mardi 29 mars 2011

Économie française : entre haute administration et Europe

J'ai écouté une présentation portant sur l’avenir de l’industrie. Ce que j’en retiens est que notre économie est prise entre le Charybde de notre administration et le Scylla de celle de l’Europe.
  • L’histoire récente de la France est celle d’un cercle vertueux devenu vicieux. La haute administration régit tout en France. C’était bien après guerre, mais dès la crise de 74, elle a voulu règlementer l’économie, accordant les augmentations de prix en fonction de celles des coûts des composants, demandant d’absorber les croissances de charges sociales et de frais généraux par des gains de productivité, et réglementant le crédit (les lignes de crédit étaient accordées par la banque de France aux entreprises !). Ce faisant elle a étranglé l’entreprise. Puis c'est la globalisation. Contrairement aux autres pays européens, qui ont voulu s’adapter aux nouvelles règles de concurrence (les charges sociales sont devenues des impôts ou une TVA), la France a cru pouvoir continuer comme avant. Tout a changé sauf l’État, ou plutôt la haute administration qui ne voit pas pourquoi elle se transformerait puisqu'elle est heureuse : elle continue à diriger la politique, les ministères, les grandes entreprises et même la chambre des députés ! Cette « oligarchie » a, de surcroit, commis quelques erreurs. Notamment, elle a cru que l’industrie était morte, et que le service la remplacerait. Quel service ? Aucune idée. Mais n’était-ce pas ce que disaient les Anglo-saxons ? Elle n’a pas non plus vu que l’entrée dans l’euro demanderait de trouver un substitut aux mécanismes de dévaluation compétitive qu’elle avait utilisés jusque-là. Aujourd’hui, l’ajustement se fait par le chômage.
  • À cela est venu s’ajouter l’Europe qui, elle aussi, est figée dans ses certitudes depuis 20 ans. Elle se veut un modèle en tout : bien pensance d’un côté et ouverture à la concurrence de l’autre. Elle s’impose donc des coûts et des contraintes (démesurés) que n’ont pas ses concurrents.
Dans ces conditions, on peut se demander comment l’industrie, et l’entreprise, française peut survivre. Elle a colossalement perdu en compétitivité par rapport à celle des autres pays européens, et sa capacité d’investissement a fondu. Elle souffre d’une mauvaise image, faute d’avoir profité comme l’industrie allemande de campagnes de promotion. Mais, fait des produits de qualité, est présente dans 75 des 100 « technologies clés », et surtout a un savoir-faire essentiel pour répondre aux besoins émergents du monde. Bref, cultivons notre jardin. En espérant que notre élite dirigeante n’aura pas l’idée de le sulfater. 

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