Discussion l'autre jour. Mon interlocuteur se réjouissait que les nouvelles entreprises numériques soient fatales aux anciennes. Beaucoup de gens ne seront-ils pas de son avis ? Qui pleurera sur le sort d'un banquier, si Google lui fait la peau ?, me direz-vous. (Ce qui me rappelle un ami qui m'a dit qu'il avait voté pour Sarkozy, qu'il n'aimait pas, "pour qu'il tape sur les autres".)
Le problème que cela pose est que, pour quelques banquiers à gros bonus, il y en a beaucoup qui font honnêtement leur travail pour pas très cher. Et, surtout, que la banque a emmagasiné, au cours des siècles, un savoir tacite que les nouveaux entrants ne possèdent pas. Comme l'explique Nassim Taleb dans Antifragile, c'est la structure de l'entreprise, pas ses ordinateurs, qui la rend "antifragile" (résiliente) et lui donne la capacité de résister aux événements destructeurs extrêmement rares. Si elle disparaît nous aurons un système financier à la "Mad Max". Et il en est de même avec tous les secteurs "disruptés".
Disrupteur et disrupté sont les faces d'une même pièce. Les uns ont pris le pouvoir dans les entreprises installées et les ont vidées de leur substance. Les autres veulent leur part du gâteau et profitent de l'immobilisme de leurs opposants, dont les réels ennemis sont internes, pour attaquer leur marché. Des deux côtés, l'enjeu est l'enrichissement à court terme. Et après moi le tsunami. Parviendrons-nous à arrêter le massacre à temps ?
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