Il y a quelques temps un dirigeant m'a envoyé un article traitant du Lean et de ses dégâts humains. Au hasard des rencontres, une histoire apparaît.
Premier résultat. Le Lean s’appellerait désormais « performance ». Toute une industrie du conseil s'est constituée autour de ce sujet. Elle a quelque chose d'une secte, avec ses rites et ses mythes. On y passe des heures à discuter de la bonne place du post it sur tel tableau capital. Par ailleurs, de plus en plus le conseil interne aux entreprises ou institutions de l'Etat veut prendre la place des consultants, pour des raisons d'économie. Ce monde est entre le marteau et l’enclume : des managers qui ne veulent pas changer, et des exécutants qu’il faut faire gagner en productivité, alors que leurs conditions de travail se dégradent.
Cela ferait (évidemment ?) des dégâts humains. Plus curieusement, on assisterait à des ententes entre consultants et unités opérationnelles. Il n'est plus alors question de gain de productivité. Le « baron », patron d’une usine ou d’une division, a bloqué le changement venu d’en haut en contrôlant son vecteur : le consultant ? (Dans un exemple dont on m'a parlé, les gains dégagés correspondent exactement aux honoraires du consultant !)
A qui profite la performance ?
J'en arrive à une question. La « performance » serait-elle une conséquence de la théorie de la « shareholder value », selon laquelle le possesseur de capital crée la « valeur » de l'entreprise ? Et si son objectif était de dégrader les conditions de travail pour faire la fortune de quelques personnes ? En fait, les entreprises et l'Etat semblent convaincus qu'ils doivent gagner en performance. Et qu'il faut le faire avec les méthodes que tout le monde utilise. Du coup, on retrouve les conséquences de la « shareholder value ». Mais les gains d'efficacité sont probablement absorbés non (toujours) par les actionnaires, mais par quelques acteurs ou « intérêts spéciaux » qui savent faire payer leur capacité de nuisance. (Ce que les Anglo-saxons appellent « value drains ».)
L'esprit du jeu du moment serait-il le parasitisme ? Le faible est écrasé, et l’entreprise vidée de sa substance ? Idem de la plupart des actionnaires et des investisseurs des fonds d’investissement ? Après un tel traitement ne reste de l'animal que sa carcasse ?
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