Le projet de bon nombre de philosophes ? Le "je me révolte donc nous sommes", de Camus. Leur individualisme apparent masque un idéal collectif. Pourtant, en semant la révolte, ils provoquent le chaos. Quelques réflexions sur un problème de notre temps :
Socrate voulait que chaque homme pense par lui même, me semble-t-il. Pour cela, il le mettait en face de ses contradictions, pour le réveiller de son néant intellectuel. Cela a aussi été le combat d'Heidegger, je crois. Et de Kierkegaard, et plus généralement des existentialistes. Mais regarder le vide, cela rend fou. Athènes a sans doute jugé qu'elle ne pourrait pas résister à Socrate. En fait, ces trois philosophes avaient certainement une idée en tête concernant le sens de la vie. Pour Kierkegaard, c'est clair, c'était la religion catholique. C'était
peut-être la cité, la fraternité, pour Socrate. Pour Heidegger, qui sait
?, un grand moment de créativité collective. Une œuvre d'art
politique. Ils ont cru que l'expérience du néant ferait que la société arriverait à leurs conclusions.
L'anthropologue Malinowski écrit que le rôle de la religion est d'éviter à une société de se désagréger lors des crises existentielles. Il est possible que ce type de bases aient manqué à la société de nos philosophes, et, aussi, à nous.
Peut-on recréer ces fondations ? La religion ou la tradition ne sont peut-être pas les seuls stabilisateurs d'une société. Il y a aussi la "République", au sens res publica, c'est à dire "bien commun". Et ce "bien commun", c'est vivre ensemble. Si vous voulez créer une société d'individus, il faut non seulement concevoir des conditions pour que
chacun pense par soi-même, mais aussi des mécanismes efficaces pour que ces individus débouchent collectivement sur des raisons solides de vivre ensemble ? Un travail permanent ?
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