En France, traditionnellement, l'apprentissage se fait par la souffrance, constate mon dernier billet. Aux USA, et maintenant aussi chez nous, l'apprentissage se veut aussi simple que possible. Nom de code : "pour les nuls".
Je suis victime de ce biais. J'ai tort. Car le monde est systémique. Ce n'est pas en décrivant élément par élément qu'on décrit un système. C'est en donnant une idée du tout. Alors, l'existence des éléments devient évidente. Or, comme le dit Bergson, voir le tout est une question d'intuition.
C'est peut-être ce qui longtemps a été le critère de sélection du bon élève en France : qu'il soit philosophe ou mathématicien, il comprenait sans avoir besoin qu'on lui explique. Il avait l'intuition du système. Mais cela demandait un effort, un coup de génie. Il y avait risque d'échec. Et c'est peut-être ce qu'a refusé la génération soixante-huit.
Là aussi, il est possible que Bergson ait une solution à ce problème. L'apprentissage n'est pas nécessairement une souffrance, il peut être une joie. Comme la lecture de Jankélévitch. Car apprendre n'est pas une expérience austère mais ressortit à l'art. C'est ce que m'a peut-être dit mon père, une des rares fois où il a cherché à me transmettre les leçons qu'il avait tirées de la vie : les plus grandes joies sont intellectuelles.
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