Allons-nous vers une crise ? Pour les économistes la crise est la marque de fabrique du capitalisme. Si leurs recommandations quant aux moyens de la traiter n’ont pas été convaincantes, il semblerait que nous commencions à savoir les éviter :
- crise évitée lors de la déroute du fonds LTCM, survenue en même temps que la crise asiatique de 97, éclatement de la Bulle Internet, et, maintenant, de la bulle des subprimes ?...
- À chaque fois les gouvernements ont pris le contre-pied de la panique qui s’annonçait. Pour les subprimes, par exemple, ils ont secouru des organismes financiers en perdition. Et leur action a contredit les théories économiques généralement acceptées (qui prônent le laissez-faire).
La manière dont ils ont procédé :
- Une crise semble avoir deux ingrédients : une cause, généralement infime, et imprévisible, et un terrain favorable. Ce terrain favorable est « l’aléa moral » (ou risque moral). C’est croire que l’on a plus à gagner en cédant à la panique qu’en lui résistant. C’est une conséquence du manque de solidarité des acteurs de l’économie, de leur individualisme. Un comportement encore rare ailleurs dans la population (cf. pompiers, médecine, armée...)
- L’action des gouvernements a voulu endiguer la tentation de la panique, en renforçant le lien social chancelant. En coupant l’herbe sous le pied de l’aléa moral.
Compléments :
- Sur les crises : Bernard ROSIER et Pierre DOCKES, Les Théories des crises économiques, La découverte, 2003.
- Le traitement de la crise asiatique à contre théorie économique : Paul KRUGMAN, The Return of Depression Economics, Princeton 1999.
- Sur l’aléa moral et sa solution : la pression sociale, Kenneth J. ARROW, Théorie de l'information et des organisations, Dunod, 2000. (Chapitre : Incertitude et économie du bien être des soins médicaux.)
- James March, analysant la décision humaine, montre notamment que la structure classique de l’organisation tend à pousser ses membres à prendre des décisions risquées, pour se faire remarquer (cf. expérience quotidienne). James G. MARCH, A Primer on Decision Making: How Decisions Happen, Free Press 1994.
- L’entreprise n’est pas bien différente d’un État. Mais le risque moral s’y voit moins. Et son danger vient de là. Comment se traduit-il ? Un membre de l’entreprise prend des décisions qui ne vont pas dans l’intérêt de l’entreprise. La fraude, l’enrichissement personnel, est rare. Plutôt : choix risqué motivé par l’ambition, paresse intellectuelle, ou peur de montrer son incompétence, qui conduit au bricolage dangereux… Comment combat-on ces risques ? En rendant les intérêts de l’homme solidaires de ceux du groupe :
- À l’américaine, par le contrôle de gestion.
- À la japonaise, en renforçant l’interdépendance de l’organisation.
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