mardi 17 avril 2012

PANTHEON du Développement durable (1)

Christophe FAURIE me demande "qui pourrait on placer dans notre PANTHEON du DD?"

J'ai évoqué dans quelques billets précédents, Konrad LORENZ, père fondateur de l'éthologie qui occupe une place de choix. Sa vision d'humaniste fortement imprégnée de biologie est rare et précieuse. Elle nous rappelle sans cesse que nous sommes pourvus d'instincts, forts, et que l'homme est bien une espèce animale.
Il nous alerte sur des périls qui pèsent sur l'humanité - les huit péchés capitaux de notre civilisation - et nous éclaire sur leurs causes pour en éliminer les effets.
Parmi ces huit péchés, le développement démographique, qu'il évoquait dès 1972, devient extrêmement préoccupant aujourd'hui. Surtout ses conséquences.

Serge ANTOINE (1927-2006) mérite également d'entrer dans ce PANTHEON. Il est totalement méconnu du grand public, mais son oeuvre est conséquente, jugez plutôt :
De 1963 à 1974, il est à la DATAR et contribue à la création des parcs nationaux.
En 1971, il est membre du cabinet de R. POUJADE le tout premier ministre de l'environnement.
En 1992, il est organisateur du sommet de RIO et participe à la rédaction de l'agenda 21.
En 2003, il est membre du conseil national du Développement durable.
Enfin pragmatique : Serge Antoine a été engagé dans sa commune de Bièvre dans l'ESSONNE, dont il a été maire adjoint pendant 18 ans. Il élaboré un des premiers plans d'occupation des sols de France et a surtout mené de nombreux combats pour préserver des paysages exceptionnels de la vallée de la BIEVRE, près de PARIS.

deux citations résument - un peu - sa pensée :
  • « Disons simplement qu’il faut éviter de prolonger la simple approche environnementale et qu’il est nécessaire de s’alimenter de manière systémique aux sources de l’économie, de la culture, du social en même temps que de l’écologie, que l’allongement en prospective est indispensable, qu’il faut transformer tout le monde en “acteurs” et si possible monter des opérations multiacteurs, qu’il faut jouer du volontariat et que les indicateurs de mesure du suivi sont indispensables. »
  • « La politique de développement durable peut s’affiner. Elle se fait en marchant, un peu comme L’Homme invisible qui devient visible quand on lui pose des bandelettes. » entretien avec Thierry Paquot 
Un livre lui est dédié par l'association Serge ANTOINE intitulé "Serge ANTOINE semeur d'avenir". Sur la quatrième de couverture, l'éternel optimiste qu'il était s'inquiète de "l'épouvantable lenteur des Nations Unies, des Etats et du développement durable", et il prophétise que " si nous continuons à ne rien changer, dans deux ou trois cents ans il risque de n'y avoir plus d'humains sur cette terre."
Une simple tautologie pourrait nous faire dire que si nous ne faisons rien nous réglerons le problème de surpopulation évoqué par LORENZ...

Plus sérieusement, Serge ANTOINE nous conjure d'être des femmes et des hommes de prospective à l'image d'un VAUBAN.
C'est à dire plaider pour un bon futur, prendre en compte le long terme dans tous les domaines et refuser les délices du court terme, être optimiste, être un être d'action sans penser à son confort, à sa carrière et avoir du courage.

N'est ce pas là une bonne définition pour un candidat à la présidentielle?

3 commentaires:

Christophe Faurie a dit…

Ils sont bien ces gens là, mais déprimants. On se sent impuissants avec eux.

N'y a-t-il personne qui pourrait nous dire comment nous transformer, sans être obligés de faire des miracles et de modifier le comportement de chaque homme pris indépendamment?

Pour le moment, j'ai tendance à dire qu'ils ne sont pas très bons en conduite du changement. Ils ne jouent que sur l'anxiété de survie, mais pas sur l'anxiété d'apprentissage. Résultat: nous sommes bloqués, et stressés.

Dominique Delmas a dit…

La proposition de Serge Antoine d'être des hommes de prospective n'est elle pas corrélée à l'anxiété d'apprentissage?
Certes il ne nous dit pas comment être des homme de prospective. Il faut l'apprendre soit même.

Je pense que la clé est dans l'éducation il faut apprendre à nos enfants à se comporter différemment mais le problème ce sont les enseignants et les parents qui doivent eux mêmes changer.
On nage en plein paradoxe.

Christophe Faurie a dit…

En fait, il faut trouver un moyen de changer sans changer... Nous sommes tous tels que nous sommes, enseignants, parents... nous ne nous transformerons pas, par contre, il y a quelque part dans la société un moyen de la transformer qui ne lui demande pas l'impossible.

C'est théorique ce que je dis là. Il va falloir trouver un moyen d'être plus pratique...