mercredi 18 novembre 2009

Apprentissage de la télé

Moi qui n’aime pas le changement, je passe ma vie à apprendre de nouveaux métiers. Après le blogging qui occupe désormais une partie de mon temps, voici la réalisation d’émissions pour décideurs TV. Pourquoi ne pas faire comme pour ce blog, décortiquer ce nouvel apprentissage ?

Être en face de plusieurs caméras est stressant, d’autant plus que c’est un direct (le film est monté mais non coupé) différé. Ce qui élimine le stress, c’est de préparer (et aussi l’habitude). Il me faut une très grosse préparation pour me sentir bien.

Pour préparer il faut se donner du temps, et une technique. Pour avoir ce temps j’ai supprimé mon activité d’animation de clubs des anciens de l’INSEAD, et j’ai espacé les sessions d’enregistrement. Quant à la technique, elle s’est construite. Initialement, je me contentais d’un entretien téléphonique avec l’invité pour identifier le sujet de l'émission et le type de questions que j’allais poser. J’étais inquiet de lui faire perdre son temps. Dorénavant, je rédige avec lui un texte d’une page et demi (ce qui correspond à la durée de l’enregistrement). Curieusement, je ne pose pas tout à fait les questions que j’avais prévues, l’invité sort lui aussi du cadre, nous faisons mêmes des découvertes pendant l’entretien, mais l’échange semble fonctionner. Improviser demande une grosse préparation.

Grâce à Thomas Blard, jeune vieux routier de la télé, j’ai appris qu’il fallait que la conversation soit rapide, spontanée, imprévue, si l’on veut que celui qui la regarde ne se lasse pas. Nouvelle difficulté : ma technique d’animation de conférence visait jusque-là à m’effacer derrière mon ou mes invités. Je dois maintenant être beaucoup plus agressif. Pas naturel.

Le plus dur certainement est que je ne peux pas me supporter en images. Pour éviter mon jugement, je me suis toujours vu au travers du regard des autres. Il me semble que pour vivre en société, il faut occuper un rôle qu’elle est prête à accepter. Dans mon cas, mais c’est probablement général, ce rôle n’est pas celui que j’aurais voulu jouer. Je n’aime pas ce que les gens semblent apprécier en moi. Mais il ne faut pas être trop exigeant : trouver une place en société est compliqué, sa nature est secondaire. La difficulté est donc de faire ce que l’on désire (en ce qui me concerne : résoudre des problèmes d’organisation), avec l’image que l’on projette. Beaucoup d’acteurs doivent être dans mon cas, ils rêvaient de rôles de jeunes premiers, ils sont devenus des comiques, mais ils jouent, et c’est ce qui comptait vraiment pour eux.

Dernier problème : regarder la caméra pour s’adresser au spectateur. Totalement contrintuitif.

5 commentaires:

Bsa a dit…

Vous n'aimez pas le changement ??? Et c'est votre metier d'accompagner le changement??? Vous seriez vous trompé de métier et ce blog serait-il de l'introspection afin de trouver votre vrai metier?? Journaliste peut-etre???

Christophe Faurie a dit…

Ce n'est pas parce qu'on aime le changement que l'on devient un spécialiste du changement.
Depuis toujours je n'aime pas les changements que je vois, j'ai donc décidé de faire que s'il devait y avoir changement, il se fasse correctement, c'est à dire en respectant l'homme. Depuis j'ai découvert qu'en plus c'était (économiquement) efficace.
Curieusement, on m'a proposé des positions où j'aurais pu être tranquille et heureux (dirigeant d'entreprise, ou d'un cabinet de conseil classique, chercheur, enseignant...). Mais je ne peux pas supporter la tranquillité. Ma vie est une aventure, et si elle ne s'achève pas prématurément, ma retraite sera la fin de mon histoire, un calme plat fait de livres que je n'arrive pas à lire.

Bsa a dit…

Ben j'aime mieux ca, cheers !!

Herve a dit…

On n'a décidément pas du tout la même méthode de préparation. Moi, je limite cela à 5 minutes d'entretien avant l'enregistrement, de manière à ce que l'interviewé n'ait pas l'impression de se répéter lors de la prise de vue.

Sinon, j'adore l'impro et il est donc hors de question d'écrire quoi que ce soit. Parfois ça donne des sujets ratés, ou une élocution besogneuse. Et parfois, c'est le summum de la spontanéité.

Au fait, t'est tu déjà demandé comment tes invités se sentaient, eux, durant l'enregistrement?

Christophe Faurie a dit…

J'ai une explication simple à notre différence: nous n'avons pas le même sujet.
Mon émission cherche à expliquer en 10 minutes ce qui a permis de réussir un changement qui échoue partout ailleurs (par exemple pourquoi l'Espace a pu être conçue beaucoup plus vite pour un coût nettement inférieur à ce que l'on sait faire aujourd'hui). Il faut beaucoup de préparation pour faire simple et court.

Les invités semblent plutôt bien se porter. D'ailleurs ils m'amènent de nouveaux invités et l'un veut même faire une émission...