lundi 12 janvier 2009

Mal de la presse

Je ne m’y attendais pas. La radio m’annonce que le conflit Israël / Hamas divise la France. J’écoute la nouvelle : d’après un sondage, environ 1/3 des Français donne la responsabilité du conflit aux deux, environ un tiers ne sait pas, et sur ce qui reste le Hamas a moins de supporters qu’Israël. À lire la presse et à écouter la radio j’étais persuadé que l’opinion publique accusait Israël d’agression ! (Qu’est-ce qui fait bouger les opinions ?)

Et si les médias transmettaient ce qu’ils croient juste ? Je me souviens d’une critique du Masque et la Plume, dévastée par le succès d’une pièce dans laquelle jouait Alain Delon. « Mais à quoi servons nous ? » s’est-elle demandé. Les journalistes lui ressemblent-ils : pensent-ils qu’ils doivent nous éduquer ?

Mais où vont-ils chercher leurs idées ? Non dans la « raison », c'est-à-dire l’enquête qui permet de se faire une opinion, mais dans ce qui leur semble évident, c'est-à-dire les valeurs de la culture de leur milieu, leur « idéologie ».

Et s’il ne fallait pas aller chercher plus loin le déclin de la Presse ?

  • Elle passe à côté d’une grosse partie de la population, dont elle n’a pas les opinions.
  • Et elle n’apporte rien au reste.
  • Ajoutons à cela qu’Internet lui a enlève le revenu de la publicité, mais sans en faire payer le coût exact, parce qu’il a en partie parasité la presse traditionnelle, en obtenant gratuitement son contenu.

Il y a là une validation de ce que Theodore Levitt a appelé Marketing Myopia : la Presse a oublié son métier : l’information. Elle a redéfini le concept en le remplaçant par « nos idées », et elle ne voit du monde que le média : si ses affaires vont mal, c’est parce qu’elle a raté la révolution Internet.

Et non. Si elle avait compris le besoin de son marché, de la démocratie, si elle avait envie de produire une information réellement utile, tout le reste ne serait que du détail : Internet ne serait pas une menace, un casse-tête, un objet de « conduite du changement », mais une chance unique de mieux accomplir sa mission, d’un emploi évident.

Compléments :

2 commentaires:

Herve a dit…

Le resultat du sondage que tu indiques m'intrigue. Ceci etant, je suis d'accord avec toi, les medias nationaux passent plus leur temps a exprimer leur avis et attiser les haines, qu'a expliquer les enjeux, les obstacles ou les debouchés possibles. Je prepare un billet la-dessus, d'ailleurs.

Anonyme a dit…

Cette analyse me rappelle deux anecdotes concernant les critiques culturels :
- l'un d'entre eux avait dit un jour : ce film est nul, il n'y a que le public qui aime...
- Un autre qui devait assister au concert du grand pianiste russe Nikita Magalov et qui n'avait pas pu s'y rendre avait écrit dans son article : Non seulement le concert était mauvais mais la robe de la pianiste était affreuse.
C'était dans le registre La critique de la critique.
Pierre Zimmer