mardi 27 mai 2008

Louis XVI en leader du changement

TOCQUEVILLE (de), Alexis, L’Ancien Régime et la Révolution, Flammarion, 1985. Ce qui m’a frappé lorsque j’ai lu ce livre est que la France actuelle était déjà telle que avant la révolution :
  • Pouvoir extrêmement centralisé, qui s’appuie sur de « grands commis de l’État » qui ont mis sous tutelle la nation. L’État impécunieux règne et divise, il vend et reprend les charges, multiplie les intérêts catégoriels détruisant ainsi tout frein à la montée du despotisme.
  • Etrange proximité entre les principes fondateurs de la Russie soviétique et les idées des « économistes » des lumières (qui ont aussi inventé le laisser faire).
  • Exemple de « conduite du changement » que ne désavouerait pas l’entreprise moderne : les révolutionnaires appliquent à la nation un modèle abstrait, dont la mise en œuvre aura des conséquences inattendues. Un seul point pratique : ils ont compris l’intérêt du pouvoir central construit par les rois : il est capable de façonner une masse d’hommes totalement égaux. Pour atteindre leurs objectifs, il suffit de convertir l’administration royale en en remplaçant la tête.
  • Exemple d'erreur de conduite du changement : Louis XVI avait commencé à réformer son pays, mais en rompant le statu quo, il montre ses malheurs au peuple, jusque-là indifférent. Plus il réforme, plus le sentiment d’injustice grandit. La révolte est inévitable.
Deux observations:
  1. Enseignement pour tous les Gorbatchev du monde : toute organisation est un équilibre, si l’on relâche quelque part la pression, c'est par là qu'elle va exploser. Enseignement qui est aussi vrai pour l'entreprise. Un exemple pour s'en convaincre. Soit une entreprise mal gérée. Ses membres ont adapté leur comportement à cet état de faits : il s’est dégradé en fonction des règles du jeu ambiantes. Mais ils n'en sont pas conscients, l'incompétence de leur management est la seule chose qu'ils voient. Imaginons qu'un dirigeant veuille réformer la société, ses employés vont maintenir leur ancien comportement, continuant à critiquer et à exploiter les failles du système.
  2. Que faut-il faire ? Mettre l’organisation en face d’un miroir pour lui montrer qu’elle n’est pas irréprochable, puis l’aider à trouver le chemin de la réforme. Et, surtout, contrôler le changement.

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