Soutenance de mémoire. (Il y a quelques années.) Nous étions deux examinateurs et nous ne comprenions pas de quoi on nous parlait. Pourtant mon collègue était professeur d'informatique, et il s'agissait d'un logiciel. L'étudiant l'avait fait mettre en place par son employeur. A notre avis le projet ne faisait aucun sens. Jusqu'à ce que l'étudiant nous dise avec une honnêteté désarmante que c'était le cas. La raison du dit projet avait été de se faire remarquer par ses dirigeants. Il avait réussi. Il avait été nommé directeur financier de filiale, et on lui avait payé un MBA.
Depuis mes débuts chez Dassault Systèmes, il y a trente ans, j'ai vu se multiplier ce type de changements. Ils ne sont pas motivés par l'intérêt de l'entreprise, mais par l'ambition personnelle. Résultat : les changements se succèdent au rythme des promotions (de l'ordre d'un tous les deux ans). Ils ratent. Et ce non parce qu'ils étaient fondamentalement mauvais, mais parce qu'on les a abandonnés en cours de route. Les vendeurs de logiciel et les consultants l'ont compris, ils ne parlent pas retour sur investissement, mais carrière. Et ils ne s'entêtent pas à promouvoir une mode de management dont le temps est passé.
Conséquence actuelle : saturation de changements ratés. Le changement bénéfique se heurte au cynisme de l'organisation. Et échoue. L'avenir des entreprises est bouché ? Notre économie est sinistrée ?
(Si une entreprise a échappé à ce phénomène, elle a probablement un très gros potentiel à exploiter. Tuyau pour boursicoteur ?)
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