mardi 14 décembre 2010

Harceleur et harcelé

Brève conversation avec une psychologue. Ce que je retiens :
  • Le harceleur ne harcèle pas n’importe qui mais certaines personnes ayant un profil psychologique particulier (par exemple ayant besoin d’être aimées). Il pourrait aussi avoir des caractéristiques qui attireraient le harcelé. Par contre, il est inoffensif pour le reste de la société.
  • On ne peut pas transformer le harceleur (par exemple par coaching). Mais on peut lui rappeler la loi et les risques que son comportement peut lui faire courir. (Il serait sensible à ce type d’argument.)
  • Il faut surtout déplacer le harcelé. Un coaching peut l’aider à prendre conscience de la situation et l’amener à réfléchir à son histoire et à ce qui fait qu’elle le prédispose au harcèlement.
  • Les médecins généralistes seraient sensibilisés à la question et sauraient y apporter des solutions. 

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Intéressant cette théorie qui tend à culpabiliser le harcelé... Je dirais qu'elle se vérifie peut-être dans 1 cas sur 10 ? Et encore.

Rappelle un peu cette horreur qui tend parfois à accuser la victime de viol d'avoir "provoqué"/appâté son agresseur.

Le harceleur s'en prend plutôt à sa victime parce qu'il a peur qu'elle lui fasse de l'ombre/prenne sa place par exemple, ou bien tout simplement du seul fait de son propre déséquilibre mental, je crois.

Christophe Faurie a dit…

Si j'ai bien compris cette théorie, le harcelé n'est pas coupable. Il a seulement des caractéristiques qui le rendent fragile.
Par conséquent, il doit s'éloigner des conditions qui lui sont nuisibles et chercher un environnement dans lequel il s'épanouira. Mais pour avoir envie d'effectuer ce mouvement, il doit comprendre pourquoi il doit le faire (d'où la nécessité d'un accompagnement), l'explication n'étant pas évidente.
Cela ressemblerait, par exemple, à la question de l'allergie: certaines personnes réagissent à certaines substances, d'autres pas. Les premières doivent comprendre qu'elles doivent adapter leur mode de vie pour ne plus souffrir. Ce qui peut leur paraître injuste, initialement : apparemment ce mode de vie leur convenait parfaitement, pourquoi elles?

Anonyme a dit…

Vous avez raison mais tout de même on a l'impression que ces théories culpabilisent/responsabilisent (on parle de sémantique ici) le harcelé. On peut bien sûr tout à fait y croire, mais pour ma part j'avoue que c'est moyennement le cas (d'après les observations faites lors de ma propre expérience sur le terrain de l'entreprise).

Ou si vous préférez, cette théorie déresponsabilise en quelque sorte le harceleur. Or il y a bien, par définition, toujours acte volontaire de sa part. Dès lors, le profil psychologique de la victime n'excuse pas à mon sens ses actes.

D'où finalement ma conclusion : pour trouver les conditions évitant l'allergie, le harcelé doit trouver les ressources pour faire le ménage = remettre à leur place les allergènes (ce dont il n'est souvent hélas pas capable). Car rien n'est immuable, et il est (heureusement) toujours possible de rendre le monde meilleur...

Christophe Faurie a dit…

Effectivement, c'est la solution idéale.
Mais je ne suis pas certain qu'elle soit toujours possible.
D'une part l'individu met énormément de temps pour changer. Quelqu'un qui intervenait avec moi dans une conférence, il y a quelques semaines, parlait de temps de cycles de 2 à 4 ans...
D'autre part le psychologue de ce billet m'expliquait qu'être harceleur est une forme de pathologie dont il est extrêmement difficile de se tirer. Il me disait notamment que le coaching est sans effet.