Je me disais : curieuse grippe, virus d’un nouveau type, qui sait mieux faire parler de lui qu’aliter la population. D’ailleurs, il ne supporte pas le silence : à peine se fait-il sur son compte qu’on nous annonce une recrudescence de la contagion. Denis Duclos semble penser que cette grippe serait, effectivement, un révélateur de la nature profonde de notre société.
Notre société présenterait des caractéristiques structurelles favorables aux épidémies réelles et médiatiques :
- Elle est globale, elle empile les hommes, et les pauvres en particulier, dans les villes, sa doctrine du « laisser faire » la prédispose peu à la prévention, bref elle fournit les conditions idéales pour que le « creuset asiatique », zone où cohabitent hommes, volailles et porcs, diffuse au monde les nouvelles souches de grippe qui s’y combinent sans cesse. Or, la peur fait vendre, des journaux aussi bien que des médicaments.
- Elle serait parcourue d’un « désir mortifère qui travaille aujourd’hui tout sujet de cette société mondiale oppressante et dangereuse, incertaine et désorientée ». C’est cette inquiétude même qui accroîtrait les menaces en nous rendant incapables de nous défendre : « La dérive de nos sociétés vers l’obsession sécuritaire peut (être un risque des plus graves) notamment parce qu’interdisant toute politique de santé raisonnable et concertée ».
Compléments :
- Des « épidémies sociales » : GLADWELL, Malcolm, The Tipping Point: How Little Things Can Make a Big Difference, Back Bay Books, 2002.
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