ? La morale et la censure sont partout (et l'argent !). Ce que révèle Woodstock c'est à quel point la société des années 60, contrairement à la nôtre, était tolérante !

Indestructible Macron ?

M.Macron va-t-il tenir encore huit ans ?

Madame Le Pen est son ange gardien. Tant qu'elle est au second tour de la présidentielle, personne d'autre que lui ne peut être élu.

Ensuite, contrairement à MM. Giscard d'Estaing, Sarkozy et Hollande, il ne semble pas susciter de mouvement de rejet. Phénomène étrange, qui n'a pas touché, curieusement, MM.Mitterrand et Chirac. Comment l'expliquer ?

Mark McCormack, gourou de la littérature du management, a une théorie sur le sujet. Ce qui rend fou un client, c'est de ne pas se rendre compte de ce qui le rend fou. Je me demande s'il n'en est pas de même de l'électeur.

dimanche 11 août 2019

Le mal de la grande entreprise

Qu'est-ce qui ne va pas dans la grande entreprise ? Ma réponse :

Je crois qu’il faut surtout prendre en compte l’évolution de la société dans son ensemble. Son principe actuel, depuis les années 60, est l’égoïsme. Utiliser tout rapport de force pour exploiter l'autre. Je constate que dans beaucoup de grandes entreprises on ne travaille plus. Le salarié est devenu un petit chef. Le travail est fait par des prestataires. Les dirigeants sont des financiers qui ne peuvent pas comprendre le métier de l'entreprise. Ils achètent leur stratégie et courent après toutes les modes.

(C'est ainsi que j'interprète les difficultés de Boeing, en particulier.)

Il ne faut pas désespérer, cependant. Il faut chercher les bonnes volontés et les aider. Ensuite le reste de l’organisation viendra au secours du succès.

Du bon usage de la raison ?

"C'est la vie qui, peu à peu, cas par cas, nous permet de remarquer que ce qui est le plus important pour notre coeur, ou pour notre esprit ne nous est pas appris par le raisonnement, mais par des puissances autres. Et alors, c'est l'intelligence elle-même qui, en se rendant compte de leur supériorité, abdique, par raisonnement, devant elles, et accepte de devenir leur collaboratrice et leur servante." (Proust, Albertine disparue. Qui est suivi par "Foi expérimentale." qui montre que Proust sait faire des phrases courtes.)

Paradoxe Trump

A lire la presse américaine et française, on comprend que M.Trump est un président consternant. Il commet erreur sur erreur. Il ne devrait plus en avoir pour longtemps, donc.

Or, je découvre que, depuis 2016, sa cote de popularité augmente lentement mais sûrement. (New York Times.) Ce qui est doublement étonnant : d'une part du fait du premier paragraphe, et, d'autre part, en comparaison avec ce qui se passe chez nous, depuis des décennies.

Y aurait-il quelque chose qui ne va pas dans notre information ? La presse sert-elle à informer, ou ne dit elle que ce que ceux qui veulent la lire veulent entendre ?

Et M.Trump ? Est-il idiot ou a-t-il compris quelque chose que nous n'avons pas compris ?

samedi 10 août 2019

Sainte Beuve

Apparemment, La recherche du temps perdu serait une réaction aux idées de Sainte Beuve (cours du Collège de France d'Antoine Compagnon). Ce qui n'était pas original : on ne parlait que de Sainte Beuve au temps de Proust.

François Hollande semble avoir une grande estime pour le jugement de l'histoire. Mais Sainte Beuve, où est ta célébrité ? L'histoire change d'avis sans arrêt. Ne faisons pas confiance à l'histoire, et jugeons par nous-mêmes ?

Relative folie

L'enfance de la comtesse de Ségur. Ses parents, de la plus haute aristocratie russe, nous paraîtraient fous. Et ils maltraitaient leurs enfants. (Une émission de France Culture.) Il est possible qu'aujourd'hui on les leur retirerait.

Autres temps autres moeurs ? De la relativité de la science, qui considère comme fou ce qui s'écarte de la norme du moment ?

vendredi 9 août 2019

Idées criminelles

J'écoutais une émission sur l'aveu en URSS, sous Lénine et Staline. Cauchemar. Et dire que toute cette irrationalité vient d'utopies ! On a cru des idées stupides, et elles nous ont fait massacrer des vies. Et nos "élites", si arrogantes et sures de leur supériorité intellectuelle, ont été les vecteurs de ces idées stupides, comme les moustiques du paludisme.

Alors ? Ne faudrait-ils pas mettre au programme de l'agrégation de philosophie un cours de pensée ? Simplement, l'histoire des erreurs de raisonnement de nos grands esprits, aux conséquences criminelles ?

Mais peut être que cela ne servirait à rien. Ces élites sont le fruit de décennies de conditionnement. Ont elles encore la moindre capacité à douter d'elles-mêmes ? Peut être faudrait-il, alors, réfléchir aux conséquences de ce conditionnement, et se demander comment mieux l'orienter ?

Le passé est imprévisible

"L'histoire est une fable convenue" aurait dit Fontenelle. (Citation venue d'ici.)

Que sait-on du passé ? Les textes philosophiques anciens sont au mieux fragmentaires. Surtout ils ont été "redécouverts" récemment, ce qui peut avoir donné l'occasion de détournements plus ou moins volontaires. Que sait-on, même, de nos contemporains ? Leurs actes nous parviennent traduits par l'intérêt et le biais de compréhension. D'ailleurs ils ne sont parfois pas de leur main, mais de celle d'élèves. (Que comprend un élève de ce que dit un enseignant ?)

En outre, Platon aurait dit que ce qui comptait dans son enseignement était sa parole, son comportement, pas ses écrits...

Les livres d'histoire ne nous enseignent pas le passé, mais le présent. Ils nous disent ce que nous devons croire, en le justifiant par l'autorité d'anciens ? Voilà pourquoi l'écriture de l'histoire est-elle un tel enjeu ? Et pourquoi l'histoire fluctue-t-elle autant ?

jeudi 8 août 2019

La 5G : dilemme du prisonnier ?

L'Occident est fichu. La Chine a pris un avantage décisif dans la technologie 5G. Or, la 5G, c'est l'avenir. Voici ce que l'on entend. Qu'en est-il vraiment ?

Le Financial Times disait que la 5G est un casse-tête pour le gouvernement occidental. En effet, il envisageait de mettre aux enchères les fréquences qui lui sont utiles, un moyen de réduire ses dettes. Mais les Chinois ont donné ces bandes de fréquences à leurs opérateurs. Si l'avenir s'y joue, nous devrions faire de même...

Qu'est-ce qu'apporte la 5G ? Beaucoup plus de débit, au particulier. Pour l'entreprise, c'est la promesse de l'objet connecté. Pour la ville, celle de la "ville intelligente". Mais cela a aussi des inconvénients. Il faudra, pour les opérateurs et pour les utilisateurs, de nouveaux équipements, apparemment chers. Tout le monde devra-t-il changer son téléphone, même sans usage de la 5G ? Et la 5G "porte moins loin". Ce qui signifie plus d'antennes, et peut-être plus de zones blanches. Et si la 5G faisait beaucoup de perdants ? De gilets jaunes ?...

Surtout, y a-t-il un marché ? Est-ce vital de pouvoir télécharger instantanément des films sur son téléphone mobile ? Ressentez-vous un besoin irrépressible pour une "ville intelligente", ou pour que votre réfrigérateur pilote vos trajets en fonction de ses besoins ? Et les questions de cybersécurité ? Quand tout est connecté, tout peut s'effondrer comme un seul homme. Et, aussi, quel en est le coût ? Ces technologies absorbent une énergie folle, et toujours plus d'énergie. Et il faut toujours plus de batteries, non recyclables... Elles sont anti développement durable.

Depuis 30 ans, j'entends que "le débit va créer l'usage". Le passage d'une G à l'autre est toute la stratégie des opérateurs de télécommunication. Ils y trouvent l'espoir : un jour ça marchera, et nous serons riches. D'ailleurs, si on ne le fait pas, nos concurrents, ou les Chinois, le feront. Dilemme du prisonnier ? Serait-il temps que l'on retrouve nos esprits, et que l'on mette un terme à cette course en avant ?

Peut-on traduire l'anglais ?

Il y a quelque-chose de propre à la littérature anglaise ou américaine : la phonétique.

Les nations anglo-saxonnes sont faites de couches de populations diverses qui ont chacune leur langage. A proprement parler, la plupart des Anglo-saxons sont des analphabètes. Un grand auteur se doit de rendre ces différences de langue, de manière phonétique. C'est parfois compliqué à comprendre. Par exemple chez Walter Scott, lorsqu'il s'agit d'un Ecossais inculte, du 18ème siècle, qui parle, mal, la version écossaise de l'anglais de l'époque...

Question : sachant que tout le personnage est dans son parler phonétique, comment faire pour traduire ses propos sans le vider de son intérêt ?

L'avion de Proust

Proust avait offert un avion à un amant. Combien celui-ci coûtait-il ?

Apparemment, les avions coûtaient entre 7500F et 30000F, en ces temps. Mais à quoi correspondait un franc ? D'après l'INSEE à un peu plus de 3€. Mais si l'on prend le salaire moyen d'un ouvrier, qui est de l'ordre de 150F/mois, et qu'on le compare au SMIC, on arrive à plus de 6€.

Pas cher ? En fait, les avions de ce temps étaient très simples, et la main d'oeuvre était peu chère. Et ils n'étaient pas fiables : l'amant a péri dans un accident d'avion.

(Dans Albertine disparue, Proust dit qu'il a offert à Albertine, dont le dit amant est le modèle, une Rolls et un yacht...)

mercredi 7 août 2019

Marcel Proust

Céleste Albert donne de Marcel Proust (un billet précédent) l'image d'un ascète. Il vit pour son oeuvre. S'il sort, c'est pour retrouver le temps passé et pouvoir le retranscrire fidèlement dans son oeuvre.

Mais les experts qui commentaient le témoignage de Céleste Albaret donnaient, discrètement, une autre vision de la question. Celle d'un Marcel Proust qui s'encanaille et qui achète, très cher, l'amour et l'âme des gens. En cela il ne faisait que suivre les usages de la haute société de son temps, qui n'étaient pas propices aux droits de l'homme.

(Cela se retrouve aussi dans l'oeuvre. Le personnage d'Albertine, par exemple, est un des amants de Proust.)

Péril jaune

Tous les Chinois sont des espions, disait une émission de France Culture. Particularité culturelle du pays. Chaque citoyen apporte son petit renseignement à la recherche d'informations collective. Ce qui permet d'acquérir, lentement mais sûrement, les secrets industriels les mieux gardés.

Voilà qui rejoint les observations de "La Chine à nos portes". Notre culture est individualiste, la culture chinoise est collective. Face à elle, les nations européennes, incapables de se coordonner, sont une passoire.

Seulement, ce que l'on entendait aussi dans cette émission, la Chine tend au dysfonctionnement massif. A l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, elle souffrait d'une corruption générale. Xi Jinping en a profité pour éliminer ses opposants.

Il ne faut certainement pas surestimer la menace chinoise. Si elle pouvait nous aider à prendre conscience de notre manque de solidarité, européen ou national, elle nous rendrait un immense service, d'ailleurs.

Boris banzaï

L'UE et Boris. Apparemment, il ne peut qu'avoir une stratégie : demander l'impossible. Et elle s'attend à ce qu'il soit éliminé par le système immunitaire britannique. (Politico.)

Comment le voit-elle ? "a self-serving fraudster" (traduction laissée au lecteur).

mardi 6 août 2019

Céleste Albaret

Céleste Albaret a été la gouvernante de Marcel Proust. France Culture a diffusé des interviews d'elle.

En voila encore une qui bat en brèche la campagne de désinformation des féministes. Elle épouse, à 21 ans, un chauffeur qui travaille pour Marcel Proust. (Chauffeur est à l'époque un très bon métier, qui permet d'accumuler les moyens d'acheter un commerce.) Celui-ci est plein d'attentions pour sa jeune femme, qui, elle, n'a envie de rien, et ne sort pas de leur appartement. Elle était si heureuse dans sa famille à la campagne... Proust a alors l'idée, pour l'égayer, de lui proposer de porter sa correspondance. La guerre arrive, les hommes sont mobilisés, quoi qu'elle ne sache pas faire grand chose, elle va petit à petit en venir à s'occuper de lui, et à s'installer chez lui. En fait, elle devient indispensable pour son travail. L'asthme épuise Proust. Céleste Albaret devine ses désirs, et lui évite tout effort.

Monde à la fois proche et lointain. Quartier de la gare Saint Lazare, lycée Condorcet... lieux que je fréquente depuis toujours. Mais aussi luxe inouï. Un exemple. Proust a les moyens de louer une partie du dernier étage du grand hôtel de Cabourg. Le personnel est à son service. Il est chez lui. Il achète un avion à un de ses amants. Partout, Proust vit dans son lit, entouré de gens qui préviennent ses caprices. On le coiffe, on le rase. Lorsqu'il sort de son appartement, c'est pour une soirée. Céleste veille. Elle devance son arrivée. Elle ouvre les portes. Apparemment, il n'a jamais su qu'elles avaient des clés. Il passe ensuite des heures à lui compter ce qu'il a vu.

Petit monde de la culture aussi. Voilà qui ne confirme pas les idées modernes selon lesquelles c'est de la concurrence que naît l'innovation. Les intellectuels sont peu nombreux, et se connaissent tous. Ce qui peut avoir des effets inattendus. Quand Proust envoie Du côté de chez Swann à Gallimard, le paquet lui est retourné sans être ouvert. Gide le prend pour un dilettante, pas sérieux.

L'histoire de Céleste et de Marcel montre que la France du début du vingtième siècle a une culture qui nous est aussi impénétrable que celle des Pygmées. Pour l'approcher, il faut procéder comme les anthropologues, qui ne cherchent pas à juger, mais à comprendre.

Barry Lyndon

Barry Lyndon est l'histoire d'un aventurier, au 19ème siècle. Elle s'inspire de faits réels. Parti de rien, il atteint les sommets de la société anglaise. Mais, arrivé, le sort se retourne contre lui. Il est puni par là où il a pêché.

Une des particularités de l'ouvrage est qu'il est raconté à la première personne. Or, Barry Lyndon parvient à faire comprendre à quel point il est une canaille, et à dire ce que l'on pense de lui, et que ceux qu'il a en face de lui ne sont pas tels qu'il les voit !, alors qu'il ne cesse pas un instant de se vanter, et de se présenter comme magnifique.

Tour de force littéraire que j'ai fini par trouver pesant. La veine s'épuise rapidement. Le personnage se vide de toute substance. En tout cas, ce Barry Lyndon et les personnages de son histoire ont peu à voir avec le film réalisé par Stanley Kubrick.

lundi 5 août 2019

Féminisme contre-productif ?

« Les femmes régnaient alors, la Révolution les a détrônées. » (Elisabeth Vigée-Lebrun, sur l'Ancien régime, citée par wikipedia)

Et si le féminisme produisait une détérioration de la condition de la femme ? La proie pour l'ombre ?

Violences policières

La dernière manifestation "contre les violences policières" s'est terminée dans la violence.

Pour une manifestation "contre les manifestations violentes" ?

L'homme dépassé dans cinq ans ?

Le Financial Times titre : "Huge computing power ‘can deliver human-level AI in 5 years’ / OpenAI bets that size matters in race to artificial general intelligence"

On prend les paris ?

dimanche 4 août 2019

La philosophie : amour de la sagesse ou opium de la raison ?

Pourquoi la philosophie ? L'ouvrage de Lucien Jerphagnon (billet précédent) me donne les idées suivantes :
  • La particularité du Grec, puis de l'Occident, c'est la place donnée à la raison, par rapport aux autres fonctions du cerveau (intuition / émotion), et, corrélativement, l'individualisme, la croyance en un homme parfait et autonome. La philosophie cherche à trouver une cohérence entre cette croyance et la "réalité". 
  • La question des présocratiques est "l'un et le multiple". On cherche à expliquer la raison d'être de l'individu ("multiple"). (Alors que tout semble "un".)
  • La pensée grecque "post socratique" qui aura influencé toute l'histoire s'est formée en quelques décennies. Elle coïncide avec la guerre du Péloponnèse, qui sonne le glas de l'indépendance grecque. Philosophie comme pensée magique ? Elle est aussi marquée par l'émergence de la cité ("polis", qui donne "politique"), l'équivalent de la nation pour un Grec. 
  • Platon est le penseur du politique (de la direction optimale du groupe humain). Aristote est le saint patron des ingénieurs : la raison qui interagit avec le monde, parvient à le comprendre et le transforme. Tout deux cherchent à expliquer l'univers, et à le changer. 
  • Puis, la Grèce n'étant plus rien, ses habitants doivent subir leur sort. La philosophie leur explique comment faire : stoïques, épicuriens, cyniques, sceptiques. 
  • Arrive le Romain, sorte d'Américain. Le parvenu qui achète de bonnes manières. C'est l'ère des maîtres à penser plus ou moins sérieux. 
  • L'Empire romain se délite. Il n'a plus aucun pouvoir sur les événements. L'espoir ne peut venir que du mysticisme, anti-raison ? Ce mysticisme est en partie celui des classes pauvres, car elles ont perdu l'espoir avant tout le monde. Mais il est aussi grec, avec le néoplatonisme. Un mysticisme d'intellectuel. 
  • Tant que le Moyen-âge naviguera à vue, le mysticisme lui sera secourable. A partir du moment où il commence à reprendre le contrôle des évènements, la pensée d'Aristote lui parle à nouveau. Saint Augustin dit "aime et fais ce que tu veux". Ce qui signifie "commence par croire, et tout deviendra clair". C'est le contraire qui s'est passé. L'homme a eu besoin de comprendre, et plus il a cherché à connaître, moins il y a eu de place pour le mystère. 
L'histoire est-elle faite par des penseurs ? Le dirigeant doit-il être un philosophe ? La particularité de la vie, c'est le changement, ou encore "l'innovation". Les machines, les remparts et les règles seront toujours défaits par la vie. L'histoire est faite par des hommes d'action, imprévisibles, dont la pensée n'est pas embarrassée par des préjugés. En revanche, la pensée est utile si elle permet d'emmagasiner l'expérience, ou si elle est un outil de coordination du groupe. Mais, ce n'est que mon opinion.

Histoire de la pensée de Lucien Jerphagnon

 La philosophie de l'antiquité et du Moyen-âge. Un livre exceptionnel. Non seulement plein d'humour, mais surtout Lucien Jerphagnon a une connaissance de son sujet qui est confondante.

Il me semble qu'il y a une forme de continuité dans la pensée. On y retrouve toujours les mêmes thèmes. Seulement, on s'intéresse à une question plutôt qu'à une autre, et, de temps à autre, il y a des sortes de retournement d'interprétation.
J'en retiens que tout commence avec les présocratiques, des penseurs pratiques. Ils me semblent préoccupés d'expliquer le monde et le changement. En particulier la question de l'un et du multiple : comment se fait-il qu'il semble qu'il y ait un principe unique, alors que le monde est multiple, dans le temps et l'espace ? Héraclite voit le principe de l'évolution du monde comme celui de l'harmonie qui nait du conflit entre opposés, Pytagore conçoit la nature comme faite de fractions du tout. Ce que nous voyons étant la réalisation de principes abstraits.
Avec Socrate et les philosophes qui lui succèdent, c'est l'émergence de la pensée moderne. Il y en a pour tous les goûts. Platon et Aristote, les cyniques, les stoïciens, les épicuriens et les sceptiques.
Platon et Aristote s'intéressent, comme leurs prédécesseurs, au tout. Platon pense que l'on peut trouver la vérité dans sa raison. Aristote croit à sa déduction de l'observation. Les autres écoles s'intéressent à l'individu, et à son épanouissement. Les cyniques appellent à retrouver la nature derrière la culture trompeuse, les stoïciens cherchent le bonheur dans le devoir, les épicuriens dans l'absence de souffrance, et les sceptiques se méfient des pièges de la raison.
Ensuite, le Romain, parvenu cherchant un vernis culturel, transforme le Grec en précepteur. On fait l'exégèse des textes, éventuellement on les déforme, mais on ne crée pas. Alors que la philosophie dominante est le stoïcisme, à la fin de l'empire romain se fait jour une aspiration mystique. C'est le temps du néoplatonisme et du christianisme. Le néoplatonisme est un mélange de toutes les philosophies grecques, ascendant platonisme. Saint Augustin crée le christianisme moderne. Il a longtemps cherché la philosophie qui lui convenait. Il va la constituer en fusionnant une version un peu médiocre du néoplatonisme et les fondements chrétiens, à proprement parler, qui, venus du peuple, portent, outre les influences initiales, ses superstitions. Si bien que la pensée grecque ne disparaîtra jamais.
Le Moyen-âge est l'histoire, me semble-t-il, de la subversion progressive de la pensée chrétienne par l'Aristotélisme. Du mysticisme par le pragmatisme. Aristote était mal connu jusqu'aux alentours de l'an mil, où on le retrouve grâce aux philosophes arabes et juifs. Oxford et la Sorbonne l'exploitent de façons différentes. Les uns en tirent des applications pratiques, et préparent l'avènement de Newton et de la science moderne, les autres l'utilisent pour des débats métaphysiques abscons.

Voilà ma lecture. A vous d'en avoir une autre.

samedi 3 août 2019

Qu'est-ce que le Stoïcisme ?

Apparemment, en termes de pensée, on n'invente rien. Le stoïcisme, même s'il apparaît chez les Grecs, semble remonter aux Chaldéens. Les Romains l'adoptent. La religion chrétienne aussi : elle est platonicienne et stoïcienne, d'après Lucien Jerphagnon. J'entendais, par ailleurs, Jean Malaurie parler de croyances esquimaudes qui semblent très stoïciennes, en ce qui concerne la bonté de la nature.

Si j'ai bien compris ce que dit Lucien Jerphagnon, le stoïcien pense que le monde est un organisme, "sans place pour la moindre indétermination", qui a une âme. Le Stoïcien cherche à vivre en conformité avec la nature. Pour cela il doit se débarrasser des tentations trompeuses que crée la société, de la passion en particulier. Il faut en revenir à la nature, et à sa nature. Le grand homme est celui qui y parvient. C'est la vertu, qui donne le bonheur. Puisqu'il est en communion avec la nature, qui n'est que bien, il doit éclairer l'humanité. Il est fait pour être roi. Le Stoïcisme est un système de gouvernement.

Le Stoïcisme croit aussi à "l'éternel retour". Le monde est un être vivant. Donc en permanente évolution et périssable. Mais qui renaît et revit l'existence qu'il avait vécue, infiniment.

Si j'en crois Lucien Jerphagnon, Marc Aurèle (billet précédent) fut le meilleur élève du Stoïcisme, mais un roi incompétent... allez comprendre.

Marc Aurèle, pensées pour soi

L'intérêt du philosophe antique est qu'il écrit simplement. Ce qui prête à la tentation de le prendre de haut. Car ce qu'il dit paraît d'une grande banalité. D'ailleurs, si j'en crois l'introduction, on ne sait pas s'il l'a dit, ou, du moins, s'il l'a dit comme cela. Le texte dont on dispose aurait émergé, en effet, d'une absence de treize siècles, sans que personne, entre-temps, n'y fasse référence. Et il n'est pas signé.

Livre de philosophie ? Plutôt livre d'exercices, du type "ne m'induis pas en tentation". Travail sur soi pour ne pas céder aux illusions, de la gloire (demain, on t'aura oublié), des plaisirs (le vin n'est que du raisin), mais aussi de la souffrance (endurons-là, de toute manière nous ne pouvons rien y changer). L'homme doit suivre le cours de la nature, qui est naturellement bon, et son "démon" interne, sa nature propre. Il doit servir la société, et savoir reconnaître le bien partout où il se cache.

Cela paraît bien triste, voire médiocre. J'ai eu la tentation de penser que Marc Aurèle était un Citizen Kane, un innocent tiré de ses chères études pour diriger un empire, qui est effrayé par ses responsabilités, et qui cherche le réconfort, voire l'oubli, dans la philosophie. Mais ce qui fait la force du texte est peut-être ce qui n'y est pas, à savoir la stoïcisme, qui est son principal fil directeur. Il est possible que celui-ci dise, un peu comme nous, qu'il y a des "lois" de la nature ; qu'on les trouve si on les observe ; mais que l'on en est détourné par la facilité à laquelle on cède un peu trop vite. Cette pensée n'est pas déterministe. Ce n'est pas un guide. On ne sait pas ce qu'est le résultat d'une vie bonne. Il y a satisfaction, mais, en quelque sorte, elle nous surprend et elle est d'une nature inconcevable.

vendredi 2 août 2019

L'intelligence ne peut pas comprendre la vie

Bergson : "L’intelligence est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie." (Emprunté à France Culture.)

L'intelligence crée des "modèles", des règles, et, parce que nous croyons savoir ce qu'est la vie, le moment en cours, la personne en face de nous... nous passons à côté, car la vie est création permanente.

J'ai repéré cette phrase, parce que je venais d'en arriver à cette conclusion. Quand je regarde tout ce à côté de quoi je suis passé, il me semble que la raison en est là. L'événement était unique. Il aurait fallu être capable, non seulement de prendre conscience des idées reçues qui surgissaient à l'instant, mais aussi de les contredire, et d'avoir la présence d'esprit de concevoir une possibilité nouvelle. (Compliqué et jamais certain...)

C'est probablement ce que Bergson pensait trouver chez le mystique.

Condition humaine

Dans Scenes of clerical life, on entraperçoit le petit peuple des campagnes anglaises, au début du 19ème siècle. Ce sont des tisserands et des mineurs. On les voit peu, mais ils semblent à peine humains. L'accident pour le père, et c'est la misère abjecte pour sa famille. En outre, l'extraction du charbon commence à faire de la verte campagne anglaise un spectacle sinistre.

Bien sûr, le petit peuple ne voyait pas les choses comme cela. Il avait certainement sa fierté. Et c'est probablement en jouant sur elle qu'on le maintenait en esclavage. D'ailleurs, comme il est dit dans Martin Eden, il n'est pas sûr que les pauvres n'aient pas vécu une vie plus intense et humaine que celle des riches. Mais il n'en demeure pas moins qu'il est étrange que l'homme puisse avoir un tel mépris pour l'homme.

jeudi 1 août 2019

Le retour à la raison des démocrates ?

Les démocrates américains me semblent fous. Au lieu de chercher à gagner le pouvoir, selon les règles de la démocratie, ils se font les combattants d'idées délirantes. C'est sur cela que me semble jouer M.Trump : il remue un chiffon rouge, le Bobo entre en transe, ce qui aliène l'électorat.

Mais peut-être qu'il y a un changement. J'entendais que Joe Biden exprimait des idées un peu plus conventionnelles, et que les sondages semblaient lui être favorables. Ce qui signifierait que l'électeur cherche plus à combattre M.Trump qu'à défier les valeurs qu'il paraît défendre.

Le Chinois pour les nuls ?

Dans un précédent billet, je dis que le Chinois semble se comporter "comme un plouc". Une théorie de Kurt Lewin peut expliquer ce comportement.

Pour lui quelqu'un qui est extérieur à une société, par exemple l'enfant, ne voit d'elle qu'une caricature des règles qui l'organisent. Pour reprendre les exemples de mon dernier billet : un Allemand, arrivant en France, pensera que l'anarchie y règne ; le Français, en Allemagne, croira que les Allemands sont des robots préprogrammés. D'où, de la part de l'extérieur, des comportements excessifs.

Que les Chinois croient que l'économie de marché n'est que rapport de forces et contournement de lois est-ce surprenant ? Seulement, ce ne sont pas les seules règles que nous appliquons. Sans quoi, il n'y aurait plus d'économie de marché.

Comment apprend-on les règles d'une société ? Comme le font les enfants : sous la pression sociale. Si la Chine se comporte comme elle se comporte, c'est qu'elle a été encouragée à le faire.