mercredi 11 avril 2012

Darwin et Lorenz en ont rêvé, la FSE l'a fait!

50, 17 et 2!
Tiercé gagnant? non bien mieux!

50 car c'est dans ma cinquantième année que je connais l'aboutissement d'une évolution d'espèce unique, l'expert.
17 c'est le nombre d'années d'observation de cette évolution
2 c'est le temps d'une métamorphose éphémère ou éternelle.

La semaine dernière se déroulait l'assemblée générale de la jeune Fédération des Sociétés d'Expertise (FSE) au cours de laquelle la charte RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) a été approuvée à l'unanimité, puis ratifiée par l'AG ordinaire.

Cette charte est née en mars 2010, d'une feuille de route simple : "les assureurs ont défini une charte du développement durable, comment devenir un interlocuteur utile de nos donneurs d'ordre sur ce sujet tendance?".

Après moins de deux ans de réflexion, conception, conviction, la charte est donc acceptée avec motivation par "les vieux sages du bureau".
Son originalité, un mélange de simplicité et de profondeur. Elle définit la place et le rôle de l'expert dans la Société et propose des axes pour conduire le changement (merci Christophe) et pour que l'expert puisse jouer ce rôle central unique avec l'ensemble de ses parties prenantes.

Même s'il a fallu une chercheuse universitaire, N. RAVIDAT, le spécialiste de la conduite du changement, C. FAURIE, et le pape des médias sociaux, H KABLA, pour convaincre les Anciens du bureau, leur évolution est remarquable à plus d'un titre :
- En premier lieu, depuis 17 ans, j'observe ces Anciens (m'sai africain) qui sont tous à la tête d'une organisation qui représente l'évolution d'une profession à l'origine libérale, respectée et libre.
Poussée par les assureurs, cette profession s'est structurée, hiérarchisée pour survivre au sens de DARWIN.
Ces individus solitaires se sont adaptés pour évoluer en organisations multi-métiers adaptées à leur nouvel environnement.
Paradoxalement, elle reste en danger!
- En second lieu, ces Anciens sont en fin de carrière - réussie - et ne semblent plus avoir grand chose à prouver, ni à craindre.
- Cependant, leur instinct qui a fait leur réussite, fonctionne toujours avec discernement, et ils sentent ce monde qui ne cesse de se modifier plus vite plus fort, et qui veut leur échapper...
Le projet de charte RSE comme un catalyseur diffus est venu titiller cet instinct animal endormi.
La démarche intellectuelle suivie par ces meneurs d'hommes en 2 ans est remarquable.
Ces Anciens sont passés du sourire condescendant devant ce sujet hochet : le développement durable, à une motivation, qui même contenue, mérite le respect.
Ils ont su voir "Le" projet qui permettra à la profession de répondre à ses défis pour prendre sa place centrale dans son écosystème.
Mais, à y regarder de près, quel intérêt avaient-ils à s'engager dans la démarche que propose une telle charte novatrice, qui impose de conduire le changement avec des parties prenantes aussi puissantes et malvoyantes que les assureurs?
La réponse reste à construire!
J'ose y discerner un message très fort à la génération qui suit :

Nous, les Anciens forts de notre riche expérience, avons pétri ce projet d'avenir. A vous jeunes générations de vous engager sur cette trajectoire. Devenez acteurs de la transformation de notre profession et responsables de notre avenir collectif.
Ce projet ambitieux propose donc, ni plus ni moins, de faire évoluer l'écosystème des experts basé sur le rapport défensif, brutal et destructeur entre capitalisme et éthique vers un modèle de coopération, d'échange, de partage d'intérêts, de co-conception qui s'inscrit dans la durée... comme tout écosystème naturel.

Alors, chapeau les Anciens!
Je ne connais pas d'espèce capable de ce genre de preuve d'amour filial, conscient...!
Je suis donc fier d'avoir vécu cette expérience unique.

Mais désormais le challenge est dans les mains de cette génération suivante. Sera-t-elle à la hauteur de ce projet unique et (ré) volutionnaire? 
« Le plus beau métier est d’unir les hommes » Antoine de St Exupéry

4 commentaires:

Herve a dit…

Félicitations!

Christophe Faurie a dit…

Ce n'est pas parce que nous y avons participé, que nous ne pouvons pas trouver que ce changement est effectivement remarquable. (D'ailleurs, nous n'avons fait qu'apporter des méthodologies.)

En effet, "l'anxiété de survie" des patrons des cabinets d'expertise aurait dû être faible: ce sont des entrepreneurs qui ont créé un métier et qui ont fait fortune. Ils appartenaient à une profession libérale, ils dirigent maintenant des centaines de personnes. En outre, ce que l'avenir a à leur proposer (de la gestion) n'a rien à voir avec ce qui a été la passion de leur vie: résoudre des problèmes techniques et humains délicats.

Surtout, c'est une initiative qui va à l'envers des tendances actuelles. D'ordinaire ce sont les multinationales qui ont l'initiative des projets RSE. Dans ce cas, les experts sont des Petit Poucet face à leurs clients les assureurs... C'est l'abeille qui veut transformer l'écosystème...

Maintenant, rien n'est gagné. Il ne faut pas oublier que l'homéostasie veille et que nous ne connaissons pas un seul projet de RSE qui ait été autre chose que du "greenwashing". (Voir http://christophe-faurie.blogspot.fr/2010/10/rse.html, commentaire d'une étude sur la sujet.)

Anonyme a dit…

"Un petit pas pour l'Homme, un pas de géant pour l'Humanité"
La coopération effective des experts et des assureurs sur la conception des produits et la gestion des dossiers sera le pas suivant... vers une dynamique de croissance .... jusqu'à l'essaimage à d'autres écosystèmes.

Dominique Delmas a dit…

belle vision prospective.