mercredi 14 mars 2012

Constitution de sociétés : Konrad Lorenz

Rendu curieux par le billet de Dominique Delmas, je me renseigne sur Konrad Lorenz. Ce qu’en dit wikipédia n’est pas clair. Mais il y a au moins un point de désaccord entre moi et Lorenz :
tout regroupement social ne peut exister que par réorientation de l'agressivité interindividuelle contre un ennemi commun : nation contre nation, classe supérieure contre inférieure, syndicat contre patronat, parti politique contre parti politique, équipe contre équipe, etc.
Mon expérience de l’entreprise me fait croire qu’elle ne se constitue pas « contre », mais « pour » obtenir ce qui est hors d’atteinte à l’individu. D'ailleurs, construire l'édifice social sur l'idée que l'homme est par essence agressif paraît éminemment dangereux.

De prochains billets vont explorer la question.


6 commentaires:

Dominique Delmas a dit…

un petit complément sur les notions d'agression et d'agressivité

http://www.universalis.fr/encyclopedie/agressivite-ethologie/

Jad a dit…

Bonjour Christophe,
Est-ce qu'il est vraiment nécessaire de prendre comme point de départ la nature humaine? Il me semble que si la nature humaine est agressive, on devrait justement essayer de la dépasser. Ne devrions-nous pas essayer de construire l'édifice social sur des valeurs plus nobles, même si ces dernières ne sont pas naturelles? Et en ce sens, est-il vraiment important de savoir si l'homme est par essence agressif?

Christophe Faurie a dit…

Brillamment formulé!
J'ai tendance à penser comme toi. (Mais je l'aurais dit beaucoup moins bien.)
En fait, il y a affrontement entre deux points de vue, me semble-t-il:
- celui de ceux qui sont persuadés que nous sommes influencés par notre nature. Dans ce camp, on trouve notamment des généticiens qui pensent que nos gènes cherchent par notre biais à se reproduire. C'est aussi la tendance des "libéraux" qui expliquent que l'ordre actuel est optimal, qu'il est le résultat de la sélection naturelle qui leur a donné les meilleurs gènes (autrement dit qu'ils méritent d'être riches).
- celui de ceux qui parlent comme toi. Ils ont en appui la sociologie, les théories des systèmes ou de la complexité, qui notent que lorsque l'on rassemble des individus, des règles "émergent" pour diriger leur comportement.
On notera que Dawkins (the selfish gene) évoque les deux théories.

Dominique Delmas a dit…

Passionnant débat sur l'agressivité. Je "pense" que Lorenz évoque toutes les espèces animales qu'il a observé pendant 80 ans.
L'homme étant une espèce particulière.
La notion d'agressivité n'est pas nécessairement négative c'est une question de dosage et de canalisation ou de gestion.
Elle est est un des éléments composants la nature humaine, et tout comme trop d'amour étouffe, pas assez d'amour peut tuer,ou trop de tolérance écrase et pas assez menace.
L'organisme et les humeurs sont gouvernés, en particuliers, par l'équilibre subtil des hormones distillés par les glandes pour assurer l'homéostasie. Les stimulis que cela génèrent : l'amour la haine, l'agressivité, la colère l'empathie, la compassion,...doivent être également équilibrés;
C'est là que la communauté s'organise, se hiérarchise pour canaliser, orienter, gérer faire évoluer leur comportement. Sans doute est ce là que les fondements de l'édifice social intervient en plaçant les bonnes valeurs guides du comportement, le respect d'autrui, de son environnement, la responsabilité....Il y a ainsi des espèces animales, très organisées en ce sens comme les choucas, les chocards, les loups, les dauphins, les singes....
Hors, aujhourd'hui, dans notre société la valeur hypertrophiée de l'individu c'est sa valeur économique. Cette valeur est utile certes! Mais elle n'est pas équilibrée par les autres car il n'y a pas de feedback négatif comme cela existe dans le système qu'est l'organisme. On ne sait pas, encore, mesurer le bonheur, la joie, la sérénité, le respect, la compassion...

Christophe Faurie a dit…

Fort intéressant tout cela...
Finalement, cette agressivité pourrait être moins agressive que ce que je pensais. Serait-ce une sorte "d'élan vital", qui est le moteur de l'individu ? (Remarque: lien avec la "volonté de puissance" de Nietzsche?)
Quant à l'économie, n'avons-nous quand même pas des moyens de la contrôler? Par exemple, il semblerait que les banques américaines aient du mal à recruter: il est devenu honteux d'y travailler... Pression sociale...

Dominique Delmas a dit…

Bonne nouvelle si les banquiers sont touchés, une bonne fessée est toujours salutaire cela fait circuler le sang et les hormones et provoque une bonne réaction de bon sens.
peut être que les nouvelles générations sauront équilibrées l’appât du gain par l'appât de bien.