On me parle de "design thinking". C'est à la mode, me dit-on. Il faut absolument que je me renseigne. J'ai obéi. Mais je n'ai trouvé que du compliqué, du lourd et de l'ennuyeux. De la mode de management, autrement dit.
J'en retiens quoi ? L'idée n'est pas neuve, on la ferait remonter aux années 50, voire à Herbert Simon, l'inventeur de l'intelligence artificielle. Mais elle me paraît bien plus ancienne encore, et venir de l'aube de l'humanité. Il s'agit de penser en "créateur". Au sens créateur de mode ou architecte. Comme Yves Saint-Laurent, Pininfarina, Michel Ange ou Steve Jobs. Mais aussi en chercheur ou en porteur d'un projet de société, d'une vision, d'une utopie. Rabelais, Thomas Moore, Fourrier, Proudhon.
Montrerait-on la porte aux gestionnaires ? Aurait-on compris que l'art et l'esthétique, irrationnels, l'intuition et le génie, rapportent plus que la comptabilité et la raison ?
On veut nous transformer en créateurs, donc. Mais, comment faire jaillir le talent d'une terre brûlée par des décennies de gestion au QI négatif ? D'un monde de robots peureux, mesquins et calculateurs ? Plutôt que de nous parler de schémas directeurs abscons, il serait bon que l'on s'interroge sur les conditions favorables à l'éclosion du génie.
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