Ayn Rand est vénérée aux USA. Elle est inconnue en France. France Culture en parlait la semaine dernière. Ayn Rand a défendu un marxisme inversé. Les pauvres volent le riche. Que le riche fasse la grève générale, et les parasites crèveront. Elle est la pasionaria de l'égoïsme : l'altruisme est le mal absolu. Ce que n'a pas dit l'émission, c'est qu'Ayn Rand avait toutes les caractéristiques du pervers narcissique. En particulier, elle tendait à prendre les gens pour des choses. Notamment son mari.
L'intérêt de l'émission était de montrer qu'il serait idiot d'en rester là, de condamner ou d'approuver sans chercher à comprendre. Ayn Rand et son message résonnent avec la culture américaine, en particulier. Là-bas, il y a effectivement un affrontement entre élan créatif et carriérisme cynique, entre Start up libertaire et bureaucratie monopoliste. Mais, ce ne sont peut-être que deux faces d'une même pièce : Ayn Rand se désolait que son oeuvre n'ait pas attiré autour d'elle les démiurges dont elle parle ; elle même, si j'en crois l'émission, a fait appel à la sécurité sociale, dans sa lutte contre le cancer.
Ayn Rand illustre un autre aspect de cette culture : le professionnalisme. Elle n'a pas fait oeuvre de philosophe mais d'écrivain. C'est une sorte d'Alexandre Dumas, qui n'aurait écrit que deux livres. Ce qui lui aurait demandé des décennies d'un travail de recherche minutieux. Ces livres sont des caricatures de la société. Il n'y est question que de bons et de méchants. On n'y trouve pas d'enfants, de handicapés, ou de naufragés de la vie. Amérique ? Les créateurs d'entreprise y sont des porteurs de quelque chose qui s'apparente pour eux à la vérité. Ils ont énormément travaillé pour parvenir à la perfection. L'enrichissement n'est pas leur motivation. Mais il est la récompense naturelle de leurs efforts. Un clin d'oeil de complicité que leur fait Dieu.
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