dimanche 10 octobre 2010

La Responsabilité Sociale de l'Entreprise

CAPRON, Michel, QUAIREL-LANOIZELEE, Françoise, La responsabilité sociale de l’entreprise, La Découverte, 2010.

Aux origines de la RSE se trouve l’Amérique et le déclin de l’État, qui portait sur ses épaules toutes les responsabilités. Sans cette protection, l’entreprise est apparue peu respectable. La RSE est une tentative à la fois de restaurer son image et d’affirmer sa légitimité à prendre en charge les affaires du monde, sans réglementation. C’est une forme de paternalisme. Son idée fondatrice est celle de « partie prenante », le « stake holder » des livres de management. Autrement dit, dans la tradition individualiste anglo-saxonne, l’entreprise est responsable vis-à-vis de ceux qui ont les moyens de lui nuire. Ni les faibles, ni les générations futures, ni la nature n’a son mot à dire.

Et l’Anglo-saxon n’entend pas la responsabilité comme nous. L’individu est responsable de sa personne, pas de ses actes. (Ce qui dégage sa responsabilité au sens européen : si nous avons acheté ce qu’il nous a vendu, nous l’avons fait en connaissance de cause. Ce qui explique aussi que le marché soit un juge suprême du bien et du mal.)

Bref, les fondements de la RSE ne sont guère durables.

Bien sûr, le concept a évolué sous la pression d’une culture européenne moins individualiste. Mais il débouche sur des normes tellement complexes (orientées par les intérêts des professions qui les portent – consultants ou auditeurs) qu’aucune entreprise ne sait conduire le changement qu’elles signifient. Au mieux, elles servent à repeindre l’image de l’entreprise en vert.

Alors, américaine ou européenne, la RSE est une justification du statu quo ? L'entreprise l'utilise pour démontrer qu'il n'y a aucune raison qu'elle change ? Faut-il regarder avec méfiance celle qui s'y engage ? N'aurait-elle pas un secret honteux à cacher ?

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