Parmi les possibilités d'organisation sociale, il y a ce que la sociologie allemande a appelé "la société d'individus". C'est le modèle social français ou anglo-saxon. (L'Allemand se voit comme membre d'une "communauté".) Ce modèle est-il efficace ?
"Société d'individus" est un oxymore. Nous sommes tous liés les uns aux autres, et, de surcroît à la nature. La société d'individus est un idéal impossible à atteindre, et qui, en conséquence, crée, régulièrement, des désastres.
Mais c'est ce modèle de société qu'a voulu réaliser la Révolution et qui est le nôtre depuis un demi siècle. D'ailleurs, à ce sujet, les Anglo-saxons ont utilisé des idées qui nous appartenaient, sans reconnaître notre paternité. Ils ont affirmé que le marché permettait une société dans laquelle l'homme n'est pas dépendant de l'homme.
Cette théorie est un mythe. Comme tous les mythes, elle justifie un édifice social. Ce que l'on a appelé "l'oligarchie" (au sens russe moderne, plutôt que grec). C'est à dire la transformation de certaines positions sociales en position de domination. C'est, au sens premier, de la "perversion narcissique". Des individus profitent de leur situation pour faire travailler la société pour eux. C'est ainsi, par exemple, que les "élus" et autres "serviteurs de l'Etat" sont devenus les maîtres du peuple. Ils justifient leur domination par leur "mérite".
Mais une société ne se rêve pas. Il semble bien qu'il y ait quelque-chose qui s'appelle la "réalité". Et elle finit par se rappeler à notre bon souvenir. Quand l'exploité découvre qu'il est exploité, le mythe est en danger. Par exemple.
Seulement, comme souvent en systémique, le mal a parfois des effets positifs. Et c'est peut être la raison pour laquelle l'individualisme a la vie aussi dure. Cet effet, c'est la "destruction créatrice". Schumpeter en fait le résultat de l'innovation qui rend tout obsolète et force au changement. Mais il semble que les penseurs libéraux aient mieux compris le phénomène que lui : cette destruction vient de la désagrégation du lien social. Cependant, loin d'aboutir aux bénéfices attendus d'une économie en concurrence parfaite, comme ils l'écrivent, elle produit une crise. Une guerre, par exemple. Et cette crise a pour conséquence un sursaut collectif, hyper créatif. Quand on risque sa peau, on fait preuve de génie ! Et voilà pourquoi l'Occident est aussi innovant ?
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