jeudi 3 septembre 2009

Délinquance juvénile

Désaccord avec un ami. Il me dit que son fils aîné (15 ans) l’épuise, qu’il fait des bêtises totalement imprévisibles, qu’il a une motivation aléatoire, bref que son cas est désespéré. Rapprochant cette situation de mon expérience du changement, j’essaie de lui démontrer que si la manifestation est aléatoire, la cause est simple et logique. Voici la modélisation sur laquelle j’ai fini par déboucher :

(JD = le jeune homme, VD = son père)

  1. JD découvre la vie, le plaisir de la société… (tout ce que permet le physique et l’intellect avantageux hérités de son père), sans voir que le confort qu’il prend pour un acquis n’est pas naturel, mais qu’il le doit aux sacrifices (études, situation sociale…) de VD. VD veut lui montrer que pour connaître un bonheur long et durable, il doit suivre son exemple.
  2. Mais VD ne s’adresse pas à l’intellect de son fils, il ne parle pas de l’objectif du changement, mais des moyens : JD doit apprendre l’anglais, courir, etc. Plus généralement, VD sait ce qui est bien, il croit au « droit naturel », comme les néoconservateurs américains et la plupart d’entre nous. Ce qui est bien ? C’est ce qu’il sait être bien. Le discuter ? C’est être « con ». (On a envahi l’Irak pour moins que ça.)
  3. N’ayant pas compris les intentions de VD, JD trouve, logiquement, qu’il est ridicule de gaspiller sa belle jeunesse à des activités aussi ringardes. En 68 on aurait dit que VD = VR (où VR = vieux réac).

Le problème de VD n’est pas trivial, c'est une question de changement : c’est faire comprendre à JD que, pour son bien, il doit donner un peu de plaisir à court terme pour en gagner beaucoup à long terme. Or JD, vu ce qu’il connaît de la vie, est fondé à penser :

Tandis que vôtre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez votre jeunesse :

Comme à cette fleur, la vieillesse

Fera ternir votre beauté.

Quelques jours après j’ai entendu un débat de France culture qui portait sur un sujet semblable : banlieues, jeunes et bandes.

Une idée m'a traversé le crâne : qui est le plus asocial ? Que font les jeunes ? Ils recherchent la société, la solidarité, la chaleur du groupe, et ils développent les valeurs qui vont avec. Que leur proposons-nous en échange ? Le spectacle de l’individualisme, de la solitude, de la haine (cf. la présomption de culpabilité de l'enfance). Je m’imaginais que le débat ait été filmé : est-ce que l’apparence, l’attitude des participants (par ailleurs sûrement sympathiques) auraient donné aux jeunes l’envie de leur ressembler ?

Compléments

  • Dans mon modèle, j’assimile l’adolescence à un changement au sens de Kurt Lewin (dégel) : l’adolescence est une période de construction d'une nouvelle identité, ce qui est particulièrement compliqué en l’absence de repères, de modèle, et aussi du fait que, comme dans la théorie de Lewin, l’adolescent ne se rend pas compte qu’il traverse un changement.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Bonjour,
cet exemple est intéressant car il est le reflet de notre vie de tous les jours, pour peu que nous soyons père, mère, oncle, tante ect..
Il y a deux personnes qui sont en opposition frontale, et chacun joue presque un rôle.Ici, le rôle de père et de fils. Mais cela pourrait être celui de responsable et de collaborateur.Dans l'exemple, le père demande à son fils qu'il fasse des effort afin de ne pas hypothéquer son avenir. Dans son esprit, les jeunes sont gâtés et profitent de la vie à pleine dent.Néanmoins, est-ce que le père s'est posé la question de savoir si son jeune fils ne fait pas plus d'efforts que lui pour un résultat incertain. Si je voulais être provocateur, je dirais que c'est le père qui est gâté.
Dans sa jeunesse, il manifestait pour pouvoir aller voir les filles dans leur chambre, alors qu'aujourd'hui son fils manifeste pour avoir une université et un emploi décents. C'est un peu un cliché mais cela montre qu'il faut chausser de nouvelles lunettes afin d'appréhender convenablement notre environnementqui évolue.
Nos relations en dépendent.