Le principe de ce blog est le paradoxe, en voici un : pourquoi la gauche qui, en 68, dénonçait l'autorité, est, aujourd'hui qu'elle est au pouvoir, un utilisateur sans complexe de principes d'autorité ? (D'ailleurs, le fait qu'elle exerce "le pouvoir" ne contredit-il pas toutes ses thèses ?)
Et si c'était inhérent au pouvoir ? Hannah Arendt disait que le sénateur romain représentait l'autorité parce qu'il matérialisait les principes qui étaient à l'origine du succès de Rome. Elle pensait qu'il n'y avait rien de tel aujourd'hui. Je crois qu'elle s'est trompée. Après guerre, par exemple, il y'a eu l'autorité du technocrate, du scientifique, en bref de l'homme de raison. Parce que la raison était le fondement de notre société, et qu'elle était la cause de son succès.
Autour des années 60, il est possible qu'un autre modèle ait émergé. Il est lié à la massification de l'éducation supérieure. Avec elle triomphe une société d'intellectuels dont le métier est de brasser des idées. Le mot d'ordre : la culture. Ce que 68 a appelé "gauchistes" a été l'agent du changement. Il s'est opposé à une autorité, et non pas à L'autorité, au nom d'une autre autorité.
Aujourd'hui, le modèle 68 d'une société d'intellectuels est en faillite. Car elle n'a pas de pouvoir sur les événements. Or, le succès est la condition nécessaire de l'autorité... Il est probable que de nouvelles formes "d'autorité" doivent être en cours de formation.
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