Interview...
Les nouvelles générations ?
Contrairement à ce que l’on entend, les nouvelles générations
n’ont rien de très différent des anciennes. Leurs aspirations fondamentales,
c’est « l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle ».
Et cela se heurte aux pratiques de management actuelles.
« Le management est réticent à la flexibilité. »
Le problème qu’a aujourd’hui à résoudre l’entreprise n’est pas
tant une question de nouvelles générations, que de management. Il y a eu
régression.
Le management moderne ?
« Des consultants pas des managers. » Le profil du
manager moderne n’est plus celui d’un meneur d’hommes, d’un leader. C’est un
esprit analytique avant tout. « Ce sont des premiers de la
classe. Ils sont trop analytiques. Ils sont paralysés par la peur. Du
coup, ils font des analyses durant des mois. Et il ne se passe
rien. »
« Les dirigeants ne savent pas bosser. » « Ils
font concevoir la stratégie de l’entreprise par Bain ». « Une
stratégie, ça se travaille avec l’équipe, mais personne n’en a le
courage. »
Surtout, « il y a eu désengagement du management ». Les
managers modernes « servent leurs intérêts ». Les PDG montrent
l’exemple. « Ils restent en poste deux ans, deux ans et demi », et
quand ils prennent un poste « ils négocient le chèque de sortie »,
« ils pensent au job d’après ». « Ils s’entourent, de conseils,
d’avocats ». « Ils ont la hantise de se faire virer. »
Pour pallier les effets pervers de ce carriérisme, « on a
mis en place des KPIs ». « Mais ils ont été détournés », il en a
résulté « un monde parallèle ». Il y a aussi « des procédures de
contrôle de gestion de partout, qui font beaucoup de mal. » « On a
perdu la passion et le partage. » « Tout est pouvoir et avoir. »
L’entreprise moderne est-elle durable ? « Les entreprises
vivent de coups », « elles piquent du savoir-faire, elles virent les
gens. » « Mais ça marche. » « Les gens sont-ils
heureux ? » « Ce sont des prisons dorées, mais ils
restent. »
Rôle du management ?
Pour une entreprise, le facteur clé de succès est le management.
Il faut prendre exemple sur Auchan qui a été « capable de générer un
management de très haut niveau ». « Pour Auchan, le plus important
est le rôle du manager. On sait que si vous êtes un bon manager, tout ira
bien. » Le rôle du bon manager ? Permettre au bon sens de
l’organisation de s’exprimer. « Pour moi, avant tout, c’est une question
de bon sens. Tout le monde l’a. Il faut mettre les hommes dans les conditions
pour que ça sorte. »
Comment Auchan fait-il ? « Il y a une formation de
managers, un parcours semé d’embûches ; un parrain formateur, qui répond à
vos questions ; une université interne qui forme aux basiques du
management, de la conduite de réunion, de la gestion du temps. » Et
surtout « on confie des responsabilités que l’on ne vous confierait pas
ailleurs ». Et « on vous embête pour savoir comment vous faîtes pour
obtenir vos résultats, comment vous faites grandir vos collaborateurs ». « On
fête les victoires, on donne de la cohérence, du sens. Tout le monde est
important. » « On donne beaucoup de responsabilités au
shopfloor. »
« Il n’y a pas de place pour l’individualité, l’équipe
avant tout. » « Soit vous entrez dans le moule, soit vous
partez. »
Que doit faire le dirigeant pour bâtir une telle culture ?
« Le dirigeant doit définir un projet d’entreprise avec ses
collaborateurs, de la base à la tête. »
« Aujourd’hui, la vision, ça vient de Bain, mais pas des
hommes. Or, ceux qui savent résoudre les problèmes, c’est les managers de
terrain. » « L’entreprise libérée, c’est du bullshit : il faut
des managers de terrain, c’est la courroie de transmission. »
« Il faut définir
une vision avec l’ensemble des collaborateurs. Il faut dire où l’on sera dans 5
à 10 ans et comment on fait pour y arriver. » « L’équipe doit se
taper dans la main, pour se dire que l’on va tous dans la même
direction. »
« Pour réussir il faut définir des règles de
fonctionnement, des règles très simples de savoir-vivre ensemble : à
l’intérieur tu fais ce que tu veux, si tu en sors, tu es mort ».
« sens et valeurs ». Affirmer que « l’on bosse pour le
client » ; « confiance » ; « performance :
être les meilleurs, se réaliser dans son métier, performance collective et pas
individuelle » ; « équipe » ; « intérêt
général » ; « honnêteté, intégrité, transparence
franchise ».
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