dimanche 27 janvier 2019

L'intellectuel est-il un sadique ?

Une biographe de Sade (Les chemins de la philosophie, France Culture) présentait la première affaire qui a valu à Sade de la prison, différemment de ce que l'on trouve dans wikipedia. En substance, une mendiante s'évade d'une maison de plaisir de Sade, et l'accuse de l'avoir maltraitée. La famille de Sade intervient auprès de la justice (et rémunère la mendiante), pour étouffer l'affaire.

La biographe expliquait, qu'en ces temps, il était d'usage que les femmes pauvres se prostituent, et que flageller une prostituée ressortissait aux pratiques érotiques du meilleur monde. En disant que Sade avait dépassé ces bornes, la femme avait calomnié le marquis, qui, d'ailleurs, avait profité d'un non lieu de la justice. Elle poursuivait en montrant à quel point le marquis avait été un homme charmant, aimé des femmes.

Et les droits de la femme ? Et les droits de l'homme ? Cette intellectuelle, dans d'autres circonstances, ne s'en serait-elle pas émue ?

Ce qui est frappant chez l'intellectuel, c'est son alignement sur les valeurs de l'Ancien régime. S'identifie-t-il au noble, parce qu'il était libre ? Il était au dessus des lois, il ne suivait que son bon plaisir ? L'intellectuel, même académicien, même ministre, s'estime un "marginal". L'ennemi de l'intellectuel, c'est le peuple, et les lois ? Ce en quoi il diffère du noble. Comme on le lit chez Boni de Castellane, Tocqueville ou d'autres, le noble considérait qu'il appartenait à un écosystème dans lequel tout le monde avait sa place, ce qui signifiait des devoirs.