Quand je dis que je lis Proust, on me regarde avec des yeux ronds, comme si j'étais un extra terrestre.
Si peu de gens, en dehors des experts, lisent Proust, comment se fait-il qu'il ait une telle cote ? Peut-être, comme lorsque je me suis interrogé sur la mode Sade, ne doit-on pas s'intéresser à Proust lui-même mais à ce qu'il représente pour notre société ?
Un paradoxe est qu'il n'avait aucun succès avant guerre, mais qu'il a eu le premier Goncourt d'après guerre. Or, on ne peut imaginer plus éloigné des tranchées que lui. Ce qu'il décrit, c'est "l'arrière". L'opposé de la boue et de l'enfer qu'ont connus "ceux de 14". C'est aussi le nombrilisme égoïste par opposition aux sentiments élevés, gloire, idéaux, intérêt général, courage, sacrifice...
Proust, réaction de l'individu contre la dictature du groupe, des valeurs collectives ? Un défi à la société ? Je veux profiter de mon petit bonheur, je suis lâche et fier de l'être ?
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