Curieusement, il m’a fallu du temps pour rattacher le livre du billet précédent à mon expérience. Et comprendre qu'il parlait d'un de mes combats ! La France et l’entreprise française sont restées sur le modèle d’après guerre, et ça ne marche plus. La PME est par nature un « sous traitant », un « preneur d’ordres ». Ce n’est pas une vraie entreprise, bâtie sur un projet, autonome. La grande entreprise, au fond, c’est l’Etat d’après guerre dans une bulle. Elle a absorbé quelques idées anglo-saxonnes qu’elle a utilisées pour enrichir ses dirigeants et augmenter sa rente, certes. Mais, pas autant qu’elle aurait pu le faire. Sur le fond, elle adhère aux valeurs d’après guerre. A côté d’elle, et pour compenser les rigidités de ce système, il y a un monde de plus en plus précaire, dans lequel j’inclus les PME.
Pourquoi n’ai-je pas tout de suite compris ce livre ? Parce que ma pensée est marquée par mon métier. Sa raison d'être, c'est un dirigeant bloqué, ou, quand j’étais plus jeune, un projet d’entreprise tout aussi bloqué. Le « changement » amène les conflits internes à s’exprimer et à être réglés. D’où évolution du « modèle social » de l’entreprise. Mais je ne vois pas les choses sous cet angle. Je les vois comme un ethnologue. Une entreprise est une société humaine, et le changement qui s’y passe emprunte les mêmes mécanismes que ceux qui transforment une nation ou une tribu. Je vois les cultures d’entreprise comme uniques, alors qu'elles ont beaucoup en commun.
Et s’il y avait là, dans ce livre, la solution à la crise ? Un nouveau modèle social qui ne demande qu’à émerger, mais qui est bloqué ? Mais quel est ce modèle ?
Ce qui sort de mes missions, ce sont des entreprises qui laissent une grande autonomie à leurs employés, après avoir découvert leur richesse. Je ne suis pas loin de penser que le modèle social de l'entreprise et de la nation est l'anarchie, au sens d'Elisée Reclus, combinée à un Etat stratège, au sens d'Augustin de Romanet.
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