Nouvelles de la semaine :
Le changement dans la vie. Pour me changer les idées, je regarde la télé. Raté. Elle
ne fait que parler de mon métier. Les hôpitaux français pour
commencer. On a voulu les fusionner
pour raison de synergies. Mais ils coûtent maintenant plus chers ensemble que
séparés ! Une interviewée parle, d’ailleurs, de services identiques qui
fonctionnent côte à côte. On retrouve mot pour mot ce qui se passe dans les
entreprises. Plus intéressant, peut-être : pourquoi avons-nous autant d’hôpitaux ? Pour créer de
l’emploi ! L’hôpital étant un très gros employeur, chaque élu a voulu le
sien ! Charybde est Scylla : d’un côté l’initiative individuelle
multiplie les hôpitaux, de l’autre le zèle centralisateur en augmente le
coût !
D’ailleurs, dans le même ordre d’idées, que dire de la fusion Allemagne de l’Est, Allemagne de l’Ouest ? Avant, chacune ramassait des
quantités de médailles olympiques, maintenant, elles ne font pas mieux,
ensemble, que la France.
Une émission étudie les accidents
d’avion. Un moteur s’arrête. Erreur de procédure dans le redémarrage. Le commandant
reste en pilote automatique. Mais celui-ci n’a pas les moyens de redresser
l’appareil. L’avion se met à pivoter. Le commandant passe trop tard en commandes manuelles, le 747 part en looping, il s’ensuit une série d’erreurs humaines probablement
liées au fait que les occupants de l’appareil sont projetés contre ses parois.
Finalement, l’équilibre se rétablit, et l’équipage parvient à poser l'avion,
pourtant en piteux état. Nouvel exemple d’incident systémique : fatigue du commandant et diagnostic fautif
de l’équipage conduisent à une série d’erreurs qui les renforcent dans leurs
certitudes. Je retiens surtout qu’il fut heureux que le 747 ait été
surdimensionné. Et je suis inquiet a
posteriori de l’effort incessant de réduction de coûts que font les
industriels…
Aux USA, Mitt
Romney a choisi Paul Ryan comme
colistier. Paul Ryan propose une solution courageuse à la crise :
poursuivre là où George Bush s’est arrêté. Il s’agit de réduire massivement les
programmes de solidarité sociale afin de diminuer les impôts des plus riches.
Ce programme se chiffre en milliers de milliards de $. Tactique
judicieuse ? Probablement. Ses idées plaisent au Tea Party et surtout aux
extrêmement riches. Par conséquent, M.Romney va pouvoir compter sur d’énormes
donations, et faire une grosse campagne de publicité, à laquelle l’électorat
semble extrêmement sensible.
Le changement et la théorie. Michel Onfray parle de changement. Apparemment Descartes aurait dit que l’on
doit choisir entre changer le monde et
se changer. Michel Onfray pense que l’on peut changer le monde en se
changeant. Il suffit pour cela que chacun fasse ce qu’il juge bon, et n’attende
pas le miracle d’un grand soir. Impératif catégorique de Kant ? Je ne sais
pas ce que voulait dire Descartes, mais j’ai tendance à interpréter sa phrase
ainsi : lorsque l’on ne peut pas obtenir ce que l’on désire (changer le
monde), on doit modifier ses désirs (se changer). C’est une interprétation
bouddhiste, en quelque sorte. Ce qui n’enlève rien à l’intérêt de la proposition
de M.Onfray. Est-elle efficace ? Ma déformation professionnelle me fait
croire que le monde a besoin de coordination globale pour mener ses
changements. Et que l’enfer peut être pavé de bonnes intentions. (Les
Anglo-saxons, Adam Smith en tête, estiment même que c’est du mal que naît le
bien.)
Une autre interprétation du changement me vient de mon
médecin. Il m’annonce triomphalement que j’ai du cholestérol : fini les
charcuteries. Raté, je suis quasiment végétarien ! Erreur commune : le changement comme punition. Vous
devez changer parce que vous avez commis une faute. Ce qui explique pourquoi
nos changements foirent aussi souvent. D’une part, ils sont formulés comme une
punition. D’autre part, ceux qui la subissent refusent de se repentir. Bien
conscients qu’ils sont des victimes, ils se révoltent avec raison. Non, le
changement appartient au processus naturel de la vie, il n’est pas causé par
une faute !
Ce qui m’amène aux vacances. Leur utilité ne serait-elle pas de nous débarrasser de toute
la stressante culpabilité que l’on nous met sur le dos ? Enfin un moment pour
s’occuper de soi sans arrière pensée. D’ailleurs, cette culpabilisation est
étrange : ne sommes-nous pas les enfants de 68 pour certains, et des
ultralibéraux pour d’autres ?
Les limites à la croissance. Un ami me transmet un article de Bjorn
Lomborg, Environmental alarmism, then
and now, Foreign affairs, juillet août 2012. C’est une critique des Limites à la croissance, dont je parle
beaucoup ces derniers temps. Curieusement, la critique porte sur la version de
1972 de l’étude et reprend les arguments soulevés à l’époque. Or, la version
que j’ai lue répond à ces critiques !
Bjorn Lomborg est un drôle de personnage.
Il y a une décennie, il combattait le réchauffement climatique, avec l’appui de
The Economist. On lui a reproché de baser son raisonnement sur des travaux qui
le contredisaient. Mais il a été puissamment défendu. J’en suis arrivé à me
demander s’il n’était pas avant tout un provocateur, qui se réjouit de forcer
les milieux conservateurs à devoir appuyer un apprenti sorcier, homosexuel de surcroît.
En tout cas, il
soulève un point intéressant : l’impact qu’aurait eu le livre sur les
milieux écologistes. Or, il ne parle pas d’écologie. Il ne s’intéresse qu’à
l’évolution de grandeurs composites (pollution…). Par conséquent, il me semble
plutôt que les activistes de l’écologie y ont lu une défense de tous leurs
combats, aussi infimes soient-ils. Et c’est peut-être cela qui a transformé la
question qu’il posait en une guerre de religions, et nous a empêchés d’y trouver
une solution.
La télévision parle de la jungle amazonienne. Ce fut l’enfer
vert, que la civilisation devait dompter, c’est maintenant, le poumon du monde. On y voit les mystères du fonctionnement des
écosystèmes : certaines espèces ne peuvent se reproduire sans
l’intermédiation, complexe, d’autres espèces. Par exemple, les noix du Brésil
sont enterrées par une espèce de rongeur, seule capable d’ouvrir l’enveloppe
qui les contient, et les graines de caféiers ont besoins de l’appareil digestif
de chauves-souris. (Ma mémoire est approximative, mais c’est l’esprit qui
compte !)
Enfin cette même télévision rend visite à l’Imam de la
grande mosquée d’Istanbul. Je me suis rappelé, en regardant le reportage, des bienfaits de la méditation et me suis dit qu’il devait
être bon pour la santé de se vider la tête de ses tracas 5 fois par jour. Les
Lumières ont reproché aux religions leur intolérance destructrice. Mais, au
lieu de les liquider en bloc, peut-être aurait-on dû chercher à en comprendre les
bénéfices ?
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