vendredi 5 novembre 2010

Droit romain

VILLEY, Michel, Le droit romain, Que sais-je, 2005. Ce que nous appelons droit romain remonte à 150 avant JC. En quelques décennies les Romains sont à la tête d’un empire. Il leur faut un nouveau régime politique. Pragmatiques et utilitaristes, ils abandonnent leur droit archaïque et adoptent la pensée (philosophie) grecque. Ils lui donnent l’application pratique qui l’intéressait peu.

L’objet de la justice pour le Grec est d’établir une « égalité proportionnelle aux qualités et à l’importance de chacun ». « Comment bien répartir les choses entre les hommes (…) c’est là le problème du droit ».

Le droit est un « art », « né de l’expérience » et « soumis au contrôle de l’expérience ». C’est une « recherche », une « vie ». Une observation patiente et minutieuse, « une poursuite incessante du juste ». Son principe est que « naturellement se forment de justes rapports sociaux », il faut les « observer pour y découvrir les bonnes solutions juridiques. » (« Loi naturelle » selon la définition d’Aristote.)

En pratique, le droit est une « pyramide » de concepts structurés. L’objet du droit – la justice au sens grec - étant à son fait. En outre, comme le droit archaïque, il est tempéré par la morale. (Le droit étant « certitude » et « précision », la morale « nuance » et « complexité ».)

Notre droit est nourri de droit romain. En particulier, il fait de la propriété la « base de la liberté individuelle ». D’ailleurs dès la période archaïque le chef de famille y jouit d’une liberté au sens occidental du terme : « posséder une sphère d’activité indépendante ».

Mais, si nous nous sommes inspirés de ses concepts, nous avons trahi son esprit. Alors qu’il était un droit pragmatique du rapport social, le nôtre est un droit dogmatique de l’individu. La transformation s’est faite du XVIème au XIXème siècle. Elle a cherché à construire un « système » (au sens de Descartes), une « science », basée sur un édifice idéologique artificiel, en particulier la loi naturelle telle que réinterprétée par les Lumières. D’où des « formules absolutistes », pour le moins maladroites.

Commentaires :

Curieux livre. Une fois de plus on y voit les méfaits de la science qui a été utilisée pour justifier une idéologie. Avant le management scientifique de Taylor et le socialisme scientifique de Marx, c’était notre droit qui avait subi ce traitement ? Bizarrerie supplémentaire : le droit grec et romain était, au fond, beaucoup plus scientifique que notre droit moderne. 

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